"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I want to protect innocent people from sin ft Lexie 2979874845 I want to protect innocent people from sin ft Lexie 1973890357
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I want to protect innocent people from sin ft Lexie

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() message posté Lun 2 Mar 2015 - 4:09 par Invité
“The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.”   J’avais longtemps hésité avant de de franchir les portes du bâtiment. Mon souffle se versait mélancoliquement dans les couloirs vides du hall. Je regardais les volutes de fumées grises s’évanouir derrière moi tandis que j’inspirais ma dernière bouffée de nicotine. Il était temps que j’arrête de me noyer dans l’addiction et que je me prenne en main. Alexandra m’avait terriblement manqué, mais je m’étais interdis de la voir tant que je n’aurais pas réussi à surmonter mon indicible douleur. Je ne pouvais pas songer à une rencontre avec cet être délicat en arborant le visage immuable du désespoir. Elle avait besoin de mes sourires déguisés et de mon affection voilée d’inquiétudes. Après le nouvel an et ma rupture avec Athénaïs, je m’étais forcé à exister en état de semi-éveil. Pendant plusieurs semaines je m’étais muré dans le silence et ses vertus salvatrices. Je m’étais consacré à la création de mon roman et aux délices éphémères du whisky. En vain. Je soupirai en crispant mes doigts autour du coffret DVD de la série culte friends. Je savais que Lexie  appréciait l’humour atypique des américains et j’avais besoin de m’extirper à la réalité à ses côtés. Je considérais la jeune femme comme une petite sœur fragile et puérile. Après plusieurs mois de relation, Samantha avait réussi à me transmettre tout son amour pour la famille à travers ses longs récits et sa dévotion inébranlable pour sa demi-sœur.

Les silhouettes des locataires flottaient tout autour des lueurs vespérales de la nuit, sans que je ne parvienne à en distinguer les formes. J’avais l’impression  de sombrer dans les méandres de mon âme à chaque fois que je songeais à Eugenia. Je dévalai les marches du premier étage d’un pas lent. Parfois, je ne pouvais plus contrôler les mouvements involontaires de mon genou, alors je m’appliquais dans ma démarche boiteuse afin de garder un semblant de dignité. Je n’avais pas peur des consultations médicales, des longues thérapies ou des traitements laborieux, je ne voulais tout simplement pas trouver le répit en soignant une vieille blessure. Ma rupture du ligament croisé m’avait accompagnée durant des années. Elle faisait partie intégrante de mon identité. Je fermai mon poing sur les pans de ma veste en cheminant vers le dernier appartement au bout du couloir. Mon esprit continuait de s’évader dans ses tourments habituels et je dû me faire violence afin de ne pas céder une nouvelle fois à l’envie irrépressible de crier. Ma gorge me serra douloureusement et il me sembla que l’envie de pleurer ne me quitterait plus jamais. Tous mes amis pensaient que j’étais endeuillé par un amour à sens unique mais c’était faux. J’étais triste par habitude, voilà tout. Lorsqu’on s’attarde au fond de l’abîme, on finit par y apercevoir le reflet de nos propres échecs. J’avais besoin de tout ce chagrin comme un écrivain avait besoin d’une muse. J'avais besoin de ressentir tout mon chaos avant de me relever. Je m'arrêtai un instant, avant de frapper à la porte avec impatience. Au bout de quelques secondes, Lexie m’apparut comme un enchantement.  Sa bienveillance filtrait à travers la pièce afin de me couvrir de chaleur. « Tu es là. » Lançai-je en me penchant vers son visage blafard. Elle avait mauvaise mine mais son regard perçant ne perdait jamais son éclat resplendissant. Je lui souris d’un air taquin.   « Je pensais te faire une surprise … » Je murmurai en déposant délicatement mes lèvres sur ses joues chaudes. « Saison4 ? J’adore quand Chandler et Monica deviennent enfin un couple. » Raillai-je en la poussant légèrement à l’intérieur.
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() message posté Jeu 5 Mar 2015 - 1:34 par Invité
Je remontai avec précaution la manche de mon gilet pour constater les dégâts. Inclinant la tête, plusieurs mèches encore humides tombèrent en voile sur mes yeux et je les dégageai en arrière, dans une moue capricieuse. Ils sentaient encore le chlore. L’odeur ne s'atténuait pas, malgré deux douches. Elle s’était infiltrée sous ma peau, mes ongles, mes cheveux. J’avais enfoui mon sac et ma serviette dans la machine sitôt rentrée et j’avais pourtant l’impression que l’appartement tout entier en avait été imprégné. Il ne s’agissait là que d’une perception de ma part, j’en étais consciente. La moindre odeur me prenait à la gorge et me mettait le cœur au bord des lèvres, depuis quelques temps. Je devais en parler à mon néphrologue, mais je craignais que la réponse ne me convienne pas. Je n’avais toujours pas pris de rendez-vous pour discuter de mes derniers résultats sanguins, persuadée qu’en les ignorant, ils disparaitraient, eux et leurs conséquences. C’était encore ce que je faisais de mieux, fermer les yeux. Fermer les yeux et oublier que le temps finirait un jour par me manquer, que je n’avais pas le droit de me tromper. Je cherchais à m’occuper. J’acceptais plus de contrats que je n’avais de force pour les honorer. Je cachais tous les symptômes inquiétants derrière une fatigue terrassante. Et je m’étais mise en tête de faire du sport aujourd’hui. Parce que je devais me dépenser, d’une manière ou d’une autre. Pour lutter contre cette impression de ne plus être en mesure de faire quoique ce soit sans perdre conscience au moindre effort. Pour brûler ces angoisses qui me rongeaient et auxquelles je ne voulais pas faire face. J’étais allée nager, dans la piscine municipale du quartier. J'avais voulu faire des longueurs jusqu’à en perdre haleine. C’était arrivé beaucoup plus vite que prévu, beaucoup plus vite qu’auparavant et ça n’avait fait qu’accroitre ma frustration. J’avais refusé de laisser tomber, refusé de rendre les armes. J’avais nagé avec une telle férocité, une telle détermination que j’en avais oublié de respirer. Je nageais encore et encore, une longueur après l’autre, et encore une autre. Mes mains fendaient l’eau, hargneuses, mes bras et jambes se battaient, luttaient contre eux-mêmes. A ma sortie du bassin, je m’étais affaissée sur moi-même, incapable de supporter mon poids, incapable de respirer. On s’était précipité vers moi, mais j’allais bien, ils ne comprenaient pas. Je sortais de l’eau, exsangue mais le corps élastique, le cœur léger. Léger, avant que le poids ne se réinstalle quelques minutes plus tard et prenne entière possession de moi. Ce n’était qu’un court répit. J’étais rentrée chez moi et, sur le chemin du retour, l'enclume avait repris sa place dans ma poitrine. Les yeux froids et tristes de James hantaient mon esprit à chaque fois que je clignais des paupières. Ses derniers mots également. Ses derniers mots que je ne savais pas comment interpréter. Je ne savais pas quoi faire, je n’osais rien faire de définitif au risque de le perdre définitivement. Je n’avançais pas. Peut-être était-ce mieux ainsi, me répétais-je sans cesse. Peut-être que rien de tout ceci ne m’était destiné. Peut-être que je lui rendais ici la liberté que je lui avais ôtée, l’avenir que j’avais effacé. C’était