"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici once you fall, you crash and burn. / isaac 2979874845 once you fall, you crash and burn. / isaac 1973890357
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once you fall, you crash and burn. / isaac

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() message posté Sam 25 Avr 2015 - 13:45 par Invité

there's a reason shooting stars are no longer deemed stars as soon as they kiss the earth, once you fall, you crash and burn. ✻✻✻ « … Une synéchie est une… » Je levai la main pour interrompre mon collègue, faisant un geste pour qu’il cesse de déblatérer un discours que j’avais déjà entendu des centaines de fois auparavant. Mais, pour la première fois, j’étais dans la situation du patient. « Je sais ce qu’est une synéchie, Joseph. » Mon ton avait été sans doute trop sec. Ma voix avait sans doute été sans appel, dure et indiscutable. Mais je ne parvenais pas à prendre sur moi, pas avec les antidouleurs qui coulaient dans mes veines, pas avec mes pensées qui se bousculaient sans cesse, pas avec l’impatience qui m’irritait. « Olivia, je crois que tu ne comprends pas… En combinant ça avec le déchirement du ligament tuboovarien gauche, et les… » Je poussai un profond soupir en levant les yeux vers lui. J’avais mal, si mal, pourtant je parvenais encore à rester éveillée. J’avais mal, si mal, pourtant je l’entendais encore me parler. Je savais qu’il allait évoquer l’intervention que j’avais subie quand ils avaient enfin pu me retirer le bout de métal qui s’était logé dans mon bas-ventre. Je savais qu’il allait me parler de mon utérus et de mes ligaments qu’ils avaient dû recoudre, de mon bassin gauche qui s’était cassé, de mon hémorragie externe qui aurait sans doute mieux fait de me tuer. Pourtant, j’avais beau savoir tout cela, je ne comprenais pas. Je refusais de mettre le doigt sur le véritable problème, sur ce qu’il désirait me faire comprendre. « Quand est-ce que je vais pouvoir rentrer, Joseph ? » demandai-je finalement, ne le laissant pas terminer. Je ne supportais plus l’hôpital. Je ne supportais plus d’avoir mal, d’être contrainte de rester là.
Il y eu un silence. Je vis dans son regard qu’il ne savait pas comment m’annoncer quelque chose. Quelque chose qu’il ne parvenait pas à m’admettre. Finalement, il prit une profonde inspiration. « Olivia, tout ça est facteur d’infertilité féminine… » Je plissai les yeux. Mon cœur battait de manière irrégulière, et le moniteur semblait s’emballer à côté de moi, pâle reflet de ce qui m’habitait réellement. « Qu’est-ce que tu essayes de me dire ? » demandai-je avec précaution. Mais au fond, je savais déjà. Au fond, j’avais compris ce qu’il me sous-entendait mais je refusais de l’accepter en tant que vérité. « Tu… Tu as très peu de chances de pouvoir mener une grossesse à terme un jour. » Et la nouvelle tomba. Elle tomba et, même si je l’avais comprise bien avant qu’il ne prononce ces mots, elle me fit encore plus mal.
Je ne répondis rien. Ma mâchoire se serra, alors que mon corps tout entier se mettait à trembler. Les pulsations de mon cœur s’emballèrent jusqu’à alarmer les machines auxquelles j’étais reliée ; j’avais beau prendre de profondes inspirations, rien n’y changeait. « Je suis désolé, Olivia… » me dit alors le chirurgien, mon collègue, mon ami. Je secouai la tête avant de planter mon regard perçant sur lui. « Laisse-moi, s’il te plait. » demandai-je, la gorge serrée. Il acquiesça, avant de faire un pas en arrière. « Il y a ton mari qui attend devant la porte. Je le fais entrer ? » Je mis une poignée de secondes avant de finalement hocher la tête, puis Joseph s’en alla. Il referma la porte derrière lui et je devinai qu’il parlait à Isaac.
Peut-être même était-il déjà au courant, lui.
Peut-être même savait-il déjà, lui.
Il se passa plusieurs minutes, plusieurs minutes où je m’agitai. Les sanglots montaient à ma gorge mais je les ravalai à chaque fois ; je ne savais pas combien de temps j’allais bien pouvoir tenir de cette façon mais je m’acharnais à garder la tête hors de l’eau. Les paroles de Joseph raisonnaient dans mon crâne. Et, à chaque fois, je réapprenais la nouvelle.
Tout ça est facteur d’infertilité féminine. Même avant l’accident, j’avais réduit mes chances le jour de ma fausse-couche. Je n’avais pas eu l’occasion de prendre soin de moi, en Afghanistan. Je n’avais pas eu le temps d’envisager la synéchie. Cela n’aurait probablement rien changé, mais le destin avait décidé de réduire mes chances encore un peu plus. Tu as très peu de chances de pouvoir mener une grossesse à terme un jour. Une larme coula le long de ma joue et je l’écrasai avec violence. J’étais née persuadée d’avoir la vocation pour devenir mère. J’étais née avec un instinct maternel au-dessus de la norme. J’étais née pour donner la vie. Cette vie que je ne pourrais plus jamais porter. A quoi bon vivre quand on a plus de raison d’être. Je posai ma main, avec précaution, sur mon ventre plat, où des bandages mangeait encore la moitié de ma peau. Je posai ma main sur ce ventre plat qui ne s’arrondirait jamais à cause d’une grossesse. Je posai ma main sur ce ventre plat qui ne porterait pas la vie, sur ce ventre plat qui était mort.
Je sursautai quand j’entendis la porte de ma chambre d’hôpital s’ouvrir, m’arrachant une douleur au bassin. Mes yeux se posèrent sur Isaac et je me détestai, en cet instant, d’avoir les yeux remplis de larmes. « Tu es au courant ? » demandai-je. Ma voix était chevrotante. Pourtant, elle n’exprimait qu’une infime partie de la détresse que je pouvais bien ressentir. Puis, finalement, je laissai échapper un sanglot, le premier d’une longue série. Je laissai cours à mes larmes, qui commencèrent à couler le long de mes joues en cascade, et ma poitrine s’agita à cause de mes inspirations mal mesurées. Je pleurai. Je pleurai réellement pour la première fois depuis des semaines, je pleurai toutes ces peines que j’avais bien pu retenir.
Je pleurai parce que ce qui avait encore bien pu me maintenir debout venait de s’effondrer sous mes pieds.
