La capitale londonienne était plongée dans la pénombre. Les quelques lampadaires allumés dans la longue rue principale du quartier de Shoreditch éclairaient faiblement les trottoirs ainsi que les bâtiments qui les longeaient, tout juste assez pour qu’Andy puisse voir où elle mettait les pieds. Ainsi, lorsqu’elle sortit de l’appartement de son frère vers minuit après avoir dîné à ses côtés, la brunette s’empressa de gagner la première bouche de métro avant de marcher rapidement – à la limite de la course – en direction de sa demeure. A cause de ses escarpins, elle avait terriblement mal aux pieds et finalement, elle arriva devant la porte de son appartement pieds nus, ses chaussures dans sa main. Quelle idée d’avoir voulu enfiler des talons pour une simple soirée avec Robbie. Souvent, la jeune femme se maudissait pour ce genre d’absence de lucidité. En plus de parfois faire preuve d’un non bon sens à s’en damner, elle était aussi très distraite et tête en l’air. En effet, ce n’est qu’après avoir retourné son sac en long, en large en travers et même vidé le contenu négligemment par terre qu’Andrea réalisa qu’elle n’était pas en possession de ses clés, probablement oubliées chez Robbie. Pourquoi ce type de situation lui arrivait toujours à elle ? Evidemment, elle vivait seule et n’avait personne à appeler pour venir à son secours. La présence d’un colocataire à la maison s’avérait dorénavant vitale, en plus du loyer à partager afin d’éviter de futurs problèmes financiers, s’ajoutait maintenant à la liste le souci des clés oubliées (ou perdues). Réprimant une envie de pleurer et à la fois crier tellement elle avait l’impression d’être au bout de sa vie, la brunette se laissa glisser contre le mur du couloir, réfléchissant à une solution. Il était près d’une heure du matin, ses pieds souffraient le martyr, hors de question de retraverser Londres. Appeler Robbie pour que lui-même vienne lui apporter ses clés ? Non, il ne fallait pas abuser. Au pire, elle n’aurait qu’à dormir sur le pas de sa porte, ce n’était pas si terrible, si ? A moins que… une illumination venait soudainement de traverser l’esprit d’Andy. Ni une ni deux, la jeune femme se releva, sortant de son immeuble tout en tournant sur la prochaine rue à gauche. Elle ne mit pas longtemps à se retrouver devant la porte de Jake, mais ce n’est que lorsqu’il lui ouvrit et que leurs regards se croisèrent que la brunette se rendit compte à quel point son idée avait été ridicule. La bouche entrouverte, cherchant ses mots, ses prunelles se posèrent sur son poignet ; sans ménagement, elle retira la montre qu’elle portait à son bras. « Tiens, la montre que tu m’avais offerte. Je peux plus supporter de la voir alors je préfère te la rendre. » siffla-t-elle d’un air hautain, lui balançant sans délicatesse la dite montre. Faisant quand même attention à ce qu’il la rattrape correctement, elle s’éloigna alors dans le couloir d’un air théâtral, la peau nue de ses pieds frottant la moquette du couloir avant de finalement revenir à petits pas. Elle était presque soulagée de voir que Jake était toujours dans le couloir. Elle devait à tous les coups passer pour une folle et pourtant, elle n’avait pas bu une seule goutte d’alcool. « Bon, ok, j’avoue, je viens pas pour ça. Justement, cette fichue montre est super utile, tu ne peux pas savoir à quel point ça m’énerve de te la redonner. » admit-elle, le regard fixé sur la montre qu’il tenait toujours entre ses doigts. Si cela avait été un cadeau romantique à l’époque, aujourd’hui, elle ne le considérait plus comme un objet à valeur sentimentale mais plutôt comme quelque chose de très utilitaire. Elle n’avait absolument pas honte d’encore porter quelque chose que son ex lui avait offert. « La vérité c’est que-- j’ai oublié mes clés chez mon frère, mais il habite à Hammersmith et j’ai vraiment pas le courage d’y retourner. Du coup, je voulais te demander s’il était possible que tu m’héberges chez toi, juste pour ce soir. » En revanche, lui demander cette faveur, c’était pire que l’affiche. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, c’était loin d’être une tentative de reconquête. Jake était simplement l’une des seules personnes qui habitaient dans son quartier dont elle était – ou plutôt, avait été – proche, au point de lui demander de passer la nuit chez lui. Elle avait songé à d’autres personnes, comme Chase (ironie quand tu nous tiens) mais étant donné que cette dernière habitait déjà avec d’autres personnes, Andy n’avait pas voulu s’immiscer. C’était suffisamment gênant comme cela. « Je me ferai discrète. Dès les premières lueurs du jour, je repartirai, je te le promets. Je peux dormir sur le canapé, si tu veux. » Se mordillant la lèvre inférieure, elle se frottait nerveusement le bras de sa main libre tout en ayant le regard rivé vers le sol, trouvant soudainement un intérêt fou au paillasson de Jake.
