. EVEN IF YOU DON'T AGREE, KNOW THAT I AM TRYING TO HELP US ALL BREAK FREE. I'M SAYING THAT I'M SORRY FOR THINGS I'VE SAID AND DONE, BUT I DON'T WANT TO BE HERE. IF I AM, I'M LOOKING DOWN A GUN . Cela faisait un moment que les cauchemars avaient cessé, que les terreurs nocturnes ne semblaient plus si terrifiantes. Le début de l'été avait marqué un tournent de sa vie auquel elle ne s'attendait pas et qui, étrangement, la ravissait. Pour une fois, elle n'avait plus peur. Pour une fois, le poids porté sur ses épaules toutes ces années semblait plus léger, presque insignifiant. Elle n'oubliait pas, non. Elle n'oubliait pas la guerre, elle n'oubliait pas les blessures, les mois de torture. Elle les laissait simplement de côté, un moment. Elle y parvenait pour la première fois. Son psy se plaisait à parler d'une page qui se tournait, elle préférait penser qu'il n'y avait ni page, ni livre, simplement des faits qui resteraient à jamais ancrés en elle, mais qu'il était temps qu'elle apprenne à vivre avec. Et c'est ce qu'elle avait fait, deux mois durant. Elle avait osé allumer les lumières de son appartement sans craindre qu'elles ne s'éteignent, elle s'était couché dans son lit sans une fois glisser jusqu'au sol qui n'était plus si réconfortant à présent. Elle avait appris à vivre avec, et réappris à vivre normalement. Un grand pas qui n'aurait jamais été possible sans une personne disparue tout l'été. Jake avait quitté Londres accompagné de sa famille, et avait offert à Chase l'espace dont elle avait besoin pour faire le point, seule, sans que leur relation si complexe ne vienne interférer de nouveau. Et elle avait réussi. Elle avait avancé, sans lui, tout en sachant pertinemment qu'elle ne l'aurait pas fait sans leur discussion avant les vacances. Elle avait réussi, et elle avait hâte de le lui dire. Ou peut-être avait-elle juste envie de le voir. Elle était habituée à le croiser dans de rares occasions, principalement de son propre fait, mais aujourd'hui, elle le savait en ville, et comme chaque jour depuis son départ, ou depuis l'Afghanistan, il lui manquait. À longueur de journée. Elle voulait retrouver ce qu'ils avaient perdu, retrouver ce qu'elle avait un temps décidé d'écarter de sa vie. Elle voulait faire cet effort. Elle voulait lui pardonner, et qu'il la pardonne, aussi. Elle voulait qu'il comprenne pourquoi elle s'était si longtemps tenue éloignée, et qu'il veule lui aussi réparer cette erreur. L'Afghanistan était loin d'être derrière eux, mais comme ils se l'étaient promis, ils pouvaient essayer de vivre avec. Elle l'avait fait, cet été. Il suffisait maintenant qu'ils le fassent ensemble. Ce ne serait pas simple, elle le savait. Tant de choses les éloignaient à présent, tant de choses qu'elle ignorait sur sa vie, toutes ces choses qu'elle pouvait autrefois deviner d'un simple regard. Aujourd'hui, elle le connaissait moins. Mais elle était prête à apprendre. Elle était prête à le retrouver. Et elle avait espoir qu'il pensait la même chose. Elle ne voulait pas en douter. Pas après ce qu'ils s'étaient promis. Elle ne pouvait se résoudre à penser que ces deux mois où ils avaient été séparés avaient pu changer quelques chose. Elle s'avançait peut-être trop. Peut-être que l'éloignement aurait raison d'eux, une nouvelle fois. Elle chassait cette idée de son esprit alors qu'elle tendait son badge au concierge de l'immeuble. Elle quittait le travail un peu plus tôt ce soir-là, ne voulant pas débarquer chez Jake trop tard. Elle avait la volonté de bien faire. Comme chaque jour, arrivée à son vélo, elle troquait ses talons hauts contre une paire de baskets et traversait la ville, admirant au passage les lumières londoniennes s'allumer sur son passage. Elle était sereine, comme elle ne l'avait pas été depuis bien longtemps. Elle ne tarda pas à parvenir devant son immeuble, là où elle laissa chemisier et jupe giser sur le parquet. Elle enfilait à la place bottines, jean et pull pour repartir de plus bel vers son premier arrêt de la soirée. L'hôtel Hilton brillait de mille feux alors qu'elle passait les portes battantes jusqu'à récupérer sa commande au bar. Des gambas épicées, comme la dernière fois. Elle se saisissait du sac avant de reprendre les pédales et de s'arrêter prendre une bouteille de vin rouge au caviste du coin. Elle remontait une dernière fois en selle pour parvenir jusqu'à l'immeuble de Jake, se maudissant de ne pas connaitre le numéro de son appartement sur l'interphone, avant de finalement se faire ouvrir la porte par l'une de ses voisines. La remerciant d'un large sourire, elle se glissait à l'intérieur et montait les étages qui la séparait d'une soirée minutieusement préparée. Il n'en savait rien, mais elle avait voulu lui faire une surprise. Elle avait voulu être la surprise. Une nouvelle promesse. Pour la première fois, c'était elle qui faisait un pas vers lui, c'était elle qui lui montrait qu'elle tenait à lui, à eux, à leur amitié si particulière. Chase n'avait jamais été la plus démonstrative des deux, mais la blonde voulait changer. C'était ce qui semblait incontournable à leurs retrouvailles. Elle s'apprêtait à sonner à la porte avant de se souvenir de son chignon tiré pour le travail, coiffure qu'il détestait voir sur elle. Elle posait ses affaires au sol et s'attela à enlever chaque pince qui maintenait ses cheveux relevés, laissant des mèches blondes retombées sur ses épaules. Tout était bon, maintenant. Elle récupérait ses sacs après avoir sonner, attendant patiemment une réponse. Réponse qui ne tarda guère, puisque le verrou tourna de l'autre côté de la porte en bois, laissant apparaitre une tête blonde qui lui était inconnue. Les sourcils froncés, son sourire disparu alors qu'elle regardait autour d'elle, avant que ses yeux ne retombent sur l'inconnue. « Excusez-moi, je… J’ai dû faire une erreur. » Elle se savait au bon endroit. Elle reconnaissait la décoration derrière cette femme, l’odeur qui s’échappait toujours des appartements de Jake, ce parfum particulier qu’il trainait depuis leur enfance. Elle n’avait pas fait d’erreur. Pourtant, elle aurait aimé. En prêtant plus attention à la femme qui venait de lui ouvrir, elle remarqua d’abord son incroyable beauté, puis ses habits, ou plutôt, son absence d’habits. Elle portait simplement une chemise d’homme, et Chase pouvait aisément parier que c’était tout ce qu’elle avait sur elle. Une chemise qui appartenait sûrement à Jake. Elle resta là, stoïque, sentant le plat qu’elle tenait dans ses mains refroidir, tout comme elle l’était.
