"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you (olivia) 2979874845 once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you (olivia) 1973890357


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you (olivia)

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() message posté Lun 2 Fév 2015 - 23:39 par Invité


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you ✻✻✻Locke, viens me sauver de là. Je suis enfermé dans un hôpital et je peux plus sortir. Je presse le bouton entré de mon téléphone, tout en passant une main dans la tignasse brune que j’appelle affectueusement cheveux. Je soupire, et secoue le bout de métal que j’ai dans la main, en espérant que mon ami norvégien est plus de talent dans le fait de me répondre que dans la prononciation de mon prénom. Parce que là, je m’ennuie vraiment. Et pourtant, je ne peux pas vraiment me plaindre, parce que c’est moi qui ai décidé de mon plein gré de venir avec Eugénia. Je ne sais vraiment pas ce qu’il m’a prit. Et puis du coup, je ne peux même pas sortir l’excuse d’avoir été sous le contrôle mental de Scary après avoir été torturer et tout le bordel. Même pas. Je  me lève dans l’espoir de me dégourdir les jambes, et je jette un coup d’œil dans la pièce d’à côté. Eugénia est assise sur un lit, et un médecin lui parle, et d’après leurs regards cela a l’air sérieux. Mais bon, ils ne peuvent pas aller plus vite quand même. Je m’ennuie ! Mon regard est alors captivé par un être extraordinaire, une source d’amusement permanent, j’ai nommé Hodor. Le fauteuil d’Eugénia traîne à l’autre bout de la pièce, sûrement mis là par les infirmières afin de ne pas prendre de la place auprès du lit, place occupée par un médecin et une infirmière justement.  Ma sœur ne semble pas préoccupée par l’état de son fauteuil, et ce dernier, même s’il n’est pas placé près de la porte, est assez seul pour que je puisse le récupérer rapidement. Je pose une main sur ma bouche pour ne pas rire suite à mon idée, et adopte rapidement un air innocent, avec de grands yeux marron-vert tout ronds. Avançant lentement de façon à ne pas faire de bruit, j’entre dans la pièce, offrant un sourire à l’infirmière qui se retourne et qui m’en donne un en retour. J’ai vraiment la côté auprès des infirmières on dirait. C’est bien ça. A pas de velour, je me dirige vers le fauteuil et en essayant de faire le moins de bruit possible je l’ammene dans les couloirs. A la porte, une infirmière rentre et jette un coup d’œil étonné au fauteuil dans mes mains. Un autre sourire innocent fait apparition sur mon visage. « C’est pour le nettoyer et mettre un nouveau cousin de la couleur préférée de ma sœur ! » La vieille femme me lance un regard admiratif, comme si l’affection que j’éprouve pour ma sœur est lisible dans mes yeux. Je me demande bien ce qu’elle ferrait si elle apprenait que je prends ce siège seulement pour m’amuser dans les couleurs. Je hausse intérieurement les épaules, et lui offre un autre sourire. Une fois sortie de la pièce, je me retiens pour ne pas faire une danse improvisée de la victoire. Jetant un coup d’œil derrière moi, je tourne un couloir et avec un rire malicieux, je m’assoie sur Hodor. « Mais oui Hodor, tu m’as manqué aussi ! Vilaine Eugénia qui te monopolise. Allez viens mon chou, on va faire un petit tour ! »En fait, Locke, viens pas, je m’éclateuuuhhh ! Et un autre sms envoyé.  Avec l’expérience acquise au fur et à mesure de mes vols de fauteuil, je mets les mains sur les roues, et j’avance. Je devrais rajouter ce talent à ma liste. Je tourne à droite à un nouveau couloir, et me mets à accélérer légèrement, riant sous une barbe imaginaire. C’est quand même bien plus marrant que d’attendre Eugénia devant sa salle. C’est déprimant, de voir ma joyeuse et énergique petite sœur dans cet habit d’hôpital. Cela me rend presque malade de la voir comment, alors que même assise elle est grande, ce vêtement ingrat la rend microscopique. Et je n’aime pas voir cet air sérieux, sachant très bien que je n’arriverais pas à chasser les mauvaises pensées.  Même si j’aimerais bien, vu que c’est sensé être mon rôle de grand frère. En tout cas, j’ai bien fait de préparer du cornbread et du bubble tea maison à l’appartement, cela va lui donner peut-être un peu le moral. Et cela va sûrement m’aider, aussi, vu que je n’ai jamais aimé les hôpitaux. Cela me rappel mon coup de couteau dans le torse à Hong Kong. On est vraiment des perdants dans cette famille… Mais au moins, on est tous très beaux. Stupides mais beaux. On peut pas avoir tout dans la vie, c’est bien connu. Alors que je tourne rapidement à gauche, une voix féminine transperce mes pensées, et je tourne la tête. C’est bien à moi qu’elle s’adresse, et j’offre un sourire à l’infirmière- d’après son uniforme-  qui est d’ailleurs très jolie. Oui vraiment très très jolie. « Bonjour ! Vous m’avez appelé ? »Mon sourire est légèrement évitant. Si jamais je sens que cela ne va pas, je me casse vite fait. Et j’espère que quand cela sera le cas qu’Eugénia sera prête pour y aller.
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() message posté Mar 3 Fév 2015 - 17:08 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ Ce que j'aimais particulièrement avec mon travail était que je n'avais jamais le temps de penser. Jamais le temps de me laisser aller à mes songes. Jamais le temps de m'accorder du répit. L'hôpital était sans cesse en mouvement ; les patients allaient et venaient, les tâches étaient à la fois faciles et complexes. J'entendais souvent dire que le poste d'infirmière était quelque chose d'ingrat, puisque bien souvent notre travail n'était pas reconnu à sa juste valeur ; pourtant, malgré ces rumeurs, malgré toutes ces choses que l'on pouvait dire, j'aimais ce que je faisais. J'aimais prendre soin des autres et être attentives à leurs besoins et leurs différents états. J'aimais venir en sachant que je serais utile, en sachant que je ne vivrais jamais de journée perdue. Par-dessus tout, j'aimais constater que certaines vies ne s'arrêteraient pas. Sauver. Ce mot-là était bien grand, empreint d'une certaine pudeur comme s'il avait des connotations supernaturelles. Pourtant, je savais que j'allais passer ma vie à appliquer ce concept avec mes collègues, avec ces personnes qui travaillaient avec moi à l'hôpital. Parce que, quoi que nous puissions en dire, nous sauvions des personnes. Nous sauvions des vies. Tours les jours, toutes les heures, tous ces instants où nous nous affairions autour de ces patients dont la vie comptait toujours autant que celles des autres. Je souris à l'enfant qui m'observait, tandis que je vérifiais si les poches de ses perfusions étaient toujours pleines. « Comment tu te sens, aujourd'hui, mon grand ? » lui demandai-je avec douceur, avant d'attraper son dossier laisser au bout de son lit. Celui-ci m'observait aller et venir dans sa chambre d'hôpital avec attention. « Bien. » me répondit-il avec sa voix clair d'enfant de sept ans. Je lui adressai un sourire. « Dis, Olivia, tu sais quand est-ce que maman va arriver ? » J'avais appris à ne laisser transparaître aucune émotion. La plupart des autres infirmières enviaient mon calme et mon apparence douce ; j'allai à la hauteur du petit garçon, l'observant bien dans les yeux avec bienveillance. « Elle ne devrait pas tarder. Et si tu essayais de te reposer en attendant qu'elle vienne ? » Il m'observa avec de grand yeux, comme pour essayer de déceler l'ombre du mensonge dans mon regard. Il finit par doucement hocher la tête et serrer sa peluche préféré contre lui, fermant les yeux. Je lui fis une légère pression sur l'épaule avant de tourner les talons et sortir de la chambre.