aussi simple que cela, le destin. Et on ne pouvait changer ce qui avait été écrit. Foutaises. Le cynisme qui m’habitait me rattrapait toujours bien trop tôt, bien avant que ces illusions aient eu le temps de s’installer dans mon esprit. Je laissai échapper un soupir en retirant complètement mon gilet. J’y avais été trop fort, encore une fois. J’attrapai une serviette avant de comprimer avec vigueur l’intérieur de mon bras où ma fistule s’était mise à saigner légèrement. Je me redressai soudain en entendant trois coups à la porte et lançai un coup d’œil contrit à l’horloge. J’avais volontairement ignoré mon dernier rendez-vous chez le médecin. Je me surpris à imaginer Sam, exaspérée derrière la porte, prête à en découdre, et j’hésitais une seconde à lui faire face. Mais les coups à la porte ne se renouvelèrent pas, je me levai en froissant mes cheveux dans une dernière tentative de les sécher et me dirigeai vers la porte avant d’ouvrir. « Tu es là. » Je levai les yeux sur Julian, dans l’embrasure de l’entrée et un sourire se dessina sur mes lèvres, presque imperceptible, comme si je ne l’avais pas commandé. « Je pensais te faire une surprise … » commença-t-il doucement. Je l’observai se pencher vers moi et frissonnai légèrement en sentant sa joue glacée effleurer la mienne. « Et tu m’as apporté quelque chose ? » le repris-je avec une once de malice. Mon regard s’attarda une seconde sur le coffret qu’il tenait fermement contre lui. « Saison 4 ? J’adore quand Chandler et Monica deviennent enfin un couple. » plaisanta-t-il en avançant nonchalamment dans l’appartement et je fis quelques pas en arrière pour le laisser entrer. « Ne te moque pas, c’est ton côté romantique. » Je laissai mon regard balayer son visage. Il m’avait manqué durant ces semaines de silence, je m’étais inquiétée pour lui aussi, bien plus que je ne pourrais lui avouer. Je doutais cependant que cet aveu ne lui révèle quoique ce soit qu’il ne savait pas déjà. Je m’emparai des DVD afin de le laisser se dévêtir de son manteau et m’approchai du canapé. « Je croyais que tu ne voulais plus regarder Friends avec moi, que je te gâchais tout en récitant les répliques en avance. » repris-je distraitement. « Tu auras tenu ta menace un certain temps quand même. » plaisantai-je légèrement alors qu’il me rejoignait. Oui, plus de temps qu’il n’en aurait du même. Mais c’était étrange comme sensation, ce sentiment de ne rien avoir raté, comme si nous nous étions quittés la veille. La permanence de ces choses simples me rassura instantanément. Comme si j’aurais pu parié qu’il s’agissait en fait de lui derrière la porte.
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() message posté Mer 18 Mar 2015 - 21:02 par Invité
“The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.”   J’avais l’impression en la regardant qu’elle était malade, que son esprit, son âme, son cœur, ou son rein, se trouvaient assailli par un mal encore inconnu de la science. Je m’angoissais par instinct à chaque fois que sa voix fluette raisonnait au creux de mes oreilles. C’était une dévotion inébranlable, une sorte d’amour fraternel, comme si les liens de sang qui l’unissaient à sa grande sœur, m’enchainaient aussi dans leur relation. Je m’attardais volontairement contre ses joues brûlantes, humant discrètement l’essence de ses angoisses. Je connaissais Alexandra depuis quelques années déjà, et malgré nos longues séparations, et les mois de silence, je me sentais très concerné par son état de santé. Parfois, il m’arrivait de comprendre sa situation. Je savais parfaitement que le déni des symptômes était plus facile à gérer  que la peur de flancher. Elle était si jeune, si belle, si intelligente et si prometteuse. Nulle considération aussi poignante et sincère soit-elle, ne pouvait combler son sentiment d’injustice. C’était certainement pour cette raison que je n’insistais pas autant que Samantha à l’accompagner à l’hôpital. Je restais là, tapi dans l’ombre, attendant patiemment le moment ou ma présence serait sollicitée. Elle le savait. Il lui suffisait de penser très fort à moi pour que j’apparaisse comme par magie. Je me pliais à chacune de ses exigences parce que j’étais effrayé de la perdre. « Et tu m’as apporté quelque chose ? » S’amusa-t-elle en scrutant le coffret que je tenais entre les mains.  « Ne te moque pas, c’est ton côté romantique. » J’esquissai un faible sourire. Ses mots flottaient passivement dans l’entrée. J’ignorais si le romantisme que je déplorais tant, faisait encore partie de mes traits de caractère, cependant, mon expression demeura positive et forte. Je ne voulais pas l’alarmer inutilement en exposant mes déceptions amoureuses aussitôt arrivé. «Je croyais que tu ne voulais plus regarder Friends avec moi, que je te gâchais tout en récitant les répliques en avance.  Tu auras tenu ta menace un certain temps quand même. »Je levais les yeux au ciel, amusé malgré tout, en effet – il y avait très peu de choses que je pouvais lui refuser indéfiniment. Je la suivis lentement vers le canapé. C’était étrange, mais je ne pouvais pas songer à Alexandra sans ressentir une sorte de tendresse envers mon enfance. Quoi de plus émouvant qu’une jeune femme aussi douce et délicate, frappée par les imperfections d’un corps aussi jolie à contempler ? J’aurais tant aimé la protéger de ses propres défaillances mais j’étais encore une fois inutile face au destin. Tout comme Eugenia, elle était atteinte sans que je ne puisse la sauver. Je m’assis lentement, laissant ma jambe gauche raide afin de ménager mon genou parfois douloureux.  Elle m’adressait un sourire complice, aussi éclatant que les milles lueurs du soleil.  « Tu devrais cacher ta joie ou je serais tenté de passer la nuit. » Déclarai-je en tapotant légèrement sur la place à mes côtés, lui signifiant de me rejoindre. « Je revois Sam depuis quelques temps. » Annonçai-je calmement. Notre seconde rupture s’était très passée. J’avais sans doute été trop perturbé pour aborder correctement la situation, je m’étais laissé envouter par Athéna, et Sam avait développé quelques ressentiments à mon égard. Elle m’avait quitté et j’avais été assez idiot pour la blesser. A l’époque, je ne voulais pas qu’elle revienne vers moi. Je voulais la pousser vers sa liberté afin de lui offrir une chance de trouver le bonheur simple et parfait qu’elle méritant tant. Ma cruauté cachait ma profonde considération pour la jeune policière. Au fond, elle restait spéciale. Elle était différente de toutes les autres. Tout du moins, j’ai été assez naïf pour croire qu’elle pouvait me délivrer d’Eugenia deux fois.  Je fronçai les sourcils en suivant les fluctuations de mes pensées. Pourquoi avais-je ce besoin d’être constamment malheureux ?  « Je ... Elle comptera toujours pour moi. » Confessai-je avant de me pencher lentement vers la table basse. Alexandra avait besoin d’entendre ces vérités. Je ne m’étais pas complètement joué de sa sœur. Je n’avais fait que sombrer dans mon égoïsme incorrigible. Je pris la télécommande afin d’actionner la télévision.  « Tu as une mine effroyable soit disant passant. » Lançai-je sans lui accorder le moindre regard. Les couleurs flamboyantes de la publicité pour shampoing  se brouillaient devant moi. Je ne lui demandais pas de me confier ses incertitudes, mais j’attendais qu’elle m’ouvre son cœur. J’attendais parce que je ne savais rien fait d’autre sans la brusquer.