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(✰) message posté Mar 22 Sep 2015 - 22:47 par Invité
THERE'LL BE NOTHING LEFT FOR NO ONE
CHASE & JAKE & FLORA
La rentrée avait apporté avec elle le début de l’automne. L’air était moins humide, moins étouffant, mais plus frais. Flora mentirait si elle disait qu’elle n’était pas soulagée. L’été avait particulièrement été chaud et elle n’avait aucune envie que ce dernier se transforme en été indien. Un peu d’air frais ne pouvait que faire du bien. Puis quoi de mieux que d’accompagner son retour au travail qu’avec de la pluie ? Certes, elle n’était pas fan mais au moins, comme ça, elle pouvait mettre ses vacances en Grèce derrière et se concentrer sur ses clients. Les appartements, les bureaux, les restaurants, les magasins et compagnie n’allaient pas s’agencer tous seuls. La croisière avait été au delà de ses espérances. Elle ne s’imaginait pas en profiter à ce point. Sa sœur jumelle y était pour beaucoup. Les deux blondes avaient appris à se connaître, à se découvrir davantage, à se trouver des dizaines de points communs ou de différences. Elles étaient comme le jour et la nuit. Mais Flora adorait déjà sa sœur. Elle se sentait tellement proche et connectée d’elle. C’était un peu cliché, mais elle avait l’impression d’avoir retrouvé une partie d’elle-même qui lui manquait. C’était rafraîchissant, dans un sens. Découvrir une nouvelle personne était toujours quelque chose de fascinant, pour Flora. Mais c’était aussi triste. Triste de se dire qu’elles avaient vécu vingt six ans l’une sans l’autre. Qu’elles avaient fait leur bout de chemin sans savoir que, quelque part dans le monde, une personne qui leur ressemblait en tout point existait. Tout ce qu’elles avaient loupé à cause de leurs parents. Flora n’avait toujours confronté ces derniers, d’ailleurs. Ce n’est pas qu’elle n’en avait pas le courage, c’est juste qu’elle ne voulait pas entendre plus de mensonges. Puis elle était déçue et énervée qu’on ait pu lui cacher l’existence d’une sœur. Petite, elle rêvait d’avoir un frère ou une sœur avec qui jouer. Quoiqu’il en soit, ses vacances en Grèce l’avaient relaxé. Les îles étaient magnifiques et la mer si turquoise. Elle avait laissé tout le stress de sa routine derrière elle pour en profiter au maximum. Aujourd’hui, la journée avait particulièrement été longue. Un client n’était pas satisfait du travail fourni par les équipes de Flora – et donc par extension, Flora. Pourtant, quand elle lui avait montré les croquis, ce dernier avait ravi des arrangements. Comme quoi, il était facile de changer d’avis. Cela ne voulait pas dire que ça n’énervait pas la jeune femme. Elle avait eu les nerfs à vif toute la journée, avait parlé sèchement à tout le monde. En gros, elle avait été plus qu’insupportable. Elle n’avait pas pour habitude d’être aussi désagréable, mais elle avait imaginé son retour au travail plus simple et moins compliqué. Plus en douceur. Elle aurait pu aller courir après le travail. C’était ce qu’elle savait faire de mieux pour se détendre. Ce qu’elle avait toujours fait. C’était une solution plus sage et moins dangereuse que d’aller boire dans un bar ou ce genre de chose. De toute façon, ce n’était pas son genre. Mais ce soir, elle avait décidé d’aller chez Jake. A sa grande surprise, ils s’étaient retrouvés sur le même bateau, pour la même croisière. Si les choses avaient été bizarres entre eux au début, ça avait vite changé. Ce qui s’était passé chez Flora un après-midi et qui était censé être a one time thing, avait pris une toute autre tournure. Jake avait réussi à la convaincre qu’ils étaient tous les deux des adultes consentants et qu’ils ne faisaient rien de mal. Ils avaient tous les deux des besoins, alors pourquoi ne pas y céder. Elle se sentait un peu coupable vis-à-vis de Raphael, dans le sens où elle avait l’impression de le trahir. Bien qu’ils ne s’étaient pas remis ensemble, les sentiments qu’il avait pour elle étaient bien clairs et bien présents. Flora avait accepté de le pardonner, avait accepté d’essayer de lui refaire confiance. Donc oui, elle avait l’impression de le trahir. Ses sentiments à elle n’étaient pas aussi forts mais n’étaient pas inexistants. La sonnette de la porte d’entrée la sortit de sa stupeur et de ses pensées un peu noires. Ce n’était pas correct de penser à un autre homme à ce moment-là. Elle passa la tête dans la salle de bain pour l’informer qu’on avait sonné. Elle n’était pas chez elle, après tout, ce n’était pas à elle de décider si elle avait le droit d’ouvrir la porte. Jake lui demanda d’aller ouvrir, qu’il avait bientôt fini et qu’il se dépêcherait. Vêtue uniquement de la chemise de Jake qu’elle avait enfilé il y a quelques minutes, elle s’empressa d’aller ouvrir. Elle se retrouva face à face à une jeune femme blonde qu’elle ne connaissait pas. La première chose qui frappa Flora était la beauté de cette femme. Les traits de son visage étaient fins, parfaits et ses cheveux avaient l’air incroyablement doux. « Excusez-moi, je… J’ai dû faire une erreur. » La situation était quelque peu gênante et Flora se sentait, soudainement, un peu nue. Elle tira sur le bon de la chemise, comme si cette dernière deviendrait plus longue, comme par magie. « Vous cherchez Jake ? Il est sous la douche…il ne va pas tarder. » Elle s’écarta de devant la porte et continua. « Je vous en prie, entrez. » Flora ne savait pas quoi faire d’autre. Ce serait impoli de la laisser sur le pas de la porte alors qu’elle était clairement venue dans le but de voir Jake. Si ce n’était pas le cas, elle serait déjà partie, elle ne serait pas restée stoïque devant la porte, comme si Flora était un fantôme et qu’elle n’en croyait pas ses yeux. Elle espérait juste que Jake ne tarderait pas.
