"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici tell me how we became so hollow. (eugenia) 2979874845 tell me how we became so hollow. (eugenia) 1973890357
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tell me how we became so hollow. (eugenia)

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() message posté Sam 16 Mai 2015 - 22:04 par Invité
she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and finds lips to spit them into. everything she sees is in black and white. ▴▴▴ « J’ai besoin de te parler. » Sa voix n’avait été qu’un murmure, ses mots à moitié coincés dans sa gorge qui ne cessait de se resserrer. Elle avait l’impression de s’être réveillée il y a quelques minutes à peine, ses paupières étant lourdes, sa bouche sèche. Pourtant, elle avait passée des heures éveillée, allongée dans son lit, une main pressée contre son ventre, la peau de ses joues asséchées par les larmes qui y avaient coulées, silencieusement. Elle avait passée des heures éveillée, cédant difficilement au sommeil, qui ne l’avait emportée que quelques courtes heures, pour finalement la laisser seule avec le chaos de ses pensées. Elle avait vainement essayé de les trier, de leur donner un sens, avant d’abandonner, lâchement, pour se laisser emporter par les vagues que constituaient à présent ses songes. Elle avait abandonné, fatiguée, épuisée par son propre esprit, épuisée par ses propres erreurs. Elle avait abandonné, elle avait rendu les armes, elle avait laissé ses joues se mouiller, elle avait accepté que son esprit forme le mot qu’elle redoutait tant. Enceinte. Enceinte Enceinte. Elle n’avait rien demandé, pourtant. Elle ne l’avait pas voulu. Elle s’était laissée emportée peut-être, aveuglée par la colère qu’elle avait éprouvée contre Blake à cet instant. Mais elle n’avait jamais souhaité cela. Elle n’avait jamais voulu que la vie se forme en son sein alors que le sang qui coulait dans ses veines avait depuis longtemps été remplacé par les litres d’alcool qui passaient directement de ses bouteilles à sa gorge. Elle n’avait jamais voulu laisser son corps créer la vie, alors qu’elle continuait de l’empoisonner, inconsciente pendant des semaines durant de ce qui se passait dans son ventre. A présent, ses options étaient limitées. Elle avait conscience que son choix devrait être pris rapidement. Elle avait également conscience qu’une solution semblait plus évidente que les autres. Elle avait peur, après tout, de donner naissance à un enfant dont elle avait détruit la vie sans qu’il ait même une chance d’être normal. Elle avait peur qu’il grandisse sans père, avec elle seul comme modèle, avec son propre chaos comme modèle. Elle avait peur de ne pas pouvoir lui apporter une vie saine, avec ses maigres revenus. Mais elle était plus terrifiée encore d’être une lâche. Elle était plus terrifiée encore de choisir la solution facile, de ne pas assumer ses erreurs, de fuir ses responsabilités comme elle avait bien pu le faire tant de fois auparavant. Elle était terrifiée, simplement. Perdue. Incapable de savoir comment prendre la situation en main, incapable de savoir si elle saurait faire les bons choix. Elle ne savait plus comment retrouver ses repères, elle ne savait plus comment se remettre sur ses pieds.
Elle avait retrouvé, au fond du tiroir de sa table de nuit, le jeton sur lequel était gravé un I, un I pour un an, un I qu’elle avait vite oublié une fois qu’elle avait recommencé à tremper ses lèvres dans des verres d’alcool. Elle l’avait serré dans sa main, consciente qu’elle ne le méritait pas, consciente qu’elle ne le méritait plus, avant de trouver le courage de se lever. L’horloge de son téléphone avait affiché quatorze heures, si bien qu’elle avait ouvert la porte de sa chambre, rejoignant le salon. Eugenia y était installée, les jambes allongées sur le canapé, son ordinateur sur les genoux. Scarlet s’était avancée, doucement, s’asseyant à ses pieds, lui faisant face, entrelaçant nerveusement ses doigts contre ses cuisses. Elle avait eu du mal à se l’admettre, pourtant, elle savait pertinemment qu’elle avait besoin de sa sœur. Elle savait pertinemment qu’elle n’était plus en mesure de tout garder en elle, qu’elle n’était plus en mesure de mentir à sa jumelle.
Puis, elle s’était éclaircit la gorge. Elle avait ouvert la bouche. Elle avait prononcé les mots qui tournaient en boucle dans son esprit depuis la veille. Il fallait qu’elle lui parle. Il fallait qu’elle lève le poids qui avait enserré son cœur. Il fallait qu’elle admette qu’elle n’était pas une personne responsable. Qu’elle n’avait pas su se comporter en adulte, une fois de plus. Elle déglutit, difficilement, essayant de faire venir les mots plus facilement. Mais elle ne parvint pas à sortir une phrase de plus, pas sans sentir sa gorge se charger de sanglots, pas sans sentir les larmes lui monter aux yeux, pas sans sentir son visage se tordre alors qu’elle portait une main à sa bouche, submergée par ce qui s’apprêtait à franchir ses lèvres, submergée par le besoin qu’elle ressentait de serrer sa sœur contre elle. « J’ai vraiment merdé, Ginny, » ajouta-t-elle finalement, sa voix déformée par les pleurs coincés dans sa gorge.

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() message posté Lun 18 Mai 2015 - 23:44 par Invité

Scarlet & eugenia — the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻ ✻ ✻ Du bout des doigts, je repoussai mes lunettes qui commençaient à doucement glisser sur l’arête mon nez. Tout en baillant, je jetai un vague coup d’œil à l’heure avant de reporter mon attention sur mon écran. Les lignes des cours que j’avais récupérés dansaient sous mes yeux, et je me perdais dans les différentes lois de la constitution britannique sans réellement parvenir à saisir leur sens. J’avais mal au crâne, oui. Mal au crâne à m’en frapper la tête contre le mur. Mal au crâne à tout laisser tomber pour retrouver ma couverture et pleurer, pleurer mon incapacité à me concentrer, pleurer l’incapable que j’étais. Au fond, je savais que passer mes derniers examens ne me servirait sans doute à rien. Je ne pouvais plus devenir détective, ou même intégrer les rangs de la police ; ce rêve avait revêtu les draps de l’impossibilité et, avec lui, il avait emporté toutes mes aspirations d’avenir meilleur. Toutes mes aspirations à devenir quelqu’un, une personne d’importance. Pourtant, j’étais là. Pourtant, je révisais depuis que le soleil s’était levé et je continuerais à le faire jusqu’au moment où il se coucherait. Pourtant, je m’acharnais depuis des jours à forcer mon esprit à se remettre à travailler après des mois et des mois sans rien faire. Pourtant, je continuais sans que cela ne soit pour moi. Pourtant, je continuais même sans y croire. Sans y croire parce que je savais que tous mes efforts servaient à rien. Parce que je savais que, même si je finirais par décrocher mon LLB de Droit, je resterais au même stade qu’après mon accident.
Tout cela, je le faisais pour Julian. Pour la promesse qu’il m’avait fait faire, pour lui prouver que j’étais capable de faire des efforts s’il en faisait aussi de son côté. Il croyait en moi bien plus que je ne pouvais le faire moi-même, mais je me demandais, souvent, si cela n’était pas une part d’inconscience ; je ne valais sans doute pas toute l’attention qu’il me portait. Je ne valais sans doute pas tous les espoirs qu’il plaçait en moi.
Mais je n’osais pas le dire, gardant pour moi mes doutes, et profitant simplement, pour une fois, de l’attention que l’on m’accordait, comme s’il s’agissait du plus beau cadeau du monde.
Je relevai le regard quand j’entendis la porte de la chambre de ma sœur s’ouvrir et je la vis doucement émerger du couloir ; je notai son regard fatigué, ses traits tirés et je devinai sans peine qu’elle avait dû passer des heures à pleurer. Je ne dis rien, gardant mes inquiétudes pour moi comme à mon habitude. Cela faisait des semaines que je notais des changements dans l’attitude de ma sœur. Cela faisait des semaines que je vouais qu’elle était ravagée, qu’elle ne mangeait plus, qu’elle paraissait bien plus malheureuse que moi. Cela faisait des semaines que je notais que son alcoolémie l’avait sans doute pris au piège une nouvelle fois et, pourtant, j’avais été bien incapable de lui dire quoi que ce soit. Quelque part, c’était comme si j’attendais. Comme si j’attendais qu’elle juge que je valais la peine d’entendre la nouvelle. Comme si j’attendais qu’elle soit prête de le dire à voix haute.