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Lun 6 Juil 2015 - 9:29 par Jake O. Cavendish
Sometimes I wish for falling wish for the release wish for falling through the air to give me some relief because falling's not the problem when I'm falling I'm in peace it's only when I hit the ground it causes all the grief ✻✻✻ Il y a déjà quelques heures que le soleil s’est caché et a laissé place à l’obscurité de la nuit. Il y a déjà quelques heures que la plupart des habitants se sont endormis. Mais Jake est toujours sur son ordinateur, en train de travailler. Il est sur un gros dossier et ne veut pas perdre une seconde. Il a quitté les bureaux en dernier et a trouvé une nouvelle information pendant qu’il mangeait un paquet de chips en guise de dîner. Il scrute plusieurs sites, actualise souvent, prend des notes. Il prépare tout ce qu’il faut pour pouvoir finir son reportage à la première heure demain matin. Sur ce genre de cas, il sait qu’il doit être parmi les premiers. A vrai dire, il adore être le premier, quel que soit le sujet sur lequel il travaille. Lorsque son estomac se fait entendre à nouveau, il ouvre un nouveau paquet de chips et grignote tout en travaillant. Il sait bien que ce ne sont pas de bonnes habitudes. C’était le genre de choses pour lesquelles sa mère le disputait quand il était enfant. Mais il n’a pas de temps à perdre et surtout, il ne saurait même pas quoi se faire à manger. Il pourrait commander quelque chose, une pizza ou un plat chinois mais il est déjà tard. Il prendra un petit déjeuner copieux demain matin, voilà tout. Enfin s’il n’a pas quelque chose d’autre à faire le moment venu. Il ne se rend même pas compte qu’il finit par somnoler. Il est réveillé en sursaut par la sonnette. Il ne sait pas combien de temps il a dormi, suffisamment pour que son ordinateur s’endorme, lui aussi. Il se passe une main sur le visage alors que son regard se pose sur l’horloge accrochée au mur. Il est plus de minuit. Il pense avoir rêvé lorsqu’il entend un coup à la porte cette fois. Il se lève, se demandant qui ça peut bien être. Mais jamais, au grand jamais, il ne se serait attendu à trouver Andy devant sa porte. En plus de son air fatigué, l’étonnement doit se lire sur son visage. Il ne dit rien, essayant de comprendre ce qu’elle fait là. Mais il a beau réfléchir, il n’en a aucune idée. « Tiens, la montre que tu m’avais offerte. Je peux plus supporter de la voir alors je préfère te la rendre. » Il rattrape in extremis la montre qu’elle lui lance presque, toujours aussi confus. Il regarde la montre alors qu’elle s’éloigne dans le couloir. Sérieusement ? Il la savait impulsive, il avait connu ses accès de colère – sûrement mérités – mais venir frapper chez lui à une heure pareille pour lui rendre une montre qu’il lui avait offert ? Il ne l’aurait pas pensée capable de ça. Surtout quand ils ne se sont que peu croisés depuis qu’ils ont rompu. Il n’a le temps de rien dire ou faire qu’elle revient finalement sur ses pas. Elle a l’air d’hésiter. Comme si même elle ne savait pas ce qu’elle faisait. « Bon, ok, j’avoue, je viens pas pour ça. Justement, cette fichue montre est super utile, tu ne peux pas savoir à quel point ça m’énerve de te la redonner. » C’est plus fort que lui, Jake sourit légèrement. Cette impulsivité, il avait adoré ça chez elle, au début. Quand ils l’étaient ensemble. Et puis quand ça s’était retourné contre lui, ça avait perdu tout son charme. Parce qu’ils passaient leur temps à se disputer. Il l’interroge du regard, toujours pas certain de ce qu’elle fait sur le pas de sa porte. « La vérité c’est que-- j’ai oublié mes clés chez mon frère, mais il habite à Hammersmith et j’ai vraiment pas le courage d’y retourner. Du coup, je voulais te demander s’il était possible que tu m’héberges chez toi, juste pour ce soir. » Clairement, il