"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici SHARENZIE. squats. gossip. abs.  - Page 2 2979874845 SHARENZIE. squats. gossip. abs.  - Page 2 1973890357
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() message posté Ven 17 Juil 2015 - 16:32 par Invité
    Donc allons-y, allons dans un endroit désert, allons chercher des heures... parce que franchement ce n'était pas le genre de chose qui courrait les rues à Londres, cette capitale surpeuplée où les habitants vont jusqu'à retaper leurs caves pour y vivre. Nous marchâmes toutes les deux côte à côte en silence au milieu des klaxons et des moteurs qui tournent à plein régime, un silence un peu trop pesant à mon goût... mais j'étais bien trop fière pour le briser et dire quoi que ce soit. Enfin je lâchais juste deux trois mots pour savoir si le bar miteux qui avait croisé notre route lui convenait, et y'avait intérêt que ce soit le cas parce que je ne tenais pas à longer tout Londres en large et en travers pour contenter Madame Garcia-Brown.

    Une fois installées et notre commande passée, je croisais mes doigts sous mon menton, les coudes plantés dans la table en bois. J'étais toute ouïe à présent alors qu'elle avouait ne pas savoir par où commencer... bordel, elle n'avait pas pu y penser sur le chemin ? Ce n'était pas comme si elle avait manqué de temps pour réfléchir à comment présenter les choses. Je pinçais mes lèvres et retenais une remarque qui aurait pu paraître largement déplacée. « Il s'est passé plein de choses qui font que... Bah que je supporte pas qu'on me touche, et que je peux juste... pas être avec quelqu'un. Plein de choses qui doivent sembler anodines je crois, pourtant moi j'arrive pas à faire avec. » Bon jusque là je n'avais pas besoin d'être Einstein pour deviner tout ça. Je sortis un petit « Mmh » plus ou moins encourageant. C'est le moment que le barman décide pour nous apporter nos boissons, boisson dans laquelle Sharona se noie à moitié – au sens figuré bien entendu. C'est le moyen idéal pour éviter la confrontation yeux dans les yeux. « Ça remonte à loin maintenant, et je sais bien qu'il y a des choses pires, qu'il y a plein de gens qui ont vécu des choses bien pire, mais... j'arrive quand même toujours pas à passer outre. » Encore une fois j'écoute mais ne dit rien, je réserve ça pour plus tard. Oui, il y a toujours pire que nous... mais parce que quelqu'un a vécu pire il faudrait accepter automatiquement nos peines ? Je ne crois pas non.


    « Je me suis retrouvée en centre de... guérison comme ils disent quand j'avais douze ans, parce que j'ai embrassé une fille... un truc de cap ou pas cap, mais personne m'a jamais crue... Peut-être bien que j'aime aussi les filles, j'en sais rien, au final, j'ai jamais vraiment essayé quoi que ce soit parce que... Dans ce camp-là, y avait cette fille qui a pas vraiment compris ce que non voulait dire. Je sais pas ce qu'elle aurait fait si Tyler était pas intervenu, mais... J'arrive juste pas à oublier ses mains sur moi, alors je supporte pas qu'on me touche depuis... Je crois que ma sœur et Tyler sont les deux seuls personne dont je tolère le contact. Et y en a une qui a disparu de ma vie peu après ça, et l'autre qui... » Je m'imprègne de tout ce qu'elle dit telle une éponge. Je me sens désolée pour elle, sincèrement, j'en arrive à détester ses parents sans même les avoir rencontré, et j'en arrive à apprécier le dénommé Tyler dont j'ignore absolument tout. Son acte prouve que l'on peut avoir encore un minimum foi en l'espèce humaine, ça fait plaisir. « Enfin je vois plus vraiment les personnes que j'arriverais à toucher. Ça doit sembler ridicule... Mais j'ai passé tous mes étés là-bas pendant des années, à flipper en non-stop que ça recommence maintenant qu'il y avait plus un Tyler pour prendre ma défense... Ce qui est très crétin parce qu'en réalité, j'ai jamais eu de mal à coller mon poing dans la tronche des gens, mais... Je sais pas, j'ai toujours bloqué... » Mmh, d'accord donc Sharona ne compte pas me dire ce qui est arrivé à Tyler ? Ma curiosité n'étant pas rassasiée, je gardais en tête de lui poser la question plus tard. Oui, plus tard car je ne voulais pas la couper dans son récit. Cependant ça me surprend un peu car la belle m'était toujours apparue comme une dure à cuir, une fille qui n'a pas froid aux yeux alors l'imaginer flipper dans son camp là... j'avoue avoir un peu de mal.

