"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Sorry seems to be the hardest word ♦ Nyler 2979874845 Sorry seems to be the hardest word ♦ Nyler 1973890357
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 28 Avr 2015 - 23:28 par Nathanael E. Keynes
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ft. Tyler J. Lewis && Nathanael E. Keynes
Vendredi 01.05.2015 • Central London • Soho • Un bar...
« Tu vas faire quoi alors ? »

La bonne question. J'ai poussé un profond soupir quand Rika m'a lancé ça, très sérieusement - et pour cause, on parle d'un sujet qui concerne son meilleur ami. Et la réponse, à ce moment-là, était que j'en avais aucune idée, ce à quoi il a juste hoché la tête.

« Tu sais que plus t'attends, et plus ça va être compliqué, hein ? »

Ca je sais bien, mais il voulait que je fasse quoi ? Que je frappe à sa porte la gueule en fleur pour la voir se refermer sur mon nez ? En quoi ça m'aiderait ? Rien. Pourtant, j'ai hésité. A l'appeler. J'ai même fini par vraiment tenté, et par basculer sur son répondeur sans laisser de message cependant. A passer, aussi, à son appart, mais je suis jamais monté jusqu'à son étage. Pa-thé-tique. Mais au final, je suis pas sûr de réussi à engager la conversation, comme ça, en face à face. Et c'est super lâche, je sais bien, mais j'ai pas réussi à faire autrement. Et un mois est passé.

Pourtant l'espagnol m'a pas envoyé bouler quand je lui ai demandé où ils pouvaient avoir l'habitude de sortir avec Ty. Il aurait eu tous les droits de le faire, mais il l'a jamais fait. Et il m'a gentiment indiqué ce bar, pas très loin de chez lui, où ils se rejoignent avec leurs deux autres potes, de temps en temps et entre autres lieux de débauche, en me promettant d'y faire venir mon... ex-amant ? si ça m'arrangeait. A moi de gérer ensuite...

Et c'est ce que j'ai tenté de faire, mais maintenant que j'y suis, franchement, je suis pas certain du tout de ce que je suis en train de fabriquer. Ce soir, dans ce bar, y a deux petits groupes qui jouent, avec lesquels j'ai pris contact pour négocier un entracte, dirons-nous, et ils ont été plutôt réceptifs, fort heureusement pour moi. Le patron aussi, même si j'ai pas vraiment parlé de ma vie perso à ce type. Mais assis à une toute petite table dans un coin de la salle, je suis franchement plus sûr de l'utilité de la chose. Le premier groupe a commencé à jouer depuis un moment, et j'ai regardé la porte d'entrée presque sans discontinuer depuis que je suis arrivé, en me demandant s'ils allaient finalement venir. En me convainquant moi-même qu'il ne viendrait pas, que c'était juste complètement idiot. Jusqu'à ce que sa silhouette se découpe dans l'entrée du bar et que je suive des yeux leur petit groupe parti s'installer à une table un peu plus loin, et enchaîner les verres. Ce que je risque fort de faire tout à l'heure si je me fais envoyer bouler - ce qui est une option non négligeable, parce j'en démordrais pas non plus : j'ai franchement été con.

Et puis le premier groupe a annoncé son dernier morceau, et vers la fin de celui-ci, je me suis levé, pour m'approcher de la petite chanteuse qui m'a filé son micro, tandis que son guitariste me prêtait sa gratte. Elle m'a murmuré bonne chance, avant de s'éclipser, et je crois que je vais franchement en avoir pas mal besoin là.

« Bonsoir... Je m'appelle Nate, et je crois qu'on aura compris que j'étais pas trop prévu au programme initial, mais... Je vous embêterai pas longtemps, j'ai juste...Disons un message à faire passer, et parfois, c'est plus facile de le faire avec une guitare dans les mains... »

J'ose à peine le regarder, en réalité, maintenant qu'il ne peut plus vraiment ignorer ma présence. J'ai qu'une trouille qu'il se barre avant que j'aie le temps d'exprimer quoi que ce soit. Si bien que je me fais pas désirer plus longtemps, et que je commence à jouer et à chanter, en espérant que Rika arrive à le retenir ne serait-ce qu'une petite dizaines de minutes...

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() message posté Ven 1 Mai 2015 - 22:29 par Invité
Si dans la plupart des pays européens le jour de la fête du travail était un jour férié, ce n’était malheureusement pas le cas en Angleterre. Ce vendredi 1er mai avait donc été un jour comme les autres pour la grande majorité des habitants de ce pays. Et comme à peu près tous les vendredis soir (jour férié ou non), ma petite bande d’amis et moi avions décidé de sortir boire un ou plusieurs verres dans notre bar habituel afin de fêter le début d’un long week-end qui allait durer trois jours –étant donné que le lundi suivant était chômé (allez comprendre la logique dans tout ça…).

Après donc avoir été mangé un morceau dans un des nombreux fast-foods américains implantés à Londres, nous nous dirigeâmes tous les quatre vers notre bar favori, prêts à décompresser après cette longue semaine de boulot. Une fois dans l’établissement qui était déjà quelque peu bondé, nous nous installâmes à une table vide et nettoyée avant que je ne prenne finalement la commande de mes amis pour ensuite faire la queue au bar et récupérer les bières et cocktails qu’ils m’avaient donné pour mission d’apporter. L’atmosphère était plutôt détendue malgré les problèmes des uns et des autres sur le plan personnel comme professionnel. Cependant, nous étions ici pour oublier nos soucis de la vie quotidienne et c’était ce que nous étions en train de faire avec une joie non dissimulée jusqu’à ce qu’une voix familière résonne dans le micro installé dans un coin du bar pour l’occasion.

- Bonsoir... commença donc cette voix avec une hésitation palpable. Je m'appelle Nate, et je crois qu'on aura compris que j'étais pas trop prévu au programme initial, mais... Je vous embêterai pas longtemps, j'ai juste...Disons un message à faire passer, et parfois, c'est plus facile de le faire avec une guitare dans les mains...

Je me tournai alors vers mon meilleur ami, une lueur accusatrice dans le regard. J’ignorais s’il était réellement pour quelque chose dans la présence de Nate ce soir, mais quelque chose me disait que c’était le cas. Après tout, comment le jeune barman – qui était aussi musicien et chanteur à ses heures perdues, comme il semblait vouloir le démontrer aujourd’hui – avait-il pu savoir que j’allais être présent dans ce bar de Londres à ce moment précis si l’un de mes amis ne l’en avait pas informé. Et la seule personne assez proche de Nate pour donner ce genre d’information n’était autre que Rafael…

- T’étais au courant ?... lui demandai-je donc curieux de savoir ce qu’il en était vraiment.

