(✰) message posté Ven 15 Mai 2015 - 12:31 par Invité
they tell you to stop chasing the past; that you’re stuck in the moment. but really you’re stuck in the aftermath of it, in the calm after the storm. you’re stuck in the loose hairs you found on your pillow the next morning, the way your mouth felt numb for days. you’re stuck in the quiet limbo, the dead silence, the moments after the fall when your limbs are all broken but you know you’re still alive. ▴▴▴ Elle ne se souvenait pas comment elle s’était retrouvée entre ces quatre murs blancs et immaculés. Elle ne se souvenait pas comment ses mains s’étaient retrouvées couvertes de bandages. Elle ne se souvenait que du sang, que des cris, que de la peur, viscérale, qui n’avait pas encore réussi à totalement la quitter. Elle ne se souvenait que du monde qui s’était écroulé, autour d’elle, en l’espace d’une seconde, en l’espace d’un battement de cils. Au fond, elle ne savait pas non plus combien de temps elle était restée comme cela, prostrée sur le sol de la banque, ses yeux fixés sur les hommes cagoulés, tandis qu’elle réalisait sans pour autant l’accepter que Blake se vidait de son sang à ses côtés. Elle ne savait pas combien de temps il avait fallu aux secours pour les sortir de là, combien de temps le monde avait semblé s’arrêter de tourner. Pourtant, elle avait eut les yeux ouverts tout le long, pourtant, ses pensées avait continué à bourdonner dans son esprit. Elle n’avait pas eu le luxe de perdre connaissance, elle. Elle avait été obligée d’être consciente tandis qu’on lui arrachait sa sœur une fois encore, tandis qu’une équipe de médecins jouait avec la vie de Blake, dans une salle d’opération à laquelle elle n’avait pas accès. Sans qu’elle ne sache comment, elle s’était retrouvée à l’hôpital, rapidement installée en salle d’attente après qu’on ait soigné ses mains. Elle avait eut vaguement conscience qu’on lui prélevait du sang et même si elle n’avait pas vraiment compris pourquoi sur le moment, elle savait à présent que presser ses mains blessées sur la plaie de Blake avait sans doute constitué un risque qu’elle n’aurait pas dû prendre. On lui avait dit d’attendre le résultat des analyses, qu’on lui donnerait aussi des nouvelles d’Eugenia et de Blake, puisqu’elle le demandait et elle avait hoché la tête, incapable de sortir un son de plus, incapable de faire circuler suffisamment de salive dans sa gorge pour former des mots. Le temps avait finit par perdre son sens. Elle n’avait pas même pensé à retourner chez elle, naviguant entre la salle d’attente et la chambre où avait été installée Eugenia, à partir du moment où elle avait été autorisée à la voir. Elle était soulagée que cet incident n’ait rien coûté de plus à sa jumelle mais la peur ne l’avait jamais vraiment quittée, alors qu’elle était incapable d’ignorer l’inquiétude logée dans un coin de son esprit, alors qu’on continuait de lui dire que Blake se trouvait toujours en salle d’opération, alors qu’on lui dit ensuite que seule sa famille était autorisée à la voir. Eventuellement, on revint vers elle. Eventuellement, on lui dit que Blake s’était réveillée et qu’elle pouvait recevoir quelques visites supplémentaires. Elle s’y serait rendue dans la seconde, si une infirmière aux lèvres pincées n’étaient pas venue la chercher, lui expliquant d’un ton plein de reproches le résultat de ses analyses. Même si elle écoutait d’une oreille distraite, elle put sentir sans mal la seconde à laquelle elle sentit quelque chose en elle craquer, sous les mots qui venaient de lui être glissés. Elle ne sut pas exactement ce qui se brisa en son sein mais ses poumons arrêtèrent de faire circuler de l’air dans son corps, même si elle inspirait de toutes ses forces. Elle avait la nette impression d’avoir la tête sous l’eau, les paroles de la femme qui l’installait à présent sur une chaise médicale lui parvenant étouffées. Elle ne sentit pas le froid du gel qui fut versé sur son ventre, elle ne regarda pas les images qui finirent par s’afficher sur l’écran à côté d’elle. Elle se noyait, à présent elle avait la certitude, coulant d’une traite vers le fond, incapable de crever la surface. Elle pouvait sentir son cœur logé dans sa gorge, prêt à passer le bord de ses lèvres. « Est-ce que vous vous rendez compte de la gravité de la situation, mademoiselle