(✰) message posté Dim 31 Jan 2016 - 14:43 par Invité
« Welcome home … Or not. »
- Cillian & Yseult -
Les bras croisés, l'air à la fois soucieux et agacé, le pieds de la jeune femme marquait la mesure de son impatience sur le sol. Comment s'était-elle retrouvée là déjà ? Ah oui, un importun avait jugé bon de se mettre en poche une vieille montre à gousset qu'elle venait de recevoir, et qu'un particulier lui avait demandé d'estimer, et de restaurer. Un objet d'une valeur in-estimée (et peut-être inestimable), qui lui avait valu une petite course effrénée dans la rue. Heureusement que l'un des passant avait eut la bonté d'âme d'arrêter le voleur d'un coup de sacoche dans l'estomac, sinon, il se serait probablement volatilisé dans la nature avec sa marchandise. Cela faisait maintenant deux bonnes heures qu'elle se trouvait au poste de police, pour régler toute la paperasse. Elle avait demandé à sa vieille voisine de veiller sur Jamie en son absence. Il était tard, il faisait nuit depuis un moment, elle avait faim, et … Les raisons de son mécontentement ne faisaient que s'accumuler au fil des minutes.
« Madame Fraser ? » demanda prudemment une policière avec un air confus, la sortant de sa somnolence tacite du même coup. « Hmm … Oui ?! » - « Veuillez m'excuser pour cette attente, nous avons un souci avec le jeune homme que nous avons arrêté ce matin. Dans son entourage personne ne semble vouloir se porter garant pour lui, et apparemment, il est sans domicile fixe. Le dossier risque d'être plus long à traiter ... » Quoi ? C'était une blague ? Ca faisait déjà des heures qu'elle poireautait dans ce hall lugubre. Mais en même temps, très étrangement (et là elle maudissait son côté bienveillant à outrance), elle se voyait mal le laisser pourrir dans une cellule toute la nuit. « Bien bien, je retire ma plainte. C'est bon maintenant, vous pouvez le laisser sortir et me laisser partir ? » - « C'est à dire que … Il y a une caution ... » - « Soit. » fut le dernier mot qu'elle prononça.
Patientant dans le hall, ne sachant pas vraiment pourquoi elle avait agit ainsi, Yseult attendait que son importun du jour daigne se montrer, après avoir séjourné en cellule. Lorsque ce fut le cas, elle le toisa d'un air à moitié sévère, et à moitié médusé. « Vous avez intérêt à trouver un moyen de me rembourser votre caution. Je veux bien jouer les bonnes âmes, mais il ne faut pas non plus me prendre pour mère Thérésa. »
(✰) message posté Dim 31 Jan 2016 - 19:30 par Invité
« Welcome home … Or not. »
J’avais couru, comme le vent, aussi vite que possible. Mais même une sacoche a été plus rapide que moi lorsque je l’ai reçu dans les côtes. Et vu que je ne suis pas violent de nature, je n’ai même pas eu le courage de répliquer à l’individu qui m’avait barré la route. Je m’étais laissé faire, traité de voleur, insulté, voire bousculé par certains badauds qui s’étaient attroupés lorsque la jeune femme m’avait rattrapé, le souffle en moins. Si je lui présente mes excuses maintenant, vous croyez que ça compte ? Un regard dans sa direction me fait dire qu’il est trop tard pour ça, que je ferais mieux de prier pour éviter la case prison. Oh non, une gueule d’ange comme moi en prison, vous imaginez ? Je crois que de célibataire je vais rapidement virer travesti. D’accord, ce n’est pas drôle. C’est même…tout, sauf drôle et pourtant, j’ai encore une lueur d’espoir. Parce que cette femme qui m’avait coursé, elle avait l’air gentil, elle ne me laisserait pas dans cette galère, hein ? Cette montre, j’en avais besoin pour…pour euh…pour quoi au juste ? Pitié, LAISSEZ-MOI SORTIIIRRRR !!! A force de vouloir gesticuler comme un singe contre les barreaux, elle va bien finir par céder cette saleté de cage. C’est que je pèse quand même soixante-kilos hein ! « CA SUFFIT ! Pour la dernière fois, as-tu de la famille que l’on pourrait contacter pour leur dire que tu es ici ?! » hurla le gardien, son stylo dans une main, son impatience occupée à faire frétiller l’autre. Il était passé du tutoiement assez rapidement finalement. A force de m’observer, il avait dû comprendre que de m’appeler « monsieur » n’était vraiment pas approprié à l’adolescent que j’étais resté dans ma tête. « Nahhh j’ai personne. Allez s’te plait, fais pas ton lourd, laisse-moi sortir. J’te jure que j’ferais plus de bêtises, prommiiisss ! » mentis-je avec un grand sourire d’ange. Moi par contre, j’étais censé le vouvoyer. Pourquoi ? J’en sais rien, un truc d’adulte sûrement.
