(✰) message posté Mar 14 Juil 2015 - 15:03 par Olivia Andrews
So, what if, instead of thinking about solving your whole life, you just think about adding additional good things. One at a time. Just let your pile of good things grow. ✻✻✻ Le regard posé sur sa fille endormie, Peter hésite encore. Il ignore si c’est une bonne idée de débarquer ainsi. De débarquer tout court. Maintenant qu’il est en bas de son immeuble, qu’il a fait les recherches nécessaires, autant aller jusqu’au bout. Il observe Beth, paisible, qui sourit presque dans son sommeil. Il est heureux d’avoir réussi à se ressaisir assez tôt pour que sa fille ne remarque rien. Pour qu’elle ne soit pas perturbée par la descente aux enfers qu’il avait pu vivre. Aujourd’hui, ç’aurait été différent. Un enfant d’un an et demi comprend beaucoup plus de choses qu’un bébé de quelques mois à peine. Il la voit grandir et il voudrait retarder ça. Parce qu’il a l’impression d’avoir déjà perdu trop de temps. Il veut profiter de tout le temps qu’il peut avoir avec elle, au maximum. Son emploi ne le lui permet pas autant qu’il le voudrait mais le reste de son temps, il le passe avec elle. Il n’a que peu de vie sociale mais il n’en a que fiche. Il finit par sortir le cosy de la voiture pour le poser sur l’armature de la poussette. On ne se rend pas compte d’à quel point ces objets peuvent être utiles au quotidien pour un parent. On ne s’en rend pas compte avant d’en être un. Ça économie tellement de temps de ne pas devoir sortir sa fille de son siège pour la mettre dans une autre poussette. Surtout qu’ainsi, il n’a même pas besoin de la réveiller. Il lève la tête vers l’immeuble, se demandant ce qu’il fait vraiment là. S’il doit vraiment aller la voir. Ce qui serait bizarre, ça serait qu’il n’y aille pas. Il n’avait pas parlé de ses recherches à sa sœur, pas encore. Parce qu’il voulait être certain de ses informations avant. La photo qu’il avait vue sur Facebook aurait aussi bien pu être une blague de son frère. Qu’il ait pris une photo de lui avec un bébé pour rire. Mais Peter n’y croyait pas vraiment. Il aurait pu engager un détective privé, il avait failli le faire lorsqu’il avait été compliqué de trouver des informations. Et finalement, il avait trouvé une adresse. Celle de la sœur de la maman du bébé présumé. Elle en saurait sûrement plus que lui. Sauf si, à l’instar de Peter avec son frère, elle n’est plus en contact avec sa sœur. Il n’en sait rien mais il n’en saura pas plus s’il choisit de faire demi-tour. Il fait rouler la poussette, la soulève pour passer la marche qui le sépare de l’entrée de l’immeuble. Alors qu’il cherche le nom sur l’interphone, la porte s’ouvre de l’intérieur. La vieille dame le laisse entrer, lui indique même l’étage où vit Mademoiselle Cartwright. Et ajoute quelque chose à propos de cris de bébés, ce qui intrigue Peter. A-t-elle un enfant aussi ? Il ne sait rien d’elle après tout. A moins que ce bébé soit celui de sa sœur. Il sait que son frère est en Russie, aussi étrange que ça puisse paraitre. Peut-être que sa copine y est aussi. Peut-être qu’ils n’ont pas gardé le bébé. Connaissant le passif de son frère avec la drogue, ça ne l’étonnerait pas. Lorsqu’il arrive devant la porte, il hésite à nouveau quelques secondes. En effet, il y a bien des cris de bébé à l’intérieur. Des cris qui perturbent le sommeil de Beth, sans qu’elle se réveille pour autant. Il se décide à sonner et patiente devant la porte. Toujours des cris et pas de réponse. Il réitère à deux reprises et est sur le point de faire demi-tour quand il entend des pas derrière la porte. Cette dernière s’ouvre sur une petite brune, qui tient un bébé dans les bras. Il les observe toutes les deux (au vu de la robe que porte le bébé, son sexe parait évident) sans savoir quoi dire. Le silence est retombé et il se dit qu’il aurait dû anticiper. Préparer ce qu’il pouvait lui dire. Il observe les traits fatigués de la jeune femme, le torchon sale qu’elle a sur l’épaule. Les joues encore humides du bébé qui s’est arrêté de pleurer. Il remarque qu’elle l’observe aussi. Qu’elle l’observe lui et le bébé qui est dans la poussette. « Je… Bonjour. » Articule-t-il finalement. Ridicule. Elle va finir par lui claquer la porte au nez s’il ne justifie pas sa présence. Sauf qu’il ne sait pas comment le faire. Oh bonjour, je crois que mon frère a fait un bébé avec votre sœur, c’est elle le bébé en question ? Non, décidemment, il ne peut pas dire les choses comme ça. « Elle est jolie. C’est votre fille ? » Autant s’assurer que c’est bien sa nièce avant d’expliquer les choses. Même si en entendant, elle doit se demander ce qui se passe. Et qui est cet inconnu sur le pas de sa porte. « Je m’appelle Peter, et voici Beth. » Fait-il en désignant sa fille, avec un sourire. Se présenter, il aurait sans doute dû commencer par ça.
. DID YOU SEE THE FLARES IN THE SKY ? WERE YOU BLINDED BY THE LIGHT ? DID YOU FEEL THE SMOKE IN YOUR EYES ? DID YOU ? DID YOU SEE THE SPARKS FILLED WITH HOPE, AND YOU ARE NOT ALONE CAUSE SOMEONE'S OUT THERE, SENDING OUT FLARES . Accroupie sur le sol de la salle de bain, elle fixait ses mains tremblantes en espérant faire taire les spasmes qui traversaient son corps. Elle n'avait jamais demandé tout ça. Elle n'avait jamais espéré, jamais souhaité. Elle n'avait rien demandé, et se retrouvait maintenant prisonnière d'une une vie dont elle ne connaissait rien, une vie qu'elle ne savait manier. Une autre vie. Une nouvelle, une deuxième. Deux vies à gérer. La sienne, d'abord. Bordélique, hasardeuse, mais rigoureusement pensée. Et puis il y avait cette deuxième vie qu'elle tenait à présent dans le creux de ses mains. Sara. Ce petit être derrière la porte qui hurlait sa mère. Ce petit être qui, lui non plus, n'avait rien demandé. Elle n'avait pas demandé à se retrouver ici, coincée avec une tante qui n'avait pas la moindre fibre maternelle dans ses paroles. Elle était trop jeune, peut-être. Trop jeune pour s'occuper d'elle, trop jeune pour supporter les responsabilités qu'impliquaient un enfant. Maggie avait déjà suffisamment de mal à gérer sa propre vie, et elle se retrouvait à présent à devoir supporter le poids d'une autre. Car elle savait ce qu'elle devait faire. Elle avait lu des livres, avait parcouru le net à la recherche de réponses. Elle devait élever cet enfant. Lui apporter tout ce qu'une mère le devait, lui apprendre tout ce qu'elle pouvait elle-même savoir. Elle devait regarder cette petite fille comme si elle était la sienne, mais ce n'était pas le cas. C'était la fille de sa soeur. C'était un bébé en manque de mère, et, d'après le médecin, en manque de toutes les drogues qui avaient pu traverser le corps de Tracy pour arriver dans le sien. C'était un bébé dont elle avait la charge, et dont elle n'arrivait pas à soutenir le regard. Et elle criait encore. Elle criait sans cesse, une fois qu'elle était rentrée. Elle pleurait une douleur que Mags ne pouvait soulager, une mère absente qu'elle ne saurait retrouver. Après tout, c'était peut-être mieux ainsi. C'était ce que sa soeur pensait. Maggie était sa meilleure chance. Elle aurait pu l'être. Mais il se trouvait qu'elle ne ressentait rien. Aucun sentiment ne venait à la vision de Sara endormie, aucun sourire ne traversait son visage une fois qu'elle eut réussi à la calmer. Rien. Le néant. Les battements de son coeur n'accéléraient pas au son de son rire, qui lui était si rare. Cette petite fille n'était pas heureuse. Pas avec elle. Car elle était incapable de lui donner ce dont elle avait tant besoin. Elle ne pouvait pas lui donner cet amour qu'elle ne parvenait pas à trouver en elle. Elle avait beau lire tous les livres, chercher toutes les réponses, il manquait quelque chose. Il lui manquait tant. Et elle était incapable de trouver la force de lui donner toutes choses. Incapable d'arrêter les spasmes de fatigue, incapable de faire arrêter les tremblements qui secouaient ses doigts. Pourtant elle le devrait. Essuyant ses mains sur son jean, elle se relève doucement, regardant son reflet dans le miroir. Elle a l'air si fatiguée. Son visage avait changé, et semblait plus terne. Le violet sous ses yeux témoignaient des nuits compliquées qu'elle passait entre Sara et les remontrances de ses colocataires. Ce n'était pas sa vie. Pourtant, elle restait prisonnière. Rajustant inutilement une mèche derrière son oreille, elle sort, se retrouvant face au berceau qui avait remplacé son bureau. La table à langer, elle, avait pris la place de sa télévision, et une partie de ses affaires avaient été vidé de la penderie pour lui laisser une place. Place qu'elle ne voulait guère partager. Se plaçant au dessus du berceau, elle la regarde se débattre dans sa petite robe rose qui lui allait parfaitement. Elle était magnifique, et tout ce à quoi Mags pouvait penser était la prochaine fois qu'elle devrait acheter une autre de ces petites robes. Elle pensait à la prochaine fois qu'elle devrait penser à prendre du 14 mois, et non plus du 12 mois. Elle pensait à toutes ces nouvelles choses qui s'ajoutaient à la longue liste de ce dont elle devait se souvenir pour mener une vie sensiblement ordonnée. Et c'était une liste qu'elle n'avait jamais voulu rallongée. Ignorant ses doigts qui tremblaient encore, elle se baisse doucement pour venir maladroitement soulever la petite, l'entourant de bras plus qu'incertains. Et elle pleurait. Elle pleurait toujours quand c'était elle. Elle restait calme lorsqu'il s'agissait de Salomea, ou de toutes autres personnes ayant un jour voulu la porter. Mais avec elle, elle pleurait. C'était le plus fatiguant. Le plus blessant. Elle balayait cette