"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I can't control it. Do you hear my heart beat ? (Andrew) 2979874845 I can't control it. Do you hear my heart beat ? (Andrew) 1973890357
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I can't control it. Do you hear my heart beat ? (Andrew)

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() message posté Sam 12 Sep 2015 - 0:42 par Invité
Qu'est-ce que je fais ici. Je ne devrais pas être là. Je ne devrais pas tourner en rond dans ce quartier que je n'ai qu'à peine visité lors de ma première venue à Londres. Je ne devrais pas non plus reconnaître ce panneau de publicité devant lequel je passe pour la troisième fois. Désespéré, je m'arrête sur le bord du trottoir, soupirant lourdement. Tout ceci est pathétique... Je suis pathétique. Alors pourquoi je n'arrive pas à faire demi-tour ? Je passe ma main dans mes cheveux, jetant un coup d'oeil à la vitrine en face de moi. Malgré la marque plus que reconnue de l'enseigne, c'est mon reflet que je fixe un instant. Alors que j'ai passé des jours, voir des semaines, à ne plus ressembler à celui que j'étais, arborant cernes et mine tirée sans aucune once de détermination sur mes traits... J'ai enfin retrouvé une partie de moi. Ca n'a pas été chose aisée, mais lui parler ne serait-ce qu'une fois au téléphone avant de me rendre à Londres m'a soulagé d'un poids considérable. J'ai pu passer des nuits plus correctes, arranger mes problèmes d'épuisement et me remettre à passer un temps incalculable devant la glace. Peut-être aussi parce que c'est lui que je vois aujourd'hui. Du moins... Que je risque de voir serait un terme plus exact. Il ne sait même pas que je suis déjà en ville, je n'ai pas réussit à le lui annoncer une fois le pied posé à terre à la sortie du train. J'ai fait traîner le moment, jusqu'à tomber sur ce rendez-vous inscrit sur l'un des réseaux sociaux sur lequel il se trouve. Un réseau plus professionnel que personnel, certes, mais de nos jours... Il suffit d'inscrire le nom d'une personne dans la barre de recherche pour découvrir un tas de chose. Je n'ai même pas la force de me mentir, ce n'était pas un pur hasard que de tomber sur son profil, ou bien d'écrire son nom par simple curiosité. Non. Depuis que j'ai quitté l'Angleterre, je n'ai fait que parcourir ses profils, ses fiches d'informations, n'importe quoi pour trouver des choses à son sujet ou ne serait-ce qu'observer ses photos. Il y a quelques jours, je m'y rendais même la nuit lorsqu'il m'arrivait de me réveiller, comme si d'une heure à l'autre il allait écrire une chose essentielle, cruciale, qui allait m'aider à prendre ma décision quant à ce que je voulais lui avouer. Ou ce que je devais lui avouer. Mais non. Aucune trace de sa vie privée, du mariage, de Blake... Rien. Je ne sais même pas comment elle va, ce qu'elle fait... Je ne sais même pas si je suis davantage inquiet ou haineux à son égard. Un nouveau soupir. Mon bras retombe le long de mon corps, et je me remets en route, tournant de nouveau en rond dans le quartier nord de la capitale anglaise. Les nuages sont gris, l'odeur des pavés presque humides ne m'a pas manqué.
Passant une énième fois devant un café bien réputé, je me résous et pénètre à l'intérieur afin de commander une boisson caféinée. J'en ai bien besoin, que cela soit en guise de remonteur de moral qu'en guise de compagnie dans ma démarche bien solitaire. Et si je ne le rencontrais même pas ? Tout ce que je sais, c'est qu'il est censé être à un rendez-vous dans ce quartier-là de la ville, et ce depuis une bonne heure déjà. Peut-être est-il déjà parti. Peut-être que le rendez-vous a été annulé... Paranoïaque, je me rends d'un coup de doigt sur sa page restée ouverte dans mon téléphone, sans que rien de plus ne soit affiché. Me voilà désormais stalkeur professionnel... Un sourire me vient alors que je secoue la tête, récupérant ma commande avant de prendre la direction de la sortie. La boisson est fumante, le carton chaud me réchauffe la paume de main. Avec exaspération, néanmoins, je me rends compte que ce dernier arbore une faute lamentable à mon prénom qui n'est pourtant pas bien compliqué : Carence. Magnifique. Jetant un regard noir à l'enseigne, je continue néanmoins mon chemin, posant un doigt sur cette faute méprisable qui me renomme ironiquement en une définition de manque. Peut-être que cela me colle un peu trop à la peau, finalement. Deux gorgées et une dizaine de pas supplémentaires plus tard, je me stoppe dans mon attente interminable, apercevant une silhouette bien familière de l'autre côté de la rue. C'est lui... C'est lui. C'est à ce moment-là que je me rends compte que, étant pourtant ici, je ne m'attendais pas vraiment à tomber sur lui, à réussir ce que j'espérais malgré tout au fond de moi.
Même carrure, même style vestimentaire un peu strict mais élégant et professionnel, même cheveux bruns, même barbe de plusieurs jours. Il n'a pas changé et pourtant, j'ai l'impression de le découvrir pour la première fois. Arrêté dans tous mes gestes, mes yeux le scrutant autant qu'il m'est possible de le faire, j'entends une voix proche de moi s'élever dans les airs. « Andrew ! » Figé, mes yeux s'écarquillent lorsque je prends conscience que cette voix-là n'est autre que la mienne. Je ne sais même pas ce qu'il m'a pris de l'interpeller, surtout de cette manière... Et ce sans même que je n'en prenne vraiment conscience. Oh seigneur, je vais passer pour un pauvre imbécile. Crispant mes doigts sur le café brûlant, je commence à me détourner vivement dans l'idée de m'éloigner au pas de course d'ici... Lorsque sa tête se tourne, évidemment, vers l'idiot qui a eut la bonne idée de l'appeler. Bien joué Clarence, te voilà confronté à lui, et ce toi que tu enfouis depuis toujours... En même temps.
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() message posté Sam 12 Sep 2015 - 14:54 par Invité
D’un geste léger, il reposa la tasse de café presque vide sur la table devant lui et offrit un sourire purement commercial à son rendez-vous d’affaire. Ses yeux s’abaissèrent vers les quelques dossiers étalés entre eux et, mentalement, il se remémora toutes les choses importantes à savoir sur l’homme, son entreprise, les finances de celle-ci. Tout ce qu’il fallait pour que ce rendez-vous se passe au mieux, en réalité et le fait que l’homme soit loin d’être agréable n’aidait pas particulièrement à sa concentration. Alors qu’il lissait d’un geste distrait sa veste, son mouvement se figea une brève seconde en sentant son téléphone – en mode silencieux, évidemment – dans la poche intérieure. L’envie de le sortir pour vérifier si, par hasard, il n’avait pas reçu un message, ou un appel, ou quelque chose de Clarence se fit brûlante dans son esprit, et il força sa main à reprendre la tasse. Juste histoire de l’occuper et ne pas faire quelque chose qui le ferait mal voir de son interlocuteur. De toute façon, il n’aurait sûrement rien. Depuis l’appel, il n’y avait rien eu, alors… Il n’y avait pas de raison que cela fusse différent à cet instant. Mais ne faire ne serait-ce que penser à lui avait amené une chaleur bienvenue au niveau de son cœur comme si lui avoir parlé quelque jours plus tôt avait permis d’apaiser au moins une partie de sa douleur, de ses craintes, et il devait lutter pour ne pas afficher un sourire quelque peu stupide. «  Mr Von Ziegler ? » Surpris, il releva brusquement les yeux pour voir l’autre homme légèrement penché vers lui, les sourcils froncés. Merde. Peut-être qu’il était un peu trop parti dans ses pensées, finalement. « Excusez-moi, Mr Dawson. J’ai bien peur de m’être quelque peu égaré dans mes réflexions. » Il lui offrit un sourire d’excuse et reçu en retour un sourire un peu plus crispé. «  Ce n’est rien, ce n’est rien… Notre rendez-vous a duré plus de temps que prévu, cela peut se comprendre. » Etrangement son sourire se fit un peu plus mystérieux et amusé, et Andrew plissa légèrement les yeux, «  Et puis, pour un futur marié, cela me semble normal de parfois… Se perdre un peu, mh ? » Un sourire crispé étira les lèvres du jeune homme alors qu’il hochait légèrement la tête et se levait de son siège. «  J’en ai peur, effectivement. » Souffla-t-il, alors que son esprit hurlait plutôt quelque chose du genre « Si tu savais seulement à quel point mes pensées sont loin, tellement loin de ce foutu mariage ! » «  Nous avons déjà bien avancé, Mr Dawson, et je vais avoir besoin de communiquer certains chiffres à mon père avant de pouvoir aller plus loin. Je vous propose que l’on se recontacte ultérieurement ? Je pense qu’avec les décisions prises aujourd’hui, vous devriez déjà voir un net changement dans vos finances. » Conclut-il en lui tendant la main, son sourire se refaisant plus aimable.  Il n’écouta que d’une oreille la réponse qu’il reçut, son esprit déjà reparti ailleurs, avec quelqu’un dont la compagnie était nettement plus agréable. Et désirée.