Puis, j’écoutais les paroles de cette chanson qu’il avait commencé à jouer, tout en vidant la pinte de bière que je m’étais commandé peu avant. Et plus la chanson défilait, plus le contenu de mon verre diminuait. Surtout que je n’arrivais pas à comprendre le message qu’il souhaitait me faire passer au final car tout ce qu’il semblait m’expliquer dans cette chanson était que je l’avais détruit comme une boule de démolition… Ce qu’était franchement hypocrite de sa part lorsque l’on savait que c’était lui qui était parti…
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Sam 2 Mai 2015 - 0:25 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 01.05.2015 • Central London • Soho • Un bar...
Je suis venu ici parce que je savais pas comment faire autrement, et maintenant que je suis là, je suis pas certain que c'était la meilleure idée du monde. Mais maintenant que j'y suis, je me pousse au cul pour pas juste faire demi-tour et rentrer me morfondre chez moi, parce que je crois que je m'en voudras plus encore de ne pas avoir essayé, de ne pas avoir été jusqu'au bout. Je vois pas trop bien par quel miracle je me ferais pas virer après, en essayant d'aller lui parler en face à face, parce que c'est bien l'idée, mais... Foutu pour foutu... Alors je suis monté sur scène, comme prévu avec les membres des autres groupes, et j'ai attrapé cette guitare.

Quasiment tout du long, j'ai été incapable de le regarder. Quasiment tout du long, j'ai fixé un point vide, inintéressant au possible, dans le but de finir, de continuer à chanter jusqu'au bout. Le plupart du temps, c'était un peu à mes pieds, un peu les yeux fermés aussi. Pourtant parfois, je n'ai pas pu m'empêcher de laisser mon regard glisser vers leur table. Vers lui. Je l'ai aperçu se tourner vers Rika, et je doute pas un instant que ça soit pas franchement pour lui dire des mots doux à cet instant. Forcément, que je sois là, pile ce soir, ne passe pas pour un hasard. Forcément, le lien avec son meilleur ami est évident. Et j'espère très fortement que je suis pas en train de les faire se brouiller, parce que c'est vraiment la dernière chose que je voudrais.

« T’étais au courant ?...
- Tu connais déjà la réponse Rox... »


J'ai pas entendu ces mots, mais j'ai aperçu la réaction de l'artiste. Il a attrapé son verre, et posé l'autre main sur l'épaule de Tyler, peut-être pour tenter de le garder sur place ou... J'en sais rien. Et je sais pas ce que mes mots ont comme impact sur lui, mais à mesure que je chante, j'ai un furieux doute... Est-ce que j'arrive à faire passer le plus important, à savoir les dernières paroles, finalement ? Est-ce qu'il les comprend ? Aucune idée. Et j'ai pas vraiment le courage de scruter pour savoir, j'ai lâché ma guitare pour m'installer au clavier un peu en retrait. Y a des phrases que je suis incapable de prononcer directement. Des mots qui sont trop compliqués à sortir, de but en blanc. Et j'aurais jamais pu les écrire correctement, d'autant moins qu'ils ont déjà été suffisamment bien chanté, en réalité.

« Vous connaissez très certainement la suivante, tous. J'aurais pas pu écrire et dire ça aussi bien que lui alors... »

Mes doigts se sont posés sur le clavier, et j'ai commencé à jouer. Et à chanter ces mots que je suis la plupart du temps incapable de prononcer autrement. Il n'empêche que... Tout ce que je dis, là, est parfaitement sincère. Des premiers couplets réclamant son attention, au refrain qui est censé lui demander pardon. Et je suis désolé, réellement. D'être parti comme ça ce jour-là, d'en être arrivé là alors que tout était pourtant censé être clair dès le départ, en réalité. De m'être vengé sur lui, au final, alors que tout ce qui me bouffait n'était clairement pas de son fait. D'accord, j'étais un peu frustré de n'être que ce sex toy qu'on a évoqué, mais... C'était un détail parmi tout le reste, et pourtant, c'est lui qui a tout pris. Et je regrette, vraiment. Est-ce que mon regard qui se décide enfin à chercher le sien le lui fait comprendre ?


Je suis resté un instant silencieux, à la fin du morceau, tandis que les dernières notes achevaient de résonner dans le bar, les yeux dirigés vers leur table. Et puis j'ai pris une profonde inspiration pour reprendre la parole.

« Quand j'ai écrit la première chanson, je crois que j'étais encore un peu... encore un peu en colère, et je crois que ça se sent. Entre temps, j'ai eu tout le temps de réfléchir à beaucoup de choses... Et... De réaliser beaucoup de choses, je crois. Peut-être que je me plante. Mais... »

J'ai commencé à poser les accords sur la dernière phrase. Et j'ai enchaîné sur cette chanson. Je crois que c'est une de celles que j'ai eu le plus de mal à écrire. Celle qui veut dire le plus de choses et... Que j'ai le plus de mal à chanter sans craquer aussi.


D'ailleurs je suis resté concentré sur mon clavier tout du long. Je sais que si je croise son regard, je vais pas être capable de continuer. Mais lorsque le dernier accord est posé, je rouvre finalement les yeux, et recherche leur table et... Et me rend compte qu'il n'est plus là. Je vois le geste de Rika, qui indique qu'il est sorti fumer apparemment. Et je me relève du piano, au moment où quelques applaudissements finissent par retentir, et où la brunette qui m'a passé le micro a l'origine revient prendre la parole, remercier l'audience de l'accueil qui m'a été réservé après m'avoir pris dans ses bras, et je m'éclipse après un signe de la main à l'attention du public avant de filer à travers la salle et de sortir dans la rue, en t-shirt parce que non, j'ai pas vraiment pris le temps d'aller récupérer mon blouson derrière.

Et je me retrouve comme un con, face à Tyler, à pas savoir quoi dire à présent. Je le regarde un instant, finit par sortir un étui à cigarettes qu'il connaît bien pour en tirer une et me rend compte que mon zippo, lui, est très certainement dans le blouson en revanche - cherchez la logique.

« Tu aurais du feu, s'il te plaît ?... »

Ma main levée désigne la cigarette entre mes doigts, et je me pince un instant les lèvres, avant de me décider à prendre, vraiment, la parole.

