"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici You are my bestfriend and you don't even know it (Heaven) - Page 2 2979874845 You are my bestfriend and you don't even know it (Heaven) - Page 2 1973890357


You are my bestfriend and you don't even know it (Heaven)

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() message posté Mar 26 Jan 2016 - 23:10 par Invité

“Because never in my entire childhood did I feel like a child. I felt like a tiny person all along―the same tiny person that I am today.”  Je me penchai vers le rebord de la table en souriant. Heaven était si belle. Elle semblait différente de toutes les autres filles, non seulement par son rang de noblesse mais aussi grâce à son attitude nonchalante. Un frisson traversa mon bras engourdi alors que je détaillais les traits de son expression angélique. L'espace d'un instant, je ressentis un pincement dans ma poitrine. Un tressaillement discret mais douloureux, comme un souvenir, une pensée nostalgique. Un regret. Pourquoi l'avais-je autant détesté durant mon enfance ? Pourquoi cette envie presque obsessive de me transformer en poupée de porcelaine si à la fin, toutes les belles choses se brisaient entre les mains tremblantes de la maladie ? Je pinçai les lèvres avant de sourire avec sincérité. Je voulais qu'elle me pardonne au moins ce sentiment. Cette oppression que je ressentais à chaque fois qu'elle faisait irruption dans une pièce, et qui en réalité n'était que le fruit de mon imagination. Je l'avais toujours considéré comme une divinité. Je l'admirais par delà les notions du bien et du mal. Je voulais parfois prendre sa place et la rejoindre dans ses pires moments. Mais je ne pouvais pas l'aider car elle était hors du temps. Elle s'éloignait sans cesse et ses départs étaient comparables à un point de chute. Notre amitié était un sentiment égale à la cocaïne ; un soulagement, une liberté illusoire puis la stupeur face à l'absence de réalité. Je fis la moue en crispant mes paumes autour de ma tasse de tisane. J'observais la surface ondulante du liquide ambrée. J'y retrouvais mon reflet et l'éclat doré de mes cheveux bouclés. J'y retrouvais une bonne humeur et une hilarité enfantine, pleine de fraîcheur et de naïveté. Nous étions si proches avant de grandir. Avant de comprendre les différences entre les classes sociales. Je redressai lentement la tête. J'étais stupide. Ce n'était pas une surprise. Mon esprit était crédule et trop simplet pour s'accrocher aux logiques du monde. Au lieu de cela, moi je courrais à perte d'haleine dans les bois. Je marchais pied nue dans les champs de fleurs afin d'effleurer la beauté de la nature et de laisser la boue remonter sur mes jambes fragiles. J'étais une sauvage. Une libertine qui pensait que la vraie vie c'était être une princesse. A force d'exister au milieu des désillusions, j'avais fini par devenir une déception moi aussi. Je me tenais là, après tout ce temps et je demeurai la même personne. La fatalité ne surgissait pas de la nuit mais de mes entrailles. Le Parkinson était en moi. Personne ne me l'avait imposé. C'était quelque chose qui sommeillait à l'intérieur. Je bus une gorgée de tisane en fermant délicatement les yeux. Ma bouche se ferma sur le verre comme une rose qui croisait ses pétales afin d'endurer l'hiver. Puis je laissai à nouveau mes idéaux cheminer dans le petit salon de thé, se mélangeant à l'ambiance chaleureuse des meubles. «Certaines choses doivent être vraies, j’imagine. Les oreilles trainaient souvent dans le manoir de mes parents et les Howard-Clark ont toujours été le sujet préféré du commun des mortels.  »  Je pouffai de rire en déglutissant. Elle avait bien raison. Le scandale médiatisé de sa famille était à ce jour l'un des thèmes favoris des femmes au foyer. Dans une commune aussi renfermée que Glastonbury, les gens se plaisaient à parler des bourges, à les placer sur un piédestal simplement pour guetter leur tragédie. J'étais comme eux. J'avais grandi parmi ces idées fausses et pleine de préjugés. Mais à la différence de tous, je connaissais Heaven. Je l'estimais trop pour me laisser influencer par ses déboires. J'entendais les mélodies d'un piano dans le hall du manoir et je m'agitais jovialement dans l'espoir qu'elle soit revenue passer quelques jours dans la campagne. Je passais des mois devant la clôture qui délimitait la réserve, imaginant le vrombissement d'un moteur dans l'allée et la silhouette élancée de la fille du Lord. Je fis la moue. En réalité, j'avais passé mon enfance à attendre. Lorsque j'avais compris que mon père nous avait quitté, j'avais reporté toute ma frustration sur Heaven. C'était lui que j'attendais à travers elle. « Ce n'est pas parce que les choses sont vraies qu'on a le droit de les répéter. » Je haussai les épaules en roulant des yeux. Puis je songeais à ces histoires horribles que les voisines dépeignaient parfois. De ces hurlements semblables aux cris d'une bête démoniaque. Certains disaient que le Lord transportait les cadavres de ses victimes dans le grenier, qu'il les laissait couler sur le sol en fredonnant l'hymne de l’Angleterre. D'autres racontaient qu'il n'était pas humain, que lors de chaque pleine lune il se changeait en un monstre noir et qu'il voguait vers l'Abbaye à la recherche de jolies blondes aux yeux bleus. C'était ridicule. « J'en ai assez de croire tout ce qu'on me raconte, Heaven. J'ai assez donné avec les comptes de fées. » Murmurai-je en lui montrant les courbes de mes mains. Je ne tremblais pas mais la maladie était si facile à deviner. Je tournai la tête dans tous les sens avant de m'adosser à mon siège.
La proposition de Heaven tourbillonnait encore autour de l'espace. Elle ponctuant les battements de mon cœur effréné alors que j’acquiesçais, folle de joie à l'idée d'être la marraine de son bébé. Il n'était pas encore né mais je sentais déjà la connexion entre mon âme et celle de ce petit être rosé qui grandissait dans son ventre. Je n'aurais peut-être jamais l'occasion d'être maman. Le prince charmant n'existait et fatalement cela réduisait toutes mes chances de pouvoir un jour porter la vie. Mon corps n'était pas normal. Mon corps souffrait d'une blessure invisible. Je me repris en soupirant. Mes yeux étaient brillants, débordant d'émotions et d'émotions que je ne savais pas contenir. Après tout, on ne m'avait jamais appris à agir avec grâce. Je connaissais les codes d'éthiques mais je n'avais pas les droits de les pratiquer en tant que roturière. J'étais la fille de la gouvernante. Une simple mortelle. «  Respire. Je ne viens pas de te demander de m’épouser, non plus,   » Je gloussai en rougissant. Mais elle pouvait me faire une demande en mariage aussi ! Je n'étais pas du genre à refuser. «  Techniquement, je ne sais pas si tu as le droit de te faire appelée Lady Elsa, maintenant mais peu importe, les titres sont passés de mode de toutes manières. » Elle me taquinait certainement. Je haussai les épaules, bien résignée à la prendre au mot. Après tout, une marraine était une presque mère. Je levai le menton avec nonchalance puis j'étirai les lèvres en un sourire étriqué. « Lady Elizabeth, je vous prie. On appelle pas une lady par un surnom voyons. » Je m'exprimais avec une éloquence fausse. Ce n'était qu'un jeu mais j'imaginais déjà la tête de Lady Kathleen à l'annonce de la nouvelle. Elle ne serait pas enchantée que je fasse partie de la vie de son petit fils. Elle n'était jamais enchantée que je fasse partie de n'importe quelle vie en réalité. Je remuai le bout du nez. « Tu sais, si tu vas te faire gronder. Ce sera notre secret. » Murmurai-je comme s'il était possible que quelqu'un intercepte notre conversation. « Je ne le dirais à personne. J'agirais dans l'ombre comme une bonne fée. » Je plissai le front comme pour souligner mes paroles. Je joignis les mains sur la table et je ris. « Et le fait que je mange comme quatre, ça aussi ça devrait rester notre secret au cas où ... » Raillai-je en avalant un énorme bout de gâteau.  
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