Je n’étais pas douée avec les autres. Je ne l’avais jamais été, pas même avec ma sœur jumelle. Cela avait été comme si j’avais vécu dans mon propre monde, loin des autres, loin de moi-même, refusant d’admettre les conventions relationnelles. Je n’avais pas voulu la forcer à se confier. Je n’avais pas voulu qu’elle se sente prise au piège par mon jugement, par mon avis, par mon regard qui s’attardait sur les moindres détails. Je ne voulais pas qu’elle sache que je savais bien avant qu’elle ne se rende compte des choses par elle-même. Je ne voulais pas qu’elle ait l’impression que je la critique. Alors, je me taisais. Je me taisais en espérant que mon regard suffise à lui faire comprendre que je la soutenais peu importe les situations, même quand elle ne savait pas que j’étais déjà au courant.
Je l’observais s’installer en face de moi, et je posai mes mains sur mes jambes pour les tirer un peu plus vers moi pour qu’elle ait suffisamment de place. « J’ai besoin de te parler. » Ses mots résonnèrent dans la pièce avant que ses yeux ne s’embuent. Ma mâchoire se serra. Je savais que le temps de sa confession était venu. Et j’aurais aimé lui dire que ce n’était pas grave. Que je savais qu’elle avait recommencé à boire. Qu’elle allait s’en sortir, parce que même si nous n’étions qu’une paire de poupée de porcelaine brisées, nous finissions toujours par trouver des solutions. « J’ai vraiment merdé, Ginny, » reprit-elle d’une voix étranglée par l’émotion. Je sentis mes yeux s’humidifier à leurs tours, et je détestais mes jambes, je les détestais de m’empêcher de pouvoir m’approcher d’elle et la prendre dans mes bras. « Je sais… Je sais pour l’alcool, » finis-je par lui dire d’une voix douce. Je me détestais d’être si sensible à ses propres problèmes, à ses propres douleurs. J’aurais aimé être forte pour nous deux. Mais c’était dans les pleurs que je trouvais un certain courage. « Quoi qui a pu se produire, ça va aller, d’accord ? » ajoutai-je. « Viens par là. » J’ouvris les bras pour qu’elle s’avance vers moi. J’ouvris les bras pour la serrer contre moi sans que je ne puisse m’avancer moi-même et la réconforter. Parce que j’étais ainsi. Parce que j’étais une infirme. Une infirme physiquement. Une infirme psychologiquement. Une infirme émotionnellement.
Je ne lui dis pas dis-moi parce que je ne voulais pas la forcer à se confier. Parce que je ne voulais pas qu’elle se sente contrainte de me devoir quoi que ce soit. Parce que je ne voulais pas lui arracher une vérité qu’elle avait du mal à accepter.
Je désirais simplement qu’elle sache que j’étais là, peu importe ce qui avait bien pu se passer. Que je pouvais l’écouter si elle désirait parler. Que je pouvais la réconforter si elle désirait une épaule où se reposer. Que je pouvais pleurer avec elle si elle désirait lâcher prise. Lâcher prise et se laisser aller, pour une fois.
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 15:29 par Invité
she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and finds lips to spit them into. everything she sees is in black and white. ▴▴▴ Scarlet avait toujours voulu paraître forte. Elle avait toujours eu l’habitude de serrer les dents, de lever les yeux pour ravaler ses larmes, de ne pas montrer qu’elle était blessée ou triste. Elle s’était bâti des murs autour de ses émotions, des murs derrière lesquels elle avait depuis longtemps pris l’habitude de se cacher. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu’elle avait bien pu verser une larme devant quelqu’un. Il y avait eu son réveil à l’hôpital après l’accident ou encore récemment, lors du braquage de banque, où elle ne s’était tout simplement pas rendue compte de la présence de larmes sur ses joues. Mais craquer devant quelqu’un, se laisser simplement aller à ses émotions était quelque chose qu’elle n’avait pas fait depuis le début de son adolescence, pas même devant sa sœur. Depuis l’accident, elle avait de plus en plus pris l’habitude de retenir ses larmes, de porter ce masque permanent, simplement parce qu’elle ne s’était pas considérée en droit de se laisser aller aux larmes devant les autres alors que sa sœur était en fauteuil roulant. Cependant, même avant cela, elle avait toujours détesté qu’on la voit ainsi, elle avait toujours détesté être faible, être submergée par la peine qu’elle pouvait bien ressentir et laisser le monde la voir ainsi. C’était presque devenu un mécanisme de défense, un moyen de se protéger du regard des autres, un moyen de ne dépendre que d’elle-même. Ces règles qu’elle s’était fixées depuis des années maintenant avaient volées en éclat au moment où elle avait pris conscience de l’étendu de sa bêtise. Elle ne savait plus, à présent, comment elle avait fait pour ne pas céder aux larmes tant de fois auparavant. Elle ne savait plus comment faire, elle ne savait plus comment paraître forte alors que toute trace de courage l’avait quittée.
En cet instant, cela ne lui importait plus. En cet instant, elle se moquait bien de faire semblant. En cet instant, elle avait juste besoin des bras de sa sœur, de ses mots réconfortants, de ses conseils. Elle avait besoin de tout mettre sur le tapis et déverser tout ce qu’elle avait gardé en elle des années durant. Elle avait besoin de lui faire comprendre qui elle était, pourquoi elle était ainsi, pourquoi elle avait besoin d’aide.
Elle fut incapable de sortir plus de deux phrases sans rendre les armes et elle se demanda comment elle réussirait à parler du reste sans sangloter tout le long. Elle ne savait pas même comment expliquer ce qu’il lui arrivait, comment expliquer tout ce qu’elle avait sur le cœur sans avoir envie de disparaître sous terre. Elle ne savait pas comment elle trouverait une justification à ses actions, qui étaient plus que condamnables à son esprit. Mais elle pris une inspiration tout de même. Elle attendit qu’Eugenia veuille bien l’écouter. Elle s’attendit même à ce qu’elle lui dise qu’elle devait réviser et qu’elle ne pouvait pas là, tout de suite. Pourtant, elle ferma son ordinateur et ramena ses jambes contre elle. Pourtant, Scarlet vit les larmes briller dans ses yeux aussi et elle su qu’elle était disponible. Elle su qu’elle était prête à l’écouter. « Je sais… Je sais pour l’alcool, » lui dit finalement sa jumelle. Scarlet se mordit la lèvre. Evidemment qu’elle savait. Elle n’était pas stupide. Elle avait surement su reconnaître ce qui s’était produit auparavant, ce qui avait conduit à son état actuel. « Quoi qui a pu se produire, ça va aller, d’accord ? Viens par là. » Elle secoua la tête. Non, cela n’irait pas mais elle se déplaça quand même, elle posa sa tête contre le torse de sa sœur quand même, elle passa ses bras autour d’elle quand même, sentant les larmes couler avec plus d’insistance sur ses joues. Comment arriverait-t-elle à lui dire ? Comment arriverait-t-elle à surmonter la honte qu’elle ressentait pour lui expliquer que c’était bien plus grave que cela ? Que sa rechute n’était que le début de son problème ? Elle renifla, espérant pouvoir profiter du silence encore un peu, espérant pouvoir échapper à tout cela encore un peu. Elle n’avait pas envie de se redresser. Elle n’avait pas envie que sa sœur arrête de la tenir entre ses bras. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point elle avait eu besoin de son soutien jusqu’à ce qu’elle l’enlace. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point elle avait eu besoin d’être rassurée, elle aussi. Mais elle se détacha quand même, s’installant tout de même plus proche de sa sœur qu’elle ne l’était, assise à ses côtés, n’essayant pas de bouger ses jambes elle-même puisqu’elle savait parfaitement qu’Eugenia était capable de le faire. Elle attrapa sa main dans la sienne, comme pour se donner du courage, comme pour arrêter ses sanglots de secouer ses épaules. « Ce n’est pas… C’est plus grave que ça, » finit-elle par dire, essayant de contrôler sa voix, sa respiration un peu plus calme. Elle tourna la tête vers Eugenia, cherchant son regard, essayant de lui faire comprendre sans mots. Mais elle savait que ce n’était pas possible. « Je savais pas, Ginny, » dit-elle finalement, tout bas, son visage se tordant encore sous ses larmes. « Je… » Sa gorge se bloqua et elle essaya de retrouver de l’air, elle essaya de se calmer, en vain, ses sanglots entrecoupant sa respiration. Elle déglutit, se forçant à sortir les mots de sa bouche. « Je savais pas que j’étais enceinte. J’ai continué à boire, » lâcha-t-elle enfin, incapable de sortir un mot de plus. Elle détourna immédiatement le regard, fermant les yeux et appuyant son front contre sa main libre. Elle ne voulait pas voir la déception qu’Eugenia pourrait bien ressentir. Elle ne voulait pas voir la colère que ses mots susciteraient sans doute.

