a boyfriend, a couch, a warm blanket, a hot cup of tea... and a textbook | ash&theo

Le temps est un peu meilleur depuis quelques jours, et Ash a la chance de passer entre les gouttes entre le moment où il descend dans la bouche de métro de New Cross, à côté de l’université, et celui où il émerge dans le quartier de Notting Hill, où habite Theo. Les trottoirs sont encore mouillés, cependant, témoins d’une bruine qui s’est sans aucun doute abattue sur la ville pendant les trois quarts d’heure de métro que nécessite le voyage à l’heure de pointe, quand les métros sont tous tellement pleins qu’Ash ne peut se résoudre à entrer sous peine d’être écrasé, et il presse le pas pour être sûr de ne pas se prendre une averse sur la tête avant d’être arrivé à l’abri.
Il a dû laisser passer plusieurs rames bondées ce jour-là, a dû attendre son changement au milieu d’une foule qui s’est précipitée comme une marée humaine à l’arrivée d’un wagon, et il est d’une humeur générale assez mauvaise – comme toujours lorsqu’il prend les transports en commun. Il aimerait pouvoir faire le voyage entre l’université et Notting Hill en vélo, comme il a l’habitude de se déplacer au quotidien, mais les quinze kilomètres sont décidément trop longs, et il se résigne à faire les trois changements nécessaires entre Goldsmiths et la maison de Theo.

Respirer l’air frais et humide lui fait du bien – le métro de Londres n’est pas particulièrement insupportable comparé aux transports de commun d’autres métropoles d’Europe, mais mine de rien, Ash préfère la ville, l’odeur particulière de la pluie, le fait de ne pas être pressé de toutes parts quand il a la mauvaise idée de mettre les pieds dans le métro à l’heure de pointe.
Doucement, cependant, il s’habitue à ce mode de transport ; Londonien, il lui arrive de l’utiliser de temps à autre, mais ces dernières semaines, passer par chez Theo après ses cours au lieu de rentrer directement chez est devenu presque naturel. Il ne le fait pas tous les jours – deux fois par semaine, tout au plus, car il tient à être disponible pour l’agence de téléphone rose au moins cinq soirs par semaine – mais cette routine est si confortable qu’il s’y est déjà glissé comme sous des draps propres.

Ash se sent toujours un peu déplacé dans le décor du quartier de Notting Hill, avec ses imposantes demeures serrées les unes à côté des autres. La première fois, il a bien cru qu’il allait se planter de sonnette et toquer à la mauvaise porte. Depuis, cependant, il est plus à l’aise, sait qu’il pourrait retrouver la maison les yeux fermés.
La maison de Theo est luxueuse, une haute façade avec une étroite courette pavée à l’avant, séparée de la rue par une grille en fer forgée. Avec son élégante porte en style géorgien, elle n’est pas sans rappeler le 10, Downing Street, et de l’intérieur, Ash sait pour l’avoir vu de ses propres yeux qu’elle n’a rien à envier aux quartiers du premier ministre britannique.

Il est un peu en retard sur l’horaire prévu, remarque-t-il en sortant de sa poche son téléphone portable ; le SMS qu’il a envoyé à Theo tout à l’heure se trouve tout en bas d’un long fil de conversation.

Métro bondé, sans doute 10 minutes de retard. x

Au moins, Theo doit s’attendre à son retard. Il passe le portillon en fer forgée et presse la sonnette, espérant que c’est Theo qui viendra lui ouvrir et non Astrid – pour une raison mystérieuse, il se sent toujours embarrassé devant la gouvernante, et ce depuis le premier jour, quand il a sonné, incertain d’être à la bonne adresse, et a mis des empreintes de pied partout sur le sol qu’Astrid venait juste de nettoyer ; la fois suivante, toujours mortifié, il s’est contenté d’envoyer un SMS à Theo sans sonner et a attendu que celui-ci descende lui ouvrir.

S’essuyant déjà les pieds sur le paillasson extérieur, il attend patiemment qu’on lui ouvre.

Theo était de bonne humeur. Et pour cause : aujourd'hui, c'était vendredi. Jour béni de la fin de semaine, début du week-end, et puis surtout, non seulement il ne travaillait pas aujourd'hui mais en plus, Ashford venait chez luit vu comme c'était parti, il allait probablement crécher chez lui pour la nuit. Ce qui faisait drôlement plaisir à notre Theo, qui était actuellement en train de filer un coup de main à Astrid. La fée des fourneaux, comme il l'aimait l'appeler, s'apprêtait en effet à partir pour rentrer chez elle, mais le bouclé supposait qu'elle avait trop peur de le laisser se préparer à manger lui-même (et pour être honnête, elle avait toutes les raisons du monde d'avoir peur, quoique, avec Ash dans les parages, peut-être que celui-ci arriverait à limiter la casse).

Theo était content de passer un peu de temps avec sa nanny, sa gouvernante de toujours. Ces dernières semaines avaient été un fouillis total. Entre les cours qui touchaient à leur fin, annonçant donc derniers projets à rendre, stress et examens ; et puis avec son anniversaire il y a quelques jours (ses amis lui avaient organisés une surprise et il était encore fasciné par la naïveté dont il pouvait parfois faire preuve, malgré ses 22 ans), autant vous dire qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion de parler avec la vieille femme comme il en avait habituellement l'habitude. Sans compter que Ash l'avait prévenu qu'il serait un peu en retard, vu le monde qu'il y avait dans le métro à cette heure-ci. Ce n'était franchement pas étonnant, s'il empruntait la Central Line ; à cette heure-là encore plus. Il en profita donc pour discuter un peu avec Astrid tout en l'aidant à cuisiner (oui, bon, aider... le mot était un peu fort mais l'envie était bien là, en tout cas).

Lorsque la sonnette de la porte retentit, Theo était à l'étage, où il était entre-temps remonté afin de se changer rapidement. Si il avait fait plutôt beau pendant la journée, et suffisamment chaud pour se permettre de porter un simple t-shirt, il ne faut pas oublier qu'ils habitaient à Londres, ville où la météo était foutrement bipolaire. Malgré l'heure, le pull un peu ample était de rigueur. Il se contenta de retrousser ses manches afin de ne pas avoir trop chaud, non plus, puis dévala l'escalier en un temps record. Il allait forcément se casser la figure, un jour, comme ça lui était déjà arrivé environ un million de fois depuis qu'il était arrivé dans cette maison ; mais pas aujourd'hui !

Il n'avait même pas cherché à essayer de devancer Astrid ; elle ne cherchait même plus à ouvrir la porte, maintenant. Sauf quand vraiment, elle jugeait que Theo prenait trop de temps à venir ouvrir à son invité (mais ça restait franchement très rare). Elle préféra se retourner malgré tout, vu tout le raffut que faisait Theo ; bon sang qu'il n'était pas discret.