J'avais menti. Je savais parfaitement que sa mère ne viendrait pas aujourd'hui, et que cela était au tour de sa grand-mère de venir lui tenir compagnie. Lorsqu'un enfant était malade, la vie poursuivait son cours. Sa mère avait beau tenter de faire du mieux qu'elle pouvait, certaines obligations l'avaient tout simplement rappelé à l'ordre. Mais mon travail consistait aussi en apaiser les patients. Et, dans ce cas-là, je ne trouvais rien d'autre que le mensonge.
Je poussai un soupir en poursuivant ma route dans les couloirs, m'avançant pour rejoindre la salle de repos. Mon tour de garde était bientôt terminé ; j'avais fini de vérifier que les patients de ma section n'avaient besoin de rien et, pour une fois, je disposais de mon après-midi de libre sans que le devoir ne m'appelle ailleurs. Je jetai un vague coup d'oeil par la fenêtre pour observer le temps qu'il faisait, et j'esquissai un sourire lorsque je me rendis compte que le ciel était clément, pour une fois, lors de ce long mois d'octobre. J'allais sans doute pouvoir sortir, me promener à l'Hyde Park ou tout simplement lire sur le toit de mon immeuble avant que les jours finissent par être trop hostiles pour de telles activités. Distraitement, je commençai à faire la liste des choses qui me seraient données de faire lorsque mon regard se posa sur une personne en fauteuil roulant, avançant à fière allure. Je secouai la tête en voyant le visage de l'individu qui m'était étrangement inconnu. Je jetai un coup d'œil vers l'endroit où il se rendait, avant de secouer la tête et me décider à réagir. « Monsieur ? »  demandai-je en m'avançant vers lui. « Excusez-moi, monsieur ? »  Il tourna finalement la tête vers moi pour m'observer, et je finis de marcher jusqu'à lui. Je détaillai ses traits séduisants du regard, notant que je ne l'avais jamais vu, auparavant. Cela me surprenait, quelque part. « Bonjour ! Vous m’avez appelé ? » me demanda-t-il, et j'hochai la tête en notant le léger tic nerveux qui semblait agiter ses doigts, inconsciemment. Je croisai mes mains devant moi, baissant légèrement la tête vers lui. « Oui, désolée si je vous ai fait peur. » lui répondis-je doucement. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Ma question demeura en suspens tandis que je l'observai toujours. Cela me perturbait sans doute trop, oui, de ne pas le connaître ; en vue de sa condition, il devait très certainement être suivi dans l'établissement. Suivi sans que je ne l'ai un jour croisé. Et pourtant, j'avais bonne mémoire, surtout lorsqu'il s'agissait de visages aussi séduisants que le sien.
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() message posté Mar 3 Fév 2015 - 22:37 par Invité


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you ✻✻✻C’était peut-être car j’avais un jour rêvé d’être astrophysicien que je m’éclate autant dans ce fauteuil. Après tout, même si j’étais partie de la faculté après un an et demi de cours, il faut avouer tout de même, que j’avais réussi à obtenir de très bons résultats. Et là, dans cet engin de métal qui permet à ma sœur de se déplacer, j’ai presque l’impression d’être dans une fusée. Ou alors c’est parce que je suis un gamin et que je me fais complétement chier à attendre Ginny. C’est d’ailleurs plus probablement cette dernière raison, mais je préfère penser que mon amusement est du à un lointain rêve d’être dans une fusée et partir pour les étoiles. En plus Locke est un abruti qui vient d’un pays tellement froid qu’il ne prend même pas le temps de répondre à mes textos. Je sais que je lui ait dit de ne pas venir finalement, mais il a quand même le temps de me répondre. Je m’arrête pile au beau milieu du couloir, bien décidé à envoyer des sms inutiles au norvégien. T’es nul comme ami, Locke. Ah voilà ! Comme ça, il va déprimer et pleurer sur le fait qu’il est un mauvais ami et qu’il aurait du me répondre. Et moi pendant ce temps là, je vais m’amuser avec Hodor, le fidèle compagnon d’Eugenia. Qui je pense ne m’en voudra pas lorsqu’elle va se rendre compte que son fauteuil n’est pas là. Elle doit bien avoir l’habitude non ? Après tout, c’est loin d’être la première fois que je lui pique son fauteuil, je pense même qu’elle doit s’y attendre. « Maintenant je sais pourquoi son cul est aussi plat… » Non pas que je trouve ma sœur moche, mais il faut être objectif. Et puis ce n’est pas de sa faute, mais celles de ses parents. Et du fauteuil apparemment. Je ne sais pas qui a fabriqué ce fauteuil, mais il était vachement cruel pour avoir avoir mis une assise aussi peu confortable. Je sais qu’il y a des gens qui utilisent un fauteuil roulant et qui ne ressentent rien au niveau des membres inférieurs, mais cela n’est pas une raison pour mettre une chaise comme celle-là ! Au final c’est l’infirmière qui va être contente, parce que je vais vraiment aller acheter un coussin. Alors que je m’amuse dans les couloirs- il en faut vraiment peu pour être heureux, c’est une maxime si vrai pour mon cas- je suis arrêté par une voix féminine. Et je ne sais pas pourquoi je me suis arrêté et ce n’est sûrement pas pour le bon sens de la chose, je ne sais pas ce que c’est ça. « Excusez-moi, monsieur ? » Je lui demande si elle m’a bien appelé, peu conscient que mes doigts tapotent nerveusement le fauteuil. Mais je fais le nécessaire pour cacher mon impatience derrière un sourire innocent et séducteur. Je suis assez bon menteur, tout simplement car je ne me sens pas mal quand je mens, du coup je pense avoir réussi à cacher le fait que ce n’est pas mon fauteuil. « Oui, désolée si je vous ai fait peur. » Je fais un petit mouvement de la tête, accompagné d’un léger sourire pour indiquer qu’en aucun cas elle ne m’a fait peur. Au contraire, cela fait plutôt plaisir de se faire hélé par une aussi belle femme. Mes yeux font lentement le tour de son visage, ne me préoccupant guère du fait que je ne suis pas aussi subtil que je devrais l’être. Je suis malade, et en fauteuil roulant, alors c’est bon, je doute qu’elle m’en veuille. Et je ne suis pas un vieux en train de la relooker comme si j’allais la manger non plus. « Je peux faire quelque chose pour vous ? » Mon sourire reste le même tandis qu’intérieurement c’est plutôt la panique. Je lui dis quoi ? J’ai une chance sur deux pour dire des conneries. Avec un certain entrain, je lui réponds. « Non, non ne vous embêtez pas. Je cherche tout simplement la boutique de l’hôpital… Mais je suis sûre que je vais vite la trouver.» Je ne sais même pas s’il y en a une ou si je vais dans la bonne direction mais il fallait bien que je trouve quelque chose non? Mais comme cela n’est pas tous les jours que je suis interpellée par une belle infirmière- même si ce n’est pas tous les jours que je vole le fauteuil de ma sœur pour faire la course dans les couloirs- je décide d’en profiter un peu. « Et puis vous devez être fatiguée à force de courir après les patients, non? Je ne sais vraiment pas comment vous faites… » Sûrement parce que je suis incapable de garder un job plus d’un mois. Même si, pour ma maigre défense, je dois préciser que lorsque j’étais cuisinier, et je l’ai été plusieurs fois dans de nombreux pays, j’enchaînais des horaires assez contrariants, comme tout travail de cuistot. Et ça m’allait. Enfin pendant un moment avant que je décide de ne pas me lever un matin ou que je change le plat principal. Mes chefs ne comprenaient jamais mon sens artistique de la cuisine c’est tout. Je jette un coup d’œil vite fait à l’horloge dans le couloir, me demandant si Eugenia a bientôt fini son rendez vous. Il faudrait que je sois de retour avant, sinon elle va être capable de me faire appeler dans l’hôpital comme si j’étais un gamin perdu dans un supermarché.