. EVEN IF YOU DON'T AGREE, KNOW THAT I AM TRYING TO HELP US ALL BREAK FREE. I'M SAYING THAT I'M SORRY FOR THINGS I'VE SAID AND DONE, BUT I DON'T WANT TO BE HERE. IF I AM, I'M LOOKING DOWN A GUN . Elle avait mis du temps à l’accepter. Accepter de le revoir, de lui sourire, de faire comme si de rien n’était. Ca n’avait pas été facile, pourtant elle avait décidé de mettre sa rancoeur de côté et de faire un pas vers lui. Vers eux. Elle avait ignoré les cris de son coeur, ceux qu’elle voulait offrir à Jake. Ils n’étaient pas honnêtes. Elle lui en voulait, et il le savait. Mais aucun ne voulait entendre ce qu’il y avait à dire. Aucun ne voulait revivre les disputes continuelles qu’ils avaient depuis leur enfance. Pas tout de suite. Ils avaient fait la paix, malgré une confrontation inévitable. Ils se voilaient la face, mais si c’était là le prix à payer pour le retrouver, elle était prête à lui mentir encore un peu. Prête à laisser la colère s’évanouir petit à petit, au fil du temps, sans que jamais elle n’explose et balaye tout sur leur passage. Car si elle venait à exploser, elle n’était pas sûre de pouvoir les rattraper cette fois. Elle était prête à parier qu’il ne resterait rien de ce qu’ils avaient connu. Ils ne reviendraient jamais vraiment entiers de ce qu’il s’était produit en Afghanistan. Elle ne serait jamais plus la même. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Ils étaient déjà perdus, sans le savoir. La bombe avait déjà explosé, sans qu’ils ne l’admettent. Ils n’avaient simplement pas mis les mots sur leurs pensées. Et la blonde voulait retarder ce moment le plus possible, et profiter de lui encore un peu. Elle l’avait déjà perdu pendant onze mois, et autant de jours encore où elle avait cru ne jamais le revoir. Le destin s’était montré clément, et elle lui devait bien de baisser les armes encore quelques temps. C’était dans cet état d’esprit qu’elle avait roulé jusqu’à chez lui. Profiter encore un peu de ce qu’ils avaient retrouvé. Un semblant de passé, un morceau de leur histoire, un fragment de l’amitié qu’ils pensaient indestructible. Jake et Chase, encore un soir. Il avait disparu de la capitale tout l’été, et elle avait eu le temps d’y penser. Elle s’était repassée leur dernière discussion, ne trouvant pas la force de la contredire. Ils n’avaient pas été complètement honnêtes, non, mais ils avaient fait un premier pas. Ils avaient tu l’Afghanistan, se reprochant d’autres broutilles. Mais le chaos qui avait régné là-bas planait sur leurs têtes, sans qu’ils ne lèvent jamais les yeux. Il le faudrait pourtant. Avant qu’elle n’explose. Peut-être qu’elle ne le ferait pas. Peut-être qu’elle était prête à pardonner dans le silence de leurs paroles. Peut-être qu’elle pourrait avancer, oublier, recommencer. Il était le seul à pouvoir rendre cela possible. Du moins, c’est ce qu’elle pense. Ce soir, elle se débarrassait de cette fierté que sa mère qualifiait de pénible, et elle allait le voir. Elle ne s’encombrait pas d’un message, elle doutait qu’il puisse être ailleurs un soir de semaine. Elle pourrait toujours l’appeler une fois là-bas. Après avoir fait toutes les courses qu’elle avait prévu pour l’occasion, elle arrivait sans mal jusqu’à l’immeuble de Jake, laissait son vélo garé devant et sonna à sa porte, remettant en place quelques mèches folles. Elle ne voyait pas bien pourquoi elle prenait la peine de vouloir lui plaire, peut-être qu’elle voulait simplement lui faire plaisir, comme avant. Comme il avait toujours cherché à le faire avec elle. Et l’heure était aux efforts communs. Elle entendit de l’agitation derrière la porte, et, comme prédit, elle ne s’était pas trompée sur sa présence. Elle regarde ses emplettes, se souvenant alors qu’elle avait oublié le plus important. Peut-être qu’il avait encore le dvd de Dirty Dancing, avec un peu de chance. Ils trouveraient bien autre chose dans le cas contraire. La poignée s’agita et le sourire qu’arborait jusqu’alors Chase se fana en découvrant une jeune femme dans l’encadrement de la porte. Elle était magnifique ; aussi blonde qu’elle, des yeux bleus à s’y noyer, une plastique de rêve. Presque nue. Une chemise sur le dos. Celle de Jake. Sans comprendre, une vieille jalousie faisait son apparition. Chase avait jalousé toutes les femmes que Jake avait un jour regarder, comme il avait toujours jalousé ses anciens amants. Mais tout ça avait une saveur bien trop ancienne pour ressurgir aujourd’hui. Ils étaient adultes à présent. Pourtant, son coeur ne manqua pas de se serrer à cette vision. Sans savoir quoi faire, elle prétexta une erreur, sans bouger pour autant. C’était sûrement la surprise. À vrai dire, la dernière fois qu’elle avait vu une femme proche de Jake, c’était elle. Elle n’avait pas eu l’occasion d’en voir depuis. Soudain, elle réalisait qu’il y en avait toujours d’autres. Il y avait toujours eu une autre qu’elle. Il y en avait peut-être eu une lorsqu’elle était encore séquestrée là-bas. « Vous cherchez Jake ? Il est sous la douche…il ne va pas tarder. » Elle cligne deux fois des yeux avant de voir qu’elle était là, devant cette inconnue, comme une idiote. Elle aurait du s’en aller. Savoir que Jake était sous la douche n’arrangeait rien aux scénarios qui muaient déjà dans sa tête alors que la blonde devant elle tirait sur sa chemise pour cacher ses cuisses tout en lui ouvrant la porte en grand. « Je vous en prie, entrez. » Elle aurait du s’en aller à ce moment-là, ne pas plus les déranger, et s’épargner un mal qui n’était pas nécessaire et qu’elle ne saurait d’ailleurs pas définir. Elle avait mal mais ça n’avait rien à voir avec la jalousie qu’elle avait pu ressentir lorsqu’ils étaient plus jeunes. C’était autre chose. Quelque chose de moins légitime. Comme si elle était trahie. Pourtant, ils ne s’étaient jamais rien promis. Ils n’en avaient jamais eu le temps. Sans comprendre, elle pose un pieds dans l’appartement de Jake et se sent tout de suite étrangère. Elle finit par se retourner de nouveau vers cette inconnue, forçant un sourire. « Je suis Chase. Je ne voudrais pas interrompre quoi que ce soit, je vais juste déposer tout ça ici et m’en aller. » Comme pour exécuter ses paroles, elle s’avance vers la table du salon pour déposer tous ses sacs. C’était idiot de tout ramener, elle ne mangerait jamais tout ça, autant que d’autres en profite. Visiblement mal à l’aise, elle époussetait son manteau, fuyant le regard de la jeune femme, ne sachant que faire. « Je vais y aller. Vous devriez goûter les gambas, ce sont de loin les meilleures de la ville. » Elle sourit à nouveau tout en se dirigeant maladroitement vers la sortie.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Jeu 29 Oct 2015 - 15:38 par Jake O. Cavendish