« Je pensais chaque mot tu sais. Réellement. J'ai vraiment agi comme un crétin et... c'est peut-être un peu tard mais... Je voulais que tu le saches... »

Il y aurait plein d'autres choses à dire, plein d'autres explications à donner, sur ce que j'ai ressenti et pourquoi j'ai agi comme ça mais... C'était plus facile de parler à coeur ouvert en chanson, et tout ça ne parvient pas à passer la barrière de mes lèvres, quand bien même je voudrais pouvoir lui expliquer. Et en même temps... Il est peut-être trop tard, et peut-être que ça ne sert plus à rien, après tout...
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 0:19 par Invité
- Tu connais déjà la réponse Rox... répondit alors sans surprise Rafael qui venait donc indirectement d’avouer son implication dans cette mascarade qui était en train de se jouer devant moi.

Et si cette complicité quelque peu improbable qui s’était créé entre les deux hommes ne me plaisait pas vraiment, j’étais tout de même loin d’en vouloir à mon meilleur ami simplement parce qu’il cherchait désespérément à me mettre en couple depuis des années et qu’il avait récemment trouvé le compagnon idéal en la personne de Nate – je me demandais d’ailleurs bien ce qu’il lui trouvait de plus que les autres étant donné que son principal atout se trouvait être ses prouesses au lit et, qu’aux dernières nouvelles, Rafael était et avait toujours été hétéro…

La première chanson se termina finalement sous les applaudissements des consommateurs du bar qui n’écoutaient pour certains que d’une oreille distraite, mais la prestation du jeune musicien ne semblait pas finie pour autant, celui-ci ayant apparemment un autre message à me faire passer.

- Vous connaissez très certainement la suivante, tous, annonça alors Nate, tout en se plaçant devant les touches d’un clavier qui me semblait appartenir à l’un des musiciens du groupe qui avait joué précédemment. J'aurais pas pu écrire et dire ça aussi bien que lui alors...

Et il se mit alors à jouer les premières notes de cette chanson mondialement connue et dont le message était, cette fois, on-ne-peut-plus clair puisqu’il était non seulement dans le titre, mais il était également répété plusieurs fois tout au long de la chanson : il était désolé. Et si je tentais désespérément d’ignorer le spectacle qui était en train de se dérouler devant mes yeux, je ne pouvais tout de même pas m’empêcher de jeter de temps en temps quelques regards discrets en direction du jeune chanteur. Finalement, je décidai de me lever pour aller me chercher une autre bière, la première ayant avidement été ingurgitée lors de la chanson précédente. Et si j’avais réussi pendant tout le temps que j’étais accoudé au comptoir du bar à ne pas tourner la tête vers ce coin de la salle dans lequel avait été aménagé une sorte de petite scène pour les groupes de musique qui jouaient de temps à autre dans cet établissement, je ne manquai pas une seule des paroles que Nate était en train de chanter. Lorsque je revins à la table que j’occupais avec mes potes, ma bière à la main, la chanson était finie…

- Quand j'ai écrit la première chanson, je crois que j'étais encore un peu... encore un peu en colère, et je crois que ça se sent, se mit-il alors à expliquer à l’assistance – et par conséquent, à moi – sans raisons particulières. Entre temps, j'ai eu tout le temps de réfléchir à beaucoup de choses... Et... De réaliser beaucoup de choses, je crois. Peut-être que je me plante. Mais...

Puis, il reposa ses doigts sur les touches du clavier derrière lequel il se tenait toujours dans le but de chanter une troisième chanson. Et si les deux premières avaient déjà fait leur petit effet – en particulier la reprise de la chanson d’Elton John –, je fus totalement bouleversé par les paroles de cette dernière qui me correspondait parfaitement. J’avais d’ailleurs peut-être tenté par tous les moyens d’éviter le contact visuel avec Nate depuis le début de sa prestation, mes yeux étaient par contre rivés sur lui durant tout le temps que durait cette chanson. Et ce fut émotionnellement ébranlé que je décidai finalement de sortir prendre l’air – et profiter ainsi de ce moment de répit pour fumer une clope – alors que Nate finissait de jouer son morceau. A peine quelques secondes après avoir quitté l’établissement, je retrouvai le jeune musicien dehors, une cigarette à la main.

- Tu aurais du feu, s'il te plaît ?... me demanda-t-il alors, n’ayant vraiment rien d’autres à dire pour entamer la conversation… Je lui tendis donc mon briquet, refusant ainsi de jouer les grands princes en l’allumant pour lui – fallait pas non plus abuser… Je pensais chaque mot tu sais, se mit-il ensuite à vraiment vouloir parler. Réellement. J'ai vraiment agi comme un crétin et... c'est peut-être un peu tard mais... Je voulais que tu le saches...

Je restai un long moment silencieux, mes yeux plantés dans les siens, tandis que je prenais une lente et profonde bouffée de nicotine.

- Heureux que tu te rendes enfin compte que tu es un abruti, commençai-je alors, ne le quittant toujours pas des yeux. Mais comme tu dis, c’est un peu tard à présent. Ça sert à quoi de te bouger maintenant ? J’ai eu le temps de passer à autre chose, en un mois, mentis-je de manière effrontée par simple esprit de vengeance – ce qui était quelque peu puéril, je devais bien l’admettre… En tout cas, jolies chansons… continuai-je ensuite en pensant surtout à la troisième et dernière chansons qu’il venait de chanter, tout évitant cette fois de le regarder en face. On peut dire que tu sais écrire…
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 1:34 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 01.05.2015 • Central London • Soho • Un bar...
J'ai fait ce que je pouvais. Je suis pas plus doué pour ça que pour les relations familiales, en réalité. J'ai beau être plutôt social en surface, je crois que les relations vraiment implicantes, je sais pas vraiment gérer... Faut dire qu'outre les liens amicaux que je peux nouer avec certaines personnes de mon entourage, j'ai jamais vraiment eu de lien fort avec la plupart des membres de ma famille, ni avec qui que ce soit à un niveau sentimental autre. Alors clairement, je sais pas comment gérer tout ça, et je suis assez certain que je fais à peu près tout de travers. Rika avait raison sur le fait que plus j'attendais, plus ce serait difficile, mais je crois que ce pseudo-conseil est arrivé déjà trop tard. Parce que si j'ai parfois posé les yeux sur lui pendant que je chantais les premiers morceaux, il a ostensiblement évité de croiser mes iris olives. Et j'ignore que ses prunelles azurées ne m'ont plus quitté quand j'ai entamé le dernier morceau, parce qu'alors, je n'étais plus vraiment capable de soutenir son regard - ou son indifférence, qu'elle soit feinte ou sincère.

