(✰) message posté Dim 20 Avr 2014 - 22:31 par Invité
Il y a des jours où l'on sent que quelque chose ne va pas. C'est comme un parfum lointain, une impression au fond du ventre. Il y a un truc sur lequel on ne parvient pas à mettre le doigt, un truc qui nous dérange sans vraiment nous perturber, jusqu'à ce que ça nous pète à la gueule, jusqu'à ce qu'on comprenne pourquoi.
Rose avait quitté le théâtre avec un drôle de pressentiment. Elle n'était ni particulièrement stressée, ni vraiment anxieuse, bien au contraire. La vie s'écoulait sans qu'elle ne semble s'angoisser. Il fallait reconnaître qu'elle n'en avait pas vraiment le temps. Entre les répétitions au théâtre et ses soirées au Portobello, la jeune femme passait pas mal de temps à courir. Oh, elle ne détestait pas ça et c'était là la vie qu'elle s'était choisie. Percer dans le West End n'était pas une mince affaire et malgré les remarques acerbes des deux nanas qu'elle devait, de temps à autre, remplacer, Rose savait qu'elle y parviendrait. Elle n'était pas la moitié d'une gourde et la musique était une passion qui l'habitait depuis qu'elle était môme. Ça ne suffisait pas si on ne se donnait pas les moyens de réussir et ça, ça passait par des heures de répétition, à faire et refaire des pas qu'elle connaissait par cœur, à chanter et interpréter encore et encore des tableaux inscrits en lettre de feu dans sa mémoire. Elle aurait son heure de gloire, elle le voulait trop pour abandonner, mais pour le moment, il s'agissait de jouer les doublures la journée et les serveuses le soir. Ce job au Portobello Star, si contraignant qu'il pouvait paraître, lui permettait de conserver un parachute, au cas où. Et au contraire de bon nombre de ses concurrentes qui trimaient à des postes mal rémunérés qu'elles détestaient, Rose aimait réellement passer du temps au restaurant. Elle appréciait cette ambiance, cette montée d'adrénaline lors du coup de feu et le joyeux brouhaha des cuisines. C'était un peu comme rentre à la maison. Son enfance s'était déroulée dans une cuisine similaire à celle du Portobello, au milieu des ustensiles et des commandes. Alors oui, elle était sur les rotules après le service qui suivait généralement des heures de répétition mais ça payait les factures et elle ne rechignait pas à la tâche.
Ce soir, cependant, elle n'était pas pressée d'aller travailler. Ces derniers temps, Blaise était, well, il était bizarre et tant qu'elle n'aurait pas tiré cette histoire au clair, la jeune comédienne se savait incapable de ne pas y penser. Elle s'était déjà fait remonté les bretelles par l'interprète de Cosette — what a bitch — cet après-midi, il fallait donc qu'elle se secoue un peu, d'autant plus que les rênes du restaurant avaient récemment été confié à Damian. Dire que Rose avait du mal à se faire à la situation était un euphémisme. Elle était naturellement enthousiaste et s'était tout de suite très bien intégrée au Portobello, en mettant tout le monde sur un pied d'égalité. Ce changement, même s'il n'était pas surprenant, l'avait un peu déstabilisée et, depuis, elle avait soigneusement évité. Un peu puéril comme comportement mais il fallait bien qu'elle s'habitue. Ça se ferait... d'ici un moment. Pas ce soir en tout cas, même si elle allait sans doute le croiser puisqu'elle travaillait.
Enfin, elle travaillait. Si tout allait bien. Bizarrement, le mauvais pressentiment qui tenait ses tripes dans un étau de plus en plus serré s'était accentué lorsqu'elle était montée dans la rame sensée la mener non loin du Portobello, écouteurs dans les oreilles, son portable ne rendant pas vraiment grâce à la voix puissante de Barbra Streisand. Comme elle s'y attendait, Rose n'avait pas trouvé de place assise et c'était donc face à un vieux monsieur au sourire édenté, au couvre-chef original qu'elle se trouvait, agrippée à une barre. Généralement, elle évitait de croiser le regard des gens. Scruter des visages inconnus lui donnait toujours l'impression d'être indiscrète et c'est gênée qu'elle détourna les yeux, se sentant un peu rougir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit, de l'autre côté de la rame, à quelques pas, ce nouveau patron qu'elle avait plus ou moins prévu d'éviter. Elle comprit, à l'instant où leurs yeux se rencontrèrent, qu'il était trop tard pour faire mine de ne pas l'avoir vu et adressa donc à Damian un sourire quelque peu forcé et un signe de la main. Damn. Elle ne pouvait décemment plus lui parler comme à un simple collègue mais elle ne se voyait décidément pas lui cirer les bottes. Que diable était-elle sensée lui dire, hein ?