pensée. Ca ne durerait pas toujours. Tracy reviendrait, et alors peut-être pourrait-elle penser à développer une relation normale avec sa nièce. Tracy reviendrait. Elle voulait y croire, sans jamais en être certaine. Alors elle commence ce rituel exténuant du soir. Sara pleurait dans ses bras, elle passait un torchon sur son épaule, avant de mettre trois cuillères de lait en poudre dans un biberon rempli aux trois quarts d'eau. Elle le faisait chauffer 43 secondes, Sara le préférait tiède. C'était ce que lui avait dit la baby-sitter, car Maggie, elle, n'en avait jamais eu vent. Et le spectacle commençait. Le spectacle affligeant qu'elle donnait alors que Sara se détachait d'elle, refusant le biberon ou tout autre geste venant de sa part. Elle hurlait tant que Mags n'entendit pas les premiers coups portés à sa porte. La seconde fois, elle hésita à aller ouvrir, ne souhaitant pas subir une énième critique de ses voisins. Et puis, elle finit par abandonner le biberon intact sur la table, rajustant sa prise autour de sa nièce et ouvrant la porte à ce qu'elle pensait être sa voisine insupportable. Mais ce n'était pas une femme, et encore moins un voisin. Il s'agissait d'un homme qu'elle n'avait jamais vu, et d'une poussette qui ressemblait à s'y méprendre à la sienne. Là se trouvait un bébé endormi, que Sara réveillerait sûrement lors de sa prochaine crise. Pour le moment, elle s'était arrêtée, sûrement intriguée par ce nouveau visage. Maggie aussi l'était. Instinctivement, sans vraiment savoir pourquoi ni comment, elle avait resserrer sa prise sur Sara, reculant légèrement. « Je… Bonjour. » Suspicieuse, Maggie reste silencieuse, attendant la suite qui ne venait pas. Pourtant, elle ne se résout pas à fermer la porte, chose qu'elle aurait sûrement fait pour n'importe qui d'autre. Peut-être que la présence du bébé dans la poussette avait quelque chose de rassurant. L'inconnu pose ses yeux sur Sara, et la brunette recule de quelques centimètres. « Elle est jolie. C’est votre fille ? » Elle aurait pu ne pas répondre à une telle question, et décider de s'assurer auparavant de son identité, mais elle eut besoin de se justifier. Elle eut besoin de dire que non, cet enfant n'était pas le sien. Comme si le contraire aurait pu être une honte. « Ma nièce. » La brune se retint d'ajouter un "seulement" à ses paroles. Elle s’en voulait de ne pas réussir à la considérer autrement, mais elle ne pouvait mentir à ce sujet. Ainsi, peut-être qu’elle pouvait justifier son cruel manque d’aura maternelle. Elle se justifiait tout le temps, sans pour autant avoir d’excuse. Il lui manquait peut-être quelque chose, peut-être qu’elle n’était pas une femme à enfants. Elle stoppa ses pensée en reposant son regard sur l’homme, puis sur la poussette. « Je m’appelle Peter, et voici Beth. » Il lui souriait et ses muscles se détendaient, ne voyant pas le danger que pouvait représenter un bébé et son père. Pour autant, elle ne voyait toujours pas ce qui les avait poussé à toquer à sa porte. « Maggie. » Elle sourit faiblement avant de se souvenir du bébé qu’elle tenait dans les bras. Posant son regard sur elle, la brune séchait les larmes qui humidifiaient encore ses joues avant de reposer ses yeux sur le dit Peter. « Et Sara. » Par miracle, cette dernière ne s’était toujours pas remise à pleurer. Sûrement la présence de Peter et de Beth. Encore une fois, elle était la seule à la faire pleurer. C’était un exploit dont elle ne pouvait se rendre fière. Rajustant Sara sur ses hanches, elle observe de nouveau l’homme devant sa porte, ne sachant que faire de ce silence. Finalement, elle reprend la parole, un sourire aux lèvres. « Excusez-moi, je vais sûrement vous paraitre impolie mais… Il vous fallait quelque chose ? La dernière fois que quelqu’un a sonné à ma porte avec un enfant, j’ai du troquer mes samedi après-midi terrasse contre le paradis du jouet, alors… » Son sourire s’élargissait, souhaitant rendre toute cette situation moins pesante. Sans savoir pourquoi, elle était mal à l’aise. Elle mit cette gêne sur le compte du trop grand nombre de bébés aux alentours, et continua de sourire, attendant une réponse de sa part.
So, what if, instead of thinking about solving your whole life, you just think about adding additional good things. One at a time. Just let your pile of good things grow. ✻✻✻ Avoir un enfant chez soi, ça n’est jamais facile. Il parait que ça se simplifie avec le temps, quand ils prennent peu à peu de l’indépendance. Mais quand ils sont encore petits, ça n’est jamais facile. On nous prévient avant. On nous explique que ça sera dur, qu’on aura du mal. Mais on ne le réalise qu’une fois plongé au milieu de tout ça. Au milieu des cris, à n’importe quelle heure de la journée. Au milieu du bordel permanent qu’est notre appartement. Au milieu des crises de larme. Au milieu de la panique. Si les choses se sont simplifiées depuis que Beth a commencé à marcher et à prononcer quelques mots, il y a toujours des moments où Peter a l’impression que le ciel lui tombe sur la tête. Il n’avait pas remarqué à quel point ç’avait été dur pour sa sœur les premiers mois. Les mois les plus compliqués. Et lui, il avait juste fui ses responsabilités. Il avait fui toute pensée concrète. Parce que tout le ramenait à sa perte. Il ne voyait que ce qu’il n’avait plus. Incapable de se concentrer sur ce qu’il avait toujours. Sur ce qu’il avait en plus. Bien sûr, il le regrette aujourd’hui. Il s’en veut terriblement. Même si ç’avait été sa façon de gérer son deuil, il regrettait d’avoir tout laissé tomber ainsi. Il regrettait d’avoir tant manqué. Même si ce n’était pas que des moments faciles, il s’en veut toujours. Alors il se rattrape du mieux qu’il peut. Il évite de se plaindre lorsque Beth refuse de dormir et l’empêche de le faire par la même occasion. Il fait tout pour elle. Et il le fera toujours. Non pas par culpabilité d’avoir raté les premiers mois. Simplement parce qu’il en a envie. Il s’agit de sa fille après tout. Sur le visage de Maggie, on lit facilement la fatigue. L’exténuation qui découle du fait d’avoir un jeune bébé à la maison. S’il est évident que le bébé a pleuré, Peter a aussi l’impression que la jeune femme était sur le point de le faire. Le manque de sommeil, les cris déchirants et surtout l’incapacité de pouvoir faire taire le bébé, ça peut facilement atteindre le moral. Il ignore comment lui annoncer la raison de sa présence ici. Lui annoncer qui il est. Il aurait sûrement dû téléphoner plutôt que se pointer à sa porte. Il jette un regard vers Beth, toujours endormie dans la poussette. « Ma nièce. » Tout doute est dissipé. Il s’agit bien là de la nièce de Peter également. Il se demande si la mère est là aussi. Son frère, il sait qu’il a quitté Londres mais il n’en est pas certain pour la mère. Au vu de l’état de fatigue de Maggie, il semble qu’elle s’occupe seule de la petite fille. Il finit par se présenter, réalisant qu’il aurait dû le faire dès qu’elle avait ouvert la porte. Sans qu’il sache pourquoi, il est gêné par cette rencontre. Alor que c’était son choix de venir frapper à sa porte. Son choix de faire irruption dans sa vie. Mais est-ce qu’il pouvait vraiment ignorer qu’il y avait un nouveau membre dans sa famille ? « Maggie. Et Sara. » Elle se présente aussi. Sara. Il ignorait son prénom et ça lui plait. Sara Montgomery. Ça sonne bien. A condition qu’elle porte le nom de son père, ce dont il n’est pas certain. Il ne sait même pas si son frère a réellement reconnu cet enfant. « C’est un joli prénom. » Il réalise qu’il pourrait parler des deux prénoms mais ne prend pas la peine de se corriger. La situation est bien assez gênante ainsi. Il cherche ses mots. Se demande comment expliquer clairement la situation. S’il y a des mots qui rendraient les choses plus simples. Et il hésite tellement que Maggie s’impatiente. « Excusez-moi, je vais sûrement vous paraitre impolie mais… Il vous fallait quelque chose ? La dernière fois que quelqu’un a sonné à ma porte avec un enfant, j’ai du troquer mes samedi après-midi terrasse contre le paradis du jouet, alors… » Et elle sourit, sans doute à cause de son sarcasme. Peter sourit à son tour. Ainsi, c’était comme ça que ça s’était passé ? Sa sœur était venue chez elle pour lui laisser le bébé ? Il est curieux mais ne pose pas la question. « Oh pardon, je ne sais pas comment vous dire ce que j’ai à dire en fait… Autant que je me lance je pense. » S’il continue comme ça, elle va finir par lui claquer la porte au nez et elle aurait raison de le faire. Il préférerait juste qu’elle le fasse sans bruit pour éviter de réveiller Beth. Peu importe la façon dont il va présenter les choses finalement. Ça restera toujours aussi bizarre. Il est oncle d’une petite fille, née depuis un moment semble-t-il, et il ne le savait pas. Dans le genre famille bizarre… « Je pense que Sara… » Il la désigne du doigt. [color=darkseagreen« Will Montgomery, mon frère, c’est le père de Sara, non ? »[/color] Il est certain de ce qu’il avance, il l’a bien assez vérifié. Mais il préfère que Maggie le confirme. Pour qu’elle en vienne à la même conclusion toute seule. Que Sara est leur nièce à tous les deux. « Vous trouver n’a pas été chose facile mais je devais vous parler. » Dit comme ça, il parait un peu harceleur sur les bords. Tant pis, au point où il en est maintenant. « Je ne savais pas que le bébé était avec vous. Sa mère, elle est… ? » Comme si ça avait encore besoin d’être clarifié. Will n’a pas été le seul à laisser ce bébé derrière lui. La mère a fait de même. Et maintenant, il se retrouve face à une complète inconnue, qui tient sa nièce dans les bras.
