Raeesa ✗ What I need is a Good Defense, 'Cause I feel Like a Criminal

On dit que la prison change une âme. Un caractère. Un être tout entier, dans ses moindres détails. On dit que le temps, il ne faut pas le gâcher, l'utiliser pour être heureux, pour croire en ses projets, mener sa vie à bien dans des lignes qu'on s'est tracées. On voit que le temps, n'est finalement rien, tandis que lorsqu'il passe, il devient un tout, un tout déchirant, alarmant, effrayant sous l'ombre des pas. Raeesa était une femme de poigne. Une femme ambitieuse, radieuse et réfléchie, têtue mais surtout déterminée, à la fois autoritaire et bonne avec son entourage, tandis qu'elle avait pour habitude de suivre l'évolution de son Entreprise Familiale d'un œil calme, tout en orchestrant autour d'elle son petit monde de femme aux apparences parfaites. On disait, ici et là, que malgré sa fortune, malgré sa conduite rigoureuse et intransigeante, c'était une femme bien. Une femme comme il faut, qui n'avait rien à se reprocher, et avait tout à donner aux autres, tandis que, prenant à cœur son rôle de mère, elle avait toujours tenté de se montrer présente pour sa fille unique, en dépit des épreuves que la vie choisit de lui imposer à son sujet comme à tout autre. Certains vous auraient assuré, avec le sourire, tous les bienfaits que Madame, sans jamais se décourager, tentait de prodiguer autour d'elle, vouant avec cœur de son temps pour aider les moins favorisés, en parallèle à la rédaction d'un ouvrage sur les belles silhouettes de la vie locale. Mais depuis longtemps, ces sourires sur les visages se sont perdus. Pour ceux qui la regardent, elle n'est plus que la taularde. La criminelle, mère indigne abandonnant son enfant, mauvaise femme bien trompée par son compagnon. A présent, tout cela ne semble plus avoir que l'affreux goût de l'amertume, alors que derrière les barreaux, pour un crime qu'elle n'avait pas commis, notre "Ex-Van Alen" eut huit années dans la poussière et l'humidité pour ressasser les coups de la vie. Elle fut trop naïve, sans doutes. Aveuglée par l'amour, idiote qu'elle était. Tous les matins autrefois, elle prenait un café, lisait le journal avant de se préparer pour de longues et rudes journées. A présent, le café n'a que le goût d'une eau amère, d'une eau passée, tandis que le journal regorge seulement des articles farineux de jeunes ambitieux sans ordre et sans justice. Ses journées, ne sont plus que ruines, ruines d'une existence passée qu'elle regrette plus que tout, alors qu'elle est devenue, cet espèce de fantôme paranoïaque dont la confiance s'est ébranlée, asphyxiée sous un rideau d'une haine vindicative et viscérale. La prison n'a rien changé de ses amours ou de ses passions, seulement revêtu ce vicieux manteau de cendres, transformant son quotidien coloré en mille nuances d'un gris douloureux et opaque. On dit que la prison change une âme, mais loin de l'avoir seulement transformée, elle l'a tout simplement dévastée, la laissant rejoindre la belle ville de Londres - en cette année 2015 - à la recherche de son enfant, mais aussi de son bourreau sans la moindres pitié~