(✰) message posté Ven 29 Mai 2015 - 19:37 par Jake O. Cavendish
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Adossé contre le mur, Jake regarde son téléphone. Il n’y a pas eu de nouvelles informations depuis qu’il a quitté le travail tout à l’heure. Rien d’intéressant du moins. Les médias ne parlent presque plus des prises d’otages et des fusillades qui se sont déroulées il y a deux semaines. C’est normal, le monde a toujours fonctionné ainsi. A moins d’une révélation, sur un des braqueurs ou sur leurs motivations, on va de moins en moins en parler, jusqu’à arrêter complètement. Comme toutes les informations, celle-ci se perdra, est déjà dépassée par d’autres. Bien sûr, personne n’oubliera vraiment mais ça fera juste partie de l’histoire. Sauf pour ceux qui en ont été victimes. Pour les proches des personnes tuées également. Une tragédie vue de l’extérieur, ça n’a rien à voir. Être au milieu de tout ça, c’est complètement différent. On ne voit pas les choses de la même façon. Et c’est pour ça que, depuis, Jake était affecté exclusivement à tout ça au journal. Il avait été la personne interviewée d’ailleurs. C’était normal. Mais il voudrait bien pouvoir passer à autre chose, reprendre sa vie comme avant. Il n’avait pris que quelques jours de congé. Sa blessure avait été superficielle après tout, une suture et un pansement avaient suffis. Il pouvait s’estimer heureux de s’en être si bien sorti, il le savait très bien. Ça commençait déjà à cicatriser et il n’avait presque plus mal. Maintenant, il fallait passer à l’étape suivante. Continuer à vivre normalement. Reprendre le cours de sa vie. Vie qui aurait pu être interrompue. En une fraction de seconde, tout peut changer. S’il avait bougé un peu plus tard pour sauver Chase, peut-être serait-il mort. La balle aurait pu ne pas se contenter de le frôler. Il essaye d’éviter de penser à ça. Préfère s’estimer heureux d’être en vie. « Une grande végétarienne. » Perdu dans ses pensées, Jake ne réagit pas immédiatement. Il revit la fusillade. La peur qu’il a ressentie. Pour lui-même mais surtout pour Chase. Il ne comprend pas comment il n’a pas pu avoir l’idée lui rendre visite plus tôt. Ils ont vécu ça ensemble et il se doute que ç’a été encore plus traumatisant pour elle. Après le dîner chez Olivia, il s’était promis d’aller la voir et, même si ça lui avait pris encore plusieurs jours, il le faisait finalement. « Monsieur ? » Il relève finalement la tête pour découvrir la vendeuse qui lui fait signe. Il sort de ses pensées, secoue la tête et s’avance vers le comptoir. « Et voilà pour vous, bon appétit ! » Dit la vendeuse en lui tendant la boîte carrée. « Merci. » Dit-il avant de sortir de la pizzeria. Il était venu directement en finissant le travail et donc n’avait pas eu le temps de manger. Alors il s’était dit que, tant qu’à venir chez elle à l’improviste, autant ne pas venir les mains vides. Même si ça implique de prendre une pizza végétarienne puisque Chase ne mange pas de viande. Deux rues plus loin, il arrive devant son immeuble. Il profite d’une voisine âgée qui entre au même moment pour passer les portes. Il propose même de lui porter un de ses sacs de courses mais elle vit au rez-de-chaussée donc elle décline la proposition. Jake lui souhaite une bonne soirée avant d’entrer dans l’ascenseur, la boîte à pizza dans la main. Alors que les portes se referment sur lui, Jake se demande de quoi ils vont parler avec Chase. Ils ont un don pour éviter les sujets sensibles alors peut-être qu’ils ne parleront même pas de la fusillade et de ce qu’il a fait là-bas. Comme souvent, une fois un chapitre clos, ils n’en parlent plus. Mais peu importe qu’ils en parlent ou non, Jake veut juste s’assurer qu’elle va bien. Et passer une bonne soirée avec elle. Une minute plus tard, il sonne à la porte de son appartement. Il ignore pourquoi mais il est nerveux. Sans doute parce qu’il n’est pas sûr que tout se passe bien. Et le temps d’attente ne l’aide pas à se calmer. Il est en train de se dire qu’il aurait dû appeler avant de passer, qu’elle n’est sûrement pas là. Et il va se retrouver avec une pizza qu’il n’aime même pas spécialement pour lui tout seul. Il finit par entendre du bruit à l’intérieur et se détend directement. Des bruits de verrou et la porte s’ouvre. Une blonde lui ouvre la porte mais pas celle à laquelle il s’attendait. Non, loin de là. « Heaven ? » Il ne pourrait pas être plus surpris. Son regard passe du visage de son ancienne stagiaire au numéro inscrit sur la porte. 17B. Oui, il en est sûr, c’est bien l’appartement où vit Chase. Il n’est pas venu ici depuis quelques mois mais il ne s’est pas trompé. Et pourtant, ce n’est pas Chase qui est venue lui ouvrir. A la place, c’est la personne à qui il s’attendait le moins du monde. Techniquement, il aurait été surpris par n’importe qui autre que Chase. Mais il ne pensait pas revoir Heaven, encore moins ici. « Je… Chase est là ? » La question parait logique puisqu’il s’agit de son appartement. Il serait étonné qu’elle ait déménagé sans le prévenir quand même. Est-ce que les deux femmes se connaissent ? Comment ? Tant de questions que Jake ne formule pas à voix haute, toujours aussi surpris de la présence d’Heaven ici.
(✰) message posté Sam 13 Juin 2015 - 14:23 par Invité
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ « Vous avez commencé à songer à des prénoms ? » Heaven esquissa un sourire en entendant la question de son grand-frère, allongée sur son lit, observant le plafond avec attention. Elle cala le téléphone contre son oreille avant de prendre une profonde inspiration. Sa main était logée contre la peau tendue de son ventre et, de temps à autre, son bébé venait lui donner des petits coups comme pour lui assurer qu’il était toujours là. Comme pour lui assurer qu’il était toujours là et qu’il allait bien. Qu’il allait bien et qu’il ne partirait pas. Aussi étrange que cela puisse paraître, maintenant que son ventre commençait réellement à être imposant, Heaven se sentait moins seule. Elle n’avait plus peur de cette pièce vide dans laquelle elle se trouvait ; elle avait l’impression que son fils était là, avec elle, et que, de cette manière, elle n’avait même plus de raison de ne pas se sentir en sécurité. « On a quelques idées, oui, » répondit-elle avec malice. Elle était volontairement vague. Elle avait volontairement évité les détails. Parce qu’Heaven était ainsi. Elle voulait que son frère lui pose des questions. Elle voulait que son frère lui prouve tout l’intérêt qu’il pouvait bien avoir. Elle voulait être le centre de son attention, comme elle avait souvent eu l’occasion de l’être au cours de ces dernières années. Elle voulait avoir l’impression d’être importante. Elle voulait avoir l’impression de compter. Et, de cette manière, elle avait l’impression d’avoir des raisons d’avancer. « Arrête de faire de la rétention d’informations et balance, » lui lança son frère et elle se mit à rire. « Et qu’est-ce que tu me feras si je ne dis rien ? » Elle l’entendit presque lever les yeux au ciel. Il la connaissait par coeur. Il savait qu’elle agissait comme une gamine. Il savait que c’était plus fort qu’elle. Il savait qu’elle était sans cesse en demande d’attention, comme pour compenser avec le mal-être qui l’habitait chaque jour, chaque heure, chaque instant. « Je le dirais à mère. » Son chantage ne fit qu’accroitre son hilarité et elle roula sur son matelas afin d’être installée sur le côté. Elle cala un coussin sous son ventre pour que cela soit plus confortable. « Tu n’oserais pas, » répliqua-t-elle, faussement outrée. Elle était sans doute trop fière pour l’admettre, ou trop réservée sur ses sentiments pour songer à l’avouer, mais elle appréciait ces conversations avec son frère. Elle appréciait lui parler tous les jours. Elle appréciait de le redécouvrir. Et, surtout, elle appréciait cette force qu’il avait, cette force qui l’avait poussé à ne pas se laisser abattre suite à son accident de ski. « Très bien, si tu insistes, » reprit-elle. « On a pensé à Adrian, Gabriel et Ezra. Mais je t’avouerai que j’ai une petite préférence pour Ezra. » Cela avait été compliqué d’en parler avec Caleb. Compliqué d’utiliser des lettres pour débattre. Compliqué d’échanger des idées, compliqué d’avoir des conversations sérieuses, simplement en ayant recours à l’écrit. Mais c’était ainsi. Heaven s’y conformait. Elle savait que cela était pour son bien s’il avait été hospitalisé, là-bas, à New York ; elle ne savait pas combien de temps cela allait encore durer et Caleb non plus, mais elle gardait espoir. Elle gardait espoir simplement parce qu’autrement elle aurait peut-être déjà lâché prise. « J’aime beaucoup, surtout Adrian et Ezra, » lui répondit Zacharie. Elle pouvait sentir la pointe de fierté qu’il avait dans la voix. Comme si l’enfant qu’elle portait