Sights and horizons (+) Julian

C'était une nouvelle vie. Comme un nouveau souffle, une renaissance. J'avais repris l'art, et c'était jusqu'ici, la meilleure décision que j'avais pu prendre. Chaque jour, je me rendais à mes cours, écoutais avec sérieux les professeurs et allais perdre du temps au local. Ce local qu'Alexandra m'avait offert pour Noël. Y était exposé tous mes croquis, mes dessins, mes peintures. Mes plus sombres pensées comme mes rêves. Mais aujourd'hui, je ne quittais pas l'université pour aller au local. Les seules fois où ma routine changeait, c'est lorsque je me rendais au travail. Ma présence n'était plus quotidienne et ne se terminait plus par des faveurs. Non. Je n'y allais que deux fois par semaine. A force de tout le temps travailler et de ne jamais rien dépenser, j'avais économisé assez d'argent pour me payer mon année d'étude. Ainsi donc, aujourd'hui, je n'allais pas travailler. J'allais retrouver Julian. Notre relation avait quelque peu changé ces derniers temps, nous ne prenions le temps de nous voir que pour les "affaires". Il m'aidait à reprendre l'art. Mais notre relation rapprochée était terminée. Et malgré tout, nous avions eut peur, jusqu'alors, que nos pulsions nous rattrapent et nous fassent tomber dans les bras l'un de l'autre. A nouveau. C'est donc habillée d'une robe noire, de chaussures à talons et d'un chapeau que je me rendis à Camden Town. J'avais besoin de renouveler ma garde robe, qui se composait de noir, de jean et de tee-shirt. Auparavant, j'étais ce genre de fille toujours bien habillée, peut-être pas jusqu'au bout des ongles, mais je faisais attention. Mais depuis la perte de mon bébé, je ne voyais plus l'intérêt de prendre soin de moi. Et puis j'avais compris, avec le temps, que rien ne servait de se morfondre, de se fermer à la vie. Mieux valait abandonner, ou reprendre sa vie en main. Et j'avais essayé la mort, mais j'avais rapidement compris qu'elle n'était pas la solution. J'arrivais donc à Camden, et regardais autour de moi afin de trouver mon ami. L'idée de le voir, autrement que nu et l'un dans l'autre, me terrifiait, mais me plaisait. C'était nouveau. Et cette niaise envie de goûter à la nouveauté me suivait. Partout. Tout le temps. Je finis par l'apercevoir et me dirigeais vers lui, un grand sourire aux lèvres. En m'approchant de lui, je lui fis maladroitement la bise et l'observais. Il avait l'air... Idiot. Je fronçais les sourcils et commençais à avancer, à ses côtés. « C'est quoi cette tête de con? » Même si j'étais mieux psychologiquement, je restai la même. Taciturne. Franche. Je levais la tête vers lui et le regardais. Je me rendis alors compte que les choses avaient changées. Pour lui, comme pour moi. Nous n'étions plus dans ce besoin constant de nous confier, de nous raconter nos souffrances et nos douleurs, en essayant piteusement de soulager nos cœurs douloureux pas le sexe, la chaleur humaine, le partage de deux corps meurtris. Non, nous n'étions plus dans cette pensée. Désormais, nous nous promenions comme n'importe quels amis, dans les rues ensoleillées de Londres, comme font les gens dans les films du dimanche après-midi que regardent les femmes aux foyers déprimés. Nous étions passé du pathétique au comique, voir à l'absurde. Ce n'était pas nous d'être si peu intéressant, et pourtant, cela avait l'air de nous plaire. Les choses changent.