Vingt minutes plus tard, une intervention divine…ment féminine et surprenant me permit de quitter ma cellule. L’air suspicieux mais trop content d’être libre, je file jusqu’à la sortie, poursuivi par mon gardien qui avait les traits exaspérés d’un type qui avait passé sa soirée à surveiller un gamin trop turbulent. Merde. Pourquoi elle est là elle ? « Coucou ! Ca va ? » demandai-je comme si de rien n’était en m’approchant d'Yseult. « C’est qui mère Thérésa ? » répliquai-je très sérieusement. Sûrement une amie de sa connaissance, passons. « C’est gentil d’avoir payé ma caution. C’est Jeff qui me l’a dit. Hey, salut Jeff, à la prochaine ! » hurlai-je dans le hall en faisant un salut au gardien qui se dépêcha de rejoindre ses cachots. Un brave type, ce Jeff. « Ouii, je vais vous remboursserr, okkk ! » Vérification des poches de mon pantalon. « Euh…ça vous dérange si c’est pas tout de suite tout de suite ? C’est que je suis un peu à court en ce moment et… » Quel baratin vais-je encore sortir pour pouvoir filer tranquillement à l’anglaise ?
Yseult faisait les cent pas, se demandant encore quelle mouche l'avait piquée. Depuis quand les victimes payaient-elles les frais pour leurs agresseurs ? Bon en soi, il ne lui avait rien fait de bien méchant, mais c'était pas le principe. On ne volait pas, c'était tout. Tous les parents étaient censés inculquer ça à leurs enfants. Et autant vous dire que si son fils en arrivait à voler quelque chose, même s'il ne s'agissait que de bonbons rassis, il passerait un sale quart d'heure, vous pouvez en être surs. Les sourcils écarquillés devant l'aplomb de son interlocuteur, Yseult se sentit quelque peu décontenancée sur le coup. Il avait quoi, vingt-cinq ans ? Et il s'adressait à elle comme un adolescent … Avec une désinvolture qu'elle trouvait assez irrespectueuse dans la mesure où elle venait quand même de lui sauver la mise. Elle n'attendait pas de lui qu'il lui embrasse les pieds, mais un minimum de civilité lui paraissait la base. Enfin … « Je ne devrais même pas avoir à vous le demander, ça devrait être naturel de le proposer. » lui répondit-elle avec un sérieux désarmant en le toisant sans siller. Il lui faisait penser, à le voir comme ça, à un gamin un peu paumé, qui ne savait pas tellement à qui se fier, ni à quel saint se vouer. Ayant déjà rencontré d'autres baratineurs de son genre, et se doutant qu'à a moindre occasion il allait filer à l'anglaise comme un malandrin, elle tenait à mettre les choses au clair d'emblée, histoire qu'il n'y ait pas de malentendu. Elle payait volontiers les cautions d'amis, ou de ses proches, était prête à leur donner de l'argent s'il avait des ennuis, et ce, sans rien attendre en retour. Mais de la part d'un sombre étranger, qui en plus l'avait volée, elle exigeait réparation. Mais étrangement, elle se sentait mal à l'aise de lui demander ; comme si de fait, par instinct, elle savait d'emblée qu'il ne serait pas en mesure de la rembourser tout de suite, voire même jamais. Bon, sa caution n'avait pas non plus été colossale, mais quand même. Après quelques secondes de réflexions, désespérée de sa propre réaction à son égard (si Lachlan était là, il lui aurait dit de lui botter les fesses), elle poussa un profond soupire. « Vous croyez que je ne me doute pas qu'à la première occasion vous allez filer ? Je ne suis pas stupide. Non non, pour me rembourser, je vous propose … De me donner un coup de main à la boutique. Je dois faire un inventaire dans les prochains jours, quelques travaux de réagencement et du nettoyage. Vous m'aiderez. Vous n'avez pas l'air bien solide, mais bon, ce sera toujours ça. Marché conclu ? » elle lui tendit alors sa main, afin de conclure l'accord. S'il le refusait, elle allait faire un scandale. Elle s'estimait déjà trop gentille à son égard de lui proposer cela, sachant qu'il aurait l'occasion de lui dérober plein d'autres objets durant ses heures de travail. « Sauf si vous avez mieux à faire, auquel cas de redépose ma plainte, et vous devrez me rembourser dans les jours à venir, en ayant en prime des travaux d'intérêt général. » Les bras croisés, elle tapotait sa main agacée sur son bras replié. « Bon, je vous redépose quelque part ? J'ai cru comprendre que vous n'aviez pas de domicile fixe. Vous logez peut être chez un ami ? Dans un hôtel ? »