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() message posté Sam 21 Mar 2015 - 22:38 par Invité
J’avais eu peur, durant un temps, de devoir renoncer aux liens qui nous unissaient. Que nous ne soyons capables, ni l’un ni l’autre, de voir au delà des tourments qui s’en étaient pris à lui et Sam. Nous nous étions pourtant montrés d’une rigueur presque exemplaire quant aux promesses que nous nous étions faites. Je trouvais cela rassurant. Je ne pouvais m’empêcher également de trouver en cela, et en plus du reste, une manière de rentre hommage à ce qu’ils avaient été, de protéger tout le reste d’une désuétude misérable. Notre façon quelques fois de s’évanouir dans un silence serein ne changeait rien, au contraire, elle nous certifiait. « Tu devrais cacher ta joie ou je serais tenté de passer la nuit. » Je levai les yeux au ciel en me rendant compte de ce sourire qui ne m’avait pas quitté depuis son apparition sur le pas de ma porte. Il me sauvait d’une soirée maussade de plus, à ressasser mes déchirements et mes exigences. Il ne se rendait pas compte. J’avais besoin d’être accompagnée pour ne pas laisser la fatigue me clouer au lit sans lui opposer de résistance. Je lisais dans son regard des inquiétudes qu’il n’arrivait pas à voiler, des inquiétudes qui me suffisaient pour avoir envie de le rassurer. « Ne fais pas de promesses que tu ne tiendras pas. » m’amusai-je en m’approchant du canapé avant de m’asseoir sur l’accoudoir, une jambe repliée sous moi-même. « Je revois Sam depuis quelques temps. » Je ralentis mes gestes en entendant l’évocation de ma sœur et relevai mon regard du coffret vers lui. Il ne prononcerait pas son nom s’il n’avait pas l’intention d’en dire davantage. Je retrouvais aussitôt mes instincts protecteurs mais ils n’avaient jamais été bruts et violents envers Julian. Je le connaissais, il me suffisait de regarder dans ses yeux pour me convaincre de l’entièreté des sentiments qui l’avaient unis à Sam. J’étais persuadée qu’ils n’y pouvaient rien, je pensais dans le fond qu’ils n’avaient peut-être jamais eu leur chance. Que le vrai malheur rendait tristement le vrai bonheur inimaginable et inaccessible. « Je ... Elle comptera toujours pour moi. » rajouta-t-il dans une confidence voilée. J’hochai la tête une fois, sans rien répondre sur l’instant. Je ne pouvais que le croire, j’avais été témoin de leur histoire, de leurs tentatives, de leur désir d’être heureux ensemble, et de leurs échecs. J’avais vu ma sœur souffrir et c’était un souvenir qui me tordait le cœur. Mais je n’avais jamais eu de parti à prendre. Je n’avais jamais pu. Je ne doutais pas de l’attachement de Julian, je ne doutais pas qu’il avait eu envie de l’aimer avec ses doutes, son désespoir. Je ne doutais pas qu’il avait essayé de l’aimer, et ce, depuis le plus sombre de lui-même. Je connaissais cette sensation de donner son cœur et d’échouer tout de même à cause de la douleur et des pulsations de nos propres blessures. « Je sais. Enfin, je le crois. » répondis-je doucement en le regardant se pencher en avant. Je soupirai légèrement, hésitante, avant de prendre les devants. « Ne la fais plus souffrir, d’accord ? Elle ne te le dira pas alors je suis obligée. » laissai-je échapper simplement. J’étais obligée, oui. J’étais obligée de mettre de côté une seconde mes réticences à me mêler d’une histoire qui n’était pas la mienne. Je l’étais car je savais que Sam ne laisserait jamais transparaître ses faiblesses, elle était trop fière et, paradoxalement, trop forte pour cela. Si elle ne prenait pas soin d’elle, je devais le faire à sa place. C’est ce qu’elle faisait pour moi, c’est ce que je lui reprochais mais c’était une sorte d’accord tacite que nous n’étions pas prêtes à abandonner. « Tu as une mine effroyable soit disant passant. » me lança-t-il avec ce claquement de langue détaché. J’entendais les musiques entraînantes et artificielles s’échapper des enceintes de la télévision et je souris vaguement en entendant sa remarque. Il était vrai que je n’avais plus rien de cette jeune femme à la crinière flamboyante et au teint impeccable qui nous narguait par delà l’écran allumé. Je mincissais lorsque j’aurais du prendre du poids, je ne supportais plus les pesées pré-dialyse. J’avais cette impression d’être jugée à chaque fois. Sans surprise, l’aura flatteuse censée émaner des femmes enceintes m’épargnait sans remords. Je me relevai de l’accoudoir pour me pencher et insérer un dvd dans la machine. « Entre autres choses, mes reins m’ont lâchée. Quelle est ton excuse ? » répondis-je sur un ton innocent avant d’enfin me laisser glisser sur le canapé à côté de lui. Je ne renonçai pas à l’ironie, au goût de la réplique qui m’avait sauvé plus d’une fois. Je ne pouvais m’empêcher d’avoir conscience qu’elle pouvait paraître bien amère dans ces circonstances, la réplique bien convenue. Mais elle m’empêchait d’être démunie lorsque je n’étais pas certaine de ce que je devais dire, de ce que je pouvais me permettre. Je l’observai à la dérobée, ses yeux brillaient comme si il avait de la fièvre et il semblait ne pas avoir dormi depuis des semaines. Cela ne m’étonnait pas dans le fond. Nous souffrions tous les deux, différemment, mais la violence des coups qui nous étaient portés en retournait aux origines. Elle nous heurtait, elle était physique. Entre autres choses, repensai-je. Cette subtilité m’avait échappée sans que je ne m’en rende compte et je passai une main dans mes cheveux distraitement. Je l’interrogeai du regard quant à l’épisode à choisir avant de le lancer. « Je suivais les avancées de ton roman grâce à James, à demi-mots. Mais maintenant, je ne peux compter que sur toi. » repris-je en me lovant dans le fond du canapé. Je lui adressai un sourire un peu évasif, consciente de l’importance du sujet, pour nous deux. Il était toujours plus facile pour moi de les aborder avec distance, presque détachement, lorsque je me décidais à le faire. Et je ne pouvais pas faire autrement avec lui, j’avais toujours voulu être transparente, sincère, même dans mes tentatives de dissimulation.