Maybe it meant something. Maybe not, in the long run, but no explanation, no mix of words or music or memories can touch that sense of knowing that you were there and alive in that corner of time and the world. Whatever it meant. ✻✻✻ Le retour des vacances avait été plus difficile que prévu. Le goût de son travail commence à revenir peu à peu mais c’est comme s’il manquait quelque chose. Cette passion qui l’anime quand il travaille d’habitude sur un reportage. Il attend avec impatience LE reportage qui viendra changer ça, persuadé qu’il finira par arriver. Il refuse de se faire du souci ainsi. Ça reviendra, c’est obligatoire. Il a toujours adoré son travail, ça ne risque pas de changer maintenant. Et s’il part du principe que c’était à cause de ses vacances, il ne repartira plus jamais. Il avait été heureux pendant cette croisière. Il avait laissé tous ses problèmes loin derrière et il était parti à l’aventure. Il s’était confronté à l’inconnu et ça lui avait fait un bien fou. Il en avait bien besoin, même sans le réaliser. Malgré tout, il avait rapporté une des meilleures parties de ses vacances, représentée par Flora. Même après être revenus à la réalité, à la routine, ils continuent de se voir régulièrement. Presque une nouvelle routine en fait. Celle-ci a quelque peu mis à mal leur habitude d’aller courir ensemble mais avec le temps qui se rafraîchit, c’est plus simple ainsi. Jake sait que ça n’est pas forcément raisonnable. Les arguments qu’avait avancés Flora étaient valables, il le sait. Mais il ne peut pas s’en empêcher. Et si c’était d’abord une attirance, c’était progressivement devenu un besoin. Une habitude qui le rend heureux, surtout en ce moment. Il en a bien besoin. Ce n’était pas forcément raisonnable, pour leur amitié, pour d’autres choses. Mais plus ils continuaient, et plus s’arrêter devenait compliquer. Même y penser ne lui vient presque plus à l’esprit. Non, à la place, il attend avec impatience le moment où ils pourront se voir. Ce qui est parfois un peu compliqué à cause de la présence de Vicky dans l’appartement. Etant donné qu’elle adore s’intéresser à la vie personnelle de son frère, lui faire rencontrer Flora n’est pas forcément une excellente idée. Pas quand Flora et Jake ne veulent surtout pas en faire toute une histoire. Sous la douche, Jake réfléchit à ce qu’il pourrait commander à manger pour lui et Flora. Elle attend dans la chambre, comme elle devait passer un appel. Sans doute que lui demander ce qu’elle préférerait serait plus simple. Il est interrompu dans ses pensées par la sonnette. Une seconde plus tard, Flora passe la tête par la porte de la salle de bain pour relayer l’information. Sans hésiter, Jake lui demande d’aller ouvrir la porte et précise qu’il arrive dans une minute. Faire attendre la personne qui est derrière la porte serait malpoli, surtout quand Flora peut s’en occuper le temps qu’il arrive. A moins que ça soit Vicky qui aurait oublié ses clés. Mince ! Il se rince les cheveux rapidement et sort de la douche, prenant à peine le temps de se sécher. Il enfile le short de basket qui lui sort de pyjama et avance dans le couloir, tout en s’essuyant les cheveux rapidement. Il pose la serviette sur son épaule lorsqu’il arrive au bout du couloir. Ce n’est pas Vicky. Non. Il reconnaît directement la voix de la personne qui est dans son salon. Chase. Chase qui est dans son salon, avec Flora. Quand il arrive finalement dans la pièce, elle est déjà sur le chemin du départ. « Chase, attends ! » Elle se retourne et, sur son visage, Jake lui tout ce qu’il craignait. Il la connait, cette expression. Il la connait trop bien. Il a souvent eu la même. Il l’a déjà vue des dizaines de fois sur le visage de Chase. Il l’a déjà vue des dizaines de fois et pourtant, celle-ci semble différente. Une différence qu’il ne comprend pas forcément. « Je… Je suis content de te voir, je comptais t’appeler en rentrant de Grèce mais je n’ai pas encore eu le temps. » Il s’avance vers elle, pas sûr de ce qu’il devrait dire. De ce qu’il peut dire. Il n’est même pas certain qu’il doit la retenir. Elle n’a qu’une envie : partir. C’est évident. Et il peut la comprendre. Il réagirait sûrement de la même façon qu’elle. Mais il ne veut pas qu’elle parte. Pas quand tout allait mieux entre eux. « Tu as rencontré Flora alors. » Il offre un faible sourire à Flora. La situation n’est clairement pas des plus confortables, que ça soit pour Flora, pour Chase ou même pour lui. Il voudrait pouvoir s’en sortir facilement. Mais pour l’instant, il ne trouve pas de solution magique. « C’est… une amie. » En prononçant ces mots, il réalise à quel point ça peut sembler ridicule. Elle est chez lui, ne porte qu’une chemise qui lui appartient et lui, sort tout juste de la douche. Il voudrait pouvoir dire à Chase que ce n’est pas ce qu’elle pense. Il voudrait mais il ne le peut pas. Parce que c’est exactement ce à quoi ça ressemble.
(✰) message posté Mer 4 Nov 2015 - 1:17 par Invité
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CHASE & JAKE & FLORA
Se lancer à bras ouverts dans de nouveaux projets, dans de nouvelles aventures, n’étaient pas quelque chose que Flora avait l’habitude de faire. Elle avait sa routine, ses habitudes. Elle aimait quand tout était organisé, quand elle avait le contrôle. La spontanéité l’attirait, mais l’effrayait tout autant. Sûrement un trait de caractère qu’elle tenait de sa mère. Cette dernière avait toujours eu une emprise sur chaque aspect de sa vie, et tout comme Flora, elle était très perfectionniste. Flora s’était souvent demandée pourquoi elle n’avait pas pu hériter du côté insouciant, nonchalant de son père. Rien ne semblait l’inquiéter, le manque de contrôle ne le dérangeait pas, il s’adaptait à chaque situation. Ce n’était pas le cas de Flora. Cependant, elle avait appris récemment qu’avoir le contrôle sur sa vie ne voulait pas dire que les imprévus ne pouvaient pas faire partie de son quotidien. Découvrir une sœur jumelle, pour commencer, n’était pas prévu. En même temps, comment aurait-elle pu le prévoir ? Elles ont vécu des vies radicalement différentes, dans deux continents différents. Rien n’indiquait qu’elle avait une sœur, de toute façon. Elle a été élevée en tant que fille unique, où tout reposait sur ses épaules. Elle s’était même demandée si ses parents étaient vraiment ses parents. Et