était un peu le sien à lui aussi. Au fond, Heaven s’était demandée à plusieurs reprises s’il ne vivait pas par procuration. Mais, même si c’était le cas, elle n’y aurait vu aucun inconvénient. « Mais je pensais que tu aurais été du genre à l’appeler Aaron en l’hommage à notre très cher père… » Heaven claqua sa langue sur son palais. « Trop tôt, Zach. » dit-elle aussitôt pour couper court à ses moqueries. C’était encore un sujet sensible, pour elle. Si ses deux frères avaient relativisé très rapidement - du moins, c’était ce qu’ils avaient tenté de lui faire croire - elle avait encore bien du mal avec l’affaire. « T’es vraiment pas drôle, » se plaignit-il et, au même instant, quelqu’un frappa à la porte d’Heaven. Elle se redressa sur son matelas pour observer le couloir depuis sa chambre, puis finit par pousser un soupir. « Je suis désolée, Zach, il y a quelqu’un à la porte, » lança-t-elle. « C’est bon, je suis désolé je n’aurais jamais dû dire ça, tu vas quand même pas… » Elle se mit debout, avant de s’avancer jusqu’à la porte d’entrée. Ses pas étaient lourds, comme si elle était engourdie après ces deux heures au téléphone avec son frère, et elle avait l’impression de peiner à avancer. Elle posa sa main sur la poignée. « Non, non, je suis très sérieuse, il y a quelqu’un à ma porte, » répéta-t-elle. « Ne t’inquiète pas, je te rappelle après. Bye. » Elle ne laissa pas de temps à son frère pour lui répondre ; elle raccrocha avant de poser son téléphone sur le meuble d’entrée, ouvrant finalement la porte d’entrée. Elle ne savait pas à qui elle s’était attendu. Le voisin, sans doute. William, très certainement. Chase, peut-être, qui aurait oublié ses clefs. Mais pas Jake. Certainement pas Jake. En voyant son visage se matérialiser devant elle, Heaven resta muette. Elle l’observa vérifier le numéro de leur appartement sans rien dire, incapable, même, de réfléchir correctement. « Heaven ? » demanda-t-il. Si elle n’avait pas été si choquée elle même, elle aurait probablement vu l’étonnement qui était sur son visage à lui. Mais, en cet instant, la seule hypothèse plausible qui lui vint était qu’il la harcelait. Qu’il la harcelait comme il avait bien pu le faire, plus ou moins directement, en s’en rendant plus ou moins compte. « Non mais sérieusement ? » Sa voix était presque irritée, irritée comme elle pouvait elle-même l’être. « Je… Chase est là ? » Heaven fronça instantanément les sourcils, avant de se rendre compte qu’elle faisait erreur. Avant de se rendre compte qu’il n’était pas venu pour elle mais quelqu’un d’autre. Avant de se rendre compte qu’il n’avait pas pensé à elle depuis la dernière fois qu’ils ne s’étaient vu et qu’il était aussi surpris que lui de se retrouver là, en face à face. « Oh, » murmura-t-elle en faisant, par réflexe, un pas en arrière. Elle détestait redescendre d’un étage de cette manière. Elle détestait s’écraser en plein vol. Elle détestait se rendre compte qu’elle n’avait pas été juste. « Non, elle n’est pas encore rentrée, » ajouta-t-elle finalement. Elle déglutit. « Nous sommes colocataires. » Elle était persuadée qu’elle ne lui devait aucune explication mais que celle-là était quand même nécessaire. Comme pour lui montrer que ce n’était pas elle, que ce n’était pas lui, mais que c’était simplement le destin, ce destin qui appréciait s’acharner, ce destin qui aimait les réunir pour le meilleur, mais surtout le pire.
Jake O. Cavendish
i am every word i ever said.
» Date d'inscription : 21/03/2015
» Messages : 20836
» Pseudo : marine / tearsflight
» Avatar : jon kortajarena
» Âge : thirty-two years old
» Schizophrénie : Alexander & Olivia
(✰) message posté Dim 14 Juin 2015 - 10:28 par Jake O. Cavendish
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Clairement, Jake ne s’attendait pas à découvrir Heaven lorsque la porte de l’appartement s’ouvre. D’abord parce qu’il pensait que Chase vivait seule. En effet, elle ne lui avait jamais parlé d’une colocataire ou quoi que ce soit. Ça ne serait pas si surprenant, ils se parlent de moins en moins avec le temps qui passe. Et à chaque fois, le fossé semble se creuser un peu plus. De plus, Jake n’aurait jamais soupçonné que les deux femmes puissent se connaître. De ce qu’il sait d’Heaven, elle a peu de points communs avec Chase. Enfin il ne sait rien de la raison de la présence d’Heaven. Elle pourrait très bien juste être venue rendre visite à Chase, après tout. Mais les vêtements décontractés qu’elle porte poussent Jake à penser qu’il y a plus que ça. Il ne l’a pas revue depuis qu’elle a changé de secteur pendant son stage. Quand son collègue spécialisé dans les arts avait pris le relai. Et il ne pensait pas la revoir. Tout au plus, il pouvait penser la croiser au détour d’une rue, sans doute faire comme s’il ne l’avait pas vue et continuer sa vie. Il ne pensait pas qu’ils se parleraient à nouveau. Mais après tout, déjà la dernière fois, il ne s’était pas attendu à la revoir. Comme si le destin jouait avec eux. Même s’ils avaient finalement réussi à cohabiter pendant le laps de temps où ils ont dû travailler ensemble, ils ne sont pas devenus amis, loin de là. Et ils auraient tous deux préféré continuer leur vie, chacun de son côté. Enfin Jake en tout cas. Mais il est presque sûr qu’Heaven pense la même chose. « Non mais sérieusement ? » Il réalise alors qu’elle ne doit pas comprendre pourquoi il est là. Pourquoi il est à sa porte, une pizza dans les mains. S’il s’agit bien de sa porte. Peut-être que s’il avait dû sonner au pied de l’immeuble, il aurait vu son nom ajouté. Serait-il monté quand même s’il l’avait vu ? Aucune idée. Il aurait dû appeler Chase, avant de venir à l’improviste. Il avait eu peur qu’elle trouve une excuse et refuse de le voir, après tout ce qui s’était passé entre eux. Peur qu’elle s’esquive une nouvelle fois. Il l’aurait compris. Mais il ne voulait pas lui en laisser l’occasion. Il voulait qu’ils puissent parler de tout ça. Parler de tout ce qui ne va pas, pour une fois. « Oh, » Heaven semble surprise quand il lui demande si Chase est présente. Elle ne doit pas non plus savoir qu’ils se connaissent. Un instant, le cœur de Jake se serre alors qu’il réalise qu’elle ne parle plus de lui. Alors qu’avant, ils étaient tellement indissociables que tous leurs amis en avaient marre de les entendre parler d’eux. Tout a bien changé depuis quelques temps. « Non, elle n’est pas encore rentrée. Nous sommes colocataires. » Elle confirme tous ses doutes en quelques mots. Il a encore raté une occasion de résoudre le problème. Et elle ne lui a pas parlé de sa nouvelle colocataire. Mais après tout, lui aurait-il dit, lui, s’il avait commencé à vivre avec quelqu’un ? Peut-être pas. Ils se voient tellement peu que tous les sujets ne peuvent pas venir sur le tapis. Sans qu’il s’en rendre compte, le regard de Jake se pose sur le ventre arrondi d’Heaven. Il est presque certain qu’il n’était pas comme ça la dernière fois qu’ils se sont vus. Malgré tout, il ne dit rien et relève les yeux vers son visage. Ainsi, elle est enceinte. Mais au cas où il se tromperait, il préfère garder le silence. Il ne manquerait plus qu’il fasse une gaffe comme celle-ci pour qu’elle le déteste encore plus. « Tu sais quand elle doit rentrer ? » Sans s’en rendre compte, il la tutoie. Sans doute parce qu’ils sont dans un cadre moins formel. Et qu’à force de se croiser par hasard, il va finir par croire que le destin s’en mêle. Il est étonné que Chase ne soit pas chez elle. Ses horaires sont des horaires de bureau, elle finit à une heure raisonnable d’habitude. Elle est certainement sortie. Sans le formuler à haute voix ou poser la question à Heaven, il espère qu’elle est avec une amie. Ou un de ses frères. Il ne veut même pas penser à l’autre option, qui pourrait paraître évidente pourtant. « Je devrais probablement partir, je ne veux pas te déranger. » Il se sent stupide, de ne pas savoir quoi lui dire. Pourtant, sans qu’il le comprenne, quelque chose le pousse à vouloir rester. Non, pas le destin qui joue avec eux, autre chose. « Sauf si tu aimes la pizza végétarienne, j’en ai pris une grande et j’aime pas tellement ça. » Comme une offrande de paix, il montre le carton contenant la pizza avec un sourire. Et au pire, si elle n’aime pas non plus, ils pourront toujours trouver des ingrédients à rajouter dessus pour la rendre plus appétissante. Il est tellement peu habitué à manger sainement qu’il n’aime pas quand il n’y a que des légumes. Il ignore pourquoi mais il espère qu’elle va accepter. Peut-être serait-il temps de régler leurs différends. Surtout si Chase et elle sont amies maintenant. Même si ça ne changera sûrement rien. Sans doute que, même s’il ne l’admet pas, il a été touché par l’histoire d’Heaven. Et il veut peut-être s’assurer que tout va bien. Même s’il ne sait rien d’elle ni de sa situation.