Lorsqu’il se retrouva dans la rue, la porte de l’entreprise se refermant sans bruit derrière lui, il prit une profonde inspiration et ferma les yeux histoire de se détendre un peu, de sortir de cette ambiance de travail trop lourde qui avait fait naître une douleur lancinante entre ses tempes. Puis, sans pouvoir attendre plus longtemps, il sorti son téléphone et le ralluma, tentant d’ignorer la petite lueur d’espoir qui étreignait son ventre. Il fit défiler les quelques sms reçu pendant les 3 dernières heures, mais aucun ne portait le nom d’expéditeur qu’il souhaitait réellement et une moue de déception sincère se peignit sur ses traits. Mais il s’en doutait, n’est-ce pas ? Soupirant, il rengaina le portable et se joignit à la foule de londoniens qui peuplait le trottoir. Direction, le métro, puis l’appartement, puis… Puis, il verrait bien. On ne pouvait pas dire que ses soirées étaient exceptionnellement animées, ces derniers temps. On ne pouvait de toute façon pas dire que sa vie était animée. On ne pouvait pas non plus dire qu’il cherchait activement à ce qu’elles le soient. Il avait toujours été d’un naturel solitaire, se tenant éloigné la plupart du temps de tout ce qui rassemblait trop de monde, trop de bruit, mais depuis quelques temps, il s’isolait encore plus, n’arrivant plus à trouver un quelconque amusement dans tout ça. Un peu trop désabusé, un peu trop enfermé dans sa tristesse pour ça. Enlisé dans des pensées qui redevenaient moroses, il mit une bonne poignée de seconde avant de réaliser que le «  Andrew ! » Qui venait de claquer dans l’air, passant au-dessus du bruit de la foule et de la circulation autour de lui, ne venait pas de son esprit, mais qu’il était bel et bien réel. Surpris, voir même choqué, il se figea sur le trottoir – indifférent pour une fois aux bousculades et aux jurons qu’il se prit en réaction – n’arrivant pas à croire que c’était réel. Sa tête se tourna pourtant d’elle-même vers l’origine de l’appel, comme pour le forcer à faire face à la réalité, et ses yeux accrochèrent directement la silhouette bien connue – et tellement, tellement rêvée – du frère de Blake. «  Clarence… » Souffla-t-il, parfaitement conscient que, contrairement à son appel, ce faible murmure ne l’atteindra pas.
Et soudain, effrayé à l’idée que ça ne soit qu’une hallucination ou que – pire – il ne chercha à fuir, il réagit sans réellement réfléchir, jetant à peine un coup d’œil sur les voitures avant de s’engager. Ignorant les jurons et les coups de klaxons, ignorant également cette petite voix qui lui hurlait qu’il aurait l’air malin s’il venait à mourir là, comme ça, devant ses yeux. Il parcourut les quelques mètres qui le séparaient de l’autre côté de la rue en gardant son regard fixé sur lui, trop effrayé à l’idée qu’il disparaisse pour faire attention au reste. Son cœur seul réagit par une violente embardé dans sa poitrine quand une voiture le frôla de près, et, enfin, il fut à nouveau sur le trottoir. Face à lui. Et maintenant ? Ironisa la même petite voix, encore tremblante de la peur qu’il s’était faite inconsciemment. Et maintenant… Et maintenant, il ne savait plus quoi faire, planté devant lui, inconscient de la peur qu’il lui avait peut-être fait par son action, son regard ne cessant de le parcourir comme s’il voulait s’assurer qu’il était bien devant lui. «  Clarence… » Répéta-t-il, cette fois de manière audible, toujours incrédule. Il s’avança d’un pas, sa main se leva à demi avant de se figer, pas vraiment sûr qu’une étreinte soit appréciée. Plus vraiment sûr de rien, à cet instant, alors qu’il venait de resurgir dans sa vie, comme pour répondre aux prières qu’il ne cessait de faire en son for intérieur. Et pourtant, dieu seul savait combien il avait envie de laisser sa main parcourir son visage, se perdre dans ses cheveux et le serrer, le serrer tellement fort contre lui. A la place, sa voix s’éleva, comme un murmure, «  Tu es… Tu es rentré depuis longtemps ? » Et il s’agissait d’une phrase tellement… Tellement banale, tellement inutile par rapport à tout ce qu’il souhaitait lui dire en réalité qu’il eut envie de se frapper, violemment. Imbécile.
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() message posté Ven 25 Sep 2015 - 12:30 par Invité
J'ai tant attendu ce moment qu'il me semble irréel. A mesure qu'il s'avance vers moi, l'envie d'en faire de même se mélange à l'envie de fuir. J'ai toujours cru qu'à nouveau devant lui, toutes mes questions s'évaporeraient. Qu'elles s'effaceraient à l'image de lorsque nous étions insouciants, lorsque nous nous voyions en cachette en évitant constamment le sujet mariage. Sauf que ce n'est pas le cas. Au contraire de cela, je me prends à me demander ce qu'il adviendra de ce nous auquel je me raccrochais avec tant de désespoir. Tant de besoin. A-t-il existé un jour ? Peut-être me suis-je fait des films. Peut-être ne veut-il pas recommencer ce que j'ai brutalement interrompu en m'enfuyant d'Angleterre. Pourtant… Pourtant je n'ai pas rêvé ce ton rempli d'espoir qu'il avait au téléphone. Je n'ai pas rêvé notre discussion, tout comme je ne rêve pas de ses yeux qui ne voient que moi à cet instant, de sa précipitation alors qu'il traverse bêtement la route sans même vérifier qu'aucune voiture n'approchait. Mon coeur effectue des bonds irréguliers et lourds dans ma poitrine, et lorsqu'il manque de se faire renverser, j'ai l'impression de ne plus respirer. Quels pauvres abrutis nous serions, s'il finissait à l'hôpital comme ça. Ce pourrait être ridicule, voir drôle, mais en y pensant une brève seconde, j'ai simplement envie de ne pas m'y attarder sous peine de sentir des larmes incontrôlables me monter aux yeux. Oui, on est sûrement ridicules. Deux pauvres idiots de retour à l'adolescence en train de jouer une scène romantiquement dramatique, lorsque l'un court vers l'autre sur une musique pathétique. On l'est sûrement, mais je n'en ai rien à faire à ce moment-là. Au contraire, je me surprends presque à aimer cette scène-là, à l'observer me rejoindre, à sourire bêtement en le voyant de plus en plus proche. Mes songes ne sont qu'un ramassis de pièces détachées désespérément assemblées les unes aux autres sans aucune logique. Et je commence à apprécier. Je commence à apprécier l'effet qu'il a de nouveau sur moi, celui qu'il a, au final, toujours eut. Cette sensation d'être soudainement différent, dans le bon sens du terme. Cette sensation de ne plus entendre de voix mesquine dans ma tête, simplement celle effrayée d'un type qui ne connaît rien aux relations adultes. Aux relations tout court, en réalité. Et lorsqu'il est enfin face à moi, j'ai l'impression de ne plus savoir comment respirer. Je ne vois plus les londoniens autour de nous, je ne les entend plus non plus. Les bruits des talons claquant contre les dalles humides me semblent trop lointains pour en retenir le son. La lumière faiblarde des rayons de soleils fatigués ne m'atteint plus, le coup léger de tonnerre au-dessus de nos crânes vibre de façon trop fragile pour que j'en prenne compte. En réalité, plus rien ne semble avoir de l'importance. Tout ce que je ressens, c'est sa présence, mon coeur battant bien trop fort pour mon thorax, ma nervosité soudainement amplifiée, et la sensation chaude du café brûlant au creux de ma main.
«  Clarence… » J'aurais été dans mon état normal, je me serais doucement moqué de lui, de ce ton incrédule et de ses yeux brillants. Je lui aurais bousculé l'épaule, un sourcil relevé, avant de lui répondre par une taquinerie certainement méritée. Sauf que je ne suis pas dans mon état normal. Mon prénom ainsi prononcé me provoque un frisson, et j'ai beau lutté, mes yeux s'abaissent d'eux-mêmes pour se fixer sur la coupe de café fermée. Sans même y réfléchir vraiment, mes doigts viennent nerveusement camouflé la faute ridicule s'y trouvant, comme si la peur qu'il puisse le voir avait brutalement grimpé sans grande raison. Oppressé dans le silence bref que j'impose, mes lèvres s'entrouvrent, mais rien ne sort. Aucun son, aucun souffle. Seigneur, j'ai l'air ridicule… Ca ne devrait pas être compliqué de le saluer. Mais que dois-je dire, dans cette situation ? Bonsoir ? Désolé ? Justement, je te cherchais ? Ou bien dois-je à mon tour murmurer son prénom, comme si cela était la réponse à toutes nos questions ? Je soupire doucement, relevant difficilement la tête vers lui. S'il savait à quel point je peux avoir honte d'être parti comme un lâche. Et maintenant… Maintenant je ne sais plus quoi faire. Je n'ai jamais cherché à excuser mes actes, auparavant. Je n'ai jamais cherché à les expliquer non plus, et encore moins à revenir en arrière afin de les effacer autant que possible. Alors… Que suis-je censé faire ? Que suis-je censé dire ? J'y ai tellement réfléchit ces dernières semaines que plus rien ne me vient. Ma tête me semble vide, vide de toute réponse qui pourrait me sortir de là. Tout ce que j'entends, c'est le rythme effréné de mon coeur.
«  Tu es… Tu es rentré depuis longtemps ? » Quelque part, je le remercie d'avoir fait le premier pas, d'avoir sorti quelque chose, même une question aussi banale que celle-ci. Parce qu'au moins, elle me permet de sortir de ce blocage insensé dans lequel je m'étais moi-même renfermé, déliant ma langue alors que mes lèvres s'étirent en un sourire léger.
« Non, pas vraiment » J'aimerais lui dire que je viens d'arriver, qu'il est la première personne sur laquelle je suis tombée. Mais ce n'est pas vrai. Je n'arrivais tellement pas à me décider, que j'ai laissé le temps s'accumuler derrière ces regrets. Mes doigts jouent avec le carton renfermant mon café. Dans un élan forcé, je tente de reprendre mon attitude normale, de me décontracter alors que mes yeux, eux, ne le quittent jamais. Un sourire difficilement joueur aux lèvres, je hausse les épaules.
« Je te manquais tant que ça ? » Mes mots sonnent tellement faux, ma voix sonne tellement intéressée. La lueur taquine à peine arrivée à l'intérieur de mes prunelles s'en retrouve dissimulée, remplacée par l'une de celles que je n'arrive pas à déchiffrer. Inspirant nerveusement, je baisse à nouveau les yeux, brièvement, de quoi essayer d'effacer la question que je viens de poser. Et, alors que je suis pris entre l'envie de le laisser répondre et celle d'enchainer, je reprends.