Rose avait décidé d'aller dire bonjour, parce qu'il s'agissait de la chose la plus polie à faire, la plus correcte, lorsque la rame s'arrêta brutalement, la projetant en avant. Sa tête cogna la vitre et c'est un peu étourdie qu'elle se redressa, à côté de son patron cette fois. « Je pensais pas arriver, euh, si vite, marmonna-t-elle avec un sourire un rien faiblard, salut, enfin bonsoir. Enfin je sais pas comment je dois te- vous- merde- je voulais pas dire ça. Quelle idiote. J'ai dû me cogner un peu fort. Merde, si il y a un problème sur la ligne, je vais être en retard. Je veux dire, on va être en retard. Tu- vous travaillez ce soir ? » Elle divaguait. Ça lui arrivait souvent, généralement lorsqu'un silence un peu lourd s'installait ou qu'elle était gênée. Ici, c'était à la fois en prévision du cas numéro un et surtout en raison du cas numéro deux.
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(✰) message posté Mer 23 Avr 2014 - 17:13 par Invité
J’ai passé la plus grande partie de la journée à chercher un appartement pour ma mère. Elle ne m’a pas laissé cette tâche ingrate mais j’ai envie qu’elle trouve quelque chose le plus vite possible. Je lui ai proposé de dormir chez moi en attendant mais elle a refusé, disant que j’ai besoin de mon espace. Elle a raison, c’est vrai, mais je n’aime pas savoir qu’elle « jette » de l’argent dans un hôtel. Ca fait une semaine que ma mère a déménagé à Londres. Elle n’a pas encore toute ses affaires avec elle mais elle a déjà pris beaucoup dans ce premier voyage. Elle prétend qu’elle veut changer de paysage, mais je sais au fond qu’elle veut juste se rapprocher de moi. Je ne lui en veux pas, je suis content qu’elle soit là, j’espère juste qu’elle aimera sa nouvelle vie.
Ce soir je bosse et j’ai envie d’être vite au Bar, pour me sortir de ces recherches d’appartements. C’est la plaie quand même. J’ai envoyé un mail à ma mère avant de partir avec tout les appart’ que j’ai trouvé correct. J’espère que y’en a un qui lui plaira. J’ai cherché dans mon quartier, comme ça on est pas trop loin, mais pas trop prêt non plus. Comme elle l’a si bien dit, il me faut mon espace.
Je vais me prendre une bonne douche avant de filer pour le boulot. Jeans noir, chemise noire, veste sur le dos. C’est qu’il fait encore frais même s’il fait beau ces derniers temps. Je me regarde rapidement dans le miroir avant de filer vers la station de métro la plus proche, Hammersmith. Je pourrais prendre le bus pour aller bosser, mais c’est trop imprévisible le bus. Il suffit d’un bouchon pour te casser tout ton timing. Le métro c’est pas mieux mais c’est plus sûr déjà. Une fois dans la rame de métro, je sors mon téléphone pour m’occuper un peu. Je regarde les dernières photos que j’ai pris, j’efface certaines qui sont loupées. Je relève la tête à un arrêt pour laisser passer des gens, et je vois Rose du coin de l’oeil. Elle se rapproche et se cogne au passage, je fronce le nez. Elle parle et elle a l’air bizarre, je mets ça sur le compte du coup qu’elle vient de se prendre.
« Hey… Tu peux continuer de me tutoyer tu sais. »
Je viens de passer gérant et je n’ai pas encore vu de différence avec avant avec les employés, sauf là. Maintenant que j’y réfléchis je n’ai pas beaucoup vu Rose depuis que je suis devenu son patron.