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() message posté Ven 27 Mar 2015 - 0:45 par Invité
“The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.”   Je lui souris d’un air imperturbable. J’avais la volonté suffisante pour lui faire oublier tous ses maux. Alexandra n’était pas une fille taciturne ou laxiste, bien au contraire elle avait un caractère de feu, mais je voyais qu’elle se laissait parfois aller à la fatigue. Sa condition la rendait fugitive et fragile. Je penchai la tête avec recueillement, bercé par les glissements mélodieux de sa voix et l’expression émouvante de son visage enfantin. Je la voyais toujours comme une petite fille alors que l’écart d’âge entre nous n’était pas franchement aberrant. Je frôlai son bras avec tendresse avant de réaliser à quel point elle avait maigri. Je pouvais sentir ses os choir sous mes caresses comme si sa peau n’était plus qu’un film très fin. Je déglutis sans commenter. Je connaissais son aversion pour les leçons de morales, et il fallait avouer que je n’étais pas un exemple de droiture et de maturité. J’avais ignoré ma jambe pendant des semaines avant de me faire opérer et de disparaitre en France. Je continuais aussi à faire la sourde oreille à mes troubles comportementaux, mais cela était uniquement dû à ma mon ambition de devenir écrivain. Je voulais retranscrire mes pensées sans être interrompu par la fièvre, les vomissements ou l’apathie, tous effets secondaires de la médication. Il semblerait que l’amour parfait soit complètement déraisonnable, ma dévotion pour ma carrière avançait dans ce sens. J’étais capable de me laisser souffrir afin de réaliser mes rêves. « Ne fais pas de promesses que tu ne tiendras pas.   » S’amusa-t-elle et j’acquiesçai de la tête d’un air aguicheur. Elle savait s’y prendre pour me tenter, je n’habitais pas très loin – à une dizaine de minutes en voiture mais l’idée de rester toute la nuit était alléchante. Elle me rejoint sur le canapé et je lui adressai un regard perdu. Je me sentais vulnérable à chaque fois que je citais Samantha en sa présence. Je pense que j’avais un peu honte de la façon dont je l’avais quitté. Je déglutis avec difficulté – mon cœur s’acharnait contre ma poitrine afin de fermenter mon dépit presque haineux. « Je sais. Enfin, je le crois. Ne la fais plus souffrir, d’accord ? Elle ne te le dira pas alors je suis obligée. . » Je grinçai des dents. En effet, elle était bien trop fière pour m’avouer ses pires faiblesses. J’en faisais partie - clairement. « Je ne la fais plus souffrir. A force, je pense que nous sommes tous les deux usés. »Je posai mes yeux sur sa silhouette filiforme avant d’hausser les épaules. Je comprenais sa sollicitude, et je déplorais mon insouciance. Mon souffle s’exaltait dans le vide avant de s’évanouir sous l’éclat de la pièce. « Nos rencontres sont assez brèves. Elle ne parle pas beaucoup de sa vie, à vrai dire on ne fait que boire avant de se séparer en bons amis. C’est étrange mais je préfère subir ces sorties éphémères plutôt que son absence. » Je me tournai lentement avant de m’absenter dans le fil de mes pensées. Les souvenirs que nous avions partagés me percutaient de plein fouet ; je revoyais Sam dans le parc municipal. Les pans de sa robe blanche dansaient allègrement au gré du vent avant de draper mon visage morne. Cette grâce unique, lorsqu’elle se penchait vers ma bouche. Sa façon de me tenir tête et de me tourner le dos dans un silence impérial et triste. Je l’avais aimé, j’en avais la conviction. Cependant, ce n’était pas suffisant. Je secouai frénétiquement la tête avant de laisser ma main plonger dans ma chevelure dorée. Ce n’était pas le moment idéal pour être nostalgique. «  Entre autres choses, mes reins m’ont lâchée. Quelle est ton excuse ? » Alexandra me toisa du regard avant d’insérer le DVD. Je laissai les sons et les couleurs de la télévision envahir mes pensées, puis au bout de quelques secondes je finis par rire à sa moquerie.  « Je suis lent de cerveau comme tu peux le voire c’est une bonne excuse, non ? » Je lui fis un clin d’œil.  Elle m’adressa un regard interrogateur afin que je choisisse un épisode mais j’haussai les épaules avec désinvolture, à vrai dire – peu m’importait. J’étais ici pour le plaisir de sa compagnie uniquement. «  Je suivais les avancées de ton roman grâce à James, à demi-mots. Mais maintenant, je ne peux compter que sur toi. » J’arquai un sourcil, d’abord surpris par sa confession puis je finis par plisser le front en décortiquer chacune de ses paroles. Maintenant, je ne peux compter que sur toi … Je glissai à sa hauteur afin d’ancrer mes yeux dans les siens. « Il est en voyage d’affaire dans une galaxie ou les téléphones n’existent pas ou est-ce que … ?   » Je n’osais pas affirmer mes doutes. Son manque d’entrain n’était donc pas dû à sa condition physique. Je respectais énormément James, à vrai dire, l’homme éloquent et plein de mystère, me fascinait – mais je pouvais facilement fermer les yeux sur mes propres aspirations et le faire descendre de son piédestal. S’il avait fait du mal à Lexie, il ne valait pas mieux que tous les autres. Moi, y compris.