C’est sûrement mon charme. Oui, elle avait pas pu résister et c’est pour ça qu’elle avait payé ma caution, je ne voyais que cette possibilité. Sauf si elle attendait autre chose…quelque chose de…sexuel ? Il m’arrivait souvent de donner du plaisir – mais pas comme vous l’entendez, bande de pervers !- aux vieilles, donc ça ne m’étonnerait pas. Quoique celle-là n’a pas l’air si âgée que ça. Elle avait une jolie bouche que j’avais envie de mordre, d’ailleurs. Et des yeux dans lesquels n’importe qui pourrait se noyer. Oui, elle était plutôt jolie pour une v…enfin, pour une fille. « Bahh euuhh… » bégayant comme un enfant pris en faute, je baisse la tête lorsqu’elle me …gronde ? et la relève l’instant d’après, regardant ailleurs, mordillant ma lèvre supérieure d’un air gêné. « Oui oui, je savais ça…j’allais le faire hein… » mentis-je en me tortillant sur place. C’était…honteux, sûrement, pour la plupart des gens de se faire remonter les bretelles à mon âge, et devant public. Allez savoir pourquoi, je n’en ressentais pas le moindre effet. Un petit pincement au cœur, mais c’est tout. Non pas que j’étais fier de ma conduite, mais je ne comprendrais sincèrement pas pourquoi les gens faisaient tout un foin dès qu’on leur chipait quelque chose. Et puis, c’était qu’une montre hein ! Et l’argent, c’est que du papier ! dixit celui qui n’a jamais eu de travail stable ni légal de sa vie. « Hééé je pèse quand même 70 kg j’vous signale ! » fis-je semblant d’être indigné avant de monter mes deux bras en l’air pour lui faire voir mes épaules qui n’étaient ni trop musclées, mais pas si maigres en fin de compte. « Vous voulez toucher pour voir ? » demandai-je très sérieusement en m’approchant de Yseult. « Des travaux d’intérêt général ? C’est pour quoi faire ? Ca sert à intéresser les gens, c’est ça ? » fronçai-je les sourcils en faisant mine de réfléchir à la question. « Non non c’est bon ok, j’accepte. Marché conclu. » J’incline la main pour serrer la sienne qui avait pourtant déjà disparu de mon champ de vision. « Euh… » Persuadé qu’elle ne croirait pas un mot de ce que je m’apprêtais à inventer pour mieux pouvoir m’évaporer dans la nature, je décide pourtant de faire marche arrière et lui avoue, la tête basse et cette fois-ci, honteux de devoir l’admettre, surtout à une parfaite étrangère. « Non. Non, je loge chez personne. En fait, je viens d’arriver en Angleterre et je connais encore personne donc… » …donc, je dors dehors la plupart du temps.
Plus leur échange avançait, et plus Yseult se sentait décontenancé par le personnage qui se trouvait en face d'elle. Parce que oui, à ses yeux, il ne revêtait ni l'aspect d'un homme, ni celui d'un gamin, mais véritablement d'un personnage à part entière. Il avait l'air plutôt adorable vu comme ça, avec son air faussement innocent. Il avait dû en duper plus d'une avant elle. Mais alors pourquoi avait-elle ce sentiment étrange qu'elle ne risquait plus rien ? Pourquoi, plus elle l'observait, moins la colère se faisait sentir ? Elle était remplacée par une incompréhension. Etait-ce un jeu pour lui, ou était-il réellement d'une innocence proche de la naïveté ? C'était comme s'il venait de naître, et découvrait le monde. Il n'avait vraiment jamais entendu parler de travaux d'intérêt général ? Ni de mère Thérésa ? Il vivait dans le même monde qu'elle au moins ? Elle hésita à se pincer pour en être sure. Quoiqu'il en soit, pendant quelques instants, il avait réussi à la laisser silencieuse. Elle lui répondit à peine, à mi-voix, sachant déjà sans même s'en rendre compte qu'elle allait devoir composer avec cet individu bien plus longtemps qu'elle ne l'avait prévu au départ. Le suivant du regard alors qu'il projetait sans doutes de filer, elle haussa les sourcils, à peine surprise de sa déclaration. Comment se faisait-il qu'elle s'attendait à cette réponse ?
« Et vous venez ici, sans rien, avec l'espoir de trouver des endroits où loger comme par miracle ? » A moins qu'il soit du genre à donner ses faveurs en faveur d'un logement. Elle écarta rapidement cette hypothèse, la trouvant quelque peu repoussante. Et puis, il avait l'air bien trop … Trop prude presque, pour faire ce genre de choses. Non ? Non peut être pas, il devait cacher son jeu. Entre temps, ayant bien avancé et étant sortie du commissariat, Yseult ouvrit de loin sa voiture qui était garée sur le parking, pour s'y introduire, laissant un moment en plan son jeune interlocuteur. Elle posa le pour et le contre quelques instants, assez longtemps en tout cas pour semer le doute, puis elle abaissa sa vitre, côté conducteur. « Bon aller, monte. Je te dépanne pour cette nuit j'ai une chambre de libre. Mais tu n'as pas intérêt à moufter. Ni à voler quoique ce soit. » Maintenant, restait à définir comment elle allait le présenter à Jamie. Elle y penserait le long du trajet. « Comment tu t'appelles déjà ? »