ne s’attendait pas à une telle requête de sa part. Ils ne se sont pas vraiment quittés en bons termes et il est étonné qu’elle lui demande un service. Il doute que ça soit facile pour elle. Du coup, il ne comprend pas qu’elle ne soit pas allée frapper chez quelqu’un d’autre. « Je me ferai discrète. Dès les premières lueurs du jour, je repartirai, je te le promets. Je peux dormir sur le canapé, si tu veux. » Elle ne semble pas avoir d’autre choix alors Jake se décale pour la laisser passer. « Entre. » Fait-il. Il ne va tout de même pas la laisser dormir dehors. Même s’il va sûrement le regretter. Il ne connait que trop bien le caractère de la brune. Il se dit qu’il lui doit bien ça. Il sait bien qu’il est le principal responsable de la fin de leur relation. Il referme la porte derrière elle, se passe à nouveau la main sur le visage. La situation parait tellement surréaliste qu’il se demande s’il ne rêve pas. « Tiens, reprends ta montre, c’était un cadeau de toute façon. Et je ne suis pas certain que la taille soit bonne pour moi. » Qu’il dit en montrant son poignet. Il ne voit pas pourquoi il garderait sa montre. Et il connait la fierté d’Andy, elle ne risque pas de la lui redemander, même si elle en a besoin. « Le canapé n’est pas vraiment confortable pour dormir, j’te conseille plutôt la chambre d’amis. Mais j’crois qu’il faut mettre les draps, personne n’a dormi là depuis longtemps. » Il est un peu gêné. Ils ne sont pas vraiment restés proches après leur rupture. Il ne sait pas comment il doit se comporter avec elle. Surtout quand elle débarque chez lui au milieu de la nuit, sans prévenir. « Sauf si, en fait, t’es venue pour dormir dans mon lit. » Il ne résiste pas. Il sourit en la regardant. Il a bien le droit de penser ça non ? Une ex qui débarque en plein milieu de la nuit, ça peut porter à confusion.
(✰) message posté Mer 26 Aoû 2015 - 23:55 par Invité
Bon sang, il n’y avait qu’Andy d’assez tordue pour venir frapper à la porte de son ex à une heure pareille. On lui avait toujours dit qu’elle pouvait agir avec stupidité sous le coup de l’impulsion, et pour cause, c’était dans ce genre de moments qu’elle se rendait compte qu’on ne faisait que lui dire la vérité. Quelle abrutie. Non seulement c’était humiliant et gênant, mais en plus de cela, ça paraissait complètement insensé. L’espace d’un instant, elle retint sa respiration, à moitié certaine de ce qu’allait lui répondre Jake. D’un côté, en dépit de leur relation actuelle, elle le savait assez bienveillant pour accepter sa requête. De l’autre, il avait mille raisons de la lui refuser. Et s’il était avec quelqu’un en ce moment même, genre… une fille ? Le temps qu’elle réfléchisse à cette éventualité, il lui ouvrit la porte. Ne se retenant pas pour lâcher un petit soupir de soulagement, Andy s’avança, pénétrant alors doucement dans l’appartement. « Merci. » D’un air faussement timide, elle balayait le séjour du regard, portant une attention particulière à la décoration. Rien n’avait changé depuis la dernière fois qu’elle y avait mit les pieds. Aucun meuble bougé de place, aucune lumière modifiée, aucun mur d’une autre couleur. Revenir dans cet endroit était à la fois étrange et rassurant. Pour une quelconque raison, Andy s’était toujours sentie bien dans l’appartement de Jake. L’endroit dégageait quelque chose de chaleureux, cosy, a mille lieues de son petit studio d’artiste à deux francs, complètement en désordre. Encore dans la contemplation des murs qui l’entouraient, elle sursauta légèrement lorsque son ex petit ami reprit la parole. « Quel gentleman. » se permit-t-elle de répondre avec sarcasme en renfilant la montre sur son poignet, avant de lui faire un bref signe de tête pour le remercier. Elle ne désirait pas non plus passer pour une fille ingrate, il venait quand même de lui offrir le gîte