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() message posté Ven 3 Avr 2015 - 0:38 par Invité
Je n’avais jamais supporté d’être mise sous l’aile de quelqu’un, n’importe qui. Je n’avais jamais été douée dans l’art de parler et d’être écoutée, d’être embrassée, serrée dans des bras, plainte ou comprise. J’avais toujours fui ces attentions et ces débordements avec un soin tout particulier. J’avais appris très tôt à être seule, j’avais voulu l’être dès mon plus jeune âge. Tout simplement, parce que la vie avait, dès le début, fait en sorte de me faire comprendre que j’allais l’être toute ma vie. Seule. Nous l’étions tous. Julian était rentré dans la vie de ma sœur, puis dans la mienne par extension. Naturellement, il avait rendu sa présence familière, évidente, puis essentielle. Il s’était rendu essentiel. Prenant la place masculine et rassurante jusque là laissée vacante, presque inexistante, de mon autrefois jeune vie. Il avait la carrure du frère protecteur, soucieux et facétieux que je n’avais jamais osé imaginer. Et si je surprenais dans son regard toute l’inquiétude qu’il avait appris à taire à mon sujet, je n’étais jamais en reste le concernant. « Je ne la fais plus souffrir. A force, je pense que nous sommes tous les deux usés. » Je ne répondis pas tout de suite. Dans le fond, je pouvais me trouver en accord avec lui. Je croyais réellement que les souffrances et les tristesses finissaient par passer, inlassablement. Tout passait et disparaissait éventuellement, le bonheur également, puis la vie en elle-même. Avec le temps, nous finissions par nous souvenir que nous avions souffert mais jamais à quel point. Nous oubliions les souvenirs qui nous avaient le plus blessé pour ne plus nous laisser faiblir. Nous les mélangions avec d’autres, ou les transformions en mensonges. Nous cherchions la facilité jusqu’à se trouver de nouveaux tourments. Je pouvais le croire, oui. Mais je ne savais pas si Sam en était déjà à ce point. « Nos rencontres sont assez brèves. Elle ne parle pas beaucoup de sa vie, à vrai dire on ne fait que boire avant de se séparer en bons amis. C’est étrange mais je préfère subir ces sorties éphémères plutôt que son absence. » Je saisis doucement son bras alors que je me laissai m’asseoir à ses côtés. Je voulais qu’il sache que je le comprenais, que j’entendais leurs deux douleurs même si elles étaient différentes. Mais elles étaient, en effet, différentes. Et je ne pouvais m’empêcher de me demander si les oublier ensemble dans un semblant d’ivresse était la solution. « Est-ce que c’est son cas à elle aussi ? » Je plissai les yeux avec perplexité avant de hausser les épaules. « Je m’inquiète pour elle, les rôles sont presque inversés en ce moment. » Je laissai échapper un sourire légèrement vague, car rien de ceci n’était réellement drôle. Presque, car Sam ne laisserait jamais tomber le rôle qu’elle s’était octroyée depuis ma naissance. Presque seulement, car elle ne se départirait jamais de son autorité et de ses inquiétudes en ce qui me concernait. Mais je la voyais faillir ces derniers temps, et je ne savais pas la retenir. Je la voyais jouer avec le feu et tester ses limites et je ne pouvais rien lui dire. Je lui avais fait subir pire, beaucoup plus longtemps, pour me permettre de me laisser aller à des leçons moralisatrices. Je ne pouvais que l’observer de loin, prête à la rattraper à la première chute. Et je formulais mes craintes à voix haute ce soir, pour la première fois, face à Julian. « Je suis lent de cerveau comme tu peux le voire c’est une bonne excuse, non ? » Il m’adressa un clin d’œil et je me mis à rire en secouant distraitement la tête. Mes cheveux étaient toujours légèrement humides et je les dégageai en lançant le premier épisode du disque. Les premiers sons du générique de début s’échappèrent des enceintes, venant presque couvrir ma confession. « Il est en voyage d’affaire dans une galaxie ou les téléphones n’existent pas ou est-ce que … ? » s’enquit-il en se penchant dans ma direction. J’appuyai mon regard dans le sien à sa deuxième hésitation. Je n’étais pas certaine de ce que je faisais. J’abordais ce sujet sans avoir la moindre idée de ce que j’étais ensuite supposée dire. Des réponses que j’étais censée lui apporter. Je suis enceinte, Julian. Je suis enceinte. Je ne l’avais encore jamais dit, jamais formulé à quelqu’un d’autre que James. Et j’avais déjà tout gâché cette fois-ci. Je ne savais pas s’il était plus facile de l’avouer à Julian pour la première fois, ou au contraire plus difficile car son regard m’importait énormément. Je laissai mon index frôler ma lèvre inférieure, je gagnais du temps. « C’est fini. » confirmai-je enfin d’une voix impassible. « Est-ce que ça te surprend ? Moi, je ne sais plus. » finis-je simplement par dire. J’aurais pu me parler à moi-même. Je me le demandais régulièrement, je tentais de prendre du recul pour faire le point. Je tentais de rationnaliser les choses pour ne pas me laisser submerger par elles. Julian me connaissait. Il me connaissait et m’acceptait mieux que je ne le faisais parfois. Et je savais qu’il avait énormément échangé avec James ces derniers temps. Je savais qu’il l’estimait, que la relation qui les unissait était professionnelle et je m’en voulus aussitôt de tout mélanger, de lui demander son avis. Mais j’avais besoin de savoir si tout était dans ma tête. Si j’avais imaginé mes craintes, si je les avais créées de nul part dans le simple but de me torturer. Je n’avais jamais été faite pour James. Il avait toujours mérité autre chose, mieux. Il avait toujours mérité d’avoir à ses côtés une femme accomplie et porteuse des mêmes rêves que les siens. A la place, il m’avait eu moi, abimée et toujours prête à faire marche arrière. Est-ce que notre rupture le surprenait ? Est-ce qu’elle le surprenait plus que notre couple ? Est-ce que quelqu’un était en mesure de me déceler une logique, n’importe laquelle, dans toute cette situation ? Car c’était tout ce qui me fallait, tout ce dont j’avais toujours eu besoin, une logique. Il n’y aurait alors plus de tords ou de gâchis. Je ne pouvais pas lutter contre la logique.