Et j'aurais pu en rester là, une fois que j'ai rouvert les paupières pour réaliser son absence à la table de ses potes, me dire que c'était inutile et repartir... Mais je peux pas ne pas au moins tenter de lui parler. Je suis venu jusqu'ici dire ce que j'avais à dire, en grande partie en chanson, certes, mais... Pas que. C'était peut-être pas la façon la plus fine de briser la glace, mais c'est ce qui m'est le plus naturel, finalement. Ou le moins non-naturel. Alors je suis sorti à sa suite, et l'excuse de la clope brise le silence - et me donne une contenance aussi. Je suis quand même pas du genre à admettre si facilement mes torts, et pourtant c'est ce que je tente de faire ce soir. Aucune idée de ce que ça va donner comme résultat, et les deux billes bleues fixées sur moi ne me facilitent franchement pas la tâche.

« Heureux que tu te rendes enfin compte que tu es un abruti. »

Je tire nerveusement sur ma clope. Ca me plaît pas beaucoup d'être rabaissé comme ça. J'ai été con, je sais bien, mais ça arrive à tout le monde, non ? Que cette connerie-là devienne une de mes caractéristiques de cette manière me vexe, clairement, mais je ravale ma fierté, me venge sur la nicotine : j'arriverai à rien en laissant exploser mon ego blessé.

« Mais comme tu dis, c’est un peu tard à présent. Ça sert à quoi de te bouger maintenant ? J’ai eu le temps de passer à autre chose, en un mois...
- Faut croire que ce foutu dicton "mieux vaut tard que jamais" est pas toujours très juste... »


Alors c'est ça, hein ? C'était bien essayé, mais ça sert à rien, hein ? Je peux pas lui jeter la pierre, après tout, il avait aucune raison de pas continuer à vivre, et il avait bien tous les droits de le faire, d'ailleurs, tout au contraire.

« J'en sais trop rien, en fait. Je vais pas te dire que j'avais pas un petit espoir de pouvoir revenir squatter ton lit mais... Je voulais surtout que tu saches que j'étais vraiment désolé... D'autant plus que même si j'étais un peu frustré pour ce qui nous concernait, j'étais pas en colère que pour ça et... Ca aurait pas dû te retomber dessus, pas comme ça, pas à ce point-là... Je crois que je voulais juste... être quelqu'un de spécial. Et j'ai tout gâché. »

Le silence a plané quelques secondes, et j'ai tiré une nouvelle taffe, seul moyen que j'ai trouvé pour me donner une contenance, donc. Savoir que j'ai tout foutu en l'air tout seul, c'est pas vraiment quelque chose de facile à encaisser, et j'y arrive pas encore, il faut bien avouer. Je crois que je m'attendais à ce qu'il me plante, à cet instant. Ou à... je sais pas, me faire un peu plus engueuler que ça. Au lieu de ça, son regard me fuit, et il reprend d'une voix peut-être un peu trop calme.

« En tout cas, jolies chansons… On peut dire que tu sais écrire…
- Ravi qu'elles te plaisent, même si... »


Même si j'aurais préféré qu'elles aient un peu plus d'utilité, au final. Puisque c'est trop tard, selon ses dires. Mais dans ce cas... S'il est vraiment passé à autre chose, pourquoi Rika ne semble-t-il pas vraiment au courant, hein ? Et pourquoi il évite de me toiser comme il le faisait il y a trois minutes ? Je sens bien que je pourrais me bercer d'illusions, là, tirer des conclusions peut-être erronées, juste parce que je voudrais que ça soit ça, la vérité. Et j'ai beau tenter de me réfréner, je sens bien que mon coeur se met à faire des bonds dans ma poitrine. Ta gueule, putain, stupide organe ! Si je me fais des films, ça sera encore plus difficile à encaisser ensuite... Alors je fais genre, face à lui, ou en tout cas, j'essaie. Mais j'ai beau faire, je suis pas aussi détaché qu'il le faudrait. Même quand je sors ce genre de connerie :

« Enfin... C'est mon boulot, il paraît, tu sais... Et puis... Je suis pas super doué pour expliquer et exprimer les choses autrement que par ce biais-là, en fait... »

Je vais avoir fini ma cigarette en un temps record, mais je peux pas m'empêcher d'en inhaler toujours un peu plus de fumée, comme si ça pouvait vraiment me calmer - peine perdue cependant.

« Aussi crétin que je puisse être, fallait bien que je sache faire une ou deux petites choses... Eviter de blesser les gens auquel je tiens, ça a pas l'air d'en faire partie malheureusement... »

Garder le mec que j'ai dans la peau auprès de moi, non plus, ça a pas trop l'air d'être dans mes cordes manifestement... Je m'en veux de l'avoir blessé en claquant la porte ce jour-là. Y a pas qu'à moi que j'ai fait du mal, même si, selon ses dires, il est passé à autre chose. Et c'est un des trucs les plus difficiles à accepter...
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 23:50 par Invité
Nate était donc en train de m’adresser la parole pour la première fois depuis un tout petit peu plus d’un mois à présent et, si j’acceptais d’écouter ses excuses qui n’en était pas vraiment – après tout, il ne s’était pas clairement excusé pour ce qui s’était passé la dernière fois (il venait juste de chanter une chanson qui expliquait que le mot « désolé » était l’un des plus durs à prononcer, ce qui n’était à vrai dire pas réellement des excuses…) –, c’était simplement parce que mes amis étaient encore à l’intérieur et que je n’avais pas envie de les laisser en plan en me barrant sans rien dire. Et peut-être aussi indirectement parce que, après un mois entier sans avoir eu une seule nouvelle, je désirais entendre les explications qu’il avait à me donner. Cependant, si je consentais à écouter son bavardage, je n’allais certainement pas lui faciliter la tâche en lui tombant tout de suite dans les bras – de toute façon, il était hors de question que j’agisse comme une tapette…

- Faut croire que ce foutu dicton "mieux vaut tard que jamais" est pas toujours très juste... commenta alors Nate sur un ton presque déçu, tandis que je pris un air totalement détaché, haussant même les épaules comme pour lui prouver que cela m’était franchement bien égal. J'en sais trop rien, en fait, se mit-il ensuite à répondre à la question que j’avais posée entre deux affirmations. Je vais pas te dire que j'avais pas un petit espoir de pouvoir revenir squatter ton lit mais... Je voulais surtout que tu saches que j'étais vraiment désolé... Elles étaient donc là les excuses que j’attendais tant ! Mieux valait tard que jamais… Ou pas, si on se remettait dans le contexte…D'autant plus que même si j'étais un peu frustré pour ce qui nous concernait, j'étais pas en colère que pour ça et... Ça aurait pas dû te retomber dessus, pas comme ça, pas à ce point-là... Je crois que je voulais juste... être quelqu'un de spécial. Et j'ai tout gâché.