rencontrer Noa n’était que le début d’une longue liste d’imprévus. Dont coucher avec Jake. On ne prévoit pas ce genre de chose. L’attraction, ça ne se contrôlait pas. Les envies, elles, pouvaient l’être, mais à quoi bon ? Céder à la tentation, se laisser aller, prendre des risques…c’était nouveau pour Flora. Elle s’était laissée aller avec Jake, cet après-midi de printemps, en pensant qu’une fois ne pouvait faire de mal à personne. Elle était loin de se douter que, des mois plus tard, elle se retrouverait à passer plus de temps chez lui que dans le parc, à courir. En soi, c’était une activité physique comme une autre. La croisière en Grèce n’avait servi qu’à les rapprocher davantage. Si il n’y avait pas eu la croisière, elle était sûre que le résultat final aurait été le même, mais juste un peu plus tard. Se retrouver chez Jake, ou l’accueillir chez elle était devenu une nouvelle habitude à sa routine. Comme un besoin dont elle n’avait pas envie de se passer. C’était de sa faute, à lui. Au fond, elle savait que ce n’était pas raisonnable. Elle lui avait d’ailleurs dit. Mais il lui avait rappelé qu’ils étaient tous les deux assez grands et matures et que ça ne servait à rien de lutter. Ils ne faisaient de mal à personne. Enfin, c’est ce qu’ils pensaient. Elle préférait se dire que, tant que personne n’était au courant, personne ne pouvait être blessée. Une part d’elle se sentait coupable de continuer à voir Jake dans le dos de Raphael. Ils n’étaient pas ensemble et elle ne lui devait rien. Après tout, il l’avait abandonné, il l’avait laissé avec un cœur brisé et aucune explication. C’est comme si elle le trahissait, dans un sens. Elle ne l’avait jamais dit à Jake, pour Raphael. Ce n’est pas le genre de sujet de conversation approprié après avoir couché ensemble. Mais elle n’avait pas envie d’arrêter de voir Jake. Malgré tout, il était son ami et une personne avec qui elle adorait passer du temps. Pour l’instant, elle aimait cette routine, et ne voyait aucune raison de la bousculer. Jusqu’à ce soir. Flora n’avait jamais été aussi inconfortable et gênée de toute sa vie. Toutes les fois où elle s’était retrouvée dans des situations extrêmement gênantes ne valaient pas celle-ci. Qui ouvrait la porte vêtue d’une simple chemise ? Elle ne s’attendait absolument pas à tomber sur une jeune femme, blonde, absolument magnifique, clairement venue voir Jake avec un but précis, à en juger par les sacs qu’elle portait. Flora essaya tant bien que mal de se couvrir, mais c’était peine perdue. La chemise de Jake, bien que trop grande pour elle, ne faisait pas des kilomètres de long. La jeune femme semblait aussi gênée qu’elle, et Flora n’arrangea rien en lui proposant d’entrer. « Je suis Chase. Je ne voudrais pas interrompre quoi que ce soit, je vais juste déposer tout ça ici et m’en aller. » Chase. Jake n’avait jamais mentionné une Chase. En même temps, il n’avait aucune raison de le faire. « Je suis Flora...une amie de Jake. » Dit-elle, simplement. C'était stupide comme réflexion, mais Flora ne savait pas quoi faire, ou dire. Elle la regarda, en silence, déposer les sacs sur la table du salon avant de se retourner et d’annoncer son départ. Flora voulait la retenir, lui dire qu’elle ne dérangeait pas et que Jake arriverait d’une minute à l’autre et qu’elle partirait, mais rien ne sortit de sa bouche. Elle tira péniblement une deuxième fois sur le bout de la chemise. « Chase, attends ! » Elle se retint de lâcher un soupire de soulagement en voyant arriver Jake, vêtu d’un short et sa serviette sur l’épaule. Le fait que quelques gouttes d’eau coulent encore le long de son torse ne faisait rien pour rendre la situation moins gênante. Flora ne pouvait pas imaginer comment Chase se sentait. Il y avait clairement quelque chose entre les deux. Quoi ? Flora l’ignorait. Elle n’était visiblement pas la seule à cacher des choses. « Tu as rencontré Flora alors. » Il lui offrit un faible sourire, qu’elle rendit avec un sourire forcé. « C’est… une amie. » Il lui offrit la même introduction que Flora avait fait quelques minutes plus tôt. Et c’est ce qu’elle était. Pour eux, ça paraissait tellement simple. Mais pour des points de vue extérieurs, elle n’imaginait même pas à quoi ça ressemblait. Probablement ce à quoi ça ressemblait, se dit-elle. Ses yeux étaient rivés sur le sol de l’appartement, qui semblait tout à fait fascinant. Elle se racla finalement la gorge, croisa brièvement le regard de Chase avant de reporter le sien dans celui de Jake. « Je devrais y aller. » Déclara-t-elle. « Vous laisser…discuter. » Elle pinça ses lèvres, en hochant doucement la tête. Elle croisa une nouvelle fois le regard de Chase, comme pour lui dire qu’elle était désolée. Elle ne savait pas vraiment de quoi, puisqu’elle ignorait totalement la nature de leur relation, mais elle l’était. « J’ai pas très faim, de toute façon. » Confia-t-elle finalement, avant de se diriger vers la chambre de Jake pour se rhabiller. La douche attendra.
. EVEN IF YOU DON'T AGREE, KNOW THAT I AM TRYING TO HELP US ALL BREAK FREE. I'M SAYING THAT I'M SORRY FOR THINGS I'VE SAID AND DONE, BUT I DON'T WANT TO BE HERE. IF I AM, I'M LOOKING DOWN A GUN . Elle ne savait pas à quoi elle pensait en venant ici. Ce qu'elle voulait, ce qu'elle espérait. Qu'ils redeviennent ce qu'ils avaient été avant, oui, c'est certain. Elle voulait mettre à exécution les promesses qu'ils s'étaient faites avant l'été, et leur accorder une simple tous les deux, comme avant. Comme lorsque tout était simple. Lorsqu'ils étaient encore amis, sans rien derrière. Sans ce fameux ‘mais’ qui trainait derrière eux depuis des années. Ils avaient déjà été de simples amis, les meilleurs, en fait. Elle se souvenait encore de l'incroyable duo qu'ils formaient, alors que leurs mères respectives s'arrachaient les cheveux face à toutes leurs bêtises. Elle s'était fouler une cheville pour le suivre, il s'était cassé le poignet pour lui faire plaisir. Elle avait renoncé à des dizaines de desserts rien que pour pouvoir le rejoindre en bas de l'immeuble, là où il l'attendait toujours avec une nouvelle idée folle. Et elle aurait fait bien plus encore. Mais ils avaient grandi, et ce ‘mais’ était apparu. Il se retrouvait dans leurs regards, dans leurs gestes, et même dans ceux des autres. Elle n'aurait su dire à quel moment il était apparu, à quel moment les choses avaient réellement changées, ou si tout cela existait déjà avant. Si elle s'était voilée la face depuis plus longtemps encore. Mais ce n'était pas ce à quoi elle voulait