All the broken hearts in the world still beat. All the beautiful mosaics are made of broken pieces. ✻ Depuis le départ de mon père pour Copenhague il y a six ans, j’avais déplacé toutes les affaires qu’il n’avait pas emportées dans son bureau, fermé à double tour. Je n’y mettais jamais les pieds.. Et Julian non plus, mise à part lorsqu’il voulait prendre ou remettre un livre dans la bibliothèque. Et me voilà aujourd’hui, assise au milieu de cartons fraichement livrés du Danemark, rassemblant toutes les affaires de mon cher papa. Je ne les avais pas ouvert, ne trouvant pas le courage de mettre le nez dans sa vie passé. Depuis le décès de mon père j’étais ce qu’on pourra appeler une épave. Et encore le mot était bien trop faible pour décrire mon état d’esprit, je trainai en pyjama, mes cheveux blonds emmêlés, comme une âme en peine, les yeux rouges et gonflés par les pleurs. Je n’avais autant pleuré de ma vie, je me sentais comme une enfant de quatre ans oubliée à la caisse d’un supermarché. Sauf que cette fois-ci personne ne serait là pour venir me chercher et me prendre dans ses bras. J’était bel et bien seule maintenant… Mes amis proches continuaient de m’appeler à répétition ou faire irruption à toute heure du jour et de la nuit pour jeter un œil sur moi, ils étaient ma famille maintenant. J’avais demandé à Julian de rester chez Ginny pour un moment, je voulais simplement être seule pour quelques temps dans mon appartement, enfin celui de mon père. J’habitais dans ses murs depuis longtemps mais je ne me sentai plus à ma place. Les murs étaient hantés par mes souvenirs d’enfance et mon cœur lourd de chagrin.
Je n’avais que très peu parlé depuis l’enterrement, ressassant encore et encore mes derniers moments avec l’homme qui m’avait élevé. L’ombre de moi-même.. Ethaniel Hawkins c’était mon super héro, le seul et unique homme de ma vie. Et il m’avait laissé. Non sans se battre, son cancer l’avait grandement affaiblie depuis six mois et les médecins avaient été plus que clair, c’était ses dernières moments. Nous étions donc rentrés à Londres, vivant dans notre maison de campagne à Watford. Kirsten la femme de mon père nous avez rejoints après l’été, laissez leur cabinet d’architecte en stand by au Danemark. J’avais donc passée le plus clair de mon temps à ses côtés tentant de jongler avec mon travail, ma vie sentimentale chaotique et les soins de mon père. J’avais réussi à tout gérer, enfin presque. La seule que je n’avais pas pu gérer était le départ de mon père, même je savais que ça allait arriver personne n’est jamais préparée à un choc pareil.
Je pris une lourde respiration et essuya mon œil avec la manche de gros pull. C’était celui de mon père, celui de son université qu’il portait presque tous les dimanches dans mon enfance. Il sentait encore son odeur de menthe mélangé à celle de son eau de Cologne fruitée. Mes jambes étaient engourdis, je ne me rappelais plus depuis combien de temps j’étais resté allongé sur le tapis de son bureau, ses cartons fermés autour de moi. Mon esprit vagabondait entre mes souvenirs et mes idées noires. Dans un élan de motivation je décidai de me lever, et de prendre une douche pensant naïvement qu’aujourd’hui serait moins douloureux qu’hier. La douche ne m’avait pas fait de bien, au contraire elle n’avait été que prétexte pour laisser mes larmes coulaient en paix, comme un prolongement de moi-même depuis une semaine. J’avais du resté un moment dans ma salle de bain puisque que n’avait pas entendu la sonnerie de la porte d’entrée, maintenant ça tambourinait presque à la porte.
Je soupira de fatigue et alla ouvrir d’un pas lourd cherchant à reprendre un visage de jeune femme correcte.
« Robin.. Je t’ai dit que j’allais bien, tu n’étais pas obligée de venir vérifier… » dis-je d’un ton las en ouvrant la porte. Et non, ce n’était pas Robin.. Ni même Julian, ni même Maya qui prenait leur tour de ronde pour vérifiait que je ne n’étais pas au bord du gouffre. C’était une grande femme blonde, dont les traits semblaient familiers. J’arqua un sourcil la voyant sur le pas de ma porte.
« Heum.. bonjour. Vous êtes...? » Le regard et le ton froid, je n'étais pas réellement d'humeur à être déranger. Je voulais simplement m'endeuiller en paix.