Bonjour. Puis-je m'asseoir ? Merci. Je peux m'allumer une clope ? Non toujours pas ? Au moins j'aurais essayé. Dois-je vous raconter encore une fois mon histoire ? Oui ? Très bien.
J'ai toujours vécu à Londres, je suis né ici et je mourrais probablement ici. Je suis né un 29 Février, avoir un anniversaire tous les quatre ans à son avantage, d'autant plus que je n'aime pas fêter mon anniversaire donc je n'ai cette corvée que tous les quatre ans. Je ne m'attarderais pas plus longtemps. Ce jour n'a pas été catastrophique, ni merveilleux. Mes parents avaient mit du temps à m'avoir, à l'âge de trente-cinq ans ma mère est enfin tombée enceinte. Jusque là j'étais pour eux un véritable miracle. L'accouchement s'est passé sans encombre, et mon père semblait heureux d'avoir un enfant qui plus est un fils. En
effet, mon père, cet homme d'une quarantaine d'années, était patron d'un garage automobile et avait déjà eu deux filles d'un précédent mariage, mes demi-soeurs donc. Ma mère elle, travaillait dans une agence immobilière, e semblait aimait son travail. Tous les deux s'étaient rencontrés le jour où ma mère était tombée en panne et avait emmené sa voiture au garage de Monsieur Hanson, mon père.
Bref, je suis né dans une famille on ne peut plus banale. Nous vivions dans une petite maison de campagne, et partions régulièrement en vacance en France, le pays natal de ma mère. Mes demi-soeurs venaient chez nous une semaine sur deux et mon enfance s'est relativement bien passé. Non monsieur, ne cherchait pas quelque chose qui cloche dans mon enfance pour expliquer mes erreurs car il n'y en a pas, tous s'est bien compliqué par la suite.
Le collège a été pour moi une révélation. Pas forcément dans le bon sens. J'étais un peu bagarreur, mais ça ce n'était pas nouveau et je ne me suis pas forcément entouré des bonnes personnes. Je traînais avec les petits caïds qui s'amusait à raquetter les autres à la sortie. Pour ma part, je n'ai jamais participer à ce genre de chose, en revanche je passais mon temps à sécher les cours et à fumer de l'herbe. Imaginez la tête de mes parents lorsqu'ils ont apprit la nouvelle ! Il est vrai qu'aujourd'hui j'en rigole parce que finalement c'était le bon temps. Je me suis rattrapé aprés ça, mes parents, en particulier mon père car il ne rigolait pas, m'ont remis sur le droit chemin. Je pensais que ce n'était que des erreurs de jeunesses et que ça n'aurait pas de conséquences sur ma vie futur, hélas ce n'était en fait qu'un prémices de ma futur vie. A la fin de mes années collèges, après avoir eu le brevet, je me suis donc orienté dans la pâtisserie et la boulangerie. Je n'avais pas vraiment envie de suivre des études générales et, malgré la désapprobation de mes parents je m'orientais dans cette voie là. Pas pour longtemps malheureusement. A la fin de la première année je me fis renvoyé car j'avais été violent avec l'un de mes camarades. J'avais gardé mon sang chaud et je n'appréciais pas forcément me faire chahuter par mes camarades, j'avais donc répliqué par les poings, ce qui m'avait valu d'être mit à la porte. Cette nouvelle enchanta mes parents qui n'acceptaient pas de me voir là dedans et je fus donc orienté vers une seconde générale, à moi les années lycées et les galères qui allaient avec.
Lors de ma dernière année de lycée j'ai alors rencontré l'amour de ma vie, la fille qui allait devenir ma femme trois ans plus tard. Elle était belle, elle était blonde et elle m'avait subjugué par son amour. Non, ne me coupez pas et ne me demandez pas pourquoi je l'ai détruit par la suite, je vais y venir. Nous avons passé notre BAC ensemble et après ça elle est parti à la Fac, de mon côté je m'étais mis en tête de travailler afin que nous puissions nous installer ensemble. Je partis donc travailler au garage avec mon père, pour le plus grand bonheur de celui-ci et, très vite, je pris un appartement. La vie à deux commençait pour nous. Trois ans plus tard, nous nous sommes mariés, un magnifique mariage je m'en rappel encore. Elle avait une longue robe blanche, les tables étaient immenses et la pièce montée était la plus jolie que j'ai jamais vu. Nous étions bien partis pour être heureux et je lisais dans ses yeux que son bonheur était complet. Pourtant, un drame pointait inévitablement le bout de son nez. Ma mère quitta mon père, du jour au lendemain, je pense qu'elle a du partir avec un autre homme, mais concrètement depuis ce jour-là je n'ai plus eu une seule nouvelle de cette femme, et mon père tomba dans une profonde dépression. Dépression qui le mena au suicide, je vous laisse imaginer ce que j'ai pu ressentir lorsqu'un matin, faisant l'ouverture du garage, j'ai découvert mon père qui s'était pendu. A partir de ce moment là tout a basculé, j'avais vingt-quatre ans.
