"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici new dawn fades (theodore) 2979874845 new dawn fades (theodore) 1973890357
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new dawn fades (theodore)

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Sam 3 Oct 2015 - 15:20 par Invité

(01.10.2015)
J’écartai les bras et tournoyai. J’eus la nausée. Ma nuque craqua lorsque je balançai ma tête en arrière, faisant rouler mes épaules sous les manches de ma robe. Noire, moulant la courbe de mes flancs et de ma poitrine inexistante puis retombant comme les pétales las d’une rose fanée sur mes hanches et mes cuisses. Mes collants étaient déchirés à plusieurs endroits et les trous s’élargissaient lorsque mes mouvements étaient trop amples. C’était la robe de l’enterrement d’Ian, mais je n’étais pas belle dedans, pas aujourd’hui. Mon visage se refléta un instant dans la vitre qui recouvrait un tableau, sur le mur du salon. Ou plutôt ma silhouette, une forme noire et décadente, incapable de s’élever, de se redresser, mais incapable de tomber également. Mes longs cheveux sombres et ternes semblaient fatigués. Ils n’ornaient plus mes épaules avec cette grâce innée que je possédais d’habitude. Non, là, ils n’étaient qu’une couronne sur le cadavre d’une reine et ils avaient perdu toute lumière. Je vieillis. Sur la table basse du séjour, il y avait de l’héroïne. Silas n’était pas là, il travaillait de nuit parfois et la soirée, bien qu’avancée, ne frôlait pas encore les coups secs de l’horloge annonçant le jour suivant. C’est encore mon anniversaire pour … une heure et treize minutes. C’était idiot. Nous ne naissions pas en sortant du ventre de notre mère. Nous naissions en idée, comme si celle-ci était un cocon qui s’ouvrait un beau jour. Le papillon était chenille avant de savoir voler. C’était la même chose. Mais moi, qu’en était-il de l’idée ? On m’avait fait croire toute ma vie que je n’avais jamais été une idée. Que je n’avais jamais été désirée et que mes parents avaient fini par me garder en pesant le pour et le contre. A quel moment naissait la chenille ? Peut-être que j’étais simplement un papillon, celui qui provoquait les ouragans autour de lui sans même s’en rendre compte. J’étais un oiseau du désastre, le semant à chaque battement d’ailes sous mes plumes cendrées. Je voulais qu’on me rattrape avant que je ne tombe, mais c’était impossible. J’étais comme penchée au-dessus du vide, attendant que le fil doré qui me rattachait à la terre ferme craque enfin, je le sentais tendu, faible, enroulé autour de mon cou et le faisant saigner à force de s’enfoncer dans ma peau pour me retenir. Je m’immobilisai. Cela ne servait à rien de danser, la musique ne venait qu’avec l’extase. Je me tournai vers le sachet de poudre brune et restai de marbre, résistant à l’envie de me jeter dessus. Elle était terriblement forte, grandissant seconde après seconde dans mon estomac, sous ma peau blafarde, entre mes mouvements courbés et irréguliers. Dans ma tête, ma première pensée fut de m’installer sur le canapé et m’injecter le fix après l’avoir consciencieusement préparé. Mais mon réflexe fut bien différent. Je me reculai brusquement comme si une bête sauvage venait de tourner ses yeux cadavériques vers moi. J’atteignis le mur opposé sans cesser de fixer l’héroïne, minuscule relief sur le meuble plat et propre. Mes mains tâtonnèrent pour trouver la poignée de la porte me jouxtant. Je la baissai mais le verrou était mis. Mon regard glissa jusqu’à l’obstacle. Il s’agissait du bureau secret de Theodore et j’en connaissais le code d’accès. J’en étais le code d’accès. Je tapai la date de mon anniversaire en tentant vainement de ne pas être agacée par l’ironie de la situation et pénétrai à l’intérieur de la salle, refermant la porte derrière moi et laissant mon dos glisser contre le mur jusqu’à ce que je me retrouve assise sur le sol.

J’attendis plusieurs secondes, les genoux ramenés contre ma poitrine et scellés par mes bras tremblants, avant de me décider à me relever. Je passai mes doigts arachnéens dans mes cheveux secs et inspirai en posant mes prunelles sur le bureau dans la pénombre. J’allumai la lumière et soupirai, regagnant ma confiance habituelle, sans pourtant perdre le souvenir de l’héroïne sur la table. Mais je me sentais paradoxalement en sécurité entre les murs austères sur lesquels coulaient la sueur et les efforts sanglants de mon frère. Je me levai et m’approchai lentement, plongée dans le silence figé de ce lieu mystérieux. J’y avais passé du temps, pourtant. Parfois Theodore entrait et il savait que j’y étais alors il m’y laissait, m’offrant ainsi une confiance étrange, une confiance que j’appréciais sans lui dire. Parfois c’était le contraire, c’était moi qui devinait sa présence derrière la porte et je ne venais pas perturber ses travaux, longeant les murs jusqu’à ma chambre pour m’y perdre à nouveau. Et parfois nous nous rencontrions en ce lieu et nous avancions aux côtés de l’autre dans une dynamique nouvelle, inconnue. Nous suivions deux lignes parallèles et serrées sans même songer à manifester une quelconque amitié, une quelconque fraternité. Nous parlions en gestes fins et rapides, en battements de cils, d’une voix sobre et professionnelle, mais je savais, ou peut-être désirais-je le croire, qu’il existait quelque chose d’autre sous son visage froid. Qu’il ressentait autre chose depuis que j’avais réussi à pénétrer ici. Et les artères autour de mon cœur, mes intestins, mes doigts osseux et chacun de mes muscles se nouèrent lorsque je vis ce qui se trouvait sur le bureau. Un éclat argenté, luisant sous la lumière de l’ampoule tamisée par l’abat-jour pourpre de la lampe. Un éclat argenté que j’avais vu mille fois briller, mille fois en trois années d’extase et de bonheur, comme une fée qui m’accompagnait partout. Un éclat que j’avais perdu et que je n’avais jamais espéré retrouver tant il creusait un trou dans ma mémoire et dans mon cœur. Le briquet d’Ian. Ce briquet en argent qu’il transportait partout, qui allait avec sa dégaine, son sourire et ses cigarettes. Ce briquet lourd et miroitant, orné de motifs celtiques dont il n’avait jamais voulu me confier le secret, le sens. Ce briquet qu’il avait brandi tant de fois sous mon regard amusé et amoureux, le faisant tourner entre ses doigts comme s’il s’était agi d’une extension de sa main, d’une partie de son corps. Ce briquet qui gisait à présent, là, sur cette table silencieuse. Il était au centre, posé sur les dossiers, perpendiculaire aux crayons que Theodore alignait à la perfection. Il avait été placé là dans le but que je le trouve ce soir, à cet instant précis. Mes ongles s’avancèrent et le caressèrent puis je le pris : il était toujours aussi lourd et authentique. Je l’enclenchai et une flamme apparut, comme libérée de pouvoir enfin jaillir après tant de mois enfermée dans cette cage d’argent. Ma paume couvrit mes lèvres et des larmes ornèrent mes cils alors que je respirai l’odeur si particulière du gaz, celle que j’avais si souvent respiré, lovée dans les bras de mon amant. Je séchai mes joues humides et me tournai, serrant la relique contre mon cœur. J’éteignis la lumière et sortis, enveloppée dans un nuage de bien-être étrange. Celui-là même qui me faisait oublier la drogue, parfois.