(✰) message posté Sam 20 Juin 2015 - 16:34 par Invité
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ Elle avait pensé directement au harcèlement. Elle avait eu peur, aussi. Peur qu’il soit capable de venir jusqu’à elle de cette manière. Peur qu’il soit pas complètement sain dans son esprit, dans sa tête. Puis, au bout de quelques secondes, elle s’était rendue compte que toutes ses craintes avaient été infondées. Que le seul à lui en vouloir était le destin, ce destin qui les forçait à toujours se recroiser, à toujours se revoir, comme pour leur rappeler qu’ils ne pouvaient jamais réellement s’échapper. C’était impressionnant et effrayant, impressionnant et intimidant. Comme si les étoiles s’étaient toutes liguées pour qu’ils soient l’un devant l’autre. Comme si les étoiles avaient mis en place un plan pour qu’ils soient condamnés, à leur tour, à graviter l’un autour de l’autre sans jamais s’atteindre. Tout comme elle, Jake était une victime. Heaven ne l’avait pas envisagé de cette manière en premier lieu mais faisait de son possible pour admettre cette vérité. Il n’était pas le méchant de l’histoire. Il n’avait rien demandé lui non plus. Elle avait beau s’imaginer une centaine de scénarios différents, elle avait beau se mettre des idées dans la tête ; il était peut-être sur son palier, il avait peut-être commis des erreurs, mais il était une victime, lui aussi. Une victime du destin. Une victime des étoiles. Une victime de la fatalité. Il n’avait rien demandé. Rien du tout. Et Heaven aurait dû s’en rendre compte dès le départ. Elle redescendit aussi vite que la colère passagère avait bien pu lui monter aux joues ; en l’espace de quelques instants, elle eut l’impression d’être épuisée, épuisée et lessivée. Elle avait envie de refermer la porte et faire demi-tour, refermer la porte et faire comme si rien de tout cela avait eu lieu, mais, au fond d’elle, elle savait qu’elle devait être un peu plus respectueuse avec lui. Qu’il méritait une certaine décence. Qu’il était une victime, exactement comme elle, et qu’à en juger par la surprise qui peignait ses traits, il aurait voulu tout, absolument tout, sauf se retrouver face à elle en cet instant. Jake la hantait, mais quelque part, l’inverse était vrai lui aussi. Elle était l’empreinte d’un passé déjà révolue pour lui. Elle était le souvenir qu’il avait un jour fait des erreurs pour en arriver là où il était. « Tu sais quand elle doit rentrer ? » lui demanda-t-il et elle secoua la tête. « Pas du tout. » Et elle ne mentait pas. Elle et Chase n’étaient pas extrêmement proches, après tout ; dans un accord implicite, elles avaient instauré de la distance entre elles, comme pour s’assurer qu’elles ne seraient pas la cause de la chute de l’autre. Il y avait eu cet épisode de confidences une nuit ou, ni l’une, ni l’autre, n’avait trouver le sommeil, mais les choses s’étaient limités à ce genre d’épisodes ponctuels. Heaven n’avait jamais voulu poser trop de questions à sa colocataire, également, de peur d’atre envahissante, de peur qu’elle ne lui réponde que cela n’était pas ses affaires. Chase pouvait être absolument partout qu’elle n’aurait eu absolument aucune idée de ses activités. « Je devrais probablement partir, je ne veux pas te déranger. » finit par dire Jake, tirant Heaven de ses pensées. « Sauf si tu aimes la pizza végétarienne, j’en ai pris une grande et j’aime pas tellement ça. » Toujours sur le pas de la porte, elle hésita. Elle observa le carton de la pizza, puis le visage du journaliste, avant de finalement jeter un regard derrière elle pour observer son appartement vide. Elle avait l’impression qu’il s’agissait d’une question piège. D’un test. D’une épreuve. Sa gorge se serra et, sans qu’elle ne s’en rende compte, elle posa une main sur son ventre pour trouver une lueur de réconfort. Elle avait l’impression qu’il la mettait au pied du mur. Heaven ne lui faisait pas confiance, non. A vrai dire, elle doutait pouvoir le faire avant de nombreux mois, quand elle aurait finalement réussi à enterrer l’histoire de son père, quand elle aurait enfin appris à aller de l’avant. Cependant, depuis la dernière fois qu’ils avaient bien pu se voir, elle avait fini par se rendre à l’évidence ; Jake Cavendish n’était pas une personne fondamentalement mauvaise. Peut-être une personne maladroite dans ses débuts de carrière, mais sans intentions véritablement cruelles. Heaven poussa un soupir avant de finalement ouvrir la porte un peu plus grand et lui faire signer d’entrer. « Qui aime les pizzas végétariennes, » marmonna-t-elle en fermant derrière Jake. Elle savait que Chase ne mangeait jamais de viande et trouvait cela presque mignon que Jake ait fait l’effort de s’adapter à son régime alimentaire. En passant à côté du meuble de l’entrée, elle attrapa son téléphone et pianota rapidement un message à l’attention de son frère. Je te rappellerai un peu plus tard, j’ai de la visite. Je ne t’en veux pas, ne te fais pas de soucis pour rien. xx Puis, avançant avec des pas lourds, le dos légèrement douloureux, elle accompagna Jake jusque dans la cuisine. Elle s’assit sur une des chaises, posant un coude sur la table. « Tu peux laisser la pizza de côté si jamais elle finit par revenir, » dit-elle finalement en haussant vaguement les épaules. Elle avait faim, oui. Elle avait toujours faim, comme si son ventre était constamment en attente de nourriture. C’était sans doute vrai, au fond. Elle n’était plus toute seule. Mais la pizza végétarienne ne lui donnait pas très envie ; et puis elle n’avait pas envie, non plus, de manger le dîner de sa colocataire herbivore. « Ca fait longtemps que vous vous connaissez ? » C’était étrange, quelque part. Etrange de poser des questions comme cela. Etrange de prendre la parole et de faire comme s’ils pouvaient avoir une conversation normale. Ils n’en savaient jamais eu, au fond. Tout avait toujours été motivé par la rancune, par la colère. Heaven avait été suffisamment bornée pour croire que cela ne changerait pas. Mais, la vérité, c’était que tout était possible quand elle y mettait un peu du sien.
Jake O. Cavendish
i am every word i ever said.