. DID YOU SEE THE FLARES IN THE SKY ? WERE YOU BLINDED BY THE LIGHT ? DID YOU FEEL THE SMOKE IN YOUR EYES ? DID YOU ? DID YOU SEE THE SPARKS FILLED WITH HOPE, AND YOU ARE NOT ALONE CAUSE SOMEONE'S OUT THERE, SENDING OUT FLARES . Avoir un enfant n’avait jamais fait parti de ses plans. Du moins, dans l’immédiat. Non, Mags n’était pas une de ces femmes qui rêvaient d’une belle maison où courraient des bambins et où un joli chien l’attendrait le soir jusqu’à son retour. Ce n’était pas que l’idée en elle-même lui déplaisait, mais elle ne se sentait simplement pas faite pour ça. Elle n’était pas faite pour toutes les responsabilités qu’impliquaient une vie rangée et rigoureuse telle que celle d’une mère. Cela impliquait des sacrifices, sacrifices qu’elle n’était pas encore prête à faire. Ces mêmes sacrifices qu’elle devait apprendre à accepter aujourd’hui. Non seulement pour Sara, mais aussi pour Tracy. La brune n’avait jamais été proche de sa soeur, du moins, elles ne se l’étaient jamais montré. Tracy n’était pas une femme expressive, contrairement au reste de la famille. Tracy tenait de leur mère. C’était peut-être de là que venait leur relation complexe, elle qui n’avait jamais pu pardonner les infidélités de sa mère. Et aujourd’hui, elle avait l’impression que c’était sa propre soeur qui l’avait berné. Elle avait l’impression qu’elle l’avait mise de force dans cette position d’inconfort qu’était la tâche d’élevée seule un enfant. Elle n’avait jamais rien demandé, et n’avait pas eu le choix. Pas à un seul moment. On avait déposé ce bébé dans ses bras, sans se soucier de l’impact qu’il aurait sur sa vie à elle, sa vie qu’elle avait déjà tant de mal à gérer. Cette fois, c’était sa soeur qui lui avait été infidèle. C’était sa soeur qui l’avait piégé, enrobant ses paroles de douces promesses qu’elle ne comptait pas tenir. Quelque part, au fond d’elle, Mags savait que Tracy ne reviendrait pas. Elle savait qu’elle avait mieux à faire, qu’un autre monde l’attendait ailleurs, un monde dont Sara ne pouvait faire partie. Alors il avait été aisé de reporter cette charge sur la brune. Il avait été aisé pour Tracy de fuir ses responsabilités pour les confier à quelqu’un d’autre. Mais elle avait mal choisi. Elle s’était trompée. Mags n’était pas à la hauteur de cet enjeu qu’était la future vie d’un enfant. Elle n’était déjà pas capable de s’assurer son propre avenir, et Sara venait le rendre d’autant plus flou. Elle n’y voyait plus rien. Elle voyait seulement cet homme devant sa porte, accompagné d’un enfant qu’elle pouvait deviner être le sien. Mais elle ne devinait pas qui il était, lui. Qui était cet homme qui venait frapper à sa porte. Elle ne devinait pas les liens invisibles qui les reliaient. « C’est un joli prénom. » Elle met un temps avant de comprendre qu’il parlait de celui de sa nièce. Encore peu habituer à devoir penser pour deux, elle finit par regarder l’enfant en se demandant qui avait choisi de l’appeler Sara. Si c’était sa soeur ou cet inconnu qui se voulait être son père. Elle se rendait peu à peu compte qu’elle ne connaissait rien d’elle, finalement. Il n’y avait que ses papiers qui indiquaient un prénom, un nom, une date de naissance, et la couleur de ses yeux. Si peu de choses. Prenant conscience qu’elle faisait attendre l’homme devant sa porte, elle finit par lui demander l’objet de sa visite, intriguée autant qu’épuisée de devoir faire la conversation si tout ceci n’avait pour but qu’un paquet de farine. « Oh pardon, je ne sais pas comment vous dire ce que j’ai à dire en fait… Autant que je me lance je pense. » Rajustant sa prise sur Sara, la brune ignorait les courbatures dans son dos, trop étonnée par le ton solennel que prenait Peter. Elle ne comprenait pas, à vrai dire. Elle ne pouvait pas comprendre. Elle ne réalisait pas encore le poids que lui avait laissé sa soeur. Elle espérait encore que tout ceci n’était qu’une énorme blague, et que Tracy reviendrait le lendemain, heureuse d’élever son enfant, désintoxiquée pour de bon. Mais au fond, Mags savait que sa soeur ne se trouvait pas dans un centre. Elle la connaissait trop bien. Et c’était ce qui lui faisait peur. Car elle savait ne pas suffire à cet enfant. Elle savait qu’avec ses maigres attentions et son temps plus que court, elle ne suffirait pas à Sara. Elle ne pouvait pas. C’était de sa mère dont elle avait besoin, pas de cette inconnue qu’elle aurait du voir une fois par an, lors des diners de famille et autres fêtes. Elle se retrouvait coincée avec elle par défaut, et lui faisait bien comprendre que cela ne lui plaisait pas. Maggie voulait simplement lui dire qu’aucune des deux n’y trouvaient son compte, au final. « Je pense que Sara… Will Montgomery, mon frère, c’est le père de Sara, non ? » Et puis elle comprend l’objet de sa visite. Ce n’était pas bien difficile. Elle avait lu ce nom sur le carnet de Sara. Will Montgomery. Le même qui avait donné son nom à Sara, prenant place en tant que père. Elle comprend alors aussi que ce Will a un frère, et que ce frère est Peter. Et Peter est là, devant elle. L’oncle de Sara. Un parfait inconnu qui, pourtant, trouvait une nouvelle place dans cette vie chaotique qu’avait créé sa soeur ainsi que son frère. « Ou.. Oui, Montgomery. Sara Montgomery. » Elle se le répétait comme si cela pouvait changer les choses. Elle balbutiait des mots, sans en comprendre le sens, trop étourdie par la nouvelle quantité d’informations qui arrivaient jusqu’à elle. Non, elle n’avait définitivement rien demandé. « Vous trouver n’a pas été chose facile mais je devais vous parler. » En réponse, elle empoigne le bord de la porte, prête à la refermer. Elle ne voulait pas de cette nouvelle information, de tout ce qui entrainait cette rencontre. Elle n’avait pas la force pour l’instant. Elle ne pouvait pas supporter plus que Sara, elle n’avait rien d’autre à offrir. « Je ne savais pas que le bébé était avec vous. Sa mère, elle est… ? » Introuvable. Disparue. Inconsciente. Droguée. Tous ces mots pouvaient très bien la qualifier. Pourtant elle était certaine que la meilleure réponse était encore le mensonge. « Absente, pour le moment. Elle s’accorde quelques semaines de repos, je vois maintenant à quel point un bébé peut-être fatiguant. » Elle sourit faiblement, pesant ses mots, faisant de son mieux pour qu’il la croit et qu’il ne pose pas plus de questions. Elle ne savait pas ce qui la poussait à mentir. Au delà du fait qu’il soit encore un parfait inconnu, faire passer sa soeur pour une bonne mère lui arrachait un sourire amer. Mais elle ne pouvait dire la vérité. Elle était déjà trop dure à admettre. Admettre aussi que cette nouvelle intrusion dans sa vie ne lui plaisait pas particulièrement. Comme si elle sentait que quelque chose n’allait pas, Sara se mit à se tortiller dans ses bras, préparant une énième crise. Dépassée, la brune reporte son attention sur Peter, perdue. « Écoutez, vous avez l’air plein de bonnes intentions, mais ce n’est pas vraiment le bon moment. Sara… C’est l’heure de son biberon, vous devriez repasser… » Sur ses mots, Sara débutait de nouvelles larmes, alors que la jeune femme la priait de ne pas recommencer. Elle n’était pas sûre de pouvoir l’encaisser, alors que le choix ne se présentait même pas à elle. Les yeux fermés, elle tente de la bercer alors que la crise débute, reculant vers son appartement et laissant ainsi Peter sur le pallier et admirant la scène. D’une main, elle tentait de tenir l’enfant, alors qu’elle lui tendait son biberon de l’autre, biberon qu’elle refusa évidemment. Elle se donnait ainsi en spectacle, sachant l’inconnu toujours présent. Sara hurlait, même dans sa chaise, même loin de Maggie. Rien ne la rendait heureuse. Et la brune était au bord de la crise, sans même pouvoir tourner le dos à cette vie sans laisser cette petite fille derrière elle. La seule chose dont elle était sûre, c’était qu’elle ne voulait pas être seule. Elle ne voulait pas subir une nouvelle crise seule. Toujours dans la cuisine, appuyée contre le bord de son plan de travail, elle regarde Sara pleurer. Finalement, elle tourne la tête vers la porte d’entrée, voyant que Peter était toujours là. « Vous pouvez entrer, si ses cris ne vous effraient pas trop. » Elle voulait jouer sur l’humour, mais elle n’en avait aucun à cet instant. Elle était vidée. Seule face à quelque chose de trop grand, quelque chose qui la dépassait, tout simplement.