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() message posté Sam 7 Fév 2015 - 13:03 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ Je me perdais dans mon travail et je m’acharnais dans ma vie professionnelle. J’en avais conscience. Cela était probablement le pire. Je m’enfonçais la tête la première sans avoir réfléchi, n’aurait-ce été qu’une seule seconde, à faire marche arrière pour tenter de sauver le peu qu’il me restait. J’étais la première de mes collègues à accepter les gardes supplémentaires sans être motivée par le salaire en plus que cela pouvait représenter ; je prenais, sans même sourciller ou demander quoi que ce soit en échange, les tours de mes amies infirmières lorsqu’elles avaient des repas de famille ou des obligations personnelles, un vague sourire flottant sur mon visage calme et paisible. Je n’aimais pas réellement rentrer chez moi, après tout ; mon appartement de Chinatown me semblait vide de toute âme et je me retrouvais empreinte de mélancolie lorsque je passais le seuil de ma porte d’entrée, lessivée et épuisée, affligée par les couleurs ternes et le vide qui se formait dans ma poitrine. Certains soirs, je sortais, motivée par le vague espoir d’oublier ma propre existence. Je passais mon existence toute entière à vivre et survivre en même temps, mélangée par mes envies et mes souvenirs, perdue dans mes songes et mes douleurs. J’avais l’impression de connaître la tristesse sous des centaines de formes différentes, comme si mon cœur s’appliquait à la séparer en milliers de couleurs afin que je puisse ressentir la palette de cette émotion dans toute sa profondeur. J’étais hantée par mon mari décédé mais aussi par la personne que j’avais bien pu être ; j’entendais sa voix me dire d’être forte et courageuse, comme si je ne l’étais pas déjà assez. Je déglutis, chassant mes pensées de mon esprit, tentant en vain de redescendre sur Terre.
Je savais que, dans mon malheur, j’aurais sans doute pu connaître pire. Je savais que la vie était ainsi faite et que le destin était une chose à laquelle rien, ni personne, ne pouvait échapper. Cela était l’avantage de travailler dans un hôpital ; je côtoyais sans cesse des personnes que la réalité avait rattrapées, me rappelant à quel point ma situation n’était pas forcément semblable à une tragédie. Mais, avec le temps, j’avais appris à me détacher du sort des autres ; je conservais un calme sans faille, le cœur perdu au loin afin que je n’aie pas à m’attacher. J’en oubliais que je n’étais pas seule. J’en oubliais ma propre personne, perdue dans une douleur intimiste et encrée à ma peau, dans une douleur loin de celle des autres et loin de ma propre âme en perdition. « Non, non ne vous embêtez pas. Je cherche tout simplement la boutique de l’hôpital… Mais je suis sûre que je vais vite la trouver. » me déclara l’homme en fauteuil en face de moi, et je ne pus m’empêcher d’arquer un sourcil. Cela me prouvait qu’il n’était pas un habitué de cet hôpital ; je n’avais pas encore eu l’occasion de le croiser avant cela uniquement parce que cela devait être la première fois qu’il foulait le sol de l’établissement. J’avais fait des conclusions hâtives. En le voyant en fauteuil, j’avais pensé qu’il était un patient. Peut-être rendait-il simplement visite à un de ses proches. « Et puis vous devez être fatiguée à force de courir après les patients, non? Je ne sais vraiment pas comment vous faites… » ajouta-t-il, tandis que je notais son regard insistant qui me détaillait de haut en bas.
Cela n’était pas la première fois que l’on me reluquait, à l’hôpital. Certains patients avaient même déjà eu des propos très tendancieux à mon égard ; cependant, je ne m’étais jamais faite détaillée par une personne aussi lucide que lui. Je soutins son regard, décidée. « Je n’ai pas tellement le choix, à vrai dire. C’est mon travail. » lui répondis-je d’un ton léger. Cela ne traduisait que la moitié de ce que je pensais réellement ; j’étais bien loin d’être fatiguée par mon travail. C’était la vie qui m’épuisait, non pas les patients. Cependant, je me retins de m’attarder sur ce point, me raclant la gorge tout en laissant mon regard se perdre sur ses traits. « La boutique n’est pas dans cette direction. Il faut traverser la maternité pour revenir vers l’entrée principale de l’hôpital, la boutique sera juste en face de l’accueil. » lui expliquai-je rapidement en lui désignant de la main le couloir qu’il devrait emprunter pour se rendre là-bas. « Vous n’êtes pas familier des lieux ? » La question avait franchi la barrière de mes lèvres sans que je n’y fasse attention. Je lui adressai un sourire, la curiosité piquant doucement mon esprit et mes pensées qui se bousculaient. J’étais intriguée par son ignorance des lieux et l’anxiété qui semblait l’envahir comme s’il avait commis une bêtise ; je me demandai ce qu’il faisait là et pourquoi je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser sa route, qui il pouvait bien venir voir et pourquoi il semblait si mal à l’aise en ma présence, mais mon professionnalisme m’empêchait de prononcer à voix haute toutes mes questions. Alors, je me contentai de lui sourire avec bienveillance, rangeant au fond de mon être toutes mes interrogations dans l’espoir, mince, que je finisse par tout découvrir dans les prochaines secondes à venir.
Je refoulais ma curiosité. On m’avait toujours répété que cela était un vilain défaut, après tout.