» Date d'inscription : 21/03/2015
» Messages : 20836
» Pseudo : marine / tearsflight
» Avatar : jon kortajarena
» Âge : thirty-two years old
» Schizophrénie : Alexander & Olivia
(✰) message posté Dim 21 Juin 2015 - 12:09 par Jake O. Cavendish
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Il reste sur le pas de la porte, propose même d’entrer sans savoir réellement ce qui le pousse à faire ça. Ils ne s’entendent pas, ça a été établi la dernière fois qu’ils se sont vus. Pourtant, Jake ne peut s’empêcher de se demander si ce n’était pas seulement la faute de sa maladresse. Son manque de subtilité quand il commençait à peine dans le métier. S’ils s’étaient rencontrés dans d’autres circonstances, peut-être qu’ils se seraient mieux entendus. Ou peut-être pas. De toute façon, rien ne sert de se poser la question. La vérité, c’est qu’elle ne l’aime pas et l’a bien montré. Mais Jake avait tout de même eu l’impression que les choses s’étaient légèrement arrangées entre eux au fil de la journée. Pas au point qu’ils soient amis, bien entendu, mais elle avait au moins cessé de crier. Il ignore pourquoi il reste, pourquoi il entre quand elle ouvre la porte un peu plus. Peut-être est-ce parce qu’elle est enceinte, même s’il ne sait pas ce que ça change. Elle est toujours Heaven. Elle n’a pas changé, son ventre a juste grossi. Elle l’était sûrement déjà lorsqu’ils se sont revus, il y a quelques temps. Mais il ne le savait pas. Ou peut-être parce que, s’il croyait au destin, il penserait que celui-ci les réunit pour une raison. Parce qu’ils ont quelque chose à accomplir ou quelque chose du genre. « Qui aime les pizzas végétariennes, » Elle non plus n’aime pas visiblement. A croire que la recette est faite pour que les non-végétariens ne puissent pas aimer. Et encore, il n’est même pas sûr que les vrais végétariens aiment réellement. Ou s’ils les mangent par défaut, parce qu’il y a de la viande sur toutes les autres. Il suit Heaven à l’intérieur, comme s’il entrait en terrain inconnu. Il n’est que rarement venu ici. Chase y a emménagé après son retour d’Afghanistan et disons que leur relation n’était déjà pas au beau fixe à l’époque. Et aujourd’hui, il entre avec Heaven. Et l’impression qu’il n’a rien à faire là n’en est que renforcée. Il observe Heaven se tenir le ventre, confirmant ce dont il était presque déjà certain. Elle est bel et bien enceinte. Il la suit jusqu’à la cuisine, où il finit par poser le carton de pizza sur la table. Il connait les lieux et pourtant, il a l’impression de les découvrir pour la première fois. Comme si le fait qu’Heaven vive aussi ici changeait tout. Parce qu’elle non plus, il ne la connait pas finalement. Il sait quelques petites choses sur elle, quelques choses plus importantes mais il ne la connait pas. La preuve, il n’aurait jamais suspecté qu’elle puisse vivre avec Chase ou qu’elle puisse être enceinte. « Tu peux laisser la pizza de côté si jamais elle finit par revenir, » Heaven n’a pas l’air de savoir grand-chose de Chase. Ou peut-être que c’est normal de pas forcément savoir où est sa colocataire à tout moment. Après tout, ce n’est pas parce qu’elles vivent ensembles qu’elles doivent tout savoir l’une sur l’autre. Jake observe la pizza. Il a beau ne pas aimer les ingrédients, l’odeur qui émane du carton lui donne faim. Mais autant la laisser à quelqu’un qui l’appréciera vraiment, Heaven a raison. Il tire une chaise pour s’assoir à côté d’elle. Ça parait presque surréaliste. Eux deux assis autour d’une table. Qu’est-ce qu’ils font ensemble ? La question ne cesse de passer dans l’esprit de Jake, sans qu’il y trouve de réponse. « Ca fait longtemps que vous vous connaissez ? » Il la regarde, à nouveau étonné que la propre colocataire de Chase ne sache rien de lui. Pour qu’elle n’ait jamais fait le lien entre eux, elle n’a jamais dû en parler. Il ne doit pas non plus y avoir de photos d’eux affichées. Il tourne la tête et ne tombe sur aucune photo. Chez lui, il a plusieurs photos du passé. De leur passé commun. Mais ça ne devrait pas l’étonner. Elle continue à avancer alors que lui reste bloqué dans un passé qui n’a plus lieu d’être. Il sort finalement de ses pensées pour regarder Heaven. « Oh oui, ça fait vingt ans. On était voisins à l’époque. » Décrire la relation qu’ils avaient quand ils étaient enfants est beaucoup plus simple. Ils n’avaient même pas besoin de se poser la question. Chase, c’est ma meilleure copine ! Voilà ce qu’il aurait dit avec un grand sourire quand il était gamin. Depuis, tout a changé, et pas dans le bon sens du terme. « Elle ne m’a pas dit qu’elle avait une colocataire, ça fait longtemps que tu es là ? » Ils discutent mais une gêne persiste entre eux. Ils ne sont pas totalement à l’aise. Parce qu’ils ont plus été habitués à être désagréables l’un avec l’autre. Et finalement, avoir une conversation civilisée n’est pas si facile. « C’est… Tu en es à combien de mois ? » A quoi bon retenir la question ? Là, s’il se trompe sur sa grossesse, il ne comprendra pas son erreur. Il en est persuadé, autant aborder le sujet. Surtout qu’il est vrai qu’il s’interroge. Même s’il ne sait rien d’elle, il n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse être enceinte. Visiblement, elle n’est ni fiancée ni mariée. Aucune bague à son doigt. Alors naturellement, il se pose la question. Qui est le père ? Sauf qu’il ne la prononce pas à voix haute. Non, ils ne se connaissent pas assez pour ça. « Je crois que des félicitations sont de rigueur en tout cas. » Dit-il avec un sourire. Il ne sait pas comment briser la glace qui refuse de fondre entre eux. Ce qui l’avait fait fondre la dernière fois, c’était leur conversation à propos de son père. Sauf qu’aborder le sujet à nouveau serait sans doute une erreur, il le sait. Et il n’a aucune envie de l’énerver.
(✰) message posté Dim 5 Juil 2015 - 20:22 par Invité
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ Heaven ne savait pas réellement ce qu’il se passait, ni même comment ils avaient bien pu en arriver là. Elle ne réussissait pas à appréhender l’idée qu’ils puissent être tous les deux assis à la même table en restant calmes, en étant tous les deux consentant, en se parlant posément. Elle ne réussissait pas à se dire qu’il s’agissait de Jake en face d’elle, ce même Jake qui l’avait harcelé quelques années plus tôt, ce même Jake qu’elle avait agressé il y avait de cela une poignée de semaines. Au fond, même si elle ne souhaitait pas se l’avouer, Heaven regrettait. Heaven regrettait d’avoir choisi la carte de la colère plutôt que la carte de l’indifférence. Heaven regrettait de ne pas leur avoir laissé le choix, de les avoir poussé à la dispute et à la confrontation bien avant qu’ils n’aient le temps de choisir un terrain plus propice, plus assuré. Elle savait que c’était de sa faute. A l’instant même où les mots avaient dépassé sa pensée, elle avait su que c’était de sa faute. Pourtant, elle était encore bien trop fière pour l’admettre à voix haute ; alors, même si elle ressentait tous ces regrets animer ses veines, même si elle savait qu’il lui suffisait simplement de s’expliquer et de demander des excuses correctement, elle préférait se taire. Se taire et tout garder pour elle. Se taire et laisser ce climat plein de tensions envahir leur conversation. Se taire et garder sa fierté intact. Le monde lui paraissait si petit qu’il l’oppressait presque. Elle faisait partie de ces personnes qui aimaient l’idée de disparaître dans la nature quand leur quotidien devenait plus difficile ; cependant, à force d’expérience et de preuves du destin, elle avait fini par se rendre compte qu’on ne pouvait jamais réellement se faire oublier. Qu’on ne pouvait jamais réellement reconstruire une existence totalement différente, qu’il y avait toujours un évènement pour rattraper ces personnes qui n’avaient pas eu suffisamment de courage pour affronter leurs réalités en face. Cela n’arrivait pas forcément tout de suite. Cela arrivait peut-être dans cinq, dix, vingt ans. Mais cela se produisait. Cela se produisait avec la même probabilité qu’il y avait que Jake sonne à sa porte à elle sans prévenir, resurgissant de son passé sans qu’elle ne s’y attende. Alors, oui, Heaven aimait se dire qu’elle pouvait disparaître, recommencer. Mais elle avait fini de le faire. Elle avait fini de courir loin pour distancer son passé parce que celui-ci trouvait toujours un moyen de revenir vers elle. « Oh oui, ça fait vingt ans. On était voisins à l’époque, » expliqua Jake à propos de Chase. Heaven hocha doucement la tête. Elle ne lui avait jamais parlé de lui mais, après tout, elles ne s’étaient jamais réellement parlé ; Heaven n’était même pas sûre qu’il aurait été opportun que Chase mentionne son ancien voisin lors d’une de leurs rares conversation. « Elle ne m’a pas dit qu’elle avait une colocataire, ça fait longtemps que tu es là ? » Elle revint sur Terre en posant son regard sur Jake. Elle n’y pouvait rien ; elle se braquait légèrement en entendant une question venant de lui, mais elle n’avait pas encore assimiler qu’il pouvait entretenir une conversation sans être intéressé par derrière. Après tout, il avait été ce journaliste à vouloir en savoir plus sur elle, à réclamer des informations, à chercher à tout pris des confidences de sa part. Cela remontait, oui. Cela remontait il y a très loin. Cependant, cela l’avait marqué, marqué plus qu’elle n’osait l’admettre, marqué parce que cela s’était produit à un moment de sa vie où elle avait remis tout son univers en question. « Oh, non, non, » répondit-elle finalement, se forçant à revenir sur Terre. « J’ai emménagé au début de l’année. Chase m’a dit qu’elle avait mis du temps à trouver quelqu’un parce qu’elle avait été plutôt exigeante avec les autres personnes qui étaient intéressés par la colocation. » Heaven haussa les épaules, n’allant pas plus loin. Si Jake connaissait Chase, peut-être la retrouverait-il dans les faits qu’elle venait de lui énoncer ; au final, elle ne connaissait que très peu sa colocataire, se contentant de noter dans un coin de sa tête tous les détails qu’elle pouvait relever au fur et à mesure de leur cohabitation. Cela ne lui révélait jamais rien d’extraordinaire, peut-être simplement des préférences culinaire ou de rangement, mais cela dévoilait le côté humain de Chase. Comme si, de cette manière, Heaven s’assurait qu’elle n’était pas un monstre comme son père. Heaven remarqua l’hésitation de Jake quand il reprit la parole mais ne dit rien pour l’aider, ni même pour le refouler avant qu’il n’articule quoi que ce soit. « C’est… Tu en es à combien de mois ? » La question tomba sans qu’elle ne s’y attende. Ses yeux s’arrondirent, devenant deux grosses billes bleues fixant le journaliste. « Je crois que des félicitations sont de rigueur en tout cas, » ajouta-t-il. Elle sourit doucement, baissant le regard le temps de quelques secondes. Par réflexe, sa main retrouva la peau tendue de son ventre. « J’en suis à cinq mois, à peu près, » répondit-elle avant de relever le regard. « Ca ne se voyait pas encore, quand j’étais en stage. Merci, en tout cas. » Heaven s’attarda sur le regard de Jake, y cherchant du jugement, de la désapprobation, mais rien ne sembla l’interpeler dans ses prunelles. Il paraissait vouloir faire la conversation, ne sachant pas réellement où mettre les pieds avec une personne comme Heaven en face de lui ; elle demeura silencieuse le temps de trouver quelque chose de plus avenant à prononcer, et ses yeux se perdirent sur le carton contenant la pizza. « D’ailleurs, je suis presque sûre que bébé à faim, » reprit-elle avec un vague sourire sur les lèvres. « Mais je me demande si manger une pizza végétarienne est sans risque, parce qu’on soit d’accord, c’est absolument infecte. » Elle fronça le nez pour souligner ses paroles. Elle prenait légèrement sur elle pour ne pas céder à son instinct d’auto-défense ; rien, dans ses paroles, ne lui paraissait naturel mais elle espérait qu’en étant plus ouverte, leurs problèmes se résoudraient d’eux-mêmes.
