"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici the ones worth suffering for. / alexandra - Page 2 2979874845 the ones worth suffering for. / alexandra - Page 2 1973890357
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the ones worth suffering for. / alexandra

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() message posté Ven 14 Aoû 2015 - 0:12 par Invité

Alexandra & eugenia — the truth is everyone is going to hurt you. you just got to find the ones worth suffering for. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression de la retrouver, de la retrouver avec toute la retenue du monde, toute cette retenue prouvant à quel point je pouvais porter notre amitié dans mon coeur. Prouvant à quel point j’avais peur de ces débuts, peur du faux-pas, peur de briser nos tentatives et nos espoirs à l’aube, peut-être, d’un renouveau. Les pensées s’emmêlaient dans mon crâne mais je n’osais pas dire la moitié de ce qui pouvait bien m’effleurer l’esprit. Je ne voulais pas la déranger, troubler le cours de son existence, mais j’étais dans un état tel que j’avais besoin de me confier, besoin de lui parler, besoin de partager. Besoin comme j’avais toujours eu besoin de faire partie de son existence. Besoin comme ce besoin que j’avais étouffé au fond de mon être par fierté, par bêtise, aussi, sans doute. Elle m’était essentielle, quelque part. Essentielle comme elle n’avait sans doute jamais pu se rendre compte à quel point elle pouvait l’être.
Elle avait remplacé ma soeur sans qu’elle ne s’en rende compte, durant ces années où nous n’avions pas eu peur de nous qualifier du mot amies. Scarlet et moi n’avions pas été proches ; elle avait semblé vivre dans un univers différent du mien, lointain et hors de portée, un univers que je ne pourrais jamais atteindre malgré tous les efforts du monde. Alexandra avait été là, elle, et, de la même manière, j’avais été là pour elle. Alexandra m’avait accepté toute entière, telle que j’avais été, et il me paraissait presque idiot, désormais, que je puisse avoir songé après mon accident qu’elle puisse ne plus m’observer de la même manière.
J’avais été idiote. Suffisamment idiote pour être la première à descendre notre amitié sans réfléchir correctement.
Je lui avais parlé de Julian, sans doute plus que nécessaire, adolescente puérile et éprise, jeune adulte perdue dans son coeur et dans son âme. Je n’avais jamais su m’arrêter quand il fallait ; j’avais eu besoin de partager tout ce que j’avais en moi et Alexandra avait pris le temps de m’écouter, de m’écouter et me rassurer. A force, elle nous connaissait que trop bien. A force, elle pouvait presque s’imaginer l’étendu des désastres que nous avions provoqué au fil des mois sans avoir besoin de moi pour lui narrer nos mésaventures. Entendre que nous nous étions finalement trouvés ne paraissait pas la surprendre et je ne savais pas si je devais m’en formaliser. Peut-être qu’être ensemble était une évidence pour les autres, avant même que cela ne nous percute. Je n’en savais rien. « Je savais que vous étiez ensemble. Julian me l’avait dit, alors la surprise est moins flagrante, c’est sans doute pour ça, » m’expliqua-elle et j’hochai la tête comme s’il s’agissait d’une évidence. Un sourire flotta sur mes lèvres alors que je me redressai, dégageant mes épaules pour faciliter la respiration de mes poumons. Julian et elle étaient proches, après tout ; il était probable qu’il lui ait raconté tous les épisodes de notre relation de son côté, à sa manière, avec sa propre version des faits. « Qu’est-ce qu’il t’a dit d’autre, sur nous ? »  finis-je par demander, une certaine tristesse voilant mon regard. « Désolée, c’est juste que je me demande à quoi ressemble sa version des faits. »  J’haussai doucement les épaules, comme si cela n’avait aucune importance, alors qu’au fond cela me travaillait bien plus que nécessaire.
J’avais peur de ce qu’il avait bien pu dire, oui, comme si, à travers ses yeux, j’étais une personne profondément mauvaise. Après tout, Julian était doué avec les mots, doué avec l’anglais, doué avec les structures des phrases et la syntaxe. Il savait précisément comment faire pour parvenir à ses fins. Et, ce, même si cela impliquait de me faire passer pour ce que je n’étais pas.
La vérité n’était pas quelque chose qui existait réellement, au fond. Personne n’avait vraiment tort, personne n’avait vraiment raison. J’avais conscience des erreurs. Mais, je savais également que Julian avait été trop aveuglé pour comprendre toutes les nuances de mes gestes et de mes mots. « Alors tu sauras les lui dire. Il n’y a que toi qui puisses le faire, » me dit Alexandra et je revins sur Terre. Je relevai les yeux vers elle, cherchant son regard, avant de lui adresser l’ébauche d’un sourire. « Je pense que cette demande est une manière pour lui de te faire comprendre qu’il est prêt à partager toutes ces choses avec toi, même celles qu’il pourrait encore ne pas connaître. » J’hochai la tête avec retenue, ne sachant pas si elle disait cela parce qu’il lui avait dit ou parce qu’elle le pensait réellement. J’avais envie de la croire de tout mon coeur, de tout mon être, mais ma peur grandissait dans ma poitrine sans que je ne puisse la réduire. Sans que je ne puisse la contenir. « Je ne connais pas tes craintes, Eugenia, » reprit-elle alors. « Mais tu devrais avoir confiance en toi, confiance en vous. » J’eus un rire léger, sentant mes joues se colorer doucement. J’avais envie de croire en nous, réellement ; je voulais croire en notre couple, à cette destinée qui ne devait plus me faire peur. Pourtant, parfois, j’avais ces doutes qui hantaient ma poitrine. Ces doutes qui m’empêchaient de respirer. Ces doutes qui ne voulaient pas m’abandonner. Me laisser tranquille. « J’ai vraiment envie de nous faire confiance, tu sais. Mais tu me connais, »  lui dis-je. Je ne savais pas si faire une remarque de la sorte m’était autorisé. Je ne savais pas si j’avais le droit d’évoquer à quel point nous avions bien pu être proches. Parce que, oui, elle me connaissait. Même si le temps avait passé, elle me connaissait toujours. J’étais encore cette jeune femme peu sûre d’elle. J’étais encore cette jeune femme perdue dans un coeur trop grand pour elle. « J’attends toujours le moment où ça sera trop pour lui. »  Ma gorge se noua, puis je pris une profonde inspiration. « C’est gentil de me rassurer, cela dit. Merci, »  ajoutai-je en lui adressant un sourire. J’avais l’impression de revenir en arrière. Revenir en arrière quand les choses étaient plus faciles, entre nous.