Je refermai la porte derrière moi et me figeai, comme frappée par la foudre. La silhouette massive de Theodore, encore habillé de son manteau noir et épais qui annonçait la pluie et le vent de l’automne comme s’il les provoquait lui-même, se découpait dans la pièce. Il ne me regardait pas : il observait l’héroïne sur la table, encore intacte, brune comme la terre sèche d’un désert, la cuillère et la seringue parallèles, mes gestes ayant adopté ses manies à lui. Je me mordis la lèvre : il ne m’avait pas fait peur, il m’avait surprise. Son visage apparut alors : il m’avait entendue et contemplait ma présence avec cette éternelle sévérité que je lui connaissais tant. Pas aujourd’hui Theodore. Tu ne peux pas jouer à l’aîné méprisant et au frère attentionné. Il avait choisi la seconde identité en me laissant trouver le briquet d’Ian, et je sentis les bras de ce dernier, comme des fantômes, prendre possession des miens. Je fus dotée un instant de pouvoirs surnaturels, ou plutôt des pouvoirs surnaturels furent dotés de moi, et je ne pus m’empêcher de m’approcher de lui sans qu’il ne devine mes intentions. Mes doigts étaient plantés dans les reliefs du briquet, à tel point que j’eus mal. Je retins ma respiration et, à la dernière seconde, je tendis les mains vers lui et l’enlaçai sans dire un seul mot, posant ma tête contre le tissu doux et sombre qui couvrait sa poitrine. Je me moquais qu’il me réponde, qu’il réagisse, qu’il me repousse ou me laisse faire. J’entendis les battements de son cœur comme un écho lointain et restai ainsi, me retenant de trembler, car il le saurait, il le remarquerait. Je tentais de mettre dans cette étreinte tous mes sentiments, à son égard mais aussi à l’égard du monde, à l’égard de mes pertes et de mes espoirs calcinés, à l’égard de la drogue et du manque qui grondait à présent dans ma poitrine. « Me laisse pas seule. Pas ce soir. » chuchotai-je dans un souffle orné de tristesse. Je clignai des yeux et une larme perla sur mes cils, glissant contre ma joue et disparaissant au contact de son manteau. Ne me laisse pas me droguer, comme à chaque fois. Ne pars pas et ne me laisse pas partir. Je plaçais un voile éphémère sur nos rancœurs car j’avais vieilli, mûri, grandi, j’ignorais quel terme choisir. Je savais qu’elles reviendraient dès que l’aube embraserait le ciel londonien. Mais j’eus l’impression que cette chaleur nouvelle retardait son arrivée. Repoussait ses menaces. La laissait éteinte pour quelques heures encore, la transformant en un orangé passé, estompé sur la toile d’un artiste brisé.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Ven 9 Oct 2015 - 2:52 par Theodore A. Rottenford

“We went down into the silent garden. Dawn is the time when nothing breathes, the hour of silence. Everything is transfixed, only the light moves.”      (2010 ) Un soir, dans un grand cercle de noirceur, nous nous tenions de manière particulière l'un en face de l'autre. Abigail à Dublin. Moi, à Londres. Lorsque nos silhouettes se croisaient, un vent impétueux s'élevait. Un nuage si affreux recouvrait le ciel que nos cœurs commençaient à désespérer. J'entendais très distinctement les sifflements de sa gorge. Ses larmes s'écrasaient sur ma conscience alors que je tentais de me détacher de ses malheurs puériles. Ce n'était pas mon rôle. Ce n'était pas notre histoire. Et pourtant, tous mes sens étaient en éveil. Mon esprit s’ébouillantait, assemblant, départageant et modulant les détails de notre conversation téléphonique. Qui était exactement Ian ? Que faisait-elle dans un appartement miteux des quartiers défavorisés de la capitale ? Je me redressai en crispant les doigts autour de mes genoux. Le taxi avançait à toute allure dans les rues agitées de Dublin. Mon regard se tourna vers la vitre. Les façades grisonnantes des bâtiments se succédaient derrière une épaisse couche de vapeur et de pollution. Je pinçai les lèvres avant de reconnaître la galerie municipale de Hugh Lane. « Arrêtez-vous, s'il vous plaît. » Le chauffeur s’exécuta et j'ouvris la portière afin de me tenir face au musé, le visage maculé de lumière et de gouttes de  pluie. Il y avait mon œuvre favorite derrières ces grands murs. Un paysage gallois sublimé par le talent d'un artiste irlandais. Je joignis les mains sous mon menton en visualisant la peinture du rivage d'Aberystwyth. Les vagues en mouvement étaient figées entre les tresses de la toile sombre. Les nuances brunes contrastaient avec la fraîcheur de la mer et les mailles des filets de pêche. Il y avait deux univers différents, deux étendues opposées. D'un côté les profondeurs libres et limpides de l'océan, et de l'autre les pointes tranchantes des rochers sur le rebord. Et je restais là, suspendu dans le vide, le cœur battant et l'esprit hésitant. Il était trop tard de toute façon. Les hommes de main avaient déjà nettoyé le secteur. La police avait reçu un rapport et l'enquête suivait son cours habituel. Ma présence n'était pas nécessaire. Abigail n'avait pas besoin de me voire ici et je ne voulais pas rencontrer l'éclat terne de son regard vitreux. A cette heure, elle devait être libre et pleine d'extase. Je penchai la tête, poussé par un élan de nostalgie. J'entendais encore les cliquetis du grand portail de la maison familiale lorsqu'elle dévalait l'allée en courant. Elle tenait une petite boite en acier contre sa poitrine. Sa recueil de secrets. Son jeu préféré. Mon visage s'abaissa avec gravité ; seuls les mugissements mélodieux du vent retenaient mes pensées. J'avais neuf ans lorsqu'elle avait fait sa première apparition dans ma vie. J'avais décidé de la rejeter à la seconde où elle avait croisé mon chemin. Abigail était bruyante et inutile. Elle ne pouvait pas jouer avec nous. Elle ne comprenait pas nos langages codés et nos sous entendus vicieux. Je suppose que j'étais destiné à la protéger sans le vouloir. J'étais l'ombre de sa lumière. Je vivais l'esquisse d'un rêve, la moitié d'une aventure. J'étais la pensée inachevée qui s'enroulait autour de ses poignets squelettiques afin de l'enchaîner dans la solitude. Moitié Homme, moitié animal. Lequel de ces versants lui correspondait le mieux ? On m’appelait l'aigle irlandais mais ce surnom ne m'appartenait pas. Je l'avais hérité après la mort de Jamie. En réalité, je n'étais qu'un fantôme, la fusion entre deux cauchemars. Je souris en retournant sur la banquette arrière du véhicule. « Continuez. » Ordonnai-je avec sévérité. Mes yeux se posèrent sur la vitre à nouveau. J'observais les ruissellements de la Liffey sur les bords de la tamise, incapable d'en apprécier la beauté. Je connaissais déjà cette vision. Je connais tous ses revers et ils étaient tous noirs. Après quelques minutes, nous arrivâmes à destination. Je serrai la mâchoire en croisant les bras sur ma poitrine. Mon oreille sourde bourdonnait douloureusement. Mon cœur se serra alors que j'apercevais le brancard transportant le cadavre du petit ami de ma sœur. Je détournai le regard avant de sortir ma plaque d'officier. « Ce n'est pas votre juridiction, monsieur. » J'adressai un regard sombre à mon interlocuteur avant de susurrer le nom de la mafia. Il se dégagea et je poursuivis mon chemin jusqu'à l'étage. Benjamin, mon ami d'enfance et contact à Dublin, était là. Il inspectait les lieux d'un œil aiguisé. Sa silhouette se tendit en m'apercevant. Il arqua un sourcil avant de me rejoindre au bout du couloir. « Qu'est-ce que tu fous, Theodore ? » Je restai silencieux en avançant vers la porte. Il secoua négativement la tête avant de m'empoigner par le bras. « La situation est sous contrôle. Tu peux partir. » Je me retournai vers lui en gonflant les biceps. Je n'appréciais pas son indiscrétion ni son expression autoritaire. Je le repoussai discrètement. « Je dois m'assurer moi-même qu'il ne reste aucune preuve ! » Il soupira avant de fermer les paupières pendant une fraction de secondes, m'adressant ainsi une dernière allégeance. Je frissonnai, horrifié par la complexité de mes émotions. Il était excédé par ma réaction et il avait bien raison de juger mon comportement. J'avais abandonné les percepts de la logique et du pragmatisme. A cet instant, je n'étais pas un double agent de la pègre irlandaise, je n'étais pas un être vicieux et calculateur. J'étais un grand frère. « C'est ma sœur, Ben. » Sifflai-je en me dérobant de sa prise. Je m'avançais vers la zone d'enquête en plissant les yeux. La chambre était froide et hostile. L'odeur de la mort flottait encore entre les parois fumantes de la pièce. Abigail avait passé la nuit ici, seule et abandonnée. Elle était restée suite à ma demande, parce que je voulais qu'elle souffre de manière inconditionnelle. Je voulais qu'elle ressente la pointe acérée du poignard qu'elle avait enfoncé dans ma gorge, le soir où elle avait couché avec mon meilleur ami. Mon esprit machiavélique s'agitait sauvagement au creux de ma poitrine, s'élevant vers les sphères profondes des mes mauvaises intentions. Mensonge, Rottenford. Elle devait rester pour avoir un alibi. C'était le seul moyen de la sauver. J'obliquai en marchant entre les couloirs. J'inspectai les objets ternes et tristes qui jonchaient sur le sol, puis mon regard fut attiré par un scintillement lointain. Un briquet en métal, portant sur l'une de ses surfaces, le symbole celtique du chevalier vert. J’esquissai un faible rictus en le faisant tourner entre mes doigts. Le dessin représentait le visage émacié d'un vieil homme dont la barbe était faite de feuilles irisées. Il adoptait les thèmes de la nature et de la résurrection éternelle. Il existait entre les flux et les reflux de la vie. Une ancienne légende qui se prêtait aux idées écologiques contemporaines. Dans la culture Arthurienne, il s'agissait d'un héros.Il avait un casque vert, une armure verte et même un cheval vert. Lorsqu'on le décapitait, il continuait à vivre.