J'ai dut reprendre le garage, ce n'était pas la vie dont j'avais voulu. Ma femme travaillait aussi de son côté et on se voyait de moins en moins. Elle m'épaulait comme elle pouvait pour m'aider à surmonter la mort de mon père mais je n'arrivait pas à l'encaisser et j'en voulais terriblement à cette femme qui avait été autrefois ma mère. Je lui en veux toujours aujourd'hui. Néanmoins la personne à qui j'en veux le plus c'est moi, car j'ai sombré. Je me suis mis à boire, d'abord un petit peu. Lorsque j'étais seul à la maison et qu'elle travaillait je buvais un petit verre. Puis deux. Puis trois. Jamais plus. Puis, au fur-et-à mesure des mois ce n'était plus des verres mais des bouteilles. Sans me rendre compte de ce qu'il se passait car quand je la voyais en pleurs, m'hurlait dessus je pensais qu'elle était devenue hystérique et je ne faisais rien de mal. Le premier réflexe dans ce genre de situation c'est nié et, évidemment, j'ai nié en bloc. Elle devenait distante, pas moralement, ni dans ses mots mais physiquement parlant il ne se passait plus grand chose. Je le comprenais évidemment. En plus de devoir gérer le travail, elle devait me gérer moi à la maison et sa fatigue était bien présente. De mon côté je pensais gérer ce fait, mais, j'ai découché. D'abord une fois. Elle n'était pas à la maison car elle travaillait et j'étais allé dans un bar, n'ayant pas d'alcool à la maison. Seulement voilà, je n'avais pas prévus qu'une belle inconnue viendrait m'aborder et surtout que je succomberais car évidemment nous avons passé la nuit ensemble. Quand je suis rentré, elle n'a rien dit. Je ne sais pas si elle savait ou si elle faisait semblant de ne pas voir mais elle ne m'a rien dit et à continuer à prendre soin de moi et être cette épouse aimante qui voulait m'aider à m'en sortir. J'ai vite été prit de remords et je me suis juré de ne jamais recommencer. Malheureusement ça n'a pas été tout à fait vrai J'ai recommencé. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et après je ne les ai plus compté. Je l'aimais vous savez, je l'aimais comme je n'ai jamais aimé mais je me sentais emprisonné dans un cocon vide. Je n'avais jamais profité avant elle et je pense que j'étais en pleine crise existentielle. Pourtant, un soir, elle en a eu assez. Les assiettes ont volé et je n'avais jamais vu autant de rage dans ses yeux, elle savait tout. Elle avait fermé les yeux parce qu'elle voulait m'aidé, alors elle me pardonnait, mais elle ne pouvait plus, s'était trop pour elle. Alors elle a claqué la porte en me disant qu'elle m'enverrait les papiers du divorce. Ca a été le choc. Le truc qui fait que vous avez l'impression que votre cœur ne bat plus.
Alors j'ai bu. J'ai bu jusqu'à l'ivresse et j'ai pris le volant. Il fallait à tout prix que je la retrouve. J'ai compris vous savez docteur, il ne faut pas conduire alcoolisé au volant. Je l'ai compris maintenant, mais à l'époque j'étais un imbecile. Alors je suis rentré dans une autre voiture et l'homme est tombé dans un profond coma. Je ne me suis pas enfui j'avais appelé les urgences et la police elle m'a bien vite embarqué. J'étai au-dessus de la limite d'alcool autorisé et j'avais causé un accident très grave. J'ai eu le temps de réfléchir en prison vous savez. Vous pensez vraiment que c'est le moment pour moi de sortir ? Je veux dire, vous n'avez pas peur que je sois encore dangereux pour les autres ? Non ? Et bien merci Doc, je me rappellerais toujours de vous. Nous sommes le 3 décembre 2015, j'ai trente-ans et aujourd'hui je suis enfin libre. Enfin provisoirement. Je vais pouvoir me remettre à ma première passion: la boulangerie. C'est promis, je serais un homme nouveau.