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() message posté Mar 28 Avr 2015 - 2:33 par Invité
“I like the strings. I always have. Because that's how it feels. But the strings make pain seem more fatal than it is, I think. We're not as frail as the strings would make us believe. And I like the grass, too. The grass got me to you, helped me to imagine you as an actual person. Maybe we crashed before we fall. ”  Le grincement de mes semelles vibraient sans cesse dans mes oreilles, glorifiant ainsi la perte des soldats américains en Afghanistan. Je retins ma respiration en m’arrêtant dans le long couloir de l’hôpital ; mes retrouvailles avec Olivia n’avaient fait que lui apporter tristesse et désolation. Certes, je désirais me conformer à ses espérances, mais je n’arrivais pas à combler les espaces qui séparaient nos cœurs. J’étais un loup solitaire qui se rendait avec tout l’éclat terne et troublant de l’obscurité. Je renonçais à son idéal car il ne correspondait plus à mon vécu. Mon corps se fanait peu à peu comme si les magnifiques murailles d’eau s’effondraient subitement sur ma conscience. L’orage et les éclairs voilaient mes réflexions, et je réalisais avec effroi que je ne pourrais plus jamais briller de mille feux. Il me paraissait si étrange et incroyable d’assister à ma propre décadence. J’étais mort en plein désert, mais le destin m’insufflait la vie à nouveau pour mieux m’ôter tous mes espoirs. Je levai les mains, guidé par un instinct douteux. Il y avait encore des traces de sang coagulé sous mes ongles et sur les cuticules de mes doigts effilochés. J’adressai une prière silencieuse au bord du désespoir avant de m’avancer vers l’accueil. Le chirurgien m’avait déjà tout expliqué ; l’ancienne fausse couche additionnée à la fracture du bassin de ma femme avaient réduit toutes ses chances de mener une grossesse à terme. Il y avait des solutions de substitution, des essais et des examens plus poussés afin d’affuter le pronostic, mais j’éprouvais bien des hésitations à pénétrer dans l’ambiance inconnue de la médecine. Je penchai la tête en flânant entre les murs fades et imperturbables qui encadraient la pièce. Ma main vint retrouver, presque désespérément, une cigarette mais je m’heurtai au néant qui emplissait mes poches. Ma poitrine était écrasée par les poids d’une douleur, que seules les fumées empoisonnées du tabac pouvaient alléger. Je franchis la porte d’un pas lent et lourd. Je voulais tellement m’évader et courir sur les fils du temps. Ainsi, peut-être aurais-je pu consacrer mon existence à l’amour d’une femme au lieu de verser toute ma bienveillance sur le drapeau étoilé d’une nation ingrate et hypocrite. Ou était donc mon honneur maintenant que toutes les enseignes lumineuses s’étaient éteintes ? Je poursuivais une quête dérisoire, sans savoir quel événement avait déclenché tout ce chaos. Mon visage se ferma face à cet univers de viveurs. Mes poings se fermèrent avant de retrouver la façade bien polie du bâtiment. J’avais tellement mal aux phalanges qu’un cri strident s’échappa d’entre mes lèvres frémissantes. Non, non, non ! Je refusais l’air fougueux et sombre qui s’abattait sur moi. Je dédaignais la magnifique souffrance coiffée de patience. Je méprisais les passants et leurs silhouettes qui se fendaient en deux, cédant le passage au grand trouble de mon âme. Je continuais à secouer la tête avant d’éclater en sanglots comme un enfant perdu. Je n’avais pas pleuré pendant des années, pourtant les larmes qui coulaient sur mes joues creuses semblaient intarissables. C’est de ma faute, je t’ai emmené jusqu’à la guerre.  Hier encore, j’avais savouré ma solitude comme un doux poison, songeant que mon chagrin avait déjà atteint ses limites, mais c’est lorsqu’on perd les choses les plus précieuses de la vie qu’on réalise que ce n’est pas la peine qui est insurmontable, mais la peur de voir l’autre succomber en premier. Je relevais mon visage vers les arcs du ciel avant d’essuyer mes yeux d’un geste brusque. Je devais probablement me sentir reconnaissant que mon cœur consumé, malgré toutes ses cicatrices et ses blessures, puisse encore ressentir quelque chose d’aussi profond que les sentiments d’amour et de compassion – Cependant ce n’était pas le cas. Je voulais m’évanouir comme la brume opaque de la nuit, et m’élever encore et encore, à perte de vue et de vie. Une ombre se pencha vers moi et je me retournai vers l’homme blême et fatigué dont la stature imposante surplombait ma silhouette fléchie. Il posa une main sur mon épaule avant que je puisse esquisser le moindre mouvement de recul. « Tout ira bien mon garçon. » Je détaillai les traits de son visage avant d’apercevoir le certificat de décès qu’il tenait dans sa main. Il me fit un signe d’une cordialité chaleureuse avant de poursuivre son chemin vers le parking. Je voulais croire que sa résignation était un modèle à suivre, mais toutes ses paroles raisonnaient en moi comme des mensonges. L’existence avait un gout amer, je donnai un coup de pied dans le vide avant de retourner lentement vers le couloir plein d’échos sonores et de bips artificiels. Je regardais avec application les portes qui portaient parfois de belles promesses de guérisons miraculeuses, avant de me poster devant la chambre d’Olivia. Le médecin était encore là,  réitérant les mêmes vérités cruelles et insupportables sur les séquelles de notre accident. Il sorti et je me raidi sur place. Il m’adressa un sourire et je lui répondu par un salut militaire précis avant de me trouver ridicule. Saloperie de réflexes !  

«Tu es au courant ?» Marmonna-t-elle d’une voix brisée avant de se laisser aller au chagrin. Elle n’avait pas besoin de s’étendre sur la gravité de la situation pour que je comprenne à quel point la nouvelle de sa stérilité la dévastait. Olivia avait toujours rêvé de porter la vie et de la présenter sous sa forme la plus majestueuse au monde. J’hochai la tête avec lenteur avant d’hausser les épaules. Ce n’est pas grave.  Les mots se bousculaient dans ma gorge sans que je ne parvienne à m’exprimer avec éloquence. Mon cœur était tiraillé entre ma volonté de bien agir et mon renoncement personnel au combat. Je ne pouvais plus soutenir son regard embrumé. Je fis un pas à reculons avant de me détourner. Tu ne peux pas me demander d’être ton roc. Je n’ai pas envie de te perdre mais je ne sais pas te retenir. Soudain la voix de la douleur souleva mon esprit. Je tendis les bras avant de me diriger vers son lit comme un automate. Ma bouche ramenait les pôles opposés l’un vers l’autre, avant de se poser avec une tendresse infinie sur la mâchoire humide d’Olivia. Je glissai avec passion vers ses lèvres avant de l’embrasser avec toute ma détresse retenue. « Ne pleure pas … » Sifflai-je avant de la serrer contre mon torse.  « Je peux faire mieux. Je peux t’aimer plus jusqu’à ce qu’on se retrouve à mi-chemin de la déception. » Confessai-je avant de m’enfermer dans silence. Seules, les ténèbres accomplissent l’impossible. J’en portais assez en moi pour exaucer ce miracle.
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() message posté Mar 28 Avr 2015 - 17:48 par Invité

there's a reason shooting stars are no longer deemed stars as soon as they kiss the earth, once you fall, you crash and burn. ✻✻✻ J’avais l’impression que le poids du monde s’abattait sur mes épaules. Que je finissais enfin par ressentir chaque épreuve que j’avais bien pu endurer, que je finissais par me rendre compte de chaque horreur qui avait pu me frapper de plein fouet. Je ne parvenais plus à rester forte. Je ne parvenais plus à feindre le courage, à avancer le dos droit, à poursuivre avec la même détermination qui avait bien pu m’animer auparavant. Je ne parvenais plus à garder la tête haute, à faire comme si je maitrisais la situation. Comme si je maîtrisais la situation, oui, mais également ma vie, le cours des choses, l’avenir.
Parce que cela n’était pas le cas. Je ne contrôlais rien, rien du tout. Mon existence toute entière me filait entre les doigts, mon monde entier s’affaissait sous mes pas. J’avais l’impression de faire un pas en avant pour en reculer de trois, j’avais l’impression de jouer dans le grand théâtre de ma vie sans jamais réussir à atteindre le dernier acte. Les évènements continuaient à se dérouler autour de moi, m’atteignant à chaque fois. J’avais accumulé déceptions et peines, peurs et faux espoirs. J’avais accumulé trop d’imperfections pour mon cœur soigné, trop d’imperfections pour une existence qui aurait dû être dorée. J’avais la sensation que mon cœur saignait dans ma poitrine, qu’il pleurait en même temps que mes yeux, en même temps que mon cœur. Qu’il pleurait en même temps que moi. Je pleurais sans parvenir à m’arrêter. Je pleurais, encore et encore. Je ne pleurais pas que la nouvelle de mon infertilité, non. Je pleurais la présence, parfois difficile à endurer, de ma famille chez moi. Je pleurais le retour d’Isaac, ses sautes d’humeur, ces fois où il m’avait fait du mal sans le vouloir. Je pleurais les patients que nous n’avions pas pu sauver. Je pleurais la perte de mon mari, ce mari que je n’avais jamais vraiment retrouvé. Je pleurais ce quotidien imparfait, je pleurais la douleur que je ressentais, je pleurais l’accident, je pleurais chaque embuche qui avait pu se mettre en travers de mon chemin. Mais, bien au delà de ça, je pleurais les peines des autres, ces peines que j’avais accumulé au fond de mon cœur en tentant d’être là pour eux. Je pleurais comme je n’avais encore jamais pleuré jusque là.
Et je me sentais coupable, incroyablement coupable, de montrer à Isaac cette détresse qui m’avait emparée. Il ne méritait pas de se rendre compte que sa femme perdait pied, non ; mais, de toutes manières, cela faisait des semaines, des mois et des années que j’avais eu pleinement conscience que je n’étais pas à sa hauteur. Et que je ne pourrais jamais l’être.