En vérité, elle était enchantée pour le jeune homme. Cela faisait plus ou moins six mois qu'il fréquentait Ashford, de ce qu'il lui avait raconté ; et quelques temps que ce dernier venait régulièrement chez les Adamson, en fin de journée. Leur première rencontre s'était un peu faite par hasard, le blond n'avait pas l'air d'être au courant de sa présence dans la maison et avait légèrement massacré son heure de ménage passée à nettoyer les sols, ce qui expliquait probablement pourquoi il semblait toujours un peu mal à l'aise, lorsqu'elle était dans les parages. Ceci dit, elle ne lui en tirait pas rigueur - et même si elle l'aurait voulu, elle n'aurait sans doute pas pu, ou très difficilement : la tolérance de Astrid montrait d'un cran, lorsqu'une personne réussissait à tant faire ressortir les fossettes de son bouclé préféré.

La porte s'ouvrit sur Ashford, tout beau tout grand, avec son sac de cours. Theo lui lança un énorme sourire et ouvrit la porte plus grand encore afin de le laisser rentrer tranquillement. « Hey, » lança-t-il avec un sourire. Il laissa juste le temps à Ashford de mettre les pieds à l'intérieur de la maison, avant de fermer la porte derrière lui et de se rapprocher afin de l'embrasser. Lorsqu'ils se séparèrent, son sourire redoubla d'intensité. « C'est le week-end ! » s'exclama Theo, comme si il s'agissait là de l'information capitale de la semaine - mais ça l'était, d'un côté. « Tu vas bien ? » C'est là que Astrid sortit la tête de la cuisine, afin de lui dire bonjour de loin. Elle souriait, elle aussi.

Il encouragea Ash à poser ses affaires dans l'entrée, puis à le suivre jusqu'au salon. Il devait commencer à bien connaître les lieux, maintenant - ou tout du moins ce qui importait le plus, dans la tête de Theo, c'est-à-dire le salon, la cuisine, les toilettes (très important, les toilettes), salle de bain, salle de projection, et bien sûr... sa chambre. Le reste n'avait pas beaucoup d'importance selon lui, qui considérait de toute manière la maison bien trop grande pour n'y abriter que lui et son père. Même si avec le temps, il s'y était habitué - et il fallait l'avouer, tout cet espace avait ses avantages.

Il s'assit sur le canapé, bougeant un peu afin de se mettre contre Ashford lorsque celui-ci vint le rejoindre. « Donc, le plan. Non pas que j'ai de plan particulier autre que de te servir de couverture et toi d'oreiller, mais, Astrid part dans cinq, dix minutes maximum. Ça te dit qu'on se monte un plateau-repas et qu'on se mette direct dans mon lit ? Ou devant la grande télé, » dit-il en faisant un grand geste de la main en direction d'une porte, fermée, dans le salon. Il s'agissait d'une espèce de salle de projection avec un écran tellement grand que Theo l'a préférait de loin à une salle de cinéma normale (attendez, comment résister à l'équivalent d'une salle de cinéma, mais avec le lit dépliable et les coussins en plus ?) Dans tous les cas, il avait passé toute son après-midi enfermé dans une bibliothèque avec d'autres camarades de classe afin de terminer un projet sur lequel ils avaient bien trop traînés et pour être honnête, depuis ce moment-là, il ne vivait que pour la minute où il s'écroulerait sur une surface molle et confortable, avec si possible Ashford dans le scénario. « Comme tu veux, » rajouta-t-il en blottissant sa tête contre son épaule.

Ash ne s’attend pas à ce que la porte s’ouvre immédiatement ; il connait suffisamment Theo, à présent, pour savoir que celui-ci est probablement à l’étage, dans sa chambre, et qu’il s’est levé comme un diable sort de sa boîte à l’instant où la sonnette a retenti. Il est également persuadé que Theo a failli déraper sur le sol dans sa hâte de venir lui ouvrir, et honnêtement, il n’est pas pressé. Le temps est un peu orageux, mais il est au sec, du moins pour l’instant, et il ne fait pas froid.

Il ne peut s’empêcher de sourire quand Theo lui ouvre la porte et s’écarte pour le laisser entrer ; le jeune homme est en pull. Le haut est ample, semble doux au toucher, comme s’il était élimé, usé jusqu’à la corde, mais la douceur est sans doute due au fait que le pull est en cachemire ou quelque chose du même acabit. Mais le bleu marine est une couleur qui lui va bien, qui fait ressortir le marron de ses yeux.

- Hey, répond Ash d’un ton enjoué, et il tend une main pour la passer autour de la taille de Theo et l’approcher de lui.

Une part de lui adore l’idée qu’il surplombe Theo de quelques centimètres, juste assez pour se donner l’impression que Theo est fragile, pressé contre son torse, et il penche la tête pour l’embrasser. Il vient depuis suffisamment longtemps pour savoir que Mr Adamson n’est que rarement à la maison, sans quoi il ne s’autoriserait pas ces familiarités.

- Je suis en retard, s’excuse-t-il à voix basse, relâchant sa prise sur la taille de Theo et se reculant un peu – bien qu’il se laisse aller aux démonstrations d’affection en l’absence de Mr Adamson, Ash n’oublie pas qu’Astrid n’est qu’à quelques pas.

La demeure des Adamson est immense et c’en est presque un labyrinthe. Ashford, heureusement, a le sens de l’orientation, et il suit Theo sans hésiter jusqu’au salon et s’assoie dans le canapé où son petit ami (le concept est encore un peu étranger à Ashford, mais il aime l’expression et ce qu’elle sous-entend) vient de se laisser tomber. Tout le flanc de Theo se presse contre lui, et Ash bouge un peu sa cuisse pour qu’elle effleure la sienne, s’accorde une minute pour l’embrasser à nouveau, une main posée sur son bras. Theo a retroussé les manches de son pull, et s’il y a bien une situation dans laquelle Ash ne peut pas prétendre être le plus développé des deux, en dépit de sa haute taille, c’est quand Theo révèle les veines puissantes de ses avant-bras – ou n’importe quelle caractéristique de son torse, vraiment.
Ce que propose Theo est séduisant – la perspective de se mettre au lit, que ce soit dans la chambre de Theo ou en s’allongeant sur le canapé-lit de la salle de projection, avec un plateau-repas et un bon film est presque irrésistible, surtout quand il sait qu’il se retrouvera probablement à califourchon sur les genoux de Theo, les mains de son petit ami sur ses hanches dans les trois quarts d’heure qui suivent pendant qu’ils s’embrassent. Ash connait la chanson, et il ne peut pas dire qu’il s’en lasse.

- L’offre est tentante, marmonne-t-il, son nez effleurant la joue de Theo. Mais il faut que je lise un chapitre de mon bouquin pour mon cours d’Histoire des Médias d’abord, plaide-t-il. J’ai déjà commencé, quand j’étais dans le métro, mais… il me reste quelques pages.

Theo fit une petite moue lorsque Ashford lui expliqua avoir quelques devoirs à terminer avant qu'ils ne passent à quoique ce soit. Ceci dit il comprenait et évidemment, il n'allait pas l'empêcher de se mettre au travail (ou du moins, pas trop. Bon, d'accord, il allait le laisser tranquille, c'était promis). Lui était plutôt satisfait, car il avait terminé l'un de ses derniers projets de l'année cet après-midi, avec le reste de son groupe de travail. Si il lui restait encore un peu de travail pour les semaines à venir, il se permettait de finaliser tout cela dans quelques jours, le dimanche. Theo avait remarqué que si il avait du mal à se concentrer sur une seule tâche de manière régulière, tous les soirs après les cours par exemple, il était en revanche beaucoup plus efficace lorsqu'il prenait le temps de travailler une journée entière. C'était souvent fatiguant, et un peu chiant, pour tout dire, mais ça marchait.