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() message posté Sam 23 Mai 2015 - 16:48 par Invité

Scarlet & eugenia — the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻ ✻ ✻ De nous deux, j’étais la pleureuse. L’âme triste. Le corps brisé. De nous deux, j’étais celle qui se laissait aller aux larmes, celle qui ne retenait jamais ses émotions, celle qui pleurait, pleurait encore et encore, pleurait jusqu’à l’épuisement. Jamais je ne pourrais clamer que j’étais sans doute la plus malheureuse de nous deux ; je savais, au plus profond de mon être, que ma sœur avait connu un parcours semé d’embuches et qu’elle continuait d’être affligée par les évènements d’un destin injuste. Il y avait mille-et-une choses que je ne savais pas sur sa vie, mille-et-une choses qu’elle ne s’était pas donnée la peine de me dire et que je n’avais jamais cherché à connaître. Il y avait mille-et-une choses qu’elle gardait pour elle, cachées au fond de son cœur, mille-et-une choses qu’elle refusait d’admettre sans doute parce qu’elle était trop fière pour laisser tout cela transparaître. Il y avait mille-et-une choses au fond d’elle qu’elle ne supportait pas, qui l’attristaient, qui la rongeaient.
Mille-et-une choses, et personne pour alléger sa peine parce qu’elle préférait rester seule dans son désespoir.
Alors, elle avait beau ne pas pleurer, elle avait beau garder la tête haute et marcher le dos droit. Elle pouvait tromper les autres avec ses répliques cinglantes et son assurance feinte, oui. Elle pouvait les tromper eux, mais pas me tromper moi. Je n’avais jamais réellement très bien connu ma sœur jumelle, non. Mais nous étions nées à deux et j’aimais croire que cela était pour ça que je parvenais à savoir quand est-ce qu’elle allait réellement mal alors qu’elle continuait de prétendre.
De nous deux, j’étais la pleureuse, oui. Celle incapable de prendre sur elle pour continuer d’avancer. Celle qui ne parvenait pas à être forte, celle qui cédait à ses émotions. Alors, voir ma sœur pleurer pour la première fois depuis des mois, des années, ne noua la gorge. Me fit prendre conscience que ce qu’elle s’apprêtait à me dire était grave. Me fit comprendre qu’elle avait besoin de moi, de mon attention, de mon soutien.
Elle n’avait pas besoin de me demander. Je lui accordais tout, absolument tout, sans même y réfléchir à deux fois.
J’avais rangé mon ordinateur portable pour entièrement consacrer mon attention à elle. Elle se logea contre mon torse, laissant ses larmes couler le long de ses joues. Je peinais à contenir ma propre émotion, trop sensible pour parvenir à garder la tête haute comme elle avait pu le faire, et je posai mon menton sur le haut de son crâne avant d’observer le plafond en me faisant violence. Je n’avais pas le droit de pleurer, non. Je n’avais pas le droit d’être triste parce qu’elle craquait. Je n’avais pas le droit d’être faible quand c’était enfin à mon tour de nous prendre toutes les deux en mains. « Ce n’est pas… C’est plus grave que ça, » finit-elle par me répondre après s'être redressée et avoir attrapé mes doigts. Doucement, je caressais le dos de sa main dans un mouvement continu. Je ne lui demandai pas d’informations supplémentaires, préférant lui laisser le temps dont elle avait besoin pour exprimer ce qu’elle pouvait bien avoir sur le cœur, pour exprimer ce qui pouvait bien tourmenter son âme. Sa voix était déformée par une tristesse que je ne lui connaissais pas ; ma respiration, elle, était saccadée à cause des sanglots que je retenais. Regarde ce que nous sommes devenues, Scarlet. Crois-tu que nos parents se seraient donnés la peine de nous concevoir s’ils avaient su que nous finirions par devenir des tragédies ? « Je savais pas, Ginny. Je… » reprit-elle finalement, et je n’interrompis pas mon mouvement de peur que cela trahisse mon appréhension. « Je savais pas que j’étais enceinte. J’ai continué à boire. »   J’eus l’impression qu’un poids s’abattit sur ma poitrine. Que mon corps tout entier était en train de céder aux dégâts de la nouvelle. Ma main devint hésitante et je mis plusieurs instants avant de me reprendre et continuer de caresser la sienne du bout des doigts comme si rien n’était ; dans mon esprit, les pensées se bousculaient, se percutaient, se perdaient dans le néant de mon âme. Mais je savais que mon regard devait trahir toutes mes émotions. Que mon expression en disait long sur tout ce que je pouvais ressentir. « Tu… » Je dus me racler la gorge pour redescendre ma voix de plusieurs octaves. Je me demandais si elle se rendait compte à quel point j’étais trop faible pour être sa sœur. Je me demandais si elle se rendait compte à quel point mes épaules étaient trop frêles pour supporter les désastres de nos existences. J’étais désolée. Désolée de ne pas être à la hauteur. Désolée d’être incapable de prendre cette nouvelle sans pleurer à mon tour. Sans lâcher prise à mon tour. « Quand est-ce que c’est arrivé ? » finis-je par demander. Je n’arrivais pas à appréhender la nouvelle, non. Je n’arrivais pas à associer Scarlet et grossesse, comme si les deux termes étaient antonymes, comme si les deux termes n’étaient pas compatibles ; j’étais trop puérile, sans doute, pour comprendre que cela n’arrivait pas qu’aux autres. Pour admettre que c’était un risque que tout le monde encourait.
Pour comprendre que même ma sœur jumelle, alcoolique, pouvait porter la vie dans son ventre aux pires instants de son existence.
Je n’avais que très peu de connaissance sur toutes ces choses ; pourtant, je savais que ce n’était pas conseillé, quand on était enceinte, de boire. Pourtant, je savais également que le faire quand même amenait à énormément de complications, pour la mère et l’enfant. Je fermai les paupières durant de brèves secondes avant de les rouvrir. « Qu’est-ce qu’ils ont dit, les médecins ? » Mais, au fond, la question qui me travaillait le plus était si oui ou non elle continuait de boire. Si oui ou non elle continuait tout en sachant qu’elle était enceinte.
Si, oui ou non, également, elle comptait le garder.
Mais j’avais l’impression de ne pas avoir le droit de lui poser tout ça. Mais j’avais l’impression que, si je me permettais de le faire, je ne ferais que l’enfoncer. L’enfoncer dans son malheur. L’enfoncer dans sa tragédie.