Lancaster ? » Les paroles de l’infirmière lui parurent toujours autant étouffées, tandis qu’elle bougeait l’appareil contre sa peau mais elle se força à hocher la tête, consciente de l’absence de réaction de sa part jusqu’à présent. « Votre consommation d’alcool pendant ce premier mois pourra avoir des conséquences graves, même si vous ne buvez plus durant le reste de votre grossesse. Actuellement, le fœtus est sous développé, vous réalisez donc que la croissance de votre enfant pourra être compromise ? » Nouveau hochement de tête. Grossesse, fœtus, enfant. Elle comprenait chacun des mots qui lui parvenaient. Elle comprenait qu’une vie s’était formée au creux de son ventre, sans qu’elle ne le sache, sans qu’elle ne le veuille. Elle comprenait qu’elle ne pouvait plus fuir ses responsabilités et que son alcoolisme continuait de détruire des vies, qu’elle prétende le contraire ou non. La nausée la saisit finalement, faisant perles des larmes aux coins de ses yeux et elle se leva brusquement, repoussant l’infirmière, essuyant son ventre du mieux qu’elle le pu. Avant d’avoir une chance d’être retenue, elle sortit de la pièce et s’engagea dans un couloir au hasard, au pas de course, son nom crié derrière elle lui parvenant aux oreilles, le numéro de la chambre de Blake en tête. Eventuellement, elle trouva la porte et toqua malgré le fait qu’elle actionnait la poignée au même moment. La pièce était vide à l’exception du lit qui trônait au milieu, sur lequel était allongée Blake, ses yeux bleus rivés sur elle. Une chaise avait été tirée à son chevet, trahissant que quelqu’un avait déjà été là. Scarlet s’avança, doucement, essoufflée. « Blake, » lâcha-t-elle finalement mais elle fut interrompue par quelqu’un qui entrait à son tour dans la pièce, la porte étant restée ouverte. « Mademoiselle Lancaster, » cracha l’infirmière en s'avançant, « Je ne pense pas que vous preniez la situation au sérieux. » Scarlet se mordit la lèvre inférieure et baissa le ton de sa voix du mieux qu’elle le put, se positionnant dos à Blake, empêchant l’infirmière d’avancer plus dans la pièce. « Si, si, je vous assure, » balbutia-t-elle. « Mais s’il-vous-plait, pas maintenant. Je veux juste voir si mon amie va bien. » Elle se tut, sans vouloir énoncer à voix haute qu’après tout, sa situation ne changerait pas dans l’immédiat. Après tout, elle pouvait prétendre n’avoir rien entendu pendant quelques heures encore. L’infirmière pinça les lèvres et se recula hors de la pièce. « Il vous faudra un rendez-vous avec un médecin si vous voulez gérer la situation correctement, mademoiselle. Arrêter de boire ne suffira pas. » Scarlet hocha la tête, priant pour que Blake n’ait pas entendu et referma la porte doucement, avant de se retourner vers la blonde. Elle finit de s’avancer dans la pièce et s’installa sur la chaise, se retenant de prendre ses doigts entre les siens. « Comment tu te sens ? »
(C) LITTLE WOLF.
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(✰) message posté Mar 2 Juin 2015 - 12:03 par Invité
suddenly I'm overcome, dissolving like the setting sun; like a boat into oblivion, cause you're driving me away; now you have me on the run, the damage is already done, come on, is this what you want? cause you're driving me away. ✻✻✻ J'entends mon téléphone vibrer sur ma table de chevet une nouvelle fois, et cela suffit à me réveiller. Je cligne plusieurs fois des yeux, me retourne, et tend le bras afin de l'attraper. Une légère douleur dans l'abdomen due à mon geste un peu trop brusque me fait grimacer et me rappelle soudainement pourquoi je suis ici, et ma grimace s'agrandit quand je vois apparaître une nouvelle fois la photo de ma mère sur l'écran de veille de mon portable. Je ne saurais dire combien de fois elle m'a appelé depuis que je suis ici, depuis la fusillade, mais je commence à croire qu'elle refuse simplement de comprendre quand je lui dis que je vais bien. Ou du moins, j'irai mieux, un jour. Sans m'en rendre compte, je laisse mon doigts glisser sur l'écran pour l'envoyer directement sur ma messagerie, et l'instant d'après, j'éteins mon téléphone et le glisse au fond du tiroir vide. Je n'ai pas envie de lui parler. En réalité, je n'ai envie de parler à personne, la seule chose dont je suis consciente d'avoir réellement besoin est me reposer. Dormir. Il faut