I can't believe you let me down but the proof is in the way it hurts
S'il vous plaît, faites que ce ne soit pas vrai, faites que cette souffrance ne soit qu'illusion, que sa mort ne soit qu'un cauchemar. Debout devant cette tombe, je priais pour qu'elle revienne, pour qu'un miracle s'accomplisse. Mais les larmes roulant sur les joues de mon père, les pleurs qui se faisaient entendre autour, les reniflements tant bien que mal dissimulés et les paroles du prêtre étaient bien trop réelles pour que tout ceci ne soit que le fruit de mon imagination. Je devais maintenant faire face à la réalité, ma mère était morte, nous laissant tomber mon père et moi. Ne t'en fais pas maman, je ne t'en veux pas, ce n'est pas de ta faute. Ton corps était malade et n'a pas tenu. Malheureusement je ne sais pas si je tiendrais sans toi. Étouffant un sanglot à cette pensée, je plaçait ma main devant ma bouche, papa souffrait déjà assez comme ça. Le prêtre parlait mais je n'écoutais plus rien, je n'étais même plus parmi eux, me laissant porter par un flot de souvenirs empli de bonheur mais qui ne faisaient qu'accroître mon malheur. C'était la première épreuve que j'eus à traverser, une parmi tant d'autres. A ce moment là, j'avais sept ans.
For months on end I've had my doubts, denying every tear
« Je t'aime ». Voilà, c'était dit, le cœur s'emballant, les mains tremblantes, je l'avais enfin avoué, pour mon plus grand regret. Elle resta là, à me regarder en se mordant la lèvre.
« Ilias... » murmura-t-elle d'une voix coupable, se préparant à m'avouer quelque chose de regrettable, quelque chose dont je me souviendrai toute ma vie.
« ..il faut que tu saches.. » continua-t-elle après une longue inspiration. Et là se passa l'inévitable, l'aveu d'une tromperie, la tête qui se baissa et le silence lourd et gênant. Je lui avouais mon amour et elle m'avouait son crime. Quoi de plus ironique ? Une rupture au moment où les choses étaient censées aller plus loin, où tout devait devenir plus sérieux. Le pire dans tout ça est que je ne fus même pas étonné, comme si je savais que cela arriverait un jour et que je tentais juste de retarder l'échéance en voyant le meilleur en elle comme elle en avait fait ressortir le meilleur en moi. Tellement cliché.
« C'est bon. Pas besoin de te justifier. » lâchais-je à basse voix. Tournant les talons, je partis, la laissant ici, elle et mes faux espoirs. On avait quinze ans.
When you call me baby, I know I'm not the only one
L'alcool coulait à flots, la musique faisait vibrer mes tympans, les femmes se déhanchaient sur la piste, tout ceci était devenu mon quotidien. Malgré tout je pensais à ma mère. Elle possédait un café dans un centre commercial, et je me souviens de ce chocolat chaud qui me réchauffait après les cours, de toutes ces tasses que j'avais cassées pour rigoler, de ses sourcils froncées quand elle me voyait faire n'importe quoi. Oui, je donnerais n'importe quoi pour revivre ça car cela m'a été enlevé trop vite, trop tôt. Seulement, tout ceci je le cachais, il n'y avait pas la place pour les sentiments, pour cette souffrance, celle qui vous gagne quand quelqu'un vous laisse tomber. J'y ai eu droit deux fois et il est hors de question que je m'y confronte à nouveau, j'avais appris de mes erreurs, ce n'était pas pour les répéter. Voilà pourquoi je ne jouais selon les règles de ce monde. Je créais les miennes en écrivant des livres même si, malheureusement, aucun n'avait été publié et, honnêtement, j'en avais marre. Tous des hypocrites, tous portant des masques et jouant un rôle qui ne leur allait pas. Je me prenais à chaque fois un refus d'une maison d'édition : Je n'étais pas le profil recherché apparemment. Qu'est ce qu'il en savait ? Il n'était pas le patron ! Que des excuses minables. Que des minables.
A nos vies de merde dans ce monde de merde qui touche à sa fin.