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() message posté Ven 4 Sep 2015 - 4:08 par Invité
« Qu’est-ce qu’il t’a dit d’autre, sur nous ? » demanda-t-elle finalement après une seconde de flottement. J’aurais pu anticiper ses interrogations. J’aurais pu entendre son hésitation avant de les formuler. Mais je relevai tout de même mon regard vers elle, en une légère inspiration. J’ignorais totalement quoi répondre à cela, j’ignorais ce que j’étais en droit de lui dire. Je ne pouvais qu’imaginer, une fois de plus, les craintes qui venaient voiler ses prunelles. « Désolée, c’est juste que je me demande à quoi ressemble sa version des faits. » se reprit-elle d’elle-même avant que je n’eus à dire quoique ce soit. « Il n’a jamais réussi à me soutirer une seule de tes confidences, tu sais. » lui glissai-je finalement, une lueur amusée au fond de mon regard. « Je lui dois la pareille. Mais rien de ce que j’ai pu entendre ne m’a surprise sur toi, même lorsque l’on ne se parlait plus. » Ces derniers mots me paraissaient bien peu pour décrire notre éloignement, pour décrire ce qui nous avait déchirées mais ils étaient les seuls, sur l’instant, les seuls à pouvoir évoquer cette période sans avoir à y replonger. J’espérais que cela suffirait à la rassurer, que cela suffirait à lui suggérer qu’il n’y avait rien de grave, rien à retenir contre lui, que sa version des faits n’avait jamais remis en cause ce qui les unissait. J’avais eu du mal à comprendre en moi-même ce que j’avais pu ressentir en recevant les confidences de Julian sur leur relation. Il y avait eu un moment où j’aurais aimé m’en moquer, m’en sentir suffisamment détachée pour ne pas sentir mon cœur se serrer à l’idée qu’il n’y aurait plus que comme cela que je pouvais avoir de ses nouvelles, qu’il n’y aurait plus jamais que cette façon : entendre parler d’Eugenia, de loin, alors que nous avions été autrefois si proches. Mais je n’avais jamais réussi à m’en désintéresser. Car je ne mentais pas sur l’instant, rien ne m’avait jamais réellement surprise dans ce qui m’avait été dit. Nous évoluions loin l’une de l’autre, mais elle ne m’avait jamais été étrangère. Je n’avais jamais cessé de la reconnaître, jamais cessé de la comprendre, même lorsque je l’aurais voulu, même lorsque j’avais pu le lui dire, avec une amertume et une colère que je ne me connaissais pas. Et c’était tout ce que je pouvais lui confier aujourd’hui, alors qu’elle me demandait de lui en dire plus. Cela résumait tout, à mon sens. Elle ne m’avait jamais été dénigrée. Je laissai un sourire s’esquisser sur mes lèvres, réalisant doucement la scène que nous étions en train de jouer. Je n’avais jamais été de ces jeunes filles, aptes à se projeter dans l’avenir, disposées à spéculer, très tôt, sur celui qui les accompagnera, sur celui que l’on désirait voir à ses côtés plus tard. Je l’ignorais, je l’avais toujours ignoré. Mais cela n’avait pas été le cas d’Eugenia. Et tout semblait prendre finalement sa place dans le fil ténu de nos existences. « J’ai vraiment envie de nous faire confiance, tu sais. Mais tu me connais … J’attends toujours le moment où ça sera trop pour lui. » finit-elle en un soufflement et je pus sentir à quel point ces mots lui coutaient. Je la connaissais, oui. J’avais aimé pouvoir dire la connaître par cœur et j’aurais aimé penser aujourd’hui que tel était toujours le cas, malgré les obstacles que la vie avait créé, malgré le temps qui avait sculpté nos esprits. Il y avait eu l’accident d’Eugenia et je n’avais plus été là. Je pouvais cependant deviner qu’elle l’évoquait à demi-mots et penser que cela ne changeait rien à la personne que je connaissais, aux amies que nous avions été, aux amies que nous étions en train de retrouver. « Arrête d’attendre et vis. C’est un moment heureux, ne t’empêche pas d’en profiter. » Arrêter d’attendre. Arrêter de s’imaginer des choses qui n’arriveront sans doute jamais, arrêter de reporter dans le temps ce que nous étions supposées vivre sur le moment. Je ne pouvais qu’entendre la résonance de ces conseils en moi, guidant mon existence dans un équilibre instable. Et elle me connaissait également. Elle me connaissait, pour savoir que malgré la légèreté de mes mots, je n’oubliais pas à quel point ils pouvaient être difficiles à appliquer. C’est en ayant peur de ses faiblesses que l’on devient fragile. Je refusais de l’être. Et Eugenia ne l’était pas, elle ne l’avait jamais été. « C’est gentil de me rassurer, cela dit. Merci. » Je hochai la tête une fois, comme si elle n’avait pas à me remercier, elle n’avait jamais eu à le faire. Tout ceci n’avait été qu’une évidence, il n’y a pas si longtemps, même si nous nous étions efforcées de l’oublier. « J’espère avoir réussi, même un peu. » me contentai-je de répondre en l’interrogeant du regard. J’hésitai un instant avant de finalement laisser échapper : « Une seconde. » Je dépliai mes jambes en frottant mes mains l’une contre l’autre pour me débarrasser des miettes de pâtisserie avant de me lever et de laisser Eugenia derrière moi pour me rendre dans ma chambre. J’hésitai une seconde en laissant mes yeux balayer la pièce avant d’ouvrir l’un de mes tiroirs et d’y glisser mes mains. Je n’étais pas certaine de l’endroit où cela se trouvait, je n’étais plus certaine de vouloir le lui donner, mais il était sans doute trop tard. Je finis par en ressortir un porte-clés, neuf mais sobre, coloré mais ne représentant rien de particulier. Rien à première vue. Je