» Schizophrénie : max (t. oman) , solal (m. mcmillan), bodevan (g. hedlund) & nyx (b. hadid)
» Absence : 15.03
(✰) message posté Lun 1 Fév 2016 - 20:11 par Kenzo A. Armanskij
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Kenzo A. Armanskij ✧ Abigail I. Rottenford
Mes doigts se promenaient délicatement sur la toile blanche, laissant mon inspiration me guider. Peu à peu, le cadre se remplissait, mélangeant des couleurs, révélant des formes. Le visage d'un enfant apparut. Celui de mon enfant. Louis. Un sourire se dessina sur mon visage, et satisfaite j'y passais une main, laissant alors une trace bleue sur mon front. Je me relevais et essuyais mes mains dans un chiffon. J'avais travaillé trois heures sur cette toile. Je maitrisais de mieux en mieux la peinture avec les doigts. Je me rendis alors compte de l'obscurité de la toile et je fronçais les sourcils. Seul son visage était lumineux, mais son regard était sombre. Quelque chose n'allait pas chez Louis, mais je ne parvenais pas à désceller le soucis. Je soupirais. Je devais en parler à Zola. Je me dirigeais vers le miroir et passais le chiffon sur mon front. Puis je quittais la chambre. Lexie prenait sa douche. « Kenzo? Tu peux me passer ma robe s'il te plaît? Je l'ai oublié sur mon lit! » Hurla-t-elle en essayant de couvrir le bruit de l'eau qui coulait. Je soupirais, et tout en souriant, me dirigeais jusqu'à sa chambre. Elle oubliait toujours quelque chose. Je poussais la porte et posais mes yeux sur la robe en question. Je l'attrapais. Mais lorsque je fis demi-tour pour retourner dans le couloir, mes yeux se posèrent sur un tableau. Un tableau de Lexie. Mais le style n'était pas le mien. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine et je me précipitais dessus. Je le pris entre mes mains et l'observais. C'était magnifique. Je voulais en savoir plus. Je voulais en savoir plus sur la personne qui l'avait peinte. Je le reposais délicatement et quittais la chambre. Je toquais alors à la porte de la salle-de-bain et ouvrais. L'eau ne coulait plus et je découvris ma meilleure amie enveloppée dans sa serviette, les cheveux trempés. Je posais sa robe sur le meuble et croisais les bras. « Lexie, qui a peint le tableau? Celui qui se trouve dans ta chambre. C'est magnifique! » Elle lâcha un rire et se sécha les cheveux d'une autre serviette. Elle me répondit d'un air détaché. « Abigail Rottenford. C'est la soeur de Theodore. Tu devrais la rencontrer, elle est adorable. » Je grimaçais. Je n'avais jamais aimé Theodore. Il était ce genre de client irrespectueux qui passaient à la boîte et qui demandaient toujours plus. Il faisait parti de ceux qui ne m'avait pas respecté. Mais sa soeur n'était pas lui. Peut-être valait-elle mieux que lui. J'affichais un grand sourire et quittais la pièce en lançant : « C'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. J'te pique ton portable deux secondes! » Elle hocha la tête et passa les mains sur son visage en se regardant dans le miroir. Je fermais la porte derrière moi et avançais vers la table basse. J'attrapais nos téléphones et cherchais le numéro de la jeune Rottenford. Lorsque je le trouvais, je lui envoyais un message. Bonjour, je m'appelle Kenzo. Je suis la colocataire d'Alexandra. Je suis tombée sur ta toile et j'aimerai te rencontrer. Tu es libre? A bientôt. Je posais le téléphone et retournais dans ma chambre. J'ouvrais l'armoire et en sortis un pantalon ciré noir ainsi qu'un haut noir en dentelles. J'attrapais des sous-vêtements et me dirigeais vers la salle de bain que ma meilleue amie venait de libérer. Je me débarassais de mon vieux survêtement et me glissais sous l'eau chaude. Comme chaque matin, j'y passais du temps. C'était mon instant de douceur. Je m'en délectais. Lexie avait au début quelque peu râlé pour l'immense facture d'eau, mais je l'avais fait taire et l'avais rassuré en lui assurant que j'assumais pleinement tous les frais. Elle avait rit et avait levé les yeux au ciel. Notre colocation se passait pour le mieux, et depuis notre dernier restaurant où je lui avais tout avoué, les choses étaient reparties comme avant. On parvenait à passer du temps ensembles. Nous étions liées à vie. Pourtant, je savais que bientôt, j'allais la quitter. Bientôt, j'allais reprendre ma vie avec Zola, avec notre fils. Je ne pouvais pas me permettre d'élever mon enfant sans son père, séparée de son père. Je ne pouvais pas le balloter entre deux appartements. Le faire vivre avec Lexie. Elle n'était pas là pour ça. Je soupirais et éteignais l'eau. Je sortis de la douche et m'essuyais, puis essorais mes longs cheveux bruns. Il fallait que je les coupe, que je fasse quelque chose. De différent. De nouveau. Mais je ne savais pas quoi. Je haussais les épaules et me brossais les dents. Puis j'enfilais mes vêtements. Je me maquillais légèrement, comme à mon habitude. Lorsque je sortis de la salle-de-bain, Lexie me tendit mon téléphone et je le consultais. Abigail acceptait de me rencontrer. En quelques messages, le lieu et l'heure est fixée. J'enfile donc mes chaussures à talons et enfile mon long manteau. Lexie m'arrête sur ma lancée et me tend une assiette de pâtes. Je grimace, mais vaincue, je m'assois près d'elle, dans le salon. Nous mangeons en silence. De temps à autre, je l'entends rire de ce qui se passe à la télé et ça me fait sourire. J'aime entendre son rire. Je termine mon assiette et la range dans le lave-vaisselle. J'attrape mon sac, mon téléphone et embrasse ma meilleure amie sur la joue avec douceur. « A ce soir! Je t'aime. » Elle sourit et je claque la porte derrière moi. Je descends les escaliers avec souplesse et descends dans le hangar à vélo. Je prends le mien et grimace. Je n'ai pas mis le bon manteau, mais je m'en fiche. Je monte dessus, mets mon casque sur les oreilles et laisse Mumford and Sons m'accompagner avec douceur. Le trajet est conséquent mais je m'en fiche. J'aime parcourir Londres, à pied, en vélo, en métro. J'aime cette ville et je ne regrette en rien d'y vivre. Je souris. Je suis excitée comme une enfant. Au bout de quelques minutes, j'atteinds Brixton. L'ancien quartier de David Bowie. Je souris et cherche des yeux le bar dont m'a parlé Abigail. Je le vois enfin et gare mon vélo. Je passe l'antivol autour de la roue et le ferme. Je range la clef dans mon sac puis allume une cigarette. J'avance doucement jusqu'au bar et m'assois en terrasse. Je regarde l'heure. J'ai cinq minutes d'avance. Et Julian ose dire que je suis toujours en retard. Je lève les yeux au ciel en souriant et attends. Au bout de quelques minutes, une jeune fille approche, hésitante, elle cherche quelqu'un des yeux. Elle est grande, mince, belle. Je souris. Ce doit être elle. Je me lève et m'approche d'elle. « Abigail? Je suis Kenzo. » Elle sourit et serre la main que je lui tends. Je l'entraîne jusqu'à la table et demande alors : « Tu fumes? Tu préfères être à l'intérieur peut-être? » Je lui souris. J'essaye de contenir ma joie. Peu d'artistes ont ainsi attiré mon attention. Et je veux en savoir plus, je veux la connaître. Je la regarde, souriante, de bonne humeur. Tout va bien. Tout va très bien.