« En tout cas tu n'as pas changé… » Toujours aussi attirant, toujours aussi déstabilisant, toujours aussi différent. Toujours lui.
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() message posté Ven 2 Oct 2015 - 15:56 par Invité
Tout comme il n’avait eu presqu’aucune conscience des voitures le frôlant dangereusement, il n’avait à cet instant pas réellement conscience du ridicule de la situation ; de leur situation. De lui qui avançait comme dans un rêve, sans être réellement sûr qu’il ne disparaîtrait pas une fois face à face, du plus jeune planté sur le trottoir, presque parfaitement immobile, ce qui renforçait encore plus cette sensation d’hallucination, et encore moins des gens autour d’eux, bien trop occupé par leurs propres problèmes pour se soucier de ce qu’il se passait à quelques pas à peine, et ce même si pour eux ça semblait tellement important, tellement vital. Non, la seule chose dont il avait pleinement conscience, c’était cette incrédulité béate qui se répandait partout dans son corps, rapidement suivie par une joie, un bonheur bien plus intense que tout ce qu’il avait pu ressentir ces derniers temps. Comme s’il avait besoin d’une preuve de plus d’à quel point il lui avait douloureusement manqué depuis son départ – sa fuite. Son abandon. Cet abandon qu’il avait ressenti comme une cruelle trahison alors même qu’il savait parfaitement qu’il n’avait pas le droit de penser ainsi. Mais il avait été laissé derrière, désemparé, avec tous ses sentiments qu’il ne comprenait pas, avec cette horrible impression que tout ça n’avait été qu’une parenthèse, une simple parenthèse trop vite, trop mal refermée. Une parenthèse que l’autre allait oublier, loin de lui, de tout ce qu’ils avaient pu vivre. Une parenthèse qu’il était peut-être censé oublier, lui aussi, pour revenir à une vie dont il ne voulait plus, qu’il voulait fuir à tout prix. Une parenthèse dont il avait été incapable de supprimer ne serait-ce qu’une seconde. Et maintenant il était là, réellement là, bien plus présent qu’à travers le téléphone quelques jours auparavant. Il était , et lui était incapable de trouver quoi dire, quoi faire. Et au bonheur ressenti plus tôt succéda la sensation brûlante du ridicule, de la gêne, et cette angoisse de ne pas réussir à le retenir cette fois, cette angoisse de le voir repartir à nouveau.
Par réflexe ses yeux suivirent le mouvement de ceux du plus jeune, s’abaissant brièvement vers le café, son regard détaillant ses mains sans apercevoir ce qu’il cachait, ses mains qu’il aimerait pouvoir attraper pour le tirer plus proche de lui et le serrer aussi fort qu’il rêvait de le faire depuis qu’il l’avait aperçu. Mais il n’était pas certain qu’une telle chose soit bien prise, il n’était certain de rien à cet instant et il préféra remonter les yeux, effleurant la bouche entrouverte en espérant que quelques mots en sortent, n’importe quoi qui permettrait de débloquer la situation. Qui permettrait de retrouver cette relation qu’ils avaient avant, qui permettrait de renforcer à nouveau ce lien entre eux qui avait refusé de se briser malgré la distance et la douleur, le manque. N’importe quoi, juste quelques mots. Il ne s’attendait même pas à un je suis désolé d’être parti, mais il espérait tellement fort un je suis heureux d’être revenu, de te revoir. Mais rien de tout cela ne vint, et c’est lui qui reprit la parole sans pour autant réussir à dire ce qui lui tenait vraiment à cœur. Juste une question banale, tellement creuse et vide qu’il voudrait pouvoir la rattraper pour la remplacer par quelque chose de mieux, qui prouverait bien combien il lui avait manqué, combien il était heureux de le revoir. Mais au moins, ça eut le mérite d’étirer un sourire sur les lèvres de Clarence, et finalement, c’était pas si mal, n’est ce pas ? «  Non, pas vraiment. » Il hocha doucement la tête, une de ses mains se crispant légèrement sur la mallette contenant ses dossiers de travail, tandis qu’il ne put empêcher l’autre de lisser sa veste, montrant un peu trop bien sa nervosité à cet instant. Il admirait presque l’autre homme de réussir à prendre une attitude plus ou moins normal, même si son sourire était bien moins convaincant que tous ceux qu’il avait déjà plus lui donner auparavant. «  Je te manquais tant que ça ? » La question lui fit hausser un sourcil, son intérêt lui faisant se mordre l’intérieur de la joue, le prenant presque de court alors que son regard dansait dans le sien à la recherche d’il ne savait même pas quoi. Une lueur d’intérêt réelle ou bien la preuve que la réponse était la même des deux côtés… Il ne savait pas. Mais, s’il lui avait manqué tant que ça ? Bien plus que ça, même. Beaucoup plus que ça, en réalité. Mais il ne savait pas s’il devait le dire, s’il pouvait le dire. Peut-être que ça n’était pas réciproque, après tout ? Et il n’était pas certain d’avoir envie de se faire souffrir comme ça, après tout… Après tout rien dans tout ça ne prouvait que Clarence souhaitait la même chose que lui… Rien ne prouvait que lui aussi, aimerait reprendre ce qu’ils avaient si brutalement interrompu, en mieux.
Il ne lui laissa de toute façon pas la possibilité de répondre, enchaînant, et laissant Andrew avec cette incertitude toujours trop présente. «  En tout cas tu n’as pas changé… » Un faible sourire lui vint à son tour et il haussa légèrement les épaules. « J’espère que c’était un compliment. » Lâcha-t-il sur un ton de plaisanterie qui ne le convainquit pas lui-même. « Mais toi non plus, tu n’as pas changé… Même si…   » Il plissa légèrement les yeux en l’étudiant avec un peu plus d’attention. «  Même si tu m’as l’air plus pâle qu’avant. » Et s’il ne put retenir le regard inquisiteur qu’il lui lança, il réussit à se retenir de le questionner un peu plus. Et puis même avec cette pâleur un peu plus prononcée, il lui faisait le même effet. Il avait même l’impression que ça lui donnait envie de le serrer encore plus fort contre lui, comme pour le protéger de tout ce qui pourrait vouloir le blesser d’une quelconque manière. Il prit une inspiration profonde et son courage à deux mains dans le même temps et reprit, son regard se reposant dans le sien en tentant d’être assuré, «  Tu veux… Qu’on aille quelque part ? » Il se mordit la lèvre inférieure à ses mots, retenant une grimace. Okay, à quel point exactement cette phrase sonnait-elle mal ? «  Je veux dire… Boire quelque chose, ou je ne sais pas… Même si tu as déjà quelque chose à boire en fait… » D’accord, le ridicule ne tuait pas, selon la rumeur, mais il avait pourtant bien l’impression qu’il allait mourir de honte à cet instant. Pouvait-il faire pire ? « C’est juste pour éviter que l’on reste ici, comme deux idiots plantés au beau milieu du trottoir… Même si ça me fait vraiment plaisir de te voir ! » Continua-t-il, un peu désemparé, son regard ne le quittant pourtant pas. Du moins, jusqu’à ce que sa bouche ne décide d’exprimer ses pensées profondes sans son accord, « Parce que oui, tu m’as manqué autant que ça… » A l’évidence, il pouvait faire pire, et il détourna le regard, cette fois franchement gêné par l’aveu, sans savoir ce que l’autre allait pouvoir en faire.
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() message posté Ven 2 Oct 2015 - 22:14 par Invité
La nervosité, état psychique proche de l'anxiété. Combien de personnes en sont touchés en ce moment-même ? Combien ressentent cette étrange oppression au creux de leur poitrine, leurs mains devenir moites, leur coeur s'emballer, leur estomac se serrer ? Combien sont-elles à la subir par la pression du travail, d'un événement important à fêter, d'une annonce à faire… De la présence d'une autre ? Nous connaissons tous un jour ce sentiment. Celui de ne plus rien savoir, de tout oublier. De ne pas réussir à respirer, d'en oublier l'arrière décor pour ne se concentrer que sur le devant de la scène. Celle où se met en place ce que nous avons tant redouté. Nous le connaissons tous, et pourtant, j'ai eut beau le subir pendant toute ma foutue vie, celui que j'ai à l'instant même me semble si nouveau que j'en suis désemparé. J'en perds mon langage, j'en perds mes manies. Je me perds moi-même. Ou bien… Est-ce qu'au contraire, je me trouve ? Ce Clarence, avec un L pour les amateurs de café, camouflé derrière les apparences du premier. Derrière celui arrogant, fier, égocentrique et critique. Cachant ses larmes et ses combats sous un masque indifférent, trop fort pour être réel. Trop loin de ce qui l'accable pourtant misérablement. Comme un pathétique gosse de riche qui n'a jamais réussit à oublier les monstres de son enfance. Mais à défaut d'être sous son lit, ceux-ci se trouvent à l'intérieur de son crâne. La nervosité… Combien de fois ai-je été nerveux, anxieux, effrayé, dans toute ma vie ? Trop de fois. Beaucoup trop de fois. La foule, les contacts trop proche de mon cou, mes propres tocs. Combien de choses m'effraient dans ce monde totalement fou ? Mes nouvelles responsabilités, l'annonce de Scarlet, le mariage d'Andrew. Et maintenant… Maintenant lui. Nous. Mon retour à Londres qui m'a fait perdre les pédales. En réalité, je ne saurais dire si c'est ce que je dois affronter, ou le fait qu'il me manque bien trop pour mon propre bien, qui fait que j'ai perdu les pédales à ce point. A me perdre dans cette ruelle londonienne à espérer le voir, à stalker ses profils sur les réseaux sociaux. J'ai l'air d'un fou.