6000ème message tell me how we became so hollow. (eugenia) 1973890357
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() message posté Sam 23 Mai 2015 - 18:31 par Invité
she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and finds lips to spit them into. everything she sees is in black and white. ▴▴▴ Elle n’avait pas l’habitude de se confier à sa jumelle. Elle n’avait pas l’habitude de se confier à qui que ce soit. Habituellement, elle gardait tout pour elle, elle gardait tout au fond de son cœur jusqu’à ce qu’elle sente qu’elle était sur le point d’exploser. Alors, elle trouvait un moyen de relâcher la pression, pour un temps, sans avoir à avouer ses torts, sans avoir à vider son sac. Le plus souvent, son exutoire avait été l’alcool. C’était tellement facile, de boire jusqu’à ce qu’on se sente plus léger, de boire jusqu’à réussir à prétendre que rien, absolument rien ne clochait. A chaque fois qu’elle s’était tournée vers la boisson, elle avait eu besoin d’une porte de sortie. D’un moyen d’échapper à ses propres pensées. Au fond, elle le savait très bien. Si elle avait recommencé à toucher à l’alcool, ce n’était pas parce qu’elle était inconsciente. Peut-être en partie mais pas uniquement. Elle avait eu besoin, au fond, de ne pas penser à la relation qu’elle avait avec Blake. De ne pas penser à ce qu’elle voulait dire. De ne pas penser à toutes ces choses qui avaient un jour grouillé dans son esprit, lorsqu’elle était au lycée, lorsqu’elle était à l’université. Elle avait eu besoin de prétendre, encore un peu, qu’elle n’était pas si différente. Qu’elle se fondait dans la masse. Que si elle buvait, c’était pas convention sociale et pas parce qu’elle en avait envie. Mais elle en avait eu envie, évidemment. Elle l’avait désirée, cette issue, ce moyen d’abandonner toute responsabilité. Elle l’avait accueilli à bras ouverts, parce qu’elle en avait eu besoin et qu’en cet instant, il n’y avait eu que cela d’important à ses yeux. Elle ne s’était pas souciée de sa santé ou de ses proches. Elle s’était seulement souciée de ses pensées et de ce qu’elles pouvaient bien faire à sa santé mentale. A présent, c’était trop tard pour prétendre que ce n’était qu’une petite erreur, que ce n’était que passager. Cela avait duré des mois, jusqu’à ce qu’elle brutalement ramenée sur terre, jusqu’à ce que la vie se forme en elle. Elle ne pouvait plus prétendre que ce n’était pas grave. Qu’il n’y avait qu’elle qui en souffrait. Et elle savait que sa sœur avait droit à des explications, quelque part. Parce qu’elle avait toujours été là pour elle, d’une certaine manière, sans jamais chercher à comprendre. Parce qu’elle l’avait jamais soutenue sans jamais savoir ce qu’il lui arrivait. « Quand est-ce que c’est arrivé ? » Scarlet osa enfin relever le regard vers celui de sa sœur, les yeux chargés de larmes et elle pu voir qu’Eugenia semblait partager sa peine. Elle ne lui en avait dit qu’un morceau, pourtant. Qu’un morceau de tout ce qu’elle avait sur le cœur, de tout ce qu’elle voulait lui dire. Elle voulait lui dire pour Blake. Elle voulait lui expliquer les raisons de son alcoolisme, au lycée et maintenant. Elle voulait lui expliquer pourquoi elle s’était comportée ainsi, plus jeune, pourquoi elle avait eu peur au point de ne pas être elle-même. Mais elle ne savait pas si elle trouverait le courage. Pas alors que cette nouvelle était déjà difficile à digérer, autant pour elle que pour sa sœur. « Il y a un mois, » répondit-elle finalement, dans un souffle. « Mais je l’ai su il y a quelques jours… Après le braquage, ils m’ont fait des analyses de sang. » Elle n’avait pas touché à une goutte d’alcool depuis et les heures lui avaient parues longues. Elle avait passée sa journée en nage, à avoir l’impression que son cœur allait exploser hors de sa poitrine, à être incapable de rester en place plus de cinq minutes. Les quelques nuits qu’elle avait passées avaient été longues, vides de sommeil mais pas une seule fois elle avait songé à se soulager à l’aider d’une bouteille. Tout simplement parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle avait faire, parce qu’elle ne savait pas si elle allait mener cet enfant à terme mais également parce qu’elle en avait assez d’être responsable d’autant de dommages collatéraux. Elle en avait assez des conséquences massives que ses pauvres décisions engendraient. Et même si elle décidait qu’elle n’était pas prête à assumer un enfant dont elle détruit la vie, elle savait qu’elle ne souhaitait plus jamais connaître cela. Cette impression d’être un échec aux yeux de tous, d’être un échec à ses propres yeux. Elle savait que ses cernes s’étaient creusées depuis, que son teint était maladif et qu’elle ne se sentait pas mieux. Mais elle savait également qu’elle avait fini avec ses erreurs. Qu’elle avait fini d’être dans le déni sur l’impact qu’avait son alcoolisme autour d’elle. « Qu’est-ce qu’ils ont dit, les médecins ? » reprit finalement Eugenia et Scarlet sentit sa gorge se serrer, repensant aux mots qu’elle avait entendu, lorsqu’elle avait enfin accepté d’écouter, lorsqu’elle avait pris conscience de la gravité de la situation. « Ils ont dit que… Qu’il était trop petit, actuellement, » expliqua-t-elle tout bas. « Qu’il risquait d’avoir des problèmes mentaux et physiques et… » Elle ne termina pas sa phrase, fermant les lèvres pour empêcher ses sanglots de s’échapper, secouant la tête comme pour chasser les pensées négatives qui envahissaient son esprit. Elle déglutit, reportant l’attention sur sa sœur. « Je ne sais pas quoi faire, Ginny. Même si je ne touche plus à une goutte d’alcool, il pourrait avoir de sérieux problèmes, » murmura-t-elle. Elle marqua une pause, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, battant à tout rompre sous l’appréhension, sous la honte, sous le regret. « Et je te promets que j’ai jamais voulu ça. Je voulais pas recommencer à boire, » ajouta-t-elle enfin. Elle avait l’impression d’avoir échoué, quelque part, à garder la promesse tacite qu’elle avait à sa sœur deux ans plus tôt. Qu’elle avait ignoré les conséquences que cela avait eu l’époque, délibérément, sans prendre en considération ce que sa jumelle vivait à cause d’elle. Elle avait l’impression de l’avoir trahie.

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() message posté Dim 24 Mai 2015 - 0:28 par Invité

Scarlet & eugenia — the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻ ✻ ✻ Cela avait été comme un accord entre nous. Un accord, oui, comme si nous avions convenu que cela serait toujours ainsi et que nous nous tiendrions aux règles. Elle avait été la forte tête. J’avais été la faible. Elle avait été la populaire. J’avais été l’effacée. Elle avait été le bourreau. J’avais été la victime. Je n’avais jamais remis en cause cet état de faits et l’avait accepté ainsi sans chercher à changer quoi que ce soit ; aimer ma jumelle m’avait peut-être rendue aveugle mais j’avais été persuadée que cela était le meilleur moyen pour qu’elle soit heureuse, pour qu’elle ait tout ce qu’elle avait désiré, pour qu’elle suive le grand chemin qu’elle s’était tracée. Cela avait été ma manière de lui dire qu’elle comptait pour moi, qu’elle comptait pour moi et que j’acceptais. Que j’acceptais ce qu’elle était et ce qu’elle désirait. Que j’acceptais les moqueries, les railleries, les remarques que ses amis avaient pu me faire sans qu’elle ne fasse quoi que ce soit pour les en empêcher ou me défendre.
Mais, au fond, peut-être n’avais-je fait que contribuer à son malheur, à ses tristesses. Peut-être, même, avais-je été la première à signer sa première rature. En acceptant de mettre une distance entre nous, en acceptant de me laisser faire, je n’avais pas eu le temps de la voir sombrer la première fois. Je n’avais pas eu le temps de la rattraper, non plus, d’empêcher le pire arriver. Je m’étais souvent demandé, au cours de ces deux dernières années, ce qui aurait pu se passer si j’avais agi différemment. Si je ne m’étais pas laissée faire. Si j’avais tenu tête à ma sœur, à ma sœur et ses amis. Si j’avais dit le fond de mes pensées à voix haute, si j’avais réussi mon courage pour me faire entendre. Peut-être aurais-je pu l’empêcher de boire. De boire plus que raison. De boire jusqu’au drame. Peut-être l’accident n’aurait-il jamais eu lieu. Peut-être aurions-nous été plus proches depuis le début. Il ne s’agissait que d’une foule d’incertitudes mais j’avais, au fond de moi, une conviction ; elle n’aurait pas été dans cet état. Elle n’aurait pas craqué de cette manière. Elle n’aurait pas été aussi malheureuse.
Parce que nous avions sombré. J’étais persuadée que nous avions touché le fond et que rien n’aurait pu être pire. Elle n’avait pas été la responsable de notre accident. Son alcoolémie non plus. Non. La responsable n’avait été que moi. Que moi parce que je n’avais pas vu les choses arriver à temps.