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(✰) message posté Sam 25 Juil 2015 - 10:15 par Olivia Andrews
So, what if, instead of thinking about solving your whole life, you just think about adding additional good things. One at a time. Just let your pile of good things grow. ✻✻✻ C’est étonnant parfois, les surprises que la vie peut vous réserver. Des petites surprises, au quotidien, qui rendent un peu plus heureux, le temps de quelques instants. Le sourire d’un enfant. Des compliments sur un plat au restaurant. Un coup de téléphone pour annoncer une bonne nouvelle. Et puis il y a des plus grandes surprises. Celles dont on ne sait pas immédiatement si elles sont bonnes ou non. Dans n’importes quelles autres circonstances, l’arrivée d’un bébé dans une famille serait un événement heureux. Un événement qu’on célèbre. Mais avec Will, rien n’a jamais été simple. Apprendre qu’on a une nièce, près d’un an après sa naissance et par l’intermédiaire d’un réseau social, ça parait presque ridicule. Les deux frères ne se sont pas parlé depuis six ans. Récemment, Peter a eu le temps de se souvenir de leur dernière rencontre. C’était dans un centre de désintoxication. Le dernier où Will avait bien voulu aller. Et il avait fini par le quitter, replongeant tout de suite après. Il n’avait plus donné de nouvelles depuis. Du moins, de ce que sait Peter. Il n’avait pas entendu parler de son cadet depuis six ans. Jusqu’à tomber par hasard sur une publication sur internet. Peut-être est-ce une bonne nouvelle. Peut-être pas. Peter n’en sait rien. Il y a cet enfant dont il ignore tout. Il y a son frère qui n’est apparemment plus en ville. Il n’avait pas su comment prendre la nouvelle et il ne le sait toujours pas. C’est la raison pour laquelle il n’en a pas encore parlé à Hailey. Parce qu’il voulait en savoir plus avant de le faire. Il n’a pas l’habitude de lui cacher des choses. Cette fois est l’exception qui confirme la règle. Sa nièce est tenue par une inconnue. La sœur de la maman visiblement. Peter n’est pas certain de comprendre la situation. Même s’il a des doutes, il préfère ne pas supposer trop rapidement. Il préfère que Maggie confirme. « Ou.. Oui, Montgomery. Sara Montgomery. » Au cas où il n’était pas encore totalement certain, tous ses doutes sont confirmés. Le bébé qu’elle tient dans ses bras est bien l’enfant de Will. L’enfant de son frère qui était devenu un inconnu. « Oh je ne savais pas qu’elle portait son nom. » Après tout, de ce qu’il en sait, son frère n’est pas très impliqué dans la vie de cet enfant. S’il n’a pas changé, sans doute est-ce pour le mieux. « Absente, pour le moment. Elle s’accorde quelques semaines de repos, je vois maintenant à quel point un bébé peut-être fatiguant. » Répond-t-elle en parlant de la maman. Donc Sara est avec sa tante pour le moment. Au ton qu’elle emploie, Peter a l’impression qu’il y a autre chose. Autre chose qu’elle ne dit pas. Mais il ne la connait pas. Comment pourrait-il en être certain ? C’est étrange. Il ignore ce qu’il doit lui dire ou ce qu’il doit faire. Et finalement, il reste silencieux tellement longtemps que Sara commence à s’agiter. « Écoutez, vous avez l’air plein de bonnes intentions, mais ce n’est pas vraiment le bon moment. Sara… C’est l’heure de son biberon, vous devriez repasser… » Il a comme l’impression que Maggie ne veut pas qu’il soit là. Peut-être lui en veut-elle pour quelque chose que son frère a fait. Il hésite à tourner les talons mais reste immobile. Il la regarde essayer de donner son biberon à Sara, qui se débat et pleure de plus en plus. Sur le visage de la jeune femme, on lit facilement l’épuisement. Tant physique que moral. Le bébé pleure tellement qu’il finit par réveiller Beth, qui dormait toujours dans sa poussette. Peter la prend dans ses bras alors qu’elle se réveille tranquillement, intriguée par les cris. Il observe à nouveau l’intérieur de l’appartement, hésitant à entrer. Maggie n’a pas fermé la porte après tout. Mais si elle ne veut pas de sa présence, il ne peut pas s’imposer. « Vous pouvez entrer, si ses cris ne vous effraient pas trop. » Alors il finit par s’avancer, tirant la poussette derrière lui. Il referme la porte et observe l’appartement. Partout, traînent des serviettes, des jouets, un peu de tout, comme chez lui. Il connait tout ça. Mais lui, il a la chance de ne pas le vivre seul. « J’avais lu un article où ils disaient que parfois, quand les bébés refusent le biberon, il faut mettre un peu de sucre en poudre sur la tétine. Je n’ai jamais essayé mais peut-être que ça marcherait. » Conseille-t-il doucement. Il n’a jamais eu de problème pour les biberons avec Beth, parce qu’elle a toujours adoré manger. Ça ne signifie pas que le reste est facile. « Vous vous occupez de Sara toute seule pour le moment ? » Il espère pour elle que sa sœur n’est pas comme Will. Qu’elle n’est pas emprisonnée dans ce monde de la drogue. Qu’elle n’a pas laissé la réalité derrière elle pour plonger de plus en plus profond dans l’obscurité. Il espère pour Maggie que sa sœur va revenir. Qu’elle ne fera pas l’erreur qu’a fait Will, il y a des années de ça. Sans doute perturbée par les pleurs continuels, Beth se met à chouiner à son tour. Sauf qu’à l’odeur, ça n’est pas pour la même raison. « Un changement de couche est nécessaire je pense, je peux vous emprunter la table à langer ? J’ai tout ce qu’il faut dans son sac. » Il s’incruste sans doute un peu mais il veut apprendre à connaître sa nièce. Et Maggie également. D’habitude, on rencontre la belle-famille de son frère à l’occasion de repas familiaux ou d’autres occasions. Pas sur le perron d’une porte d’appartement. C’est étrange. Ce lien qui les unit, sans qu’ils sachent quoi en faire.
. DID YOU SEE THE FLARES IN THE SKY ? WERE YOU BLINDED BY THE LIGHT ? DID YOU FEEL THE SMOKE IN YOUR EYES ? DID YOU ? DID YOU SEE THE SPARKS FILLED WITH HOPE, AND YOU ARE NOT ALONE CAUSE SOMEONE'S OUT THERE, SENDING OUT FLARES . Elle n’avait pas eu le choix. Pas une seule fois. Pas un seul instant. Elle n’avait pas eu l’occasion de dire oui, encore moins de dire non. On lui avait imposé cet enfant. On l’avait forcé à prendre des responsabilités dont elle ne connaissait rien, de se charger du futur d’un être encore innocent qui ne réclamait que la présence de ses réels parents. Elle n’était pas l’un d’eux. Elle n’était qu’une branche voisine sur son arbre généalogique, une sorte de second choix. Elle voulait bien être la tante qui offrait toujours de jolies chaussures, qui donnait des conseils en matière de garçons, qui était là pour l’entendre se plaindre d’une mère trop envahissante. Mais elle ne serait jamais ça. Non, elle avait été condamnée à tenir ce rôle de mère, du moins, pour une durée indéterminée. Et elle n’avait pas fait ce choix, on le lui avait imposé. On avait déposé cette petite chose fragile dans ses bras maladroits, sans indications, sans guide de survie. Il ne s’agissait pas de sa survie à elle, mais plutôt de celle de Sara. Elle avait atterri au pire endroit. Elle avait atterri dans ce grand bordel qu’était la vie de Mags, là où rien n’était stable, là où rien n’était planifié. Et c’était ça, son choix. Vivre au jour le jour, sans se soucier de quiconque à part sa propre personne, qui prenait déjà beaucoup de place. C’était son choix, depuis le départ. Pas un choix définitif, non, elle s’imaginait avec des enfants. Mais plus tard. Au bon moment, avec la bonne personne. Un enfant à elle. Un enfant qui l’aime. Elle ne pouvait pas vraiment en vouloir à Sara, elle n’avait aucune raison de l’aimer, elle n’était clairement pas douée. Elle venait la chercher en retard, manquait l’heure des biberons, la laissait pleurer. Elle était une maman de substitution abominable. Mais une chose les rejoignait pourtant, au delà de cette fameuse branche voisine. Sara non plus n’avait pas eu le choix. Si elle l’avait eu, elle ne serait sûrement pas venue ici. Si elle avait eu le choix d’une tante, elle aurait sûrement choisi Grace, ou Mia. Pas elle. Et c’était tout ce qui faisait