(2015 ) Je m'arrêtai un instant devant l'allée. Mon visage se tourna vers le rétroviseur de la voiture. Mes yeux semblaient noirs dans la pénombre. Mes traits étaient plus saillants, encore plus sévères que d'habitude. J'allongeai le cou avant de tendre la main vers mon épaule engourdie. Je pressai les doigts contre mes muscles en soupirant. Encore une querelle avec les cousins de Siegel. Encore une journée dans l'arène peuplée de fauves. Je me demandais parfois, quelles étaient les raisons futiles qui me poussaient aux limites de mes retranchements. Mais il n'y avait pas réellement de réponse. J'existais en suspend entre deux univers différents. Je me plaisais à Belfast mais je me languissais de la quiétude de Londres, des sourires de Jazz et du silence des murs. Aujourd'hui, c'était l'anniversaire d'Abigail. Je connaissais son sentiment de nostalgie parce qu'elle accordait encore trop d'importances aux événements dérisoires de la vie. Il était trop tard pour célébrer le jour de sa naissance. Il était toujours trop tard pour nous. J'osais espérer qu'elle s'occupait à l'étage, plongée dans ses préparations malodorantes maintenant que je lui avais offert un nouveau jouet. Les flammes d'Ian étaient magiques. Elles pouvaient rallumer les brasiers de son enfance déchue. Elles pouvaient l'embrasser et lui insuffler la vie après la mort. C'était tout l'esprit du chevalier vert. Je serrai les poings autour du volant en écoutant les ondes musicales s'échapper de la radio. Je n'avais jamais désiré avoir une petite sœur. Je ne voulais pas d'elle ici ! Ma gorge se serra brusquement. J'avais ressenti exactement la même chose en rencontrant Jasmine pour la première fois ; une envie étrange et oppressante de la prendre dans mes bras, de la couver, de l'aimer mais aussi de la rejeter, de l'éloigner et de la protéger des forces maléfiques qui tournaient en orbite autour de mon univers. Je pinçai les lèvres. J'adressai un dernier regard à mon reflet dans le miroir avant de me diriger vers la porte de mon loft. Le vestibule était sombre et bien rangé. Je me tournai vers le couloir sans retrouver la poussette de Jasmine ou son landau. Je déposai mes clés sur un rebord avant de pénétrer dans le salon. La silhouette ombrageuse d'Abigail ondulait sous les lumières agonisantes du lustre. Je restai immobile devant la table basse. Son regard émue glissait sur mes joues comme une douce brise estivale, et je ressentis pour elle, malgré mes réticences et ma froideur légendaire, une affection particulière. Elle s'approcha de moi et posa sa tête sur mon torse.  « Me laisse pas seule. Pas ce soir.  » Je frémis avant de tenter un premier mouvement de recul, puis ses bras se posèrent sur mon dos comme des pinces tranchantes. Abigail ne m'enlaçait pas. Elle déversait son poison dans mes veines. Elle suffoquait sous ma prise avant de renaître sous un nouvel éclat. Lentement je déposai mon menton sur ses cheveux parfumés. « Je ne suis jamais parti. » Murmurai-je en agrippant ses petites épaules. Je n'avais jamais remarqué à quel point elle pouvait être fragile. Ses os crissaient sous mes paumes fermes et musclées. « J'ai toujours été là.   » Je me redressai sous sa prise avant de m'écarter sur le côté. Mes yeux se posèrent sur ses doigts crispés autour du briquet de son petit ami. Mon expression resta figée face à son expression d'immense tristesse. Je me mordis la lèvre inférieure avant de me diriger vers le rangement de livres, disposé au fond de la pièce. « Tu sais au moins ce que ça veux dire ? » M'enquis-je en prenant un volume des romances de Thomas Percy ; The Greene Knight.
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() message posté Mer 14 Oct 2015 - 20:08 par Invité
Je fermai mes bras maigres autour de son torse massif et serrai en silence ma joue contre lui. J’avais toujours imaginé ses étreintes comme le souffle glacial et mordant du blizzard mais je remarquai avec surprise – et une forme nouvelle de plénitude – que je m’étais trompée. Il connaissait le sens du mot fraternité comme personne avant lui, il ne voulait simplement pas l’appliquer et je le forçais ce soir. Nous étions des Rottenford. Du même sang, de la même lignée, et nous avions cru toute notre vie être opposés. Même durant les premières secondes après que j’ai entouré son corps de mes bras fragile, je l’avais senti se raidir, incapable de comprendre d’où ce sentiment soudain venait. Pourtant, ne l’avait-il pas lui-même engendré en déposant le briquet d’Ian sur son bureau au petit matin ? J’avais passé ma journée à l’université en priant pour oublier que ce jour était celui de ma naissance, une naissance involontaire, appartenant presque à une autre réalité, à un autre univers. Theodore avait alimenté ce sentiment dès ma plus tendre enfance et j’avais réussi à le croire, car pour moi c’était une échappatoire : ne pas faire partie de cette famille, ne pas en subir la malédiction. Nous nous étions mutuellement rejetés pendant vingt-quatre longues années, le long périple, comme l’exode vers un monde meilleur qui ne venait jamais. Un monde que je croyais apercevoir lorsque je fermais les yeux et que l’héroïne prenait possession de mon corps, mais ce n’était que d’horribles mirages aux allures de cauchemars et je me réveillais à chaque fois dans le désert éternel auquel ressemblait mon existence. Il déposa son menton sur mon crâne et je pus enfin comprendre toute la signification du mot famille. C’était probablement la première fois que l’un de mes frères ne me repoussait pas, Silas avec précaution et Theodore avec violence. Non, cette fois, il s’appliqua à être le grand frère qu’il prétendait être lorsqu’il disait avoir une petite sœur – lorsqu’il daignait le faire remarquer, bien évidemment. Je respirai le parfum vespéral de ses vêtements : ils sentaient l’eau de Cologne estompée par une éprouvante journée de travail, la propreté de son bureau au milieu des relents nauséabonds du commissariat brodé du fil noir de la corruption. Quel parfum s’offrait donc à lui alors qu’il plongeait ses narines dans mes cheveux ? Le tabac froid, le sang rouillé sur l’aiguille, l’humidité des ruelles de la ville, tout cela mêlé à l’odeur de l’eau de parfum que je vaporisais sur mon col chaque matin et celui de la sueur qui coulait entre mes doigts et qui s’accrochait à mes mèches lorsque je passais ma main dans mes cheveux. Je soupirai. C’était agréable d’être ainsi et je continuer de pleurer silencieusement en fermant les yeux et en écoutant les battements réguliers de son cœur. Il était calme. Terriblement serein.