    « Ma sœur a disparu un peu après. C'était mon seul soutien, mes parents ont toujours brillé que par leur absence, et je me suis retrouvée toute seule. Et puis je me suis blessée et j'ai plus pu danser. On m'a gentiment expliqué que je serai jamais professionnelle à cause de ma cheville. C'était le seul truc qui me motivais, c'était mon rêve de toujours, et j'avais plus aucune chance là non plus. Pas comme si j'en avais jamais beaucoup eu cela dit. Et j'avais même plus personne vers qui me tourner alors... J'ai fini en centre psy parce que je m'alimentais même plus, mais c'était moins pire que le camp... Après ça a été la guerre à la maison, jusqu'à cet automne où je me suis juste barrée sans prévenir, après que mes vieux m'ont annoncé qu'en fait, j'aurais dû avoir une jumelle, mais qu'elle est morte à la naissance. Je sais même pas pourquoi ils m'ont raconté ça comme ça, maintenant, alors qu'ils en ont jamais parlé. Bref... Je sais pas ce que j'ai fait dans une autre vie, mais ça devait être sacrément moche... » Bon, oui, je l'admets, Sharona avait de sacré raisons pour agir de la sorte, d'être méfiante et tout. Je pouvais comprendre qu'elle se soit enfuie de chez elle mais... la fuite ne résout pas tout. Du moins à mes yeux. Fuir ses problèmes c'est une chose... mais ils sont toujours là quelque part. Le mieux est d'y faire face, de prendre le taureau par les cornes et de les résoudre. « Je dis ça, mais c'est pas comme si j'avais une maladie grave ou je sais pas quoi, c'est pas comme si j'avais vraiment été violée non plus, et tu dois me trouver trop débile de rester bloquée sur tout ça... Je suis... ridicule... » Là-dessus je lève les yeux au ciel. Depuis quand une personne est ridicule pour exposer ses merdes ? C'est ridicule d'avoir le courage de le faire ? Encore une fois, je ne crois pas. Je n'aime pas beaucoup sa comparaison avec la maladie et sa façon de dire que son viol n'en n'était pas vraiment un. Faut arrêter de vouloir se comparer à tout, à un moment il faut savoir se concentrer sur soi et ne pas se mettre en compétition avec les autres. Stop Sharona, STOP !