Voir des larmes dans les yeux de ma sœur était comme assister à sa chute sans pouvoir rien n’y faire. Voir des larmes dans les yeux de ma sœur était comme la preuve que nous n’avions fait que tout gâcher. Qu’il n’y avait plus rien à récupérer. Qu’il n’y avait plus rien à sauver, pas même nos cœurs, pas même nos âmes. Nous n’étions que des désastres. « Il y a un mois. Mais je l’ai su il y a quelques jours… Après le braquage, ils m’ont fait des analyses de sang, » me répondit-elle et j’hochai la tête, ne sachant pas quoi répondre. Ne sachant pas quoi lui dire pour la réconforter. Parce que c’était ainsi. Il n’y avait rien pour la réconforter. Lui donner de l’espoir était toxique et j’étais sans doute la première à le savoir ; les médecins n’avaient fait que me promettre des miracles et me nourrir de visions utopiques suite à mon accident, pour finalement assister à mes chutes à répétition. Pour finalement être les auteurs même de mes pires désillusions.
Je voulais la rassurer. Lui dire que tout irait bien. Lui affirmer que, tant que nous serions à deux, tout finirait par s’arranger. Que nous étions plus fortes que tout cela, que nous étions une équipe qui ne se laissait pas abattre. Mais cela n’était que des mensonges. Des illusions. Des écrans de fumée destinés à lui faire croire à des chimères. « Ils ont dit que… Qu’il était trop petit, actuellement. Qu’il risquait d’avoir des problèmes mentaux et physiques et… » poursuivit-elle, mais elle fut incapable de terminer sa phrase. Ses sanglots étouffés serraient ma gorge, ses sanglots étouffés étaient comme des lames de rasoir qui tranchaient ma peau. Je me doutais bien qu’en un mois l’embryon avait eu le temps d’être touché par les ravages de l’alcool. Qu’en un mois il avait eu le temps d’être l’une de ses victimes. Un mois, c’était long. Un mois, c’était plus de quatre semaines, plus de vingt-huit jours, plus de centaines d’heures. « Je ne sais pas quoi faire, Ginny. Même si je ne touche plus à une goutte d’alcool, il pourrait avoir de sérieux problèmes. Et je te promets que j’ai jamais voulu ça. Je voulais pas recommencer à boire. » J’esquissai un léger sourire, comme pour tenter de la rassurer. Comme pour tenter de lui faire comprendre que je savais, que je me rendais bien compte qu’elle n’avait pas recommencé volontairement. J’avais lu des centaines de page internet à propos de l’alcoolisme. Et, parmi ces pages, j’avais également lu que les rechutes existaient. Que les rechutes étaient fréquentes. Que les rechutes n’étaient pas une question de lâcheté. « Je m’en doute, » lui répondis-je doucement en pressant doucement son épaule de mon autre main. « On savait toutes les deux que ça serait un combat au quotidien. Ce n’est pas de ta faute. » Oui, nous l’avions toutes les deux su mais, jamais, au grand jamais, nous nous étions attendus à ce qu’elle tombe enceinte. Mais, jamais, au grand jamais, nous nous étions imaginé que cela puisse arriver.
Après tout, cela n’est pas le genre de choses auxquelles on s’attend. Après tout, cela arrive toujours aux autres. Jamais à nous. « Qu’est-ce que tu veux faire, toi ? » repris-je doucement, sachant pertinemment qu’elle ne devait sans doute pas connaître la réponse. « Parce que c’est ça le plus important. Ce que tu veux toi, pas ce que te disent les médecins, ni même ce que veut le père. » J’avais envie de connaître toute l’histoire. De savoir comment elle avait bien pu en arriver là. Mais je ne savais même pas si j’avais le droit. Je ne savais même pas si je pouvais me le permettre. Alors, je m’en tenais aux faits en eux-mêmes. Je ravalai ma curiosité parce que, dans un instant pareil, je refusais de la laisser dicter mes paroles.
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() message posté Dim 24 Mai 2015 - 15:29 par Invité
she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and finds lips to spit them into. everything she sees is in black and white. ▴▴▴ Pour la première fois depuis quelques jours, Scarlet commençait à se sentir indéniablement mieux. Même si les mots avaient eu du mal à passer ses lèvres, même si elle avait laissé les sanglots l’interrompre, elle avait l’impression qu’un poids avait été levé de ses épaules, qu’Eugenia avait accepté d’en partager la responsabilité, quelque part. Elle était la première personne à qui elle en parlait, après Blake et la manière dont les choses s’étaient déroulées avec cette dernière n’avait fait que miner d’avantage son moral. Elle n’avait pas pu lui faire comprendre, après tout et elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Elle savait qu’elle l’avait trahie. Elle savait qu’elle avait été d’avantage blessée par le fait qu’il se soit agit de son propre frère jumeau, qui lui avait fait vivre un enfer, que par le reste. Et Scarlet n’avait pas su trouver les bons mots pour justifier ses actions. Elle n’avait pas su trouver les bons mots, car en un sens elle ne comprenait pas elle-même ce qu’elle avait fait. Elle ne comprenait pas elle-même ce qui lui arrivait. Et elle avait besoin de quelqu’un d’extérieur à la situation pour l’aider à comprendre son problème. Elle avait besoin de quelqu’un qui ne l’aimerait pas moins après cela. Elle avait besoin d’Eugenia, non seulement parce qu’elle était sa sœur mais également parce qu’elle la connaissait. Elle avait déjà eu affaire à son alcoolisme. Elle avait déjà eu affaire à ses erreurs de jugements. Elle pourrait comprendre, éventuellement. « Je m’en doute. On savait toutes les deux que ça serait un combat au quotidien. Ce n’est pas de ta faute, » lui dit-elle doucement et Scarlet hocha la tête, n’était cependant pas vraiment d’accord. Elle savait que c’était de sa faute et de sa faute uniquement si elle avait sombré à nouveau. Ce n’était pas de la faute de Bartholomew pour lui avoir servit du vin. Ce n’était pas de la faute de Blake pour avoir réussi à embrouiller son cœur et ses pensées. Ce n’était que de la sienne, pour avoir décider de tremper ses lèvres dans l’alcool, pour avoir décidé qu’elle pourrait être plus forte que son addiction, alors que ce n’était clairement pas le cas. La brune détacha sa main de celle de sa jumelle et se pencha pour attraper un mouchoir sur la table basse, avec lequel elle s’essuya les yeux et se dégagea le nez. « Qu’est-ce que tu veux faire, toi ? Parce que c’est ça le plus important. Ce que tu veux toi, pas ce que te disent les médecins, ni même ce que veut le père. » Scarlet tourna de nouveau son regard, plus calme à présent et pris une inspiration, consciente qu’elle allait devoir lui expliquer ce qu’il s’était passé. Elle en avait envie, au fond. Elle avait envie de parler à sa sœur de ses erreurs. Elle avait envie qu’elle l’aide à trouver des solutions, car seule, elle était perdue. Elle secoua la tête, comme pour organiser ses idées, cherchant ses mots. « Je ne sais pas, » admit-elle finalement. « Ils m’ont dit qu’il y avait également une chance qu’il soit en bonne santé, une fois né et je me dis que… Que je pourrais pas le supporter si j’avortais alors qu’il aurait pu avoir une vie normale. » Elle baissa le regard sur ses doigts, incertaine de ce qui la poussait à dire cela. Elle n’y avait pas encore réfléchit ainsi. « Et puis, j’ai pas vraiment envie de fuir mes responsabilités, tu vois ? J’aimerais bien assumer mes erreurs, plutôt que de prendre l’issue la plus simple. » Elle n’arrivait pas à déterminer si ce qu’elle disait été aussi clair pour sa sœur que pour elle. Au fond, elle savait qu’elle avait fait une erreur, une énorme erreur. Mais elle savait qu’elle se sentirait mieux en essayant de l’effacer plutôt qu’en prétendant qu’elle n’avait jamais existée. Scarlet se mordit la lèvre inférieure, les yeux toujours baissés. « Le père n’est pas au courant, » admit-elle finalement, à mi-voix. Poussant un soupire, elle passa ses mains dans ses cheveux, incapable de savoir par où commencer. « C’est tellement compliqué, » murmura-t-elle, avant de tourner les yeux vers sa sœur. « Il y a tant de choses que j’ai encore à te dire. » Elle ne savait pas comment elle allait lui faire comprendre. Elle ne savait pas comment elle allait réussir à formuler à voix haute ce à quoi elle refusait de penser depuis des années. Mais elle avait besoin de sa sœur. Elle avait besoin de sa jumelle et pour elle, elle était prête à faire des efforts.

