Nous ne sommes que jeudi soir, mais je me permets quand même de faire une pause et d’aller prendre un verre après le travail. J’ai besoin de me relaxer et de passer du temps avec mes amis, de vivre ma vie et surtout de rencontrer des nouvelles personnes. Je fais à peu près tout pour ne pas rentrer trop tôt chez moi, parce que j’ai beau avoir une grande maison quand je rentre je suis seul. Sharona n’est pas encore prête pour une histoire d’amour, je crois que je l’ai compris, mais je ne peux pas renoncer si facilement à elle. Elle a des blessures à guérir et malgré le temps qui passe, je ne peux pas me résoudre à l’abandonner. Je serais cruel de laisser tomber et de ne pas me battre pour l’avoir auprès de moi. Peut-être qu’elle se rendra compte que je peux lui apporter beaucoup de choses.
En attendant j’ai invité Owen à me rejoindre. On est ami depuis bien longtemps et cela fait un moment que l’on ne s’est pas vu, que l’on n’a pas passé un moment ensemble alors qu’on que je le considère comme un frère depuis longtemps. Il a été là pour moi à l’hôpital quand je me suis fait tiré dessus et j’ai été touché qu’il s’occupe de moi. Je l’admire pour son travail, il fait le même que mon père, mais lui c’est différent, parce qu’il ne fou pas sa vie en l’air avec les jeux, comme l’a fait mon père. J’ai plus d’admiration pour Owen que pour mon père. Je pense que j’aurais peut-être pu devenir médecin, mais mes choix étaient faits depuis longtemps et la loi m’a toujours attiré. J’avais pris des options à la fac et c’est comme ça que l’on s’est rencontré. Aujourd’hui je ne regrette pas, je n’aurais jamais rencontré Owen.
Je suis ravi de le voir et j’ai déjà commandé deux bières pour commencer. Je n’ai pas l’intention non plus de boire énormément, une petite bière de temps en temps c’est raisonnable. Je ne suis pas amateur d’alcool fort et je n’aime pas tellement me souler, puis vu les antécédents d’Owen, ça ne serait pas très bien vu. Je l’admire aussi pour cela, parce qu’il a su prendre de soin de lui et demander de l’aide quand ça n’allait pas. Mon père n’a jamais su faire ça. Il voulait se débrouiller tout seul et il s’est fait assassiné. J’aurais tellement aimé avoir un père qui m’aurait rendu fier …
Je bois une gorgée de bière et le vois arrivé. Je lui souris et me lève pour l’accueillir par une accolade. Entre ami et entre frère de cœur, c’est souvent ce que l’on fait quand on se voit. Ce n’est pas très viril peut-être, mais moi ça me rassure.
«Salut vieux, dis-donc, ça devient compliqué de se voir depuis ma promotion, il faut que l’on fête ça d’ailleurs, tu as l’air aussi occupé que moi, voir plus. »
Je ne lui dis pas sur un ton de reproche, bien au contraire, nos métiers sont important pour nous deux et nous avons souvent besoin de se retrouver comme ce soir, pour décompresser un peu. Lui à la chance d’avoir une petite amie parfaite, peut-être que ce n’est qu’une question de temps pour moi.