En tout cas, ce n'était certainement pas lui qui essayerait de travailler en la présence de Ashford. Comprenez par là que si habituellement, il avait déjà du mal à se concentrer, autant cela devenait encore plus difficile avec Ash dans les parages. Ses cours de management étaient intéressants, c'était une certitude, mais la manière que Ash avait de le presser étroitement contre son torse lorsqu'ils s'embrassaient l'était encore plus. Pas qu'ils ne faisaient que de s'embrasser, lorsqu'ils étaient seuls. Theo avait déjà embarqué son petit-ami avec lui dans de nombreuses expéditions dans Londres, mais vous voyez le tableau.

Bref, Theo fit mine de soupirer mais hocha malgré tout la tête afin de signaler à Ash qu'il avait bien enregistré sa demande et que, oui, il allait le laisser travailler puisqu'il en avait besoin. Il se redressa légèrement sur le canapé et se tourna afin de faire face à Ashford et ne pas trop s'éloigner. « D'accord, je vais regarder les nouveautés Netflix, pendant ce temps. Pas de bêtises, » lança-t-il en souriant. Il passa une main joueuse dans les cheveux parfaitement coiffés de Ashford, puis se releva du canapé en riant. Il gambadait presque dans l'escalier, comme à son habitude, en chemin jusqu'à sa chambre où se trouvait son ordinateur portable. Theo avait visionné une bonne partie du catalogue de films et séries télévisé proposé par le site, mais il y avait toujours quelques nouveautés qui lui donnaient envie de s'attarder dessus. Mais au final, lui et Ash finissaient toujours, comment dire... légèrement distraits, et ça n'avait pas souvent grand-chose à voir avec ce qu'ils étaient en train de regarder.

Cela faisait pratiquement six mois qu'ils étaient ensemble, à présent, et tout semblait fonctionner à merveille entre eux. Ils s'entendaient bien, semblaient être sur la même longueur d'onde et Theo ne demandait rien de plus. Rien, même pas du sexe.
... bon, d'accord. C'était un peu frustrant pour le bouclé, il fallait bien l'avouer, de ne pas être passé à la vitesse supérieure avec Ashford. Ils en avaient discutés, rapidement, car Theo avait sentit la gêne de Ash lorsqu'ils se permettaient d'être un peu plus intimes. Il ne lui en tenait par rigueur, bien entendu. Ils avaient mis les choses à plat assez vite, d'ailleurs, et Theo avait expliqué au blondinet qu'ils prendraient leur temps, notamment le temps qu'il lui faudrait, à lui, avant de sauter le pas vers quelque chose de plus... sexuel, quoi. Le bouclé n'était pas pressant, il y avait même des moments où c'est lui qui arrivait à repousser Ash (avec douceur, bien entendu) car il sentait la tension (sexuelle) monter entre eux, et c'était un homme de parole. Même si c'était parfois extrêmement frustrant, et qu'il n'avait jamais attendu si longtemps dans une relation avec de coucher avec quelqu'un.

Il essayait de se convaincre que ce n'était pas plus mal, après tout, mais rien que de penser à Ashford sur ses genoux, à l'embrasser un peu partout, arrivait à le déstabiliser - les skinny jeans n'étaient peut-être pas une si bonne idée que ça, aujourd'hui encore. Il soupira, secoua la tête afin de se changer les idées. Il songea au jeune homme, probablement occupé à lire son bouquin, confortablement installé sur le canapé, et combien de temps il allait réussir à tenir sans plus de contact physique, ou tout du moins, intime entre eux. Il s'en voulait un peu, de penser à ce genre de chose alors que c'est lui-même qui refusait de mettre la pression à Ashford vis-à-vis de quoique ce soit les concernant, alors que son petit-ami était adorable et qu'il l'adorait sincèrement. Petit-ami... Theo était habitué à l’appellation, mais ça lui faisait toujours quelque chose lorsqu'il y pensait. Surtout lorsque le terme l'englobait lui et Ash. Il prit ses affaires et redescendit dans le salon, croisant au passage Astrid qui s'apprêtait à partir. Il lui sourit, elle leurs avait préparé à manger - ce soir, ce serait spaghetti bolognaise. Youhou, pensa Theo, qui prit la femme dans ses bras au moment de lui dire au revoir.

Après avoir refermé la porte derrière elle, le bouclé se dirigea vers le canapé, d'où il pouvait apercevoir Ash en train de travailler, bouquin à la main. Ces mains auraient pu lui faire tellement de choses.... Focus, Theo, focus. « Astrid vient de partir, » déclara-t-il doucement. Il se réinstalla à côté de lui, souriant, pc à proximité afin de checker le nouveau catalogue. Ashford semblait toujours plus enclin à lui témoigner son affection lorsqu'ils étaient réellement seuls.

Ash se sent un peu coupable de travailler alors qu’il vient juste d’arriver chez Theo – c’est terriblement impoli, d’autant qu’on est vendredi et qu’il pourrait faire cette lecture ce week-end au lieu d’ignorer son petit ami. Mais ce week-end est déjà chargé et il n’est pas sûr d’avoir la motivation de finir cette lecture obligatoire s’il ne s’y astreint pas maintenant ; la présence de Theo a cet avantage de le motiver à finir au plus vite, plutôt que de traîner demain dans l’appartement à glander et à trouver toutes les excuses du monde pour ne pas s’y remettre.
Le métro est un endroit idéal pour faire ses lectures, en fait, s’aperçoit-il au fur et à mesure que les semaines passent. D’habitude, à vélo, il n’est pas recommandé de lire en même temps qu’on roule – à moins de vouloir mourir dans d’atroces souffrances après une chute par-dessus le guidon ou pour s’être fait écrabouiller par un bus à impériale. Or, dans le métro, il n’a rien d’autre à faire, vraiment, que d’attendre patiemment l’arrivée à la prochaine station. Il a même pris l’habitude de prendre avec lui une paire de bouchons d’oreille qui filtrent le brouhaha ambiant des conversations de ses voisins de wagon, des crissements sur les rails – un peu imprudent, il se l’accorde, parce qu’il n’entend pas non plus l’annonce des stations et qu’il s’est souvent fallu de peu qu’il ne loupe son arrêt. Mais vraiment, principalement, l’expérience est positive. C’est la première fois depuis un certain temps qu’il n’est pas en retard sur les lectures qu’il a à faire.