et de lui redonner la montre. Seulement, dire ‘merci’ à Jake deux fois de suite n’était pas naturel en raison de leurs rapports dorénavant tumultueux. « Ton lit était plutôt agréable, dans mes souvenirs. » lâcha-t-elle d’un air détaché, sans réellement faire attention à l’allusion qu’il lui faisait, ni aux mots qui s’étaient échappés d’entre ses lèvres rosées avec une spontanéité déconcertante. Une poignée de secondes plus tard, la voilà, écarquillant les yeux en se rendant compte de la belle perche qu’elle venait de lui lancer. « C’est pas ce que je voulais dire, » tenta-t-elle de préciser, un regard réprobateur en sa direction. « Ne vas pas t’imaginer des trucs. Je parlais du matelas. » Quoique les activités sur le matelas étaient tout aussi agréables, mais là n’était pas le sujet. Le rôle de l’ex encore éprise, c’était loin d’être sa tasse de thé, question de fierté, mais aussi de vérité. Oui, Jake avait compté. Beaucoup, à une certaine période. Et puis il s’était envolé. Comme ça, d’un battement d’aile. Comme la plupart des relations amoureuses qu’Andy essuyait depuis un bon moment. La mine toujours boudeuse, elle jeta un coup d’œil au couloir. « Tu ne me vends pas très bien ta chambre d’amis ceci dit, j’ai l’impression de devoir dormir dans un château hanté. » Elle ne se disait pas particulièrement superstitieuse, mais la façon dont Jake avait présenté les choses ne la rassurait pas trop. « ‘Longtemps’, ça veut dire depuis combien de temps ? Il n’y a rien dont je devrais m’inquiéter… n’est-ce-pas ? Pas d’araignée dans les coins de murs, ni d’objet marabouté ou quelque chose de ce genre, hein ? » Elle paraissait plus angoissée qu’il ne le fallait, déjà terrifiée à l’idée de rencontrer une petite bestiole entre quatre murs. Andy avait une imagination débordante, elle avait aussi des tendances légèrement paranoïaques et tirait beaucoup de conclusions hâtives. De ce fait, une simple phrase pouvait se révéler source de débat interminable. Pas vraiment enchantée à l’idée de tout de suite aller se coucher dans l’équivalent de la chambre des secrets de son ex, la jeune femme préféra se diriger vers le salon. En dépit de l’heure tardive, elle ne ressentait pas l’envie d’immédiatement dormir, bizarrement. La petite brune ne voulait pas se montrer envahissante, encore moins impolie auprès de Jake mais quelque part, elle se permettait tout de même inconsciemment une forme de liberté chez lui. Posant ses escarpins au sol, elle s’assit sagement sur le canapé, n’osant cependant pas s’affaler grossièrement alors qu’au fond, elle mourait d’envie de se laisser tomber sans grâce à cause de ses pieds qui lui faisaient encore un mal de chien. « J’espère que je ne te dérangeais pas quand j’ai débarqué. » Andy essayait tant bien que mal de se rattraper, de s’excuser par rapport à sa visite inattendu au beau milieu de la nuit ; maladroitement, certes. Mais en plus de cela, elle voulait également faire la conversation pour ne pas qu’un silence glacial ne s’installe dans la pièce, chose qu’elle détestait. C’était toujours bizarre d’essayer de parler avec un ex petit ami. On est proches au début et étrangement, dès que la rupture sonne, c’est comme si l’on ne partageait plus rien avec cette personne. Son regard marron se posa sur la table, puis sur l’ordinateur portable qui y traînait dessus, le clapet encore ouvert, signe que Jake avait du bosser récemment. Comme d’habitude, comme avant. Andy posa ses mains sur ses cuisses et se mordit l’intérieur des joues, tentant de réprimer la question qui lui brûlait les lèvres, en vain. « Dis, t’en as pas marre parfois, de bosser autant ? » Ça sonnait comme une attaque mais pourtant, c’était juste une interrogation, cachant peut être des vérités un peu plus profondes. Regrettait-il d’avoir fait passer sa vie professionnelle avant Andy ?
