buildings of stone fall to the ground without a sound (asher)

When it comes to myself,
I don’t believe in safety nets.
If I crash and burn,
may I struggle and rise again from the ash.

Avec toute l’énergie qu’il peut trouver, il frappe dans le ballon, aussi fort que possible. Et lorsque le ballon s’envole entre les deux murs qui symbolisent le but, il laisse exploser sa joie. Ce qui ne l’arrête pas pour autant. Aussitôt, il court après la balle à nouveau, pour devancer son copain. Il joue, il crie et se bat même parfois pour récupérer le ballon. Si bien qu’il n’entend pas qu’on l’appelle un peu plus loin. Il est en train de gagner, il est toujours le plus fort. Peut-être parce que son copain est un peu plus jeune mais ça ne change rien. Ils jouent ensemble depuis plusieurs mois déjà. Ce n’est que quand son ami arrête pour aller aux toilettes qu’il regarde autour de lui. A l’autre bout du terrain, une nonne lui fait signe, entourée de deux autres adultes. Il ramasse son ballon et court vers eux. « C’est qui ? » Demande-t-il en levant la tête d’abord vers l’homme puis vers la femme. Ils lui sourient. Ils ont l’air gentil. La nonne s’agenouille pour être à son niveau et lui sourit aussi. « Si tout se passe bien, ils seront bientôt ton nouveau papa et ta nouvelle maman, Blake. » L’enfant sourit à son tour, pas certain de tout comprendre. Il lève les yeux vers la femme. Son sourire est rassurant. Comme si elle l’enveloppait dans ses bras. Son air curieux se transforme alors en sourire éclatant. Sourire que la femme lui retourne. « Tu veux jouer au ballon avec moi ? »

Accroché au bord du lit, Asher se hisse sur la pointe des pieds pour regarder à l’intérieur. Au milieu des draps, un bébé aux cheveux hirsutes. La petite le regarde, comme si elle le dévisageait aussi. Souhaitant la toucher, Asher se soulève un peu, jusqu’à manquer de tomber à l’intérieur du lit. Heureusement rattrapé par son père, il trouve quand même le moyen de se plaindre. « Tu veux la prendre dans les bras ? Regarde, assieds-toi avant. » Il obéit, impatient de faire connaissance avec sa petite sœur. Son père prend le bébé dans les bras et le dépose doucement dans ceux d’Asher. Celui-ci la serre fort, pour ne pas qu’elle tombe puis il la regarde. Elle sourit et gazouille. « Salut petite sœur. » Il la regarde encore, comme s’il attendait quelque chose. Finalement, il relève la tête vers son père, confus. « Pourquoi elle ne parle pas ? » Elle pourrait répondre quand même, c’est son nouveau frère qui lui parle. Son père sourit, amusé, avant de s’assoir à côté de ses enfants. « Elle est encore trop petite, elle apprendra plus tard. » Asher hoche la tête, convaincu de l’explication donnée. Vivement qu’elle puisse parler, ils ont beaucoup à se raconter. « Je t’aiderais à apprendre à parler, d’accord petite sœur ? » Fait-il, déterminé. C’est le rôle d’un grand frère non ? Du moins, c’est comme ça que sa mère le lui avait présenté. « Comment elle s’appelle ? » Autre question, il veut tout savoir d’elle. Heureusement que sa mère lui avait déjà expliqué pourquoi elle avait la peau noire, contrairement à lui. « On ne sait pas encore, tu nous aideras à choisir ? » Et, excité à l’idée d’avoir son mot à dire, Asher commence déjà à réfléchir à des prénoms.

A cette heure-là, il devrait être en cours. Il devrait être en train d’étudier, comme les autres élèves de sa promo. Il ne devrait pas être en train de frapper dans une balle avec une raquette. Il le sait mais il ne regrette absolument pas. Ses résultats du premier semestre n’étaient déjà pas suffisants, il n’a presque aucune chance d’obtenir sa première année. Il ne s’en donne pas la chance, en plus de ça. Il continue de s’entraîner ainsi pendant près d’une heure, avant de s’arrêter. C’est lorsqu’il range ses affaires qu’il remarque la petite brune au bord du terrain, qui le regarde avec un sourire. A son tour, il lui sourit avant de sortir du court. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Demande-t-il en se penchant pour l’embrasser. Les débordements d’affection en public, ça n’est pas vraiment leur genre. Il peut tout de même lui dire bonjour. « Rien. J’avais rien d’autre à faire alors tant qu’à m’ennuyer… » Et elle joue de son sourire pour le narguer. Irrésistible. « Gabriel était occupé, c’est ça ? » Il ne devrait pas en parler, il le sait. Mais c’est plus fort que lui. Il ne supporte pas de savoir qu’elle passe autant de temps avec un autre homme. Même s’ils ne sont pas vraiment ensemble. Enfin peut-être qu’ils le sont finalement. Aussitôt, le regard de Maggie s’assombrit. Quelle idée de parler de ça alors que tout allait bien. Qu’il n’avait aucune raison d’aborder le sujet. Peut-être est-ce juste parce que c’est un con. Ou peut-être qu’il est jaloux. Peut-être. « Tu m’énerves Asher. » Pour une fois, elle reste relativement calme. Peut-être qu’elle en a finalement marre de nier cette histoire. Que c’est vrai. Et Asher aurait préféré que ça ne soit pas le cas. Mine de rien, il s’est attaché à cette petite brune énervante. Même si elle reste énervante. Ça, il n’a jamais dit le contraire. « Faut que j’aille prendre ma douche, tu viens avec moi ? » Il change de sujet, aussi facilement qu’il tape dans une balle. Comme si de rien n’était. Comme si tout allait bien. « J’ai aucune envie de prendre une douche avec toi Asher, va te toucher tout seul ! » Et elle tourne les talons, bien décidée à partir aussi vite que possible. Asher lève les yeux au ciel, agacé. Si on ne peut même plus plaisanter. Enfin ça n’était pas vraiment une plaisanterie mais peu importe. Elle est compliquée à vivre, c’est tout. Alors il ne lui donne pas la satisfaction de lui courir après. Non, il prend la direction opposée pour rejoindre les vestiaires. C’est elle qui y perd au change.