Pendant que Theo remonte chercher son ordinateur, Ash se rend dans l’entrée pour reprendre son sac de cours. Il passe devant la cuisine, salue poliment Astrid et retourne dans le salon. Le livre est épais, avec une couverture bleue et brillante – ce fichu bouquin lui a coûté les yeux de la tête, d’ailleurs, il a été révolté par le prix annoncé par la libraire quand il l’a acheté – mais il se tient facilement ouvert, et Ash n’a besoin que de le poser sur l’accoudoir à la page qu’il a marquée d’un post-it en sortant du métro pour qu’il ne bouge plus et qu’il puisse feuilleter sans avoir à lutter. Les pages sont glacées, elles aussi, et elles ne collent pas les unes aux autres.
Il entend des voies dans le couloir principal, puis le son d’une lourde porte qui se referme, et fronce le nez en se rendant compte qu’il n’a pas dit au revoir à la gouvernante de Theo avant que celle-ci ne prenne congé pour la nuit. Ashford et Astrid ont rarement de longues conversations, leurs interactions se limitant généralement aux standards de la politesse et aux discussions passe-partout, mais Ash met toujours un point d’honneur à ne pas la négliger, d’une part, parce qu’il est bien élevé, et d’autre part, parce qu’il ne veut pas que la femme qui a presque élevé Theo, d’après ce qu’il peut déduire des petites phrases qui échappent de temps au jeune homme, ait une mauvaise opinion de lui.

- Tu aurais dû me dire, marmonne-t-il en se frottant l’arrière de la tête, embarrassé. Je serais venu dire au revoir.

Il se cale plus confortablement dans le canapé, attrape Theo par l’épaule pour lui faire signe de s’allonger et de se servir de ses cuisses comme d’un oreiller. Personnellement, Ash a toujours aimé être allongé sur un canapé avec le poids de son ordinateur sur son estomac – surtout quand l’ordinateur chauffe un peu (ce qui est très mauvais, il sait, mais la sensation d’avoir une bouillotte électronique n’est pas désagréable.) Sinon, il n’est pas non plus contre l’idée d’avoir la tête de Theo sur ses genoux. C’est relaxant de pouvoir passer ses doigts dans ses boucles encore et encore, et Theo n’y est pas tout à fait opposé.
Parfois, il s’interroge sur cette proximité physique, se demande s’il est cruel de l’initier. La première fois que Theo et lui se sont retrouvés tout seuls sur ce même canapé, Ashford a failli faire une crise de panique alors que Theo n’avait rien fait de plus que de passer sa main sur la ceinture qui retenait son jean. La conversation qui a suivi est un flou dans la mémoire d’Ash, notamment parce qu’il tente de toutes ses forces de bloquer ce souvenir qui lui donne toujours envie de se cacher la tête sous un coussin quand il y repense ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Mortifiant, vraiment.

Ce n’est pas qu’Ash ne veut pas coucher avec Theo. La pensée occupe 92% de son esprit en permanence, même en simple bruit de fond, et l’image de Theo torse nu – un épisode que Theo s’est bien gardé de répéter depuis – occupe une place de choix dans les scénarios dans lesquels il s’égare dans son propre lit ou dans sa douche. Ce n’est même pas parce qu’il n’a jamais été intime de quelque façon que ce soit avec quiconque et qu’il ne veut pas précipiter les choses, attendre d’être certain. D’accord, c’est l’une des raisons, mais ce n’est pas la raison principale, parce qu’au bout de six mois qu’ils se fréquentent et que Theo ne se montre pas insistant, Ash est certain. Il est prêt, il a envie, putain.
Il faut juste qu’il trouve le moyen de se confesser avant ; Ashford est persuadé que les relations sont fondées sur la confiance et l’honnêteté, et il n’est pas honnête. Theo n’a aucune idée qu’il fait du téléphone rose et passer au stade supérieur de leur relation sans que Theo ait en sa possession tous les éléments pour lui permettre de prendre une décision informée ne lui paraît pas raisonnable. Seulement, trouver l’occasion idéale n’est pas facile – cela complique encore les choses que Theo ait été un client d’Edward.
Certes, il appelle très peu depuis quelques semaines, et quand il le fait, ils ne partagent plus qu’une conversation exempte de flirt, quoique toujours pleine d’humour. Ashford est surpris, pour être honnête – après des mois de frustration, il aurait cru que Theo sauterait sur l’occasion de relâcher un peu de pression, en se réfugiant derrière la pensée rassurante que téléphoner n’est pas tromper. Mais non, rien. Theo est si patient et loyal qu’Ashford se dégoûte.
Bientôt, se promet-il. Très bientôt. Quand il aura encore un peu profité de la petite bulle d’aise dans sa poitrine quand Theo est à proximité, avant de risquer de tout foutre en l’air.

- Je lis vite, promet-t-il, passant ses doigts dans les cheveux doux, étalés comme une auréole sur son jean. Quinze minutes, maximum.

Theo secoua gentiment de la tête. « T'inquiète. Elle était un peu pressée, je crois qu'elle doit aller récupérer son fils quelque part. Elle nous souhaite une bonne soirée, » expliqua-t-il en posant confortablement sa tête contre les cuisses de Ash. Puisque c'était si gentiment proposé ! Il replia ses propres jambes afin de poser son ordinateur sur son ventre et partir à la recherche d'un film ou d'une série qui ferait l'affaire pour ce soir. Il aimait bien la position, il trouvait ça confortable, et avoir les cuisses de Ashford comme oreiller était un vrai plus qu'il ne refusait jamais. Il laissa Ashford à sa lecture, s'installant bien confortablement contre lui. De toute manière, il sentait bien qu'il finirait par le laisser choisir, ou qu'ils choisiraient le premier truc venu, puisque le film deviendrait bien vite seulement un bruit de fond.

Au bout de quelques minutes cependant, son choix s'était arrêté sur une espèce de comédie romantique, ou en tout cas, ça y ressemblait fortement. Il tapa le nom sur google afin de voir les critiques du dit film, mais ses neurones ne suivaient pas. Il était KO, le Theo, et la fatigue qu'il avait accumulé cet après-midi, en restant des heures enfermé dans cette fichue bibliothèque à travailler sans relâche l'avait complètement épuisé. Il poussa son ordinateur vers ses pieds et bascula sur son flanc, le visage à moitié enfouie contre le pull de Ash. Voilà. Ce dernier pouvait maintenant prendre tout son temps pour lire, Theo était parfaitement bien installé.

Avoir les yeux rivés sur le dossier du canapé tout en sentant les doigts de Ash passer dans ses cheveux était suffisant pour le reposer et pour tout vous dire, Theo se sentait carrément plonger dans un état de demi-sommeil. Pas que ça l'ennuyait, d'attendre que Ash en finisse avec son cours, mais dès le moment où il s'était allongé, Theo s'était sentit un peu partir dans un état second, vous savez, la somnolence. Lorsque vous êtes à moitié endormi, mais à demi réveillé quand même.Tout ce qu'il entendait se résumait au léger mouvement des pages du livre lorsque Ash les tournait, ainsi que leurs propres respiration à tous les deux. Theo aimait ce genre de moment où rien de spécial ne se passait et où ni l'un ni l'autre ne se sentait obligés de remplir les blancs. Ils ne se disaient rien mais le silence était confortable, pas gênant pour un sou. Et les caresses dans ses cheveux continuaient, incessantes. L'odeur corporelle de Ashford l'enivrait, et il se fit la réflexion, entre deux clignements des paupières, qu'il se trouvait chanceux d'avoir le jeune homme dans sa vie. Il pressa le bout de son nez contre lui et s'assoupit un court instant.