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() message posté Mer 27 Mai 2015 - 14:27 par Invité

Scarlet & eugenia — the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻ ✻ ✻ Un bébé, un enfant. Je ne savais même pas si ma sœur avait songé à devenir mère un jour ; cela n’avait jamais fait partie des sujets de conversation que l’on abordait ensemble et cela ne le serait probablement jamais. Je ne la connaissais pas, quelque part. Elle était ma sœur jumelle et pourtant j’ignorais énormément de choses sur sa vie, sur ses désirs, sur ses objectifs. Cela faisait peut-être deux ans que nous nous étions rapprochés, mais j’avais encore l’impression qu’il existait un faussé entre nous, un faussé que nous ne pourrions jamais réellement combler. Nous avons perdu trop de temps, Scarlet. Trop de temps à établir des distances entre nos âmes, entre nos cœurs. Nous avons perdu trop de temps et malgré le temps qui passe, j’ai l’impression que nous ne pourrons jamais réellement rattraper nos erreurs. Cela nous collait à la peau, après tout. Cela était ancré dans nos êtres, gravé dans nos mémoires. Nous ne connaissions pas. Ou pas réellement.
Sans que je ne le veuille vraiment, mon regard se posa sur son ventre encore plat, plat comme le mien, tentant en vain d’appréhender l’idée qu’il puisse y avoir une vie en train de prendre place dans ses entrailles. Je battis plusieurs fois des paupières, la gorge serrée ; mes larmes muettes s’étaient logées dans mes cils et mes yeux refusaient désespérément d’être secs. Je pouvais presque ressentir la détresse de ma sœur, et ce même quand elle lâcha mes doigts pour attraper un mouchoir ; je l’observai faire, les mots brûlants ma gorge, les paroles enflammant mon esprit. J’aurais aimé pouvoir avoir des solutions miracles ; pire encore, j’aurais aimé savoir quoi lui dire, j’aurais aimé bien m’y prendre. Mais je restais celle que j’étais. Je restais cette personne légèrement gauche, un peu décalée, mal à l’aise dans ce monde qu’elle ne comprenait qu’à moitié. Scarlet se blâmait souvent pour tout ce qui m’était arrivé au lycée, pour tous ces mots que l’on m’avait adressé ; cependant, au fond de moi, j’avais conscience que j’étais en partie responsable de mon propre malheur. Je n’étais même pas capable de réconforter ma sœur correctement. Je n’étais même pas capable de lui affirmer que tout irait bien simplement parce que j’étais retenue par la conviction que cela n’était pas forcément vrai. Que cela n’allait pas forcément bien se passer. Je me détestais, oui. Je détestais mon incapacité à cohabiter avec le monde. Je détestais mon incapacité de trouver les bons mots pour qu’elle soit soulagée dans ses peines et ses douleurs. « Je ne sais pas. Ils m’ont dit qu’il y avait également une chance qu’il soit en bonne santé, une fois né et je me dis que… Que je pourrais pas le supporter si j’avortais alors qu’il aurait pu avoir une vie normale, » me répondit-elle alors. Je restai silencieuse, le regard perdu dans le vague. J’avais l’impression que c’était comme jouer à la roulette russe. Et, à vrai dire, c’était sans doute le cas. Ma sœur ne pouvait pas savoir ce qui arriverait. Elle ne pouvait pas deviner de quoi demain serait fait. Ce n’était qu’une question de hasard. Qu’une question de destin. Ce putain de destin qui semblait toujours nous en vouloir. « Et puis, j’ai pas vraiment envie de fuir mes responsabilités, tu vois ? J’aimerais bien assumer mes erreurs, plutôt que de prendre l’issue la plus simple. » Mes yeux se posèrent de nouveau sur elle et j’esquissai un sourire rassurant. « Ne dis pas ça comme si tu n’avais jamais assumé tes responsabilités, » lui dis-je doucement avant de prendre une profonde inspiration. Mon cœur eut un raté dans ma poitrine, alors que l’émotion me serrait la gorge. J’étais trop faible, également. Trop faible pour endosser les responsabilités de vérités si accablantes. Pourtant, je voulais être courageuse. Pour les autres, mais surtout pour elle. « Tu n’étais pas obligée de prendre soin de moi, par exemple. » Mon regard se fit plus perçant, alors que je pensais sincèrement mes paroles. Elle n’avait pas eu à rester. Je ne l’avais jamais blâmé pour notre accident de voiture et, pourtant, elle s’était affligée de tous les torts ; durant les mois qui avaient suivi, je l’avais vu abandonner toute son existence pour moi. Pour moi et mon handicap. Pour moi et mes besoins. Pour moi, moi, moi.
Alors, quelque part, ses mots ne me choquaient pas. Pas réellement. Je savais que ma sœur avait tendance à fuir quand certaines choses n’allaient pas dans son sens mais elle avait une force en son sein qu’elle semblait elle-même oublier. Scarlet assumait. Scarlet se reprenait pour faire les efforts nécessaires. Et, dans ce sens, je l’admirais. « Le père n’est pas au courant. C’est tellement compliqué, » dit-elle après avoir poussé un soupir. Elle tourna finalement la tête vers moi, et nos regards se croisèrent. « Il y a tant de choses que j’ai encore à te dire. » Je me penchai en avant pour enlacer mes jambes avec mes bras, tout en continuant de l’observer. Il y avait peut-être beaucoup de choses que je ne savais pas mais j’étais incapable de déterminer si elle allait accepter de les prononcer à voix haute ; je voulais être là pour elle, je voulais savoir, également, mais j’étais également partagée avec la peur de la brusquer. Par la peur de ne pas avoir les épaules assez larges pour être à la hauteur. « Je t’écoute, » commençai-je avant d’hausser doucement les épaules. « Mais si tu ne peux pas, je suis très douée pour supporter les silences. » je lui adressai l’ébauche d’un sourire, espérant que mon expression ne trahissait pas la confusion, mais aussi l’inquiétude, qui saisissaient mes pensées ; j’avais peur pour ma sœur, mais aussi pour son futur. J’avais peur de cette grossesse à risque, peur pour cet enfant qui n’était même pas encore complètement formé. Puis, finalement, j’avais peur de tout ce qui restait à suivre, peur de toutes ces choses que je ne savais pas encore. Peur.
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() message posté Ven 5 Juin 2015 - 10:38 par Invité
she has her head in her hands and never stops screaming. she carries her ghosts at the back of her throat and finds lips to spit them into. everything she sees is in black and white. ▴▴▴ Elle n’en avait jamais autant dit sur sa vie à sa sœur auparavant. Elles n’avaient jamais été le genre à se confier l’une à l’autre, même depuis qu’elles étaient clairement plus proches. Peut-être était-ce un reste des années qu’elles avaient passé à se fuir. Peut-être ne pouvaient-elles tout simplement pas s’aimer à ce point, pas après avoir passé une majeure partie de leur vie à des années lumières l’une de l’autre. Pourtant, Scarlet savait qu’elle ne pouvait pas continuer à laisser sa sœur dans le noir, qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Qu’elle était perdue et qu’Eugenia était la seule personne vers qui elle avait envie de se tourner. Scarlet ne s’était jamais confiée à qui que ce soit, à vrai dire. Et Eugenia était la seule personne en qui elle avait suffisamment confiance pour mettre de côté sa fierté et accepter son jugement. Elle savait que ce dernier ne serait jamais trop dur, qu’il serait toujours justifié, puisqu’au fond, sa jumelle avait toujours été la plus généreuse d’elles deux. Qu’elle était la meilleure personne entre elles deux. Lui parler était difficile. Mais elle savait qu’elle ne s’était pas trompée, qu’Eugenia serait toujours à l’écoute, même si elle décidait spontanément d’enfin lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle gardait en elle depuis le jour où elles étaient venues au monde. Lui parler était difficile, oui. Elle savait qu’elle n’avait exposé que le côté le plus grave de son problème, laissant délibérément le reste de côté. Par peur, par honte, certainement. Elle ne savait pas si elle-même aurait compris ce genre de situation dans la vie de sa sœur. Elle ne savait pas comment celle-ci allait réagir, comment elle allait comprendre ce que Scarlet n’arrivait pas à justifier elle-même. Elle aurait certainement dû lui dire plus tôt. Elle aurait certainement dû lui dire il y a des années, pour lui éviter d’avoir tout à encaisser d’un coup. Mais en vérité, elle n’avait jamais accepté la vérité comme elle était, pas jusqu’à ce que Blake vienne retourner sa vie et son cœur. Elle n’avait jamais considéré que cette version des faits puisse être la bonne ou du moins, c’était ainsi qu’elle avait réussi à garder ses sentiments au plus profond d’elle-même. Elle avait cru qu’en ignorant le problème, il finirait par s’en aller. Qu’elle finirait pas changer, éventuellement. Elle savait à présent que les choses ne seraient certainement jamais aussi simples.