Mais le voir lui aussi atteint de cette nervosité… Ca me rassure. Je le vois serrer sa mallette, défroisser ses habits pourtant impeccables. Il a l'air de sortir d'un magazine de mode pour business man. L'assurance en moins… Mes dents viennent attaquer ma lèvre, sans que je ne sache quoi faire d'autres. Il a l'air tout aussi perdu que moi, et à vrai dire, je ne saurais faire le premier pas. Celui qui veut dire : on a à parler. Je n'ai jamais été très doué pour ce genre de chose. Les conversations, les relations… Pour tout ça. Et tout m'a l'air si compliqué à cet instant, que je sais que je devrais avoir si envie de fuir que le voir ne me retiendrait même pas sur ces dalles humides. Pourtant… Si l'ancien Clarence l'aurait fait, je ne le fais pas. Peut-être parce que j'ai changé. Peut-être parce qu'il m'a changé. Je n'en sais rien… Tout ce que je sais, c'est qu'il est différent, et qu'il me fait me sentir différent. L'étude de mon regard me met malgré tout si mal à l'aise que je me force à ne pas détourner les yeux, à avoir l'air sincère dans ma moquerie mal placée pour une situation si difficile. J'ai tellement envie de baisser les yeux, de les tourner, de gigoter sur place… Ces secondes me semblent si longues, alors qu'elles sont si peu nombreuses avant que je ne reprenne la parole. Avant que je ne tente de changer de sujet, de faire oublier cette phrase qui pourrait nous amener sur un terrain glissant.
« J’espère que c’était un compliment. » Evidemment. En réalité, ma phrase voulait plutôt dire « Bon sang ce que tu me manques, et bon sang ce que t'es attirant, beaucoup trop pour ne pas me donner envie de me ruer sur toi depuis le temps que j'en rêve. » Mais… La faire paraître pour un simple « Tu as l'air en forme » me convient autant. Peut-être plus, étant donné que je ne suis absolument pas en état de le provoquer sur quoique ce soit. Je sais que je serais le premier à craquer si c'était le cas. A faire quelque chose que je ne devrais pas, à aller trop vite, trop loin sûrement, à zapper la case discussion alors qu'elle est malheureusement nécessaire. C'était censé être plus facile que ça… « Tu l'espères tellement que je ne veux pas briser tes espoirs, monsieur parfait. » Ai-je l'air aussi ironique que sincère comme j'ai l'impression de l'être ? Je souris légèrement, haussant à mon tour les épaules. « Mais toi non plus, tu n’as pas changé… Même si…   »
Cette fois, tout mon corps se fige. Même si quoi ? A-t-il remarqué mes cernes ? Mes cheveux plus en bataille que d'habitude ? Mon air moins assuré ? Tendu, je l'observe, sans faire le moindre mouvement. Comme si cela allait alterer l'image qu'il a de moi. «  Même si tu m’as l’air plus pâle qu’avant. » Toujours figé, mes yeux restent dans les siens avant que je n'acquiesce lentement. Je savais que j'aurais dû faire quelque chose pour ça aussi… Et s'il ne me trouvait plus rien du tout ? Si je… Je ressemblais juste à une vieille connaissance ? Bon sang.
«  Tu veux… Qu’on aille quelque part ? » Mes sourcils se haussent avant même que je ne réussisse à penser à quoique ce soit, si surpris que j'en ouvre légèrement la bouche. Comment ça quelque part ? A-t-il lu dans mes pensées concernant ce que j'aimerais en réalité faire au lieu de parler ? «  Je veux dire… Boire quelque chose, ou je ne sais pas… Même si tu as déjà quelque chose à boire en fait… » Mes lèvres se scellent sur un sourire amusé, légèrement moqueur, avant que mes yeux ne se fixent sur le gobelet que je tiens entre les mains. Merde. « Euh, je... » Mais il continue. « C’est juste pour éviter que l’on reste ici, comme deux idiots plantés au beau milieu du trottoir… Même si ça me fait vraiment plaisir de te voir ! » Et sans réfléchir, je cherche une poubelle autour de nous. Mais qu'est-ce que je fais... « En réalité, il est vide. » Puis je l'y jette, ignorant mes mains brûlantes et le café que je n'ai même pas pu entamer. Je hausse un peu les épaules, lui offrant un sourire. « Ca me… » Me fait plaisir aussi. Tellement. « Je... » Coince ? Complètement. Comment ces mots-là sont-ils censés sortir en réalité ? Je n'ai jamais réussi à être expressif à ce point. Jamais… Sauf dans des situations extrêmes, ou différentes du moins. J'aurais pu, au téléphone, parce qu'il était loin, parce que j'avais mal rien que pour ça. Mais là… Là, face à lui, je n'arrive pas à lui dire de vive voix. J'ai toujours dû me mettre en colère pour exprimer vraiment ce que je ressens. Et honnêtement… Je n'ai pas envie de l'être, là tout de suite. Et sa phrase me parvient, comme le doux murmure du vent. « Parce que oui, tu m’as manqué autant que ça… » Le silence s'installe, mon coeur s'emballe. Est-ce qu'il vient vraiment de le dire ? Seigneur, je crois bien que oui. Je déglutis, n'entendant que les battements effrénés de mon coeur, comme si un bourdonnement remplaçait tous les sons de la rue. Complètement pris de court, je secoue la tête… « Je connais un restaurant pas très loin d'ici. Enfin, je pense que l'on aura besoin d'un taxi mais… Mais comme il commence à se faire tard… Tu as prévu quelque chose, ce soir ? » Comme retrouver Blake. Je me mords fortement l'intérieur de la joue, retenant ma respiration. Si nerveusement. « Viens, sinon on pourra dire adieu à une table à l'intérieur. » Puis j'étire un bref sourire, presque gêné, complètement intimidé. Quelques tremblements m'assaillent et, l'ayant dépassé en m'avançant vers la route, je ferme les yeux. La tête basse, je profite de ne plus lui faire face pour laisser traverser cette simple phrase. Cette stupide réponse. « Toi aussi… »
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() message posté Jeu 15 Oct 2015 - 17:34 par Invité
Tu n’as pas changé. Vraiment ? Ce n’était pas l’impression qu’il avait, pourtant, loin de là. Le commentaire fut suffisant pour le détourner, même brièvement, de ce qu’il venait tout juste de dire, et pendant une seconde il se demanda s’il n’avait réellement pas changé. Si tout ça, ça se passait simplement dans sa tête, ou si le simple fait de revoir le plus jeune avait réussi à effacer en quelques instants la lassitude, la tristesse qui lui courbaient le dos depuis son départ. Est-ce que cette impression de perdre pied n’était qu’intérieur ? Est-ce que ses mauvaises nuits n’avaient pas laissé de trace sur son corps à cet instant trop tendu ? Ou, réellement, était-ce sa simple présence qui lui faisait tant de bien, qui lui faisait oublier les dernières semaines, son mal-être et tout le reste ? Peut-être que oui, au final. Peut-être qu’il avait ce pouvoir sur lui, il n’en serait pas réellement étonné, au contraire. Depuis qu’ils se connaissaient – réellement, il voulait dire, et pas juste de loin, au détour d’un repas familiale à la table des Marshall – depuis qu’ils se parlaient, il avait réussi à avoir cette influence étrange sur lui, le faisant se comporter d’une manière bien différente de celle dont il avait l’habitude, lui faisant tomber des barrières qu’il avait mis si longtemps à dresser, à renforcer… Alors oui, au final, savoir que sa simple présence le faisait se sentir mieux, ça n’était pas tellement étonnant. Les quelques secondes dont il eut besoin pour réfléchir à ça suffirent à Clarence pour répliquer à son commentaire à moitié amusé, à moitié hésitant, « Tu l’espère tellement que je ne veux pas briser tes espoirs, monsieur parfait. » Cette fois, ce fut un sourire bien plus sincère et amusé qui étira ses lèvres et son regard se plissa légèrement, détaillant le sien avec plus de légèreté qu’auparavant. « Allons, je sais très bien que tu le pense vraiment mais que tu essaie juste de faire comme si. » Il taquina à son tour, le cœur un peu plus léger à cet instant qu’il y a quelques heures et ce, même s’il était bien loin d’être parfait.
Mais lorsqu’il enchaina, il ne put rater la tension qui naquit dans le corps de l’autre homme, son regard attentif qui le parcourait le notant immédiatement. Est-ce que ce voyage avait été épuisant ? Avait-il dormit au moins ? Correctement, tout du moins… Ses cernes semblaient lui souffler que non, sa pâleur ne faisait que le confirmer et il pinça les lèvres pour se retenir, pour s’empêcher de faire un commentaire plus précis. Pour ne pas l’interroger. Il avait peur de le faire fuir, peur qu’il mette un terme à la discussion et qu’il s’en aille s’il essayait d’en savoir plus. Il avait peur qu’il parte à nouveau, où en tout cas qu’il ne le laisse plus s’approcher de lui avant un moment. Il refusait juste de le perdre encore une fois, alors qu’il venait juste de le retrouver, de le revoir. Leurs regards plongés l’un dans l’autre, il se retint de se mordre nerveusement la lèvre sous la tension du moment, et il se contenta de les pincer légèrement quand Clarence acquiesça lentement, confirmant ses propos. Dieu que c’était dur de ne pas simplement franchir la distance entre eux pour le serrer dans ses bras, pour assouvir cet irrépressible besoin de le protéger, de le savoir bien ou mieux, en tout cas.