Il rouvrit les yeux quelques instants plus tard. Il ne savait pas combien de temps était passé - probablement dix minutes, quinze tout au plus, mais il se sentait un peu mollasson. Littéralement, tout mou. Comme lorsque l'on se réveille d'une sieste originalement prévue vingt minutes, mais qui avait à la place duré deux heures et demi. Il bougea légèrement, son visage quittant à regret le corps de Ash contre lequel il était confortablement blottit, effectuant une légère pression sur les cuisses du jeune homme, contre lesquelles il se trouvait toujours. Il tourna légèrement la tête afin de regarder Ash. « hm. T'as finis de lire ? » Sa voix était traînante, fatiguée. C'est qu'il était un peu ronchon le Theo au réveil, tiens. Ses paupières étaient encore lourdes de fatigue, mais il se sentait déjà plus en forme. Il sourit à Ash, s'amusant à lever son bras dans les airs afin de toucher son visage du bout des doigts. « Désolé, j'étais à la bibliothèque toute l'après-midi avec Noah et des gens de ma promo pour finaliser un projet. Du coup j'étais un peu fatigué, » expliqua-t-il avec lenteur.

Ses doigts s'arrêtèrent un instant sur les jolies lèvres pleines de son amoureux. Ce qui était bien avec Theo, c'est qu'il y avait certains moments où vous pouviez être sûr que ce qu'il vous disait était la vérité - lorsqu'il avait trop bu, et au réveil (ou lorsqu'il somnolait, d'ailleurs, ça marchait aussi) : « T'es tout beau aujourd'hui, » déclara-t-il avec lenteur. Ses doigts caressaient son visage avec douceur, du moins les parties qu'il réussissait à atteindre depuis sa place. Ash était rasé aujourd'hui, alors Theo en profitait pour s'attarder là où habituellement, se glissait une barbe naissante. Pas qu'il ne l'aimait pas avec des poils au menton, hein, mais il s'était fait la réflexion et s'était sentit de la partager avec le principal intéressée. Il se redressa légèrement sur ses coudes, et dans un mouvement abracadabrantesque, passa l'une de ses mains autour de la nuque de Ashford afin de l'embrasser avec douceur.

Au début de leur relation, Theo était tenté d'embrasser son compagnon environ toutes les trois minutes, et il ne s'en privait pas pour le faire. Avec le temps, ceci dit, et comme dans toute relation, il s'était un peu calmé et n'assaillait désormais plus les lèvres de Ash au moindre moment. Pas qu'il n'en n'avait plus envie, mais son blondinet n'allait pas s'en aller comme ça, alors il pouvait bien prendre le temps et ne pas monopoliser ses lèvres en permanence. Ça ne rendait pas leurs baisers moins attractifs ou passionnés pour autant, loin de là. Leurs visages se séparèrent avec douceur, alors que sa langue venait s'attaquer une dernière fois au fameux piercing qu'il aimait tant. Et de sourire de l'air taquin que son partenaire lui connaissait bien, désormais. « Tu veux un thé, ou quelque chose ? » soupira-t-il contre ses lèvres.

Que Theo s’endorme n’est pas vraiment une surprise ; Ash sait que les derniers jours ont été éprouvants pour les étudiants de sa promotion, entre les examens et les dates-butoirs qui commencent à tomber. Lui-même doit faire face aux mêmes démons au cours des semaines à venir, et il concentre son attention sur le chapitre qu’il lit, essayant d’en retenir quelque chose. Combien de fois a-t-il refermé une lecture obligatoire et été incapable, en repensant à ce qu’il avait lu, de se souvenir de quoi le bouquin traitait et quelles étaient les idées exposées ? Trop de fois, et il ne veut pas que la même chose lui arrive quand il se retrouvera face à sa copie d’examen. Difficile de faire abstraction, cependant, du poids plaisant de la tête de Theo sur ses genoux, de sa respiration paisible qui le berce. Il n’est peut-être pas totalement endormi, dérive lentement entre le royaume des rêves et l’état d’éveil, mais Ash se sent saisi de la même torpeur, de la même somnolence, quand son regard s’égare sur son visage détendu.

Il doit se contorsionner pour mettre la main sur un surligneur – il en garde toujours plusieurs dans la poche avant de son sac, à portée de main, mais s’en saisir sans trop bouger et déranger Theo dans sa sieste lui demande un certain effort. La lecture est plus facile quand il a un stylo à la main, pour mettre en valeur les éléments importants. C’est comme un jeu de piste entre les petites taches de couleur ; un simple coup d’œil lui permet de distinguer l’enchaînement logique des arguments qui se détache des paragraphes trop long. Beaucoup plus facile à retenir, et s’il lui manque un élément, avoir compris leur structure lui permet de retrouver l’élément manquant, comme quand on cherche une pièce de puzzle pour compléter une image.
Il a fini plus rapidement que prévu, et le geste qu’il fait en refermant son livre et en posant le surligneur en équilibre sur la couverture glacée doit déloger Theo de sa position confortable, une joue sur sa cuisse et son visage pressé contre son estomac – Ash est rassuré de le voir bouger, en un sens, parce qu’il n’est pas certain que ce soit une position très pratique pour respirer.

- Hey, appelle-t-il à voix basse, attendri par les yeux un peu bouffis de sommeil de Theo et amusé par son ton grincheux. Bien dormi ?

Sans doute pas. Ash ne fait pas souvent de sieste – il a trop peur d’être dans un pire état en se réveillant que lorsqu’il s’est couché, ou bien de louper son réveil censé le tirer de son sommeil après quarante minutes – mais il sait qu’il n’y a pas pire chose que de se réveiller alors qu’on vient à peine de commencer à piquer du nez, avant que le sommeil ne puisse être considéré comme vraiment réparateur. Il soupçonne Theo d’être encore plus fatigué que tout à l’heure, mais ne commente pas.

- J’ai fini, annonce-t-il avec un sourire, brandissant d’un air triomphant, le livre, qui s’ouvre pour révéler les passages surlignés.

Les doigts de Theo sur sa figure le chatouillent un peu mais la caresse n’en est pas moins agréable et Ashford doit bien admettre qu’il a dû mal à détacher les yeux du torse de Theo quand celui-ci se redresse sur ses coudes pour l’embrasser – la posture est sans doute loin d’être confortable pour lui, en dépit du bras qu’il a passé autour du cou de Ash, mais les muscles du jeune homme sont tendus pour la maintenir et Ash peut définitivement subir cette vision sans trop protester.
C’est dans ses moments-là qu’Ashford déteste ses principes, parce que dans une situation rêvée – si Theo était au courant pour le téléphone rose, par exemple, ou si Ashford ne voyait pas le problème que pose passer au niveau supérieur avec quelqu’un avec qui on n’a pas encore été tout à fait honnête –, il passerait un bras autour de la taille de Theo et les réarrangerait jusqu’à se retrouver allongé au-dessus de son petit ami. A la place, s’il passe bien un bras autour de sa taille – de son torse, plutôt, vu leur position, c’est pour l’aider à se relever (Ash suppose qu’à la place de Theo, il aurait la vitalité d’un marshmallow.)