« Ca va ? Tu t’es pas loupé. »
Je fronce de nouveau le nez en repassant la scène dans ma tête. Je m’approche un peu d’elle et j’essaie de regarder son front ou sa tête pour une marque rouge ou quelque chose. Je ne suis pas doué, je vois rien, c’est déjà rassurant de pas voir de sang.
« Tu vas avoir une belle bosse je crois. »
Le métro s’arrête entre deux stations, et le chauffeur annonce qu’il y a « a red signal » et qu’on sera « on the move shortly, hopefully ».
« On dirait qu’on va être en retard ouais. Mais t’inquiètes pas, je connais bien le patron. »
Je lui fais un sourire pour détendre l’atmosphère. Je sais qu’elle est une bosseuse et je ne vais pas la mettre dans les ennuies pour des soucis évident de transport. Quand il y a des problèmes sur les lignes de métro on peut mettre des heures à arriver à notre destination. Des fois la seule solution c’est de marcher, parce que les bus aussi sont pris d’assaut.
« On fait la soirée, jusqu’à la fermeture ce soir, tous les deux, avec le chef et Jamar aussi. J’ai eu un coup de fil de Jake, il va pas pouvoir venir. Je vais faire le bar du coup. »
Ca ne me dérange pas le moins du monde, au contraire. J’adore être derrière le bar. J’étais polyvalent avant, à faire serveur, barman, même cuisinier des fois quand c’est la galère, mais tout le monde sait que ce que je préfère c’est être derrière le bar. On est en semaine, ça devrait être gérable avec une personne en moins. Ca ne devrait pas être complètement blindé ce soir. J’espère pas.
« Tu pensais vraiment à me vouvoyer ? »
Je retiens un rire en y pensant. On a pas mal discuté elle et moi lors de shift où il ne restait plus qu’elle et moi. On a déjà même pris possession du bar après la fermeture. On s’entend bien, j’aime bosser avec elle. J’ai pas envie que ça change parce que je viens de passer un cran au dessus. Faudra quand même que je me rende à l’évidence que passer patron ça change des choses dans les relations avec les autres.
« Je vais être un patron cool tu vas voir. Y’a rien qui va changer. A part que je vais devoir passer des heures dans la paperasse. »
Je grimace un peu à cette évocation. Je suppose que c’est la rançon de la gloire. Il y a quand même pas mal d’avantages par rapport aux inconvénient. J’aurai refusé le poste dans le cas contraire.
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(✰) message posté Mar 13 Mai 2014 - 13:42 par Invité
Pour une danseuse plutôt douée, Rose n'était pas réellement une grande experte de l'équilibre. Sitôt que son corps ne suivait plus le rythme de la musique, elle était capable du pire. Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle manifestement. Et c'était douloureusement. Fuck. Gémissant, elle porta une main à son front avant de l'éloigner vivement, serrant les dents sous la douleur aiguë qui faisait danser de petites étoiles devant ses yeux. La voix de Damian résonnait dans ses oreilles mais, un peu sonnée, la petite brune avait du mal à se concentrer sur ce qu'il disait. « ... une belle bosse je crois » Oh. Elle acquiesça, lentement, avec une légère grimace. Si empotée pouvait-elle se montrer, Rose n'était pas une habituée des bobos et autres contusions. Elle manquait de se brûler les sourcils ou les cheveux en allumant une cigarette, glissait dans la salle de bains à la sortie de sa douche pour se rattraper in extremis ou manquait une marche d'escalier avant de retrouver l'équilibre. Généralement, il y avait surtout plus de peur que de mal. De nouveau, elle effleura son front où ne tarderait pas à fleurir un bel oeuf qui, d'ici quelques jours, aurait une jolie couleur bleuâtre avant de passer par tous les tons. De toute manière, ça n'était pas bien grave, du moins pas pour les répétitions au théâtre. On se paierait sa tête pendant une semaine et on passerait à autre chose. Et quant à son job au Portobello, elle tenterait de cacher tout ça sous une ou deux couches de fond de teint. Si du moins elle arrivait jusque là. « On dirait qu’on va être en retard ouais, confirma Damian, mais t’inquiètes pas, je connais bien le patron » ajouta-t-il avec un sourire. Rose ne trouva rien de mieux à faire que de laisser échapper un éclat de rire idiot, à moitié étranglé. Très naturel. Ça avait tout du rire nerveux et quelle raison avait-elle d'être nerveuse, en dehors du fait qu'elle venait de se ridiculiser devant son patron ? Idiote, songea-t-elle. « On fait la soirée, jusqu’à la fermeture ce soir, tous les deux, reprit-il, sans manifestement relever son éclair de débilité, avec le chef et Jamar aussi. J’ai eu un coup de fil de Jake, il va pas pouvoir venir. Je vais faire le bar du coup » Elle acquiesça sans rien dire. Travailler toute une soirée ne lui faisait pas peur, pas après toutes les vacances scolaires qu'elle avait passé dans le restaurant de son père dès ses seize ans. C'était son univers en quelque sorte.