- « Quelqu’un de spécial »… me mis-je à répéter ces mots qu’il venait à peine de prononcer et qui m’avaient quelque peu interpellé. T’es un véritable abruti, en fait ! m’exclamai-je ensuite, ne m’imaginant franchement pas qu’il pouvait l’être à ce point… Non parce que c’est vrai que c’est vachement dans mes habitudes de coucher avec une seule personne pendant trois mois ! De la laisser venir quand elle veut – même s’il est 2h30 du matin passé – ou encore de prendre le petit-déjeuner avec elle, allant jusqu’à acheter du thé pour lui faire plaisir alors que je déteste ça. Eh oui ! Ce genre de traitement est tellement commun venant de ma part, ironisai-je dans le but de prouver mon point qui était bien évidemment de lui démontrer qu’il était spécial puisque je n’avais jamais eu de relation de la sorte avec qui que ce soit.

Ceci étant dit, ne sachant pas trop quoi dire d’autre, je me mis à le complimenter sur ses talents de compositeur.

- Ravi qu'elles te plaisent, même si... Enfin... C'est mon boulot, il paraît, tu sais... ne put-il simplement accepter mon compliment. Et puis... Je suis pas super doué pour expliquer et exprimer les choses autrement que par ce biais-là, en fait... Aussi crétin que je puisse être, fallait bien que je sache faire une ou deux petites choses... dit-il ensuite, et je sentis comme une sorte de l’amertume dans le ton de sa voix. Eviter de blesser les gens auquel je tiens, ça a pas l'air d'en faire partie malheureusement...

Et la seule et unique chose que je fis après ce petit monologue auquel je ne savais pas quoi répondre fut de tirer une taffe sur ma cigarette à moitié entamée.
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Lun 4 Mai 2015 - 1:46 par Nathanael E. Keynes
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Vendredi 01.05.2015 • Central London • Soho • Un bar...
C'est franchement pas facile, pour moi, d'être là, face à lui, confronté à son indifférence - réelle ou feinte, j'en sais foutrement rien, et c'est bien ce qui ne me facilite pas la tâche. Mais je vais pas dire que je m'y attendais pas, encore moins que je l'ai pas méritée. Même si ça me fait mal, même si j'aurais aimé qu'il comprenne, sans que j'aie besoin de trop m'aplatir. Mon égo en prend un sacré coup, là, et je sais pas s'il en avait tellement besoin, ces derniers temps. Il a annoncé avoir eu tout le temps de passer à autre chose, et je peux pas vraiment le blâmer, mais... Ca me fait mal, c'est clair. Et si je m'étais pas fait un devoir de dire tout ce que j'avais à dire, d'expliquer mon comportement, au moins en partie, je crois que je serais juste reparti comme j'étais venu, et je serais sans doute retourné me bourrer la gueule quelque part, loin d'ici. Je me suis promis que je resterai pas encore dans le silence, alors je reste, je me venge sur ma clope, et je tente de donner le peu d'explication que je suis capable de donner, donc. Je dis pas que mes réactions ont été ni très logiques, ni - et encore moins - réfléchies, j'expose juste ce qu'il m'est passé par la tête, au moins en partie. Je crois que si j'exposais vraiment tout, en long, en large et en travers, ça finirait par le saouler, parce que je finirais par avoir l'air d'une pleureuse, et il en a aussi peu envie que moi, très certainement. Alors je donne l'essentiel, entre deux bouffées de nicotine. Et sa réaction ne se fait pas attendre.

« « Quelqu’un de spécial »… T’es un véritable abruti, en fait !
- Je sais. »


J'encaisse sans trop broncher, ferme seulement les yeux. Je suis parti pour m'en prendre plein la gueule, là, hein ? Ca aussi, je m'y attendais, mais je crois que j'y suis quand même pas vraiment prêt. Ca n'empêche que je sais. Je sais que c'était particulièrement crétin, je sais que même si c'est pas forcément la relation dont j'aurais pu rêver, « quelqu'un de spécial », c'était déjà ce que j'étais. Ce qu'il confirme d'ailleurs aussitôt...

« Non parce que c’est vrai que c’est vachement dans mes habitudes de coucher avec une seule personne pendant trois mois ! De la laisser venir quand elle veut – même s’il est 2h30 du matin passé – ou encore de prendre le petit-déjeuner avec elle, allant jusqu’à acheter du thé pour lui faire plaisir alors que je déteste ça. Eh oui ! Ce genre de traitement est tellement commun venant de ma part ! »

J'ai pincé les lèvres, sans rien dire, le temps qu'il finisse d'asséner ce qu'il avait à me balancer.

« J'ai pas dit que c'était légitime, hein... J'essaie juste d'expliciter ce qu'il s'est passé et qui a fait que j'ai claqué cette putain de porte mais... Je cherche toujours pas à faire croire que c'était pas con... Je sais bien tout ça. C'est juste qu'à ce moment-là... J'ai été un peu aveuglé par tout un tas d'autres choses et j'ai réagi n'importe comment... Je sais pas vraiment bien gérer ça, c'est pas comme si j'avais eu beaucoup de relations suivies avant... »

J'ai fini ma clope, éteint le mégot sur le bord du trottoir derrière nous et l'ai replacé dans mon étui pour le jeter plus tard dans une poubelle, les doigts un peu trop tremblant.

« J'en voulais pas... Parce que... »

Je vais vraiment dire ça, là ?

« Parce que je voulais pas vivre ce moment-là, où ça s'arrête et ça fait un putain de mal de chien. Et j'ai été assez con pour me faire ça tout seul, ouais... »

Un sourire amer, un pouce levé, genre bien joué moi-même, les yeux fixés sur lui, un peu trop brillants sans doute.