Jake O. Cavendish
i am every word i ever said.
» Date d'inscription : 21/03/2015
» Messages : 20836
» Pseudo : marine / tearsflight
» Avatar : jon kortajarena
» Âge : thirty-two years old
» Schizophrénie : Alexander & Olivia
(✰) message posté Lun 6 Juil 2015 - 16:17 par Jake O. Cavendish
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Il est aisé de voir la gêne entre eux, alors qu’ils sont assis autour d’une table. Ils parlent de choses simples, sans savoir pourquoi ils le font. Jake ne le sait pas en tout cas. Ils ne sont pas amis et ne le seront peut-être jamais. Il y a encore peu de temps, elle le détestait. S’il était arrivé à sa porte avant de l’avoir en tant que stagiaire, elle lui aurait tout simplement fermé la porte au nez. Il en est presque certain. Mais quelque chose avait changé. Ils avaient pu parler de tout ça, plus calmement. Il ne sait pas si elle lui a pardonné. Il ne compte pas lui demander. Il ne tient pas vraiment à l’énerver à nouveau. Il avait pensé qu’après ses explications, qu’après son stage, il ne la reverrait plus. Que c’était le genre de rencontre qu’on met derrière soi. Qui permettent une fin plus saine. De tourner la page. Il en avait longtemps voulu à Heaven alors que c’était sans doute à lui-même qu’il aurait dû en vouloir. Ou à son mentor qui lui avait demandé d’obtenir son interview à tout prix, quand il savait que c’était impossible. Il avait compris tout ça en la rencontrant à nouveau. En apprenant un peu à la connaitre. En apprenant ce qu’elle avait vécu, et surtout comment elle l’avait vécu. Il ne s’était jamais mis dans ses chaussures, voyant son histoire comme un sujet de reportage et rien d’autre. Il avait évolué depuis, heureusement. Et la revoir lui avait permis de réaliser tout cela. Il avait pensé que ça serait tout. Que leurs chemins ne se croiseraient plus. Parce qu’ils n’avaient pas à le faire. Parce qu’ils s’étaient tout dit. Et pourtant, les voilà, tous deux dans la même pièce à nouveau. Il parait que le monde est minuscule et ceci le prouve. Jake ne sait pas pourquoi il est resté. Par curiosité. Par compassion. Ou simplement par défaut. Parce qu’il ne voulait pas repartir. Elle aurait pu le mettre dehors. Ne pas le laisser entrer. Ça ne l’aurait pas étonné. Ni vexé. « Oh, non, non, J’ai emménagé au début de l’année. Chase m’a dit qu’elle avait mis du temps à trouver quelqu’un parce qu’elle avait été plutôt exigeante avec les autres personnes qui étaient intéressés par la colocation. » Il hoche la tête doucement, pas étonné que Chase soit compliquée sur ce choix. Elle doit sans doute avoir besoin de faire confiance. Pour être à l’aise. Un instant, il se demande si elle pourrait faire plus confiance à Heaven qu’à lui. Ça serait possible. Il n’en sait rien. Jake ne sait même pas si elles sont proches. Il espère naïvement que si elles l’étaient, Heaven saurait pour lui. Que Chase lui en aurait parlé. Mais la vérité, c’est qu’il n’en est pas du tout certain. Il se jette finalement à l’eau et parle de sa grossesse. Il ne voit pas comment il pourrait se tromper. Et il est curieux d’en savoir plus. Ça n’est pas étonnant qu’elle n’en ait pas parlé pendant son stage. Ils n’étaient pas amis et ne le sont toujours pas. Seulement, elle ne peut plus le cacher maintenant. Maintenant que son ventre s’est nettement arrondi. « J’en suis à cinq mois, à peu près, » Cinq mois. Il baisse le regard vers la main qu’elle pose sur son ventre. Il n’a aucune idée de ce que ça veut dire concrètement. Il ne sait où en est le développement d’un bébé à cinq mois. Assez développé pour qu’on remarque sa présence, c’est tout ce qu’il sait. « Ca ne se voyait pas encore, quand j’étais en stage. Merci, en tout cas. » Il a l’impression qu’elle est gênée de parler de ça avec lui. Comme s’il s’immisçait dans son intimité sans que ça paraisse normal. Comme s’il n’avait rien à faire ici. « En effet, je n’avais pas remarqué à l’époque. » Se contente-t-il de dire. Il devrait sans doute partir. La laisser retourner à sa vie. Sa vie dans laquelle il n’a rien à faire. Mais il ne parvient pas à se décider. Sans doute qu’il n’a pas envie de la laisser seule. C’est stupide. Est-ce vraiment cette grossesse qu’il ignorait qui change tout ? Il n’en sait rien. « D’ailleurs, je suis presque sûre que bébé à faim, » Il lui offre un sourire timide. C’est vrai que l’odeur de la pizza – bien qu’elle ne soit pas très bonne – ouvre l’appétit. « Mais je me demande si manger une pizza végétarienne est sans risque, parce qu’on soit d’accord, c’est absolument infecte. » Il se tourne vers le carton, pensant à nouveau à l’idée qu’il a eue tout à l’heure. Il ouvre le carton pour dévoiler la pizza. Bien trop de légumes, trop peu de viande. Changer quelque chose ne pourra pas la rendre pire. « On peut toujours essayer d’arranger ça. » Dit-il en se levant pour aller se laver les mains dans l’évier de la cuisine. Il revient rapidement aux côtés d’Heaven et sourit. Entre eux aussi, ça peut difficilement être pire. Peut-être que ça peut changer. Qu’ils peuvent briser cette glace qui semble installée entre eux. « Dis-moi ce que tu veux que j’enlève. Oignons, poivrons, courgettes ? » Il remonte ses manches avant de se pencher plus en avant pour analyser un aliment qu’il ne reconnait pas. « J’y connais rien, asperge ou soja ? » Il soulève le bout étrange pour le montrer à Heaven, un sourire rieur sur les lèvres. « Dans le doute, je propose qu’on enlève. » Il hausse les épaules et s’affaire à retirer les bouts de cet élément inconnu. Il ne sait pas vraiment ce qu’il fait mais il le fait. « Tu regardes dans le frigo pour voir si on peut rajouter de la viande ? Je suis nul en cuisine mais on peut toujours combiner nos forces pour faire quelque chose d’à peu près bon. » Il achètera une autre pizza pour Chase, une autre fois. De toute façon, il ne sait pas quand elle va rentrer. La pizza sera sûrement froide d’ici-là et peut-être mangeait-elle dehors. C’est rare qu’il mette la main à la pâte ainsi, même si ce n’est que pour enlever des ingrédients. D’habitude, il ne commande pas des choses qu’il n’aime pas. Nul besoin de changement du coup. Mais pour disposer quelques aliments sur une pizza, il n’y a pas besoin d’être un grand chef, si ? Alors qu’il enlève les derniers morceaux, une question lui vient à l’esprit. Il se tourne vers Heaven. Détourne le regard à nouveau. Puis ose finalement. « Le… papa, il habite ici aussi ? » Il imagine mal un couple sur le point d’avoir un enfant emménager en colocation. A moins de problèmes financiers, qu’est-ce qu’il en sait après tout ?