Jake O. Cavendish
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(✰) message posté Lun 31 Aoû 2015 - 11:39 par Jake O. Cavendish
Sometimes I wish for falling wish for the release wish for falling through the air to give me some relief because falling's not the problem when I'm falling I'm in peace it's only when I hit the ground it causes all the grief ✻✻✻ On ne peut pas vraiment dire qu’Andy et Jake soient restés en bons termes. Après leur rupture, ç’avait été compliqué. Déjà avant à vrai dire. Désormais, il est rare qu’ils se voient ou se parlent. Toute conversation se terminant sur une dispute et/ou une porte claquée, c’est sans doute plus simple ainsi. D’arrêter de se voir, tout simplement. Sauf que ce soir, Andy décide de venir directement frapper à sa porte. Il a du mal à comprendre pourquoi c’est ici qu’elle a choisi de venir. Ils ne sont pas amis, plutôt loin de l’être en fait et elle doit bien connaître d’autres personnes dans le quartier. Peut-être est-il son dernier choix. Ça semblerait logique. Connaissant la fierté de la jeune femme, il n’aurait pas été surpris qu’elle choisisse de dormir dehors plutôt qu’avouer à un ex qu’elle est à la rue. Peu importe, Jake ne peut pas lui refuser ça. D’abord parce qu’il ne va pas la laisser à la porte. Et ensuite parce qu’il s’en veut peut-être un peu de la façon dont les choses se sont terminées entre eux. Il n’était pas irréprochable dans l’histoire, au contraire. Il peut bien faire ça pour elle. Ça n’est qu’une nuit après tout. « Ton lit était plutôt agréable, dans mes souvenirs. » Il la regarde, un peu surpris qu’elle dise ça. Pas son genre d’avouer une telle chose. D’habitude, elle l’aurait plutôt rabaissé. Dit qu’elle s’ennuyait au lit avec Jake, alors qu’ils savent tous les deux que, sur ce point, ils s’entendaient plus que bien. Sans doute est-elle trop fatiguée. « C’est pas ce que je voulais dire, Ne vas pas t’imaginer des trucs. Je parlais du matelas. » Elle n’avait vraiment pas réalisé le sous-entendu pas franchement caché ? ça serait tout de même surprenant. « Si tu le dis. » Bien sûr qu’il profite. Comment ne pas le faire ? Et même si elle n’avait pas compris au début, elle n’a pas non plus démenti après. « Tu ne me vends pas très bien ta chambre d’amis ceci dit, j’ai l’impression de devoir dormir dans un château hanté. » Ah oui ? Il ne l’a même pas fait exprès. C’est vrai qu’il n’y a eu personne depuis longtemps dans cette chambre et, forcément, il y passe moins souvent pour faire le ménage. Déjà qu’il manque souvent de courage pour le reste de l’appartement, il ne va pas passer des heures dans une chambre inoccupée. A moins de savoir que quelqu’un va y dormir bientôt, bien entendu. Sans avoir été prévenu, il ne pouvait pas savoir qu’Andy passerait cette nuit. « ‘Longtemps’, ça veut dire depuis combien de temps ? Il n’y a rien dont je devrais m’inquiéter… n’est-ce-pas ? Pas d’araignée dans les coins de murs, ni d’objet marabouté ou quelque chose de ce genre, hein ? » Il sourit, amusé par les craintes de son ex. Les objets magiques ou autres, ça ne risque pas. A moins qu’une sorcière ait élu domicile dans sa chambre d’amis mais il serait quand même au courant. Par contre, pour les araignées, ça reste une possibilité. Ces bestioles s’incrustent partout. « La dernière personne à avoir dormi là… ça devait être un copain qui avait bu trop de bières. C’était vers Halloween je crois. » Souvenir qu’il retourne chercher loin. Même les membres de sa famille préfèrent rester chez sa mère lorsqu’ils viennent