dire que je ne me suis jamais sentie aussi fatiguée de toute mon existence. Fatiguée, faible, impuissante. Mon regard se perd un instant sur les différentes perfusions qui me maintiennent au lit depuis plusieurs jours maintenant, et je me sens soudainement prise d'une envie irrépressible de pleurer. Rien n'aurait du se passer de cette façon, rien. J'étais censée voir Scarlet. Censée parler à Andrew. Censée prendre ma vie en main et cesser de mentir aux gens que j'aime, de me mentir à moi-même. C'était censé être un jour important, le jour où ma vie allait changer du tout au tout. Mais pas comme ça. Je n'étais pas censée me retrouver en plein milieu d'une fusillade, je n'étais pas censée me retrouver coincée dans un lit d'hôpital, gravement blessée. Je n'étais pas censée être sur le point de mourir. Et échapper de peu à la mort. J'étais à deux doigts de mourir. J'ai beau me répéter inlassablement ces quelques mots depuis plusieurs jours maintenant, je ne parviens toujours pas à réaliser concrètement l'ampleur de cette dure réalité. J'étais à deux doigts de mourir. Et la seule chose dont je suis capable de penser à cet instant précis est dormir. Dormir, encore. Je ne suis même pas certaine d'en avoir réellement besoin, je sais juste que quand je dors, le temps passe plus vite, j'échappe aux visites, j'échappe à mes pensées, à mon esprit qui me torture et qui me répète en boucle à quel point j'ai merdé. J'ai merdé. Et si je n'avais pas survécu, tout ce qui serait resté de moi sont mes mensonges, ma malhonnêteté, et toutes les erreurs que j'ai pu faire depuis que je suis arrivée à Londres. J'ai comme l'impression qu'on m'a donné une seconde chance, là où clairement, je n'en méritais pas. Peut-être est-ce l'univers qui tente de me faire comprendre qu'il serait peut-être temps que j'arrête mes conneries. Peut-être. C'est le bruit de quelqu'un frappant à la porte qui me ramène soudainement à la réalité. Je n'ai pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit que je vois la poignet se baisser et la porte s'ouvrir au même moment. Je sens mon cœur rater un bond quand je découvre qui entre dans la pièce, et elle n'a pas besoin de dire quoi que ce soit que je sens déjà un sourire apparaître sur mon visage. J'ai comme envie de pleurer aussi, mais je réussis sans savoir comment à réprimer cette envie si bien qu'un nœud se forme rapidement dans ma gorge mais je parviens à l'ignorer. Je me souviens avoir eu envie de la voir depuis que j'ai ouvert les yeux pour la première fois dans cette chambre mais j'étais encore trop faible, et j'ai cru comprendre que seule la famille était autorisée dans cette partie de l'hôpital. Je me suis montrée patiente, pourtant, et à cet instant précis, je sais juste que j'ai envie de me lever pour la prendre dans mes bras, la serrer dans mes bras, et ne plus jamais la laisser partir. Mais mes sourcils se froncent quand je vois une infirmière apparaître à son tour dans l’entrebâillement de la porte et j'assiste, un peu perdue, à l'échange entre Scarlet et cette dernière. Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe, j'ai d'ailleurs du mal à entendre clairement ce qui se dit mais les quelques mots que je parviens à percevoir suffisent à réveiller mon inquiétude. L'infirmière s'en va pourtant aussi rapidement qu'elle est apparue, et Scarlet ferme la porte, tandis que je ne la quitte pas des yeux alors qu'elle vient s'asseoir sur la chaise près de mon lit. « Comment tu te sens ? » Demande-t-elle, et j'hésite un instant. Je pourrais lui dire que je me sens mal, que la douleur quasi permanente qui me torture l'abdomen ne me quitte momentanément que lorsque je me bourre de médicaments. Je pourrais aussi lui répéter ce que m'ont dit les médecins, lui expliquer pourquoi je ne suis pas autorisée à sortir tout de suite. Mais j'ai comme l'impression de n'avoir pas, moi-même, réalisé l'ampleur des dégâts que cette balle a causé dans mon organisme. Ou bien, je préfère simplement ignorer ces faits. Faire comme s'ils n'existaient pas. Nier, un art que je maîtrise à la perfection. « De quoi elle parlait ? » Je demande alors, plus inquiète pour elle que pour mon propre diagnostic. « Tu vas bien, hein ? » Je poursuis, car j'ai besoin de savoir qu'elle va bien, j'ai besoin de savoir qu'elle va s'en sortir, elle.
(c) little wolf.