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ Il y avait des choses, dans la vie d’Heaven, qu’elle préférait taire. Des épisodes tout entiers qu’elle gardait sous silence. Elle confinait ses souvenirs dans un coin de son esprit, elle verrouillait certains faits dans les tiroirs de sa mémoire. Elle détestait dire son nom de famille. Elle aimait encore moins devoir justifier ses liens de sang avec son père. Elle ne supportait pas le simple fait d’évoquer les chemins tortueux de son existence. Elle avait encore du mal à parler ouvertement de son frère paraplégique alors qu’il était si essentiel à son existence qu’elle ne s’imaginait pas une journée sans l’appeler. Ce n’était pas de sa faute. Elle était une grande gueule mais la retenue structurait sa vie, son existence, son parcours bancal. Elle était une grande gueule mais c’était ce qu’elle ne disait pas qui était le plus important, le plus essentiel. Heaven disait tout ce qui lui passait dans la tête mais taisait les plus grands problèmes de sa vie. S’exprimer sur certains sujets était difficile, pour elle. Si difficile qu’elle peinait à faire la part des choses, si difficile qu’elle s’attendait à chaque fois, peut-être un peu trop, au jugement des autres quand qu’elle pouvait bien lâcher une information sur elle, quand elle pouvait bien lever le voile sur un détail qu’elle contenait au fond de son coeur. Le regard de Jake semblait la sonder mais elle savait qu’au fond il n’attachait aucune importance à ce qu’elle pouvait lui dire ; il faisait simplement la conversation en attendant que Chase ne revienne, il passait simplement le temps sans se formaliser du reste. Ses doigts se crispèrent anxieusement sur son ventre sans qu’elle ne parvienne à contrôler sa prise, imaginant les titres que cela pouvait faire dans les journaux, imaginant ce qu’il pouvait bien faire d’une information aussi insignifiante que celle-ci. Elle savait, pourtant. Elle savait que ce n’était pas son intention. Elle savait qu’il avait dépassé ce stade, qu’il était bien loin de ces aspirations-là. Pourtant, elle songeait au pire. Pourtant, elle ne réussissait pas à s’en empêcher. C’était plus fort qu’elle. Elle était la propre victime de ses pensées confuses et de ses craintes décousues et infondées. Heaven avait sans doute été trop exposée au courroux des autres. Trop exposée au jugement de son entourage. Trop exposée aux coups bas. « En effet, je n’avais pas remarqué à l’époque, » confirma-t-il et Heaven hocha doucement la tête avant de finalement désigner la pizza qui se trouvait devant leurs yeux pour rebondir sur un autre sujet dans leur semblant de conversation. C’était sa manière, également, de lui dire qu’il pouvait rester. Qu’il pouvait dîner avec elle s’il tenait réellement à recoller les morceaux de leur relation catastrophique. Qu’elle l’acceptait réellement dans son espace vital, dans son cocon. Jake répondit à ses paroles en soulevant le carton de la pizza, dévoilant les légumes qui reposaient sur la pâte fine. Heaven grimaça, secouant la tête par dépit, incapable de savoir comment les végétariens pouvaient accepter d’engloutir une nourriture pareille sans y repenser à deux fois. Sans qu’elle ne le veuille réellement, elle se surprit à admirer Chase pour son courage, mais également à s’interroger sur sa santé mentale. « On peut toujours essayer d’arranger ça, » lança Jake et Heaven arqua un sourcil face à sa proposition de solution. Elle n’était pas extrêmement convaincue, mais ils pouvaient toujours essayer. « Dis-moi ce que tu veux que j’enlève. Oignons, poivrons, courgettes ? » Elle haussa les épaules, balayant le vide d’un geste de la main. Il s’était rapidement lavé les mains avant de mettre courageusement ses doigts sur la pizza douteuse pour trier chaque aliment d’une main experte. « Retire les poivrons et les oignons, » lui dit-elle en jetant un coup d’oeil par-dessus le carton. Elle n’était pas sûre que leurs maigres tentatives porteraient leurs fruits, mais elle était reconnaissante que Jake mette littéralement la main à la pâte. Elle mit quelques secondes avant de finalement se lever à son tour, avec moins d’aisance que Jake, afin de se laver les mains à son tour. Quand elle glissa ses doigts plein de savon sous le jet, la voix de Jake l’incita à se tourner dans sa direction. « J’y connais rien, asperge ou soja ? Dans le doute, je propose qu’on enlève. » Elle observa avec attention l’aliment qu’il lui désignait avant d’acquiescer. « J’approuve. Dans tous les cas, ça n’a pas l’air bon, » déclara-t-elle. Il commença à trier pour mettre chaque petits morceaux de côté. Heaven se surprit à l’observer, à le détailler du regard. Elle se surprit à l’observer faire sans parvenir à détacher ses yeux de lui. Elle ne le connaissait pas sous ce jour-là, non ; elle ne connaissait pas ce Jake serviable et plein d’entrain, capable de faire le tri dans les aliments d’une pizza pour qu’ils puissent la dévorer sans aucune crainte. Elle appréciait cette vision. Elle lui donnait confiance, aussi, comme si elle se rendait compte qu’il n’était qu’un homme. « Tu regardes dans le frigo pour voir si on peut rajouter de la viande ? Je suis nul en cuisine mais on peut toujours combiner nos forces pour faire quelque chose d’à peu près bon, » reprit-il et elle finit par détacher son regard de lui. Elle revint sur Terre, se fracassant sur le sol, laissant ses gestes répondre d’eux-mêmes à la demande de Jake. Elle ouvrit la porte du frigidaire, son regard se perdant dans tout ce qu’il y avait au frais. « Le… papa, il habite ici aussi ? » Heaven ne s’était pas attendue à cette question, même quand elle l’avait vu se tourner plusieurs fois dans sa direction sans jamais parler. Son coeur rata un battement et elle resta silencieuse le temps de remettre de l’ordre dans ses idées. Puis, finalement, elle se racla la gorge. « Non, il n’est pas en Angleterre pour le moment, » finit-elle par dire. Elle savait à quoi cela pouvait bien ressembler. Elle savait que les autres avaient plus facilement tendance à croire qu’il était parti plutôt que se dire qu’il était tout simplement retenu ailleurs, retenu contre sa volonté. Et cela la révoltait presque. « Il est natif de New York. Il a dû y retourner pendant un temps. C’est lui qui a évoqué l’idée que je trouve une colocataire le temps qu’il revienne au cas où il m’arriverait quoi que ce soit pendant la grossesse. » Sa gorge était serrée. Elle ne pouvait pas dire qu’il s’était fait interner. Elle ne pouvait pas dire qu’il était encore là-bas sans que les médecins acceptent de le faire sortir. « J’ai du jambon ou des lardons qu’on peut faire revenir à la poêle, » finit-elle par dire en attrapant les deux paquets dans le frigo. « On peut même rajouter du fromage de chèvre, histoire de noyer le goût des légumes. » Elle avait changé de sujet sans être très fine, sans chercher à faire des efforts, presque brusquée par ses propres pensées, brusquée par la réalité. Elle lui adressa l’ébauche d’un sourire en mettant sous ses yeux les deux choix qu’elle lui offrait, chassant de son esprit Caleb, chassant ses propres doutes et ses propres incertitudes.
Jake O. Cavendish
i am every word i ever said.