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() message posté Lun 13 Avr 2015 - 10:57 par Invité


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you ✻✻✻Je n’avais jamais aimé les hôpitaux. Jamais. Leurs odeurs, les patients… il n’y avait rien d’agréable entre leurs murs. Aucun sourire, mais toujours de la peine. J’avais passé des années à les éviter, et si je m’étais réveillé dans un hôpital chinois après m’être fait attaqué, j’avais également tout fait pour en ressortir le plus rapidement possible. Comme une vieille superstition, je pensais que l’hôpital attirait en lui même les malheurs. Et accompagner Eugenia ne faisait rien pour me réconcilier avec les lieux. Les murs étaient froids, les regards vides après avoir entendu de mauvaises nouvelles… Il n’y avait rien de bon. Si peut-être la guérison de certains. Mais une nouvelle fois, après avoir songé à ma propre demi-sœur, il fallait avouer que la guérison était injuste. Des abrutis pouvaient passer des années sans avoir de cancer alors qu’ils fumaient comme des pompiers, et Eugenia, à cause d’une seule connerie, avait perdu l’usage de ses jambes. Et il y en avait qui croyait encore en Dieu… Suivant la même logique que les hôpitaux, j’évitais tout autant la religion. Ma grand mère maternelle, catholique pratiquante, aimait me rappeler que la religion était importante, mais je savais qu’elle disait cela sans vraiment y penser. Après tout, elle avait laissé son unique fille élevée seule son gosse sans problème, l’aidant même quand elle pouvait. Un sourire étira mes lèvres alors que je pensais à ma vieille grand mère irlandaise, qui préférait me parler dans son ancienne langue gaélique plutôt qu’anglais. Elle insistait tellement, que je ne pouvais m’empêcher de lui répondre dans une langue tout à fait différente comme l’italien. J’en rigolais, mais j’étais sûr que mon talent avec les langues venait de cette grand mère. Et si maintenant je parlais plusieurs langues, sans une trace d’accent, c’était bien grâce au propre talent de cette grand mère professeur de langues anciennes à l’université de Dublin.
Je parcourrai les couloirs de l’hôpital tranquillement, les mains posées sur les roues. Je devrais sûrement avoir honte d’être autant habitué à s’asseoir dans ce fauteuil. Quand je fus interrompu dans ma grande traversée des lieux en fauteuil roulant par une infirmière, j’essayai péniblement de trouver quelques excuses pour m’en sortir. Enfin, aux dernières nouvelles, elle n’allait pas m’enfoncer une fourchette dans la cuisse pour s’assurer de mon supposé handicap. Non ? A ma dernière phrase, elle arqua un sourire, et je laissai mon sourire retomber sur mes lèvres tranquillement. Si j’étais assez à l’aise pour mentir – ce n’était certainement pas la première fois ni même la dernière- j’étais par contre absolument pas subtil quand il s’agissait de contempler la beauté blonde en face de moi. J’étais quasiment sur que si Scarlet m’avait vu en ce moment, je n’aurais pas donné cher de ma peau, mais cela ne faisait rien ; après tout j’étais au courant que la subtilité ne faisait pas parti de mes nombreux talents. Etonnement une voix qui ressemblait fortement à celle de mon acariâtre de demi sœur me rappela que je n’avais en vérité pas beaucoup de talents.
C’était dingue, même absente, elle arrivait à me critiquer.
L’infirmière ne cilla pas devant mon regard, ce qui me fit sourire une nouvelle fois.
« Je n’ai pas tellement le choix, à vrai dire. C’est mon travail. »Je riais légèrement, hochant la tête comme si je comprenais. Ce qui était complétement faux, car quand quelque chose me lassait j’abandonnais. Ou je partais avec un grand sourire et un geste de la main. J’hochai légèrement les épaules. « Ce qui n’empêche pas d’avoir choisi un métier admirable… »Ma mère avait souhaité pendant un moment faire de moi un médecin, ou du moins un membre du personnel d’un hôpital. Cependant elle avait fait demi tour lorsqu’elle m’avait vu prendre la direction d’une faculté d’astrophysique pour ensuite abandonner un an et demi plus tard, des bons résultats dans les poches, mais un air profondément ennuyé. Elle avait également abandonné toute idée de me faire reprendre des études. A vingt-huit ans, ce n’était pas la meilleure idée du siècle.
« La boutique n’est pas dans cette direction. Il faut traverser la maternité pour revenir vers l’entrée principale de l’hôpital, la boutique sera juste en face de l’accueil. » L’orientation n’étant pas quelque chose qui me venait naturellement, j’étais sur que mon visage avait pris une tournure perdue pendant un moment. Je ne savais absolument pas où était l’accueil. Mais j’étais sûr de trouver. Après tout j’étais en fauteuil roulant. Cela me faisait penser que je devais renouveler mon permis international. Je l’oubliais souvent à force de ne pas conduire, mais j’en aurais sûrement besoin si je voulais partir cet été en Italie. Rien de mieux que l’Italie pour louer une belle voiture et passer les péages sans s’arrêter. Cela faisait toujours peur aux touristes en plus. « Vous n’êtes pas familier des lieux ? » Je relevai la tête- ce qui était étrange quand avec ma taille, j’avais plus l’habitude de la descendre- sur la jolie infirmière, et souris de nouveau. Je devais passer pour un étrange personnage mais je m’en moquais complétement. « Pas vraiment. Je suis venu accompagner ma petite sœur à son rendez vous médical, du coup je passais le temps… » En lui volant son fauteuil roulant et en se faisant passer comme un handicapé aux yeux du personnel. Il n’y avait vraiment pas mieux comme passe-temps. «Mais je suis déjà venu quelques fois ici, j’ai juste pas une très bonne mémoire des lieux. Et puis les couloirs se ressemblent tous… » Surtout que la dernière fois que j’étais venu j’étais à pied. « Je crois bien que je suis né ici… » Et ce fut à ce moment qu’alors que je jetais un coup d’œil en arrière, je me rendus compte que je ne savais même plus comment faire pour retrouver Eugenia. Oups.

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() message posté Sam 25 Avr 2015 - 15:40 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ J’avais connu beaucoup de patients, vu beaucoup de personnes défiler dans les chambres d’hôpitaux. Pourtant, j’avais retenu chaque visage, chaque prénom, comme s’ils étaient venus se marquer à l’encre indélébile dans mon esprit. J’étais presque sûre de me souvenir des familles des blessés, des femmes des malades ; dans la rue, quand je croisais des traits familiers, je n’hésitais pas à leur adresser des signes de tête, voire même à m’arrêter pour prendre des nouvelles. J’avais l’impression que cela faisait partie intégrante de mon métier. Que cela faisait partie intégrante de mon être. Je n’étais pas infirmière qu’entre les murs du Great Osmond Street Hospital ; je continuais de l’être même en dehors, dans la rue, chez moi, à jamais. Je ne me dissociais de mon métier que difficilement.
Après tout, il faisait partie intégrante de mon existence. Après tout, j’avais l’impression qu’il résumait ma vie, que, sans lui, je n’étais rien, absolument rien du tout.