- Mh, marmonne-t-il, se levant et tirant Theo avec lui avant que celui-ci ne proteste, le gardant pressé contre son flanc. Je pense que je ne serais pas contre un café, si tu as du décaféiné. Tu as envie de quelque chose de particulier ? Je peux aller nous chercher ça pendant que tu prépares le film…

Theo était rarement de mauvaise humeur, du moins lorsque Ashford était dans les parages. Il mettait un point d'honneur à essayer de voir le bon côté des choses, toujours, mais sans jamais se voiler la face. En l’occurrence, il était juste un peu grognon, pas convaincu que cette micro-sieste qu'il s'était octroyé lui avait fait plus de bien que de mal... Ceci dit son ton grincheux le quitta vite et il hocha doucement sa tête, pressée contre Ash qu'il était. Il était toujours un peu plongé dans sa torpeur post-sieste et avait à peine le courage de parler à haute voix. Si ça ne tenait qu'à lui, il ne se serait d'ailleurs même pas levé. Il jeta un coup d’œil au livre abandonné sur le canapé. « Je veux bien un thé, s'il te plait. Lemon curd. C'est dans le placard au-dessus de l'évier, avec le café. Je pense qu'on a ce que tu veux, » Mais il n'en n'était même pas sûr. Theo buvait peu de café, il y en avait toujours en réserve pour lui, lorsqu'il était réellement fatigué et avait besoin d'une boisson qui boosterait son énergie, et pour son père, accro à la caféine qu'il était. Il en adorait l'odeur, cependant. Il se souvenait que lorsqu'il était petit, il aimait coller son nez juste au-dessus de la machine à café (ou d'une tasse fumante) et en sentir l'odeur jusqu'à ce que quelqu'un le déloge de son tabouret.

« Ne mets pas le feu à ma cuisine, » ajouta-t-il rapidement, le ton légèrement moqueur. S'il y en avait bien un qui ne risquait pas de tout faire exploser là-dedans, c'était bien Ash, si vous voulez mon avis. Surtout qu'il ne s'agissait que de thé et café, il y avait peu de risque que la pièce n'explose. Ils s'éloignèrent l'un de l'autre, et Theo se dirigea tout de suite vers la salle de projection (quoiqu'il avait eu un micro moment d'absence en essayant de se souvenir ce à quoi il venait de donner son accord). Il décréta qu'ils resteraient au rez-de-chaussée donc, du moins pour le moment, tout simplement parce qu'il avait une flemme monumentale de monter jusqu'à l'étage. C'était ça, aussi, l'inconvénient d'avoir une maison si immense ; les pièces étaient toutes trop éloignées les unes des autres. De toute manière la salle était très bien, au final, et il n'y avait pas de risque qu'ils soient dérangés pendant la soirée. Theo fila s'asseoir sur le grand pouf blanc qui traînait dans la salle ('se vautrer' serait une expression plus exacte, en fait) afin de faire les réglages nécessaires sur la télévision. Mieux valait ne pas s'installer trop confortablement sur son fauteuil, cependant, puisque Ash ne tarderait pas à le rejoindre dans la pièce.

L'écran affichait toute une sélection de films et séries classés par genre ; action, science-fiction, comédie, romance, le choix était tel que le bouclé avait toujours tendance à s'y perdre rapidement, et finissait en général par passer plus de temps à essayer de trouver un film à son goût plutôt que de réellement le regarder (quand il le trouvait). Il avait un peu cherché dans toutes les catégories, un film pas trop navet que ni l'un ni l'autre n'avait déjà vu. Son regard s'arrêta un instant sur l'affiche du film Mean Girls, ce qui le fit sourire car il connaissait littéralement toutes les répliques de ce film, allant de la plus célèbre à la moins connue. « That's so fetch ! » s’exclama-t-il en gloussant, tout en continuant de chercher parmi la liste de films. Son choix s'arrêta sur un film qui avait fait un carton au cinéma il y a quelques années de cela, un peu fantastique sur les bords mais apparemment pas trop mal. Theo n'en savait trop rien, à vrai dire. Il lança le film puis le mit tout de suite en pause.

Il décida de rejoindre son petit-ami dans la cuisine afin de commencer à préparer un plateau repas, plutôt que d'attendre le dernier moment. Il débarqua dans la pièce telle une tornade, très vite, ayant retrouvé de son énergie. Sa micro-sieste n'avait pas été si inutile que ça, finalement ! « Tu as trouvé ? » Il posait la question à Ash, au cas où. Il passa à côté de lui afin d'ouvrir le four et ainsi, découvrir la plat qu'avait laissé Astrid à l'intérieur. Oh joie ! Elle le connaissait si bien. Il entreprit de sortir le plat du four afin de le poser sur une plaque cuisson et ainsi, pouvoir remplir leurs assiettes afin de ne pas avoir à s'y mettre plus tard. C'était beaucoup plus simple comme ça. « Je suis tellement, tellement content que ce soit enfin le week-end, » confia-t-il à Ash. Certes, il était encore loin d'en avoir terminé avec son boulot pour l'université mais au moins, il s'accordait une petite pause avant sa grande journée de dimanche et ça ne pouvait que lui faire le plus grand bien. « Oh, est-ce que je t'ai montré le cadeau que m'a offert April ? » Il rigola un peu ; Il y a une semaine de cela, Theo fêtait ses 22 ans et pour l'occasion, son amie April lui avait offert quelques cadeaux, et avait surtout marqué le coup en lui offrant une énorme peluche tirée de l'un de ses Disney préférés. Il avait un peu halluciné en la voyant débarquer avec un tel cadeau sous le bras, dans la boutique où il travaillait, en plus, mais il n'empêche qu'il avait été super content. Son (gros) Nemo avait tout de suite trouvé sa place sur son lit !

- Promis, ta cuisine sera toujours en état quand j’en aurai fini avec elle, taquine-t-il en embrassant Theo sur la joue.

Ashford commence à connaître son chemin dans la cuisine de Theo – elle est immense, avec vingt fois plus de placards, de tiroirs et d’étagères que dans sa propre petite kitchenette, mais il sait derrière quelle porte il va trouver les tasses, sur quelle étagère se cachent les filtres à café pour la cafetière. Il sait combien de temps laisser infuser le thé de Theo pour qu’il ne soit ni trop fade, ni trop fort – quoique, c’est plutôt parce qu’il commence à bien connaître Theo, et pas vraiment parce que la cuisine devient lentement familière. Le pot de café décaféiné est à peine entamé – nul doute que ce n’est pas le breuvage le plus plébiscité dans la maison, et que c’est probablement Astrid qui l’a mis ici dans l’espoir que Mr Adamson arrête de boire des litres de caféine, une pratique s’il faut en croire les spécialistes assez mauvaise pour la santé. Il est reconnaissant de l’attention d’Astrid, en tout cas, car il veut être capable de dormir cette nuit. Déjà que dormir aux côtés de Theo est toujours une expérience quelque peu stressante, inutile d’aller se shooter aux excitants par-dessus le marché.