penser aujourd'hui. Aujourd'hui, elle voulait retrouver le souvenir d'une amitié qui lui avait longtemps semblé indestructible. Et pourtant, une nouvelle fois, elle avait fait erreur. Une nouvelle fois, elle s'était trompée. En voyant cette magnifique femme ouvrir la porte, elle comprit qu'elle faisait fausse route. Qu'elle se mentait, encore. Que ce qui était déjà présent il y avait des années de cela l'était toujours aujourd'hui. Cette jalousie déplacée qui les avait animé toute leur adolescence et encore après. Cela valait autant pour lui que pour elle, et, pourtant, elle était sûre d'avoir plus mal. Jake l'avait déjà vu en compagnie d'un autre, avant les vacances, et bien qu'elle ait deviné dans son regard ce qu'elle voyait depuis des années, elle était certaine qu'il serait parti sans lui en tenir rigueur. Elle n'était pas certaine de pouvoir le faire. C'était pourtant injuste, elle le savait. Il ne lui devait rien, ni à elle ni à leur amitié, ou du moins ce qu'il en restait. C'était sa faute. C'était elle qui avait été bête de penser que peut-être rien n'avait changé. Elle dépose ses sacs sur la table du salon, déstabilisée, déçue aussi, peut-être. Elle n'avait aucun droit de l'être. Elle n'avait aucun droit de lui demander ce qu'elle n'avait jamais su faire. Aucun droit de lui demander de ne pas avancer sans elle. Après tout, c'est ce qu'elle l'avait incité à faire en posant une telle distance entre eux. C'est ce qu'elle lui demandait de faire depuis la première fois que leur amitié avait pu devenir plus. Il était tant qu'elle avance elle aussi. Elle se dirige vers la porte en repassant devant la jeune femme en évitant son regard quand la voix de Jake se fait entendre. « Chase, attends ! » Elle se retourne malgré elle, quand elle aurait du simplement prendre la porte. Elle ne voulait pas déranger. Elle ne voulait pas qu'ils retombent dans leur ancien schéma. Elle ne voulait plus croiser son regard désolé alors qu'il n'avait aucune raison de l'être. Elle voulait simplement partir. Mais elle se retourne et le voit arriver dans le salon, simplement vêtu d'un short et la peau encore humide de la douche qu'il venait de prendre. Et il la regardait, avec ce même regard qu'elle avait déjà croiser des dizaines de fois, ce regard qui semblait signifier qu'il ne comprenait pas. Elle ne l'avait jamais laissé comprendre. Elle ferait de même aujourd'hui encore. « Je… Je suis content de te voir, je comptais t’appeler en rentrant de Grèce mais je n’ai pas encore eu le temps. » Elle aurait aimé ne pas se dire qu'il avait pourtant eu le temps pour une autre qu'elle. Qu'il avait eu le temps de l'appeler, elle. Elle se détestait de penser ainsi, d'en revenir à cela après tout ce qui avait pu se passer entre eux. Elle se détestait de lui en vouloir à cet instant. Et elle se détestait de pouvoir si bien le lui cacher. « Ça ne fait rien, tu devais sûrement être occupé, et j’aurais du appeler. » Elle haussait des épaules avec négligence alors qu’il s’avance. Elle souhaitait encore le tromper ce soir, lui montrer que ça ne l’affectait pas, le repousser, encore. Elle pouvait jouer la comédie encore quelques temps, elle s’en savait encore capable. C’était ce qu’ils savaient faire de mieux, après tout. Une main toujours sur la poignée de la porte, un silence s’installe et elle ne sait pas ce qui la retient de s’en aller. Elle ne savait pas ce qui la faisait attendre. « Tu as rencontré Flora alors. » Il lui sourit et Chase resserre sa prise. Jake avait déjà eu des petites amies, et elle avait déjà fait leur connaissance. La différence était sûrement qu’aujourd’hui, ils n’étaient plus des gamins. Aujourd’hui, elle ne pouvait plus se cacher derrière son masque de jeunesse, derrière les mensonges qu’elle lui avait toujours servi. Ils n’étaient plus à l’université. Ils n’étaient plus des enfants. Et ils avaient été bêtes de croire qu’ils pouvaient encore sauver ce qu’ils avaient alors. « C’est… une amie. » Son coeur se serre alors qu’elle avait déjà entendu ces mots. Flora les avait prononcé. Elle-même les avait donné à Fred lors de leur rendez-vous. Et Jake l’avait fait aussi, à propos d’eux. Il l’avait fait chez Olivia. C’était ainsi qu’il se justifiait alors, et pas seulement lorsqu’il s’agissait d’elle. Elle se sentait blessée, sans qu’elle ne puisse le justifier. Elle n’avait aucune raison de l’être. Elle n’avait aucun droit de l’être. Alors elle acquiesce simplement, gardant son regard ancré dans celui de Jake, les lèvres pincées. Elle regrettait de ne pas avoir passé ce coup de fil. Elle regrettait de le voir ainsi, silencieux, pris entre deux feux. Elle regrettait ce qu’il adviendrait ensuite d’eux, si encore une fois il faudrait s’en relever. Elle n’était plus sûre de vouloir le faire maintenant. « Je devrais y aller. Vous laisser…discuter. » Chase croise le regard désolé de Flora, sans parvenir à lui dire qu’elle n’avait aucune raison de l’être. Pourtant c’était vrai. Elle n’avait pas à être désolée. Ils n’étaient qu’amis. Elle se comportait comme si Jake lui devait quelque chose mais c’était faux. Et elle aurait du lui dire. « J’ai pas très faim, de toute façon. » Et déjà elle rejoint la chambre de Jake sans que Chase ne soit parvenue à lui dire de rester, que c’était à elle de partir. C’était bien le cas pourtant. Elle reste face à Jake, un vague sourire aux lèvres, comme si tout ceci, cette situation, avait une saveur nostalgique. Encore une fois, ils en revenaient au même. Et seulement maintenant, elle voyait que ce n’était pas sain. Ils ne pouvaient pas continuer de faire ça indéfiniment. Pour repartir sur de bonnes bases, ils devaient cessé d’être ce qu’ils s’étaient toujours autorisé d’être. Des amis qui attendent seulement d’être plus. Ils devaient apprendre à être de simples amis. Ils devaient laisser le ‘mais’ derrière eux, abandonner le ‘peut-être’. C’était ce qu’ils auraient du faire il y a bien longtemps. « Tu devrais la rattraper. » Pour la première fois, elle ne cherchait pas à briser ses chances. Elle ne cherchait pas à l’éloigner d’une autre, à l’avoir pour elle, et seulement pour elle. Elle ne chercherait pas les défauts que pouvait avoir Flora. Elle jouerait seulement le rôle qu’elle aurait du tenir depuis le toujours ; un rôle d’amie. « Elle est vraiment magnifique. Mon ami a beaucoup de chance. » Elle lui sourit, la gorge serrée. « J’appellerais la prochaine fois. » Elle fait pression sur la poignée en se détournant et quitte la pièce avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, avant qu’il puisse lui faire douter. Avant qu’il ne la retienne. Avant qu’elle ne puisse plus l'en empêcher.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Ven 18 Déc 2015 - 19:56 par Jake O. Cavendish