sur Londres. Sans doute l’attrait des bons petits plats préparés avec soin. « Tu n’as jamais vu l’intérieur de la chambre, quand on était ensemble ? » En soi, ça n’est pas si surprenant que ça. Lorsqu’elle était chez lui, ils étaient majoritairement dans la chambre de Jake. Et quand ils se disputaient – ce qui était assez fréquent sur la fin – elle ne prenait pas la peine de dormir dans son canapé ou dans la chambre d’amis. Elle se contentait de claquer la porte derrière elle et de rentrer à son appartement. Il l’observe aller s’assoir dans le canapé. Apparemment, la seconde chambre ne doit pas l’attirer plus que ça. Il s’avance lui aussi, toujours pas très sûr de ce qu’il doit penser de la présence d’Andy chez lui. « J’espère que je ne te dérangeais pas quand j’ai débarqué. » Il pose à nouveau son regard sur elle. C’est maintenant qu’elle s’en inquiète ? Enfin ça ne le surprend pas tellement. Il se souvient de l’impulsivité de la jeune femme. De sa façon d’agir avant de réfléchir aux conséquences. A l’époque, c’était un trait de caractère qui lui plaisait. Peut-être l’est-ce toujours. « Non, j’étais juste en train de… » De travailler en fait, comme toujours. Bon il s’était endormi en le faisant mais au départ, il était en train de bosser sur un sujet important, comme il en a souvent. Mais il ne le dit pas. Parce que c’est un sujet risqué avec Andy. Pendant les derniers moments de leur relation, c’était ce qu’elle lui reprochait souvent. De travailler sans arrêt, de ne plus assez s’occuper d’elle. Sans doute avait-ce été le cas. Il ne dit rien mais elle devine quand même. L’ordinateur est encore ouvert, juste devant elle. Alors qu’il s’apprête à changer de sujet – n’importe lequel sauf celui-ci – elle le prend de vitesse. « Dis, t’en as pas marre parfois, de bosser autant ? » Cette fois, il n’y a pas le même ton dans sa voix. Elle semble presque résolue. Mais il sait qu’elle lui en veut encore. Elle a sûrement raison. Il avance dans le salon et referme l’ordinateur avant de s’assoir à ses côtés. Un geste qu’il n’a pas fait assez souvent lorsqu’ils étaient encore ensemble. « Il y a toujours des choses à faire, c’est ça d’être journaliste. » Pourtant, il y a quand même eu des fois où il parvenait à décrocher. A faire autre chose de son temps libre. Au début de sa relation avec Andy, c’était le cas. Et il était progressivement retombé dans ses vieilles habitudes. Bien trop accro à son travail pour s’en passer assez longtemps. Mais au fond, il sait qu’elle a raison. Et que lui, a eu tort de faire plus attention à son travail qu’à leur relation. Sauf qu’il ne lui dit pas. Il ne lui dit jamais ces choses-là. « T’es pas la seule à penser ça. J’crois que ma mère et ma grande sœur en ont marre aussi. Elles m’ont offert des vacances pour août, histoire que je décroche un peu. » Si la croisière ne leur avait pas coûté aussi cher, il ne sait pas s’il aurait accepté. Mais sans doute que ça lui fera du bien de changer un peu d’air. Il n’a pas grand-chose à perdre, sinon quelques scoops. Comme le font les autres journalistes qui, eux, prennent des vacances. « Tu veux boire quelque chose peut-être ? Je dois avoir des bières au frigo et sinon d’autres alcools dans les placards si tu veux quelque chose de plus fort. » Pressé de changer de sujet, c’est la seule chose qu’il a trouvé en aussi peu de temps. Proposer de l’alcool à son ex qui débarque en plein milieu de la nuit pour éviter les reproches, ça, il n’y a que lui pour le faire.
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