A travers mes larmes, je le vis reculer, pour finalement revenir vers moi en quelques enjambées. Ses lèvres embrassèrent ma mâchoire avant de remonter sur ma propre bouche avec une douceur infinie, ce qui ne fit que redoubler mes sanglots. Ces sanglots incontrôlables. Ces sanglots qui ébranlaient ma cage thoracique. « Ne pleure pas… » me murmura-t-il mais je ne parvins pas à m’exécuter. Je n’avais absolument plus aucune prise sur mes propres actions ; je pleurais avec désespoir, sans aucune retenue. Je pleurais comme je n’avais pas pleuré depuis des années. Je suis désolée, Isaac. Désolée de n’être qu’humaine. Désolée d’avoir des limites. Il me serra contre lui, m’arrachant une douleur dans mon bassin. « Je peux faire mieux. Je peux t’aimer plus jusqu’à ce qu’on se retrouve à mi-chemin de la déception. » J’enfouis mon visage dans son cou, comme pour me sentir en sécurité. Mais, à vrai dire, même logée contre la quiétude de sa peau chaude, je me rappelai que je ne connaîtrais plus jamais la paix avec moi-même. Mon corps ne pourrait jamais suivre mes envies, après tout. Il ne pourrait jamais combler mon envie d’avoir des enfants, des enfants qui auraient été fait d’à moitié d’Isaac et d’à moitié de moi. Je l’avais usé. En oubliant de prendre soin de moi, je l’avais épuisé jusqu’à ce qu’il finisse par me retirer mes seuls espoirs. « Je ne sais pas si ça peut me suffire, » lui répondis-je entre deux sanglots, avant de fermer les paupières. Ce n’était pas à lui de faire des efforts. Ce n’était pas à lui de prétendre une douceur qu’il ne connaissait plus. Ce n’était pas à lui de s’occuper de moi. Je ne pouvais pas me permettre d’exiger une telle chose de sa part. J’avais la certitude que c’était mon combat. « Je ne sais pas si quoi que ce soit pourra me suffire. » Je fus prise d’une nouvelle vague de sanglots, me contraignant à cesser de parler. Parce qu’au fond, cela était ma tragédie personnelle ; à avoir désirer trop longtemps des enfants, à avoir trop attendu le bon moment, à avoir joué avec le feu en Afghanistan, j’étais punie. Punie, punie, punie. J’avais eu la chance d’avoir la possibilité d’adopter Jasmine, mais même penser à elle me blessait ; au fond de moi, j’avais toujours espéré pouvoir lui donner des petits frères ou des petites sœurs.
Mais le destin en avait décidé autrement. Et mon corps, usé par le temps, usé par les batailles, usé par ma propre personne, abandonnait tous les combats. « Je suis désolée Isaac. Je suis désolée… » Je suis désolée d’être une épave. Je suis désolée que mon monde s’écroule. Je suis désolée de n’être même pas suffisamment à la hauteur pour porter tes enfants. N’avait-ce pas été nos projets, depuis tout ce temps ? D’avoir des enfants ? Malgré notre quotidien imparfait depuis ton retour, j’avais fini par recommencer à y croire. A croire à la naissance d’un petit toi ou d’une petite moi. A penser à construire une famille. Malgré nos différends, malgré les étapes difficiles, j’avais fini par y penser. Y penser et me faire à l’idée. Mais, tu vois Isaac, cela ne sera jamais le cas. Pas avec moi, du moins. Alors, oui, je suis désolée. Bien au delà de la détresse que je peux ressentir moi-même, je suis désolée de te prouver une fois encore que je ne te mérite pas. Et que je ne te mériterais jamais.
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() message posté Jeu 7 Mai 2015 - 1:24 par Invité
“I like the strings. I always have. Because that's how it feels. But the strings make pain seem more fatal than it is, I think. We're not as frail as the strings would make us believe. And I like the grass, too. The grass got me to you, helped me to imagine you as an actual person. Maybe we crashed before we fall. ”  Mon cœur était fendu, brisé en deux par un éboulement catastrophique. J’observais Olivia avec une expression froide. Les sillons de larmes séchées qui marquaient son visage me semblaient comme les sentiers battus de notre jeunesse. La guerre n’avait fait que m’ébranler, c’était la nouvelle de sa stérilité et la souffrance indicible qui flottait autour de son lit d’hôpital qui me tuait. Je tentais de canaliser ma douleur, de résister aux ombres grisonnantes qui surplombaient ma tête mais l’effroi pénétrait mon âme jusqu’au bout. Je restai là un instant, reniflant cette musique saignante et impitoyable qui nous imposait le malheur. Je sentais le sol se dérober peu à peu sous mes pieds. Chaque pas était un nouveau défi, chaque pas me rapprochait d’une existence que l’on m’avait arraché de force. Je m’approchai lentement, tentant un geste dérisoire envers une femme déçue par le destin. Ses pleurs étouffés vibraient au creux de mon cou alors qu’elle se blottissait dans mes bras. Je plaçai ma main à l’arrière de sa tête avec tristesse. Je me souvenais de sa fausse couche dans le campement afghan. L’image d’horreur se dessinait de plus en plus nettement derrière mes paupières closes alors que je caressais ses cheveux avec lenteur. Je sentais monter en moi une vague d’angoisse profonde qui rythmait les battements irréguliers de mon cœur. Et même si j’étais prisonnier de notre quotidien, même si ne je pouvais plus trouver d’issue à la fatalité et que les sentiments de dégout, de souffrance et de honte grandissaient dans ma poitrine, même si je refusais de croire que la joie, le bonheur et l’espoir puissent encore exister en ce bas monde, j’éprouvais un besoin irrationnel de rester à ses côtés. Je refusais de songer à un avenir meilleur sans sa douce présence, parce que malgré mes quatre années de tourments et les entailles glacées de l’acier dans ma chair, je n’aurais jamais abandonné mon amour pathétique. Tu m’as sauvé – Tu m’as réveillée de ma longue, si longue et si douloureuse, torpeur. Je me reposais un instant dans son étreinte morne, priant intérieurement pour qu’elle se redresse avec le même scintillement qu’un ange gardien mais seul un gémissement de douleur lui échappa lorsque je passai mes bras autour de sa poitrine. Je voulais me dégager pour soulager sa peine, mais je demeurais figé dans le temps.   Je suis désolé de ne plus être humain. J’ai dépassé toutes les limites, à présent je vogue dans le néant. Je raisonne comme un enfant inquiet. Je prends lâchement la fuite. Le passé m’obsède parce que je veux vivre pour toi uniquement. Mes lèvres tremblaient après le baiser furtif que j’avais déposé sur sa bouche. Ce n’était pas une tendresse qui m’était familière, bien au contraire. Je me sentais fragile. Ma peau vibrait au gré de ma respiration saccadée. Un jour je dépasserais mon angoisse absolue. « Je ne sais pas si ça peut me suffire, Je ne sais pas si quoi que ce soit pourra me suffire. » Sa voix se brisa dans la pièce alors que ses sanglots devenaient intarissables. Je reculai, profondément blessé dans mon amour propre. Je le savais – j’avais su au moment où les forces de l’armée américaines m’avaient escorté au cimetière familial, que l’équilibre de notre mariage était instable. Je t’aime du plus haut de mon désespoir, mais tu restes amère face à la perte d’un enfant qui n’a encore jamais existé.    Mes pensées me tranchaient la gorge. J’acquiesçai d’un signe vague. Je pouvais comprendre sa frustration mais je n’échappais pas aux douleurs tortueuses de la déception pour autant. Si je ne te suffis plus, alors que suis-je supposé faire ?  « Je suis désolée Isaac. Je suis désolée…» Je devais être fou pour que sa voix m’atteigne de la sorte, pour qu’elle continue de trouver écho en moi plusieurs minutes après qu’elle se soit tût. Il y avait un désordre assourdissant dans ma tête. Je voulais la réconforter dans sa douleur, lui avouer que je pouvais accepter toutes ses défaites, mais ses dernières révélations m’imposaient le silence. Je n’éprouvais même pas de regret, seulement de l’écœurement. Jamais, la simple nécessité de respirer ne m’avait semblé aussi difficile qu’en cet instant. Je m’asphyxiais dans mon propre corps avant de m’éloigner lentement.  « Je vois … » Je pinçai les lèvres.  « Ce n’est pas de ta faute – Ce n’est la faute de personne. » Je ne savais pas comment me soustraire au destin que je redoutais.  La lâcheté triomphait encore sur le désespoir. Je me murais dans la solitude en joignant mes deux mains sous mon menton. Mes cheveux ébouriffés retombaient sur mon front alors que je baissais la tête vers le carrelage glacé de la chambre. Puis, tressaillissant, je claquai des dents. « Parfois, tu es cruelle. » Je fronçai les sourcils. « Tu ne m’as jamais demandé si je voulais encore des enfants. Tu as supposé que j’étais le même homme -   » Je ne pouvais pas supporter cette ambiance rangée, hypocrite et triste. J’étais incapable de lui faire l’amour avec les doux préliminaires et les grands honneurs qu’elle attendait de moi ; quel signal trompeur avait-elle perçu de ma part, lui témoignant que je gardais encore les mêmes aspirations qu’avant ? « C’est un ancien rêve Olivia – Toi, moi, la grande maison en banlieue, les enfants et le chien. Il est peut-être temps de changer nos perspectives. Il est peut-être temps que tu m’épouses moi, et non mon fantôme. » Je me détournai avant de tendre ma main dans le vide. Je voulais la toucher mais une force invisible m’emportait toujours plus loin, à travers les ténèbres. Je veux t’aider. Je veux que tu retrouves le sourire, mais je refuse de te bercer de mensonges. Je suis peiné par toutes nos pertes, mais elles m’importent peu au fond. Je crois que je suis trop blasé. D’un coup, je réalise que tu me suffis avec ou sans enfants. Mais ce n’est pas le cas pour toi.