« Et je t'ai blessé au passage. Et je sais pas trop bien ce qui me fait le plus de mal dans l'histoire... »

Je me suis passé une main sur le visage, avant de reprendre, après m'être raclé la gorge - ce qui bousille un peu toute chance de faire croire ne serait-ce qu'une seconde que je peux encore rester relativement stoïque - et en détournant le regard, par moments, avant de tenter de le reposer sur lui, et de le détourner à nouveau.

« Je devrais te laisser tranquille, je suppose, tes potes vont t'attendre, et je vous ai déjà assez monopolisé votre soirée, hein ?... Je... »

Profonde inspiration, même si ça change pas grand chose à mon état de nerfs, en réalité, ce dont il peut difficilement ne pas être conscient. A l'intérieur, les groupes ont repris la programmation normale, et Rika et les autres attendent son retour, sans doute. Et moi...

« Je suis désolé, encore une fois... Je crois que je le dirais jamais assez... Et... Tu vas me manquer, Handsome... »

Enfin c'est déjà le cas, mais ça va sans dire, n'est-ce pas ? C'est ce que je disais déjà à Noël, ce que je savais déjà depuis longtemps : c'était peut-être pas exactement le type de relation dont on rêve quand on a envie de se mettre avec quelqu'un, mais c'est encore pire quand je suis loin de lui. Mais je peux juste pas le forcer à vouloir encore de moi, alors... Je suppose que c'est le moment où je dois lui foutre la paix. Sauf que j'arrive pas vraiment à bouger, et que je m'attends surtout à ce que ça soit lui qui tourne les talons. Parce que c'est ce qu'il va faire, là, non ?
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() message posté Mar 5 Mai 2015 - 1:31 par Invité
- J'ai pas dit que c'était légitime, hein... J'essaie juste d'expliciter ce qu'il s'est passé et qui a fait que j'ai claqué cette putain de porte mais... Je cherche toujours pas à faire croire que c'était pas con... Je sais bien tout ça, tenta-t-il de se justifier de manière très maladroite et un peu confuse également. Après tout, il venait lui-même de prononcer ces mots qui étaient loin d’être vrais comme je venais à l’instant de le démontrer, ce qui devait sans le moindre doute être très embarrassant… C'est juste qu'à ce moment-là... J'ai été un peu aveuglé par tout un tas d'autres choses et j'ai réagi n'importe comment... Je sais pas vraiment bien gérer ça, c'est pas comme si j'avais eu beaucoup de relations suivies avant...

- Parce que moi, je suis un expert… fis-je alors sur un ton plein de sarcasme – un domaine dans lequel j’étais passé maître depuis de nombreuses années à présent. Et si je me montrais autant cynique avec lui, ce n’était pas pour le plaisir de le rabaisser – bien que je devais tout de même avouer que j’étais quelque peu satisfait de le voir autant désemparé –, mais simplement parce que j’avais la désagréable impression qu’il était en train de rejeter la faute sur son inexpérience en relations suivies alors que j’étais sans le moindre doute le moins expérimenté des deux.

- J'en voulais pas... Parce que... Parce que je voulais pas vivre ce moment-là, où ça s'arrête et ça fait un putain de mal de chien, poursuivit-il après avoir éteint sa cigarette dont il ne restait à présent plus que le filtre. Et je continuai donc de l’écouter se perdre dans des explications auxquelles je n’avais même pas besoin, tirant les dernières bouffées de ma propre cigarette. Et j'ai été assez con pour me faire ça tout seul, ouais... illustra-t-il ses propos en levant un pouce en l’air comme pour exprimer une victoire – qui n’en était évidemment pas une. Et je t'ai blessé au passage. Je me mis alors à renifler de manière totalement désinvolte à l’entente de ses mots. Après tout, que savait-il réellement de mes sentiments à ce sujet ? Il ne me semblait pas avoir parlé un seul instant d’avoir été « blessé » par ce départ intempestif il y avait de cela un mois. Et si intérieurement cela avait été le cas, il était tout à fait hors de question que je le montre à l’extérieur. Et je sais pas trop bien ce qui me fait le plus de mal dans l'histoire...

Il fit soudain une pause dans ce long monologue qu’il était en train de me clamer depuis tout à l’heure, passant une main sur son visage comme pour reprendre un peu de la contenance qu’il semblait avoir perdu au cours de cette soirée. Et je profitai de ce silence pour écraser ma cigarette et la jeter dans la poubelle la plus proche.

- Je devrais te laisser tranquille, je suppose, reprit-il la parole après s’être raclé légèrement la gorge dans le but de s’éclaircir un peu la voix. Tes potes vont t'attendre, et je vous ai déjà assez monopolisé votre soirée, hein ?... Je... Je suis désolé, encore une fois... s’excusa-t-il de nouveau sur un ton qui avait perdu toute l’assurance que je lui connaissais habituellement. Je crois que je le dirais jamais assez... Et... Tu vas me manquer, Handsome...

Il resta quelques secondes planté devant moi, attendant très certainement une réaction de ma part qui ne venait pas, avant de finalement me tourner le dos et de s’en aller. Et si ses excuses et explications concernant ses agissements passés qu’il venait de m’exposer pendant près de dix minutes n’avaient provoqué chez moi que de l’agacement et du sarcasme, je devais bien avouer que le voir partir de cette façon après m’avoir dit au revoir me touchait beaucoup plus. Après tout, il était déjà parti une fois, et si mon comportement et mes paroles indiquaient le contraire, je me rendais compte que je ne souhaitais pas le voir partir une seconde fois.

- Attends ! m’exclamai-je tout à coup, après quelques longues secondes durant lesquels j’étais en train de me battre contre moi-même au sujet de ce que je devais faire. Une seconde, le prévins-je alors, avant de retourner à l’intérieur du bar. Je ne comptais tout de même pas partir sans avoir prévenu mes amis qui étaient sagement en train de m’attendre autour de plusieurs verres d’alcool. Ce fut donc seulement après les avoir averti que j’allais rentrer seul que je retournai auprès de Nate qui patientait dehors. On va chez moi, je préfère, annonçai-je ensuite en commençant déjà à marcher, faisant confiance au jeune homme pour me suivre sans émettre de résistance. Oh ! Et… on va prendre le métro, finis-je ensuite par révéler avec un petit sourire quelque peu mauvais sur le visage.