« Je ne suis jamais parti. » répondit-il enfin après avoir accepté mon étreinte et mes mots. « J’ai toujours été là. » Je ne le crus pas mais cela ne m’énervait pas. J’étais trop fatiguée et trop émotive pour véritablement ressentir une quelconque forme de colère ou d’agacement. Je n’avais peur que d’une chose : que l’équilibre qui nous unissait ce soir soit brisé par une parole en trop, un geste en moins. Je ne pris pas la peine de lever les yeux vers lui pour souffler ma réponse : « Arrête de mentir. » Mes mots furent accompagnés d’un soupir qui retraçait l’étendu de ma lassitude. Il n’avait pas le droit de dire cela, d’une certaine manière. Il n’avait pas le droit de me dire cela juste parce qu’il m’avait protégée, parfois. Je pensais parfois mais lui devait se dire toutes ces fois. Je l’ignorais. Je n’avais été qu’un pion dans sa vie et je refusais qu’aujourd’hui il se permette de dire qu’il avait été autre chose qu’un décor morose dans la mienne, car c’est tout ce qu’il avait daigné me communiquer depuis que j’avais ouvert les yeux pour la première fois. Je gardai simplement cette rancœur pour moi et me contentai de ce soupir estompé, ces quelques mots dont il comprendrait l’ampleur, la signification. Le contact entre ma peau et les reliefs du briquet d’Ian était inconfortable mais je m’en moquais. Je profitai de l’instant comme jamais. J’oubliai tout. J’étais de nouveau à Dublin et je m’endormais aux côtés de l’homme que j’aimais sans savoir que j’allais découvrir son cadavre dans la nuit. Sans savoir que c’était la dernière fois que l’on me disait que l’on m’aimait.

Theodore s’écarta et je fis de même, passant ma main sur mes lèvres, mes joues et mon nez pour sécher mes larmes. Je reniflai et baissai les yeux. Je savais que ma réaction sortait de l’ordinaire et même si, pour une fois, le regard de Theodore n’était pas chargé de mépris, je ressentis soudainement une honte brusque. Cela ne se faisait pas entre nous. Cela ne s’était jamais fait et j’avais craqué, j’avais rompu l’accord. Je pinçai mes lèvres, gênée, mais relevai le menton lorsqu’il parla : « Tu sais au moins ce que ça veut dire ? » Il s’était approché de la bibliothèque d’une démarche vaporeuse et avait pioché un ouvrage dans l’une des rangées. Je le suivis en secouant la tête. « Non. » avouai-je sobrement. Non, je ne savais pas, et pourtant Ian m’avait raconté cette histoire. Il m’avait dit pourquoi cet objet lui tenait tant à cœur, pourquoi ces motifs celtiques lui plaisaient tant et pourquoi il n’allait jamais s’en séparer. « Je l’ai su. » Je m’humectai les lèvres, me retenant de prendre une cigarette du paquet qui siégeait dans ma poche. « J’imagine que j’essaye d’oublier. » Oublier tout ce qui faisait Ian. Oublier tout ce qui lui correspondait, tout ce qui appartenait au puzzle de sa personnalité, car à chaque fois que j’y pensais, je pensais à cette nuit froide et lugubre où j’avais dormi contre son corps mort sans me rendre compte que la lune lui avait volé la vie. Je clignai des yeux avant de m’installer dans un fauteuil autour de la table basse. L’héroïne que j’avais fuie trônait toujours au centre mais la crainte et la frénésie m’avaient quittée, remplacées par une nouvelle forme de quiétude, un calme sombre et chaud que Theodore avait amené avec lui, comme un manteau d’hiver. Je jouai de nouveau avec le briquet plus l’allumai pour en contempler la longue flamme encore puissante qui faisait luire les gravures dans le métal du manche. « Raconte-moi cette histoire, s’il te plait. » demandai-je à Theodore. Il y avait un fossé trop grand qui pouvait le mettre mal à l’aise, mais il cherchait peut-être à se rattraper. A montrer qu’il pouvait faire aujourd’hui ce qu’il avait refusé de faire vingt ans auparavant : lire des histoires à sa petite sœur. L’aider à s’endormir. Remplacer ses cauchemars par d’heureux souvenirs.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Sam 7 Nov 2015 - 15:27 par Theodore A. Rottenford