Le visage du jeune homme en face de moi ne me disait rien ; quelque part, cela m’étonnait presque, parce que je me connaissais suffisamment pour savoir que ses traits se seraient imprimés dans ma mémoire si je l’avais déjà croisés. Non pas parce que j’avais une bonne mémoire, mais parce qu’il dégageait une aura de charme tout autour de lui, malgré le fauteuil dans lequel il se trouvait. Cela n’aurait pas dû m’interpeler, au fond. L’hôpital avait son lot de nouveaux patients tous les jours, après tout, et il pouvait simplement être de passage. Cependant, son anxiété passagère se déteignait sur moi et, sans le vouloir, je commençai à chercher dans mon propre esprit des explications sur sa présence, sur ses angoisses, sur sa condition et son état. « Ce qui n’empêche pas d’avoir choisi un métier admirable… » finit-il par me répondre et j’esquissai un sourire. Il existait deux catégories de personnes ; ceux qui détestaient de tout leur être le corps médical et ceux qui les considérait comme des personnes courageuses et altruistes. Je me situais quelque part entre les deux, incapable d’accepter l’idée que je sois une personne hors du commun ; cependant, son commentaire me toucha, d’une certaine manière, comme s’il venait me confirmer que le monde entier ne pouvait pas détester les infirmières pour être les porteuses de mauvaises nouvelles et les figures associées aux piqures. « J’imagine que ça dépend des points de vue. » répondis-je avec douceur.
Et, quelque part, je le pensais. Peut-être jugeait-il mon métier admirable mais, moi, au fond, j’avais tout simplement l’impression d’exercer ma vocation ; il n’y avait rien d’exceptionnel à cela. Je faisais simplement ce que je savais faire de mieux.
Je finis par lui indiquer où se trouvait la boutique de l’hôpital, et cela ne fit que renforcer mon impression. J’avais la quasi-certitude qu’il ne connaissait pas l’endroit ; et, s’il cherchait à acheter quelque chose, il était sans doute en visite et non pas un patient lui-même. Je secouai doucement la tête pour chasser toutes mes interrogations, mais je ne parvins pas à calmer mon esprit en ébullition. Il m’intriguait, oui. Sans que je ne sache pourquoi, sans que je ne sache comment, il m’intriguait et je désirais en savoir plus sur lui. « Pas vraiment. Je suis venu accompagner ma petite sœur à son rendez-vous médical, du coup je passais le temps… Mais je suis déjà venu quelques fois ici, j’ai juste pas une très bonne mémoire des lieux. Et puis les couloirs se ressemblent tous… » J’hochai la tête en écoutant ses paroles. Il était en visite, donc ; cependant, cela était dans les premières fois, ce qui expliquait sans doute pourquoi je ne encore jamais croisé. « Je crois bien que je suis né ici… » J’haussai les épaules, une expression amusé se peignant sur mon visage. « Vraiment ? » lui demandai-je avant de rire doucement. Puis, finalement, j’haussai les épaules en observant autour de nous, constatant, qu’effectivement, pour une personne étrangère de l’hôpital, les couloirs avaient absolument tous la même apparence. « Malheureusement, je pense qu’à cet âge vous n’avez pas eu l’occasion de mémoriser les lieux. » commentai-je avec amusement. Je me gardais bien de faire remarquer, également, que l’hôpital avait sans doute connu quelques rénovations depuis qu’il avait vu le jour ; déjà que je trouvais mes remarques largement inappropriées, je refusais d’aggraver mon cas. « Je peux vous accompagner, si vous le désirez. » finis-je par dire en l’observant dans les yeux. Il continuait de paraître angoissé et agité sans que je ne sache pourquoi. « Enfin, je peux vous amener jusqu’à la boutique, puis vous ramener jusqu’à votre petite sœur. Ça ne me dérange pas. Vous vous rappelez où est-ce qu’elle avait rendez-vous ? Ou alors vous pouvez me donner son nom ? » Au fond, peut-être avait-il simplement peur de me déranger. Peut-être avait-il simplement peur de se perdre, encore et encore, sans avoir suffisamment de courage pour demander de l’aide à une personne autour de lui. Les possibilités étaient infinies mais je restai focalisée sur ces explications-là ; j’espérais que mon expression bienveillante l’encourage à ranger ses craintes de côté pour me laisser l’aider, mais s’il déclinait mon offre, je savais qu’il fallait que je n’insiste pas.
J’avais fini par m’y faire, après tout. Par me faire aux autres et à leurs façons d’être. Je savais quand est-ce qu’il valait mieux que je m’arrête ; je savais quand est-ce qu’il était préférable de sourire et avec qui cela était absolument exclus. Je vivais pour les autres mais, surtout, je m’adaptais à eux, ma personnalité pouvant se modeler en fonction de leurs envies et de leurs besoins ; je m’effaçais dans mes gestes, je m’effaçais dans mes intentions, et quelque part, cela me réconfortait. J’avais l’impression de trouver une raison d’être, d’une certaine manière.
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() message posté Mer 3 Juin 2015 - 0:18 par Invité


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you ✻✻✻ « J’imagine que ça dépend des points de vue. » J’esquissai un bref sourire, remettant quelques mèches brunes en place. Oui je n’aimais pas les hôpitaux, leurs couleurs trop blanches (ils voulaient nous aveugler ou quoi ?), leur odeur (pire que le MacDo à deux heures du matin), et souvent leurs patients qui me tapaient sur les nerfs. Et Dieu savait que j’étais pourtant d’une nature conciliante. Peut-être pas autant que Scarlet pour ne pas m’avoir jarter de son lit quand elle était rentrée hier, c’est vrai. Pourtant, je ne m’étais jamais insurgé contre le personnel de ce dit-hôpital. Je savais que trop bien – pour avoir eu un médecin compétent qui avait parfaitement refermé cette plaie au couteau portée à l’abdomen- qu’ils étaient là pour nous aider, et qu’ils n’étaient pas des monstres. Des soldats peut-être ? Des médecins ? Nope, pas vraiment. C’était un peu comme les gens qui ne voulaient pas aller à l’hôpital, cela m’énervait complétement. On avait la chance de vivre dans une société où la plupart des maladies pouvaient être guéris, et certains osaient dire non. C’était presque comme donner une claque à la figure de ceux, qui eux, ne pouvaient se soigner.