que leur quotidien ensemble était compliqué. Parce qu’elles se gênaient mutuellement. Et voilà que Sara lui apportait autre chose, quelqu’un de nouveau, un inconnu de plus. Un oncle pour Sara. Une cousine aussi, visiblement. Maggie commençait à croire qu’elle attirait les bambins. Elle se posait des tas de questions, comment l’avait-il trouvé, comment avait-il appris l’existence de sa nièce, quelle place voulait-il occuper dans sa vie, allait-il l’abandonner lui aussi, après avoir simplement constater son existence. Comme ses parents. Comme elle l’avait déjà souhaité, avant d’être prise de remords. « Oh je ne savais pas qu’elle portait son nom. » Comment lui dire qu’elle ne savait même pas ce qui se cachait derrière le nom Montgomery, qu’elle ne savait rien de son frère, de l’homme qui partageait la vie de sa soeur, ou du moins l’avait partagé un moment. Comment lui dire qu’elle n’avait aucun contact avec Tracy, que cet enfant avait lâchement été abandonné par ses deux parents, et qu’elle ne faisait pas bien mieux. Comment lui dire tout ça, alors qu’ils ignoraient tout l’un de l’autre. « Je ne savais pas que ma soeur fréquentait quelqu’un. La vie est pleine de surprises. » Elle disait cela en souriant, mais ça sonnait faux. Ça sonnait de telle façon qu’il ne mettrait pas longtemps à voir ce qui se cachait derrière les faux semblants qu’elle affichait. Et il se douterait. Elle ne voulait pas qu’il se doute, qu’il voit tout ce qui découlait du choix de sa soeur, tout ce qu’elle avait brisé, sans le savoir. Il verrait que le choix qu’elle s’était vu imposer n’était pas celui qu’elle aurait fait. Et comme si Sara l’avait compris et voulait elle aussi garder ce secret, elle se mit à chouriner, puis à pleurer, aussi fort que d’habitude, si ce n’était plus. Elle gigotait, donnant du fil à retordre à Maggie, qui congédia l’homme à moitié avant de disparaitre dans la cuisine. Parfois, le biberon suffisait à la calmer. Parfois, rien ne la calmait. Elle finissait par tomber toutes deux de fatigue, assises dans le canapé ou allongées dans le lit. Et enfin le calme retombait. L’ancien calme que Mags regrettait tant. Et cette nouvelle crise s’annonçait pour un bon moment. Assise dans sa chaise haute, Sara hurlait, en colère. Comment lui en vouloir ? Maggie aussi l’était. Elles étaient toutes deux en colère contre les mêmes personnes. Mais la brunette n’était pas prête à l’assumer, pas ce soir, pas toute seule. Après un temps d’hésitation, elle finit par appeler Peter au loin, espérant qu’il n’avait pas fuit devant ses paroles. Visiblement non, puisqu’il entrait dans le salon, trainant derrière lui la poussette de sa propre fille. Elle était toujours dépassée par les hurlements de Sara, se tenant à une bonne distance d’elle, se croyant être l’objet de sa colère. Peut-être qu’en se tenant à l’écart, elle se calmerait. Et peut-être qu’elle lui pardonnerait, aussi. « J’avais lu un article où ils disaient que parfois, quand les bébés refusent le biberon, il faut mettre un peu de sucre en poudre sur la tétine. Je n’ai jamais essayé mais peut-être que ça marcherait. » Elle le regarde un instant, hésitante. L’idée lui parait insensée, mais après, qu’en savait-elle ? Strictement rien. Elle ne savait rien sur les enfants, les bébés, toutes ces choses dont les mères s’informaient durant la grossesse. Elle n’avait pas eu ces neuf mois de préparation. Ils lui auraient été bien utiles pourtant. Finalement, elle se dirigea vers un des placards, toujours sous les pleurs de Sara, et en sorti le sucre. Elle en versait un petit peu sur le bout de la tétine, avant de tenter un accès vers la bouche de Sara. Celle-ci, sûrement intriguée par ce nouveau goût, se calma le temps d’une analyse approfondie avant d’agripper le biberon de ses doigts encore mouillés de larmes. Et soudain, les épaules de Maggie se relâchèrent, alors qu’elle poussait un long soupire, mi-épuisée, mi-amusée. Elle devenait sûrement folle. Elle avait l’air d’une folle. Tenant encore à moitié le biberon pour éviter que sa nièce ne le fasse tomber, elle se retournait vers Peter, un large sourire aux lèvres. « Vous êtes une sorte de super-héros des couches culottes ou quoi ? » C’était peut-être bête d’être heureuse pour si peu, mais il ne savait pas à quel point ce silence était le bienvenu. À quel point elle était fatiguée, et à quel point elle était rassurée de voir que les larmes de Sara n’étaient pas irréversibles. Que peut-être, elle ne pleurait pas seulement à cause d’elle. « Vous vous occupez de Sara toute seule pour le moment ? » Alors qu’elle observait le nouveau silence de sa nièce, Maggie n’osa pas affronter le regard de Peter, ne voulant pas lui mentir droit dans les yeux après qu’il l’ait aidé. Mais elle n’était pas non plus du genre à raconter sa vie au premier homme qui toquait à sa porte en affirmant partager plus qu’une coïncidence avec elle. Et puis, peut-être que sa soeur lui faisait honte. Peut-être qu’elle ne voulait pas avouer que Tracy avait abandonné son enfant. Peut-être qu’elle n’était pas prête à l’assumer, finalement. « Jusqu’au retour de Tracy. » Elle insistait sur cette date totalement imprécise, sur ce jour qu’elle ne connaissait pas, et qu’elle doutait encore qu’il existe. Mais elle ne mentait pas totalement. Elle attendait le retour de sa soeur. Elle attendait le retour de sa propre vie. Alors que l’idée lui plaisait assez, de nouveaux cris se firent entendre, mais cette fois ce n’était pas ceux de Sara. Elle les connaissait bien trop pour pouvoir l’affirmer. C’était Beth, le deuxième enfant à fouler ce parquet. « Un changement de couche est nécessaire je pense, je peux vous emprunter la table à langer ? J’ai tout ce qu’il faut dans son sac. » Il était vraiment préparé. Elle, au contraire, ne l’était jamais. Elle oubliait ce fameux sac, pourtant indispensable, alors qu’elle n’oubliait jamais le sien. Elle arrivait chez la nourrice sans les couches pour la journée, oubliait le pot de lait en poudre, et les dessins qui lui permettaient de savoir quelles tétines Sara préférait. Elle n’était pas préparée, clairement. « Bien sûr, je vais vous montrer où ça se trouve. » Elle récupérait Sara, manquant de l’oublier sur sa chaise haute, et remercia le seigneur de ne pas avoir afficher sa maladresse devant cet homme. Elle tient toujours le biberon dans la bouche de sa nièce, quittant la cuisine et le salon pour rejoindre sa chambre, suivie par Peter et Beth. Elle laissait apparaitre une chambre autrefois rangée, qui se résumait maintenant à un berceau au pieds de son lit, une table à langer à la place de son bureau, et toutes sortes de jouets recouvrant le parquet de la pièce. Une vraie chambre d’enfant, qui en fait était aussi la sienne. Ce qui compliquait de nombreuses choses. Légèrement gênée de laisser voir le tout à un parfait inconnu, elle finit tout de même par s’écarter pour présenter la table à langer à Peter, posant son épaule sur le mur pour soulager son dos. « Vous pouvez vous servir de… Tout ça, sans soucis. » Elle désignait le grand tout qui recouvrait la table à langer, ne sachant pas vraiment à quoi tout servait. Elle avait tout acheté, sous les conseils de la vendeuse, mais elle commençait à croire qu’elle s’était faite avoir. Alors que Peter s’attelait à la tâche ingrate de tout parent, Maggie séchait les dernières larmes que Sara avait toujours sur les joues, avant de reposer les yeux sur lui. Elle le regardait faire, doué, habitué. Et une question lui brûlait la langue. « Et vous alors ? Vu votre calme olympien et votre rôle de super-héros des couches culottes, je suppose que vous êtes aidé, pour Beth ? » Elle sourit doucement, espérant ne pas poser de question trop personnelle. Elle ne savait pas quels sujets étaient tabous ou non chez les parents. Sa question équivalait à une question bête et méchante chez les personnes célibataires. Elle voulait juste en savoir plus sur l’homme qui se tenait dans sa chambre, lui qui semblait s’intéresser à Sara, et elle qui devait s’assurer que c’était une bonne idée.