“We went down into the silent garden. Dawn is the time when nothing breathes, the hour of silence. Everything is transfixed, only the light moves.”     Abigail était si jolie. Son visage maquillé de blanc s'évanouissait entre deux soupirs alors que je refermais les bras autour de sa silhouette. Je sentais l'eau couler sur son front et les réfractions de la lumière craquer au coin de ses coudes aigus. Elle pensait probablement que la pointe affilée de son aiguille la rapprochait du bonheur, mais il n'y avait plus aucune issue pour nous. Mes remarques sur les circonstances de sa naissance ne concernaient que la surface des choses. Je crispai la mâchoire. Elle me faisait énormément de peine. Mes doigts glissaient sur les échancrures logées au creux de ses épaules. Pourquoi était-elle aussi fragile ? J'avais l'impression de tenir une poupée de cristal entre les doigts. Mes mouvements étaient modérés et étrangement appliqués. Son parfum me semblait si lointain, mélange abrupt de tabac et désillusions enfantines. Je l'avais abandonné mais je me souvenais toujours de ses doigts dégoulinants de peinture et de ses manies de chipie. Je refusais de la toucher parce qu'elle n'était pas assez sombre pour effleurer ma noirceur. Mais son regard était soudainement devenu opaque. Ce soir, Abigail s'était transformée en monstre de douleur. Les larmes coulaient comme des perles de rosée sur ses joues creuses et je souris, amusé par la beauté de ses traits crispés. La porte sombre de mon bureau nous contemplait, impassible, plongée dans l'obscurité profonde de la pièce. J'étais replié sur l'étreinte de ma petite sœur, abîmé par les rutilements de ses songes brisés. Je me tenais à la croisée des chemins, insoumis et immobile. J'étais un suicidaire qui ne pouvait jamais passer à l'acte, mais qui trouvait une certaine rédemption dans l'idée de la mort. J'étais prêt à anéantir, à avilir et à m'abandonner complètement pour revenir au commencement. Le briquet d'Ian n'était qu'un mirage. Sa flamme éphémère brillait tant qu'il y avait du liquide combustible entre ses parois. Et ma présence était identique à cette flammèche rougeoyante. Elle entourait sa peau glacée tant qu'il y avait encore de passion dans mes veines. Je plissai les yeux en pinçant les lèvres. J'avais oublié les raisons qui m'avaient poussé à la rejeter auparavant. J'avais oublié pourquoi son rire me semblait si désagréable. Probablement parce que sa voix jaillissait des tréfonds de mon cœur et qu'elle brisait la quiétude de mes pensées. Personne ne pouvait se détacher de l'allure ombrageuse d'Abigail Rottenford. Elle possédait des pouvoirs magiques. «  Arrête de mentir.   » Soupira-t-elle sans bouger. J'esquissai un sourire mutin, caché entre les arabesques de sa chevelure ébène. Elle ne me croyait pas. Je ne la croyais pas non plus, la plus part du temps. Je n'avais pas de réponses ou de déclarations concrètes à lui offrir. Notre équilibre vacillait dangereusement autour des chaos archaïques de l'univers. Moi, l'aigle noir. Elle, la petite colombe. Je plissai les yeux en humant discrètement les vapeurs de nicotine qui imprégnaient les mailles de ses vêtements. « Ce n'est pas parce que tu ne vois pas une personne, qu'elle n'est pas là. » Murmurai-je sur un ton solennel. « Jamie est là.   » Je voulais réellement y croire. Il existait à travers les pulsations effrénés de mon cœur. Il mourrait perpétuellement dans mes bras. Son essence se propageait sur le carrelage froid avant de remonter sur mes cuisses repliées. Il vivait lorsque je transfigurais le monde et que je me recueillais sur sa tombe. Il souriait lorsque je me réconciliais avec les étreintes fragiles d'Abigail. Il est encore là, putain. J'étais piégé dans une foule de sentiments et de contradictions. J'observais le profil irrégulier de ma sœur et je découvrais enfin que les sillons qui traversaient son corps étaient en réalité les pouces de ses plumes déchues. Je lui avais brisé les ailes par dépit.  Sur le moment, cela m'importait peu. Ses cris indignés me permettaient d'échapper au broiement provoqué par ses blessures. Alors je la faisais toujours pleurer plus fort. Je voulais que sa voix recouvre les parois dégoulinantes de ma prison. Je voulais qu'elle me recouvre en entier. Ses transformations douloureuses m'avaient apporté quelque chose d'imperceptible et d'impalpable à chaque fois que ma vie était devenue plus dure, plus solitaire et plus menacée par la mafia.  

«   Non.  » Sa voix trancha tout à coup l'espace qui s'instaurait entre nous. Abigail était la parfaite représentation de notre famille. Il était clair qu'une personne faible ne pouvait pas se maintenir en vie parmi les fauves irlandais. Sa particularité la rendait capable de jouer un autre rôle que celui de la brebis égarée parmi les loups vagabonds. Elle cachait ses griffes monstrueuses derrière une touffe de laine. Elle était exactement telle qu'elle devait être ; une mafieuse du clan O'Connor. Une femme forgée dans le feu. Une guerrière qui ressentait les caresses brûlantes des flammes comme une morsure de glace. «   Je l’ai su.  » Je raffermis ma prise sur la couverture du livre. Je m'avançais entre les murs de cette pièce qui semblait tout à coup appartenir à un univers étranger. J'éloignais du sol bien astiqué et si propre d'une maison où je cachais toutes mes frustrations. «  J’imagine que j’essaye d’oublier.   » Je pinçai les lèvres avant de me rapprocher du canapé. Elle s'était laisser tomber sur les coussins avec une légèreté déconcertante. Et je remarquai une nouvelle fois, les saillies de ses os à travers le tissu fin de sa robe. Je remarquais ses pommettes creuses et sa peau translucide. Avait-elle toujours été maigre ? Je ne m'en souvenais plus. J'avais toujours négligé ce genre de détails à son sujet. Car les détails prévalaient toujours dans l'obscurité et que nous n'avions jamais connu la lumière ensemble. « C'est un chevalier vert. Il reviendra. » Murmurai-je en m'installant à bonne distance, comme si la proximité me faisait peur. Mais ce n'étaient pas ses étreintes que je craignais le plus. C'étaient les détails que je découvrais derrière son expression maussade et abattue. C'étaient les sentiments étranges qui germaient au creux de ma conscience. «  Raconte-moi cette histoire, s’il te plait.   » Mon regard glissa à la surface de la table basse, là où trônait son héroïne et ses ustensiles. Je fermai les yeux avant de soupirer. J'ignorais pourquoi j'accordais autant d'importance à son addiction. Je ne voulais plus d'elle. J'étais devenu un adversaire solitaire du monde lorsqu'on m'avait volé mon meilleur ami. Mais le visage espiègle de cette gamine mal aimée faisait naître un vieux chant sentimental dans mon cœur. Je me penchai un instant vers le livre. L'odeur du papier flottait autour de mes narines mais je ne parvenais pas en apprécier les différentes senteurs. Il faisait trop froid ici.« Pour se réveiller d'un profond sommeil. Il faut d'abord mourir, Abigail. Tu veux que je te raconte ce genre de choses ? » Je soupirai en redressant les épaules. Je ne lui avais jamais raconté d'histoire auparavant. Je ne m'étais jamais assis au bord de son lit en arborant le visage aimant et protecteur du grand frère. En réalité, je n'avais fais  que passer devant sa porte pendant vingt longues années. « Le chevalier vert... » Je souris tristement. «  … Il agit mal en apparence, mais finalement, tous ses actes se révèlent être nobles. » Je n'avais ni peau verte ni armure, mais je désirais préserver ma famille. Les notions se chevauchaient parfois. La mafia. Le sang. Je me perdais dans mes liens et mes retranchements, mais je demeurais toujours fidèle à ces principes. Je relevai le visage vers elle. « Où est Jasmine ? » Murmurai-je lentement. Je fronçai les sourcils en l'observant avec application. La réponse était simple. Et pourtant, à chaque fois que je demandais à voir ma fille, je ressentais cette angoisse troublante et irrationnelle. Celle, de ne plus jamais la retrouver.