L’infirmière m’indiqua la direction de la boutique, et soudain je réalisai dans quelle situation je me trouvai. A force de jouer avec le fauteuil, j’oubliai que ce dernier appartenait à ma demi-sœur et que si j’avais donné l’excuse de me rendre à la boutique pour acheter un coussin pour Ginny, ce n’était pas du coup pour cette raison que je me retrouvai dans les couloirs accosté par cette infirmière qui me regardait avec ses grands yeux bleus. Je mis de côté, dans un coin de ma tête, le fait de faire un gros gâteau pour Eugenia, la remerciant de son cadeau. Oui, elle n’avait pas choisis de me donner son fauteuil, parce que je l’avais subtilisé –et de ce de manière particulièrement subtile, je dois dire- à son insu. Mais, cela ne changeait rien, car il me devait de la remercier pour cette rencontre dont elle ignorait tout. Mais avant de lui préparer un repas afin de lui montrer ma gratitude, il fallait vraiment que j’obtienne le numéro de l’infirmière devant moi. Je soupirai intérieurement. Je n’avais jamais été très doué pour charmer intentionnellement, et demander un numéro était quelque chose que je n’avais jamais fait sans au moins un ou deux verres de courage liquide. « Vraiment ? » J’offris un sourire en coin, une lueur amusée dans les yeux. « Comment ? Mais vous n’avez pas un mur avec ma photo, le petit Bartholomew élu bébé de l’année quatre-vingt sept ? Ma vie est foutue ! » J’adoptai un ton dramatique, bien que mon sourire encombrant la quasi totalité de mon visage déformait toute intention donnée par ma voix. « Malheureusement, je pense qu’à cet âge vous n’avez pas eu l’occasion de mémoriser les lieux. » Je suivis son regard en observant les lieux, fixant quelques secondes un gamin qui marchait dans le couloir avec son bras plâtré. J’avais été un gamin turbulent, mais jamais au point de me casser un os. Et comme, môme, j’étais extrêmement maladroit, c’était une bonne chose, cette absence de plâtre, car j’aurais donné des coups à tous ceux qui, bravant le danger, se seraient approchés de moi. « Me connaissant, ce n’est même pas à mon âge là que je vais les retenir. » ajoutai-je avec un léger rire. Si on me donnait une carte et qu’on me plantait au beau milieu de la Chine, j’étais capable sans problème de retrouver mon chemin, mais dans un bâtiment ? Aucune chance. Mes professeurs, lors de ma pauvre année d’essai à l’université, pensaient tous que je me moquais d’eux en arrivant systématiquement en retard à leurs cours, mais ce n’était absolument pas le cas. Simplement, j’étais incapable de me rappeler de comment accéder à leur salle de cours. Maintenant, j’avais appris à me débrouiller, mais je n’allais pas passer inutilement du temps à apprendre les plans de l’hôpital par cœur. Ce n’était pas comme si je comptais passer mes journées dedans. Quoi que, pensai-je en levant mon regard sur m’infirmière, ce n’était pas un si mauvais plan que ça...
« Je peux vous accompagner, si vous le désirez. » Soudain, je me tendis, et je mordis machinalement ma lèvre inférieure. Non ce n’était pas une bonne idée. Je n’avais aucun doute sur ce qui allait se passer en arrivant dans la salle de consultation de Ginny. Je m’apprêtai à lui répondre quand elle prit de nouveau la parole. « Enfin, je peux vous amener jusqu’à la boutique, puis vous ramener jusqu’à votre petite sœur. Ça ne me dérange pas. Vous vous rappelez où est-ce qu’elle avait rendez-vous ? Ou alors vous pouvez me donner son nom ? » Je regardai à droite, d’où je venais, comme si j’allais voir la petite sœur en question débarquer, le feu aux fesses, pour venir me secouer et me demander ce que j’avais fait de son fauteuil. Je secouai la tête, c’était idiot de penser comme cela. Et puis ce n’était pas possible que ce scénario catastrophe se produise, vu que Ginny ne pouvait marcher, et donc courire. J’allais lui répondre quand soudain une voix se fut entendre. « Hum... Ceci est un appel pour Bartholomew Lancaster. Mr Lancaster est prié de bien rendre le fauteuil roulant de sa sœur Eugenia, salle 105 et de bien vouloir arrêter de jouer avec. » Je me raidis d’un coup, sentant le sang me monter aux joues, tout comme l’envie assez folle d’exploser de rire. Je lançai un regard tout joyeux à l’infirmière, mettant les mains sur les roues en partant. « Hey, c’est drôle le nombre de personne qui s’appelle Bartholomew dans ce monde, c’est pourtant assez démodé comme prénom non ? Quel est le votre d’ailleurs ? » J’essayai de faire tourner les roues, mais pour une raison que j’ignorai- mais que je mettrais plus tard sur le dos de Karma parce que Karma is a bitch, le fauteuil n’avança pas. Une autre annonce se fit entendre, et je me tournai de nouveau vers l’infirmière, un autre sourire sur les lèvres, une main levée en signe international d’adieu. « Hey, on se prend un café un de ces quatre ? » Et je me levai, tournant les talons prestement pour retourner dans la salle d’où je venais, courant dans les couloirs.
J’arrivai une ou deux minutes plus tard devant la salle 105, ouvrant la porte à la volée. « C’est moi ! » J’entrain, observant Ginny de nouveau dans des habits de ville, et je tapotai le haut de son crâne. Cette dernière secoua la tête pour déloger ma main et me fusilla le regard. Je déglutis. « Ah oui. Le fauteuil. Merde. Tu vas trouver ça très drôle, Ginny mais... » .

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() message posté Mar 16 Juin 2015 - 22:31 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ Je veillais sur les autres et, quelque part, je ne faisais même pas exprès d’être si attachée à leur bien-être, à leur santé, à leur moral. Je ne me forçais pas. Je ne cherchais même pas à faire bonne figure. C’était comme une particularité innée, quelque chose d’encré en moi ; je tournai sans cesse mes pensées vers les autres, je m’enfermais dans une bulle dans laquelle ils étaient les seuls à être importants, dans une bulle dans laquelle je n’existais même plus. Devenir infirmière n’avait pas été un choix mais une obligation personnelle. Devenir infirmière n’avait pas été une option mais un objectif. Je n’avais jamais remis en question cette vocation ; j’avais continué d’avancer malgré les désillusions, persuadée que cela n’était que le prix à payer.
C’était sans doute admirable, ce que je faisais. Du moins, certaines personnes se prêtaient à le dire. Du moins, certaines personnes osaient affirmer qu’elles avaient le droit de déclarer une chose pareille. Mais, ils ne savaient pas, eux, quel avait été le prix à payer. Ils ne savaient pas que j’avais sacrifié ma famille pour le bien des autres. Ils ne savaient pas que j’avais délaissé mes frères et soeurs pour ces inconnus, pour ces personnes que je ne connaissais même pas. Alors, oui. J’avais dédié mon existence toute entière à la santé de personnes que je ne recroiserai plus au cours de mon existence. J’avais passé des jours et des nuits à veiller sur des enfants malades, des enfants malades qui n’étaient même pas les miens. Mais, avec tout cela, je m’étais également éloignée de ma Nouvelle Orléans natale. Je n’avais pas vu mes plus petits frères et soeurs grandir. A force de côtoyer des inconnus, j’en étais moi-même devenue une pour eux. Cela me faisait de la peine, quelque part. De la peine parce que personne ne s’en rendait compte hormis moi-même.
