Rule number one, is that you gotta have fun. + EVAN.

Cher journal.
C'est la première fois que j'écris ici, à dix-neuf ans, c'est bizarre quand même. Mais il fallait que j'écrive pour laisser sortir mes pensées qui sont un peu brouillées. Pourtant je ne suis pas un jeune homme torturé, au passé difficile et à la condition familiale et de vie précaire. Non, je possède mon propre appartement financé par mes parents, je vais en cours, et je n'ai rien eu de particulièrement traumatisant dans mon enfance. Pourtant j'étouffe ici. Je ne sais pas si c'est la ville qui m'étouffe ou simplement ma vie, mais j'en ai marre. J'ai dix-neuf ans et j'ai l'impression de n'avoir rien vécu, de ne rien faire. Et pourtant mes journées sont remplies, entre mes cours d'art, mes moments où je vais photographier différents éléments de Londres, ou encore quand je me rends à la musculation, je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Pourtant, c'est le cas, et je ne sais pas quoi faire.
Seulement, je ne suis pas un garçon avide de sensations fortes normalement, j'ai vécu ma petite vie tranquille, je n'ai jamais eu de gros problèmes que ça soit dans les études, les amis, ou les amours. Mais il me manque quelque chose, cette envie de vibrer, d'être totalement retourné, plus complètement moi-même. Je crois que je veux vivre ça, un évènement qui m'ébranle totalement, qui me fait voir la vie autrement, qui me fait penser différemment, qui me transforme. Je ne sais pas si c'est un voyage qu'il me faudrait ou simplement que je me bouge afin de vivre des choses plus folles, mais j'en ai besoin. C'est totalement stupide d'un côté non ? Je me plains d'avoir une vie trop simple, trop rangée, sans rien qui m'a forgé; alors que je sais que certains ont vécu des choses difficiles et donneraient tout pour avoir eu un passé simple et heureux. Parce que oui, je me plains, mais je n'ai pas eu une mauvaise vie au contraire. Mes parents m'ont donné tout l'amour dont j'avais besoin, ils cédaient à beaucoup -trop- de mes caprices, et même encore maintenant ils sont aux petits soins avec moi. Je poursuis des études qui me passionnent, j'aime la photographie, figer un instant, sur un papier, faire ressortir les couleurs pastels de notre monde. Je suis réellement accro à mon appareil photo, je ne m'en passe quasiment jamais. Je pense que si je n'aimais pas tant les paysages que m'offre Londres, cela ferait longtemps que je serai parti à la recherche d'une petite étincelle pour pimenter ma vie. Puis j'ai ma famille ici, et je ne me vois pas les abandonner sans un objectif concret. Alors je reste coincé ici, à me morfondre au lieu de me bouger.
Enfin c'est vrai quoi. Le plus débile dans l'histoire c'est sûrement moi. Au lieu de profiter de la vie et de ce qu'elle peut m'offrir, j'écrivais à un vulgaire journal qui ne me répondrait jamais. Etais-je devenu à ce point pathétique ? Moi qui en temps normal, respirais la joie de vivre, là j'étais en train de m'enfermer dans un malaise personnel tout simplement débile.
Je devais simplement sortir de cette chambre, et prendre mon destin à deux mains. Je devais vivre la vie dont j'avais envie, celle qui me plairait. Je devais rechercher moi-même ce chamboulement, ne pas me priver, vivre mes rêves et mes envies les plus fous peu important les conséquences. Après tout, à quoi cela servait de vivre si je ne profitais pas à fond, si je ne me permettais pas mes désirs les plus profonds ?
C'est sur ces mots que je vais refermer ce journal, et que j'espère je ne l'ouvrirai plus jamais. Sans rancune Journal hein, mais là je vais aller profiter à fond et peut-être enfin ressentir les émotions que je recherche.