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() message posté Dim 24 Jan 2016 - 23:10 par Invité
Les battements de son cœur vibrèrent contre mon tympan et j’accordai ma respiration à ce rythme calme et singulier. Theodore était mesuré. Toujours. J’avais l’impression qu’il n’avait jamais eu peur. Qu’il prenait ce qui venait à lui et le tordait pour que tout prenne la forme qui l’arrangeait le plus. Il possédait un pouvoir : celui d’être plus fort, plus droit, plus direct. Il laissa un silence passer après mes mots car il y réfléchissait, comme d’habitude, mais je n’attendais plus qu’il y réponde. Je n’attendais plus qu’il soit présent pour moi, depuis bien trop longtemps. C’était une idées effacée par les années et je retins ma respiration en sentant ses cordes vocales vibrer à nouveau pour parler : « Ce n’est pas parce que tu ne vois pas une personne qu’elle n’est pas là. » Je voulais lui dire qu’il mentait à nouveau. Que toutes ces fois où il avait manqué à l’appel, que toutes ces soirées passées à tenter d’attirer son attention à coup de peinture et de désinvolture avaient laissé un vide trop grand dans ma poitrine que cette étreinte peinait à combler. Je voulus secouer la tête pour le contredire mais j’avais peur de briser l’équilibre que nous avions trouvé, l’espace d’une minute, dans ce salon aux lumières tamisées. Je me contentai de renifler et de poser mes yeux sur un point fixe dans l’espace : une photographie de Jasmine sur la commode, dans l’entrée. Elle paraissait si belle, même de loin. Son rire avait quelque chose de magique. Elle semblait être tout ce que Theodore avait de meilleur en lui. Son parfum était comme cet instant : fugace et inoubliable. La sérénité coulait dans son regard bleu comme un chérubin sculpté sur la façade d’une église. « Jamie est là. » Mes doigts se crispèrent dans son dos, imperceptiblement. Une douleur me traversa l’abdomen alors qu’il prononçait ce nom comme s’il s’agissait d’une histoire biblique sur la discorde dont j’étais l’héroïne principale. Jamie était-il vraiment là lorsque nous nous rejoignions en ces nuits d’automne ? Il nous séparait mais ne nous rassemblait pas. Je ne les avais jamais vus ensemble, si ce n’était sur de vieux clichés au-dessus du bureau de Theodore. Je souris tristement. Moi aussi j’imaginais des visages qui n’existaient plus. Ils apparaissaient dans mes songes avant de percer une brèche dans la réalité et s’engouffrer dans ma vie pour toujours. Je peignais leurs traits. J’avais gardé des estampes fragiles où j’avais retracé les décors et les personnages obscurs de mes rêves. Ils ressemblaient à tout le monde et à personne à la fois. Theodore aurait pu s’y deviner s’il y avait porté la moindre attention. Il aurait pu y reconnaître Jamie, sa silhouette filiforme, ses cheveux bouclés, son regard sombre et plissé, sa peau pâle et froide. Ils étaient tous là, oui. Car on les voyait dans les traits des autres, dans nos actes manqués et nos soupirs, dans le souffle du vent qui meublait le silence d’une vie passée à attendre qu’ils reviennent alors qu’ils étaient déjà là. Je ne répondis pas, incapable de prononcer le moindre mot. Il ne mentait pas. Pour une fois, il me disait la vérité.

« C’est un chevalier vert. Il reviendra. » Je relevai mon regard ambré vers lui en fronçant des sourcils, sceptique. Reviendrait-il ? Revenaient-ils tous ? Comme Jamie, comme Ian ? Il s’installa et adopta un air pensif, détaché. Il me disait ça comme s’il s’agissait d’une évidence mais je n’étais pas prête à le croire. Je me mordis la lèvre lorsqu’il observa un instant l’héroïne qui gisait et m’appelait depuis la table basse, puis il ferma les yeux : parvenait-il à tout oublier ou gardait-il tout au fond de lui, dans un puits infini qui contenait tous ses remords, tous ses regrets ? Je l’ignorais. Je ne pouvais pas savoir s’il s’en voulait de s’y être pris trop tard pour me prendre dans ses bras, pour simplement me dire qu’il tenait à moi, qu’il était là. Il avait probablement peur que je n’y croie pas. Voilà, je venais de deviner sa première crainte et je sentais qu’elles se révèleraient une à une, cette nuit seulement, pour qu’on les oublie mieux demain. Il y avait de ces choses qui se disaient avant le lever du soleil car elles souffraient de cette exposition : la lumière leur donnait honte. « Pour se réveiller d’un profond sommeil, il faut d’abord mourir, Abigail. Tu veux que je te raconte ce genre de choses ? » Je hochai la tête sans vraiment le maîtriser. J’acceptais toutes les histoires. Toutes les paroles qu’il avait mis si longtemps à me prononcer. Toutes ces promesses qu’il n’avait jamais mais que je prenais naïvement la peine d’imaginer. Je le fixai mais il ne m’adressa pas un regard, alors je le laissai se perdre dans ses pensées obscures : il choisissait ses mots. « Le chevalier vert … » Sa voix se ponctua d’un sourire triste que tous les membres de ma famille étaient capable de faire. Je le reconnaissais. Je me reconnaissais, à travers lui, à travers eux. « … Il agit mal en apparence, mais finalement, tous ses actes se révèlent être nobles. » Et mes lèvres imitèrent son sourire, incapables de le contrôler vraiment. Il pensait être ce chevalier vert dont il me parlait. Les relents celtiques que son accent soulignait ne le trahissaient pas. Sa stature imposante et imperturbable, ses répliques cinglantes et sa voix froide étaient autant de preuves que si son portrait s’était retrouvé dans le dictionnaire, à la définition du personnage qu’il décrivait avec tant de profondeur. Je haussai les épaules. « Je meurs chaque nuit Theodore. Je la connais déjà cette histoire. » Il fermait les yeux sur l’héroïne car celle-ci ne parlait pas, mais il ne pouvait pas couper à mes paroles. J’avais tant de choses à lui reprocher. Une étreinte ne suffisait pas à toutes les effacer. « Nous ne sommes pas bien placés pour parler d’apparences et de noblesse. » Nous nous cachions toujours. Quelle que soit l’opinion qu’il se forçait à avoir, il se trompait : la noblesse était morte, éventrée par la corruption. Il n’avait jamais agi pour sa famille. Je ne voulais pas le croire, il nous méprisait tous. Jasmine restait une lueur d’espoir, mais la rédemption avait un prix pour lui, comme pour moi. Combien de seringues aurait-il pu briser par noblesse ? Des centaines, des milliers peut-être. Mais il avait préféré les ignorer, soignant le mal par le mal. Les expressions les plus difficiles devenaient nos hymnes, nos devises, et nous brandissions nos étendards funestes au-dessus d’un champ de bataille où tout le monde était déjà mort. Ils reviendraient. Peut-être, oui. Ou peut-être pas. Peut-être que c’était à nous de les rejoindre, finalement.