La balle atterrit hors des lignes, mettant fin à l’échange et au match et les spectateurs applaudissent. Asher laisse tomber sa raquette et soupire. Forcé de reconnaître sa défaite, il s’avance pour serrer la main de son adversaire. Il n’a jamais aimé perdre, ça ne changera sûrement jamais. Il s’est tout de même amélioré avec le temps. Mais il ne considère pas ça comme un défaut. Non, c’est ce qui le motive à être toujours meilleur. A repousser ses limites pour faire de son mieux et ne plus perdre. Il rassemble ses affaires éparpillées sur le banc et range tout en bazar dans son sac. Il se dirige vers la sortie du court lorsqu’il entend son nom crié par une voix féminine. D’instinct, il se tourne et s’avance vers la jeune femme qui lui demande un autographe sur une balle de tennis. Un instant, il hésite à lui donner son numéro de téléphone tant elle est séduisante puis chasse cette idée. Il a déjà dû changer plusieurs fois de numéro à cause de femmes comme elle, qui devenaient trop envahissantes. Non, mieux vaut garder son numéro de téléphone pour lui. Il continue d’avancer et se retrouve arrêté par une journaliste. Séduisante, elle aussi. Il faut l’être, pour passer à la télé. « Vous étiez donné favori du match, que s’est-il passé ? » Elle a raison, ce matin il n’aurait jamais imaginé qu’il puisse perdre ce match. Pourtant, ce sont des choses qui arrivent. « Il a été plus fort que moi aujourd’hui, c’est tout. Je vais faire le point avec mon entraîneur tout à l’heure. » Il a besoin de plus s’entraîner sur certains points, comme à chaque fois. Il doit sans cesse s’améliorer s’il veut continuer de monter dans le classement. « Ne vous inquiétez pas pour moi, je gagnerais la prochaine fois. » Un clin d’œil et il s’en va, son sac sur l’épaule.

Doucement, ses yeux s’ouvrent. La première chose qui le frappe, c’est l’odeur de pancakes qui lui arrive jusqu’aux narines. La seconde, c’est qu’il n’est pas dans ses propres draps, beaucoup plus doux que ceux-là. Il regarde autour de lui et découvre les lieux, qui lui semblent familiers. Logique, il y était avant de s’endormir, même s’il n’avait pas vraiment fait attention au mobilier. Non, ce à quoi il faisait attention, c’est aux longues jambes qu’il aperçoit dans la cuisine du petit studio. Son regard remonte le long de ce corps élancé. Elle porte sa chemise. Et merde, il aurait dû partir. Il avait voulu le faire. Aussitôt qu’elle s’était endormie, il s’était dit qu’il devait partir immédiatement. Mais, après le match épuisant de l’après-midi et la soirée agitée, il était si fatigué qu’il avait décidé de dormir un peu. De se remettre en forme avant de partir avant qu’elle ne se réveille. Sauf qu’il avait raté son coup. « Oh tu es réveillé. Je faisais le petit déjeuner. » Bientôt, elle va l’appeler chéri et l’inviter à emménager dans son studio ridiculement petit. Conneries. Elle lui fait signe depuis la cuisine alors qu’il essaye de repérer ses affaires dans le capharnaüm qu’est l’appartement. Il se lève finalement et attrape son boxer et son pantalon, qu’il enfile aussitôt. « Pas besoin de t’habiller tu sais. » Oh si, il en a besoin. Bon, il ne serait pas contre un deuxième round mais elle risque de s’attacher. Et il n’en a aucune envie. Elle s’approche et vient l’embrasser. Elle sait très bien comment faire si elle veut le faire rester. « Désolé, faut que j’y aille, j’ai entraînement. » Mensonge mais peu importe. Il faut bien qu’il se sorte d’ici. « Tu me rends ma chemise ? » Demande-t-il en s’asseyant sur le lit pour mettre ses chaussures. Elle fait la moue une seconde, se rendant compte qu’elle ne parvient pas à ses fins. Alors elle retire la chemise, bouton par bouton, consciente qu’elle attire le regard d’Asher. Finalement, elle dépose la chemise dans ses mains, désormais entièrement nue. Asher laisse son regard errer quelques secondes le long de ses courbes avant de se reprendre et d’enfiler sa chemise en se relevant. Trop désespérée à son goût, bien qu’elle ait d’autres avantages. « Allez, je t’appelle Chérie. » Ironie quand tu nous tiens. Il attrape sa veste et se dirige vers la porte. « Mais tu n’as… » Pas le temps de terminer sa phrase qu’il claque déjà la porte derrière lui. Ouf, et d’un problème de résolu. Il ne lui reste plus qu’à rentrer chez lui pour finir correctement sa nuit.