(Léo&Aislinn) Mud Bath

“THE BEST FANTASY IS WRITTEN IN THE LANGUAGE OF DREAMS. IT IS ALIVE AS DREAMS ARE ALIVE, MORE REAL THAN REAL ... FOR A MOMENT AT LEAST ... THAT LONG MAGIC MOMENT BEFORE WE WAKE.”

e n’aurais raté pour rien au monde une journée de plus au Canvey Festival de Londres. La musique est bien audible, et je balançais ma tête sur son rythme, un sourire aux lèvres. Il avait plu toute la nuit, et donc tout le festival était horriblement boueux. Mais il en fallait vraiment plus pour m’effrayer, et j’avais ressort mes vieilles paires de bottes, qui ressemblaient à s’y méprendre à celles que vos parents vous forcent à mettre quand il pleut. Sauf qu’elles sont bien pratique, ces bottes, à défaut d’être tendance ou même classes. Parce qu’il fallait l’avouer, c’était un peu ridicule. Mais vraiment pratique, je n’avais pas à m’inquiéter d’où je mettais les pieds. Et de toute façon, ça faisait des années que j’avais appris à vivre comme je l’entendais en me fichant du regard des autres, et au simple moment où on se dit ça, tout semble vraiment plus simple. Je passais une main distraite dans mes cheveux, raccourcis depuis mon récent passage chez le coiffeur. Quelques mèches me restaient devant les yeux, mais c’était moins gênant. Et puis de toute façon, c’était l’une des seules coiffures qui m’allaient, avec mes cheveux blond pâle et bien trop légers. Je regardais distraitement mon téléphone, attendant une réponse de Mordred avec qui je devais bientôt emménager. Et bien évidemment, lui comme moi avions assez d’argent pour nous permettre quelque chose d’assez conséquent, c’est pourquoi l’on avait choisi un… pavillon étudiant ? En tout cas une grande maison. Ça pouvait être étrange, mais Momo avait insisté, disant qu’il n’aurait pas de place dans un appartement pour construire sa fusée. Et que l’on mangerait avec des couverts en plastique parce qu’il avait la manie de faire fondre ceux en métal, pour en faire des pièces justement. C’était ça que j’aimais bien chez lui, il était tout sauf habituel. Ça changeait vraiment de toutes les personnes intéressées et mal intentionnées que l’on pouvait trouver dans Londres. Je chassais rapidement ces pensées-là, et un nouveau sourire s’inscrit sur mes lèvres quand l’une de mes chansons préférées passait au loin, un peu brouillée à cause des bruits parasites qui s’élevaient depuis tout le festival. Je tapotais ma cuisse au rythme de la musique, adorant franchement l’ambiance de ce festival.

auf que d’un coup, je sens que quelqu’un s’appuie sur moi. Quelqu’un qui s’agrippe à ma chemise et à la lanière de mon sac en bandoulière, m’entraînant vers l’arrière et mes pieds dérapent dans la boue. Je me retrouve instantanément le derrière dans la boue, les mains avec étant donné que j’avais essayé de me rattraper. Je cligne quelques fois des yeux, essayant de comprendre ce qui se passait. Je tourne légèrement la tête vers la fille qui s’était appuyée sur moi pour reprendre son équilibre, et levais les yeux au ciel en remarquant qu’elle préférait remettre son sac à main en place plutôt que s’excuser. « Oh mon dieu je suis désolée ! » Quand même. Je lui lance un regard lourd, persuadé qu’elle l’avait fait exprès. Ou en tout cas, qu’elle avait préféré se sauver elle et faire tomber quelqu’un qui n’avait strictement rien à voir avec elle. Je reste quelques secondes silencieux devant elle, toujours dans la boue, et je jette un regard à ceux qui se sont arrêtés pour regarder. Tiens, en plus de ça il avait fallu qu’elle me donne en spectacle. « Vous voulez finir la tête dans la boue ? Il paraît que c'est génial pour faire un masque de beauté, chose dont vous avez tous besoin. » Je lève de nouveau les yeux au ciel, mais ne relevait pas la stupidité de… l’insulte. Bien, juger sur le superficiel était quelque chose que je détestais. Et je me disais qu’elle et moi, on n’allait pas s’entendre. Je regardais sa main quelques secondes, persuadé qu’elle avait tout sauf envie de se salir les pattes pour quelqu’un d’autre. Et je n’avais pas franchement envie de recevoir son aide non plus. J’ignorais alors sa main tendue, me relevant par mes propres moyens avant de sortir de ma poche un paquet de mouchoir pour m’essuyer les mains, la jaugeant du regard sans aucune gêne. « Ce n’est pas grave, je m’en remettrais. Ce n’est qu’un peu de boue de toute façon. » Je haussais les épaules, même si j’aurais vraiment préféré être tranquille pour le reste de la journée. « Essayez de regarder autour de vous avant de pousser quelqu’un par terre la prochaine fois, » grognais-je en passant mes mains sur mon pantalon pour essayer d’enlever la saleté de celui-ci, avant de sortir un deuxième mouchoir. On ne pouvait décemment pas être maladroit à ce point. Maladroit et presque irrespectueux, en plus… Et après on se demandait pourquoi j’avais du mal à faire confiance aux gens.

© Mister Hyde