» Date d'inscription : 21/03/2015
» Messages : 20836
» Pseudo : marine / tearsflight
» Avatar : jon kortajarena
» Âge : thirty-two years old
» Schizophrénie : Alexander & Olivia
(✰) message posté Mar 7 Juil 2015 - 9:44 par Jake O. Cavendish
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Il ne sait absolument rien d’elle en vérité. Il ne sait que ce qu’elle a bien voulu lui dire. C’est sans doute déjà beaucoup quand on connait leur histoire. Encore faudrait-il qu’on puisse appeler ça une histoire. Quelques rencontres hasardeuses. Pas forcément plaisantes. Le hasard semble prendre un malin plaisir à les rapprocher, sans que Jake en comprenne la raison. Ils se croisent sans arrêt. Sans raison. Sans qu’ils le souhaitent réellement. Et ils laissent le hasard faire. Comme s’ils n’y pouvaient rien. Comme si le combattre ne changerait rien. Avec leur chance, même si Jake avait tourné les talons en la trouvant derrière la porte, ils se seraient sans doute recroisés autre part. Heaven ne sait rien de lui, non plus. Elle ne le connait pas. L’avait jugé sur une erreur de journaliste inexpérimenté. Il ne sait pas si son avis avait foncièrement changé. Sans doute ne l’aurait-elle pas laissé entrer chez elle dans le cas contraire. Ils sont loin d’être amis. Loin de pouvoir se faire confiance. Mais les choses ont tout de même évoluées. Et peut-être qu’ils ne se connaîtront jamais totalement. C’est difficile de tout savoir d’une personne. Il y a toujours des zones d’ombre, même quand on pense connaître une personne. Parce qu’on ne saura jamais ce qui peut passer par la tête de quelqu’un. On peut essayer de deviner. Mais on ne peut jamais en être certain. Il n’a pas besoin de se forcer. Bien sûr, il veut crever l’abcès installé entre eux. Qu’ils puissent parler sans être gênés. Alors quand elle déclare avoir faim, il décide d’y remédier, malgré ses faibles talents cuisiniers. Préparer autre chose serait sans doute plus simple. Meilleur aussi. Mais même une omelette, il serait capable de la rater. Avec la pizza, beaucoup de choses sont déjà prêtes au moins. Même s’il se retrouve à retirer la plupart des ingrédients. « Retire les poivrons et les oignons, » Il sourit en commençant le travail minutieux. Il aurait pu commander une pâte nature, ç’aurait été plus facile. Mais il n’aurait jamais pu deviner que les choses tourneraient ainsi. Il n’aurait jamais pu deviner qu’il tomberait nez à nez avec Heaven et qu’il se retrouverait à cuisiner avec elle. Non, il n’aurait jamais pu imaginer une telle chose. Et il n’arrive pas à décider si c’est une bonne chose ou non. « J’approuve. Dans tous les cas, ça n’a pas l’air bon, » Elle n’est sans doute pas beaucoup plus douée que lui en cuisine. Ou bien c’est juste cet aliment qu’elle ne connait pas. Jake n’a jamais compris comment on pouvait s’imposer de manger de telles choses. Même quand on refuse de manger de la viande, il reste d’autres aliments meilleurs que tout ce qui se trouve sur cette pizza. A chaque fois qu’il lui posait la question, Chase lui répondait qu’elle aimait ça. Jake sent le regard d’Heaven sur lui mais ne relève pas la tête. Continue de trier méticuleusement la garniture de la pizza. Elle perd peu à peu de ses couleurs. Il se demande pourquoi Heaven le regarde mais ne lui posera pas la question. En ce moment, il a l’impression qu’ils sont dans une des premières phases d’une relation classique. Le moment où l’on s’observe, où l’on apprend à se connaître peu à peu. Quand il y a encore un peu de retenue entre les deux personnes. Encore un peu de gêne avant que tout devienne normal. Sauf qu’entre eux, c’est différent. Il ne saurait dire comment exactement. Après quelques hésitations, Jake pose finalement la question à propos du père. Il ne veut pas la mettre mal à l’aise alors il passe par une question détournée. Même s’il se demande sincèrement s’ils vivent tous les deux ici, avec Chase. Etant conscient de la fortune de la famille d’Heaven, ça serait surprenant qu’ils aient besoin de partager le loyer. Mais il ne sait rien de sa situation finalement. Et ça n’a rien d’étonnant. Dans leur situation, elle n’allait pas lui raconter sa vie sentimentale. Comme lui ne le ferait pas avec elle. « Non, il n’est pas en Angleterre pour le moment, » Il la regarde une seconde, essayant de deviner ce qu’elle pense. Il baisse la tête pour continuer son travail, sans trop savoir s’il peut lui demander des détails. Il a peur qu’elle se braque à vrai dire. Il a l’impression de marcher sur des œufs. L’impression qu’il suffit d’une phrase mal interprétée pour qu’elle s’énerve. Il l’a déjà vue s’énerver à deux reprises, il en connait les conséquences. « Il est natif de New York. Il a dû y retourner pendant un temps. C’est lui qui a évoqué l’idée que je trouve une colocataire le temps qu’il revienne au cas où il m’arriverait quoi que ce soit pendant la grossesse. » Il hoche la tête doucement alors qu’il l’écoute. Il a l’impression qu’elle n’est pas satisfaite de cette situation, mais qu’elle n’y peut rien. « Il a eu une bonne idée en effet. » En cas de complications, mieux vaut ne pas être seule. Il note qu’elle n’a directement déclaré qu’elle était avec lui. Il ne sait pas comment l’interpréter. Ça pourrait très bien être un faux indice. Qu’elle ait juste oublié de le dire. « J’espère pour toi qu’il reviendra bientôt alors. » Fait-il en la regardant. Être seule alors qu’elle est enceinte, il imagine que ça ne doit pas être facile. Mais il ne connait pas la situation exacte et ne veut pas insister. Surtout qu’elle change rapidement de sujet, parlant à nouveau de leur pizza improvisée. « J’ai du jambon ou des lardons qu’on peut faire revenir à la poêle, » Une chose qu’il sait faire. Ça n’a rien de compliqué et il en a souvent dans son frigo, au cas où il n’aurait pas envie de commander quelque chose. Son alimentation est vraiment lamentable, il le sait mais n’a pas la motivation ou le temps nécessaire pour la changer. « On peut même rajouter du fromage de chèvre, histoire de noyer le goût des légumes. » Il acquiesce alors qu’elle sort les aliments du frigo. C’est un peu étrange de faire la cuisine avec Heaven, parce qu’il ne la fait jamais avec personne. Il donne parfois un coup de main à sa mère quand il va chez elle, mais rien de bien difficile. Et voilà qu’aujourd’hui, c’est lui qui propose. « Bonne idée, j’pense qu’on pourra la mettre un peu au four pour faire cuire le reste, non ? » A vrai dire, il n’en sait rien. Il n’a jamais fait ça ou même fait de pizza lui-même alors est-ce que faire cuire à nouveau une pizza est une bonne idée ? Ça pourrait ruiner tous leurs efforts si ça faisait brûler la pizza. Mais le fromage de chèvre doit être fondu pour être bon. Il ramasse tout ce qu’il a enlevé de la pizza pour mettre le tout à la poubelle. Rien ne sert de les garder. « Laisse, je m’en occupe. » Dit-il en prenant le chèvre de ses mains. Il coupe alors des tranches plus ou moins égales, qu’il dispose sur la pizza. Peut-être aurait-elle fait mieux. Certainement même. « Peut-être même que ça va être bon, comme quoi. » A les voir tourner ainsi autour de la table pour faire la cuisine, on croirait presque qu’ils sont amis. Peut-être que c’était ce qu’il leur fallait pour effacer cette gêne installée entre eux. C’est un bon début en tout cas.