    Je l'observe sangloter en silence avant de fouiller dans mon sac et de poser un paquet de mouchoirs en papier devant elle. « Tiens » dis-je simplement avant de lever la main pour appeler le serveur et lui demande un shot de vodka – et il va de soi qu'il ne sera pas pour moi. Puis je reporte mon attention vers elle et lui adresse un maigre sourire, réfléchissant à comment je vais présenter les choses à mon tour. « Je suis désolée que tu ais eu à traverser tout ça, mais tu n'as pas à en avoir honte ou à te sentir ridicule. C'est triste à dire mais ce qui est fait est fait, tu pourras pas changer les choses... il faut que tu... acceptes tout ça. Même si c'est dur. Merci » ajoutais-je brièvement au barman qui était déjà de retour « Ce sera pour la demoiselle » lui indiquais-je alors qu'il posait le shot devant moi. Alors qu'il s'éloigne, je repars dans mon blabla. « Cul sec. Ça te fera du bien. Bref. Ne prend pas mal ce que je vais te dire Sha' mais... tu vis dans le passé. T'as fuit tes merdes mais ça ne t'a pas fait avancer d'un pouce. Certes ton passé fait ce que tu es aujourd'hui, et je peux comprendre tes appréhensions, vraiment, mais il ne doit pas définir ton futur. » Je pris une profonde respiration. Je sais que j'étais la première à penser qu'elle ne devait pas se comparer aux autres pour minimiser les choses, et pourtant... j'allais faire tout le contraire de ça. « Tu sais, je te l'ai jamais dit mais j'ai perdu ma mère quand j'étais jeune. Enfin... les complications de l'accouchement ont fait qu'il lui a été fatal. Pendant longtemps j'ai cru que c'était de ma faute, que sa vie avait été sacrifiée pour la mienne et il m'arrive encore de me sentir coupable parfois... mais je l'ai accepté, j'ai fait la paix avec ça.. La preuve, l'idée d'un marmot trotte dans ma caboche alors que j'avais toujours dit que je n'en voudrais pas, que je ne voulais pas y passer moi-aussi... » Parler de ma mère me faisait toujours un énorme pincement au cœur, et je n'en parlais pas si facilement... mais j'avais l'impression que mon expérience pouvait aider mon amie d'une certaine façon. « Je ne dis pas ça pour que tu compatisses à mon sort ou quoi, au contraire c'est pour t'aider. C'est un travail à faire sur toi-même... Est-ce que... tu as déjà essayé d'en parler à quelqu'un ? » LA question embarrassante, aka t'as déjà vu un psy ? « T'as vécu des choses dures, et s'il te plait épargne moi le presque viol ou la chance que t'as de ne pas avoir une maladie incurable, tu dois faire la paix avec tout ça, et en tirer avantage, en faire ta force... Parce que là clairement tu subis et t'utilises ça presque comme une excuse pour repousser un mec qui, je suis persuadée, te plait et à qui tu plais. Et il n'y a même pas que lui... c'est presque le monde entier que tu repousses. » Oui presque... parce qu'aujourd'hui elle m'avait laissé entrer dans son monde.
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Sharona K. García-Brown
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() message posté Ven 24 Juil 2015 - 20:12 par Sharona K. García-Brown
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Mercredi 14.04.2015 • East London • Fitness First
J'ai bien senti l'animosité dans sa voix. Et ce silence pesant me tue. Mais qu'est ce que je peux dire ? Pour l'instant, rien. Rien parce que ce que je dois évoquer, je le ferais clairement pas comme ça au milieu de la rue. Et ce bar ou un autre, ça m'importe peu, tant que je risque pas d'être entendue par quelqu'un que je vais revoir plus ou moins régulièrement. A priori, même si une table proche m'écoute, ça sera des visages anonymes que je recroiserai jamais, alors je tente de me lancer. Ca n'empêche que trouver comment évoquer tout ça, ça reste compliqué. Je tente pourtant de lui tracer les grandes lignes de mon magnifique passif. Je suis pas trop sûre de me rendre compte de ce que je passe sous silence, à savoir les détails de la désertion de ma soeur - ça doit être la première fois que j'évoque le fait que j'ai une soeur à la base -, le fait que Tyler n'était qu'un visage de passage à l'époque, ou que je l'ai retrouvé ici par hasard, même s'il fait manifestement plus partie de ma vie que moi de la sienne... Je sais juste que je me sens tellement ridicule à sangloter sur mon verre, que je voudrais pouvoir devenir une petite souris et aller me cacher dans un coin...

« Tiens... »

Y a un paquet de mouchoirs qui est apparu devant moi, manifestement poussé par Mack.

« Je suis désolée que tu aies eu à traverser tout ça, mais tu n'as pas à en avoir honte ou à te sentir ridicule. C'est triste à dire mais ce qui est fait est fait, tu pourras pas changer les choses... il faut que tu... acceptes tout ça. Même si c'est dur. Merci. »

Y a un shot rempli d'un liquide transparent qu'a poppé devant moi aussi, du coup j'ai levé la tête, comme Mack confirmait ce que je redoutais.

« Ce sera pour la demoiselle... »

Euh... Non ? Manifestement c'est pas une réponse envisageable.

« Cul sec. Ça te fera du bien. Bref. Ne prend pas mal ce que je vais te dire Sha' mais... tu vis dans le passé. T'as fuit tes merdes mais ça ne t'a pas fait avancer d'un pouce. Certes ton passé fait ce que tu es aujourd'hui, et je peux comprendre tes appréhensions, vraiment, mais il ne doit pas définir ton futur. »

Je l'écoute, et je me retiens de répondre, mais il y a ces mots qui trottent dans ma tête : « Quel futur ? ».