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() message posté Ven 8 Mai 2015 - 16:36 par Invité

T here's a reason shooting stars are no longer deemed stars as soon as they kiss the earth, once you fall, you crash and burn. ✻✻✻ J’avais eu des désirs simples. Des aspirations presque enfantines. J’avais conservé mes rêves de petite fille, espéré avoir une famille, une belle maison, un chien. J’avais longtemps cru que j’avais eu de la chance en rencontrant mon mari à l’âge de huit ans ; je n’avais pas connu l’errance personnelle dont les autres semblaient tous s’accommoder et je n’avais pas connu la crainte de l’avenir. J’avais été heureuse, d’une certaine manière, plus jeune. Plus heureuse que je ne l’étais aujourd’hui. Je n’avais pas connu la difficulté. Je n’avais pas connu l’horreur. Je l’avais côtoyé avec mon travail mais j’avais conservé une certaine distance entre moi et ces patients malheureux, entre moi et ces patients blessés. Quand Isaac était mort, même, j’avais réussi à me dire que le rencontrer jeune m’avait donné la possibilité de profiter d’une multitude d’instants passer ensemble ; puis, finalement, avec les années, avec le détachement constant que je connaissais avec les autres, avec mon incapacité à retrouver quelqu’un d’autre, j’avais fini par me demander si cela avait réellement été une bonne chose. Si, au contraire, cela n’avait fait que me rendre exigeante.
J’avais rangé mes espoirs et mes aspirations de côté. Je n’avais plus songé à avoir des enfants. Je n’avais plus songé à refaire ma vie. Ces pensées avaient été délaissées par mon esprit blessé, puis finalement, j’avais continué d’avancer. D’avancer sans être entière. D’avancer sans me sentir moi-même, parce qu’au fond, je n’avais été Olivia qu’en sa présence. Sa présence à lui.
Je n’avais pas pu lutter, quand il était revenu. Je n’avais pas pu prétendre, je n’avais pas pu canaliser mes désirs, ces désirs qui avaient sommeillé en moi trop longtemps. Bien entendu je m’étais rendue compte que notre situation n’était pas facile. Bien entendu  je savais qu’Isaac n’était pas prêt, qu’Isaac était différent. Cependant, j’avais recommencé à espérer. Cependant, j’avais recommencé à imaginer.
J’avais recommencé, oui. J’avais recommencé et on m’avait tout retiré des mains. Je ne savais pas ce qui faisait le plus mal. La première fois où je m’étais ravisée, ou la seconde, où le destin s’était occupée de briser mes espoirs. De briser le peu de pensées encore positives qui me restait. « Je vois… Ce n’est pas de ta faute. Ce n’est la faute de personne. » me répondit-il après s’être éloigné de moi. Sa présence me manquait. J’aurais voulu qu’il reste à mes côtés. Qu’il soit là, qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me murmure ces paroles avec plus de conviction pour que j’y croie. Mais, comme à chaque fois, il m’échappait des doigts ; cela ne fit que redoubler mes sanglots mal contrôlés, ma détresse ma contenue. Ma vue était brouillée par les larmes, si brouillée que je ne parvenais même plus à distinguer ses traits. « Parfois, tu es cruelle. Tu ne m’as jamais demandé si je voulais encore des enfants. Tu as supposé que j’étais le même homme. » Ses mots tombèrent de nulle part sans que je ne m’y attende. J’essuyai mes joues et mes yeux inondés d’eau salée pour entrapercevoir son expression, mais je peinais à tourner la tête vers lui. Je détestais être ainsi. Je détestais être coincée dans ce lit d’hôpital. Je détestais ne pouvoir rie faire, être prisonnière de mon corps. Je détestais être infertile. Je détestais voir mes envies se réduire en poussières de cette façon. Je détestais l’entendre dire de pareilles choses sans même savoir ce qu’il s’était passé dans ma tête. « C’est un ancien rêve Olivia, toi, moi, la grande maison en banlieue, les enfants et le chien. Il est peut-être temps de changer nos perspectives. Il est peut-être temps que tu m’épouses moi, et non mon fantôme. » reprit-il. J’avais l’impression qu’il se trompait de problème. Qu’il ne se focalisait pas sur ce qui se passait réellement. Je fermai les yeux pendant quelques instants, le temps de déglutir, le temps de faire le point sur mes pensées. « Si tu dis ça pour apaiser ma peine… » marmonnai-je avant de me taire. Ma respiration était irrégulière à cause des sanglots qui continuaient de remonter dans ma gorge ; j’étais si triste, si malheureuse, que je ne savais même plus comment faire pour rire. Pour sourire. Pour prétendre que tout allait bien. « Je me fiche de la grande maison, de… De ce qu’on aurait pu avoir si les choses s’étaient déroulées autrement, » repris-je. Je me détestais pour pleurer autant. Pour pleurer sans parvenir à m’arrêter. « Je sais que tu as changé mais… Mais je me suis dit que… Plus tard, quand tout irait mieux… On pourrait quand même essayer d’adapter nos projets… » Nos projets. Nos plans. Cette vie parfaite qui nous attendait. Je n’avais plus besoin de perfection, je n’avais plus besoin de contes de fées. Je voulais simplement vivre. Je voulais simplement vivre avec lui. Je voulais simplement que l’on soit un couple. Que l’on ait des enfants. Que l’on puisse se dire, à quatre-vingts ans, que finalement, notre vie n’avait pas tout à fait été dénuée de sens. Que nos existences n’avaient pas été faciles mais que nous avions quand même retrouvé un équilibre, tous les deux avec nos cicatrices. « J’avais besoin de ça pour continuer d’espérer. » Puis ma voix se brisa au fond de ma gorge et je laissai échapper un nouveau sanglot. Je plaquai ma main sur ma bouche, baissant les yeux pour ne pas qu’il puisse y percevoir l’étendue de ma détresse. Parce qu’Isaac, j’avais besoin de ça. J’avais besoin de me dire que nous aurions une fin heureuse. J’avais besoin de me dire que, même si tu n’étais pas le même, je pouvais toujours affirmer être la femme de ta vie. Je t’accepte tel que tu es. Avec tes horreurs. Avec tes défauts. Mais je ne l’ai pas fait sans condition, Isaac. Parce que je veux bien être courageuse. Je veux bien faire des efforts. Mais j’espérais pouvoir avoir des enfants. Avoir des petits êtres à notre image pour m’en occuper. Mais même ça, je n’y ai plus le droit. Mais, même ça, le destin a décidé de me le retirer, mon courage avec.