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() message posté Sam 25 Avr 2015 - 19:27 par Invité
“The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.” Mes inquiétudes s’élevaient brusquement avant d’aller s’effacer dans le fleuve de l’oubli. Je voulais profiter de Lexie tant qu’elle acceptait ma présence à ses côtés. C’était étrange de songer que malgré mes fautes et mes erreurs envers sa sœur, elle continuait de voir en moi une figure masculine et protectrice. Je voulais me tenir à ce rôle. Je voulais protéger son innocence, car quoi qu’elle en pense, elle était une fleur pure et délicate qui se fanait au fond du jardin. Mon visage se crispa en détaillant les courbures de sa silhouette malade. Dis-moi, ce qui ne va pas. Je la suppliais en silence, espérant qu’elle me permette d’alléger son fardeau, mais elle n’en fit rien. Elle se cachait derrière sa stature vaniteuse et son air désinvolte – comme d’habitude. Je déglutis en plissant la bouche. Parler de Sam n’était pas une chose aisée. Nous avions vécu en synergie pendant des années avant de finir par nous détruire. J’avais toujours pensé qu’elle possédait le don de sublimer la douleur. Elle ne m’avait jamais semblé plus désirable, que lors de ses pires moments. J’étais confus. L’amour, la haine, la déception … Je ne pouvais plus creuser ces prétextes pour justifier mon comportement. J’étais tout simplement égoïste. Lexie posa sa main sur mon bras avant de s’installer sur le canapé. Je relevai lentement ma tête vers elle à la fois triste et soulagé. « Est-ce que c’est son cas à elle aussi ? » Je suivis les mouvements de ses épaules avec application avant de croiser les bras. « Je m’inquiète pour elle, les rôles sont presque inversés en ce moment. » Je chancelais lentement, suivant lentement les fluctuations de sa chevelure dorée. Elle était inquiète, et je connaissais le terrible secret qui menaçait la vie de sa grande sœur. Sam buvait outre mesure pour fuir une réalité qui n’avait fait que la décevoir. Je pouvais percevoir sa rage vindicative transcender lorsqu’elle s’acharnait contre le fond d’une bouteille, cependant je n’intervenais jamais. Je la toisai un moment avant de la rejoindre dans les tréfonds de l’ivresse. J’espérais peut-être que son mal être soit passager. « On s’inquiète toujours quand il s’agit de la famille. » Délarai-je calmement. J’aurais voulu la rassurer mais je savais que ses frayeurs étaient légitimes. Sam sombrait dans l’alcool pour guérir une blessure dont j’ignorais encore la gravité. Etait-ce notre rupture qui avait ébranlé sa foi ? Ou étais-je trop insignifiant pour susciter chez elle le moindre chagrin ? Je ne voulais pas me sentir coupable, mais mon égo était blessé par cette seconde hypothèse. J’étais mitigé, trahi par les penchants vicieux de ma personnalité. « Je la surveillerais pour toi. Je sais qu’elle joue dangereusement, mais Sam n’est pas une femme dont on vient facilement à bout. J’en sais quelque chose. » J’esquissai une ébauche de sourire avant de me redresser. Certes, je comptais l’accompagner dans ses folies nocturnes, mais j’étais persuadé qu’elle avait besoin d’un compagnon de labeur. Quelqu’un qu’elle méprisait assez pour lui avouer la vérité. Les premières mélodies du générique de la série se versaient dans la pièce, mais j’étais captivé par le regard perçant de Lexie. Mon cœur se serra dans ma poitrine, pressentant le désastre imminent. Elle passa son pouce sur sa lèvre inférieure mais je ne bougeai pas. J’étais complètement immobile, perdu dans l’intonation de mes deniers propos. Que se passait-il avec James ? J’étais tout à coup intrigué. « C’est fini. Est-ce que ça te surprend ? Moi, je ne sais plus. » J’arquai un sourcil avant de m’éloigner. Je me sentais si étranger et mort. Je revivais mes propres déceptions à travers la lassitude de son expression. Oh, Lexie je suis désolé. Je tendis lentement la main vers son épaule mais mes doigts tremblants ne firent qu’effleurer le tissu de ses vêtements. « Je ne sais pas si ça me surprend. » Murmurai-je avec douceur. J’étais trop blasé pour porter ce genre de jugements. Après tout, tous mes relations amoureuses étaient chaotiques. Je soupirai avant de faire la moue. « Mais je pense que James est un idiot. Je l’admire beaucoup mais s’il a laissé filer une fille comme toi, c’est qu’il est vraiment stupide. » L’amour ne se trouve pas à chaque coin de rue, et les filles extraordinaires encore moins. Je n’étais jamais objectif lorsque j’exprimais la profondeur de mes sentiments envers Alexandra, mais je ne serais pas aussi captivé par son aura chaleureuse si elle n’était pas l’une des multiples incarnations du romantisme féminin ; à la fois timide, abîmée et torturée. James était un éditeur génial mais Lexie était le soleil. Elle brillait de mille feux alors qu’il ne faisait que scintiller dans l’obscurité. Quelques soient les raisons de leur rupture ; il était perdant.
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 1:52 par Invité
Je posai mon regard sur Julian et une multitude de souvenirs de mon adolescence s’échappait du fin fond de mon esprit pour refaire surface. J’étais bornée et inconsciente à l’époque, beaucoup plus qu’aujourd’hui si cela était possible. Mais Julian avait été présent, avait réussi à m’apaiser plus d’une fois. Chacun des souvenirs en sa compagnie se manifestait le plus souvent en une pensée muette, calme et rassurante. « On s’inquiète toujours quand il s’agit de la famille. » Je hochai la tête une fois. Je remarquai également qu’il approuvait ainsi silencieusement mes craintes, qu’il n’essayait pas de les chasser, c’était inutile. Nous savions tous les deux qu’il était inutile de nier l’évidence. « Je la surveillerais pour toi. Je sais qu’elle joue dangereusement, mais Sam n’est pas une femme dont on vient facilement à bout. J’en sais quelque chose. » Je le regardai à la dérobée avant de me reculer dans le canapé pour lui faire face, le remerciant silencieusement. Il plaisantait mais j’étais quelque peu rassurée. Merci, Julian. Je n’aurais jamais eu l’audace de lui demander une chose pareille, je savais avec certitude que Sam m’étranglerait si elle l’avait entendu. Mais Julian ressentait mes inquiétudes, le simple fait qu’il les partage réussissait à m’apaiser. « Elle est forte. » confirmai-je en esquissant un sourire, énième manière de me rassurer sur la voie qu’elle empruntait. Elle avait le droit de céder, juste une fois, le droit de se laisser aller, de ne plus faire semblant. « Tellement qu’elle serait capable de te faire tomber dans son jeu. Et je serais obligée d’intervenir, personne n’a envie de ça. » rajoutai-je avec une pointe de malice. Je faisais diversion avec une plaisanterie. Je lisais dans son regard une culpabilité qui me dérangeait, que je ne savais pas éteindre. Julian excellait à éclairer les consciences. Mais lorsqu’il s’agissait de lui, il se laissait toujours en retrait. Je voyais qu’il mesurait le mal qu’il lui avait causé, et qu’il ne cherchait pas à se pardonner. De mon côté, je ne perdais pas espoir. Sam se relèverait, et il n’avait pas à disparaître pour cela. La mémoire se réécrivait sans cesse, il existait mille façons de raconter les histoires. Je n’arrivais pas à accepter l’idée que celle de Julian et Sam se terminait sur une blessure aussi profonde. « Je ne sais pas si ça me surprend. » répondit-il doucement et j’inspirai avec prudence. Les mots redoutés étaient sortis d’entre mes lèvres, j’avais peur de rendre les choses plus réelles qu’elles ne l’étaient déjà, de retrouver le vide immense, ce vide insondable d’avant James. « Mais je pense que James est un idiot. Je l’admire beaucoup mais s’il a laissé filer une fille comme toi, c’est qu’il est vraiment stupide. » J’inclinai la tête en laissant un sourire reconnaissant se dessiner sur mes lèvres. Les mots de Julian venaient bercer mon cœur d’une manière que je ne saurais pas lui exprimer. Je me rendais compte sur l’instant qu’il s’agissait de la première fois que je me permettais cela depuis ma rupture, la première fois que je l’exprimais à haute voix. Kenzo l’avait deviné à mon expression au retour, elle m’avait vue me terrer dans le silence et l’ignorance comme je le faisais à chaque fois. Mais je n’avais pas pu lui expliquer. Je n’avais pas pu m’attarder sur les chemins des explications. Comment pouvais-je oser me plaindre de cet accident malencontreux lorsque ma meilleure amie pleurait encore son enfant perdu avant d’être né ? Je ne disais rien, mais rien n’était arrangé pour autant. C’était un problème que je ne pouvais ignorer, je marchais en terrain inconnu. « Mais on sait tous les deux qu’il ne l’est pas. » repris-je simplement en haussant légèrement les épaules. J’aurais peut-être préféré qu’il soit le seul fautif, qu’il ait été l’initiateur de notre déchirement. Peut-être aurais-je réussi à entendre les mots de Julian, essayer d’y croire. Mais James avait été parfait, en un sens. « Ce n’est pas de sa faute. Je crois que c’est moi qui aie fini par le repousser, je ne suis pas très douée avec … tout ça. » Je n’arrive même pas à les nommer, tu vois ? Je me perdais dans les méandres du cœur, incapable de les étreindre et de les embrasser. Il y avait en moi une sombre fidélité à laquelle je n’arrivais pas à renoncer, à laquelle je n’étais pas certaine de vouloir renoncer, même dans la flamme évidente de mon amour. Je regardai Julian face à moi, qui s’était écarté dès ma première révélation, sans peut-être même sans apercevoir. Il pouvait le comprendre, pensais-je. Il pourrait m’entendre. J’avais peur de me heurter une nouvelle fois aux mêmes arguments que James m’avait exposé. J’avais peur qu’il ne me comprenne pas et de me retrouver seule, une nouvelle fois. Je n’étais pas certaine de pouvoir faire face aux jugements de Julian, ils avaient toujours compté. J’avais peur de le déranger également. Il semblait tout autant torturé par ses propres tourments, je m'en voulais de l’accabler avec les miens. « Je suis enceinte. » laissai-je échapper d’une voix nerveuse. J’avais parlé. L’aveu était sorti de moi comme s’il s’agissait de la première fois. Il avait baissé son regard sur moi, me l’avait adressé comme une perche. Et je ne les regrettais même pas sur l’instant, comme un poids qui pesait sur ma poitrine et que je venais d’ôter. J’étais enceinte. C’était illogique, supposément impossible jusqu’à présent. Ces mots, je n’aurais jamais pensé devoir les dire un jour. Je suis désolée que ce soit tombé sur toi, Julian. Il abaissait mes défenses, il l’avait toujours fait.