laissai un léger soupir s’échapper d’entre mes lèvres avant de le renfermer dans la paume de ma main. J’étais fière et peu expansive. Cela n’avait jamais été une qualité mais je m’y raccrochais, comme si cela me permettait tout de même de ne pas tomber, de ne jamais perdre pied. Pourtant, il y avait eu cette soirée dans l’ascenseur bloqué, cet incident qui nous avait empêchées de nous ignorer davantage, forcées à nous reparler, permises de plaisanter à nouveau, même sur un sujet aussi futile qu’un porte-clés en guise de dédommagement. J'étais retournée les chercher, quelques jours après. Mais contrairement à Eugenia, je ne m’étais jamais décidée à frapper à sa porte. Je revenais dans le salon, en passant une main distraite dans mes cheveux avant de m’asseoir de nouveau. Je levai les yeux au ciel, presque amusée, presque hésitante également comme si rien de tout cela n’importait réellement. « Ils nous le devaient, tu te souviens ? » Je déposai l’objet sur la table basse devant elle avec détachement. J’ignorais si elle s’en souvenait, mais je n’avais plus le loisir de me le demander. « Il n’y avait pas de raisons qu’on s’en prive, j’y suis retournée. » L’ébauche d’un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je relevai mes yeux sur elle. « Considère ça comme l’un de tes premiers cadeaux de fiançailles. » rajoutai-je enfin. « Tu auras mieux, je l’espère. » finis-je avec une moue qui me fit plisser les yeux. Je tentai de voir dans son regard si elle comprenait, si elle se souvenait, si elle ne trouvait pas cela dérisoire. Cela pouvait l’être à première vue, cela l’était de toute évidence pour n’importe qui d’autre. Mais il s’agissait pourtant de ce qui avait mis fin à notre déchirement. C’était sans doute dérisoire, mais se souvenir des futilités de cet instant était également ce qui avait fini de nous sauver.
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() message posté Dim 27 Sep 2015 - 14:55 par Invité

Alexandra & eugenia — the truth is everyone is going to hurt you. you just got to find the ones worth suffering for. ✻ ✻ ✻ Alexandra avait toujours eu une position délicate, bien avant cet instant précis, bien avant mon accident. Elle avait été la demi-soeur d’une des petite-amies de Julian que je m’étais appliquée à détester de tout mon coeur, après tout ; elle avait toujours été partagée entre deux personnes, entre deux histoires, entre deux versions. Elle s’était toujours retrouvée au milieu de toutes ces situations qui ne la concernaient même pas, au milieu de toutes ces situations qu’elle ne méritait certainement pas de connaître. Je ne lui avais jamais demandé de choisir entre Samantha et moi, entre Julian et moi ; j’avais été trop reconnaissante qu’elle m’accepte toujours dans son existence pour me permettre d’être si égoïste. J’étais peut-être dotée d’une curiosité débordante mais j’avais toujours fait du mieux que je pouvais pour ne pas lui poser trop de questions ; j’avais désiré de tout mon coeur en savoir plus sur mille-et-une choses qu’elle devait sans doute savoir, mais je m’étais toujours arrangée pour me taire, la plus grande partie du temps. Puis, fatalement, j’avais laissé échappé mes questions à quelques reprises. Je m’étais excusée presque immédiatement. J’avais tenté de ne pas attacher trop d’importance à ses réponses détachées et évasives et je lui avais été reconnaissante d’être si fidèle, d’être si loyale.
J’avais su que je pouvais compter sur elle, même si elle était la demi-soeur de quelqu’un, même si elle se retrouvait souvent partagée entre deux de ses proches. J’avais su que je pouvais compter sur elle et, maintenant que je me rendais compte qu’elle avait gardé contact avec Julian, j’avais l’impression d’être passée à côté d’elle, cette personne si importante, cette personne qui avait tant compté. Cela me rendait presque triste. Triste et nostalgique. Cela me faisait regretter une centaine de choses, cela me donnait envie de recommencer une centaine d’autres. Mais personne ne pouvait retourner en arrière. Personne ne pouvait refaire le passé. Il ne me restait plus qu’à avancer. Avancer et cesser de répéter les mêmes erreurs, ces mêmes erreurs que j’avais faites en me basant sur des motivations si dérisoires. « Il n’a jamais réussi à me soutirer une seule de tes confidences, tu sais. Je lui dois la pareille. Mais rien de ce que j’ai pu entendre ne m’a surprise sur toi, même lorsque l’on ne se parlait plus, » me répondit-elle, son regard habité par de l’amusement. Je sentis le soulagement se déverser dans mes veines et, même si sa réponse paraissait bien vague, ses mots me semblaient sincères. J’hochai doucement la tête, demeurant silencieuse, ne désirant pas la forcer à s’étendre d’avantage sur un sujet sans doute délicat.
Après tout, Julian lui faisait confiance. Alexandra ne trahirait jamais ses confessions. Absolument jamais.
Doucement, ses mots se répétèrent dans mon esprit et je notai que si rien ne l’avait surprise, cela n’avait absolument plus aucune valeur à mes yeux ; je ne savais pas ce qu’Alexandra pouvait bien penser de moi, désormais. Je ne savais pas ce qu’elle me pensait être capable de faire. Je ne savais pas, non. Je ne savais plus, même. Je secouai la tête pour chasser mes pensées, laissant d’autres craintes prendre leur place ; j’avais beau être heureuse, j’avais beau être contente, j’avais beau avoir l’impression que ma vie était en train de changer, cela ne me retirait pas toutes mes angoisses.