« Tu sais, je te l'ai jamais dit mais j'ai perdu ma mère quand j'étais jeune. Enfin... les complications de l'accouchement ont fait qu'il lui a été fatal. Pendant longtemps j'ai cru que c'était de ma faute, que sa vie avait été sacrifiée pour la mienne et il m'arrive encore de me sentir coupable parfois... mais je l'ai accepté, j'ai fait la paix avec ça.. La preuve, l'idée d'un marmot trotte dans ma caboche alors que j'avais toujours dit que je n'en voudrais pas, que je ne voulais pas y passer moi-aussi...
- Je suis désolée...
- Je ne dis pas ça pour que tu compatisses à mon sort ou quoi, au contraire c'est pour t'aider. C'est un travail à faire sur toi-même... Est-ce que... tu as déjà essayé d'en parler à quelqu'un ? »


Je suis désolée quand même. Quant au reste, je retiens encore un reniflement limite méprisant.

« Tu parles desquels, de ceux qui nous expliquaient qu'aimer quelqu'un du même sexe, c'était une maladie à soigner mais qu'ils allaient nous aider à guérir ?... »

Oui parce qu'il était censé y avoir des psys sur place, oui. Non, moi non plus j'ai jamais trop bien compris comment ils pouvaient avoir ce titre, mais passons.

« ... de celui qui m'a fait enfermer parce que je mangeais pas ou de ceux qui trouvaient que c'était mieux de me shooter non-stop pour oublier que je me suis fait braquer au diner ? »

Autrement dit, oui j'ai vu des psys. Et non, j'ai pas vraiment l'intention de recommencer. Les ordonnances des derniers, elles ont jamais été jusqu'au comptoir de la pharmacie, elles ont fini brûlées.

« T'as vécu des choses dures, et s'il te plait épargne-moi le presque viol ou la chance que t'as de ne pas avoir une maladie incurable, tu dois faire la paix avec tout ça, et en tirer avantage, en faire ta force...  Parce que là clairement tu subis et t'utilises ça presque comme une excuse pour repousser un mec qui, je suis persuadée, te plait et à qui tu plais. Et il n'y a même pas que lui... c'est presque le monde entier que tu repousses.
- Je sais ça, mais je sais pas comment faire autrement... »


J'ai pas touché au shot devant mon nez, mes doigts se sont même pas posés autour du verre. J'ai jamais bu ça, le seul alcool que j'aie testé, ça a été un peu de vin, notamment avec Tyler à Thanksgiving. Et je crains un peu beaucoup de plus pouvoir gérer dans la seconde où j'aurais avalé ça.

« Je supporterais pas bien de perdre encore quelqu'un à qui je tiens beaucoup trop, Mack. Et lui, il a le droit d'être heureux, et pleinement avec la personne qu'il aime. Mais ça... C'est pas moi... »

Ca peut pas être moi, pas alors que le moindre contact même accidentel me rend agressive.

« Je l'aime bien tu sais... Et... Et ça me ferait sans doute bizarre qu'il trouve quelqu'un d'autre et s'intéresse plus à moi mais... Mais je voudrais encore moins qu'il soit malheureux à cause de moi... Mais je suppose que ça doit déjà être le cas en fait... »

Est-ce que c'est vraiment une fuite, comme tu dis ? Je préfèrerais qu'il soit heureux avec une autre que malheureux à m'attendre et espérer des choses que je serais peut-être jamais capable de lui apporter. C'est si mal que ça ?
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() message posté Ven 23 Oct 2015 - 21:40 par Invité
    Voyant qu’elle n’avait pas encore touché à son verre, je le poussais un peu plus vers elle en prenant soin de ne pas renverser une goutte de son contenu – c’est que l’alcool est cher à Londres, non mais ! Pendant ce temps-là je mettais ma seule et unique année de psycho à profit… mais allez faire entendre raison à une tête de mule convaincue que son malheur la poursuivrait sa vie entière… ! Je lui expliquais mon cas, non pas pour l’apitoyé sur mon sort mais pour lui faire voir comment un simple changement de perspective pouvait être bénéfique. Ce qui était arrivé à ma mère était tragique et oui, il m’arrivait encore de me sentir coupable surtout durant ce jour particulier de l’année où je prenais un an de plus dans la gueule, mais j’étais passée au-dessus dirons-nous… ce n’était qu’un enchainement tragique de cause à effet qui avaient fait que, cela ne voulait pas dire que j’y passerai aussi quand je donnerai la vie, d’ailleurs j’avais longtemps refusé cette idée avant de me rendre compte de l’énormité de la chose… et qu’elle voudrait probablement que je sois heureuse, et un marmot ferait ça, clairement. Mais bref passons, il n’était pas question de mes états d’âme aujourd’hui, ils n’étaient là que pour faire office de béquille à ma pseudo démonstration d’ancienne étudiante en psycho – ceci dit, j’avais toujours su que cette année me serait bénéfique un jour, j’étais juste triste qu’elle le soit avec Sharona, ma première et seule amie actuelle de l’autre côté de l’Atlantique. Je finis d’ailleurs par lui demander si elle n’avait jamais vu un psy, quelqu’un pour parler de tout ça… quelqu’un qui aurait dépassé le stade de la première année à l’université et qui était certifié. Peut-être aurais-je du tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de sortir une telle énormité. Je m’en rendis compte que bien trop tard. Bien sûr qu’elle avait du en voir, et pas d’un, durant toutes ces merdes.