Les vibrations de son portable attirèrent momentanément son attention mais le visage souriant de Blaise sur son écran la poussa à décliner l'appel. Il avait la fâcheuse habitude de téléphoner lorsqu'il ne fallait pas. C'était foutrement chiant. Relevant la tête, elle croisa le regard de Damian qui souriait. « Tu pensais vraiment à me vouvoyer ? » lui demanda-t-il, la prenant de court. La petite brune sentit ses joues se colorer vivement. Baissant les yeux, elle haussa les épaules en une réponse évasive. « Peut-être... ouais » finit-elle par marmonner. Elle avait du mal à s'y faire mais en même temps, ça n'était pas si bizarre ? Si ? Eurgh. Il fallait sérieusement qu'elle arrête de se poser des questions toute seule. Comme si son inconscient allait finir par lui répondre. « Je vais être un patron cool tu vas voir. Y’a rien qui va changer. A part que je vais devoir passer des heures dans la paperasse » Rose ne put, cette fois, pas retenir un éclat de rire. C'était pour ça qu'elle n'avait eu aucun mal à être à l'aise avec Damian, lorsqu'elle avait décroché ce job au Portobello. Il était accessible et au contraire de bien des gens qu'elle avait pu croiser depuis, il ne se sentait pas supérieur aux autres. Elle en avait côtoyé au restaurant, des filles qui la regardaient de haut parce qu'elle trimait pour se faire une place au West End tout en payant son loyer en servant leurs plats à des inconnus. « Engage une assistante, lança-t-elle, éteignant définitivement son portable cette fois alors qu'il vibrait à nouveau, personne n'insinuera que tu veux te la taper en plus » Très fin, comme allusion. Enfin, ce n'était pas vraiment un secret. Du moins, Rose était à peu près certaine que ce n'en était pas un. « Enfin, je veux dire... désolée » S'il n'avait pas remarqué qu'elle rougissait avant, c'était définitivement exclu qu'il ne le voit pas maintenant. « Mon père a un comptable au restaurant. Il déteste s'occuper de tout ça et quand je vois tous ces chiffres, honnêtement, je le comprends. Tu pourrais engager quelqu'un » reprit-elle, consciente qu'elle babillait et que ça n'avait pas grand intérêt. « Je pourrais t'aider, un de ces quatre, si tu veux ou si tu as besoin, continua-t-elle, j'ai l'impression que je vais avoir beaucoup plus de temps libre sous peu de toute manière » Ce qui signifiait qu'il faudrait qu'elle vienne plus souvent au Portobello, si on la virait au théâtre. Sans doute ne serait-ce pas vraiment important. Non pas qu'elle n'aimait pas son boulot là-bas mais l'ambiance était pesante et elle n'avait toujours pas eu l'occasion de monter sur scène pour remplacer l'une ou l'autre des comédiennes. A croire que ces deux pimbêches étaient faites d'acier et ne tomberaient jamais malades.