Maybe it meant something. Maybe not, in the long run, but no explanation, no mix of words or music or memories can touch that sense of knowing that you were there and alive in that corner of time and the world. Whatever it meant. ✻✻✻ Cette situation, ce n’est pas la première fois qu’ils y sont confrontés, malheureusement. Pas exactement la même bien sûr. Soit c’était une fille que voyait Jake et ils tombaient sur Chase au cours d’un rendez-vous. Soit c’était un copain de Chase et Jake les croisait. Aucune des deux situations n’était enviable et il était rare que ça se finisse bien. Quand ils étaient encore à l’université, c’était pour la personne ajoutée à l’équation que ça finissait mal. Jake et Chase excellaient dans l’art de faire fuir cette personne qui les dérangeait. Et généralement, ils finissaient la soirée tous les deux, sans que ça implique autre chose pour autant. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus des enfants qui se fichent des conséquences. Aujourd’hui, tout a changé. Si, au début de l’été, Chase avait abandonné son rendez-vous galant pour partir avec Jake, ici la situation est différente. Il n’avait pas vraiment prévu que Chase puisse tomber sur Flora, encore moins ainsi. Et même si Flora a maintenant quitté la pièce, la gêne est toujours aussi palpable entre les deux amis. Pourtant, s’ils n’étaient vraiment qu’amis, comme ils veulent s’en convaincre depuis si longtemps, cette gêne ne serait pas aussi grande. S’il n’y avait jamais rien eu d’autre, cette situation serait presque risible. A moins que ça ne soit que Jake, qu’il s’imagine quelque chose qui n’est pas là. Peut-être est-elle simplement gênée d’être tombée sur une femme à moitié nue. Peut-être que sa réaction aurait été la même avec n’importe qui. Mais ça, même si Jake sait que ça reste une possibilité, il ne veut pas l’imaginer. Il la regarde, sans savoir quoi lui dire. Lui expliquer la situation paraît inutile. Elle n’a pas besoin qu’il résume, elle a compris le principal. Alors bien sûr, il n’est pas en couple avec Flora et ça, Chase ne peut pas le deviner mais ça n’avancerait pas à grand-chose de le lui dire. Plaider un malentendu serait stupide. Chase n’est pas idiote, elle sait à quoi ça ressemble et elle a tout à fait raison. Lorsqu’une femme ouvre une porte en petite tenue alors que l’homme qu’on venait voir est sous la douche, il n’y a pas beaucoup de place pour l’interprétation. La seule autre solution serait qu’il s’agisse de sa sœur mais clairement, inventer un tel mensonge ne pourrait pas fonctionner, puisque Chase connaît bien ses deux sœurs. Dans tous les cas, il est foutu. Faute de trouver quoi dire, il reste silencieux après le départ de Flora. Et ils restent plantés là, comme deux imbéciles qui ne savent pas quoi faire. Jusqu’à ce que Chase ouvre finalement la bouche. « Tu devrais la rattraper. » La rattraper ? Un instant, Jake fronce les sourcils avant de comprendre qu’elle parle de Flora. Ça ne lui était même pas venu à l’esprit à vrai dire. Bien sûr, la situation devait être inconfortable pour elle aussi mais nettement moins qu’elle ne l’est pour Jake et Chase. Si Flora avait été sa copine, les choses auraient sûrement été différentes. Mais ils ne sont qu’amis, Jake est certain qu’elle comprendra. Il ne lui a jamais vraiment parlé de Chase, parce que ça aurait semblé fou mais il ne pense pas que Flora lui en tiendra rigueur. Du moins, il l’espère. Il ne peut pas s’inquiéter pour deux personnes à la fois. « Elle est vraiment magnifique. Mon ami a beaucoup de chance. » Il la regarde, surpris. Il ouvre la bouche pour parler mais la referme aussitôt, pas certain de ce qu’il pourrait dire. Lors de ce genre de situation, il y avait des cris l’époque, où des critiques. Pas des vœux de bonheur ou presque. Déconcerté, Jake ne sait pas quoi répondre. « J’appellerais la prochaine fois. » Et il n’a pas le temps de répondre qu’elle est sortie de l’appartement. Tu devrais la rattraper. C’est elle qu’il devrait rattraper et non pas Flora, qui est sûrement partie se rhabiller dans sa chambre. C’est la confiance de Chase qu’il a peur d’avoir perdu. Cette confiance fragile qu’ils ont eu tant de difficultés à construire. Alors, à son tour, il baisse la poignée et ouvre la porte. « Attends-moi ! » En quelques enjambées, il la rattrape. Il se fiche bien d’être toujours aussi peu habillé. Ce n’est pas comme s’il en avait eu le temps après tout. Elle se tourne vers lui et il croit lire de la détresse dans son regard. ‘Croit’ parce qu’il n’est plus sûr d’assez la connaître pour pouvoir prétendre savoir ce qu’elle pense. Il s’est trompé bien trop de fois après tout. « Chase, je… » Et à nouveau, ce blanc. Il ne sait pas ce qu’il voudrait lui dire, ni ce qu’il pourrait lui dire. Tout a changé et finalement, il est perdu. Pourtant, tout semblait plus clair entre eux depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Ils n’avaient échangé que quelques messages mais ils repartaient dans le bon sens. « Flora et moi, on n’est pas ensemble. » Dit-il avant même d’avoir réfléchi à ses paroles. Il ne sait pas pourquoi il ressent ce besoin incompressible de se justifier quand il est avec Chase. Il ne lui doit rien pourtant. Ils ne sont pas ensemble et ne l’ont jamais réellement été. Sûrement que ce n’était pas censé arriver. C’est ce qu’il préfère imaginer du moins. Mais malgré tout ça, il a toujours l’impression de lui devoir quelque chose. Peut-être parce que c’est le cas. Peut-être parce qu’il se sent toujours coupable des quelques mois qu’elle a perdu, emprisonnée dans un pays étranger. Même si elle ne lui a jamais parlé de ça à voix haute, c’est comme s’il avait une dette envers elle. Une dette qui sera sûrement éternelle. « Je t’appelle cette semaine pour qu’on se voit ? Il faudra que je te raconte mon voyage en Grèce et je suis sûr que tu as des choses à me dire aussi. » Peut-être qu’aujourd’hui, ils ne seront pas capables de passer l’éponge, de simplement faire comme si rien ne s’était passé. Il lui faut du temps. Il leur en faut à tous les deux. Mais Jake ne pouvait pas la laisser partir ainsi. Ça paraissait presque définitif. Et même si ce qu’il a dit ne change pas grand-chose, il espère qu’ils pourront oublier ça et recommencer là où ils s’étaient arrêtés avant cet été. Recommencer au début pour la retrouver pleinement.