Le ronronnement régulier de la cafetière est interrompu par le bip bruyant de la bouilloire, et il prend une tasse au hasard sur l’étagère pour y préparer le thé de Theo – note pour plus tard : penser à demander à Theo s’il a une tasse assignée, ou son père. Ash ne voudrait pas piquer par mégarde le mug préféré d’Adamson Senior.
Doit-il ajouter des petits biscuits sur un plateau ? L’heure du thé est déjà passée depuis longtemps et il s’interroge. Il sent l’odeur de sauce tomate en provenance du four et songe qu’il n’est peut-être pas très sage de commencer à grignoter à une heure si proche de celle du dîner alors que Theo et Astrid ont passé un certain temps à cuisiner – il entend la voix de sa mère dans sa tête. Ou peut-être qu’il commence à développer des instincts de soccer mom ? Il savait que traîner trop dans le quartier un peu cossu de Notting Hill finirait par déteindre sur lui.

L’arrivée de Theo dans la cuisine l’empêche de s’interroger plus avant et il fait glisser sa tasse vers Theo sur le comptoir en même temps qu’il verse dans la sienne le café tout juste prêt. Il repose la cafetière sur son socle et jette le filtre :

- Je m’en tire comme un chef, comme tu peux le voir, glousse-t-il, et il trempe les lèvres dans son mug en regardant Theo servir deux parts dans des assiettes pour leur plateau-repas. Et toi, tu as trouvé un film ?

La scène est familière, confortable, chaleureuse et Ashford ne peut nier apprécier l’aspect domestique, intime, presque familial de la scène.
Peut-être que ce n’était pas très intelligent de prendre le café maintenant, cependant, songe Ash en finissant en quelques gorgées la petite tasse qu’il vient de se servir – habituellement, il aime mieux prendre son café à la fin, pour faire passer son repas.
Il s’appuie contre le plan de travail, pose sa tasse déjà vide pour la remplir à moitié et l’agrémenter d’un nuage de lait.

- Je suis soulagé aussi, confie Ash. J’ai une présentation la semaine prochaine et il faut que j’apprenne mes notes, mais… la fin de l’année approche, au moins.

La perspective de l’été le réjouit – s’il réussit à s’avancer suffisamment dans ses heures de téléphone rose, peut-être pourra-t-il prendre quelques jours de congés et proposer à Theo de l’accompagner. Ce n’aurait pas besoin d’être fantastique, tout simplement quelques jours dans la campagne anglaise ou de l’autre côté de la Manche, en France. Quelque chose pour faire oublier à Theo qu’un an auparavant, il le plantait comme un malpropre sur les marches du Ministry of Sound. Et qu’il a pratiquement loupé son anniversaire, la semaine précédente – Theo n’est pas le genre de personne qui pense à mentionner son anniversaire plus d’une semaine avant la date, ce qui a pris Ashford à revers.

Theo a eu 22 ans vendredi dernier, et ses amis lui ont organisé une fête-surprise – si surprise, en réalité, qu’Ash ne l’a appris que trop tard et n’a pas pu se libérer. Il s’est rattrapé en invitant Theo à déjeuner le midi-même et en passant la journée avec Theo le samedi, mais il était aux abonnés absents le vendredi soir. Il espère que les amis de Theo n’y ont pas vu une tentative de se défiler – il n’ose même pas imaginer ce qu’ils pensent de lui. Sa rencontre avec Theo a été un peu houleuse et il doute d’être dans les petits papiers des amis de ce dernier après leur début de relation catastrophique. Il doit dire qu’il est soulagé de ne pas avoir eu à passer une soirée entière en compagnie de quasi-inconnus – il a rencontré les amis de Theo de temps à autre, mais c’était toujours bref et d’assez loin, et il ne peut pas vraiment dire qu’il les connaît.
Mais Theo s’en fiche, apparemment – il ne lui en tient pas rigueur, semble avoir été très content de pouvoir déjà sortir avec lui pour déjeuner et pendant la journée du lendemain. De la même façon qu’il semble ne pas accorder d’importance au fait que le seul cadeau qu’Ash ait pu dégoter dans un laps de temps aussi court soit un bracelet composé d’une simple lanière de cuir et d’une breloque en argent, avec une carte d’anniversaire dans laquelle il a gribouillé de sa plus belle écriture ses vœux et une blague minable sur les origines australiennes de Theo et le fait qu’il est inacceptable qu’il n’ait pas de bracelet de surfeur. Ce n’est même pas un de ces bracelets de chez Tiffany qui coûte 265£, rien que quelque chose qu’il a trouvé chez Pandora pour 40£ mais Theo ne paraît pas s’en soucier. Il avait déjà l’air étonné qu’Ashford lui ait acheté un cadeau.

- Bien sûr, acquiesce-t-il, même s’il espère secrètement que ce n’est pas un cadeau génialissime qui relèguerait le sien au stade de babiole – Ashford est une horrible personne. Mais on devrait remettre les assiettes au chaud si tu veux vraiment trouver une excuse pour me montrer ta chambre, ajoute-t-il avec un clin d’œil.

Son thé était pile comme il l'aimait et Theo remercia Ashford lorsqu'il fit glisser sa tasse jusqu'à lui. Il lui demanda sur quel film son choix s'était-il finalement arrêté, ce à quoi il répondit brièvement. « Je ne suis pas sûr que tu l'ai vu, alors j'ai choisis The Maze Runner. » Inutile de lui préciser que la présence de Dylan O'Brien dans le casting avait lourdement influencé son choix final, jusqu'alors très indécis.

Theo savait que Ashford travaillait beaucoup, et bien. Parfois, il se demandait sincèrement comment il faisait pour gérer ses cours de journalisme déjà bien chargés, en plus de deux boulots différents. Pendant les derniers mois qui s'étaient écoulés, il avait bien vu la fatigue s'accumuler et pourtant, son blondinet travaillait toujours aussi bien et avec régularité. Lui-même n'était pas en reste, bien entendu, il avait aussi des cours assez conséquents et pas forcément des plus passionnants, parfois, mais au moins il savait que son job à côté lui prenait peu de temps et qu'il ne ressentait pas de pression vis-à-vis de celui-ci. Car, clairement, avoir ou ne pas avoir ce job ne changeait rien pour lui, financièrement parlant.
Pour en revenir à Ashford, Theo ne disait rien mais il n'en pensait pas moins. Il n'était pas complètement aveugle non plus. Ce qui était incroyable à ses yeux, c'était que Ashford restait toujours très patient avec lui malgré ses coups de barre, même lorsqu'il était pire qu'une pile électrique, à bouger partout. Même lorsqu'il parlait beaucoup (trop), fort, ou même quand il rigolait bruyamment en tapant des mains. Theo avait remarqué que Ashford ne lui demandait jamais de se taire, ou du moins de parler moins fort - ou lorsque cela arrivait, ça n'avait rien de méchant. Le bouclé avait même remarqué la tendresse avec laquelle Ash le regardait, dans certains de ces moments-là, et ça confortait Theo dans l'idée que Ashford Tennyson était un être absolument génial en tout point.