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ Elle savait à quoi cela pouvait ressembler. Elle savait que les autres pouvaient facilement se dire qu’elle avait été abandonnée, abandonnée par un homme qui avait pris peur, abandonnée par une personne qui ne la méritait pas. Elle savait que les autres pouvaient aisément blâmer son petit-ami, le blâmer et lui jeter la pierre. Mais, la vérité, c’était que c’était bien le contraire ; d’eux deux, elle était celle qui ne méritait pas l’autre, elle était celle qui était une moins que rien en comparaison. Elle aimait Caleb de tout son coeur et elle avait toujours été étonné qu’il puisse éprouver la même chose pour elle, malgré ses défauts, malgré les mauvais côtés de sa personnalité ; elle savait que s’il n’était pas là, à ses côtés, c’était parce qu’il ne pouvait pas, parce qu’il n’avait pas le droit. Elle savait que s’il n’était pas là, à ses côtés, c’était pour des raisons indépendantes de sa volonté, qu’il aurait aimé, préféré, profiter de chacun instant pour la soutenir dans ces instants tortueux. Elle avait ses convictions, elle croyait en leur amour, elle croyait en lui, tout simplement. La situation ne lui convenait pas mais elle s’y conformait parce qu’elle pensait sincèrement que l’avenir serait plus facile. Mais les autres ne connaissaient pas Caleb comme elle pouvait bien le connaître, elle. Mais les autres ne connaissaient pas Caleb, pas au point de se rendre compte qu’il aurait été bien incapable de s’en aller sans se retourner, pas au point de se rendre compte qu’il ne faisait pas partie de ces personnes capables de tourner la page dès que quelque chose ne leur convenait pas. Il n’aurait pas pu partir. Il n’aurait pas pu partir sans le dire. Il n’aurait pas pu partir sans en parler, sans lui avouer. Sa grossesse avait été une surprise mais pas complètement inattendue ; Heaven se réconfortait dans l’idée, à chaque fois, qu’il avait été celui à suggérer d’arrêter toute protection pour laisser le destin faire les choses. Peut-être ne s’était pas attendu à ce que ce soit aussi rapide. Peut-être n’avait-il pas imaginé que cela marche tout de suite. Mais il avait été celui à émettre l’idée. Celui à le vouloir. Celui qui avait désiré commencer une famille le premier. Heaven ne voulait pas du jugement de Jake, mais ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer tout ce qu’il pouvait bien avoir dans le crâne en cet instant. Son regard était fuyant comme si elle risquait de découvrir, au fond de ses yeux, les mots qu’elle ne souhaitait absolument pas entendre. Elle refusait que l’on puisse la prendre pour une jeune femme abandonnée. Elle refusait que l’on puisse imaginer que le départ de Caleb ait été volontaire. « Il a eu une bonne idée en effet, » répondit Jake, finalement. Heaven hocha la tête, approuvant néanmoins ses paroles. Elle avait été réticente, au départ. Réticente à l’idée qu’elle puisse s’installer ailleurs le temps qu’il revienne. Puis, finalement, elle s’était faite une raison. Elle ne pouvait pas vivre seule. Pas en étant aussi immature. Pas en étant aussi fragile, même si elle aimait clamer le contraire quand bon lui semblait. « J’espère pour toi qu’il reviendra bientôt alors. » Son regard se posa sur elle, et elle ne sut pas très bien ce qu’il pensait en disant cela. S’il pensait donner des espoirs à une jeune femme désespérée ou s’il pensait réellement ses mots parce qu’il croyait à son histoire. Elle haussa doucement les épaules, avant de se racler la gorge. « J’espère aussi, » répondit-elle. C’était tout ce qu’elle pouvait dire, après tout. Tout ce qu’elle pouvait affirmer. Oui, elle espérait. Elle espérait qu’il reviendrait bientôt parce que le temps lui paraissait long, sans lui. Mais elle savait que seul l’avenir pourrait réellement lui apporter une réponse. Elle finit par ressortir des aliments du frigidaire, trouvant simplement des lardons et du fromage de chèvre à ajouter pour tenter de récupérer la pizza que Jake avait bien pu ramener. Elle se prêtait au jeu, quelque part ; cela lui permettait de lui donner des excuses pour oublier la première impression qu’elle avait eu de Jake, pour oublier la colère qu’il semblait s’amuser à réveiller en elle dès qu’il en avait l’occasion. « Bonne idée, j’pense qu’on pourra la mettre un peu au four pour faire cuire le reste, non ? » lui dit-il. Elle réfléchit quelques instants à ses paroles, ne sachant pas réellement la réponse. Elle n’était pas forcément très douée, en cuisine. A vrai dire, elle avait toujours eu quelqu’un pour l’être à sa place. Le cuisinier chez ses parents. Dylan quand elles habitaient ensemble. Les divers restaurants où elle prenait à emporter, à chaque fois. « Oui, je pense, elle risquera juste d’être un peu sèche. Dans tous les cas, son goût ne pourra pas être pire que maintenant. » Elle fronça les sourcils, alors que Jake était occupé à jeter à la poubelle tout ce qu’il avait bien pu retirer de la pizza. « Laisse, je m’en occupe, » dit-il finalement, et elle ne tenta même pas de l’en empêcher. Elle le regarda couper le fromage de chèvre en tranches avant de le disposer sur la pizza qu’ils avaient quasiment dénudée. Même s’il n’était pas encore fondu, cela avait déjà l’air un peu plus appétissant qu’auparavant. « Peut-être même que ça va être bon, comme quoi, » déclara Jake en faisant échos à ses pensées. Heaven esquissa un sourire, encore perturbée par ses questions qui avaient concernées Caleb. Elle ouvrit un grand tiroir où était rangé toutes les casseroles, puis attrapa une poêle avant de la poser sur le feu. « Tu sais faire revenir des lardons, toi ? » demanda-t-elle finalement. Elle se sentait presque idiote de poser une question pareille. Presque stupide. Peut-être l’était-elle réellement, au fond ; cependant, elle aimait croire que ce n’était pas forcément de sa faute, que ses parents étaient la cause de ce qu’elle était désormais. Ils s’étaient appliqués à lui inculquer des valeurs aristocratiques mais avaient oublié les fondements même de l’existence. « Je crois que je n’ai jamais touché de poêle de ma vie, » déclara-t-elle alors, songeant qu’il valait sans doute mieux jouer la carte de l’humour. « On m’a souvent répété que ce n’était pas à une lady de le faire, ce que j’ai toujours trouvé profondément bête, d’ailleurs. Mais il y a toujours un jour pour apprendre. » Elle haussa les épaules, incapable de tourner la tête vers Jake pour poser son regard sur lui. C’était étrange, cet atmosphère. Comme si elle ne savait pas réellement où mettre les pieds. Comme si elle avait des limites pour la première fois de son existence.
Accueil 
And the worst part is, before it gets any better we're headed for a cliff and in the free fall I will realize that I'm better off when I hit the bottom ✻✻✻ Adossé contre le mur, Jake regarde son téléphone. Il n’y a pas eu de nouvelles informations depuis qu’il a quitté le travail tout à l’heure. Rien d’intéressant du moins. Les médias ne parlent presque plus des prises d’otages et des fusillades qui se sont déroulées il y a deux semaines. C’est normal, le monde a toujours fonctionné ainsi. A moins d’une révélation, sur un des braqueurs ou sur leurs motivations, on va de moins en moins en parler, jusqu’à arrêter complètement. Comme toutes les informations, celle-ci se perdra, est déjà dépassée par d’autres. Bien sûr, personne n’oubliera vraiment mais ça fera juste partie de l’histoire. Sauf pour ceux qui en ont été victimes. Pour les proches des personnes tuées également. Une tragédie vue de l’extérieur, ça n’a rien à voir. Être au milieu de tout ça, c’est complètement différent. On ne voit pas les choses de la même façon. Et c’est pour ça que, depuis, Jake était affecté exclusivement à tout ça au journal. Il avait été la personne interviewée d’ailleurs. C’était normal. Mais il voudrait bien pouvoir passer à autre chose, reprendre sa vie comme avant.
Jake & heaven — do you think the universe fights for souls to meet over again? some things are too strange and strong to be coincidences. ✻ ✻ ✻ « Vous avez commencé à songer à des prénoms ? » Heaven esquissa un sourire en entendant la question de son grand-frère, allongée sur son lit, observant le plafond avec attention. Elle cala le téléphone contre son oreille avant de prendre une profonde inspiration. Sa main était logée contre la peau tendue de son ventre et, de temps à autre, son bébé venait lui donner des petits coups comme pour lui assurer qu’il était toujours là. Comme pour lui assurer qu’il était toujours là et qu’il allait bien. Qu’il allait bien et qu’il ne partirait pas. Aussi étrange que cela puisse paraître, maintenant que son ventre commençait réellement à être imposant, Heaven se sentait moins seule. Elle n’avait plus peur de cette pièce vide dans laquelle elle se trouvait ; elle avait l’impression que son fils était là, avec elle, et que, de cette manière, elle n’avait même plus de raison de ne pas se sentir en sécurité. « On a quelques idées, oui, » répondit-elle avec malice. Elle était volontairement vague. Elle avait volontairement évité les détails. Parce qu’Heaven était ainsi. Elle voulait que son frère lui pose des questions. Elle voulait que son frère lui prouve tout l’intérêt qu’il pouvait bien avoir. Elle voulait être le centre de son attention, comme elle avait souvent eu l’occasion de l’être au cours de ces dernières années. Elle voulait avoir l’impression d’être importante. Elle voulait avoir l’impression de compter. Et, de cette manière, elle avait l’impression d’avoir des raisons d’avancer. « Arrête de faire de la rétention d’informations et balance, » lui lança son frère et elle se mit à rire. « Et qu’est-ce que tu me feras si je ne dis rien ? » Elle l’entendit presque lever les yeux au ciel. Il la connaissait par coeur. Il savait qu’elle agissait comme une gamine. Il savait que c’était plus fort qu’elle. Il savait qu’elle était sans cesse en demande d’attention, comme pour compenser avec le mal-être qui l’habitait chaque jour, chaque heure, chaque instant. « Je le dirais à mère. » Son chantage ne fit qu’accroitre son hilarité et elle roula sur son matelas afin d’être installée sur le côté. Elle cala un coussin sous son ventre pour que cela soit plus confortable. « Tu n’oserais pas, » répliqua-t-elle, faussement outrée. Elle était sans doute trop fière pour l’admettre, ou trop réservée sur ses sentiments pour songer à l’avouer, mais elle appréciait ces conversations avec son frère. Elle appréciait lui parler tous les jours. Elle appréciait de le redécouvrir. Et, surtout, elle appréciait cette force qu’il avait, cette force qui l’avait poussé à ne pas se laisser abattre suite à son accident de ski. « Très bien, si tu insistes, » reprit-elle. « On a pensé à Adrian, Gabriel et Ezra. Mais je t’avouerai que j’ai une petite préférence pour Ezra. » Cela avait été compliqué d’en parler avec Caleb. Compliqué d’utiliser des lettres pour débattre. Compliqué d’échanger des idées, compliqué d’avoir des conversations sérieuses, simplement en ayant recours à l’écrit.