Olivia Andrews
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(✰) message posté Mar 1 Sep 2015 - 9:30 par Olivia Andrews
So, what if, instead of thinking about solving your whole life, you just think about adding additional good things. One at a time. Just let your pile of good things grow. ✻✻✻ Lorsqu’il entre dans l’appartement de Maggie, Peter a l’impression de pénétrer dans son intimité. Dans sa vie. Peut-être ne devrait-il pas le faire. Elle ne semble pas en avoir envie. Il ne sait pas à quoi il s’était attendu en venant frapper à sa porte mais certainement pas à ça. D’abord, il n’avait jamais pensé que sa nièce pourrait être ici. Il avait pensé demander des informations à cette Maggie. Lui demander des nouvelles de sa sœur, de son frère à lui et de leur enfant. Lui demander si elle savait où ils se trouvaient. Elle lui aurait répondu et ils seraient revus à de rares occasions. Pour les anniversaires de Sara et d’autres célébrations familiales. Après tout, Sara est leur seul lien. Ils n’ont aucune raison de se connaître. Si le frère de Peter et la sœur de Maggie n’avaient pas eu un bébé ensemble, ils ne se seraient sans doute jamais croisés. Mais tout est chamboulé. Rien ne se passe comme ça devrait. La sœur de Maggie n’est pas ici mais son bébé l’est. A en juger l’état de l’appartement, elle habite ici, avec Maggie. A en juger l’état de fatigue de la jeune femme, c’est elle qui se réveille quand Sara pleure la nuit. Peter ne sait guère que penser de tout ça. Curieux, il ne pose pas trop de questions tout de même. Il ne veut pas la forcer. Il ne voudrait pas qu’elle le chasse de la vie de sa nièce. Elle en aurait sûrement le droit. Après tout, il n’est qu’un inconnu qui débarque presque un an en retard. Alors il essaye de gagner sa confiance par petit bout. En commençant par un conseil innocent. Ça pourrait être un sujet dangereux. Après tout, beaucoup de parents – ou de personne qui élève l’enfant – se vexent quand on les conseille, et pensent qu’il s’agit de critiques. Là, ce n’est pas le cas. Tout ce que Peter voit, c’est que Sara refuse le biberon qu’essaye de lui donner Maggie. Elle semble hésiter un instant puis suit son conseil. Il ne sait même pas s’il peut fonctionner, il n’a jamais eu à l’essayer. Il pousse un soupir de soulagement lorsque Sara prend le biberon et cesse de pleurer. Il sait à quel point ça peut être difficile pour le moral d’entendre les cris incessants d’un bébé. « Vous êtes une sorte de super-héros des couches culottes ou quoi ? » Il répond à son sourire, à la fois amusé et content d’avoir commencé à gagner sa confiance. C’est un début. « Juste un papa renseigné, c’est tout. » Autant partager les conseils qu’il a, ça peut toujours servir. Grâce à ce début de confiance entre eux, il se permet de poser une question. Une question à laquelle il devine déjà la réponse. Il ne sait pas où est la mère de Sara mais il est presque certain qu’elle n’habite pas ici. Qu’elle ne vit pas avec sa fille. « Jusqu’au retour de Tracy. » Maggie prononce ces mots comme si Tracy devait rentrer d’un moment à l’autre. Comme si elle était juste partie faire des courses. Mais Peter connait ça. Il a vécu dans le déni avec son frère pendant des années. Quand il pensait encore qu’il serait capable de s’en sortir. Mais il ne saurait être certain que Maggie fasse la même chose. Il ne la connait pas après tout. Il ne connait pas la situation de sa sœur. Il n’a pas le temps de poser plus de questions qu’il est interrompu par des pleurs de Beth. Aussitôt, il demande où il peut la changer. Il a fini par savoir comment tout gérer rapidement. Même si ça n’est jamais facile. Il a trop souvent été surpris à cause d’un oubli de certaines affaires pourtant nécessaires. Maintenant, il a toujours tout dans un sac accroché à la poussette de sa fille. « Bien sûr, je vais vous montrer où ça se trouve. » Et il la suit dans le couloir. Comme toute personne normalement constituée, il observe les lieux. La chambre est remplie. Il n’est pas difficile de deviner que Maggie n’avait pas été préparée à l’arrivée de sa nièce chez elle. Dans la chambre, il voit un berceau, un lit à moitié recouvert de vêtements, une table à langer où s’empilent tout un tas d’objets. Pourtant, il ne juge nullement. Quand on doit s’occuper d’un enfant toute la journée, il est tout à fait normal de ne pas vouloir ranger pendant les rares moments de calme. Il se fraye un chemin entre les jouets épars sur le sol. « Vous pouvez vous servir de… Tout ça, sans soucis. » Il pose Beth sur la table à langer, en remerciant Maggie d’un hochement de tête. Il sait que, petit à petit, il prend une place dans sa vie qu’elle ne voulait pas forcément lui donner. Mais il s’agit de sa nièce, qu’est-ce qu’il pourrait faire d’autre ? Il ne peut pas juste repartir. Il commence à retirer les chaussures puis le pantalon de Beth, la maintenant tant bien que mal couchée. La petite fille remarque qu’il se passe quelque chose aujourd’hui. Et elle est intriguée par cet autre enfant. « Et vous alors ? Vu votre calme olympien et votre rôle de super-héros des couches culottes, je suppose que vous êtes aidé, pour Beth ? » Il tourne la tête un instant vers Maggie, un peu surpris de sa question. Pourtant, elle a tout fait le droit de l’interroger. Lui-même le fait depuis tout à l’heure. Habilement, il retire la couche qu’il plie rapidement. En le voyant maintenant, difficile de deviner à quel point il avait pu être dépassé les premiers mois où il s’était vraiment occupé de sa fille. Difficile aussi d’imaginer qu’il ait pu être absent pendant un moment. Quelque chose qu’il préfère oublier. « J’habite avec une de mes sœurs, elle m’aide beaucoup avec Beth, je n’y arriverais pas sans elle. » Il sait parfaitement que la question de Maggie portait sur la mère de Beth. Pas sur sa sœur. Mais il n’aime pas en parler. Il préfère éviter la question jusqu’à ce qu’elle soit posée directement. Pourtant, confier une telle chose pourrait l’aider à se lier avec Maggie. Mais hors de question d’utiliser la mort de Kirsten ainsi. Jamais. « Et l’expérience aide beaucoup, j’ai galéré comme tout nouveau parent, au début. » On a beau se préparer, lire les livres qu’il faut, on ne peut jamais savoir à quoi s’attendre. Tout enfant est différent. Chaque situation a ses spécificités dont ne parlent pas les livres. « Vous avez Sara depuis combien de temps ici ? » Demande-t-il dans la suite de la conversation. Et aussi parce qu’il est curieux. Où est donc cette Tracy et pourquoi sa fille est-elle avec Maggie ?
. DID YOU SEE THE FLARES IN THE SKY ? WERE YOU BLINDED BY THE LIGHT ? DID YOU FEEL THE SMOKE IN YOUR EYES ? DID YOU ? DID YOU SEE THE SPARKS FILLED WITH HOPE, AND YOU ARE NOT ALONE CAUSE SOMEONE'S OUT THERE, SENDING OUT FLARES . Elle attendait le retour de Tracy. Elle attendait ce retour incertain, cet espoir presque infantile. Elle la connaissait pourtant. Elle la connaissait trop bien. Fuir, c'était ce qu'elle faisait toujours, aussi loin que Maggie pouvait s'en rappeler. Enfant, Tracy fuyait devant les punitions, alors que Mags les acceptait. Plus tard, Tracy fuyait les questions qu'on lui posait sur ses sorties nocturnes, sur cette attitude, sur ce regard qu'on ne lui connaissait pas, et Maggie la couvrait. Elle l'avait toujours couverte. Elle assurait ses arrières. Elle avait appris que c'était ce que les soeurs faisaient, en général. C'était ce que Tracy lui disait quand elle hésitait. C'était ce que ses parents lui avaient demandé d'arrêter de faire quand elle n'arrivait plus à mentir. Toute sa vie, elle l'avait regardé fuir. Fuir la réalité, fuir ce qui était évident et ce que sa soeur ne voulait admettre. Elle avait un problème. Elle avait besoin d'aide. Elle avait besoin de toutes ces choses dont elle ne voulait pas, de ces mains tendues qu'elle s'évertuait à ignorer. Elle avait ignorer les siennes. Elle avait balayé leur enfance d'un revers de main, avait jeté les souvenirs de ce que Maggie avait mis du temps à construire. Longtemps, elle avait cru qu'elles étaient proches, qu'elles partageaient quelque chose, un secret, un trésor sur lequel elle veillait jalousement, sans jamais voir qu'il n'en était rien. Sans jamais voir que sa soeur était si loin, malgré la proximité. Elle était loin depuis déjà longtemps. Et Maggie restait. Faiblement, elle restait. Elle attendait de la voir réapparaitre, comme elle l'avait souvent fait. Elle revenait toujours, sans qu'on ne puisse deviner dans quel état. Et pourtant, Mags restait les bras tendus. Elle acceptait l'inacceptable, lui concédait de graves erreurs, lui pardonnait de l'utiliser, elle et tous ceux qu'elle rencontrait. Et elle attendait. Elle attendait depuis un moment maintenant. Elle attendait depuis qu'elle était un soir venue sonner à sa porte, un jeune enfant dans les bras. Mais cette fois, quelque chose changeait. Les nouvelles péripéties de Tracy avait une saveur nouvelle. Cette fois, ce n'était pas seulement elle, ce n'était pas seulement l'acharnement qu'elle mettait à gâcher sa vie. Non, elle en gâchait une autre au passage. Elle gâchait celle de Sara, et compliquait la sienne. Elle lui imposait ce que jamais la brune ne pensait possible. Elle lui avait assené un dernier coup, la mettant à terre. Et pourtant, elle devait restée debout. Elle devait restée debout, alerte, présente. Pour Sara. Elle tenait ce rôle, en attendant. Et elle n'avait aucune idée pour combien de temps. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle le tenait mal. Allier son ancienne vie à la nouvelle s'avérait plus complexe que ce à quoi elle s'était préparée, si toutefois elle s'était préparée un jour. Elle tient le rôle, tant bien que mal. Elle fait des erreurs. Elle ne les voit pas. Personne n'est là pour les lui montrer. Personne n'est là pour lui apprendre. Personne n'est là pour lui dire que tout ça n'a aucun sens. Elle parvient à le constater seule. Et cette soirée n'échappait pas à la règle. Cet homme sur son pallier était la dernière personne sur laquelle elle pensait un jour tomber. Simplement parce qu'elle n'avait pas connaissance de son existence. Parce qu'elle ne savait rien de lui, de ce lien qui les unissait à présent, de ce que Sara représentait pour eux. Ce qu'il représenterait pour elle. Il n'était qu'un inconnu pragmatique, un homme qui avait su la retrouver, chercher, s'intéresser à Sara, alors que Maggie ignorait tout de son existence jusqu'à ce que sa soeur vienne sonner à cette même porte. Peut-être devrait-elle en changer d'ailleurs, ce pallier avait subi assez de surprises. Sans trop voir la gêne de cette situation, la brunette invite ce Peter à entrer, trop occupée à tenter de faire cesser les cris de sa nièce. C’était ce qu’elle tentait de faire depuis des semaines. Il n’y avait rien à faire, elle n’aimait pas ses bras, elle n’entendait pas sa voix. Ils n’étaient pas ceux qu’elle voulait. Elles se retrouvaient toutes les deux victimes de la situation. Ils ne leur suffisaient plus qu’à devenir alliées plutôt qu’ennemies. Mais ce n’était pas au programme de Sara pour le moment. Finalement, Peter lui conseille un peu de sucre sur la tétine du biberon, chose à laquelle Maggie n’aurait sûrement jamais pensé. Ce n’était pas quelque chose qui pouvait lui être inné. Ce n’était pas comme si elle