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(✰) message posté Dim 18 Mai 2014 - 14:50 par Invité
Elle a l’air nerveuse. J’ai fait une remarque que je pensais assez drôle, bien qu’un peu nul, mais ça ne l’aide pas à se détendre. Je comprends qu’elle doit se sentir gêné de s’être cogné devant moi mais ça arrive à tout le monde. J’espère que ce n’est qu’à propos de ça, mais je me rends bien compte que non, il y a plus. Elle bafouille quand elle me parle, elle mélange tutoiement et vouvoiement. Je n’ai pas envie qu’elle se prenne la tête sur comment notre relation de collègue de travail va devenir. Oui je suis le patron maintenant, mais je ne suis pas le genre de mec à tourner ma veste dès qu’une opportunité s’offre à moi. Je vais rester le même type. D’ailleurs je lui dis quand elle m’avoue qu’elle allait peut être me vouvoyer. Je n’aurai pas pu le supporter de toute façon. Je ne veux pas qu’on me vouvoie au boulot. Ca fait vieux. Je préfère être le genre de patron qui est proche de ses employés. Je lui avoue que la seule chose qui va vraiment changer c’est que je vais devoir m’occuper de tout le côté administratif du bar. Je sais d’avance que ça ne va pas être une partie de plaisir, mais il faut bien des mauvais côtés pour balancer tous les autres avantages que je vais avoir.
Ca y est, Rose laisse échappé un véritable rire. Content de moi, je suis un peu plus souriant. Je la regarde, me tenant sur une des barres de la rame de métro afin de rester stable. On ne sait jamais quand le train va reprendre sa marche ou non, mieux vaut être prêt pour ne pas se faire mal. Je ne m’imagine pas tomber sur elle. Je l’écraserai avec ma carrure. Ca ferait sûrement très mal. Je préfère prévenir que guérir. Aussi je me sens déjà prêt à la rattraper si jamais elle a de nouveau un petit incident.
Elle me propose quelque chose de très intelligent. Engager une assistante. La suite de sa phrase me fait beaucoup rire. Elle a l’air de réaliser que c’était peut être pas correct de faire cette remarque, mais je n’étais pas dérangé le moins du monde.
« C’est pas une mauvaise idée. Mais si j’ai pas la paperasse à faire, j’aurai rien à faire. Et si en plus je peux pas me rincer l’oeil, ça vaut pas le coup. »
Elle me dit qu’elle va avoir plus de temps, qu’elle pourra m’aider.
« Hey tu veux me piquer mon job ou quoi ? »
Je plaisante bien sûr. J’enchaîne assez vite, curieux de savoir pourquoi elle va avoir plus de temps à l’avenir.
« Comment ça tu vas avoir plus de temps libre ? »
Je ne suis pas encore au courant de ça, je n’ai pas fait les planning pour la semaine prochaine encore. Dans tous les cas c’est une information importante pour le boulot que j’ai à faire. Je sais bien que c’est genre impossible de toujours pouvoir tout prévoir correctement. La vie est faite de manière qu’il y a toujours des imprévus. En même temps c’est pas plus mal. Ce serait ennuyant sinon.
« Tu veux faire plus d’heures au Portobello? »
Elle peut avoir plus de temps libre et vouloir le passer à faire autre chose que travailler. Je ne connais pas vraiment sa vie, on est juste collègues de boulot. Le train repart, mais au ralentit. On va vraiment être bien en retard. J’espère que les autres vont pas tout laisser en plan et partir sans attendre qu’on arrive pour prendre la relève.
« Mais ouais je trouve ça pas bête que tu saches faire mon boulot… Ou une partie en tout cas. Comme ça je pourrais partir en vacances sachant que quelqu’un sait gérer. L’esprit tranquille. »
Si elle montre qu’elle veut rester dans la boîte, je trouve ça bien de pouvoir donner des opportunités aux gens. Surtout aux gens que je trouve sympathique et bosseur. Elle a l’air d’avoir les épaules pour ça.
« On en rediscutera de manière plus officielle si ça te branche. »
Mine de rien ça me fait réfléchir, ce n’est pas bête du tout comme proposition. C’est le moment de faire des choses nouvelles de l’organisation de ce bar. Nouveau gérant, nouvelle organisation. Je ne veux que le bien de ce bar. Il me tient beaucoup trop à coeur.