Pour s’empêcher de craquer, il changea de sujet pour un qui l’intéressait tout autant… Même s’il le formula très, très mal. Avant même que le plus jeune ne hausse les sourcils et qu’il entrouvre la bouche sous sa phrase, il avait compris les possibles double sens qu’elle contenait, et il tentait tant bien que mal  de s’en sortir sans s’enfoncer d’avantage… Ce qui était loin d’être gagné, au vu du sourire amusé qui étira les lèvres de son vis-à-vis, lui donnant l’envie très enfantine de se cacher quelque part de honte. Lui qui voulait simplement essayer de se retrouver dans un endroit un peu plus intime avec lui… Tiens, heureusement qu’il n’avait pas formulé cette pensée à voix haute, sinon il imaginait déjà les taquineries qu’il aurait eu à subir dans la foulée, Clarence étant toujours très prompt à réagir là-dessus. Evidemment. Même si ça faisait partie de son charme. Bref. «  Euh, je… » Il ne lui laissa pas le temps de continuer sa phrase, enchainant encore une fois d’un ton un peu nerveux – beaucoup, en réalité – et essayant de lui faire oublier ses interventions précédentes. En le voyant chercher quelque chose autour de lui, il fronça légèrement les sourcils, un peu perdu. « En réalité, il est vide. » Lentement, il cligna des yeux, le regard fixé sur la poubelle qui accueillit le gobelet dans la foulée. Vide ? Il était presque sûr qu’il y avait encore du café à l’intérieur, mais il n’en dit rien, un sourire hésitant apparaissant sur ses lèvres alors qu’il relevait les yeux vers lui. Ça lui allait parfaitement, à lui, s’il était vide. «  Ca me… » Il bougea un peu nerveusement, essayant au maximum de ne pas faire apparaître trop clairement l’espoir sur son visage et dans ses gestes « Je… » Il se mordit la langue pour ne pas le presser, pour ne pas le pousser à lui dire ce qu’il essayait de dire avec tant de mal, conscient qu’il s’agissait là d’un exercice bien compliqué pour lui.
Et à la place, ce fut une autre phrase, tellement pleine de sincérité et de vérité qui lui échappa sans qu’il ne le veuille réellement. Son propre cœur rata quelques battements quand il s’en rendit compte, et il ne se senti plus capable de soutenir son regard, ses yeux se détournant instinctivement pour errer avec nervosité dans la rue, comme si quelque chose pouvait soudainement apparaître pour détourner l’attention de son aveu, de cette vérité. Du coin de l’œil, il le vit secouer la tête, mais il refusa de le regarder directement, trop effrayé au fond pour en être capable. Pourquoi leurs retrouvailles étaient-elles ainsi placées sous le signe de l’inquiétude et la nervosité ? Pourquoi est-ce que ça ne pouvait pas être plus simple… « Je connais un restaurant pas très loin d’ici. Enfin, je pense que l’on aura besoin d’un taxi mais… Mais comme il commence à se faire tard… Tu as prévu quelque chose, ce soir ? » Immédiatement, il secoua la tête en signe de négation, comme s’il avait peur qu’il se rétracte et retire son offre s’il ne réagissait pas suffisamment vite. «  Non, rien du tout. Je n’ai rien prévu… » Et ça me ferait vraiment, vraiment plaisir de dîner avec toi. Cela faisait un moment qu’il n’avait plus rien de prévu le soir, et même s’il avait eu quelque chose, à cet instant, il aurait fait en sorte de s’en débarrasser. Parce que rien n’aurait pu être plus important que ce dîner imprévu avec lui. Rien du tout. «  Viens, sinon on pourra dire adieu à une table à l’intérieur. » En réponse à son sourire, un jumeau apparu sur les lèvres d’Andrew, tout aussi intimidé et gêné que lui, comme si à cet instant ils étaient deux ado sur le point d’avoir une sorte de premier rendez-vous. Un rendez-vous. Un dîner, carrément. Etait-ce normal de se sentir à ce point effrayé et en même temps excité à cette idée ? A moitié inquiet, à moitié impatient. Des sentiments tellement contraire, mais qui s’associaient pourtant tellement bien. Pour éviter de s’attarder là-dessus, il répondit d’une voix doucement amusée, «  Quoi, tu as peur d’avoir froid peut-être ?* » Secouant la tête, il inspira à nouveau profondément et s’apprêta à suivre Clarence quand celui-ci s’avança vers la route, mais les deux mots qu’il souffla le figèrent complètement. «  Toi aussi… » Il n’eut besoin d’aucune précision pour comprendre ce qu’il disait, pour comprendre ce à quoi il répondait, et une émotion intense le submergea, faisant s’accélérer son cœur d’un seul coup. Un sourire sincèrement heureux lui vint et il se mordit la lèvre. Il lui avait manqué aussi. Il n’était pas le seul à avoir souffert de la situation. Il lui avait manqué. La phrase tournait en boucle dans sa tête et il se décida enfin à lui emboiter le pas pour se retrouver à son niveau. Sans qu’il ne cherche réellement à l’empêcher, son bras se leva et sa main vint se poser doucement dans son dos, glissant jusqu’à son bras pour le serrer brièvement. Juste un contact, juste pour dire qu’il avait entendu, juste… Pour essayer de lui transmettre ce que ça provoquait chez lui.
Juste après, il fit signe au premier taxi qui passa et son regard dévia vers Clarence en attendant qu’il se gare, un sourire hésitant jouant toujours sur ses lèvres. «  Tiens, d’ailleurs… C’est pas trop dur de revenir à la cuisine anglaise, après avoir gouté à autre chose ? » Il lâcha ça d’un air un peu taquin, essayant au maximum de dissimuler le mélange de sentiments qui l’envahissait à cet instant, tout comme il essayait de cacher le stress qui montait doucement alors qu’une discussion plus qu’importante était en train de se profiler.

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() message posté Mer 4 Nov 2015 - 19:51 par Invité
Je ne sais pas ce qui est le plus ridicule. Ma gêne et ma nervosité si grande, ou bien ce jeu auquel on s'adonne lui et moi. Ce jeu du il ne s'est rien passé, nous sommes nous-mêmes et il n'y a aucun malaise entre nous. Celui qui me pousse à le taquiner un peu, à sourire de façon un peu crispé. Celui qui l'oblige presque à en faire de même. Et sur le moment, j'ai l'impression que ça fonctionne, parce que je me sens un peu mieux. Que ça me soulage, même si c'est éphémère. Depuis quand ma langue n'a-t-elle pas roulée ainsi pour le surnommer monsieur parfait, ou une autre provocation de ma part ? Trop longtemps, j'en ai bien peur. Et je n'en peux vraiment plus de cette distance entre nous, celle qui persiste bien qu'il se trouve enfin en face de moi. Comme si je l'avais emmené avec moi, comme si elle s'était collé à mon corps pour former une barrière entre celui-ci et le sien. Je ne peux m'empêcher de m'imaginer la franchir, ou d'espérer le voir le faire. Mais rien ne vient, comme deux idiots ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire. Comme deux idiots qui savent pourtant pertinemment qu'il le faudrait, qu'ils en ont envie tous les deux... Mais que les gestes manquent à l'appel. Je n'aurais jamais cru ce premier pas aussi difficile. « Allons, je sais très bien que tu le pense vraiment mais que tu essaie juste de faire comme si. » J’entame un léger rire, plus pour me détendre que parce que je le suis à ce moment-là. J'aimerais tellement ne plus avoir à faire semblant, m'alléger d'un poids qui ne semble pas me quitter, former ces mots brûlants sur mes lèvres qui en sont pourtant prisonniers. Mais au lieu de cela, je continue dans notre lancée et hausse un sourcil provocateur, secouant doucement mes épaules. « Ne me cherche pas Andrew, tu sais très bien que je gagne toujours à ce petit jeu. » Je le souffle plus que je ne le prononce, le fuyant immédiatement du regard tant je suis sincère à travers cette petite pique. Combien de fois l'ai-je provoqué ? Combien de fois ai-je d'ailleurs gagné ? Comme si rien ne pouvait me gêner, moi. Et pourtant, voilà à quoi j'en suis réduit. A ne pas le fixer dans les yeux, à souffler ma phrase d'une voix légèrement suave et pourtant tremblante de timidité. Ca ne m'a jamais ressemblé... Mais je ne peux m'empêcher de me dire que je n'ai jamais été aussi moi-même que maintenant, mélangeant ces deux Clarence que je me suis fabriqué. Plus le temps passe, plus je jongle de l'un à l'autre, retrouvant durant l'espace d'une seconde ma témérité face à lui avant de la perdre au profit d'un malaise presque positif. J'ai l'impression de retourner en enfance, ou plutôt en adolescence. J'ai l'impression de vivre ce que j'ai pu entendre à travers la bouche de tous mes camarades à l'époque, de vivre ce dont je me suis moqué toute ma vie. Cette nervosité qui fait battre le coeur, qui donne envie de faire des choses que l'on n'ose pourtant pas. Je les ai faites si souvent, pourtant, mais mon départ... Mon départ a tout chamboulé. J'ai toujours espéré retrouver ce que j'avais laissé ici, en Angleterre, mais maintenant, je me demande si ce n'est pas "mieux", dans un sens. Si ça ne m'aide pas à prendre mon temps, pour une fois, à faire les choses correctement. Même si face à ses déclarations, je me sens plus que penaud et totalement mal à l'aise, presque désemparé. Mon regard cherche souvent le sien, en vain, comme un soutien qui ne m'aurait de toute manière aucunement aidé. Ca me fait plus que plaisir d'entendre tout ça, ça me fait du bien. Et pourtant... Pourtant je n'arrive pas à l'exprimer. J'ai cette boule de sincérité qui se forme dans ma gorge, une boule trop grosse pour y franchir les parois. Pour être libérée. Elle grandit un peu plus et me serre la trachée, la rend brûlante. J'ai tellement de chose à lui dire, alors pourquoi je n'y arrive pas ? Evidemment, je sais à quel point je peux être nul pour ça, pour dire mes sentiments et les montrer comme il le faudrait. Mais ça ne m'a jamais dérangé jusqu'à maintenant. Ca ne m'a jamais rendu... Presque honteux de ne pas pouvoir formuler au moins le quart de ce que j'aimerais.