Je disais souvent que cela était à cause de ma vocation ; que c’était parce que je passais trop de temps à m’occuper des autres que je n’avais plus le temps de m’occuper d’eux. Mais, la vérité, c’était que j’aurais pu rester à leur côté en exerçant ma profession. Mais j’avais fui. Fui l’image qu’ils m’avaient renvoyé. Fui les souvenirs qu’ils transportaient avec eux. Fui tout ce monde qui existait autour d’eux. Fui la Louisiane, fui les Etats-Unis, fui ailleurs, là où l’on ne pouvait me rattacher. J’avais dédié ma vie aux autres. Mais pas aux miens. « Comment ? Mais vous n’avez pas un mur avec ma photo, le petit Bartholomew élu bébé de l’année quatre-vingt-sept ? Ma vie est foutue ! » Je souris à sa remarque, sa bonne humeur étant presque communicative. Il avait l’air de ne pas se laisser abattre. L’air d’être détaché du monde et du reste. Cela me rassurait, d’une certaine manière ; il semblait gérer sa situation avec entrain, comme s’il était plus fort que son handicap. « Me connaissant, ce n’est même pas à mon âge là que je vais les retenir, » poursuivit-il. J’haussai les épaules avec dégagement, comme pour lui dire que je ne pouvais pas émettre d’avis à ce sujet. J’étais infirmière, après tout. J’étais bien placée pour savoir que je n’avais pas le droit de juger. Et, bien plus encore, pour savoir que les miracles, en eux-mêmes, existaient. Je demeurai silencieuse quelques instants avant que, finalement, je ne sois coupée par une annonce dans le couloir. « Hum... Ceci est un appel pour Bartholomew Lancaster. Monsieur Lancaster est prié de bien rendre le fauteuil roulant de sa sœur Eugenia, salle 105 et de bien vouloir arrêter de jouer avec. » Je fronçai les sourcils en entendant le prénom de la personne appelée, raisonnant étrangement dans mes oreilles ; j’étais persuadée qu’il s’était présenté ainsi quelques secondes auparavant, puis, instinctivement, mes yeux se posèrent sur le fauteuil roulant dans lequel il se trouvait.
Ce fut à cet instant que je me rendis compte qu’il était trop étroit pour lui. La largeur du siège avait été conçue pour un gabarit plus menu que son corps à lui ; presque instantanément, j’eus l’image d’Eugenia Lancaster flotter devant mes yeux, expliquant à peu près toutes les interrogations que je pouvais avoir. « Hey, c’est drôle le nombre de personne qui s’appelle Bartholomew dans ce monde, c’est pourtant assez démodé comme prénom non ? Quel est le votre d’ailleurs ? » reprit la personne en face de moi. « Olivia, » répondis-je distraitement en continuant de l’observer. Je ne savais pas réellement ce que je cherchais dans son visage, dans son expression. Il tenta de s’en aller mais ne parvint pas à maitriser les roues de son fauteuil ; je l’observai faire, incapable de retrouver une certainement contenance. « Hey, on se prend un café un de ces quatre ? » me demanda-t-il avant de finalement se lever. Cela me surprit presque quand je le vis se mettre à courir dans le couloir alors qu’il avait été dans la chaise roulante juste avant cela ; je le regardai déguerpir avant de poser mes mains sur les poignées du fauteuil.
Salle 105. Ils avaient dit salle 105.
Je mis un pied devant l’autre, tentant de reconstituer ce qu’il venait de se passer dans mon esprit. Eugenia Lancaster avait un frère. Ce même frère avait dérobé son fauteuil le temps d’une consultation pour faire le tour de l’hôpital ; en me tombant dessus, il avait préféré mentir plutôt qu’expliquer la vérité. Quelque part, cela expliquait bien des choses. Son malaise. Son hésitation. Cet air malicieux peint sur son visage. Cependant, il avait réussi à me couper de court ; en passant l’encadrement de la porte de la salle où se trouvaient les Lancaster, j’adressai un sourire à mon collègue présent. « Je pense que monsieur Lancaster a oublié ça, » dis-je avec un certain entrain. Je vis Eugenia tourner la tête vers son frère, intriguée ; je passai la chaise roulante au médecin avant de faire un pas en arrière. « Enchantée de te revoir, Eugenia, » lançai-je à la patiente avant de me tourner, de nouveau, vers son frère. « Vous auriez simplement dû me dire que vous aimiez voler des fauteuils roulants, cela vous aurait évité bien des peines. » Je lui adressai un sourire mi-amusé, mi-sévère, simplement pour le mettre mal à l’aise.
Simplement pour le gêner, alors qu’au fond, j’étais bien plus hilare qu’autre chose.
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() message posté Lun 7 Sep 2015 - 18:25 par Invité


once you stop chasing the wrong things, the right ones catch you ✻✻✻J’avais merdé. C’était clair, net, précis. Pourtant cela ne m’avait pas empêché de continuer dans ma connerie, parce que j’étais ainsi, décider à aller au bout de tout même si cela m’entrainer encore plus dans une situation désagréable. Les mots sortaient de ma bouche avec une facilité déconcertante et je me repris à songer aux personnes qui me trouvait honnête ; comment pouvait-on le penser alors des des mots faux sortaient de mon corps comme si je parlais de la pluie et du beau temps. Certes, ce n’était pas comme si j’inventais des mensonges terrifiants, et en plus j’étais vraiment né dans cet hôpital, malgré le désir de ma grand mère irlandaise pour que je naisse comme elle et ma propre mère dans celui de Dublin. Mais, je me forçai à continuer, enchainant les phrases jusqu’à ce qu’une annonce ne trouble mes belles paroles et me force à reconsidérer ma stratégie. Donc je fis ce que je faisais de mieux, je dis une phrase idiote, puis prenait mes roues à mon coup pour m’enfuir. Au final, même cela j’échouai, et je retournai péniblement dans la salle d’auscultation de ma soeur, cette dernière me regardant avec un air mi-peiné mi-amusée. Elle devait avoir l’habitude de me voir prendre son fauteuil en même temps. Je me tournai vers l’infirmière et lançai, d’un air faussement gêné « Je n’ai pas trouvé de coussins qui allait avec le teint de ma soeur. »Et j’allai m’asseoir comme si mon escapade n’avait jamais existé si ce n’était que dans leurs têtes, les jambes croisés, et le même air ennuyé que tout à l’heure. L’infirmière, ne sachant pas où se mettre, tourna le dos et j’en profitai pour tirer la langue à Eugenia, un geste plus ou moins poli sur ma main. Je n’arrivai pas à croire qu’elle avait fait sonné cette annonce. De un, elle n’avait pas encore terminé son rendez-vous et de deux, c’était humiliant. « Tu peux crever pour un gâteau ce soir. » Mais apparemment, ‘crever’ n’était pas un terme adapté à l’hôpital, et l’infirmière se tournai vers moi de nouveau, l’air véritablement choquée. « Manière de parler bien sûr... » ajoutai-je pour briser le silence outré, et je remuai les lèvres une fois l’infirmière tournée.Absolument pas.
« Je pense que monsieur Lancaster a oublié ça, » Je tournai la tête rapidement vers l’entrée, grinçant des dents en voyant le fauteuil. Je savais bien que j’avais oublié quelque chose... Olivia, qui m’avait donné son prénom, entra plus dans la pièce, et je me levai, mes mains croisées dans mon dos. J’étais droit, un corps semblant à l’aise, et un sourire sur le visage ; je ne montrai aucune gêne, et je me félicitai d’avoir toujours su jouer parfaitement le mannequin, le corps exhibé mais l’intérieur bien enfermé. Oui, j’avais agit comme un gamin, mais ce n’était pas vraiment pour cela que je ressentais une gêne, mais bien parce que j’avais oublié le fauteuil. J’oubliais souvent, trop souvent sûrement, qu’Eugenia Lancaster était handicapée. Pour moi, elle n’était qu’une demie-soeur avec trop de temps à perdre avec son imbécile de frère ainé, trop gentille, trop gourmande, qui m’obligeait à faire des marathons de mode pendant que je critiquai toutes ces filles trop maigre. Elle n’était pas handicapée, elle était une survivante, une guerrière, et elle était tout simplement Ginny. Pourtant je savais que je ne pouvais pas me permettre d’oublier son fauteuil, car il lui était util. C’était plus qu’un moyen d’amusement, mais quelque chose d’essentiel.
