if only you could see the darkest place that you could be – Andrew

  if only you could see the darkest place that you could be

Bleizian & Andrew

Pour ce qui devait être la millième fois de la soirée – ou de la nuit, qu’en savait-il, il n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être après tout – il se retourna dans son lit, offrant son dos à la silhouette endormie de Blake. Son regard passa distraitement sur le mur et se posa sur la fenêtre aux rideaux tirés avant qu’il ne ferme les yeux, tentant tant bien que mal de trouver le sommeil. Sans succès, évidemment. L’air de Londres ne devait clairement pas être bon pour lui, puisque depuis qu’il était ici, il n’arrivait simplement pas à dormir. Il mettait toujours extrêmement longtemps avant de sombrer dans les bras de Morphée, et ses nuits étaient bien souvent courtes et ponctuées de cauchemars ou de rêves perturbant. Evidemment, il mettait la faute sur les problèmes qu’il rencontrait avec sa fiancée, sur leur mariage, sur le fait qu’elle n’avait plus l’air aussi enthousiaste qu’avant, sur le fait qu’elle semblait s’éloigner sur… Un profond soupir lui échappa, interrompant ses pensées tout sauf sincères. Ses yeux se rouvrirent et il tourna sur le dos, à nouveau, son regard se fixant sur un plafond qu’il commençait à connaître par cœur. A qui essayait-il de mentir, exactement ? Bien sûr, ses problèmes avec Blake ne l’aidaient pas, mais à cet instant précis, ça n’était certainement pas ça qui l’empêchait d’enfin dormir. Ho que non. La raison des troubles qui l’agitaient depuis très peu de temps – qui l’agitaient plus violemment qu’avant, en tout cas – se trouvait à quelques portes de là et devait sans doutes dormir du sommeil du juste… Ou peut-être pas. Il s’empêcha de refermer les yeux, sachant parfaitement qu’il se dessinerait immédiatement sous ses paupières trop serrées. Clarence. C’était à cause de lui que ses nuits étaient encore moins reposantes qu’avant, à cause de lui et… A cause de cette scène, de… cet échange. De cette nuit il y a quelques nuits de ça. De ce baiser Son ventre se serra douloureusement à l’image de sa gorge, le faisant déglutir avec difficulté. Il n’avait même pas besoin de fermer les yeux, au final, la scène se déroulait dans sa tête comme s’il y était encore. Ce baiser, ses lèvres sur les siennes sans qu’il ne s’y soit attendu, sa réaction. La sienne. A quel point il avait été perturbé, à quel point il y était encore en réalité. Son rejet… Sa fuite. Il leva les mains – et elles tremblaient un peu, si peu, mais elles tremblaient malgré tout – pour en presser la paume sur ses yeux, essayant de se débarrasser de tout ça, d’enfin s’en libérer. Il le fuyait depuis cette nuit-là. Il le fuyait parce qu’il avait peur, parce qu’il ne comprenait pas. Parce qu’il n’arrivait pas à comprendre, à accepter la raison pourtant si clair qui faisait qu’il avait été retourné à ce point par un geste innocent. Il le fuyait parce qu’il avait peur, peur de Clarence, peur de lui-même, peur de ce qu’il se passait entre eux et qui n’était peut-être pas qu’une amitié pourtant déjà forte entre deux beaux-frères.
Et pourtant, dieu seul savait à quel point il y avait tenu, à cette amitié, à ces soirées où ils se retrouvaient tous les deux, pour parler, rire. Se taquiner. Simplement regarder la télé… Dieu seul savait à quel point ça lui manquait de ne plus le retrouver dans ces moments où ils étaient les seuls a être encore debout. Même les messages qu’ils échangeaient, les snap et autre, lui manquaient affreusement. Il inspira profondément et laissa enfin retomber ses mains, libérant ses yeux douloureux et pourtant toujours trop vifs pour espérer dormir. Dans un souffle douloureux, il se redressa lentement sur le lit, ses doigts frottant distraitement l’emplacement de son cœur dans l’espoir que cela apaise la douleur sourde qui y régnait désormais. Son regard n’effleura pas le corps de sa fiancée et il se leva, toujours aussi lentement, toujours aussi hésitant. Ses pas le menèrent à la porte de la chambre et, la main posée sur la poignée, il hésita. Il voulait simplement aller boire un verre, peut-être grignoter un peu, et retourner se coucher en espérant que ça suffise pour qu’il puisse enfin s’endormir mais… Mais il avait peur de le croiser. Peur qu’il ait eu la même idée que lui, peur de ne pas savoir comment réagir dans ce cas-là.  Il serra finalement les dents et raffermit sa prise sur la clenche, ouvrant enfin la porte et s’engageant en silence dans le couloir. Il s’obligea – et dieu il n’avait pas idée d’à quel point il était dur de s’obliger à quelque chose jusqu’à cet instant – à ne pas jeter un seul coup d’œil vers sa porte, se dirigeant d’un pas automatique et discret vers les pièces à vivre. Epuisé, il ne se rendit tout d’abord pas compte du fait qu’il n’était pas tout seul – comme il le craignait – et fit quelques pas dans le salon. Il lui fallut quelques secondes avant que l’autre présence ne se fasse sentir et il se raidit, son cœur ratant un douloureux battement. Non, non, non… Pitié pas ça. Pas lui. Ce murmure intérieur tourna dans sa tête alors qu’il se retournait vers le canapé, revoyant dans un flash la scène qui s’y était déroulée peu de temps auparavant, avant de finalement apercevoir un visage qui n’était pas du tout celui qu’il craignait – attendait ? – de voir. Certes, c’était bien un Marshall, mais pas celui qu’il fuyait. « Bleizian… » Souffla-t-il, douloureusement conscient du soulagement perceptible dans sa voix, soulagement mêlé d’une pointe de déception qu’il refusait de prendre en compte. « Qu’est-ce que tu fais là, à cette heure-ci ? » Lâcha-t-il nerveusement, ses yeux se posant brièvement sur la télé avant de s’en détourner rapidement, l’ironie du sort le punissant en affichant la même émission que celle qui passait cette nuit-là. A croire que tout était contre lui. Il fronça les sourcils en apercevant quelques objets qui trainaient, de ci, de la, des gâteaux sur la table également, et sans même prendre en compte le fait qu’il y en avait moins qu’avant, la fatigue, le stress et la douleur d’un manque dont il ne découvrait qu’à peine la profondeur, aidant, il siffla d’un ton agacé. « Et sérieusement, tu ne peux pas essayer de respecter un minimum les personnes qui vivent ici ? En arrêtant de laisser trainer tes affaires partout, par exemple ? » Et a cet instant, il se fichait bien d’être injuste. Il était juste terriblement fatigué, et quelque part, affreusement déçu que ce fusse lui qui se trouvait sur ce canapé, à cet instant. Même s’il ne l’avouerait jamais à voix haute.