J’avais peur. Tout le temps, tous les jours. J’avais peur comme je n’avais jamais eu peur auparavant parce que, pour une fois, j’avais quelque chose à perdre. Lui. « Arrête d’attendre et vis. C’est un moment heureux, ne t’empêche pas d’en profiter, » me lança Alexandra. Je l’observai, le visage fermé, les traits tirés par l’anxiété. Elle avait raison, au fond. Je ne faisais que perdre mon temps à être si tracassée. Je ne faisais que gâcher tout ce que nous étions en train de connaître en imaginant des possibilités. Je pris une inspiration comme pour me donner du courage, sans parvenir à complètement me détacher de mes peurs. Alors, au lieu de lui affirmer que je la croyais, au lieu de lui mentir sur mes états d’âme, je préférai la remercier de tenter de me rassurer. De me rassurer comme elle avait bien pu tenter de le faire auparavant. « J’espère avoir réussi, même un peu, » me répondit-elle. Ses yeux m’observèrent avec attention, détaillant mes traits comme si elle cherchait une réponse sur mon visage. Je lui adressai un sourire avant d’hausser les épaules. « Je vais travailler sur la question, »  répondis-je évasivement. C’était tout ce que je pouvais lui offrir, du moins, pour le moment.
Puis, à l’instant où je décidai que nous avions sans doute trop parler de moi, elle m’interrompit dans le cours de mes pensées en se redressant. « Une seconde. » Elle se leva pour disparaître dans son appartement et je fronçai les sourcils. J’attendis là, les mains sur les genoux, intriguée et légèrement inquiète même si je savais que je n’avais absolument aucune raison de l’être. Puis, finalement, après quelques minutes, Alexandra finit par revenir, se réinstallant à sa place initiale après avoir passé une main dans sa chevelure. « Ils nous le devaient, tu te souviens ? » me demanda-t-elle. Je fronçai les sourcils avant de la voir déposer un petit objet sur la table basse. Je me penchai en avant jusqu’à ce que je sois retenue par la ceinture de sécurité de mon fauteuil pour observer le porte-clef et un sourire apparut sur mes lèvres. « Il n’y avait pas de raisons qu’on s’en prive, j’y suis retournée, » ajouta-t-elle avec détachement, un sourire venant illuminé son visage. « Considère ça comme l’un de tes premiers cadeaux de fiançailles. Tu auras mieux, je l’espère. » Je me surpris à rire avant d’attraper le porte-clef. Je l’observai quelques instants, une expression amusée sur le visage. J’étais touchée, vraiment touchée. Touchée qu’elle s’en souvienne, touchée qu’elle présente ce porte-clef comme s’il s’agissait d’un cadeau de paix, d’un cadeau pour notre propre renouveau. J’étais touchée, si touchée. « Tu es vraiment pas croyable, »  finis-je par dire, de nouveau parcourue par un rire. Je secouai la tête comme si cela était affligeant, alors qu’au fond, cela m’émerveillait presque. « Mais au fond, je ne suis même pas sûre que ça me surprenne. Tu semblais vraiment vouloir ce porte-clef… »  J’haussai les épaules, comme si cela était la fatalité, comme si c’était plus fort qu’elle. Au fond, c’était sans doute le cas. J’avais suffisamment connu Alexandra pour me rendre compte que je pouvais encore anticiper certaines de ses réactions. « Ils t’ont laissé choisir, au moins ? »  demandai-je avant de refermer mes doigts sur le porte-clef. « Merci beaucoup en tout cas. Je vais le garder bien précieusement. »  Précieusement parce qu’il s’agissait d’un objet précieux, d’un objet doté d’une signification particulière. Je me trouvais puérile de le prendre de cette manière mais j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un geste pour me dire qu’elle était prête. Prête à sa manière. Prête pour tourner la page. Prête pour réellement avancer, comme nous nous l’étions promis.
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() message posté Mar 6 Oct 2015 - 1:20 par Invité
Ce n’était pas aussi simple et je le savais, pas aussi simple que nous l’aurions voulu, certainement plus aussi simple qu’avant, avant ce que nous avions connu, avant que la vie ne se décide à s’abattre sur nous, à notre tour. Il était facile de donner ces conseils, beaucoup plus épineux de les suivre à la lettre. Eugenia le savait, et je n’allais pas insister. Les évènements premiers, les souffrances initiales finissaient, presque fatalement, par se décomposer en mille séquences tout aussi douloureuses, perpétuant et nourrissant douloureusement le choc premier. Ce dernier trouvait avec le temps sa pluralité, les peines, les douleurs et les déceptions se chargeaient de nous faire hésiter quant à notre manière d’appréhender les simples moments de joie et de certitude. Car c’était cela à présent notre réalité : l’appréhension. L’appréhension de ce que ces moments d’insouciance cachaient derrière eux, l’appréhension des dégâts que les jours futurs étaient capables de nous infliger encore une fois. Je laissais le soin au temps de me prouver cette réalité : je savais qu’il me manquait, chaque jour un peu plus. Le temps de se séparer, le temps de ne plus se quitter, le temps d’oublier, le temps de faire un enfant avec une autre, le temps de me résigner au fait que ce n’était pas celui-là qu’il voulait, de toute manière, pas forcément avec moi. Le temps était capable de tout si nous le laissions faire. Je pouvais voir Eugenia hésiter avant qu’elle ne laisse un vague sourire se dessiner sur ses lèvres. « Je vais travailler sur la question. » Et elle haussa les épaules, comme si rien n’était plus compliqué que cela. Nous nous ressemblions sur ce point là, également. Nous ne faisions plus de promesses, impossibles à tenir, conjuguant nos phrases au futur avec prudence. Je hochai la tête, lointaine, avant de me lever pour m’éloigner dans l’appartement.