Alors j'essaie de me rattraper comme je le peux, de prendre les devants sur tout autre chose. Moi aussi je veux me retrouver un peu avec lui, même si cela signifie qu'une discussion délicate va faire son apparition dans la soirée. J'en ai besoin, et... Et je sais que j'en ai envie, aussi. Peu importe ce que cela signifiera, peu importe ce que cela apportera ou comment cela tournera pour moi et ma réussite légendaire avec ce genre de discussion. Il le faut, voilà tout. Donc, à défaut de le lui dire correctement, j'enchaîne sur une idée de restaurant en espérant très fortement qu'il n'ait rien d'autres à faire de sa soirée. Honnêtement, j'espère même qu'il ait quelque chose de prévu et qu'il l'annule, rien que pour moi. «  Non, rien du tout. Je n’ai rien prévu… » Pourtant, ces mots ne peuvent que me rassurer et je prends les devants, ne le montrant pas malgré le gros soupir de soulagement qui désire franchir mes lèvres. Est-ce que l'on aura à parler de Blake, ce soir ? Oui, sûrement... Après tout, il l'a trompé avec moi. C'est avec elle qu'il est, normalement. Avec elle. Une sensation amère et brûlante se forme au fond de ma gorge, s'installant dans mon estomac en laissant un poids lourd sur ma cage thoracique. Je n'ai pas à penser à ça, pas maintenant. Je viens à peine de le retrouver, je ne veux pas déjà me sentir mal alors que la discussion n'a même pas commencé. Le pire je crois, c'est que je ne me sens pas mal pour Blake. Même pas pour lui et son mariage qui aurait dû être parfait... Mais parce qu'il n'est pas à moi. Il ne l'a jamais été, et c'est ça qui me fait mal. Me râclant doucement la gorge, j'observe déjà la route lorsqu'il reprend. «  Quoi, tu as peur d’avoir froid peut-être ? » Mes sourcils se haussent alors qu'une chaleur familière envahit mon ventre. Me tournant à moitié vers lui, un sourire narquois se place sur mes lèvres, sans rien dire de plus. J'aurais aimé, mais sur le moment, je suis bien trop occupé à me torturer avec mes démons, à laisser une partie des mots que je voudrais prononcer se libérer et se faire entendre. Et ça me terrifie. Malgré tout ce qu'il vient de me dire, j'ai peur qu'il se moque de moi ou qu'il me repousse, un peu comme la première fois. Mes yeux se ferment fortement alors que je lui tourne le dos, mais son contact doux contre celui-ci et mon bras me les fait de nouveau ouvrir, un sourire sincère sur mes lèvres. Un frisson agréable me traverse, bien qu'il ne m'ait effleuré qu'à travers des tissus. Ca me manque tellement.
«  Tiens, d’ailleurs… C’est pas trop dur de revenir à la cuisine anglaise, après avoir gouté à autre chose ? » Sur le coup, je ne comprends pas ce qu'il veut dire par là et je l'observe un peu incrédule, avant de me reconnecter au moment présent. Peut-être que c'était une mauvaise idée que de me focaliser sur le contact qu'il vient de faire entre nous. J'entrouvre un peu les lèvres, puis hausse les épaules. « Oh mais tu sais, nous allons manger asiatique ce soir. J'ai le temps pour me remettre à cette nourriture anglaise. » Les phares du taxi m'éblouirent légèrement lorsqu'il s'arrête à notre hauteur, et j'esquisse un sourire en faisant un signe de tête à Andrew. Comme à mon habitude, je n'ai pas envie de perdre de temps, même si celui-ci est plus qu'agréable. Je ne suis pas particulièrement pressé d'entâmer "la" discussion, pourtant. Une fois à l'intérieur du taxi, je me glisse jusqu'au fauteuil d'en face, laissant ainsi Andrew monter à ma suite. Profitant du fait qu'il ne soit pas totalement focaliser sur moi alors qu'il effectue ses gestes, je murmure d'un ton satisfait: « Et qu'est-ce que tu ferais, si je te disais que j'ai effectivement froid ? » Peu importe la situation... Je gagne toujours, à ce jeu-là.
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() message posté Mer 4 Nov 2015 - 21:27 par Invité
C’était étrange un peu ; beaucoup ; cette manière qu’ils avaient d’agir. Andrew savait, il le ressentait au plus profond de lui, qu’il n’avait qu’une réelle envie, celle de le serrer tout contre lui, d’effacer la distance toujours insupportablement trop grande entre eux et de l’enfermer dans ses bras pour lui couper toute possibilité de fuir à nouveau, pour le sentir contre lui. Pour sentir son odeur et tout ce qui lui avait manqué durant sa trop longue absence. Et, quelque part, il espérait aussi que Clarence ressentait un peu les choses ainsi. Et pourtant ils étaient toujours là, à parler… à plaisanter, se taquiner même. Comme si de rien n’était, comme si la tension ambiante n’était que le fruit de leur imagination. C’était vraiment étrange, et en même temps Andrew n’avait à cet instant pas la force de briser ça, ce qu’ils avaient. Ça lui rappelait eux avant la douleur du manque, la douleur de la séparation, avant la douleur tout court. Et ça n’était pas bien, bien entendu que ça ne l’était pas. Ca n’était pas vrai, et ce n’était pas bon de se cacher la réalité surtout lorsqu’elle est si flagrante, si visible. Mais il voulait tout de même en profiter encore un peu, juste un petit peu. Juste assez pour rassembler suffisamment de courage pour passer à la suite, pour s’expliquer peut-être. Pour se disputer peut-être également, qui le savait ? Se retrouver ne voulait pas forcément dire que tout allait aller bien dans le meilleur des mondes. Loin de là, il en avait conscience. Le rire léger qui échappa à Clarence suite à sa légère boutade lui fit pourtant croire pendant une poignée de secondes que tout allait bien se passer, et un sourire se forma sur ses lèvres, simplement heureux. Il penserait au reste après, quand cet intermède la serait terminé, bien assez tôt à son gout. « Ne me cherche pas Andrew, tu sais très bien que je gagne toujours à ce petit jeu. » Il se mordit l’intérieur de la joue pour se retenir, mais quand son regard perdit celui du plus jeune, les mots s’échappèrent de ses lèvres sans qu’il puisse faire quelque chose pour l’empêcher, « Oh oui, ça je le sais très bien, ne t’inquiète pas… » Ce n’était qu’un murmure, suffisamment fort pour être entendu par l’autre homme, suffisamment chargé de … Trop de chose pour qu’il ne puisse pas se rendre compte qu’il se souvenait parfaitement de toute ses provocations, de tout ce que ça avait provoqué. Le meilleur comme le pire, d’ailleurs. Même si à cet instant, il avait plus l’impression que niveau provocation, c’est lui qui pour une fois pourrait gagner, vu qu’il ne le regardait même pas dans les yeux. Vu qu’il avait l’air tellement… Tellement… Timide. Adorable. Oui, ça le rendait juste adorable en fait. Et cette timidité mêlée pourtant d’une légère provocation remuait quelque chose en lui qu’il ne nommait pas à cet instant, trop pris dans ses réflexions pour ça. Trop pris dans tout ce qui se recréait entre eux. Sa langue passa sur ses lèvres dans un mouvement plein de nervosité et il se retenait d’en rajouter une couche, il se retenait de lui dire bien d’autre chose, à quel point il ne regrettait pas ce à quoi ses provocations les avaient menés, par exemple.
Ce sont d’autres mots qui sont prononcés à la place, des mots qu’il pense tout autant même s’il aurait aimé les dire autrement, et pas simplement lâchés dans un souffle mal assuré mais pourtant sincère. D’autres mots qui, sans qu’il n’arrive réellement à le réaliser, les mène finalement vers ce qu’il craignait et attendait tout autant. Un tête à tête entre eux, un diner juste pour eux deux, au restaurant. Une discussion qu’ils n’avaient que trop longtemps reporté à coup de regards et de bulles hors du temps. Une discussion qu’il craignait et qu’il avait pourtant envie d’avoir en même teps. Sa nervosité, il l’a sentait au fond de lui qui ne cessait de grandir et de gronder, prête à le déstabiliser à toute instant, prête à l’angoisser plus qu’il ne l’était déjà. Plus pour la contrer qu’autre chose, il lâcha une phrase taquine mais sans arrière-pensée à l’adresse de son compagnon ; ami, plus ? ; et c’est en croisant son regard narquois qu’il réalisa ce qu’il y avait derrière. Il se retint de toutes ses forces de rougir et détourna le regard le premier, tentant de conserver une façade imperturbable alors qu’un coup de chaud venait tout juste de l’envahir sans prévenir. Il n’était pas sûr de savoir s’il trouvait agaçant ou non cette impression de ne plus tenir sa libido en place en la présence du plus jeune. Ce qui lui arriva aux oreilles ensuite écarta cette interrogation bien loin de son esprit, et une chaleur beaucoup plus douce l’envahit pour ne plus le lâcher alors qu’il devait simplement retenir ce sourire idiot qui voulait prendre place sur ses lèvres. Il ne s’empêcha par contre pas de le toucher, légèrement et de façon très courte, mais juste pour le rassurer, se rassurer lui-même en même temps. Et parce qu’il en crevait d’envie, aussi, depuis trop longtemps. A nouveau, ses mots sont là pour tenter en même temps d’entretenir la conversation et l’empêcher de trop réfléchir, en même temps pour s’empêcher de trop s’appesantir sur ce contact entre eux, et il haussa un sourcil amusé face au regard incrédule qu’il se prit tout de suite après. Il n’était peut-être pas le seul à s’être perdu pendant un bref instant. «  Oh, mais tu sais, nous allons manger asiatique ce soir. J’ai le temps pour me remettre à cette nourriture anglaise. » Il haussa un sourcil à ces mots alors que le taxi arrivait, et il ne put empêcher une légère grimace de lui venir. Il n’avait rien contre la nourriture asiatique ; bien au contraire ; par contre il entretenait une très sympathique relation de haine avec les baguettes qui n’allaient que trop souvent avec. «  Prends tout ton temps pour t’y remettre, dans ce cas. » Il souffla malgré tout, n’étant lui-même pas particulièrement fan de la gastronomie anglaise. Il le laissa grimper dans le taxi en premier, son regard se focalisant directement sur lui sans qu’il n’ait pu s’en empêcher, détaillant le corps qui s’engouffrait dans la voiture avec une intensité qui l’aurait lui-même gêné si ça avait duré plus longtemps. Inspirant profondément pour se donner du courage pour la suite, il s’y glissa à son tour, s’installant près de son cadet. Il tendait la main vers la porte pour la refermer quand la voix satisfaite lui parvint, «  Et qu’est-ce que tu ferais, si je te disais que j’ai effectivement froid ? » Un murmure étranglé lui échappa et il lui jeta un coup d’œil vaguement incrédule et un peu écarquillé, ne s’y attendant absolument pas. Evidemment, qu’il ne s’y attendait pas. C’était la spécialité de Clarence. Et c’était très pratique pour faire naître un tas d’image trop intéressantes dans l’esprit du plus âgé qui détourna rapidement le regard. Il ferma la porte d’un geste un peu trop vif, essayant de faire passer le rouge de sa peau pour une réaction due au changement de température. « Tu… » Il se racla la gorge pour reprendre une intonation un peu moins rauque, «  Tu devrais donner l’adresse au conducteur. Sinon on va vraiment ne pas avoir de table. » Il déglutit légèrement et lui coula un regard en biais, hésitant. Osera, osera pas ? Il avait parfaitement conscience de ne pas jouer au même niveau sur ce terrain-là, mais en même temps, c’était tellement tentant… « Et si… Si tu avais froid, je suppose que ça serait mon rôle de faire en sorte de te réchauffer… « Il se mordit la lèvre et le regarda un peu plus franchement. «  A toi de voir si tu auras froid ou non… » Il n’était définitivement pas au même niveau, mais ça n’était pas si grave que ça, au final. Il avait même vraiment envie que Clarence ait soudain très froid.