avait un quelconque instinct maternelle. Ce n’était pas comme si Sara était sa fille. Et ça marche. Sara s’empare du biberon et sèche ses larmes, ramenant le calme dans l’appartement. Le soulagement se lit sur le visage de la jeune femme alors qu’elle s’étonne des compétences de Peter. « Juste un papa renseigné, c’est tout. » Devait-elle se renseigner, elle aussi ? C’était peut-être ça son job à présent. Se renseigner, apprendre, mettre de côté le chronomètre qu’elle gardait constamment dans ses mains et oublier un peu Tracy. Oublier son retour jusqu’à ce qu’il survienne. Accepter son absence. Accepter Sara. « Je veux bien les références des bouquins, dans ce cas. » Elle lui sourit gentiment tout en admirant le calme rare de sa nièce. Elle avait un instant pour souffler. Instant de courte durée, puisque c’était maintenant au tour de la petite fille dans la poussette de pousser ses premiers pleurs. Peter lui demande un endroit pour la changer, et récupérant Sara, elle lui offre d’entrer dans sa chambre, dans celle qu’elle partageait avec un enfant de neuf mois. Autant dire que ce n’était ni rangé, ni coquet, ni idéal. Elle n’avait simplement pas d’autres options pour l’instant. Une certaine gêne s’empare d’elle alors qu’elle le laisse pénétrer ainsi dans son intimité, dans tout ce qui faisait d’elle ce qu’elle était, devant ce parfait inconnu. Les lèvres pincées, elle l’observe changer sa fille d’une main experte, continuant de nourrir Sara. Elle osait une question personnelle, mais après tout il avait fait de même. « J’habite avec une de mes sœurs, elle m’aide beaucoup avec Beth, je n’y arriverais pas sans elle. » La brune acquiesce alors que d’autres questions lui brûlent les lèvres. Pourquoi vivait-il avec sa soeur ? Où était la mère de Beth ? Autant de questions qu’elle tairait, ne se sentant pas légitime à les poser. Après tout, ils ne se connaissaient pas. Il était là pour Sara. « Et l’expérience aide beaucoup, j’ai galéré comme tout nouveau parent, au début. » À le voir ainsi s’occuper de sa fille, il était difficile de l’imaginer galérer. Il ne l’avait pas vu à l’oeuvre, clairement. Elle ne savait même pas à quoi servaient tous ces produits, elle les avait acheté, c’est tout. Et elle n’était pas sûre de vouloir acquérir l’expérience dont il parlait. Elle n’était pas certaine que c’était ce qu’elle voulait. Malgré Sara dans ses bras, sa vie passée lui procurait une nostalgie qu’elle ne pouvait pas encore enterrer. Pas tant que le retour de Tracy était possible. « En tout cas, vous avez de la chance d’avoir votre soeur, j’aurais aimé que la mienne soit avec moi pour m’aider. » Elle hausse les épaules avant que Sara ne fasse tomber son biberon par terre, signifiant au monde qu’elle n’avait plus faim. Elle restait pour l’instant calme, s’agitant seulement pour descendre de ses bras. « Vous avez Sara depuis combien de temps ici ? » Elle se détourne pour déposer Sara dans un parc qu’elle avait récemment acheté sous les conseils de son père, apparemment les dizaines de jouets que ce dernier lui avait acheté suffisaient à l’occuper quelques temps avant qu’elle ne réclame à nouveau son attention. Il serait plus simple pour elle de parler ainsi. Elle lui laisse sa girafe en plastique préférée dans les mains, gardant un autre jouet dans les mains en cas de besoin. Elle se redressait pour se rapprocher de Peter, toujours occupé à changer sa fille. « Quelques semaines. Elle a fait l’effet d’une bombe, c’est le cas de le dire. » D’un geste vague elle montrait la chambre, l’autodérision n’ayant jamais été un soucis pour elle. Elle en sourirait presque. Vérifiant d’abord que Sara ne tentait pas une évasion, elle posa ses yeux sur Beth, et prenait par la même occasion quelques notes. Tout était bon à prendre pour améliorer sa situation. « Je suis désolée qu’elle vous l’ait réveillée. C’est son truc, réveiller les gens. » Elle sourit un peu plus non sans savoir la mine cadavérique qu’elle affichait. Mais ça ne la gênait pas qu’il le voit, étrangement. Après tout, il prendrait clairement une nouvelle place dans sa vie, qu’elle le souhaite ou non. Elle lui avait suffisamment menti pour l’instant.
Spoiler:
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(✰) message posté Mer 14 Oct 2015 - 16:01 par Olivia Andrews
So, what if, instead of thinking about solving your whole life, you just think about adding additional good things. One at a time. Just let your pile of good things grow. ✻✻✻ Pendant longtemps, Peter avait pensé qu’il n’aurait jamais plus de nouvelles de son frère. Après tout, Will ne voulait plus de sa famille dans sa vie, il l’avait établi clairement, après une dizaine d’interventions ratées. Il n’était jamais resté plus d’une semaine en cure de désintoxication, n’avait jamais vraiment essayé d’arrêter, pas pour lui, pas pour sa famille. Il avait plongé dans la drogue à l’adolescence, sans que personne ne comprenne pourquoi et n’en était jamais ressorti. Longtemps, Peter n’avait pas compris cela. Pourquoi il avait chuté, pourquoi il n’avait jamais pu se relever. La raison de sa chute dans la drogue, il ne la connait toujours pas. Ne la saura sûrement jamais. Mais le reste, il peut finalement le comprendre. Il a connu lui aussi sa propre descente aux enfers. Pendant des mois, il avait refusé de s’en sortir, se complaisant dans son malheur alcoolisé. Il avait eu l’impression qu’il n’y aurait jamais de fin. Que c’était ça, la fin. Qu’il finirait ainsi. Il n’avait rien voulu de plus pendant des mois et des mois. Et sans doute que ça aurait pu durer encore longtemps sans l’intervention d’Hailey, et sans la présence de Beth. Il s’en était sorti parce qu’il l’avait voulu, parce qu’il avait eu une raison de le faire. Peut-être que c’était ça qui avait manqué à son frère. Et il semble que ça ne fonctionne pas de la même façon pour les deux frères. Si, pour Peter, ç’avait été sa fille qui avait été sa motivation à s’en sortir, le fait d’avoir un enfant ne semble pas avoir changé William. Sans doute est-ce encore plus compliqué quand l’addiction dure depuis des années. Peter n’en a aucune idée et préfère éviter d’y penser. Parce qu’il ne peut rien faire pour changer ça, tout simplement. Ce qu’il peut changer, c’est au moins avoir une place dans la vie de cette petite fille. Peut-être qu’il en demande trop à Maggie, il n’en sait rien. Ils ne se connaissent absolument, il ne sait pas comment elle agit d’habitude. Tout ce qu’il sait, c’est qu’elle s’occupe de Sara et semble le faire seule. D’elle, il ne connait rien. Et il ne sait pas s’il a vraiment le droit de poser des questions. Le droit d’en savoir plus. « Je pourrais vous prêter des livres si vous voulez. Ils sont souvent critiqués mais ils sont pleins de bonnes idées. » Et les parents qui prétendent pouvoir s’en sortir sans se retrouvent bien vite débordés. Il y a quelques exceptions à la règle mais pour s’occuper d’un enfant, il n’y a pas de secret : il faut être informé. Suite à une urgence, Maggie et Peter se retrouvent dans la chambre de celle-ci. Lorsqu’il découvre la pièce remplie d’objets en tous genres, Peter ne juge aucunement. Il sait mieux que quiconque que, quand on n’a pas suffisamment de temps, c’est le rangement et le ménage qui passent en dernier. Enfin le ménage, il essaye quand même de le faire assez souvent, pour ne pas vivre dans la poussière. « En tout cas, vous avez de la chance d’avoir votre soeur, j’aurais aimé que la mienne soit avec moi pour m’aider. » Il jette un coup d’œil vers Maggie, un peu étonné. C’est la première fois qu’elle admet directement que sa sœur n’est pas là, avec elle. Qu’elle n’est pas juste partie faire une course ou autre chose. Non, c’est vraiment Maggie qui s’occupe de Sara. Même si Peter avait des doutes, il est surpris de la situation. Il ne sait pas si la sœur de Maggie est pareille que son frère à lui. C’est possible après tout. Ça expliquerait tout. Qu’ils aient tous les deux laissé Sara. Qu’aucun d’eux n’était prêt à s’occuper d’un bébé. Il pourrait poser toutes ces questions mais il ne le fait pas. A la place, il pose une question plus générale. Moins personnelle. C’est le moment que choisit Sara pour lâcher son biberon. Peter continue de changer Beth, tout en regardant du coin de l’œil Maggie mettre le bébé dans son parc. Elle semble mieux se débrouiller qu’elle ne le pense. Et elle, au moins, elle est là. C’est le principal dans cette histoire. « Quelques semaines. Elle a fait l’effet d’une bombe, c’est le cas de le dire. » Elle montre le capharnaüm qu’est sa chambre. S’adapter à une nouvelle présence comme celle d’un bébé, ça n’est jamais facile. Surtout quand l’appartement n’était pas prévu pour ça initialement. Surtout quand on ne s’y attend pas. Habituellement, on a neuf mois pour se préparer. Parfois un peu moins, le temps d’apprendre la grossesse. On a le temps de tout adapter, de déménager parfois, de tout prévoir. On voit bien que dans le cas de Maggie, ça ne s’est pas déroulé comme ça. Que la présence de Sara l’a prise par surprise. « Je suis désolée qu’elle vous l’ait réveillée. C’est son truc, réveiller les gens. » Elle s’excuse comme si elle y pouvait quelque chose. Elle devrait savoir que Peter peut comprendre ça. Lui aussi s’excuse bien souvent du dérangement causé parfois par Beth. Surtout auprès des gens qui n’ont pas d’enfant. Mais à partir du moment où ils ont vécu la même chose, ils peuvent comprendre. « Ce n’est pas un problème, si elle avait plus dormi, elle n’aurait pas voulu se coucher ce soir de toute façon. » Toute l’organisation du sommeil chez un bébé. Lorsqu’il dépose Beth sur le sol, Peter regarde enfin vraiment Maggie. Elle semble vraiment épuisée. Comme si elle n’avait pas dormi correctement depuis des jours, voire des semaines. Peut-être est-ce le cas. Peut-être qu’elle parlait d’elle quand elle disait que Sara réveillait les gens. Sûrement même. Peter observe Beth se dandiner jusqu’au parc où se trouve Sara. Elle s’accroche aux barreaux et passe un bras entre ceux-ci. « Vous vous débrouillez bien vous savez. » Dit-il en s’approchant de Maggie. Elle a le moral au trente-sixième dessous, il le voit dans son regard. Sans doute est-ce l’épreuve la plus difficile à laquelle elle ait jamais dû faire face. Peu importe. S’occuper d’un enfant peut parfois être vraiment compliqué. Il le sait. Il a parfois des journées où plus rien ne va. Heureusement, elles restent rares. Mais les subir tous les jours, il n’imagine même pas. « Il faut toujours un temps d’adaptation aux enfants, surtout quand la figure parentale change. Ç’a été compliqué avec Beth aussi, au début. » Il voit que Maggie a besoin de réconfort. Alors il peut bien parler de sa propre expérience. Même s’il n’entre pas dans les détails. Peut-être le devrait-il. Dans un sens, elle fait partie de sa famille maintenant. « Je sais que ce n’est pas toujours facile d’imaginer une évolution mais croyez-moi, ça ira. » Quand tout nous tombe dessus d’un coup, on a du mal à penser au fait que ça ira mieux, plus tard. On reste bien souvent coincé dans la souffrance du présent. Peter le sait, il le fait souvent. « Et si jamais, vous pouvez toujours me demander de l’aide. » Il ignore pourquoi la confiance de cette étrangère lui importe tant. Mais ça n’est pas que ça. Il veut l’aider, tout simplement.