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() message posté Lun 11 Mai 2015 - 20:07 par Invité
“The ache for home lives in all of us. The safe place where we can go as we are and not be questioned.” Assis au fond du canapé, muet et plongé dans mes pensées, j’avais retrouvé un semblant d’équilibre. L’appartement d’Alexandra était modeste, mais il y a une ambiance de félicité et de noblesse qui flottait entre ses murs. Je lui adressai un sourire morne avant d’hausser les épaules. Combien de soirées radieuses avais-je passé en sa compagnie ? Elle était plus jeune, plus insouciante et parfois moins malade. Je me demandais dans quel égarement elle avait bien pu sombrer en mon absence. A quoi songeait-elle durant ses heures d’errances nocturnes dans les couloirs de l’hôpital ou dans les rues animées de Londres ? Je me demandais aussi, quel rapport étrange j’entretenais avec ses éclats innocents et son visage angélique. C’était la petite sœur de mon ex-petite amie, et la mienne par extension. Je lui étais dévoué de manière absolue, car comme je me plaisais à le répéter – la loyauté envers la famille était une valeur spirituelle précieuse. Parmi tous les silences qu’elle m’avait accordés jusque-là, celui-ci fût le plus douloureux. Je comprenais ses craintes et ses inquiétudes ; Sam ne cédait jamais face à l’adversité mais son univers semblait s’être écroulé. Je reconnaissais au fond de son regard abyssal une pointe de désespoir vindicatif qui me faisait parfois peur, mais au lieu de me soumettre à l’autorité de mon esprit, je me laissais aller à mon tour. Peut-être qu’il y avait un peu de lumière au tréfonds de la crypte ténébreuse. « Elle est forte. Tellement qu’elle serait capable de te faire tomber dans son jeu. Et je serais obligée d’intervenir, personne n’a envie de ça. » Je laissai échapper un léger rire. Elle n’aurait pas à intervenir – Nous buvions en bons ennemis avant de nous séparer en bons amis. C’était la première fois que notre relation semblait stable et non destructrice. Une part de moi, l’aimait probablement encore, pas au point de frôler la folie, mais assez fort pour rester accroché aux semblants d’amitié ou de haine qu’elle acceptait encore de m’adresser. C’est mieux que de la perdre pour toujours, Lexie. Je soupirai en joignant mes mains sous mon menton. La nouvelle venait de tomber. Les mots écorchaient ses lèvres rosées avant de virevolter autour de mes tempes. Je ne voulais pas la réconforter de manière dérisoire ou lui faire de déclaration mensongère. Bien au contraire, je désirais lui avouer toute l’étendue de ma foi envers sa cause. Je scrutais les lieux avec application, mais ce n’était pas la télécommande que je voyais, ce n’était la table basse, le canapé, ni le poste de télévision. Toutes ces choses n’étaient que des entités matérielles et esthétiques au service de la vie, de l’amour. Tous ces objets n’étaient que des cris de guerre qui s’élevaient dans le psaume d’une voix enraillée par l’émotion. « Mais on sait tous les deux qu’il ne l’est pas. » Je fronçai légèrement les sourcils. La première fois que j’avais rencontré James en personne, je l’avais cru un peu blasé par l’amour. C’était un grand éditeur et un auteur dont les talents n’étaient plus à prouver, mais je percevais dans les nuances azur de son regard et les postures étranges de ses mains pâles, une sorte de détachement déroutant. Il n’était pas idiot – en général, mais tous les hommes le devenaient face à l’emprise d’une femme magnifique. « On sait aussi qu’il est humain. Je l’admire beaucoup, James Westlake est un héros de la littérature moderne, mais dans une réalité ou la fantaisie n’existe pas, il reste juste médiocre comme nous tous. » Déclarai-je calmement. Je restai stoïque, incapable de relever mon visage vers elle. Je ne voulais pas qu’elle se sente épiée, jugée ou critiquée en ma présence. J’étais tout simplement là pour l’écouter et la conforter dans sa douleur. Après tout, je m’y connaissais en souffrances amoureuses. « Ce n’est pas de sa faute. Je crois que c’est moi qui aie fini par le repousser, je ne suis pas très douée avec … tout ça. » Je fis la moue en hochant la tête. Je ne comprenais pas exactement ses paroles, mais je refusais de la voire se dévaloriser de la sorte. « Personne n’est doué ... Il n’y a pas de conduite à tenir – chaque relation est modulable, elle prend la forme qu’on veut bien lui donner. » Soufflai-je avec douceur. Dis-moi quel visage a ton amour. L’appréhension enlaça ma gorge pour une raison que je ne comprenais pas encore. Je fixais le sol avant de lancer un regard furtif, discret et inexpressif à Lexie. Elle semblait tourmentée par un mal grandissant. Je me penchai lentement vers elle, alors qu’elle nommait l’objet de son désarroi : « Je suis enceinte. » Je posai mes doigts sur sa cuisse automatiquement, comme si une caresse, un câlin ou n’importe contact physique s’était imposé entre nous. Je ne savais pas si je devais la féliciter, ou au contraire maudire son destin, puis soudain, un voile pourpre recouvrit mon regard ombrageux. Je réalisais qu’au-delà de ses confessions et de ses peines de cœur, sa santé était la chose la plus importante. « Tu vas bien ? Ton … Tu pourras supporter ? » M’enquis-je en étirant les traits de mon visage. Je ne voulais pas l’admettre à haute voix, mais elle souffrait d’une défaillance rénale. C’était injuste d’être rongé si tôt par les faiblesses du corps mais si cette grossesse était risquée, la question de la mener à terme ou pas ne se posait même pas. Je soupirai, effrayé par ses perspectives d’avenir. S’il te plait promets-moi que tu iras bien.