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() message posté Jeu 5 Nov 2015 - 20:37 par Invité
Je ne sais toujours pas comment nous en sommes arrivé là. Entre la gêne, les mots à demi-avoués et un semblant de ce que nous étions avant, il y a ce jeu entre nous, celui de la provocation. Elle est légère, bien moins poussée qu'avant, mais elle est présente. Timide, presque douce, elle n'a rien à faire là mais elle semble nous correspondre un peu trop pour disparaître en un changement simple de sujet. Les phrases glissent, maladroites, entrecoupées de cette provocation qui ne dure jamais. Je n'arrive toujours pas à savoir si elle fait partie de ce ces faux semblants que l'on se donne, de cette attitude normale que l'on essaie d'avoir tous les deux l'un envers l'autre. Je ne sais pas si elle en est la cause, ou bien le fruit. Je ne sais même plus qui a ouvert cette porte en premier, bien qu'il doit sûrement s'agir de moi. Après tout, elle me correspond bien trop pour que je ne la laisse filer, même inconsciemment. J'ai tellement eut l'habitude de le chercher, de le provoquer, comme un réflexe qui referait surface. Et pourtant. Pourtant je me demande toujours pourquoi nous en sommes là, alors que sa phrase précédente sonne toujours dans mon crâne. « Oh oui, ça je le sais très bien, ne t’inquiète pas… » Son timbre de voix, l'ombre posée sur son visage à ce moment-là lorsqu'il a prononcé ces mots... Tout me reste en tête malgré le sujet de discussion qui n'a plus rien à voir avec cet égarement. Mais je suis perdu. Ou plutôt, il m'a perdu, entre le frôlement, les insinuations... Est-ce que je ne me fais que des films ? Ou bien... Ou bien lui aussi, il a bien trop pensé à moi pour ne pas s'égarer maintenant que nous sommes à nouveau l'un en face de l'autre ? Enfonçant mes mains dans ma veste, je profite du fait qu'il ne les voit pas pour les serrer, bouger nerveusement mes doigts entre eux. Je ne suis pas à l'aise, et c'est bien la première fois que ça m'arrive. «  Prends tout ton temps pour t’y remettre, dans ce cas. » Il me faut plusieurs secondes avant de comprendre que nous parlions cuisine anglaise. Je n'arrive plus à me focaliser sur ses mots, n'écoutant que sa voix et le ton qu'il prend à chaque intonation. J'ai presque envie de fermer les yeux et de respirer un bon coup pour calmer mes nerfs et mon ventre qui font désormais n'importe quoi, mélangeant ma nervosité trop forte à l'envie trop grande que j'ai d'achever cette distance entre nous. Un vrai supplice. Alors que mon frisson reste collé à mon échine, j'ai l'impression de faire attention à tous les détails existants de sa personne ou de son physique, et que le moindre de ces détails me poussent au vice. Les sourcils un peu froncés, je hoche simplement la tête pour répondre vaguement à ce qu'il me disait avant que je ne me perde - encore une fois - puis me met à fixer le taxi s'approchant de nous. Au moins, ça me permet de ne pas le fixer lui. Je n'ai jamais été d'humeur véritablement changeante, hormis lorsque ma patience atteint ses limites. Et encore, je n'ai jamais été une bombe à retardement, m'énervant doucement mais sûrement. Mais là... Hé bien, là, je ne sais même plus quoi penser, ou comment agir. Je ne sais même plus ce que je ressens exactement, ce qui prédomine. J'ai tellement rêvé de ses bras que le simple fait qu'il effleure le mien m'a fait perdre le fil des choses. Puis, il était si proche... Je peux encore sentir son parfum de là. Celui qui m'a toujours fait tourner la tête, celui qui m'endormait presque de bien-être lorsque nous étions tous les deux dans un matelas confortable. Je me retiens de déglutir, reprenant le cours des choses avec la sensation d'avoir tergiversé sur le comportement à adopter durant des heures, alors que je ne me suis déconnecté qu'une poignée de secondes. Le taxi face à nous, je redresse légèrement la tête et les épaules, puis m'y engouffre sans prendre la peine de traîner en grimpant à l'intérieur. Chose que j'avais parfois l'habitude de faire, lorsque nous devions en prendre un tous les deux. Encore une provocation qui m'échappe, aujourd'hui. Pourtant, ma tête ne se désemplie pas de tout ce qui m'occupe encore l'esprit, et malgré les vestiges d'une timidité que je me découvre, je ne peux m'empêcher de le provoquer une nouvelle fois. De revenir sur cette pente glissante, comme si j'étais mécontent de ne justement pas avoir glissé trop loin. De ne pas avoir dérapé un peu trop. Il y a cinq minutes, je voulais faire les choses dans l'ordre. Les choses bien. Maintenant, je crois que je m'en fous complètement.

Surtout en le voyant réagir à ma phrase, observant son regard interloqué avec délectation. Je suis sûr qu'à ce moment-là, je n'ai plus du tout l'air mal à l'aise. Peut-être est-ce stupide, mais j'ai l'impression d'être un cycliste qui se remet à pédaler pour la première fois depuis longtemps. Les provocations sont maladroites, un peu timides, puis au final une fois lancé... Elles redeviennent ma spécialité. Oh, je me sens toujours à la place d'un pré-ado qui vit sa première sortie, mais j'arrive au moins à ne plus y penser, à me focaliser sur sa façon de réagir plutôt que sur la façon dont moi je le devrais. Alors qu'il me regarde, surpris par ce que je viens de lâcher, je ne fais qu'étirer un sourire angélique, haussant un peu les épaules. « Tu… » Il se râcle la gorge, sûrement pour faire dissiper le rauque de sa voix qui ne m'échappe pas. J'ai fait mouche, on dirait. «  Tu devrais donner l’adresse au conducteur. Sinon on va vraiment ne pas avoir de table. » Je hausse un sourcil, l'observant une seconde avant de me pencher vers le conducteur pour lui indiquer l'adresse. Ca va, on a un bon quart d'heure devant nous. Si ce n'est plus, vu la circulation difficile à ces horaires-ci. Cela me laisse au moins le temps de me jeter dans mon propre piège. Et le pire, c'est que je le fais avec plaisir, oubliant soudainement toutes les résolutions que je m'étais forcé de prendre avant de le rencontrer à nouveau. « Et si… Si tu avais froid, je suppose que ça serait mon rôle de faire en sorte de te réchauffer…» Surpris de le voir relancer le truc lui-même, je me tourne doucement vers lui, faisant glisser la ceinture sur mon torse - sensation que j'ai toujours trouvé horripilante, à vrai dire. J'aimerais lui répondre, mais à ce moment-là, je bloque sur les mots qu'il a employé. Ce serait mon rôle. Mon rôle. Je sais que je me prends souvent la tête pour un rien, que je pense à trop de chose, que je réfléchis trop sur ce qu'il ne faut pas et inversement... Mais... A-t-il choisit ces mots au hasard ? Ou bien... Je n'en sais rien, à dire vrai, mais j'aime le fait qu'il se dise que ce soit son job. Comme si... Comme si en quelque sorte, son rôle était de s'occuper de moi. Je réprime le sourire qui me vient, baissant doucement le regard durant une poignée de secondes. J'aime à penser qu'il s'agit effectivement de son rôle, en réalité. «  A toi de voir si tu auras froid ou non… » Immédiatement, je redresse la tête vers lui, le fixant sans que ma gêne ne me pousse à faire le contraire cette fois-ci. Est-ce qu'il vient vraiment de me provoquer à son tour ? De relever le défi que j'ai silencieusement lancé tout à l'heure ? Me mordant la lèvre à mon tour, je fixe un peu trop les siennes en me repositionnant sur le fauteuil, me tournant un peu plus vers lui. « Hé bien... » Si j'ai froid ? Non, loin de là. En fait, j'ai même plutôt chaud depuis tout à l'heure, à cause de lui. Mais j'aime un peu trop l'idée de lui faire croire le contraire. Alors je tends doucement mes muscles, croise lâchement mes bras contre moi. « Je suis curieux de savoir ce que tu ferais vraiment pour ça. » Repris-je légèrement, comme si le sujet de discussion n'avait rien de... D'osé, je dirais. Puis, le fixant à nouveau dans les yeux, je me penche un peu vers lui. Le taxi est déjà en route et je suis sûr que le conducteur nous fixe d'un air un peu trop surpris, mais je m'en fiche complètement. « Parce que j'ai effectivement très froid. Le changement de température est un peu trop important, en revenant en Angleterre... » Murmuré-je d'un ton que je laisse volontairement suave, un sourire aux lèvres. Je sais que mes yeux ne sont pas aussi assurés qu'ils le pourraient, qu'ils l'étaient même avant mon départ. Je sais que je ne suis pas aussi entreprenant qu'avant. Mais je veux savoir. Je veux savoir à quel point il pourra me tenir tête. « Puis, toi, tu as l'air d'être chaud... Enfin d'avoir chaud, vu tes joues. Tu pourrais peut-être me servir de radiateur personnel. »
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Anonymous
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() message posté Jeu 5 Nov 2015 - 22:24 par Invité