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() message posté Jeu 28 Mai 2015 - 16:24 par Invité
“I like the strings. I always have. Because that's how it feels. But the strings make pain seem more fatal than it is, I think. We're not as frail as the strings would make us believe. And I like the grass, too. The grass got me to you, helped me to imagine you as an actual person. Maybe we crashed before we fall. ” Elle était la seule à pouvoir me briser le cœur ce cette façon. J’avais l’impression d’être un intrus dans sa chambre d’hôpital. Je n’étais personne jusqu’à ce que ses yeux bleus pénètrent jusqu’aux tréfonds de mon âme. Je n’étais personne jusqu’à ce que le groupe de sauvetage me retrouve dans cette cave puante. Les glissements mélodieux de sa voix lui tenaient lieu de marche et je la regardais avec l’expression émouvante de la nuit éternelle. En réalité, je n’avais jamais désiré une famille nombreuse. Je n’avais pas besoin d’une grande maison, d’un bonheur simplet ou de l’aube d’un rire. Toutes ces commodités n’étaient que des futilités. J’étais promis à une carrière militaire parce que l’appel de l’honneur était plus important que tout le reste. Mon père m’avait souvent répété que je portais en moi le chaos de la guerre, je me demandais s’il s’avérait encore nécessaire de le montrer ; que mon imagination était hantée par les souvenirs de la mort. Il avait raison. Je portais en moi beaucoup trop de choses obscures. Les fantômes de mes camarades ne partaient pas. Je ne voulais pas les abandonner. Ils vivaient encore en moi. Je me souvenais de leurs derniers souffles, de l’agonie puis du silence morne et dévastateur qui surplombait les dunes de sables brûlantes. J’haussai les épaules en m’égarant dans mes visions d’horreur. Elle ne pouvait pas avoir d’enfants, mais ce n’était pas grave. Je voulais simplement qu’elle reste à mes côtés. Son absence m’avait couté pendant de nombreuses années. J’avais inventé ses caresses, ses baisers et ses lettres. Olivia, peut-être que j’ai besoin de toi mais tu ne peux pas me sauver pour l’instant. Tu as une immense affection pour moi. Je le sais. Et j’éprouve beaucoup de gratitude à ton égard. Je suis amoureux de toi autant que possible. Je ne peux pas le montrer, mais je t’aime tellement. Je suis submergé par les doutes. Mon cœur est paralysé par un froid intense. J’ai l’impression d’être gêné à chaque fois que j’essaie de te retrouver. Les mots qui apparaissent au bout de ma langue sont fragiles et inaccessibles. Si seulement, tu pouvais encore lire dans mes pensées … Lève les yeux et lis en moi, je t’en supplie. Mes sourcils se froncèrent alors que je la sommais intérieurement de me répondre. Cependant, son expression ne déployait aucune sensualité. Il n’y avait aucun désir, même tourmenté, dans l’ambiance morne et triste de la pièce. Une petite boucle blonde tombait sur son front lisse mais je n’osais plus la replacer. Je restais à distance, sombrant dans la tristesse infinie d’un homme qu’on avait déchu trop tôt. Mes narines frétillaient sous la brise délicate du vaporisateur, laissant émaner de temps à autre une sorte de souffle d’air vivant - mais j’avais cette impression envahissante de n’être qu’un cadavre. « Si tu dis ça pour apaiser ma peine… » Articula-t-elle, étouffée par les sanglots. Je me penchai vers son visage et la contemplai, immobile. Souris. Ce n’est pas facile mais tu le feras. Le regard encore fixé sur sa silhouette irrégulière, je demeurais silencieux. Ses lèvres perdirent leur expression oppressée et crispée, afin de s’abandonner à l’effroi. Je ne pouvais plus nommer les émotions qui s’affichiaent sur ses traits ; tout me semblait si utopique. « Je me fiche de la grande maison, de… De ce qu’on aurait pu avoir si les choses s’étaient déroulées autrement, je sais que tu as changé mais… Mais je me suis dit que… Plus tard, quand tout irait mieux… On pourrait quand même essayer d’adapter nos projets……» J’étais pris entre deux feux. Je réalisais toute l’ampleur de la situation, mais j’étais incapable de faire le grand saut vers le vraisemblable et le réel. Je continuais à rêvasser. Inconsciemment, je visualisais tous ces plans. Je lui avais promis un retour définitif en Amérique. Je pensais m’y tenir après un ultime combat, mais j’avais trahi sa confiance. Aujourd’hui encore, je la trahissais. « J’avais besoin de ça pour continuer d’espérer.» J’avais entendu chaque mot de son discours sinistre, et deviné que ses espoirs avaient volé en éclats. Elle me semblait convaincante comme si ses gestes étaient dictées par une force supérieure : le destin. Je n’opposais aucune résistance, la laissant choir au fond des ténèbres à mes côtés. Peut-être que c’est le prix à payer. Toi, moi, la tristesse infinie et la solitude grisante. Elle plaqua sa main sur sa bouche afin de fondre en larmes alors que je m’approchais à nouveau, poussé par les vestiges d’une compassion que je croyais avoir complètement perdu. Sa détresse ne m’apparaissait pas complètement palpable mais je ployais volontairement. J’acquiesçai dans un souci de réconciliation avant de me redresser avec nonchalance, rattrapé par les chimères de mes troubles psychologiques. Mes doigts touchèrent l’arrière de sa tête avec retenue, et je l’étreignais contre mon torse tremblant. Je la serrais avec toute la ferveur d’un amant perdu et toute la compassion d’un mari retrouvé. Je calculais chacun de mes mouvements afin de pas brusquer son bassin fracturé, mais je ne savais plus être avisé et sain. Je savais que je la blessais même lorsque je le désirais le moins. Mon menton se posa sur sa tête et je fermai les yeux pendant un instant. Je ne sais pas quoi te dire. Je ne peux pas te donner l’espoir, ce serait tellement ridicule. Je me recueillais entre les arabesques de sa chevelure soyeuse et parfumée, priant encore et toujours la même divinité silencieuse : Divine Olivia. « Je suis désolé. » Murmurai-je en me détachant. « Tu auras des enfants un jour. Ce sera juste difficile, mais je ne doute pas que tu puisses y arriver. Tu m’as ramené d’entre les morts, tu accomplis des miracles. » C’était étrange, mais je ne parvenais pas à m’inclure dans son avenir, comme si je n’étais qu’une ombre volatile qui flottait dans l’horizon lointain. Je ne la méritais pas – je la voulais, mais je ne la méritais pas. La scène qui se déroulait devant moi me paraissait de plus en plus improbable. « Tu as le droit. » Cette affirmation m’écorchait la gorge. C’était comme admettre qu’elle pouvait voir d’autres hommes, que le secret du bonheur charnel et spirituel se trouvait ailleurs et que j’étais un crétin impuissant. Mon corps se raidit alors que je m’asseyais au bord de son lit. « Peut-être que moi, j’en ai pas le droit. » Sifflai-je en croisant mes mains sur mes cuisses. Je pensais l’avoir perdu pendant la prise d’otage. L’idée qu’elle puisse se vider de son sang devant moi m’avait fait réaliser à quel point j’étais attaché à sa présence tranquille et harmonieuse, mais j’avais aussi compris, en remarquant toute sa ferveur et sa hargne devant Jasmine, qu’elle était faite pour être mère. C’était une chose que je ne pouvais rien lui offrir. Je ne voulais pas être père pour le moment. Le souvenir de sa fausse couche était toujours là, ancré dans ma peau et dans ma chair. Je l’aurais appelé Louie. Je ne l’aurais protégé de la guerre et son héritage – mais il n’est plus là. Je tressaillis en serrant les dents. Mes sentiments se confondaient dans la brume opaque qui cheminait autour de ma tête ; j’étais à la fois triste, endeuillé et complètement insouciant. L’espoir - C’était donc ça son secret. Je ne connais pas l’espoir, Olivia.
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() message posté Dim 14 Juin 2015 - 19:09 par Invité

T here's a reason shooting stars are no longer deemed stars as soon as they kiss the earth, once you fall, you crash and burn. ✻✻✻  Avril 1994 / « Maman, je vais me marier. » La petite fille rougit en entendant ses propre parole, avant d’enfouir son visage entre ses mains. Ses boucles blondes rebondirent sur ses épaules, alors que sa mère riait doucement, une main sur son ventre rebondi. « Vraiment, jeune fille ? » lui demanda sa mère, observant presque avec attendrissement l’innocence de sa fille. Le regard doux d’Olivia réapparut entre ses doigts, puis, après quelques secondes, elle finit par relever la tête. Elle observa avec attention les traits fatigués de sa mère, fatigués à cause de sa dernière grossesse, fatigués à cause de tous ces autres enfants qu’elle pouvait avoir à la maison, puis elle finit par hocher la tête. « Oui, on l’a décidé avec Isaac, » déclara-t-elle avec gravité. « Comme ça je pourrais donner ma chambre à Josephine quand elle sera née. » Sa mère se remit à rire, avant de se redresser dans son fauteuil. Elle tendit les bras pour que sa fille vienne s’installer sur ses genoux et, avec précaution, Olivia s’installa sur elle. Elle passa ses bras frêles autour de son cou. « Et Joséphine, justement ? Tu ne penses pas qu’elle voudrait assister à ton mariage elle aussi ? » Olivia fronça les sourcils en baissant les yeux sur le ventre de sa mère ; pendant quelques minutes, elle sembla réfléchir aux paroles qu’elle venait de lui dire, comme si elles étaient d’une importance capitale. A son âge, elle prenait déjà tout cela au sérieux. A son âge, elle avait déjà de grands projets, de grandes idées. Elle n’avait que huit ans et demi. Huit ans et demi et pourtant une vie toute tracée. « Tu penses qu’elle serait triste si je me mariais avant qu’elle naisse ? » demanda-t-elle avec précaution.  « Oh oui. » Olivia hocha la tête avant de pousser un soupir. « Il vaudrait mieux attendre au moins qu’elle soit là, ma puce. Ca vous laisse le temps de réfléchir à si vous voulez des enfants ou non. » Olivia sourit doucement, avant de poser sa main sur le ventre de sa mère. Elle savait qu’il y avait sa petite soeur, là-dedans. Elle savait que sa mère portait la vie en son sein. Elle savait que c’était la plus belle chose qu’il soit. Un bébé dans le ventre de sa mère. « On sait déjà tout ça, maman, » répondit-elle avec assurance, avant de descendre des genoux de sa mère. « On veut être papa et maman. Peut-être qu’on aura pas autant d’enfants que vous, mais on les aimera tout autant. » Olivia n’était âgée que de huit ans. Huit toutes petites années. Pourtant, elle savait déjà tout cela. Elle savait déjà qu’elle voulait se marier avec son amoureux. Elle savait déjà qu’elle voulait avoir un bébé dans son ventre. Elle savait qu’elle voulait jouer au papa et à la maman avec Isaac. Mais, à huit ans, elle ne savait pas le reste.
Elle ne savait pas, par exemple, qu’il ne suffisait pas de vouloir pour avoir. Elle ne savait pas, non plus, que ses rêves resteraient des rêves, et que la réalité la ramènerait bien vite sur Terre.