Je m’installai dans le canapé une nouvelle fois pour poser le porte-clés sur la table basse qui nous séparait. Il n’y avait que les plaisanteries pour expliquer mon geste, les excuses amusées pour l’expliquer. Je me surprenais déjà à le lui donner, je me surprenais à ne pas l’oublier finalement au fond de mon tiroir, par fierté, par habitude de me taire, encore une fois, comme nous l’avions décidé il y a plusieurs mois. De me taire parce que je ne savais plus faire autrement, parce que nous nous étions enfermées dans ce silence, persuadées qu’il s’agissait désormais d’une fatalité à laquelle il nous était impossible d’échapper. De me taire parce que je n’avais plus le courage de recoller des morceaux que j’avais cru brisés, parce que je m’étais résignée à croire qu’ils le resteraient et que toute tentative serait provisoire et illusoire. Mais Eugenia avait pris les devants, en sonnant à ma porte. Elle avait décidé que cette conversation dans l’ascenseur ne serait pas vaine, et je ne pouvais que la suivre à mon tour, rassurée de pouvoir le faire.
« Tu es vraiment pas croyable. » laissa-t-elle échapper dans un rire contenu tout en secouant la tête, comme si elle jugeait ma réaction exagérée ou insistante. Elle l’avait sans doute été, après tout. J’avais senti l’agacement parcourir mes veines dès les premières secondes d’enfermement dans cet ascenseur. J’avais l’habitude d’insister lorsqu’il s’agissait d’obtenir ce à quoi nous avions droit. Même pour quelque chose d’aussi insensé aux yeux des autres. Surtout pour quelque chose d’aussi futile aux yeux des autres mais possédant une signification toute autre aux nôtres. « Mais au fond, je ne suis même pas sûre que ça me surprenne. Tu semblais vraiment vouloir ce porte-clef… » J’acquiesçai vaguement d’un hochement de tête, amusée par sa réaction. J’ignorai si elle disait cela ainsi, sans réellement y penser, par habitude, ou si elle le croyait vraiment. Si cela ne la surprenait pas, au fond, si il y avait encore ces détails, sans doute infimes, mais qui constituaient toujours le socle de notre amitié. C’était ces détails que nous n’aurions jamais avoués il y peu de temps, désireuses de faire croire l’une à l’autre que nous n’avions plus rien en commun. C’était ces détails que nous acceptions désormais de reconnaître et d’exprimer. « Je peux être têtue, je sais. » concédai-je avant de rajouter d’un ton un peu plus contrit quoique amusé : « Ils le savent aussi maintenant. » Nous avions été enfermées de longues minutes dans cet espace clos. Si je m’étais décidée, en premier lieu, à demander des excuses de la part des responsables du magasin, c’était pour diriger mon agacement vers quelqu’un d’autre, pour ne pas penser à Eugenia, renfermée également, à quelques centimètres de moi, pour ne pas penser aux reproches que nous étions capables de nous adresser pour la énième fois. Penser à n’importe quoi d’autre. Mais ces reproches avaient finalement eu lieu, ces reproches avaient été formulés pour nous permettre de nous comprendre, enfin, nous permettre finalement de nous retrouver, ici, dans mon appartement, pour la première fois depuis des mois. Cet enfermement n’avait pas été vain ni dommageable, et j’étais finalement allée chercher ces porte-clés pour une toute autre raison qu’un geste commercial, qu’un dédommagement inutile et sans valeur. J’avais été têtue, oui, mais pour de bonnes raisons finalement, je l’espérais. « Ils t’ont laissé choisir, au moins ? » Je laissai échapper un rire avant de baisser les yeux sur l’objet qu’elle renferma dans sa paume. « On aurait pu se retrouver avec bien pire. » plaisantai-je à demi-mots, comme s’il s’agissait ici d’une véritable trouvaille comparée aux autres tape-à-l’œil ou enfantins qui m’avaient été proposé. Comme si nous accordions une quelconque importance à l’esthétique de ce porte-clés. Il n’avait de valeur que celle que nous décidions de lui accorder dans un souvenir muet et commun de ce qui s’était libéré ce jour-là. « Merci beaucoup en tout cas. Je vais le garder bien précieusement. » Je souris légèrement et passai une main distraite dans mes cheveux. Elle pesait ses mots et ne disait rien qu’elle ne pensait pas totalement, elle me l’avait prouvé tout à l’heure. « Je me disais que tu allais trouver ça ridicule, j’hésitais à te le donner. » Je pouvais bien le lui avouer, d’un air toujours légèrement détaché, comme si cela n’aurait pas été si grave. Mais je tentais en réalité simplement de la remercier également, la remercier d’avoir compris. « Ou je l’aurais fait passer par Julian, mais ça aurait été un premier cadeau de fiançailles assez nul de sa part. » finis-je en fronçant les sourcils, malgré mon amusement. C’était rassurant de pouvoir en parler avec elle, sans craindre de faire un pas de côté, sans craindre de montrer que je savais déjà, que j’avais su avant qu’elle ne décide de m’en parler. C’était rassurant de pouvoir en parler avec elle, parce qu’elle avait bien voulu que je sois dans la confidence, parce qu’elle l’avait décidé.
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() message posté Mer 11 Nov 2015 - 20:50 par Invité

Alexandra & eugenia — the truth is everyone is going to hurt you. you just got to find the ones worth suffering for. ✻ ✻ ✻ Je ne m’y étais pas attendue, non. Je n’avais pas songé qu’elle puisse réellement le faire même si ce n’était pas grand chose, au fond. J’étais touchée par son attention, touchée par le fait qu’elle ait réellement mis ses paroles à l’oeuvre. Elle n’avait sans doute pas fait cela pour moi mais j’aimais croire que j’avais été présente dans un coin de son esprit quand elle était allée réclamer un dédommagement pour cet épisode dans l’ascenseur de ce magasin. Et cela me suffisait. Cela me convenait. Cela me permettait de me rendre compte que, si j’avais été celle à frapper à sa porte, cela ne voulait pas forcément dire qu’elle n’en aurait pas fait de même de son côté. Que cela n’avait peut-être été qu’une question de temps avant qu’elle ne finisse par me rendre visite chez moi, dans mon appartement, comme j’étais en train de le faire ; que, peut-être même y avait-elle songé plus d’une fois sans pour autant réussir à franchir le pas.