Durant le bref moment de presque calme et de silence qui s’étira pendant qu’ils attendaient, puis pendant qu’ils montaient dans le taxi, les pensées d’Andrew s’égarèrent un nombre incalculable de fois. Tantôt, elles revenaient sur sa main qui avait frôlé le plus jeune quelques instants auparavant, et sur le fait qu’il aurait adoré que cela dure plus longtemps, quitte à même ne jamais le lâcher. Juste garder son bras dans son dos, sa main frôlant le creux de ses reins, son propre corps le frôlant de près. Même s’il savait que dans ce cas-là, il aurait été incapable de se retenir, incapable d’en rester là et de ne pas juste le garder contre lui pendant bien trop longtemps, refuser même qu’il s’éloigna de son propre chef. Il regrettait de n’avoir fait que le frôler, et ne parvenait même pas à se dire que c’était pour le mieux, que dans le cas contraire, le taxi serait sans doute reparti sans eux, les laissant enlacés sur le bord du trottoir. Et peu importait, dans son esprit et juste pour quelques instants, le regard des autres sur eux, sur lui. Peu importait puisque de toute façon il serait beaucoup trop perdu dans un autre monde en étant ainsi contre lui. Et puis, le reste du temps, ses pensées prenaient de l’avance sur le duo et se projetaient déjà plus loin dans la soirée, autour d’une table où ils seraient installés, leurs plats devant eux et leur regard se fixant, se détournant parfois sous des mots qui auraient appuyés sur une corde encore trop sensible ou sous une provocation supplémentaire, accompagnée de cette chaleur à laquelle il reprenait gout. Il n’était pas sûr d’apprécier ce bond en avant, cette inquiétude presque angoissante qui naissait au creux de son ventre alors qu’il essayait d’imaginer comment exactement cela allait se passer. Bien, mal ? Tranquillement ou violemment ? Avec des cris ? Par de simples murmures ? Des reproches, des promesses, des supplications… Des sourires, des rires… Du soulagement ou des regrets ? Il y avait tellement de possibilités, tellement de chemins qui s’étendaient devant eux et Andrew ne savait simplement pas dans lequel ils allaient s’engouffrer dans peu de temps maintenant. Il savait, ou pensait savoir du moins, lequel il préfèrerait. Un chemin qui les mènerait doucement mais surement vers quelques choses approchant ce qu’ils avaient vécu auparavant. Mais en mieux. En moins blessant, qui apporteraient moins de réflexions douloureuses, moins de regard perdu et moins de nuits blanches dans lesquels il se perdait dans ces pensées moroses. Un chemin au bout duquel Clarence serait encore à côté de lui, puisque désormais il refusait l’idée même qu’il le laisse à nouveau. Un chemin dont il espérait que le plus jeune le voulait aussi. Et bon sang, il n’était subitement plus si sûr que ça de vouloir arriver à ce restaurant. Comme un gamin, il craignait subitement l’avenir et avait envie de fuir, de prendre des détours, de retarder le moment fatidique. Est-ce qu’il était trop tard pour lui demander si, à la place, il ne voulait pas visiter Londres de fond en comble ? D’accord, en taxi ça leur reviendrait une petite fortune, mais honnêtement là il s’en fichait un peu.

Bien sûr il n’en dit rien. Ca n’était pas non plus comme s’il avait eu la possibilité de le faire, d’ailleurs, puisque la phrase soufflée par Clarence avait suffi pour complètement balayer ce qui flottait dans l’esprit du Von Ziegler. Que ça soit les angoisses ou bien le reste, d’ailleurs. Il savait, oh oui il le savait il le sentait, il le connaissait tellement bien, que Clarence était fier de lui à cet instant. Très fier de lui, et de la réaction qu’il avait réussi à provoquer chez son ainé. Il le savait, mais il n’arrivait simplement pas à minimiser l’impact des mots sur lui, son esprit ou son corps. C’était juste une phrase, mais elle avait parfaitement suffi à lui faire imaginer bien trop de chose pour eux deux. A lui faire vouloir bien trop de chose, aussi. Et le sourire angélique faussement innocent qui éclaira le visage de celui qui était à cet instant plus un démon tentateur qu’autre chose ne fit rien pour apaiser les choses. Au contraire. Il était tellement fier de lui le saligaud, Andrew en aurait presque franchement rit s’il n’était pas aussi perturbé. S’il n’était pas à cet instant en train de se débattre intérieurement pour en laisser passer le moins possible, sa pitoyable tentative pour faire comme si de rien n’était ne fonctionnant pas vraiment. Malgré tout, quand il se pencha pour donner la direction au conducteur, Andrew en profita pour inspirer profondément et discrètement et tenter ainsi de se reprendre… Un minimum. Il savait bien qui était le grand gagnant de ce petit jeu entre eux, mais ça n’était pas une raison pour ne rien tenter… N’est-ce pas ? C’est sur cette résolution un peu bancale qu’il se lança à son tour dans l’engrenage, inconscient du fait qu’il y avait peu de chance pour qu’il s’en tire indemne. Mais même s’il n’était pas le roi de la provocation, il n’en n’avait pas moins une fierté importante et surtout… Surtout un gout du risque et de l’interdit beaucoup trop présent quand il était près du plus jeune. Il le suivit du regard quand il se retourna vers lui, mal assuré mais essayant de ne pas le montrer. Un bref silence s’étira entre eux et si son regard fuyait parfois sans qu’il puisse s’en empêcher, il n’en détailla pourtant pas moins les réactions qui se  réfléchirent sur le visage de l’autre homme. Et dans le même temps, il réfrénait son envie de vouloir effectivement le réchauffer, le prendre contre lui. Encore une fois. Ne pas le lâcher. Toujours. S’occuper de lui… Quand il baissa les yeux, il enchaina doucement, un peu plus assuré et satisfait de le voir redresser la tête dans la foulée. Satisfait, et quelque part, espérant aussi une soudaine baisse de température dans l’habitacle, juste… Histoire de.
Quand le regard de Clarence glissa sur ses lèvres, il ne put s’empêcher de les humidifier nerveusement, faisant de son mieux pour ne pas l’imiter à son tour. Il se redressa par contre légèrement, agissant comme un miroir quand il se tourne un peu plus vers lui. Juste pour mieux le voir. Hé bien… » Il ignora de son mieux la chaleur qui lui montait encore légèrement aux joues, pas vraiment sûr qu’il avait effectivement rebondit sur la provocation. Il espérait que ça ne soit pas ridicule, en vrai. Il suivit ses mouvements avec attention, pas certains de comprendre.   « Je suis curieux de savoir ce que tu ferais vraiment pour ça. » Il entrouvrit les lèvres légèrement, mais ne répondit pas, bloqué. Ce qu’il ferait ? Eh bien… Eh bien… Il déglutit, baissa les yeux sur la banquette, les releva et ses mains recommencèrent à lisser des plis inexistants. Foutues manies, foutue nervosité parfaitement visible. Foutue chaleur, aussi. Quand il se pencha, cependant, Andrew se figea, son regard revenant à lui automatiquement, appréciant inconsciemment la distance qui s’amenuisait doucement entre eux. Son regard fixé dans le sien, il ne songea même pas au fait qu’ils n’étaient pas seuls, à cet instant. «  Parce que j’ai effectivement très froid. Le changement de température est un peu trop important en revenant d’Angleterre… » Son ton de voix le fit frémir légèrement, déglutir alors qu’il ne put s’empêcher de faire autrement que de se pencher vers lui, comme s’il souhaitait mieux l’entendre. «  Ha oui… ? » Lâcha-t-il, un peu absent, un peu bêtement. Complètement perdu pour quelques secondes. Ses yeux plongés dans les siens, il ne pouvait que constater les émotions qui les traversaient, tout comme l’inverse était sans doute vrai. Ce désir de provoquer, bien sûr. Cette assurance moins présente, également. Une certaine fragilité, une certaine timidité qu’il ne savait pas s’il l’imaginait à cet instant, mais qui l’hypnotisait complètement. «  Puis, toi, tu as l’air d’être chaud… Enfin, d’avoir chaud, vu tes joues. Tu pourrais peut-être me servir de radiateur personnel. » Et ses joues flambèrent de plus belle sous la nouvelle provocation, alors qu’il se mordait la langue, un peu plus figé qu’avant. Il déglutit – encore – et ses yeux se détournèrent, tentèrent de trouver un autre point d’accroche, quelque chose de suffisamment intéressant pour qu’il retrouve un peu ses esprits. «  J’ai chaud oui… Je suis surpris que toi non, il fait toujours trop chaud dans ces voitures. » Il lâcha d’un ton un peu étranglé, avant de le fixer à nouveau. «  Mais évidemment… Evidemment il faut un temps de réadaptation. Après tout, les températures ici sont rudes, n’est-ce pas ? Tu n’es plus habitué… » Il pencha légèrement la tête et plissa un peu les yeux sans se redresser, toujours tendu vers lui. « Je m’en voudrais de te faire attraper une maladie en t’exposant trop vite à une… Trop grande chaleur, tu comprends ? » Et dans son incapacité à se redresser se lisait clairement son envie de se rapprocher un peu plus et de se perdre dans la chaleur que l’autre – il n’en doutait presque pas – avait en quantité tout à fait honorable. Il ne savait même pas comment il trouvait la force de ne pas céder complètement. Il savait juste qu’il ne voulait pas perdre trop vite.
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