Actuellement / Lorsqu’Isaac se pencha pour me serrer contre lui, les souvenirs s’emmêlèrent dans ma mémoire, ces souvenirs d’une autre vie. Une douleur remonta de mon pied à mon bassin mais j’étais si reconnaissante d’avoir la possibilité de me blottir dans son cou que je ravalai mes plaintes et mes gémissements ; son odeur me réconforta, comme pour me rappeler ces jours heureux que nous avions connu, comme pour me rappeler qu’il y avait eu une période, dans nos vies, durant laquelle nous avions été sereins. Ce fut comme une trêve dans ma douleur, comme un temps mort dans ma souffrance. Le temps se retrouva suspendu l’espace d’un instant, avant qu’Isaac ne rompe cette quiétude passagère en s’éloignant une nouvelle fois de moi. En s’échappant une nouvelle fois de ma prise. En s’en allant, en me laissant, en m’abandonnant presque.   « Je suis désolé. Tu auras des enfants un jour. Ce sera juste difficile, mais je ne doute pas que tu puisses y arriver. Tu m’as ramené d’entre les morts, tu accomplis des miracles, »  me murmura-t-il et je secouai la tête en guise de maigre protestation. Il se trompait. Il avait tort. C’était scientifique. C’était mécanique. Joseph me l’avait dit ; j’avais une chance extrêmement faible de mener une grossesse à terme. Mon corps n’était tout simplement plus propice au développement d’un embryon. Mon corps était devenu trop hostile pour un bébé. Je n’avais plus besoin de miracle. J’avais besoin de remonter le temps. « Tu as le droit. Peut-être que moi, j’en ai pas le droit. » Je fronçai les sourcils en entendant ses paroles. Je ne compris pas où est-ce qu’il désirait en venir. Du moins, pas immédiatement. Puis, finalement, quand la vérité s’éclaircit sous mes yeux, je secouai la tête. Je secouai la tête trop vite, trop forte, avec trop de convictions.
La gamine que j’avais été avait toujours su qu’elle désirait être mère. La gamine que j’avais été avait toujours su qu’elle voulait porter les enfants d’Isaac. Mais la gamine que j’avais été n’avait jamais songé que, lui, ne désire pas les mêmes choses. « Mais… » marmonnai-je en tentant, en vain, de me ressaisir. Je fermai les paupières avant de déglutir, puis finis par rouvrir la bouche, les trémolos teintant ma voix. « Je ne veux pas porter les enfants des autres. C’est…Ce sont les tiens que je veux. » Cela me semblait être une évidence. Un bébé avec un peu de lui, un peu de moi. Un bébé à son image, même, sans retrouver mes traits. Mais son bébé. Son bébé à lui. Il n’y avait eu que Jasmine. Cet enfant à des lieux d’Isaac mais qui semblait être né de sa promesse, de sa dette. L’un dans l’autre, malgré tout l’attachement que je pouvais avoir envers ma fille légale, je retrouvais quand même mon mari en elle. « C’a toujours été les tiens, » ajoutai-je en sentant, une nouvelle fois, mes yeux se gorger de larmes. « Mais peu importe. Je ne pourrais pas en avoir, de toutes manières, » Ces mots me coutaient. Ces mots me tranchaient la gorge, me lacéraient les veines.
C’était comme si j’étais à moitié morte. Comme si je ne parvenais plus à vivre. Mais, à vrai dire, j’avais l’impression de me consumer avec le peu d’espoirs qui m’avait resté. Et, Isaac, lui, s’occupait de m’arracher le reste.
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() message posté Ven 19 Juin 2015 - 14:18 par Invité
“I like the strings. I always have. Because that's how it feels. But the strings make pain seem more fatal than it is, I think. We're not as frail as the strings would make us believe. And I like the grass, too. The grass got me to you, helped me to imagine you as an actual person. Maybe we crashed before we fall. ” Je ne comprenais plus rien. Je tombais sans cesse au milieu de l’affliction et de la douleur, au fond du gouffre et de la crevasse, au rythme du désespoir et de l’abandon. J’avais l’impression de me perdre dans les déchirements de mon âme à chaque fois que je levais mon regard sur ma femme, cette belle inconnue. Elle continuait de s’accrocher à moi, mais je ne faisais que l’entraîner dans ma chute. Je mourrais dans ses bras comme pour la première fois. Tous ces échecs me semblaient si fatals. Toutes ces années passées à combattre un destin plus grand, plus fort et plus intense que nous. C’était trop. Les éclats de son visage lumineux s’éteignaient les uns après les autres, emportant avec eux l’esquisse d’un rêve noble et aimé. Notre couple n’était plus qu’un mensonge. Olivia, c’est peut-être le prix à payer. Le destin des dieux pour un combattant qui ne méritait pas de revenir dans ce monde. Je sais que ce n’est pas juste mais on ne sera plus jamais heureux. J’ai enfoncé mes doigts dans le sable brûlant afin de graver nos deux prénoms dans le chaos de la guerre. C’est de ma faute. Tout est de ma faute. Je suppose que tu ne peux plus m’entendre parce que j’ai cessé de t’appeler il y a longtemps. J’avais envie de pleurer. Je voulais m’effondrer sur le sol et hurler comme une bête sauvage assaillie par les piques du chasseur. Elle était mon unique conscience, et voilà que je la regardais sombrer elle aussi. Je posai ma main au creux de mon estomac. Je sentais mes viscères se tordre à l’extrême et tous les chagrins qui dormaient en moi, se réveillaient et criaient pour que je quitte ces lieux. J’ouvris la bouche, mais seul l’éclat de mes crocs acérés traversa mes gencives humides. Je ne me reconnaissais plus par moments. La haine m’opposait au monde tout entier. Mes yeux s’écarquillaient, émus et touchés par les pleurs d’Olivia, mais je finissais toujours par me détourner de sorte à ce qu’elle disparaisse, non seulement de mon champ de visions mais aussi de mes pensées. Je ne songeais plus à rien. Je lui laissais tous les vestiges de notre histoire et de nos amours. Je flottais dans la cohue, effleuré par les parfums de la déception. Avoir des enfants. Je suppose que la question ne s’était jamais posée pour moi. Olivia en rêvait depuis toute petite, et je me conformais à l’étiquette parce que j’étais son mari. Je désirais lui offrir l’avenir tel qu’elle l’envisageait. Je n’avais pas peur d’endosser ce rôle. Je n’avais jamais eu peur du mariage, de l’amour ou de la paternité, jusqu’à ce que la guerre me sorte de mon ivresse. Nous avions déjà perdu tellement. Un vague souvenir chatouilla ma mémoire mais je repoussais les limites de la mélancolie. Je refusais de visualiser les circonstances de sa fausse-couche en Afghanistan. Mon esprit suivait les voies de la solitude car je savais que seul, je n’aurais plus à souffrir des menaces perpétuelles du monde ; la séparation, la déchirure, l’empreinte du temps. Ma gorge se serra, environnée par des mots inquiets, fragiles, tendres et impossibles à prononcer. Je n’y arrive plus Olivia. Je n’arrive plus à te faire de promesse sincère après avoir brisé notre pacte du bonheur. Je me laisse submerger car je suis inutile et dangereux. Ne vois-tu pas que je ne m’en remettrais jamais ? Chaque mouvement de ma poitrine représentait à mes yeux, un geste meurtrier contre moi-même. Je continuais à respirer, mais je ne faisais que suivre les quêtes de l’ennui et de la défaite. Ma dévotion pour ma famille n’avait rien à voir avec mon détachement. Ce n’était pas Olivia que je voulais effacer mais la présence constante de mes désillusions. Je chantais l’hymne de la pure douleur, le joyeux renoncement à une vie que je ne regrettais plus. J’étais faible et lâche. Mon père m’avait parfaitement cerné. Il avait méprisé mon courage, ma grande gueule, ma dyslexie, ma personnalité. Il m’avait méprisé moi et tout ce que j’incarnais au sein de l’armée américaine; un leader qui avait mené son équipe vers la mort. Je relevai ma tête vers le plafond en m’accrochant au matelas du bout des doigts. « Mais … Je ne veux pas porter les enfants des autres. C’est…Ce sont les tiens que je veux.» Murmura-t-elle lentement. Je soupirai. Pourquoi rendait-elle les choses aussi difficiles ? Je me sentais si indifférent et pourtant, il y avait quelque chose au fond de son regard luisant, une lueur, une fissure, une tristesse, qui me retenait dans une dernière conviction ; je l’aimais éternellement. « C’a toujours été les tiens,» Je me redressai légèrement. La blessure des cœurs aimait se draper de la nuit des tombeaux. La sienne, s’était-elle réfugiée dans le caveau Von Ziegler durant son processus de deuil ? Je reconnaissais la puanteur des corps pourrissants. Je sentais l’odeur de la putréfaction et de la médiocrité. Les cinq années que j’avais passé dans l’anonymat m’avaient complètement transformé. Je ne voulais pas le réaliser. Je ne voulais pas accepter l’aide des thérapeutes ou celle d’Olivia. Je n’en avais pas besoin. Je m’envolais vers l’ancien dessein d’un homme loyal et dévoué qui aspirait uniquement à la paix entre les peuples. « Mais peu importe. Je ne pourrais pas en avoir, de