. DID YOU SEE THE FLARES IN THE SKY ? WERE YOU BLINDED BY THE LIGHT ? DID YOU FEEL THE SMOKE IN YOUR EYES ? DID YOU ? DID YOU SEE THE SPARKS FILLED WITH HOPE, AND YOU ARE NOT ALONE CAUSE SOMEONE'S OUT THERE, SENDING OUT FLARES . Maggie n'avait jamais pensé aux enfants. Evidemment, bon nombre de personnes oseraient suggérer un couple avant cela, une histoire, un homme, une femme, un amour. La jeune femme n'était pas sûre d'avoir un jour pu répondre à ces critères. Il y avait eu des hommes, des histoires, des couples. Pourtant, les battements de son coeur semblaient toujours avoir fait défaut. Leur danse irrégulière n'avait jamais formée un amour lui permettant de s'imaginer un jour parente. Chaque petite fille en rêvait, pourtant. Chaque petite fille trainait derrière elle ce petit bébé qui était, pour elle, plus qu'un simple jouet. Encore enfant, ces petites filles berçaient des bambins, les nourrissait, dans ce monde imaginaire qu'elles se plaisaient à créer au détriment d'une réalité bien moins intéressante. Elle avait été une de ces petites filles. Une petite fille ordinaire avec des rêves tout aussi ordinaires. Elle n'avait jamais vraiment pensé aux enfants depuis l'âge où son père avait rangé tous ces jouets. À présent, elle devait reproduire cet ancien schéma avec un être bien réel, une petite fille qui, comme elle auparavant, avait des rêves ordinaires. Être élevée, regardée, aimée. Seulement, Mags n'était pas certaine de pouvoir lui offrir ce dont elle avait besoin. Elle avait besoin d'une attention sans limite, d'un amour intangible. Et elle n'était que Maggie. La Maggie qui préférait passer ses journées à tenter de défaire les ennuis des autres avant les siens. La Maggie qui ne trouvait pas le levier pour plier la poussette. La Maggie qui ne parvenait jamais à une bonne température du biberon. La Maggie qui avait déjà suffisamment de mal à s'occuper d'elle-même. Pourtant elle n'avait pas eu le choix. On ne lui avait pas offert l'occasion de refuser, l'occasion de changer son destin. Et après tout, aurait-elle pris une autre décision ce même soir ? Aurait-elle pu laisser partir sa soeur en sachant ce qu'il adviendrait pour Sara ? Une vie instable, sombre, perdue. C'était les seuls mots qui lui venaient lorsqu'elle repensait à sa soeur. Elle ne se vantait pas de pouvoir offrir mieux, mais elle pensait pouvoir offrir autre chose. C'était ce qu'elle tentait de faire. Faire de son mieux. Apprendre. Comprendre. Faire mieux. Elle s'y attachait, malgré les échecs. Parfois, elle baissait les bras. Parfois, elle abandonnait. Et Sara ne lui pardonnait pas. Cette petite fille innocente ne lui pardonnait pas de la tenir éloignée de sa véritable mère. Une mère qu'elle ne saurait jamais être. Ils se retrouvent tous les quatre dans sa petite chambre déjà trop petite lorsqu'elles n'étaient que deux. Gênée, elle laisse Peter installer sa fille sur la table à langer alors qu'elle s'affaire à pousser les affaires sur le lit et cacher la misère dans les quelques endroits stratégiques. C'était idiot, elle voyait bien qu'il s'en fichait. Mais elle avait toujours cette honte qui la suivait lorsqu'elle faisait découvrir aux gens son nouveau rôle de mère de substitution. Comme si les autres pouvaient lire sa détresse, comme si les autres pouvaient voir à quel point c'était difficile pour elle. Et elle refusait de s'avouer si vite vaincue. Ils avaient raison pourtant, mais elle pensait encore pouvoir sauver les meubles. Occupée à bercer Sara pour qu'elle ne recommence pas ses pleurs, elle observe la technique irréprochable de Peter, prenant quelques notes par la même occasion. Il avait le coup de main qu'elle n'avait pas, des gestes précis et rapides. En un instant, il avait fait ce qui lui prenait généralement la moitié de la soirée. Elle se sentait vraiment idiote. Voyant Sara s'agiter dans ses bras, elle la dépose dans son parc, l'entourant des jouets qu'elle semblait affectionner tout particulièrement. S'écartant, elle voit Beth galoper jusque là, se rapprochant des barreaux pour pouvoir observer de plus près sa nouvelle cousine. « Vous vous débrouillez bien vous savez. » Elle relève les yeux du spectacle pour les poser sur Peter, non loin d'elle. Forcément, elle lui sourit, parce qu'elle sait qu'il voit en elle ce que tous les autres devinent aussi. Parce qu'il voulait lui faire plaisir, lui remonter le moral, la pousser à continuer sur cette voie. Mais la vérité c'était qu'elle n'était pas sûre d'en être capable. Elle n'en était pas capable si Sara ne le voulait pas. « Ne vous moquez pas. » Elle sourit plus largement tout en replaçant nerveusement sa frange. Elle sait qu’elle est maladroite, qu’elle aborde la question du mauvais côté, qu’elle s’y prend de la mauvaise manière. Elle sait que Sara attend autre chose d’elle. Elle sait que sa nièce comprend que tout ceci n’était pas ce qu’elle méritait. Elle sait que Sara méritait d’avoir des parents. Malheureusement, les siens n’étaient pas prêts pour elle. C’était son rôle de l’être à présent. Elle cherchait encore à être prête pour tout ce qui l’attendait. « Il faut toujours un temps d’adaptation aux enfants, surtout quand la figure parentale change. Ç’a été compliqué avec Beth aussi, au début. » Elle l’observe, se demandant toujours ce qu’il advenait de la mère de sa fille. Mais elle se savait en mauvaise posture pour demander. Après tout, pourquoi se confierait-il à une parfaite inconnue ? Et pourquoi voulait-elle le savoir ? Ce n’était pas ses affaires. Elle baisse alors les yeux vers les deux enfants qui se découvraient tout juste, partageant des jouets à travers les barreaux du parc. « Mais je ne suis pas sa mère. Elle le sait. Elle ne me laisse pas entrer. » Il était rare qu’elle se livre ainsi, d’autant plus à un inconnu. Pourtant, dans un sens, elle se savait libre de pouvoir lui parler. Peut-être parce qu’il s’occuper d’un enfant lui aussi. Peut-être parce que, dans un sens, ils faisaient partis de la même famille. Elle vient se pencher par dessus le parc, croisant les bras sur les barreaux, observant sa nièce sourire pour la première fois de la journée. « Elle a besoin d’une mère, pas d’une quasi trentenaire vivant au rythme d’une pré-pubère. » Elle parle plus pour elle-même qu’à lui mais ne fait que constater la stricte vérité. Son boulot lui prenait la majorité de son temps, et elle aimait ça. Elle aimait se consacrer à plein temps dans ce projet qu’elle avait mis des années à concrétiser. Ce n’était pas le bon moment pour élever un enfant dans ces conditions, mais le choix ne lui avait jamais appartenu. « Je sais que ce n’est pas toujours facile d’imaginer une évolution mais croyez-moi, ça ira. » Elle regarde à nouveau Peter. Elle voulait vraiment y croire mais restait sceptique. Elle avait tendance à croire que c’était elle, le problème. Ce n’était pas Sara, c’était elle qui ne parvenait pas à abattre les murs pour laisser sa nièce entrer. Peut-être qu’elle y parviendrait un jour. Peut-être qu’elle s’autoriserait à l’aimer comme elle le devrait. Comme elle le méritait. « Et si jamais, vous pouvez toujours me demander de l’aide. » Son sourire s’élargit, réveillant l’éclat perdu dans ses prunelles. Elle ne disait jamais non à une main tendue. Et puis, elle voulait que Sara connaisse sa famille. Elle voulait qu’elle rencontre toutes les petites choses qui pouvait combler le manque de ses deux parents. Elle se relève, étirant son dos engourdi par la même occasion avant d’acquiescer en souriant toujours. « Vous me prêterez vos livres. »