Fuir ou ne pas fuir, telle est la question... {Milo}

Il y a du monde. Des gens qui dansent collés-serrés au milieu de la piste. Milo se demande s’ils ont vraiment conscience de leur proximité. Sans doute pas. Certains sont déjà si saouls qu’ils puent l’alcool à des kilomètres, à tel point que les clients esquivent la conversation quand ils viennent les accoster. D’autres s’embrassent comme si leur vie en dépendait. Milo, lui, s’il n’est pas seulement venu pour écouter la musique – qui n’est par ailleurs pas celle qu’il a l’habitude d’écouter - reste toutefois assez calme en ce début de soirée. Le groupe vient d’arriver, ils souhaitent partager une boisson tous ensemble avant de partir à la chasse chacun de leur côté. Dans sa poche, son portable lui fait savoir qu’un nouveau message vient d’arriver. Sans regarder l’identité de l’expéditeur, il se doute que Luna lui envoie une réplique assassine. Quelques heures plus tôt, il l’avait quitté avec un simple « m’attends pas ». Elle avait râlé un peu, parce qu’elle avait sans doute espéré qu’ils passent une soirée ensemble, mais il lui avait promis qu’il reviendrait avant son réveil, et qu’il se rattraperait, alors, elle avait laissé couler. De toute façon, elle n’en avait pas vraiment eu le choix. Qu’elle ne s’inquiète pas, Milo lui réservait un beau petit-déjeuner pour le lendemain, histoire de se faire pardonner. Si après ça, elle ne le trouvait pas adorable, c’était qu’elle était de mauvaise foi. Pas prête à l’abandonner pour autant complètement dans la nature, Milo n’a aucun doute sur le possible SMS qu’elle a pu lui envoyer. Mais pour l’heure, il laisse cela de côté pour profiter pleinement de la soirée. Il lui enverra un petit cœur quand il rentrera, histoire de lui prouver qu’il pense un peu à elle – ce qui est toujours le cas.  

Entre deux gorgées de son verre d’alcool qu’on lui a servi quelques minutes plus tôt, il observe ses amis en pleine action. Y’en a qui vient de se prendre le plus beau râteau qu’il n’ait jamais vu. Y’en a un autre qui lui, semble avoir trouvé la bonne technique pour accoster les jolies filles. Après deux-trois mots, il est directement incrusté dans une bande d’étudiantes, pratiquement prêtes à se battre pour recevoir un regard de sa part. Milo rit du contraste que les deux garçons lui montrent, et finit par détourner bien vite son attention plus loin. Il y a cette fille, à la robe violette, à la longue chevelure brune, qui lui lance des œillades depuis plusieurs minutes. Elle cherche à se faire remarquer. Alors Milo, il lève son verre pour la saluer dans un sourire, et pour toute réponse, elle lui propose de la rejoindre à l’écart. Elle n’a peur de rien, elle se jette littéralement dans la gueule du loup. Et Milo, ça lui plait beaucoup.

Sans plus attendre, il termine son verre d’une traite, quitte le comptoir, et s’approche déjà vers elle. Il se fraie un chemin dans la foule, traverse quelques groupes qui dansent au milieu de la salle. Il ne fait plus attention aux autres, ne quitte plus des yeux cette fille, qu’il ne connait même pas, avant de percuter violemment quelqu’un. Il perd des yeux la brune quelques instants pour s’intéresser à celle qui vient de lui rentrer dedans et ce n’est qu’à cet instant qu’il reconnait les traits d’Elisea. Il cligne des yeux, perplexe à l’idée de la retrouver dans cet endroit, en plein Londres, alors même qu’il l’avait quitté quelques semaines plus tôt à Rome, mais c’est bien elle. Ce n’est pas l’alcool qui lui joue des tours, c’est bien la fille qu’il l’a embrassé. Elle est face à lui, à des kilomètres de leur pays natal, et elle ne prononce rien d’autres qu’un simple « salut » ? Euh… okay, normal. « Salut… ? » Qu’il rétorque en fronçant des sourcils. Il ne sait pas s’il doit vraiment la saluer comme il le ferait avec une amie. Il se demande s’il est vraiment nécessaire de faire mine que c’est totalement normal de se croiser dans un bar londonien alors qu’elle n’est clairement pas censée être ici. « Mais qu’est-ce que tu fais là, Elisea ? T’es pas censée être à Rome ? » En réalité, il n’en sait rien. Ca fait tellement longtemps qu’il n’a pas partagé une véritable conversation. Elle a très bien pu s’installer à Londres sans qu’il n’en sache rien. Ce ne serait pas très étonnant. Il tente de cacher son agacement de la revoir, mais ça se lit sur son visage qu'il ne s'attendait pas un revirement pareil. « Simone est là, lui aussi ? » Qu’il demande en balayant la salle du regard. Non parce que si toute la clique est présente, il ferait peut-être mieux de s’en aller tout de suite avant de se faire remarquer. En plus de s’épargner les retrouvailles supers « awkward » avec son meilleur ami, il épargnerait aussi sa présence à Elisea, qui n’est pas très à l’aise à l’idée de le retrouver. C’est plutôt drôle quand on sait qu’elle ne devrait pas être la plus gênée.