toutes manières,» Je me sentais attiré par elle. Je voulais l’enlacer et l’entraîner dans la danse, mais il était trop tard pour nous. Je m’étais bâti une forteresse de pierre et de glace. J’avais lâché sa main en pensant que je lui reviendrais toujours. Je vis à contre-sens. Je n’arrive pas à penser à autre chose alors je te dirais tout simplement, que ce n’est pas grave. Soudain, lorsque je me penchai vers elle, sa bouche se courba avec une expression de profond chagrin qui ceindrait son visage en deux. Elle venait de se briser sous mes yeux. Je glissai ma main sur son bras avec délicatesse, incapable de la réconforter comme elle le méritait. « Je … » Commençai-je d’une petite voix. « J’ai cru que je t’avais perdu, et tu me parles d’enfants… Je sais que tu es triste, je me souviens de tout ce que ça représente pour toi mais ce n’est pas grave … On ne correspond plus à aucun de tes schémas de toute façon. Tu es vivante alors tout le reste n’est plus important, Olivia. » Je pris une grande inspiration en cessant de la caresser. « Je n’aurais jamais su te donner d’enfants. La dernière fois, je n’ai fais que te blesser et tu as crié … » Cette révélation me coutait tellement. On n’en parlait jamais. Je ne l’avais plus touché depuis. Je n’avais pas essayé d’avoir de rapports intimes avec elle. En réalité, notre baiser échangé il y quelques instants, était la première marque d’affection que je lui accordais depuis des semaines. Mes lèvres frémirent subitement. Là, j’aimerais l’embrasser à nouveau. Je déglutis. Une force invisible m’éloignait de mes envies. Je pensais à elle avec beaucoup de ferveur mais je n’osais plus. Je me souvenais de ces conversations que nous avions eu autrefois. Je lui avais fait promettre de continuer sans moi, mais en cet instant, j’espérais secrètement qu’elle allait mourir à ma suite. Je la regardais avec tant d’émotion que j’en avais presque mal. Je ne voulais plus la partager. Plus jamais. « Tu veux bien que je m’approches encore ? » Sifflai-je en joignant mes deux mains sur mes cuisses. Je tressaillis en m’inclinant légèrement. Mes sentiments se noyaient dans les sentiers qui rejoignaient le simulacre de la mort. J’avais eu si peur de la perdre et elle me parlait d’enfants. Je serais là jusqu’à ce que tu te retrouves tes couleurs, puis je partirais à nouveau. Je peux faire cet effort pour toi.
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() message posté Dim 21 Juin 2015 - 21:27 par Invité

T here's a reason shooting stars are no longer deemed stars as soon as they kiss the earth, once you fall, you crash and burn. ✻✻✻ J’avais l’impression que ma vie n’avait plus réellement de sens. Que je n’avais plus d’objectifs. J’avais désiré me marier. Avoir des enfants. Devenir infirmière. De ces trois choses, je n’avais réussi qu’à accomplir la dernière sans encombre ; et encore, Joseph m’avait clairement fait comprendre qu’il était exclus que je reprenne mon poste tant que j’étais en convalescence. Qu’étais-je censée faire ? Qu’étais-je censée devenir ? Je n’étais plus infirmière, pour le moment. Je ne pourrais pas avoir d’enfants non plus, contrainte de me satisfaire de Jasmine, contrainte de partager cette enfant que j’aimais de tout mon coeur avec Theodore. Je ne la voyais déjà pas suffisamment à mon goût et j’avais l’impression que son absence ne serait que d’avantage pesante avec le temps. Avec le manque. Avec les désillusions. Enfin, je n’étais plus la femme d’Isaac non plus. Du moins, je n’avais plus l’impression d’avoir encore ce rôle, comme si je n’entrais plus dans les critères, comme si je n’étais pas suffisante ou comme si je n’étais pas à la hauteur pour endosser les responsabilités que cela impliquait. J’avais l’impression qu’Isaac s’appliquait à me faire comprendre que je ne pouvais plus prétendre avoir ma place dans son coeur, de la même manière que je ne pouvais plus songer à faire des enfants avec lui.
Mon monde s’écroulait, mon univers s’affaissait. Les larmes brouillaient ma vue mais c’était mon coeur qui devenait peu à peu aveugle. Je songeais encore à cette période de ma vie où j’avais été ces trois choses à la fois ; femme, mère et infirmière. Je songeais encore à ces quatre petits mois que j’avais passé, heureuse, même si je m’étais trouvé à des milliers de kilomètres de chez moi. Je songeais encore aux paroles qu’il m’avait dit après ma fausse couche. Je t’aime plus que tout, tu le sais ? Sur le moment, je l’avais su, oui. Je l’avais su parce que cela m’avait semblé être une évidence.
Et maintenant ? Qu’étais-je censée penser ? Qu’étais-je censée faire quand toutes ces convictions l’avaient abandonné, lui ? Il ne m’aimait pas plus que tout. Il y avait tant de choses qu’il n’aurait même pas songé si cela avait réellement été le cas. Tant de choses qu’il n’aurait jamais osé dire.
Mon coeur pleurait avec moi, au fond de ma poitrine. Ce coeur malmené. Ce coeur qui rendait les armes. Ce coeur qui ne voulait plus être, tout simplement, parce que la vérité était trop dur pour réussir à avancer malgré les épreuves. « Je… J’ai cru que je t’avais perdu, et tu me parles d’enfants… Je sais que tu es triste, je me souviens de tout ce que ça représente pour toi mais ce n’est pas grave… On ne correspond plus à aucun de tes schémas de toute façon. Tu es vivante alors tout le reste n’est plus important, Olivia, » me dit-il, alors que ses doigts sur mon bras cessèrent leur mouvement réconfortant. Mes yeux étaient posés sur lui comme si je cherchais à anticiper ses paroles. J’avais presque envie de rire face à l’ironie de la chose ; lors de l’accident, je ne m’étais pas rendue compte que je pouvais mourir. Je n’avais pas songé à cette possibilité. J’avais uniquement pensé à sauver Jasmine, à la protéger, elle, peu importe ce que cela allait me coûter. Puis, à l’hôpital, lors de la prise d’otages, j’avais réalisé qu’il y avait peu de chances pour que je m’en sorte. Peu de chance pour que je reste vivante. Mais cela ne m’avait pas frappé. Cela ne m’avait pas particulièrement retourné. Parce qu’une nouvelle fois j’avais été bien trop préoccupée par l’état de santé d’Isaac et de Jasmine pour réellement réussir à m’attarder sur mon état de santé.
Et, désormais, maintenant que je me retrouvais confrontée à la réalité, j’avais l’impression que ma stérilité était pire que tout. Je comprenais Isaac qui avait connu tous les stades de la peur. Je comprenais Isaac qui trouvait que cela était un bon compromis si cela me sauvait. Mais il ne pouvait pas comprendre. Il n’était pas celui qui ne pouvait plus avoir d’enfants. Il n’était pas celui qui voyait ses derniers espoirs s’effondrer après avoir déjà perdu le reste avant cela. « Je n’aurais jamais su te donner d’enfants. La dernière fois, je n’ai fais que te blesser et tu as crié… » Je fronçai les sourcils en entendant ses mots. En entendant ces paroles qui me ramenaient des souvenirs douloureux. J’avais eu peur de lui, en cet instant ; j’avais été si en colère, aussi, que j’avais probablement dit des choses que je regrettais, désormais. « Isaac… » murmurai-je sans que les mots ne me viennent. « Tu veux bien que je m’approche encore ? » J’avais l’impression de me trouver face à un enfant qui ne savait pas ce qui lui était autorisé ou non. J’avais l’impression de me trouver face à un individu que je ne connaissais pas, un individu encore différent de la bête sauvage qui m’avait fait mal, cette nuit-là où nous avions tenté de retrouver une vie sexuelle. « Oui, » lui répondis-je avec douceur. Mais, la vérité, c’était que j’avais envie qu’il me serre dans ses bras. Mais, la vérité, c’était que je voulais le sentir contre moi, encore et encore, comme si cela allait m’aidait à refaire la part des choses. Comme si cela allait m’aider à me relever. « J’ai besoin de toi, » ajoutai-je en sentant mon coeur se soulever. Oui, j’avais besoin de lui. Oui, j’avais besoin de son soutient, de son amour, besoin de savoir que j’avais raison d’y croire. « On a simplement besoin de temps et de beaucoup de patience. » Je clignai plusieurs fois des paupières, focalisant mon attention sur ma respiration sifflante. « Je peux te réapprendre si tu m’écoutes, » poursuivis-je. Mes paroles étaient si hésitantes, comme si j’avais l’impression que je n’avais pas le droit de lui dire des choses pareilles. Comme si j’avais l’impression que ce n’était pas à moi de lui offrir de pareils espoirs, simplement parce qu’il n’en voulait pas. « On aurait pu en avoir. Je suis sûre qu’on aurait pu en avoir… » Mais, désormais, nous n’en aurions pas. C’était ainsi. La vérité était tranchante, tombait dans mon esprit pour résonner avec le reste de mes désillusions. Pourtant, à force de le répéter, je ne m’y faisais toujours pas. Pourtant, à force de le dire, encore et encore, je ne parvenais pas assimiler ça à ma nouvelle réalité.