. EVEN IF YOU DON'T AGREE, KNOW THAT I AM TRYING TO HELP US ALL BREAK FREE. I'M SAYING THAT I'M SORRY FOR THINGS I'VE SAID AND DONE, BUT I DON'T WANT TO BE HERE. IF I AM, I'M LOOKING DOWN A GUN . Rien n'avait jamais été simple. Rien n'avait jamais été qu'une simple amitié entre eux. Depuis toujours, il y avait eu cette compétition, ce besoin de prouver à l'autre qu'on était bien là, qu'on le resterait, jusqu'au bout. Au début, Chase avait pensé que c'était une sorte de jalousie futile, le genre qui générait des crises stupides dès que l'autre prêtait son goûter à la plus jolie fille de la classe plutôt qu'à elle. Le genre de jalousie qui la poussait à choisir un autre que lui au jeu de la bouteille de la récréation et de lui dérober son premier baiser. La jalousie qui la poussait à être sage en classe pour ne pas se voir séparer de lui pour un trimestre entier. Ce genre de jalousie là, la jalousie futile. La jalousie qu'ils avaient toujours eu au sein de leur amitié, sans pour autant chercher sa provenance profonde. Ce n'était peut-être qu'un jeu sur lequel ils étaient d'accord, une sorte de test qu'ils s'infligeaient pour tester leur solidité. Elle avait cru qu'ils l'étaient. Elle avait pensé que tout pourrait toujours rester ainsi, et que tout ça ne resterait qu'une jalousie futile d'amitié fille/garçon. Et puis, ils avaient grandi. Tout s'était accéléré, accentué. Elle l'avait déjà vu avec d'autres filles, elle s'y était finalement habitué. Simplement parce qu'elle savait qu'il la choisirait toujours elle plutôt qu'une autre, même si c'était la plus jolie fille de la classe. C'était elle qu'il appelait pour faire les quatre cent coups sur le campus. Elle qu'il appelait lorsqu'il ne comprenait pas le chapitre de sociologie. Elle qu'il appelait pour se plaindre de toutes ces filles dont il avait fini par se lasser, ou qu'elle avait réussi à faire fuir. Il avait besoin d'elle. Elle en avait toujours été persuadée. Mais aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, elle était en retrait. Elle était derrière, coincée entre les moments qui lui manquait et ceux qu'elle devait apprendre à accepter. Coincée entre le manque et le pardon. Elle ne marchait plus à ses côtés, elle était loin derrière. Et parfois, il ne se retournait pas. Parfois, elle n'avait plus la force de le rattraper. Le fait est qu'il l'avait appelé, elle, Flora. Il était rentré de son voyage, et il en avait appelé une autre. Elle n'était plus en haut de la liste, elle n'était plus aussi indispensable qu'elle avait pu l'être. Tout était différent à présent. Ils étaient trop grands pour jouer. Trop grand pour cette jalousie futile que Chase avait souvent pensé plus profonde, sans trop oser s'y attarder. Elle avait peur de découvrir ce qui se cachait derrière. Peut-être qu'elle l'avait su, un jour. Peut-être qu'elle avait posé les mots sur ce qu'elle ressentait. Mais ça n'avait plus d'importance, parce qu'elle était en retard. Il avançait, et elle était derrière. Peut-être était-il temps qu'elle avance à son tour. Peut-être qu'être grands signifiait qu'elle devait être heureuse pour lui, qu'il soit avec Flora ou une autre. Peut-être que c'était ça, d'être amis. Peut-être qu'elle apprendrait à l'être pour lui. Et elle pouvait commencer ce soir. Il n'y eut ni cri, ni complot. Un simple sourire. Il sonnait presque comme un au revoir. Elle pouvait lire sa surprise dans les yeux de Jake. Elle pouvait voir que ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. Que ce n'était pas ce à quoi elle l'avait habitué. Ce n'était pas ce qu'elle aurait fait, c'était ce qu'elle devait faire. Arrêter le jeu, grandir, le rattraper. Mais au lieu de marcher à ses côtés, elle ne voulait plus le retenir. Ils pouvaient marcher à la même allure, mais prendre de nouvelles directions. Elle espérait seulement qu'elles ne seraient pas trop opposées. Elle l'espérait qu'il l'appellerait encore quand il aurait besoin d'elle. Elle quitte l'appartement et sent un poids s'ajouter à son coeur. Elle avait fait le meilleur choix, pourtant elle n'en était pas satisfaite. Elle apprendrait. Il suffisait qu'elle avance. Pourtant, c'était difficile. Et Jake ne lui facilitait pas la tâche. Déjà, il sort à son tour, ses pas raisonnant aux oreilles de la blonde. « Attends-moi ! » Il la rattrape et elle se rend compte qu'elle n'était pas rendue bien loin. Et il ne l'aidait pas. Elle se retourne sous ses paroles et le voit au milieu du couloir, toujours aussi peu vêtu. Ils avaient l'air idiots ainsi. Deux parfaits idiots à toujours tenter de se rattraper, de ne pas prendre du retard. Mais, après avoir couru, ils ralentissaient toujours. Ils n'allaient jamais jusqu'au bout. Cette soirée ne faisait pas exception. « Chase, je… » Elle l'observe alors qu'il cherche ses mots. Le silence qui suivit résumait parfaitement les vingts dernières années qu'ils avaient passé ensemble. Un enchainement de non-dits, une suite freins posés aux vrais mots qu'ils auraient aimé pouvoir se dire. Qu'elle aurait aimé pouvoir lui dire. « Flora et moi, on n’est pas ensemble. » Sans tiquer, elle ressent tout de même une chaleur envahir son corps alors qu'il fait son annonce. Elle n'aurait pas dû être soulagée. Elle aurait dû être indifférente, ne rien ressentir, hausser les épaules et rire pour que tout redevienne normal. Mais elle était soulagée. Et tous les sentiments contradictoires qu'elle ressentait prenaient trop de place. Le meilleur moyen de les taire, c’était encore de lui montrer celle qu’il voulait voir. Prendre un sourire, bien que ses yeux ne trompaient pas. « Dommage, elle était presque trop bien pour toi. » Elle réajustait son sac à son épaule, ses jambes lui commandant de faire demi tour et de s’en aller. La fuite était encore la meilleure solution, ça l’avait toujours été dans leur cas. Et cette fois, il la laissait partir. « Je t’appelle cette semaine pour qu’on se voit ? Il faudra que je te raconte mon voyage en Grèce et je suis sûr que tu as des choses à me dire aussi. » Elle acquiesce vaguement, bien qu’il avait tord sur toute la ligne. C’était ça le problème. Elle n’était rien à lui raconter, car elle ne parvenait pas à se libérer comme lui le faisait. Elle n’avait rien à raconter, parce que rien ne lui arrivait, et qu’elle voulait que les choses restent ainsi. Que plus rien ne lui arrive. Et le fossé entre eux se creuse un peu plus. Mais elle ne veut pas le lui dire. Elle veut l’entendre lui raconter son voyage, et elle veut lui raconter des histoires inventées de toute pièce. Elle ne voulait pas qu’il s’inquiète, qu’il voit ce qu’elle voyait. Ils avaient déjà pris des chemins différents. « D’accord. » Elle acquiesce à nouveau avant de finalement obéir à l’appel de ses jambes. Evitant de croiser le regard de Jake, elle se détourne pour emprunter les escaliers et s’évanouir dans les rues mouvementées de la capitale, prenant son propre chemin cette fois.
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Maybe it meant something. Maybe not, in the long run, but no explanation, no mix of words or music or memories can touch that sense of knowing that you were there and alive in that corner of time and the world. Whatever it meant. ✻✻✻ Le retour des vacances avait été plus difficile que prévu. Le goût de son travail commence à revenir peu à peu mais c’est comme s’il manquait quelque chose. Cette passion qui l’anime quand il travaille d’habitude sur un reportage. Il attend avec impatience LE reportage qui viendra changer ça, persuadé qu’il finira par arriver. Il refuse de se faire du souci ainsi. Ça reviendra, c’est obligatoire. Il a toujours adoré son travail, ça ne risque pas de changer maintenant. Et s’il part du principe que c’était à cause de ses vacances, il ne repartira plus jamais. Il avait été heureux pendant cette croisière. Il avait laissé tous ses problèmes loin derrière et il était parti à l’aventure. Il s’était confronté à l’inconnu et ça lui avait fait un bien fou. Il en avait bien besoin, même sans le réaliser.