« Enchantée de te revoir, Eugenia, » Estomaqué, je me tournai vers Ginny, un sourcil arqué ? Au final qu’elles se connaissent n’était étrange, après tout Ginny passait pas mal de temps en consultation. « Vous auriez simplement dû me dire que vous aimiez voler des fauteuils roulants, cela vous aurait évité bien des peines. » Je passai une main sur l’arrière de mon crâne, un sourire facile sur les lèvres. « Surprise ? »sortir de ma bouche, avec un ton hésitant. Puis, sur un ton plus amusé, je me penchais en avant, comme si j’avais un secret particulièrement important à lui dire et que les autres personnes dans la pièce n’avaient pas le droit d’être dans la confidence. « J’ai été percé à jour ; je suis en réalité un membre des F.S.V.F.R. Forces spéciales contre le Vol de Fauteuil Roulant. Je voulais vérifier la sécurité de ces derniers. Et je me tournai vers le médecin, l’air désolé. « Et vraiment tout le monde peut voler un fauteuil c’est désastreux... »

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() message posté Mer 11 Nov 2015 - 20:45 par Invité
maybe the wolf is in love with the moon, and each month it cries for a love it will never touch. ✻✻✻ C’était la première fois que j’assistais à un vol de fauteuil roulant.
Pourtant, j’avais eu l’occasion de voir des choses étranges, dans cet hôpital, depuis le jour de mon arrivée. Je me souvenais notamment de ce jour où une patiente m’avait fait remarquer que les sols des couloirs ne glissaient pas suffisamment, l’empêchant ainsi, avec son frère, de faire des concours de glissades ; un autre m’avait demandé s’il était possible de mettre la main sur une deuxième perfusion pour se faire des rollers improvisés en posant les pieds sur les bases dotées de petites roulettes. Cela avait rythmé mon existence dans cet espace très loin d’être agréable, me faisant rire, provoquant l’hilarité chez d’autres personnes également. On associait bien souvent l’hôpital à un lieu de maladie et de mort, mais, la vérité, c’était qu’il y avait des journées où les choses n’étaient pas si mal. Où les patients n’étaient pas tous malheureux. Parce qu’au fond, même si leur corps était en train de doucement les lâcher, ils demeuraient des êtres humains. Des êtres humains débordants de bêtises. Des êtres humains tantôt drôles, tantôt plein d’esprit. J’adorais converser avec des patients ou des personnes venues visiter leurs proches ; dans leurs bons jours, certains se révélaient être de véritables puits de savoir et j’en apprenais sans doute plus sur un sujet qu’au cours de longues heures de cours. D’autres me faisaient rire jusqu’aux larmes avec leurs remarques déplacés et leurs blagues douteuses.
C’était un autre monde, un autre univers. Il y avait énormément de mauvais côtés à mon travail mais j’appréciais chaque facette agréable de ce que je pouvais bien faire. Le monde n’était jamais noir ou blanc. Le monde n’était que nuances de gris plus ou moins clair, plus ou moins foncé.
Et, pourtant, c’était la première fois que j’assistais à un vol de fauteuil roulant.
Je savais que la plupart de mes collègues auraient été passablement agacés d’un tel geste ; à vrai dire, je ne savais pas réellement ce que j’étais autorisée à penser. Mais, lorsque je vis la mine amusée d’Eugenia Lancaster lorsque je finis par passer l’entrée de la salle de consultation où elle se trouvait, je compris que cela n’était pas quelque chose de foncièrement méchant, de foncièrement mauvais. Non. Il aimait simplement faire un tour avec son fauteuil, lui emprunter quand elle n’en avait pas besoin. Non. Il ne faisait pas cela pour l’embêter, pour l’empêcher de bouger. Je finis même par me demander si cela n’avait pas un effet bénéfique sur la patiente ; peut-être que de voir son frère aussi à l’aise avec sa condition lui permettait de se rendre compte qu’elle était comme les autres. Qu’elle était normale, complètement normale.
Je n’en savais rien, à vrai dire. Tout ce que je savais était que la situation m’amusait réellement.   « Surprise ? » répondit-il à ma remarque et je dus me faire violence pour ne pas éclater de rire alors qu’un de mes collègues se trouvaient dans la pièce. Cet homme avait une façon d’être qui me laissait presque admirative. Rien ne semblait être un problème, pour lui.  Il prenait les choses avec une telle décontraction qu’il me donnait presque l’impression que la vie n’était qu’un grand jeu. « J’ai été percé à jour ; je suis en réalité un membre des F.S.V.F.R. Forces spéciales contre le Vol de Fauteuil Roulant. Je voulais vérifier la sécurité de ces derniers, » poursuivit-il avec tout le naturel du monde. Il était doté d’un très grand sens de la répartie, aussi. Je me demandais s’il faisait du théâtre. Ou même s’il était acteur. Ou s’il s’amusait à faire de l’improvisation à ses heures perdues. « Et vraiment tout le monde peut voler un fauteuil c’est désastreux... » déclara-t-il avec désolation en se tournant vers le médecin de sa soeur. Celui-ci secoua la tête comme si le discours du frère d’Eugenia Lancaster n’avait strictement aucun sens et reporta son attention sur sa patiente. Je poussai un profond soupir, comme si la vérité qu’il venait d’énoncer était particulièrement affligeante. « Quelle horreur, »  commentai-je. Je n’étais pas aussi douée que lui pour être faussement effarée. Mais peu importait. « Heureusement que vous êtes là pour tenter de corriger ce problème. »  J’esquissai un sourire en coin avant de croiser les bras sur ma poitrine. J’étais presque intriguée par le personnage qu’il incarnait ; je me surpris, également, à envier le détachement qu’il avait vis-à-vis de toutes les futilités de convenances imposées par la société. « La prochaine fois, prévenez au moins votre soeur que vous lui dérober son fauteuil, elle en a besoin, »  finis-je par ajouter. J’étais obligée de lui faire la morale même si je savais, au fond, qu’il était déjà au courant de tout ce que je pouvais lui dire. « Pour le café, il n’y a aucun soucis. »  Je lui adressai un sourire avant de faire plusieurs pas en arrière et finalement passer le pas de la porte, laissant les Lancaster à leur quotidien étrange, laissant les Lancaster se soutenir dans cette existence qui était la leur. Mon sourire resta sur mes lèvres un moment, jusqu’à ce que je finisse par me rendre compte que cela faisait des semaines, des mois, que je n’avais pas été aussi amusée.
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