Nous allions tous à notre rythme, nous prenions le temps qu’il nous fallait. Sur ce point-là, Alexandra et moi étions semblables ; nous avions toujours eu cette retenue, cette fierté, presque, qui nous empêchait de faire les premiers pas et qui nous poussait à attendre, inlassablement. Nous avions besoin de temps. Sans doute de trop. Sans doute de beaucoup trop.
J’observai le porte-clef en me rappelant de tout ce que je pouvais bien savoir sur Alexandra Wood-Bower, esquissant un sourire en me rappelant qu’elle avait toujours fait preuve d’un entêtement rare. Lorsqu’elle m’avait dit que le magasin avait intérêt à nous offrir quelque chose, j’avais rangé l’information dans un coin de mon esprit, l’oubliant avec le temps. Mais, maintenant que je me retrouvais avec l’objet entre les doigts, je me rappelais à quel point cela n’aurait pas dû me surprendre. Parce qu’Alexandra était comme ça. Parce qu’Alexandra ne laissait pas les choses passer. Parce qu’Alexandra allait au bout de ses pensées, au bout de ses paroles, comme elle avait bien pu me le montrer à plusieurs reprises lorsque j’avais été celle à endurer ses mots.   « Je peux être têtue, je sais, » admit-elle et j’esquissai un sourire en arquant un sourcil. Il ne s’agissait que d’un euphémisme, quelque part, mais ses mots m’amusaient. « Ils le savent aussi maintenant. » Je laissai échapper un rire, bref mais sincère. Ils n’avaient pas eu de chance, dans ce magasin, que cela tombe sur une personne comme Alexandra ; si j’avais été particulièrement honteuse, dans cette situation, de me faire remarquer bien plus que d’habitude et avais donc, par conséquent, préféré de faire profil bas, elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds quand elle savait qu’elle était en position de force.
Je l’admirais, quelque part, aussi. Je l’admirais parce qu’elle n’avait pas peur de réclamer son dû, parce qu’elle n’avait sans doute pas hésité une seule seconde d’y retourner pour leur faire vivre un petit enfer le temps qu’ils finissent pas concéder à ses demandes. « On aurait pu se retrouver avec bien pire, » nota-t-elle et je reportai mon attention sur le petit accessoire. J’haussai les épaules en sortant mon trousseau de clefs de ma poche pour le glisser dessus, m’abimant les ongles avec le métal et mes gestes imprécis. « Ou se retrouver avec rien du tout si on m’avait laissé faire, » ajoutai-je. J’observai mes clefs ornées de ce nouvel accessoire, avant de les ranger dans ma poche à leur place initiale. J’avais peur d’être trop sentimentale. Peur d’y accorder trop d’importance. Mais c’était plus fort que moi. J’y voyais une preuve que l’espoir n’était pas forcément que pour les faibles. « Je me disais que tu allais trouver ça ridicule, j’hésitais à te le donner, » ajouta finalement Alexandra. Je relevai la tête vers elle, les sourcils froncés. « Ou je l’aurais fait passer par Julian, mais ça aurait été un premier cadeau de fiançailles assez nul de sa part. »  J’esquissai un sourire en imaginant Julian comme messager. Il n’aurait sans doute pas compris pourquoi un porte-clef, pourquoi cela avait de la valeur, pourquoi Alexandra n’osait pas se déplacer elle-même. C’était sans doute mieux comme ça. « Pour ça, il aurait déjà fallu qu’il t’annonce les fiançailles, »  répondis-je avec enjouement. Cela n’aurait pas pu être un cadeau de fiançailles, autrement. Juste un cadeau sorti de nulle part. Un clin d’oeil que nous étions les seules à comprendre. « D’ailleurs, je suis plutôt étonnée d’être la première à te le dire. Vous… »  repris-je avant de m’interrompre dans mon élan. « Vous continuez à vous parler aussi régulièrement ? » J’avais hésité à prononcer ces mots, comme si je n’avais pas forcément le droit de me renseigner sur la question, comme s’il n’était pas légitime de ma part d’obtenir une réponse à ce propos ; je savais que Julian avait dit à Alexandra que nous étions ensemble puisqu’elle me l’avait elle-même confié mais je ne savais pas si cela avait été de manière anecdotique ou s’ils étaient encore réellement proches, suffisamment pour qu’il se confie à elle.
Après tout, je ne connaissais pas Alexandra. Plus réellement. Il ne me restait que des souvenirs, des aperçus sans doute erronés du passé. Après tout, il y avait encore des facettes que je ne connaissais pas non plus dans la vie de Julian. Il y avait énormément de choses qui m’échappaient.