Bien sûr, après l’avoir fréquenté pendant trois mois, j’étais parfaitement au courant de sa claustrophobie avec laquelle il m’avait bassiné pendant des heures avant de prendre l’avion pour son voyage en Norvège. C’était seulement une façon pour moi de le punir pour avoir claqué la porte de mon appartement il y avait maintenant un mois de cela. J’arrêterai ensuite peut-être de le torturer après ça… Ou d’une autre façon, tout du moins…
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 5 Mai 2015 - 8:11 par Nathanael E. Keynes
Sorry seems to be the hardest word

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Vendredi 01.05.2015 • Central London • Soho • Un bar...
Je sens bien que je m'embourbe. Plus j'essaie de m'expliquer - et je cherche même pas à légitimer ma réaction, je sais pertinemment que j'aurais pas dû partir comme ça, ni m'emporter de la sorte - et plus je m'enfonce. Et quand j'évoque le fait que c'est nouveau pour moi, le « aussi » manque très clairement à ma phrase au vu de sa réaction.

« Parce que moi, je suis un expert…
- J'ai pas dit ça... »
soufflé-je avant de tenter encore une fois d'éclaircir ma position, aussi débile ait-elle pu être.

C'était pas malin, mais il y avait une certaine logique. Complètement partielle et biaisée, oui, d'accord, mais ça n'empêche. Je crois qu'il vaut mieux que je ferme ma gueule cela dit, plus je parle et moins ça a d'effet positif. Pire encore quand j'évoque le fait d'avoir pu lui faire du mal et je l'observe écraser sa propre clope en silence. Comme si je n'étais pas là, en réalité. Alors c'est ça, hein ? Plus aucune réaction, je sais même plus trop s'il croise encore mon regard, le mien est de plus en plus fuyant. Et je finis par prendre congé, lui foutre la paix, donc, je crois que je me suis bien assez donné en spectacle, là. J'aurais essayé, et je lui aurais au moins présenté mes excuses, aussi peu claires aient-elles pu être. Et aussi peu réceptif a-t-il pu y être aussi. Les mains au fond des poches, je suis prêt à rentrer à nouveau dans le bar, parti pour aller récupérer mon blouson et me barrer, histoire de regagner mon appart' et d'éviter de descendre encore plus l'image déjà pas très glorieuse que je renvoie en craquant complètement en pleine rue.

« Attends ! »

Je bloque effectivement sur le son de sa voix, clairement surpris de l'entendre à nouveau, et particulièrement parce qu'il m'arrête dans mon élan. Le temps que mon cerveau intègre ce qui est en train de se passer - je vous laisse imaginer le joyeux bordel que c'est dans ma tête, et comment mon coeur peut-être en train de danser le tango, là - et je tente de reprendre la parole.

« Euh... D'accord, mais y a encore mon blouson à l'intérieur près de la scène...
- Une seconde. »


Je lève les mains en signe de reddition. Ce que tu veux Handsome, je risque franchement pas de pas me plier à ce que tu veux là, pas s'il est bien en train de se passer ce que je veux croire qu'il est en train de se passer. Quand bien même j'ai un peu de mal à y croire, j'avoue. Et puis ok, laisser mon blouson là-haut, c'était pas le plus futé, mais à part mon briquet en réalité, y a pas grand chose dedans, l'essentiel se trouvant dans les poches de mon jean. Et peut-être bien qu'il pourrait se foutre de ma gueule, juste me faire mariner par vengeance et que je suis comme un con, dehors, à attendre pour rien avec l'espoir vain de le voir revenir vers moi, mais je peux juste pas ne pas tenter d'y croire, au moins quelques instants.

Et en même temps, j'imagine tellement la réaction de Rika s'il est vraiment en train de lui dire ce qu'il se passe. Quoi qu'il n'est pas obligé de tout expliquer pour prendre congé de son petit groupe de potes non plus. Et pourquoi je me pose toutes ces questions au juste ? Pour combler le vide de ces quelques instants, tout seul dehors, je suppose. Et un sourire fleurit sur mes lèvres quand il repasse la porte du bar dans l'autre sens.

« On va chez moi, je préfère.
- Mmmh mmmh... »


Ca a toujours été le cas, donc ça n'a rien de surprenant, et je me fais évidemment pas prier pour le suivre après avoir récupéré mon vêtement abandonné, que je suis en train de passer quand il se tourne à nouveau vers moi, une lueur mesquine dans le regard.

« Oh ! Et… on va prendre le métro
- Sans pitié, hein ?... »


J'ai pas commenté davantage, continué à avancer à ses côtés, parti pour se plier à ses exigences, au moins pour ce soir, et puis... Et puis j'ai déjà joué cette scène, mais tant pis : je l'ai quand même poussé contre un mur un peu plus loin, pour l'embrasser avant de venir murmurer à son oreille des mots assez similaires à ceux que j'avais prononcés la première fois qu'on est sortis ensemble du Barfly.

« Tu sais qu'il va falloir que tu me tiennes occupé, hein ? »

Mes lèvres viennent alors langoureusement parcourir son cou, avant que je ne me détache doucement de lui, et pour cause.

« Putain encore des tafioles, y en a à tous les coins de rue ici, c'est pas possible !... Vous pouvez pas faire ça ailleurs, y a des gens civilisés qu'on pas besoin de ce genre de spectacle. Prenez une chambre, bordel ! »

Une moue peu avenante sur le visage, le regard baissé un instant, j'ai fini par me tourner vers les mecs qui se permettaient ce genre de commentaires homophobes débiles. Pile le genre de discours que je peux franchement pas piffer.

« C'est à dire que quand on se balade dans le quartier gay, mate, faut s'attendre à ce genre de spectacle, comme tu dis. Oh ! Mais c'est peut-être justement pour ça que t'es là ! Peut-être bien que c'est ce que tu recherches, sans oser l'avouer - ça le ferait pas un grand gaillard costaud comme toi qui soit de la jaquette, oh bah non, c'est pas possible, évidemment. Laisse-moi deviner, t'oses pas avouer à ton petit copain que t'as envie de son cul alors tu te venges sur ceux qu'assument ?... »

Le regard noir, je sais que je joue avec le feu, que ce type s'énerve et m'en colle une - voire plusieurs - je donne pas trop cher de ma peau. Mais je peux juste absolument pas ignorer ce genre de commentaire à la con.

« Ca doit être tellement frustrant... Mais t'inquiète pas pour la cham... »

Je voyais bien dans son regard que c'était en train de partir, mais je crois que j'imaginais pas que ça irait aussi vite. Rapide le bougre, j'ai à peine entendu le « ta gueule » annonciateur que son poing fermé percutait mon visage. Ok, je cherche la merde aussi, je sais... Un peu sonné, je me redresse en passant une main sur ma lèvre fendue - j'ai jamais été vraiment résistant physiquement, il faut avouer.