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Anonymous
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() message posté Dim 28 Juin 2015 - 3:00 par Invité
“I like the strings. I always have. Because that's how it feels. But the strings make pain seem more fatal than it is, I think. We're not as frail as the strings would make us believe. And I like the grass, too. The grass got me to you, helped me to imagine you as an actual person. Maybe we crashed before we fall. ”   Dis-moi que tu ouvriras les yeux. A chaque instant, de nouveaux aspects de mon âme se faisaient jour, à côté de ceux que je connaissais déjà. Ils s’élevaient dans le silence afin d’exprimer leurs caprices et leurs exigences, mais je n’en voulais pas. Je désirais simplement apparaitre avec la clarté d’une image, loin des désillusions de mon ancienne personnalité. J’avais épousé Olivia par amour parce qu’il me semblait que la vie sans elle n’avait aucun sens. Je voulais lui offrir un foyer, une sécurité, des enfants, mais je n’avais aucune volonté d’honorer mes vœux de mariage. Toutes nos espérances s’étaient effondrées sous le poids de la fatalité. Il y avait ce sentiment de faiblesse cuisant qui grandissait en moi, plus fort, plus détonant, et plus dangereux que la colère qui me hantait d’habitude. C’est tout le temps comme ça. Plus fort. Plus détonant. Plus dangereux. La déception coulait dans mes veines glacées. Elle s’infiltrait sous ma peau et dans ma chair. Je tentais de me défaire de mes années de captivité mais je ne pouvais pas oublier tout ce que j’avais vécu au fond de ma prison. Je ne pouvais pas rejeter cette part d’ombre et de souffrance qui m’avait permis de rester debout. Je m’étais accroché aux ombres de la nuit car là  où je me trouvais, les lumières du soleil étaient inatteignables. Et lorsqu’elles se matérialisaient sous mes yeux, elles prenaient tout à tour le visage serein d’Olivia et l’expression larmoyante de Chase. Je soupirai en me redressai légèrement. Il me semblait avoir consacré ma vie entière. Je me mordis la lèvre inférieure en songeant aux déserts brûlants d’Afghanistan. Ces nuits-là, aux côtés de mes frères d’arme et du drapeau étoilé d’Amérique, où mon sommeil était bref mais aussi profond et paisible que celui d’un enfant. Je rêvais d’une paix éternelle entre mes moments d’assoupissements. Je pensais à la noblesse de mes actes lorsque je protégeais ma patrie contre l’ennemi invisible. Je n’étais pas un homme de la science ou de la littérature. Je savais peu de choses sur les êtres et les destins, mais je portais en moi la ferme conviction que mes petites actions pouvaient faire la différence dans un monde où régnait le chaos. Foutaise. Quelle connerie. Je secouais frénétiquement la tête avant de me pencher vers le corps blessé de ma femme. Lèves les bras et donnes moi ton cœur. Pose le tout contre moi. Peut-être que j’ai besoin de le sentir palpiter pour me réveiller enfin. Mes doigts avaient cessé tout mouvement sur ses bras. Je la fixais mais je ne parvenais pas à me détacher de l’horreur qui avait failli l’emporter à tout jamais. J’étais pleinement conscient qu’elle souffrait bien plus que moi en cet instant. Elle devait vivre sa stérilité comme un échec, mais ce n’était pas une fin en soi. En réalité, il avait bien peu de choses que je considérais comme étant importantes, vitales ou nécessaires. Je consentais à troquer sa vie contre n’importe quel sacrifice ; la fortune, le plaisir, les enfants, les rêves. C’est toi que je veux. « Isaac...» Murmura-t-elle suavement. Je restai stoïque. C’était mon prénom qu’elle prononçait avec une telle gravité. C’était moi, qu’elle interpellait, qu’elle sommait de se taire. J’acquiesçai de la tête. Je ne savais pas comment réagir face à la situation. Je voulais la réconforter et l’aider à faire le deuil de son corps agonisant, mais il y avait une petite voix qui raisonnait au creux de ma conscience. Une petite voix qui me narrait tous les événements tragiques que j’avais surmontés dans l’autre monde. Celui de l’inégalité et de l’injustice. « Oui,» J’arquai un sourcil. Elle m’autorisait à l’approcher. Elle voulait que je comble cette distance effroyable qui nous avait empêché de nous retrouver depuis des années. Les pulsations de mon cœur se succédaient rapidement sans que je ne puisse contrôler le rythme de ma respiration saccadée. Je me glissai sur le matelas en hésitant. Le premier coup de fouet. Je ne tomberais pas. Le claquement du bâton. Je supporterais. Les entailles de la lame aiguisée. Pour elle. « J’ai besoin de toi,» Tout à coup, je n’étais plus seul. Outre les hurlements de la bête sauvage et les soupirs de la mort, je pouvais entendre les crépitements d’un bourgeon de fleur timide qui prospérait dans ma poitrine. Je relevai mes pupilles émouvantes vers son visage. C’était l’instant de vérité, si elle ne pouvait pas me retrouver maintenant, je me perdrais à tout jamais. Mes mains tremblantes se posèrent sur le sommet de sa tête avant de caresser sa tempe avec une retenue presque douloureuse. « On a simplement besoin de temps et de beaucoup de patience.» Commença-t-elle en papillonnant des yeux. Je me penchai lentement tout en me concentrant sur les résonnances de ses promesses mensongères. « Je peux te réapprendre si tu m’écoutes,» Je me braquai tout à coup, à quelques centimètres de sa bouche. M’apprendre quoi ? A lui faire l’amour comme un gentil homme ? M’apprendre comment ? Comme tous ses anciens amants ? Je serrai les dents en l’observant avec un certain dédain. ISAAC ! Isaac, arrêtes ! Une lueur sombre se fendait dans mon regard vitreux. Je me décalai afin d’effleurer son front du bout des lèvres, alors qu’un sourire terne faisait courber les saillies ma mâchoire crispée. « Non. » Soufflai-je tout simplement. « Je ne te laisserais pas me faire ça. Tu te souviens ? Je suis fier et macho. Tu perds ton temps, Olivia. Et même si tu peines le croire, je ne veux pas te faire mal. » Je n’y croyais plus. Ce n’était pas un refus catégorique mais je n’avais pas la foi de tenter de nouvelles expériences. Je m’étais contenté de si peu pour survivre. Je pouvais continuer sans contact, sans sexe et sans passion. Mes instincts charnels étaient presque inhibés et seules mes pulsions meurtrières continuaient à ronger mon esprit.  « On aurait pu en avoir. Je suis sûre qu’on aurait pu en avoir…» Je restai à ses côtés, les bras tendus vers sa silhouette fragile. J’aurais voulu la prendre dans mes bras et la serrer jusqu’à ce que ses os craquent contre les miens et que nos deux âmes se rejoignent là où elles s’étaient perdues. J’aurais voulu être l’homme qu’elle avait perdu au front, celui qu’elle avait pleuré et imaginé dans ses pires instants dans doutes. Mais ce n’était pas le cas. J’haussai les épaules avec désinvolture avant de lui répondre ; « Reposes-toi. Soignes ton bassin et lorsque tu iras mieux, je t’emmènerais chez le meilleur spécialiste de fertilité du pays. On rentrera en Amérique s’il le faut, on les traquera tous. Je ravalerais ma fierté et je ferais tous les tests à la con que tu voudras. Reposes-toi et ne t’occupes plus de ça, s’il te plait. » Déclarai-je d’un air solennel. Je ne voulais plus la voir se torturer comme ça. Je ne supportais pas la vision de ses larmes goudronneuses et de ses lèvres frémissantes. Je retins ma respiration et  la regardai avec dureté.  Olivia je ne peux pas t'insuffler l'espoir. Tu es la femme d’un rescapé à présent. Sois forte et je le serais à mon tour.
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