« Où est Jasmine ? » J’avais posé mon menton au creux de ma paume une fois assise et tournai la tête, pensive. Je haussai les épaules, remarquant que le silence doux marquait une absence et non un réconfort. Elle n’était pas là. Je ne sentais pas son parfum juvénile de lait et de chaleur. Je levai les yeux vers les portes à l’étage, croisant celle de ma chambre puis de la sienne. Je fronçai les sourcils : elle n’était pas là. La phrase se répéta à nouveau dans mon esprit nébuleux puis je regardai finalement Theodore, une lueur d’incertitude habillant mes iris. « C’est Olivia qui la garde, non ? » Non, évidemment. Il n’aurait pas posé la question. Theodore savait toujours où se trouvait sa fille et son teint s’assombrissant sur l’instant me fit comprendre que ce n’était pas le cas ce soir. Je me relevai pour observer la pièce. Un frisson me parcourut alors que je croisai la photographie que j’avais fixée plus tôt, dans l’entrée. Au lieu de m’apaiser, elle me crispa. Je lissai nerveusement les plis de mes vêtements et soupirai pour garder mon calme : la situation n’était probablement pas aussi dramatique qu’on l’imaginait. Mais je paniquai. Je me souvins d’avoir vu Jasmine, dans l’après-midi. De l’avoir entendu se réveiller à moitié d’un rêve et de s’être rendormie immédiatement dans un cycle de douceur. « Elle n’a pas disparu, je suis rentrée tôt. » Pourtant le landau du salon était vide, comme mon ventre à cet instant. « Je … » Je n’osai pas regarder Theodore. Il ne me confiait pas Jasmine. Il la confiait à Silas et mon cœur eut un raté en constatant que, lui non plus, n’était pas là. « Silas … » Enfin, je me confrontai à ses yeux noirs et sévères et je crus y lire, enfin, de la peur. « Il … il est parti. Je l’ai entendu partir. » Je me précipitai alors à l’étage avant que Theodore ne réagisse, craignant à la fois sa fureur, son mépris et son chagrin incontrôlable, m’élançant vers la chambre où Jasmine aurait pu être en dernier recours : elle était vide, elle aussi. L’appartement avait été vide depuis trop longtemps mais j’avais été égoïste, n’écoutant que mon propre cœur battre les coups de ma mélancolie dans le silence de mes pensées perdues en cette froide nuit d’automne qui, pourtant, était censée m’appartenir à jamais.
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Theodore A. Rottenford
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() message posté Mer 3 Fév 2016 - 0:55 par Theodore A. Rottenford

“We went down into the silent garden. Dawn is the time when nothing breathes, the hour of silence. Everything is transfixed, only the light moves.”  L'étreinte d'Abigail me semblait si étrangère. Je n'en avais jamais rêvé. Je ne l'avais jamais attendu parce que je m'étais fait à l'idée que nous étions ennemi. C'était faux. Mon cœur résonnait au creux de ma poitrine mais le son provenait d'ailleurs. Comment avait-elle grandi ? Je fixais ses joues maigres et son profil irrégulier. Le souffle que je versais dans sa chevelure ébène n'était qu'un mirage, l'illusion d'un bonheur tellement éphémère qu'il en devenait ridicule. Je miroitais une image mensongère en croyant que personne ne pouvait découvrir quelle solitude, quelle tristesse et quel sentiment je dissimulais derrière mon apparence parfaite. Personne, sauf Abigail. Son expression était un masque d'éther qui survolait le contour de ses traits fades. Je pinçai les lèvres en sentant l'essence de la drogue flotter dans la pièce comme un onguent céleste, comme une emprunte originelle de l'espace. A présent, cette maison lui appartenait. Elle possédait son penchant pour la démesure. Je me crispai légèrement sous sa prise.  La flamme et la cendre, nous étions presque identiques. Ma petite sœur brûlait encore tandis que mon ardeur s'était déjà consumée, portée par le désir de conquérir les ruines d'un monde corrompu. Je tendis le cou en m'éloignant. Je mentais peut-être. Abigail était encore une enfant. Elle avait besoin de mon attention mais je la rendais hideuse en lui accordant ces privilèges tordus. La mafia avait cet effet sur nous. Elle nous emprisonnait dans un prisme de couleurs maussades. Elle nous transformait en créatures nocturnes assoiffées de pouvoir. Je soupirai en imaginant la silhouette de Jamie se courber dans le salon. Qu'aurait-il pensé de ma proximité avec la sœur dont il avait volé l'innocence ? Un sourire narquois se traça sur les rebords de la commode. Elle prenait vie sous mon regard ténébreux, se moquant de mes raisonnements futiles. Abigail n'avait jamais été innocente. Jamie ne lui avait rien volé, elle lui avait offert sur un plateau d'or. Elle s'était donné afin de rayer mon nom de la liste mais j'étais encore là. Il ne suffisait pas de m'oublier pour que je disparaisse. J'étais ancré sur sa peau. J'étais l'ouverture au bout de son orteil, celle qui laissait couler le poison dans son système. J'étais la cause et la perte. J'observais la petite robe qu'elle avait enfilé ce soir. Je remarquais sa coiffure et son attitude espiègle et torturée. Je revoyais la petite fille recouverte de tâches de peintures. Ses dessins répugnants et ses manières insolentes. Je devais la garder mais je ne m'étais jamais préoccupé de ses talents. Je ne faisais que guetter le retour de nos parents en m'évadant entre les lignes d'un ancien livre celtique. Je rêvais grand et elle était trop petite.