Il était perdu, là, dans ses réflexions, et peut-être qu'il fixait un peu trop Ashford, d'ailleurs. Ça lui arrivait souvent, lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce et qu'il finissait absorbé par ses pensées. Son cerveau tournait à plein régime ces derniers temps. Il avait franchement hâte que les vacances ne pointent le bout de leur nez afin de se reposer pour de vrai. Il secoua la tête afin de se remettre les idées en place, ou du moins arrêter de fixer son petit-ami de la sorte. Il posa sa tasse de thé sur le comptoir de la cuisine, à côté du lait que Ashford venait d'ouvrir pour se servir et attendit que celui-ci n'ait reposé sa propre tasse pour tendre les bras vers lui et de l'enlacer tendrement. Il ferma ses paupières un instant afin de profiter de l'étreinte, calme. Il s'éloigna légèrement en rigolant un peu à cause de ce que Ash venait de lui dire. Se sentant d'humeur taquine, il laissa ses bras autour de son cou puis lança, l'air de rien : « Pff, toi et moi on sait très bien que je n'ai pas besoin de ça pour t'attirer jusqu'à ma chambre, si ? » Il effleura ses lèvres sans vraiment l'embrasser, juste histoire de l'embêter. Il y avait une part de vrai dans ce qu'il disait ceci dit, non ? Non ??

Theo gloussa de sa voix un peu trop aigu lorsqu'il se trouvait malin, embrassant au passage la mâchoire de Ashford avant de l'entraîner avec lui hors de la cuisine, dans l'escalier, direction sa chambre. Evidemment ce n'était pas la première fois que Ashford y mettait les pieds mais Theo n'en n'était pas moins satisfait lorsqu'il le voyait dans cette pièce en particulier. Il aimait bien voir Ashford ici, dans sa cuisine, dans sa chambre, chez lui. La vision était plaisante et particulièrement réconfortante. Ca lui plaisait. Ashford lui plaisait affreusement.

Sa chambre était tellement grande qu'il se souvenait que la première fois que Ash l'avait vu, il lui avait semblé un peu mal à l'aise. Il faut dire que la chambre de Theo était franchement grande, les couleurs claires au mur accentuant cette impression. Et c'était sans compter sur son dressing qui recouvrait le mur de gauche entier, tant il était grand. D'ailleurs, il en gardait toujours un bout pour les affaires de Ash, puisqu'il n'était pas rare qu'il reste dormir chez lui ; ce dernier lui avait assuré qu'il n'avait pas besoin de tant de place mais Theo s'était contenté de rouler ses yeux au ciel en déclarant que même s'il ne l'utilisait pas, il lui laissait quand même ce bout de placard. Sait-on jamais, si Ashford venait à changer d'avis. Theo referma la porte derrière à eux afin que la pièce ne perde pas de sa chaleur. Il faisait facilement frisquet, dans cette maison, et il n'était pas rare que le chauffage ne fasse des siennes. Car oui, le mois de juin à Londres, ce n'était pas l'Australie, hein. Cette semaine, les températures avaient avoisinées les 23 degrés et il y avait eu beaucoup de vent, rafraîchissant nettement l'atmosphère. Le jour de son anniversaire, cependant, il avait fait un joli 27 degrés, et Theo n'avait pas pu s'empêcher de faire remarquer que c'était probablement en son honneur, que la température londonienne avait décidée d'être clémente.

En parlant d'anniversaire, la (magnifique) peluche que lui avait offert April trônait sur son lit, posée contre de nouveaux oreillers en soie que Astrid lui avait offert pour son anniversaire. La pauvre femme en avait probablement eu assez d'entendre Theo se plaindre qu'il se réveillait toujours avec une marque d'oreiller sur sa joue - bon sang qu'ils étaient doux et confortables, ces oreillers, Astrid était tellement géniale. Il fila s'asseoir sur son lit afin d'attraper sa peluche Nemo et la montrer fièrement à Ashford. Qui devait probablement halluciner, d'ailleurs - quel mec de 22 ans digne de ce nom pouvait bien être si content rien qu'à cause d'une peluche Disney ? Well, Theo, apparemment. C'était parfois à se demander lequel des deux était le plus jeune. Ses amis lui avaient offert d'autres cadeaux au cours de la soirée surprise qu'ils lui avait organisé le soir de son anniversaire, mais le Nemo était vraiment exceptionnel, pour le coup. Enfin, si on regardait bien, le poisson orange avait des yeux énormes et légèrement flippants sur les bords, mais Theo ne lui en tenait pas rigueur. « Aps s'est promenée toute la journée avec ça sous le bras, autant dire qu'elle me l'a fait payer le soir venu. » Tandis que lui l'avait posé sur un coin de leur table afin que tout le monde puisse admirer la bête. « Il est plutôt mignon, nan ? » demanda-t-il en le plaquant contre son propre visage, papillonnant des yeux au passage.

Theo aimait bien ce genre de cadeau, un peu babioles, mais qui lui faisaient toujours extrêmement plaisir car ils ne lui étaient pas offerts par hasard. Il y avait un message, une petite référence derrière et c'était toujours personnel. Il était toujours un peu étonné, aussi, lorsqu'il recevait des cadeaux de la part de ses amis. Pas qu'il n'aimait pas ça (qui n'aimait pas les cadeaux, honnêtement ?) mais il était toujours un peu surpris que tant de monde ne se souvienne de sa date d'anniversaire. Car ce n'était certainement pas son genre de la rappeler aux autres. Il avait d'ailleurs lâché l'info de manière très casual à Ashford, il y a quelques jours, à peine une semaine avant le jour J en fait. Il se souvenait très bien ; ils étaient chez lui, Theo avait reçu une lettre d'une vieille tante éloignée lui souhaitant un joyeux anniversaire et il avait fait la remarque qu'elle était un peu en avance sur la date. Cette attitude si désinvolte lui avait valu la surprise de Ash, qui n'était pas au courant.

Malgré tout (et surtout malgré les avertissements de Theo à base de « je ne veux pas de cadeaux » et autres « je n'ai besoin de rien »), Ashford lui avait offert un bracelet avec une lanière en cuir orné d'un anneau en argent. C'était jolie, tout simple, et plus que le cadeau en lui-même, c'est surtout l'attention en elle-même qui avait touché Theo, gêné de l'attention (« Je t'avais dis que c'était pas la peine ! » avait-il d'ailleurs bredouillé, acceptant malgré tout le petit paquet). Et puis il n'avait pas pu s'empêcher d'éclater de rire en lisant la petite carte qui l'accompagnait - il était un cliché ambulant - et il l'avait chaleureusement remercié, bien entendu. On était polie, ou on ne l'était pas, hein ! Il avait déjà prit la manie de tripoter la lanière de cuir sans arrêt, comme pour s'assurer qu'il était toujours bien là, autour de son poignet. Il fit mine à Ashford de le rejoindre sur le lit, tout en papotant. « Il faudra que tu viennes avec moi chez Hamleys, d'ailleurs ! J'ai reçu un bon d'achat mais si je me pointe là-bas tout seul, j'en ai pour deux jours à choisir quelque chose. » Oui, bon, même avec Ash à ses côtés, il doutait de réussir à faire vite dans un tel magasin ; le cadeau ne lui avait sûrement pas été fait par hasard. Soupir. Ses collègues le connaissait plutôt bien, finalement.