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(✰) message posté Mar 9 Juin 2015 - 10:26 par Invité
they tell you to stop chasing the past; that you’re stuck in the moment. but really you’re stuck in the aftermath of it, in the calm after the storm. you’re stuck in the loose hairs you found on your pillow the next morning, the way your mouth felt numb for days. you’re stuck in the quiet limbo, the dead silence, the moments after the fall when your limbs are all broken but you know you’re still alive. ▴▴▴ Elle ne s’y était pas attendue. C’était aussi simple que cela. Dans le chaos qu’était devenu sa vie, entre son travail, ses bouteilles et la tempête qui faisait rage dans son cœur, elle n’avait pas pensé qu’elle puisse tomber enceinte. Que cela puisse lui arriver à elle. C’était toujours aux autres que cela arrivait. C’était toujours à la télé, dans des émissions de télé réalité, que l’on voyait ce genre d’histoires, de femmes ayant fichu la vie de leur enfant en l’air avant même qu’il ne voit le jour. Ce n’était pas censé lui arrivait à elle. Ce n’était pas censé être sa réalité. Et pourtant, elle avait vu les images de l’échographie, même si elle avait essayé de détourner le regard. Elle avait vu que cela lui arrivait, à elle, en ce moment-même. Elle avait vu le point que représentait son bébé, alors qu’elle pouvait encore compter sur les doigts de la main les heures qui la séparait de son dernier verre. L’idée même lui donnait la nausée. L’idée même lui était tellement insupportable qu’elle ne voulait plus y penser, pas maintenant, pas alors que Blake se remettait à peine de ses blessures, pas alors qu’il y avait tant de choses dont elle devait se soucier. Elle savait, pourtant, que la réalité finirait par la rattraper. Qu’elle allait devoir accepter qu’elle était enceinte, de la dernière personne sur cette terre dont elle voulait un enfant et que ses décisions stupides allaient avoir des conséquences dramatiques. Elle savait également qu’en cet instant, elle était incapable de démêler ses pensées, qu’elle était incapable d’analyser la situation, qu’elle était incapable de l’accepter. Sa priorité était Blake et elle préférait prendre de ses nouvelles que de se laisser submerger par la panique qu’elle sentait doucement naître en elle. Ses pas l’avaient guidés directement à sa chambre et après avoir chassé du mieux qu’elle le pouvait l’infirmière qui l’avait suivie, elle s’était enfin retrouvée seule avec elle, la porte fermée dans son dos. Scarlet posa les yeux sur Blake, incertaine sur comment agir, alors que ce qu’elle venait d’apprendre n’avait toujours pas quitté son esprit. Elle ne pu s’empêcher de détailler l’apparence de la blonde. Au moins elle était réveillée. Au moins elle était vivante. Mais des bandages entouraient son abdomen et des cernes se peignaient sous ses yeux. Le fait qu’elle soit vivante ne voulait pas forcément dire qu’elle allait bien et Scarlet sentit la pointe d’inquiétude qu’elle avait senti si souvent ces dernières heures refaire surface. Doucement, elle prit place sur la chaise qui était à côté du lit sur lequel était installée Blake et croisa les doigts sur ses cuisses. Lui prendre la main en cet instant la démangeait mais elle se retint, se contentant de lui demander comment elle allait. Blake la fixa un moment sans répondre. Elle avait entendu, songea Scarlet. Elle allait poser des questions. Elle ne voulait pas qu’elle pose des questions. « De quoi elle parlait ? » La brune ne répondit pas, détournant le regard. Elle ne savait même pas si elle devait lui dire. Elle ne savait même pas si cela servait à quelque chose qu’elle soit au courant si elle décidait de garder ce secret-là pour elle. « Tu vas bien, hein ? » Scarlet reposa ses yeux sur Blake et força un sourire sur ses lèvres. « Bien sûr que ça va, » dit-elle avec un geste de la main. « Mais t’as pas répondu à ma question, » continua-t-elle finalement. « Je me suis inquiétée. » Les mots furent hors de sa bouche avant qu’elle ne puisse les retenir, trahissant ses pensées. Elle s’était appliquée pendant des mois à se convaincre que Blake n’était rien pour elle, qu’elle n’était qu’un moyen de combler l’ennui, qu’elle n’était qu’un moyen de combler le vide affectif dans sa vie. Elle s’était appliquée pendant des mois à se convaincre que tout cela ne voulait rien dire, que lorsque l’américaine se marierait, leurs chemins se sépareraient et elles ne se reverraient pas. Elle s’était appliquée pendant des mois à se convaincre que ce n’était pas le cas mais elle n’y arrivait plus à présent : elle se souciait d’elle. Elle tenait à elle.