Son cœur battait difficilement dans sa poitrine, lui faisant presque mal. Elle savait qu’elle avait sorti le plus gros ou que c’était comme cela qu’elle devait le voir. Mais ce n’était pas le cas. Elle était plus terrifiée à l’idée de dire à sa sœur ce qu’elle retenait depuis toujours que de lui dire ce qu’elle venait d’avouer. Elle était terrifiée, à l’idée que cela change quoique ce soit, à l’idée qu’elle ne l’accepte pas, à l’idée que même Eugenia ne pouvait accepter ce genre de vérité. Elle était terrifiée mais elle savait qu’elle avait assez fuit. Qu’elle s’était assez cachée derrière ses faux semblants. « Ne dis pas ça comme si tu n’avais jamais assumé tes responsabilités. Tu n’étais pas obligée de prendre soin de moi, par exemple. » Scarlet jeta un regard à sa sœur, secouant la tête, la gorge de nouveau nouée. « Bien sûr que si, » souffla-t-elle, serrant de nouveau les doigts d’Eugenia, brièvement, avant de relâcher sa main. « Quel genre de sœur je serais si je ne m’étais pas occupée de toi ? » Elle savait qu’elle n’était pas la personne la plus tendre au monde. Qu’elle n’était pas la plus empathique. Mais songer qu’elle aurait pu retourner à sa vie comme si de rien n’était après l’accident, laissant sa sœur se débrouiller seule, lui retournait l’estomac. « Mais je ne l’ai jamais vu comme une obligation, » ajouta-t-elle finalement. « C’était juste… la chose à faire. C’était ce que je voulais faire pour me sentir utile. » Pour me racheter. Elle savait que cela n’arriverait jamais, cependant. A moins qu’Eugenia ne la jette sous un train et qu’elle perde l’usage de ses jambes à son tour, elles ne seraient jamais quittes. Ce n’était pas le genre de dettes que l’on pouvait payer. Ce n’était pas le genre d’erreur que l’on pouvait arranger. Parce que cela revenait au même, au final. Scarlet avait jeté Eugenia sous le train désastreux qu’était sa vie et l’avait forcée à en payer le prix. A en assumer les conséquences. Elle ne pourrait jamais lui faire comprendre à quel point elle était désolée. Elle ne pourrait jamais lui faire comprendre à quel point elle s’en voulait. « Je t’écoute. Mais si tu ne peux pas, je suis très douée pour supporter les silences. » lui dit finalement Eugenia, un sourire rassurant aux lèvres. Scarlet le lui rendit, hochant la tête, avant de pousser un petit soupir. Elle se tourna finalement vers sa sœur, s’asseyant en tailleur face à elle, ses mains sur ses chevilles. Elle baissa les yeux vers celle-ci, ayant déjà les mots prêts à sortir de sa bouche. Cette conversation, elle l’avait imaginée des milliers de fois. Cette conversation, elle en avait rêvé, elle l’avait redoutée, elle en avait eu peur. Elle s’éclaircit la gorge, relevant le regard vers sa sœur. « J’ai envie de te le dire, » commença-t-elle, simplement. « C’est quelque chose que j’aurais dû te dire il y a longtemps déjà mais j’avais trop peur. » Elle secoua la tête, la gorge serrée. « J’en ai marre de mentir, Ginny. » Elle savait qu’elle ne faisait que gagner du temps. Qu’elle ne faisait que retarder l’échéance. Elle poussa un nouveau soupir, essayant de regagner son courage, alors qu’elle sentait ses yeux la piquer de nouveau. « Ca va te paraître bizarre après ce que je t’ai dit mais… Il y a une raison pour laquelle je bois, Ginny. Il y a une raison pour laquelle j’ai été une telle connasse avec toi et tout le monde au lycée. » Elle marqua une pause, reprenant une inspiration. Elle ne pouvait plus s’arrêter à présent. Il fallait qu’elle lui dise tous les mots qui s’embrouillaient dans son esprit. « Ça n’excuse pas ce que j’ai fait mais… c’est pourquoi j’ai agis comme ça. J’avais peur. D’être rejetée. D’être… comme toi. D’être assez courageuse pour être moi-même et prendre le risque de me faire insulter pour ça. » Elle n’avait jamais su comment Eugenia avait fait pour ne pas être entraînée, elle aussi, dans ce genre d’histoires. Comment elle avait fait pour rester fidèle à elle-même, malgré les moqueries. « Bref, je… J’avais peur de ne pas être acceptée. J’ai du mal moi-même à l’accepter mais maintenant j’ai tout foutu en l’air alors… » Elle prit une inspiration, relevant les yeux au plafond pour s’empêcher de pleurer. Son cœur lui faisait mal à présent et elle sentait ses joues chauffer considérablement. Elle ne savait pas comment elle arriverait un jour à prononcer les mots. C’était bien plus dur que ce à quoi elle s’était attendue. Son regard se reportant finalement vers sa sœur, elle sentit une larme lui échapper, coulant le long de sa joue. Elle était terrifiée. Pétrifiée. Tétanisée. Mais elle ne pouvait plus faire marche arrière. « Je… Je ne suis pas attirée par les garçons. » Elle le prononça si bas qu’elle ne fut pas certaine de l’entendre elle-même. Immédiatement, elle se rendit compte de ce qui venait de sortir de sa bouche et de la manière dont cela ne collait pas avec le fait qu’elle soit enceinte. Les larmes se succédèrent de nouveau mais Scarlet les retint du mieux qu’elle pu. « J’ai essayé pourtant, je me suis dit que ça passerait, avec l’âge peut-être, avec le temps, » dit-elle précipitamment, essayant de se justifier avant qu’Eugenia ne puisse dire quoique ce soit, avant qu’elle ne puisse penser quoique ce soit. « J’ai cru que si je l’ignorait suffisamment, ça s’en irait, » ajouta-t-elle en haussant les épaules, un sourire sans joie traversant ses lèvres. « Mais… je suis tombée amoureuse. Et même si j’ai essayé de m’en distraire, je sais que… Que je ne pourrais jamais aimer un garçon comme je l’aime elle, » murmura-t-elle, baissant les yeux sur ses mains, sentant de nouveau les sanglots arriver. « Et maintenant elle me déteste et je ne sais pas quoi faire, » souffla-t-elle finalement.

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() message posté Dim 7 Juin 2015 - 13:34 par Invité

Scarlet & eugenia — the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻ ✻ ✻ Ma soeur était enceinte. Ma soeur allait être maman. Ma soeur, ma soeur à moi. Scarlet. Sans le vouloir, sans faire attention, mon regard se glissa sur son ventre encore plat. Je peinais à imaginer la vie qui se formait dans ses entrailles, comme si cette vérité appartenait à une autre réalité, comme si cette vérité m’échappait, m’échappait et me perdait. Je me plaisais à croire, parfois, que j’étais trop innocente pour appréhender ce genre de nouvelles ; j’avais pris l’habitude de vivre dans ma bulle, de vivre dans mon monde, et toutes ces choses ne m’avaient jamais réellement atteintes. Toutes ces choses n’avaient jamais réellement fait partie de l’équation. Après tout, je me sentais si distante. Je me sentais si lointaine. Je m’étais enfermée dans notre quotidien et n’avait jamais envisagé le pire ; j’avais pris les choses telles qu’elle était venue, je m’étais contentée de ce qui nous arrivait. J’avais compris toute seule que ma soeur avait recommencé à boire mais je n’avais vu sur le long terme les conséquences ; je n’avais jamais songé qu’il puisse y avoir des dérapages, des conséquences graves.