Son fixe était posé sur la table basse. L'éclat de la lampe lui donnait une teinte particulière. Il semblait briller dans l'obscurité. Il m'appelait en susurrant mon prénom comme une douce mélodie. C'était donc ça, la voix mielleuse qu'elle entendait lorsqu'elle était plongée dans la solitude. L'envie. La pulsion malsaine. Le manque cruel de sentiments. Je haussai les épaules d'un air las. Je me reconnaissais à travers ses faiblesses, seulement, moi, je ne fuyais pas la confrontation. Je préférais rester lucide et contrôler la douleur. Je m'en délectais avant de claquer la porte et de partir. «Je meurs chaque nuit Theodore. Je la connais déjà cette histoire.» Sa voix se dépliait avec lenteur, comme à regrets. Je comprenais maintenant. Ce qu'elle me reprochait avec autant de véhémence, c'était l'affection que j'avais refusé de lui donner. Elle voyait en moi, le cœur que j'avais pris en otage. Je tendis la main vers sa frange et d'un geste lent, je replaçai une mèche qui retombait sur son front et je souris au coin. Il était trop tard pour lui rendre son enfance. Il était trop tard pour beaucoup de choses. Je restai silencieux à ses côtés, laissant mes ongles pointus effleurant le creux de ses joues blafardes. « Nous ne sommes pas bien placés pour parler d’apparences et de noblesse.» Elle se trompait encore. Il s'agissait de simples idéologies, de perceptions personnelles et de points de vue. Quelle était la vraie définition de la noblesse ? Pourquoi la valoriser alors que j'échappais moi même à tout ce qui était bon et mauvais ? Je plissai la bouche en m'éloignant. « Jamie m'a demandé. » Murmurai-je en posant ma tête sur le rebord du canapé. Mon meilleur ami était parti sans s'excuser, sans parler d'Abigail. Sa dernière pensée concernait son héritage. C'était ça la noblesse : une promesse qui existait après la mort. Un souvenir qui se matérialisait parfois lorsque je me tournais vers la fenêtre de ma chambre et que la pluie léchait la surface de la vitrine en inscrivant les initiales de Jamie O' Connor. «Ce n'était pas sa faute. Ce qui s'est passé entre vous, c'était vraiment stupide.» C'était la première fois que j'abordais le sujet. Nous n'avions jamais parlé de sa supercherie. Je l'avais rejeté après l'enterrement. J'avais marché sur les graviers sans m'arrêter sur son deuil. Je pensais que son chagrin n'était pas légitime, qu'il ne pouvait pas égaler ma tristesse après avoir perdue mon seul ami. «J'espère que tu ne regrettes pas. Tu n'es pas une victime Abi. Tu as le don, toi aussi.» Il ne fallait jamais regretter une victoire. Je souris en me redressant avec nonchalance. Je ne lui avais pas pardonné. Une étreinte ne suffisait pas à expier ses erreurs. Un moment complice ne pouvait pas contrebalancer une vie de silence. Mais je me sentais libéré d'un poids. Je pouvais lui parler sans m'attarder sur le détail ennuyeux.

« C’est Olivia qui la garde, non ?  » Mon cœur se serra. Ce n'était pas une question. Elle savait déjà. Jasmine n'était pas là. Ma fille était perdue quelque part. Je ne sentais plus le parfum de sa peau nacrée. Je n'entendais pas les cliquetis de son hochet. Jazz n'était pas là. Je me levai brusquement afin d'inspecter la pièce. Je cherchais un signe, un objet, une marque de la mafia. Le sol se dérobait sous mes pas. J'avais l'impression de lutter contre une créature flagellée qui n'existait que dans mon imagination. Je bataillais en donnant des coups dans le vide. Mes phalanges craquaient sous la pression sans atteindre mon opposant. Je tressaillis en me raccrochant aux murs.  «  Elle n’a pas disparu, je suis rentrée tôt. » Abigail n'était plus qu'un écho. Elle s'évanouissait dans l'ambiance trop étriquée du salon. Quelle ironie ! J'étais tellement obsédé par l'ordre et la propreté, et voilà que l'agencement des meubles me semblait trop parfait, trop oppressant. Je vacillais dans le hall. Un voile opaque recouvrait mon visage. J'avais envie de crier, de prononcer son prénom pour qu'elle réponde à mon appel désespéré. Mais ce n'était qu'une enfant. Elle ne pouvait pas me parler. Je crispai la mâchoire en suffoquant. C'était horrible. Cette sensation de déchirure qui s'étendait jusqu'à l'intérieur de mon âme. Je tournais dans tous les sens. Je revoyais Jamie et les flaques de sang qui avaient séché sur mes bras alors que je tenais son cadavre glacé. J'imaginais le corps flétri de Jazz contre ma poitrine et son souffle sur mon cou. Je voulais la toucher, la garder près de moi. « Je... Silas … » Je tenais mon visage entre mes mains tremblantes en rejetant ses accusations. Silas ne pouvait pas trahir mon secret. Silas était mon frère. « Il … il est parti. Je l’ai entendu partir. » Elle se précipita à l'étage alors que je restai immobile au milieu des mosaïques reluisantes. Je n'avais pas besoin de la suivre pour savoir. C'était le prix. Il était temps pour moi de le payer. Je me précipitai vers mon bureau d'un geste fébrile. J'ouvris le tiroir afin de me saisir de mon revolver. Il n'était pas répertorié. Son calibre n'était pas connu des services de police. J'étais prêt. J'avais déjà envisagé toutes les situations possibles, mais avant de m'élancer vers le manoir de Belfast, je devais modérer mon appréhension. La silhouette d'Abigail se découpait sous l'éclairage des escaliers. Je fronçai les sourcils en fulminant. Je soufflais comme un animal enragé. Mon torse se soulevait alors que je me dirigeais vers elle. Ma tristesse se muait en colère. La peur me rendait encore plus impitoyable car je dépassais ma faiblesse en sortant les crocs. « Regarde-moi encore avec tes yeux larmoyants ! Dis moi à quel point tu me détestes parce que je t'ai abandonné et souviens toi, souviens-toi de ces mots. » Je la méprisais tellement. Je lui en voulais d'avoir passé la soirée à lutter contre ses addictions au lieu de surveiller ma fille. « Garde les bien en mémoire et tiens toi droite lorsque Jasmine les prononcera en te crachant au visage. Tu te sentiras blessée. Tu penseras que tu l'as mérité. Mais c'est des foutaises. Parce que tu es comme moi. Je t'ai déjà dis. Tu possèdes le don, Abigail. » Je rajustai la ceinture de mon pantalon puis je la tirai vers le vestibule afin de l'obliger à me suivre. Je marchai jusqu'au parking et allumai le contact de la voiture afin de braver le danger. Jasmine m'appartenait. J'étais le seul responsable de sa destinée. La pègre n'était pas l'héritage que je choisissais de lui léguer. La pègre était mon enfer personnel.  
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