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() message posté Sam 5 Déc 2015 - 1:03 par Invité
Eugenia avait été mon amie bien avant que je ne réalise que je pouvais la décrire comme telle. Je n'employais pas ce mot avec facilité, avec habitude, je ne l'employais pas rapidement, ou avec tout le monde. Et il m'avait fallu du temps avec elle également, bien plus de temps pour me rendre compte que je le pouvais que de temps pour construire ce lien. J'avais compris ensuite qu'il en était de même pour elle. Comme si nous nous étions reconnues sans chercher à le faire, réunies comme nous pouvions réunir deux solitudes insoupçonnables. Je n'employais pas ce mot à la légère, non, et je ne le reniais pas facilement non plus. Mais ce qui nous avait éloignées ne pouvait pas être prévu, anticipé, nous ne l'avions pas vu venir. Les liens pouvaient s'abimer et se distendre pour tout le monde, usés par quelque chose de très banal, dans une lente érosion comme le temps qui passe. Mais cela n'avait pas été le cas pour nous. Il y avait eu quelque chose de plus abrupt, d'une violence extrême et silencieuse. Nous n'avions rien vu venir, et c'était peut-être cela qui nous sauvait aujourd'hui. Comme si nous nous permettions de reprendre le contrôle, de reprendre notre amitié en main car nous ne l'avions jamais laissée tomber, elle nous avait été enlevée. « Ou se retrouver avec rien du tout si on m’avait laissé faire. » Je l'observai glisser l'accessoire sur l'anneau de ses clés et souris légèrement en l'entendant. J'inclinai la tête avec attention. Les mois étaient passés et nous avions sûrement changé, je le savais. Mais je retrouvais ce que je connaissais d'elle avec un naturel presque rassurant. Je connaissais cette estime qu'elle refoulait sur elle-même avec hésitation, cette estime qu'elle ne savait plus où placer, forcée de se diriger contre elle même alors qu'elle la voyait chez les autres, même ceux qui ne le méritaient pas. Elle avait l'air touchée, bien plus que je ne l'aurais espéré. Bien plus que ce à quoi je m'étais attendue, persuadée qu'elle comprendrait l'attention, qu'elle comprendrait que ce n'était pas seulement un porte-clés censé nous dédommager, mais hésitante sur l'importance qu'elle allait bien vouloir lui accorder. J'avais été stupide, sans doute, dans le fond. Eugenia avait cette capacité d'attraper les émotions qui circulaient autour d'elle et que personne n'avait vu. Elle avait toujours semblé en douter, mais je la croyais intimement douée pour le bonheur car capable de le faire lui ressembler. « Pour ça, il aurait déjà fallu qu’il t’annonce les fiançailles. » reprit-elle après avoir froncé les sourcils. J'acquiesçai d'un signe de tête en me laissant retomber dans le coussin du canapé en arrière. Je savais dissimuler la vérité, je savais l'arranger ou la réécrire lorsqu'il s'agissait de ne pas inquiéter inutilement, lorsqu'il s'agissait de préserver ou de corriger. Je n'étais pas certaine de savoir le faire parfaitement lorsqu'il s'agissait de taire une bonne nouvelle que je possédais déjà. Eugenia n'avait l'air de se douter de rien mais je me mordis l'intérieur de la joue pour la laisser continuer.
« D’ailleurs, je suis plutôt étonnée d’être la première à te le dire. Vous… » Je levai les yeux vers elle de nouveau en l'entendant s'interrompre. « Vous continuez à vous parler aussi régulièrement ? » Je n'étais pas certaine de l'interprétation que j'étais supposée donner à son hésitation. Je n'étais pas certaine de ce qu'elle avait envie d'entendre, de ce que j'étais supposée répondre. Jusqu'à récemment, j'étais restée persuadée, après tout, que cela ne lui aurait pas plu de me savoir en contact avec Julian. Persuadée qu'elle ne voulait plus m'avoir dans sa vie, de près ou de loin, même indirectement au travers de son entourage. Je n'avais jamais voulu prendre partie. Mais peut-être n'était-ce pas son cas, j'avais voulu me convaincre que je ne la connaissais plus, plus comme avant. Et qu'il était possible que cela lui déplaise de savoir que Julian et moi n'avions pas perdu contact alors que nous étions devenues si éloignées. J'inspirai légèrement. Je savais pertinemment que, même si je l'avais voulu, je n'aurais sûrement pas réussi à mentir avec conviction, à inventer autre chose que la réalité, pas lorsque celle-ci comptait autant à mes yeux. Même si je l'avais voulu, je n'aurais pas su répondre autre chose que la vérité. Mais je n'en avais pas envie, de toute façon. Je n'étais pas certaine de la raison de ses hésitations mais j'arrêtais de ne plus oser lui parler sincèrement. « Il n'y a pas une semaine où il n'arrive pas à se libérer pour m'accompagner à l'une de mes dialyses. » finis-je par répondre simplement, laissant mes craintes de côté. Rien n'était facile, rien ne l'était jamais, mais j'avais fini par admettre que cela n'était plus aussi compliqué qu'avant. Que j'avais sans doute eu tord sur la majorité de mes impressions, qu'elle ne m'en avait jamais voulu autant que cela, tout comme moi à son égard. Que seule la colère et la déception avaient fini par guider nos actes. « Ça n'amuse personne et je serai la première à le comprendre si ça devenait compliqué. Mais Julian continue de venir. » continuai-je en souriant légèrement. Je mesurais ce que cela demandait. L'ambiance était pesante et le temps s'étirait lentement durant ces séances. Je n'imposais cela à personne, tentant même d'éloigner Sam dès que je le pouvais. Mais Julian avait réussi à créer une habitude à laquelle j'aurais eu du mal à renoncer. « Il a toujours été là quand ça n'allait pas. » Je passai une main dans mes cheveux d'une main distraite. Je n'étais pas certaine des mots à employer, comme toujours. Je ne savais pas comment lui dire qu'il avait su me relever à de nombreuses reprises sans peut-être qu'il ne le sache, sans peut-être que je ne sache moi-même que j'étais au sol à ce moment là. Ce n'était pas quelque chose de commun que j'étais capable d'exprimer avec des mots conventionnels. Je gardais ces instants là comme une dette secrète que j'étais consciente de ne jamais pouvoir payer. « Alors tu es la première à me le dire mais j'espère qu'il me l'aurait dit bien assez tôt, je veux être là quand tout va bien aussi. » Je relevai les yeux sur elle, en face de moi, et réajustai ma position sur le canapé. Je me sentais obligée de rattraper le coup, une nouvelle fois, inventant un nouveau mensonge sans conséquences pour protéger les confessions de Julian, mais elle également. Je refusais de lui gâcher la surprise qu'il lui préparait, je refusais de lui enlever ce moment, j'espérais qu'elle ne m'en tiendrait pas rigueur. « Je peux lui dire que je sais ? Ou je garde le secret ? » rajoutai-je même, une lueur malicieuse traversant mes prunelles. Je jouais le jeu jusqu'au bout. Mais je lui demandais également, à demi-mots, s'il savait, s'il savait que nous nous reparlions. Je voulais simplement savoir si elle avait pu en parler, tout simplement, si cela comptait suffisamment pour que cela soit dit.