Je ne savais pas si cela était de l’inconscience ou de la confiance. Je ne savais pas si cela était parce que j’étais trop idiote et stupide pour m’en faire et réaliser l’ampleur de la situation ou si cela était parce que je croyais de tout mon coeur et de tout mon être que Scarlet ne laisserait plus jamais quelque chose nous arriver. Je demeurai interdite en attendant qu’elle reprenne la parole, sentant mon coeur s’alourdir à chacune de ses pulsations. Ma soeur était enceinte. Ma soeur allait être maman. Ma soeur, ma soeur à moi. Cette soeur qui buvait plus que raison. Cette soeur qui s’était laissé couler de nouveau. Cette soeur que je n’avais pas pu sauver, que je n’avais pas eu le courage d’arrêter. Au fond de moi, j’étais sans doute aussi ravagée qu’elle. Aussi ravagée qu’elle parce que je me rendais compte que, si j’avais eu suffisamment de courage pour la confronter et la dissuader de boire encore, j’aurais pu sauver son bébé.
Mais je n’avais rien fait. Peut-être étais-je aussi responsable qu’elle. « Bien sûr que si. Quel genre de sœur je serais si je ne m’étais pas occupée de toi ? » me demanda-t-elle et je ne répondis pas. Je n’avais pas de réponse à lui donner et j’étais presque sûre qu’elle n’en attendait pas ; la seule conviction qui m’habitait était celle que je ne lui en aurais pas voulu, absolument pas, si elle avait fait d’autres choix. Si elle m’avait laissé. « Mais je ne l’ai jamais vu comme une obligation. C’était juste… la chose à faire. C’était ce que je voulais faire pour me sentir utile. » J’esquissai un sourire triste, sachant pertinemment qu’elle était animée par les regrets et les remords. Sachant pertinemment qu’elle ne parvenait même plus à distinguer ces deux concepts dans l’océan même de ses émotions.
Que je dise quelque chose ne changerait rien. Tout comme moi, Scarlet était bornée ; elle refusait d’admettre qu’il puisse exister d’autres vérités que les siennes. Elle était décidée à s’en vouloir. Décidée à se blâmer. Alors, je cessais de lutter pour la faire changer d’avis, gardant mes convictions pour moi, tentant de temps à autre de lui faire admettre que seul le destin était responsable pour ce qui nous était arrivé.
Que nous étions nés pour devenir des tragédies. Et que, quoi qu’elle puisse penser, quoi qu’elle aurait pu faire, nous aurions fatalement été amenée à connaître le malheur.
J’attendais anxieusement qu’elle me fasse part de ce qu’elle désirait me dire, demeurant silencieuse, n’entendant que les pulsations de mon coeur. Scarlet s’assit en tailleur face à moi et je l’observai, notant les traits tirés de son visage. Ma soeur était enceinte. Ma soeur allait être maman. Ma soeur, ma soeur à moi. Mais j’avais l’impression que cela n’était même pas le plus important, dans son coeur. « J’ai envie de te le dire. C’est quelque chose que j’aurais dû te dire il y a longtemps déjà mais j’avais trop peur, » commença-t-elle. « J’en ai marre de mentir, Ginny. » Je le voyais à son regard qu’elle avait envie de pleurer. Je voyais dans son regard que, si elle s’était sans doute préparée, elle ne parvenait pas à me confier ce qu’elle avait sur le coeur. Je continuais de l’observer avec douceur, un sourire flottant sur mes lèvres, comme pour l’encourager.
Comme pour lui faire comprendre qu’elle ne pourrait pas me faire fuir, qu’elle ne pourrait pas me pousser à m’en aller. Je voulais qu’elle comprenne que nous étions des soeurs. Que nous étions nées à deux. Que, même si cela n’avait pas toujours été le cas, j’étais là pour elle et qu’elle serait là pour moi un jour, à son tour. « Ca va te paraître bizarre après ce que je t’ai dit mais… Il y a une raison pour laquelle je bois, Ginny. Il y a une raison pour laquelle j’ai été une telle connasse avec toi et tout le monde au lycée. Ça n’excuse pas ce que j’ai fait mais… c’est pourquoi j’ai agis comme ça. J’avais peur. D’être rejetée. D’être… comme toi. D’être assez courageuse pour être moi-même et prendre le risque de me faire insulter pour ça. » reprit-elle. « Bref, je… J’avais peur de ne pas être acceptée. J’ai du mal moi-même à l’accepter mais maintenant j’ai tout foutu en l’air alors… » Je fronçai doucement les sourcils. Ce qu’elle ne savait pas était que je ne m’acceptais pas non plus, pourtant, je n’avais pas eu d’autres choix que d’être fidèle à celle que j’étais. J’avais été trop lâche pour me battre contre la personne que j’incarnais. Peut-être qu’elle avait été trop courageuse, si courageuse qu’elle s’en était brûlé les ailes. « Je… Je ne suis pas attirée par les garçons. » La nouvelle tomba finalement. Ses yeux brillèrent, gorgés de larmes, gorgés de ces larmes qu’elle refusait de faire couler. « Scarlet… » murmurai-je mais elle ne me laissa pas le temps de poursuivre. Pas le temps de la réconforter. Pas le temps de lui affirmer que ce n’était pas grave. Pas grave parce qu’il n’existait pas de normalité, qu’il ne s’agissait que d’un concept, un concept que le monde s’était plu à élaborer dans le vide, dans le vent. « J’ai essayé pourtant, je me suis dit que ça passerait, avec l’âge peut-être, avec le temps. J’ai cru que si je l’ignorait suffisamment, ça s’en irait, » reprit-elle. « Mais… je suis tombée amoureuse. Et même si j’ai essayé de m’en distraire, je sais que… Que je ne pourrais jamais aimer un garçon comme je l’aime elle. Et maintenant elle me déteste et je ne sais pas quoi faire. » Je me trouvais presque affligeante de pleurer avec elle. Je me trouvais presque affligeante de me laisser aller à mon tour, simplement parce que j’avais l’impression que sa peine était la mienne également. Je finis par m’essuyer les joues du revers de la main, et relever la tête vers elle. « Scarlet, » repris-je une nouvelle fois. « Tu dis ça comme si c’était grave. » Comme si elle était anormale. Comme si elle n’était pas comme les autres. J’avais passé des années à me faire rejeter, des années à me faire insulter. Mais, tout ce que j’avais finir par apprendre, au cours de ces très longs mois, était qu’ils étaient tous différents, eux aussi. « La normalité n’existe pas, Scarlet. Tout le monde est étrange. Personne ne correspond au schéma que la société nous impose. Tu… Tu aimes les filles et ce n’est pas grave. Ca ne fait pas de toi une paria. C’est ce qu’on tentera de te faire penser mais il faut que tu gardes en mémoire que les autres ont souvent pire à cacher, » repris-je doucement. Je lui adressai un sourire. J’agissais comme si cela ne m’étonnait pas. Comme si je n’étais pas surprise. Mais, au fond de moi, j’étais paralysée par cette nouvelle. Paralysée parce que je ne l’avais pas vu venir. Paralysée parce que ma soeur avait gardé cela pour elle des années et que je ne m’étais pas rendue compte de ce qui l’habitait. « Tu l’as trompé ? C’est pour ça qu’elle t’en veut ? » lui demandai-je doucement. Il y avait tant d’informations dans mon esprit. Tant d’informations que mes pensées ne parvenaient plus à s’arrêter. Je parlais avec douceur, je gardais mes distances pour ne pas qu’elle craque. Mais, par-dessus tout, je voulais qu’elle comprenne. Je voulais qu’elle comprenne qu’elle n’était pas étrange. Qu’elle n’était pas bizarre. Qu’elle était comme tout le monde, avec toutes ces choses qui faisaient d’elle l’être qu’elle était.
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