« Pour la chambre, on a ce qu'il faut, merci... Autant pour les gens civilisés... »

Je crois que ce qui sort de ma bouche est passé en mode automatique. De toutes les issues possibles à cette soirée, celle que je me retrouve avec la gueule amochée était franchement pas celle que j'aurais envisagée... Et je sais pas trop ce que déblatère le type en fait, réellement déboussolé pendant quelques secondes...
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() message posté Mer 6 Mai 2015 - 2:30 par Invité
Il s’apprêtait à sortir de ma vie une seconde fois, me laissant comme un con dans ma solitude que j’avais de plus en plus de mal à supporter, mais je l’avais arrêté, l’empêchant ainsi d’aller plus loin et de disparaître de ma vie à jamais. Puis, avant même de rajouter quoi que ce soit, je lui demandai de patienter un instant le temps de prévenir mes amis qui se trouvaient encore à l’intérieur du bar en train de guetter mon retour autour de bières et de cocktails en tous genres qu’il était inutile de m’attendre plus longtemps. Et si je restais vague sur mes projets de fin de soirée, je ne me faisais aucune illusion quant aux faits qu’ils savaient parfaitement ce que je comptais faire et avec qui. Je profitai aussi de mon retour dans l’établissement pour récupérer le blouson que Nate avait bêtement laissé traîner sur une chaise près de la scène, avant d’en sortir définitivement afin de rejoindre le jeune homme qui m’attendait toujours patiemment dehors, un sourire stupidement heureux flottant sur ses lèvres. Je m’arrêtai à peine devant lui, annonçant rapidement notre destination, avant de me mettre en route sans surprise vers Hammersmith, le quartier dans lequel j’habitais – il me connaissait assez à présent pour savoir que j’étais plus à l’aise dans mon appartement. Je lui indiquai également – avec un air quelque peu mesquin – le moyen de transport par lequel nous allions voyager jusque chez moi et sa réaction ne se fit pas attendre :

- Sans pitié, hein ?... réagit-il alors simplement, avant de me pousser quelques secondes plus tard contre la façade d’un immeuble et de venir me murmurer à l’oreille : Tu sais qu'il va falloir que tu me tiennes occupé, hein ?

Il vint ensuite capturer mes lèvres dans un baiser langoureux et je le laissai faire avec un plaisir non feint, enchanté de pouvoir goûter de nouveaux ces lèvres. Et lorsque sa tête vint se nicher dans mon cou dans le but de le picorer de lents baisers humides, nous fûmes soudain interrompus par un homme apparemment révulsé par ce qu’il était en train de voir.

- Putain encore des tafioles, se plaint-il à voix haute, son but étant clairement que nous l’entendions. Y’en a à tous les coins de rue ici, c'est pas possible !... Vous pouvez pas faire ça ailleurs, y a des gens civilisés qu'on pas besoin de ce genre de spectacle. Prenez une chambre, bordel !

Et je n’eus pas le temps de répliquer que Nate lui répondait déjà.

- C'est à dire que quand on se balade dans le quartier gay, mate, faut s'attendre à ce genre de spectacle, comme tu dis. Oh ! Mais c'est peut-être justement pour ça que t'es là ! Peut-être bien que c'est ce que tu recherches, sans oser l'avouer - ça le ferait pas un grand gaillard costaud comme toi qui soit de la jaquette, oh bah non, c'est pas possible, évidemment, le provoqua-t-il ensuite, ce qui n’était franchement pas une très bonne idée. Mais je le laissai faire, n’ayant vraiment pas la tête à polémiquer avec un connard d’intolérant, ce soir. Laisse-moi deviner, t'oses pas avouer à ton petit copain que t'as envie de son cul alors tu te venges sur ceux qu'assument ?... en remit-il encore une couche, et je soupirai longuement tout en me pinçant l’arête du nez dans un geste de lassitude doublé d’embarras – parce que si le gars n’avait clairement pas le droit de nous apostropher de la sorte, Nate allait beaucoup trop loin dans ses propos et il ne faisait qu’attiser la colère de ce type qui aurait simplement passé son chemin si nous l’avions ignoré. Ça doit être tellement frustrant... Mais t'inquiète pas pour la cham...

Et ce qui devait arriver arriva. Ce ne fut une surprise pour personne – même pas pour Nate qui flancha un peu avant de continuer sa phrase comme si de rien n’était. Quant à moi qui ne souhaitais pas intervenir, je m’y sentis obligé à présent, malgré le fait que Nate l’avait totalement cherché. Je fis donc une clé de bras à ce type qui semblait beaucoup plus énervé que lorsqu’il nous avait interpelé et je le plaquai contre la façade de l’immeuble sur lequel j’avais eu tant de plaisir à peine cinq minutes avant…

- C’est pas très sympa de frapper les gens au visage, tu sais… Je sais que mon ami est un véritable crétin, mais tu l’as amoché maintenant et… tu vois, ça me plait pas. Alors, tu vas gentiment retourner voir ta femme et la sodomiser comme l’hypocrite d’homophobe que tu es ; quant à moi, je vais ramener ce crétin chez moi et le baiser toute la nuit jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tenir debout demain. Et si tu reviens nous faire chier, moi ou mon pote, je viendrais personnellement m’occuper de tes petites fesses que je trouve absolument à croquer, finis-je par le menacer, tout en appuyant mon sexe contre son derrière afin d’appuyer mes propos. Et lorsque je relâchai enfin son bras, il s’écarta de moi à une telle vitesse que je n’eus pas besoin d’avoir confirmation pour savoir que le message était passé. Quant à toi, espèce d’abruti, continuai-je alors en me retournant vers Nate et en le prenant par le bras dans le but de le forcer à me suivre dans les escaliers menant à la Piccadilly Line, quand on sait pas se battre, on ferme sa gueule. Surtout qu’il n’en valait franchement pas la peine ! Les cons homophobes, on en trouve partout. Y’en a avec qui on est obligé de se battre et d’autres qu’on ignore : lui, c’était un de ceux qu’on ignore. Abruti… commentai-je finalement pour moi-même, tout en secouant légèrement la tête de droite à gauche dans un signe désespéré. Qu’allais-je faire de lui, franchement ?…
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