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() message posté Ven 29 Jan 2016 - 22:47 par Invité

Alexandra & eugenia — the truth is everyone is going to hurt you. you just got to find the ones worth suffering for. ✻ ✻ ✻ La plupart du temps, je blâmais mon accident. Je lui attribuais une très grande partie de mes malheurs ; je me plaisais presque dans mes accusations, comme si cela me libérait de toute responsabilité, comme si cela me rendait innocente dans tout ce qui pouvait se produire dans le déroulement de mon existence. Mais, la vérité, c’était que l’accident n’avait rien fait.
Il n’avait pas été celui à m’arracher certains de mes proches. J’avais été celle à éloigner Julian et Alexandra de ma vie.
C’était de ma faute. Ma faute, à moi.
Si j’avais rompu tout contact avec Julian, le plongeant ainsi dans des mois et des mois d’ignorance, cette ignorance qui avait alimenté sa colère et son sentiment d’abandon, j’avais été particulièrement mauvaise avec Alexandra. L’accident, en lui-même, n’avait rien fait ; il ne m’avait pas forcé, en me mettant un couteau à la gorge, à lui dire toutes ces paroles que je regrettais tant, désormais. Il avait peut-être provoqué mes réactions mais j’étais la seule responsable.
Les mots étaient sortis de ma bouche, après tout. J’avais été celle à les penser, celle à les formuler à voix haute.
Le blâmer avait été facile, si facile que je ne m’étais pas rendue compte que j’aurais pu choisir d’autres chemins. J’avais été persuadée de faire tout cela par amour alors qu’au fond j’avais simplement agi par peur, crainte, sur une impulsion irréfléchie et désespérée. Je m’en voulais, maintenant que j’avais pu prendre un certain recul. Je m’en voulais, maintenant que j’avais fini par remonter la pente, par retrouver un certain équilibre dans le chaos de ces deux dernières années.
Je m’en voulais mais ce n’était pas suffisant pour effacer le passé, pas suffisant pour faire comme s’il n’avait jamais existé. Mes proches avaient tous souffert de ce qui m’était arrivé par ma faute. J’étais coincée, quelque part. Coincée dans une situation que je regrettais, coincée dans mes remords. Coincée jusqu’à ce que je finisse par accepter. « Il n'y a pas une semaine où il n'arrive pas à se libérer pour m'accompagner à l'une de mes dialyses, » dit-elle finalement en parlant de Julian et j’esquissai un sourire. Cela ne m’étonnait pas de lui. Il était fidèle, tout particulièrement en amitié ; je parvenais sans peine à deviner qu’Alexandra lui avait déjà répété cent fois qu’il n’était pas obligé de l’accompagner mais il le faisait quand même. Fidèle et obstiné. Fidèle et têtu. A ce niveau, on ne pouvait pas affirmer qu’il s’agissait de défauts. C’était Julian, après tout. « Ça n'amuse personne et je serai la première à le comprendre si ça devenait compliqué. Mais Julian continue de venir. » J’hochai la tête, amusée, acquiesçant pour montrer que cela ne m’étonnait pas venant de lui. J’étais contente, au fond, contente qu’ils soient encore aussi proches. Contente qu’il soit toujours là pour elle et que, de la même manière, elle soit toujours là pour lui. Au moins, je n’avais pas affecté cela. Au moins, leur relation était restée saine et sauve sans que je ne vienne l’empoisonner avec mes comportements illégitimes et mes mauvais choix. « Il a toujours été là quand ça n'allait pas, » ajouta-t-elle. Elle se passa une main dans les cheveux, distraitement, comme si ses mots n’évoquait qu’une infime partie de ce qu’il avait bien pu faire pour elle.
Comme si ses mots ne couvraient qu’une partie de la réalité, une réalité bien insignifiante par rapport à tout ce qu’ils avaient traversé ensemble. « Alors tu es la première à me le dire mais j'espère qu'il me l'aurait dit bien assez tôt, je veux être là quand tout va bien aussi, » reprit-elle finalement. Elle releva la tête et se redressa sur le canapé, changeant sa position sans doute pour être plus confortable. « Je peux lui dire que je sais ? Ou je garde le secret ? » Je me mis à rire avant d’hausser les épaules. « Attends qu’il te le dise de lui-même avant de dire que tu es déjà au courant, je ne veux pas lui gâcher ce moment-là, »  lui répondis-je. Cela m’étonnait un peu qu’il ne lui ait pas encore dit puisque Julian était quelqu’un qui partageait beaucoup avec ses proches ; au fond, il n’avait sans doute pas encore eu le temps, ou même trouver la façon dont lui dire.
Je fronçai brièvement les sourcils. La possibilité qu’il puisse regretter m’avait effleuré l’esprit pendant une poignée de secondes avant que je ne refuse de laisser des pensées négatives m’arracher cet instant. « Ca ne devrait pas tarder, je pense, ne t’inquiète pas. Et si ça n’arrive pas… Je pense que c’est moi qui devrais m’inquiéter, »  finis-je par ajouter en passant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Mes doigts se serrèrent sur mes cuisses alors que je m’occupais encore à chasser mes mauvaises suppositions. « Il a fait ça sur un coup de tête, après tout. L’information n’a pas encore eu le temps de se diffuser. »  Je me mis à rire à mes propres paroles, presque timide, manquant de confiance, d’une certaine manière. Je mordis ma lèvre inférieure.
A chaque fois, c’était plus fort que moi. A chaque fois, je m’en faisais beaucoup trop, mon esprit s’emballant sans que je ne parvienne à l’arrêter. J’avais beau tenter de me contrôler, tenter de ne pas trop m'y attarder. C’était peine perdue.
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