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 1:18 par Invité
« On sait aussi qu’il est humain. Je l’admire beaucoup, James Westlake est un héros de la littérature moderne, mais dans une réalité ou la fantaisie n’existe pas, il reste juste médiocre comme nous tous. » Je respirai un peu plus difficilement, incapable d’approuver. Incapable de le déprécier pour me sentir en paix, incapable d’oublier que je l’avais aimé, que je l'aimais, incapable de me souvenir que j’étais supposée arrêter. Je n’en avais pas encore envie, mais je ne pouvais pas l’avouer, ça non plus. J’avais reporté mon regard sur Julian, avec un peu plus d’appréhension face à ce que je m’apprêtais à lui avouer. Il ne devait rien y avoir de plus banal que de s’épancher sur ses peines de cœur, rien de plus universel que des souffrances amoureuses et des ruptures déchirantes. Rien de plus classique. Mais ça ne l’était pas pour moi. Je ne savais pas laisser parler mon cœur, je ne savais pas lui être fidèle, je n’étais même pas certaine de savoir l’écouter. Je savais rester enfermée en moi, en compagnie de tous ces sentiments que j’avais proscrits, tous ces mots que je m’empêchais de dire. J’aurais simplement voulu les oublier, les balayer, et me glisser dans l’âme d’une autre personne. Simplement. En attendant, ils étaient là, dans ma tête, dans ma gorge, à leur place. « Personne n’est doué ... Il n’y a pas de conduite à tenir – chaque relation est modulable, elle prend la forme qu’on veut bien lui donner. » J’acquiesçai légèrement, essayant d’accepter que ses paroles puissent me rassurer, essayant de croire que je puisse avoir le droit à cet apaisement. Nous étions tous issus d’histoires différentes, de passé ayant façonné notre manière d’aimer, toutes singulières et uniques. Je le croyais, je l’acceptais. Mon cœur s’était replié pendant bien trop longtemps, pour accepter de se remettre à découvert, totalement, complètement. Je n’étais jamais au bon rythme, à la bonne cadence. Je savais aimer, mais sans jamais me départir de cette indépendance que j’avais si peur de perdre depuis des années. Je pouvais comprendre que l’on puisse mettre cela sur le compte d’une méfiance déplacée, mais ce n’était pas le cas. Ce n’était pas le cas. « Tu vas bien ? Ton … Tu pourras supporter ? » Je plissai les yeux face à l’inquiétude qui se logeait dans sa voix. Je m’en voulus. Mais je ne pouvais plus faire marche arrière, je ne pouvais plus me détourner vers l’écran de télévision, m’adosser à lui, et rire d’autre chose, comme nous l’avions déjà fait auparavant. Je ne pouvais plus, et cela ne m’éclairait pas sur les réponses que j’aurais pu lui apporter. Je m’étais perdue dans le jargon médical dès la première évocation de ce sujet, quelques années en arrière. Il ne m’intéressait pas. Il m’était revenu en plein cœur à l’annonce de ma grossesse. Cela aussi, je ne pourrais sûrement pas le faire. Cela aussi, je ne pourrais pas y arriver. Pour cela également, mon corps n’était pas apte, pas viable, pas compétent. Ou tout du moins, non sans risques, combats, renoncements, qui n’étaient toujours pas en mesure de m’assurer une issue favorable. Je ne renonçais à aucun rêve, les rêves de maternité n’avaient jamais bercé mon esprit. Je sentais mon corps changer, dans la douleur, et restais persuadée que je n’étais pas faite pour être mère, pour être une bonne mère. Simplement car je ne le désirais pas, et qu’il n’y avait rien de pire que cela pour un enfant. Je comptais cependant, ici, une nouvelle inaptitude, un nouvel échec, une nouvelle perspective que je voyais s'éloigner. « On m’a toujours dit que je ne devais pas l’envisager, pas en l’état. » commençai-je avant de reprendre aussitôt, pour ne rien laisser sous-entendre. « Mais ça m’allait, ça … ça me va. » Cet aveu avait déjà provoqué quelques étonnements de la part du corps médical qui me suivait, une lueur condescendante explicitant que j’étais encore sans doute trop jeune pour réellement me connaître. Cet aveu avait provoqué l’éloignement de James, comme si je rejetais là toute forme d’avenir possible nous concernant, comme si je n’étais pas permise de ne le vouloir que lui, seulement lui. J’inspirai, guettant la réaction de Julian. Ses jugements m’importaient, mais ne m’effrayaient pas. Ils ne nous avaient jamais éloignés, ils ne le pouvaient pas. Il m’avait connue plus jeune, à une époque, celle où je me sentais encore éternelle et indestructible, celle où je n’en faisais qu’à ma tête. Et il était resté. Cette sensation de toujours être plus forte était passée. Mais je persistais toujours à me tenir, de manière incertaine, au bord de la vie, en équilibre précaire, comme au bord d’une falaise, sur la pointe des pieds. Une falaise au bord de laquelle je ne me résoudrais jamais à plonger, mais je restais à y vaciller, doucement, dangereusement, simplement pour me rappeler que j’étais encore en vie, que je pouvais encore ressentir. Et il était toujours là. Et je voulais l’être également pour lui, aussi longtemps qu’il me le sera permis. Car c’était ainsi, j’y croyais fermement, les jugements entre nous n’en étaient jamais réellement. Il était ma famille. Et ma famille était mon tout. « Je ne veux pas poursuivre cette grossesse. Je suis tellement sûre de moi que j’en ai perdu James. Lui était prêt à essayer, je ne peux pas lui en vouloir pour ça, tu vois … » Je ne peux pas lui en vouloir de m’avoir imaginée en mère de son enfant. Je ne peux pas lui en vouloir de nous avoir rêver, ensemble, notre avenir. Je ne peux pas lui en vouloir d’avoir rêver plus grand, différemment. « Je ne voulais vraiment pas t’inquiéter, je vais bien, j’irais bien, tu le sais. » rajoutai-je finalement, avec un peu plus d’assurance, retournant sur un chemin connu. Je m’en voulais déjà que cela tourne autour de moi. Ma main droite vint serrer doucement la sienne, posée sur mon genou avant d’esquisser un sourire. Je ne savais pas si j’allais aller bien, mais j’irais mieux, sans doute. J’allais mieux déjà, simplement grâce à sa présence ce soir.
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