MICAH ✖ « My thoughts are stars I cannot fathom into constellations. »

La peur le tiraillait de toutes parts. Il avançait dans ce long couloir sombre. Ses sens étaient en ébullition, il ne voyait rien. Un immense courant d'air parcourut son échine, le faisant frissonner un peu plus à chaque fois. Il n'avait jamais ressenti cette sensation étrange, c'était la première fois. C'était comme une nouvelle bouffée d'air. Elle l'habitait, devenant de plus en plus présente en lui. Il devait sortir pour pouvoir enfin commencer à vivre. Voir un nouveau monde. C'était ça, la vie ?

Vingt-trois ans plus tôt, Micah ouvrit doucement les yeux, un beau jour ensoleillé. Une douce brise caressait le feuillage des arbres encore bien vert, à travers la fenêtre, et la chambre, d'ordinaire blanche, était baignée d'une tendre lumière produite par les rayons du soleil. C'était une belle journée de Juillet, oui. Madame Levine était la femme la plus heureuse du monde à ce moment-là, offrant au bambin son plus beau sourire après trois longues heures de travail, Monsieur Levine, lui, les observait tendrement en pensant à la nouvelle vie qu'ils allaient pouvoir vivre ensemble, tous les trois.

Le petit bébé grandit et devint un grand garçon. Ses parents faisaient tout pour qu'il se sente heureux, malgré tout, Milka ressentait un grand manque. Un de ces manques qu'il est impossible de combler. Un de ceux qui vous obsèdent tellement que vous finissez par poser des questions qui blesseront certaines personnes bien plus que vous ne l'êtes déjà.  « Maman, Papa ? Pourquoi je n'ai pas de petite sœur ? » fit-il, tête basse. Ce jour-là, Madame Levine fondit en larmes et son mari essayait tant bien que mal de la réconforter, sous les yeux remplis de larmes de l'enfant. « Papa ? Pourquoi Maman pleure ? Pourquoi elle pleure ? Papa... » Et il s'enfuit dans sa chambre. Il partit s'isoler, se morfondre. Il partit pleurer. Pleurer pour oublier qu'il faisait du mal à sa propre mère en étant venu au monde. Pleurer pour se renfermer. Pleurer pour s'endormir.

If I only could make a deal with God, and get him to swap our places... Les ténèbres se refermèrent de nouveau sur son corps sans défenses. Il avait beau se démener, se débattre, il n'arrivait pas à se détacher de ses bras qui le tiraient jusqu'en bas. S'il te plaît, ne me laisse pas...

Vers l'âge de seize ans, Micah s'écroula dans un dédale infernal. « Pourquoi vous ne m'l'aviez pas dit ?! Pourquoi vous me l'aviez caché ? » « Mon chéri, je- » « Comment elle est morte ? Réponds-moiii ! Comment ma sœur est-elle morte ?! » cria-t-il. L'adolescent jeta l'assiette qu'il tenait entre les mains contre le sol. « Comment ma sœur jumelle est morte ?! » Les morceaux de verre s'enfoncèrent lentement dans sa chair, laissant le sang couler doucement sur sa peau. « Maman, dis-le moi... » Les larmes se mirent à couler alors que Micah se rendit compte qu'il allait devoir vivre sans elle. Pour toujours.

La tristesse l'envahissait. Ses sentiments, ses humeurs, ses pensées, s'en imprégnait. Un beau jour, quelqu'un était venu et avait pris la vie de sa petite sœur. C'était le jour où cette dernière lui avait donné le sien. C'était une longue opération, avec des complications. Micah pouvait le sentir battre en lui. Oui, il le sentait. Elle vivait en lui, à travers lui. A travers ses écrits, et ses notes de musique. Sa guitare et ses stylos.

Les années passèrent et il commença peu à peu à reconstruire sa vie, vivant avec le manque dans son cœur. Le brun vivait par automatisme, mais il vivait. Pour elle.
Micah Levine devint alors étudiant à la fac, puis, depuis peu, serveur dans un petit café typiquement anglais. Peut-être arrivera-t-il à survivre ici, à Londres ?