    « Tu parles desquels, de ceux qui nous expliquaient qu'aimer quelqu'un du même sexe, c'était une maladie à soigner mais qu'ils allaient nous aider à guérir ? De celui qui m'a fait enfermer parce que je mangeais pas ou de ceux qui trouvaient que c'était mieux de me shooter non-stop pour oublier que je me suis fait braquer au diner ? » Deux secondes de réflexion. Juste deux. « Ecoute, t’es peut-être tombé sur des pseudos professionnels étriqués d’esprits mais ça ne veut pas dire qu’ils le sont tous. La preuve, tu ne laisses personne t’approcher, apprendre à te connaitre… mais là tu le fais avec moi, sinon tu n’aurais pas décidé de me parler. Tu vois… il y a toujours une exception à la règle, il suffit juste de la trouver. C’est juste que tu n’es pas tombée sur la bonne personne qui peut réellement t’aider… S’il le faut je peux t’épauler dans les démarches. » Et non je ne lui demandais pas si elle comptait en faire parce que cela voudrait dire que je lui laissais le bénéfice du doute à ce sujet, ce qui n’était clairement pas le cas. Sharona avait besoin d’aide, point. Et cette personne, cette perle rare, qui pourrait l’aider à aller mieux… elle la repoussait déjà comme le reste du monde avant même de connaitre son nom. Là était le problème, la Texane s’était tellement renfermée qu’elle ne laissait rien ni personne l’atteindre… un véritable cœur de pierre. « Je sais ça, mais je sais pas comment faire autrement... » Je croisais les bras sur la table « Tu ne sais pas, vraiment ? » Silence. Juste quelques secondes de silence pour la faire réfléchir. « Ce n’est pas que tu ne sais pas Sharona, c’est que tu n’as même pas la volonté d’essayer, tu t’avoues vaincue d’avance… elle est où la battante qui est prête à foutre un poing dans la gueule du premier connard qui se pointe ? Là c’est pour ton bonheur que tu dois te battre… va pas me faire croire que t’es heureuse dans ta petite vie de cœur de pierre où tu refuses clairement de ressentir quoi que ce soit. » Heureuse n’était surement pas le bon mot mais l’idée était là. Disons se complaire plutôt. Oui c’était plus juste.

    « Je supporterais pas bien de perdre encore quelqu'un à qui je tiens beaucoup trop, Mack. Et lui, il a le droit d'être heureux, et pleinement avec la personne qu'il aime. Mais ça... C'est pas moi... » Je me retins de lever une nouvelle fois les yeux au ciel. Je pouvais comprendre, totalement, vraiment, mais à un moment il fallait qu’elle voit les choses en face. « Mais tu crois quoi Sharona ? Que tu es la seule à perdre ceux à qui tu tiens ? Ça nous ait déjà arrivé à tous et ça arrivera encore ! Oui ça fait mal, un mal de chien, mais c’est comme ça, c’est la vie et on y peut rien. C’est ce qui fait ce qu’on est et nous fait grandir. » Je poussais un peu plus le shooter vers elle, encore un peu et je pourrais lui faire boire cul sec moi-même. « La personne qu’il aime hein ? » Je la regardais dans les yeux. « Et tu crois que c’est qui à ton avis ? Excuse-moi mais tu ne peux pas choisir pour lui, sinon crois-moi je serai mariée à Adam Levine depuis bien longtemps ! » Mais visiblement la belle ne voulait pas entendre raison. Je soupirai alors que je faisais non de la tête en entendant ces dernières paroles « Je l'aime bien tu sais... Et... Et ça me ferait sans doute bizarre qu'il trouve quelqu'un d'autre et s'intéresse plus à moi mais... Mais je voudrais encore moins qu'il soit malheureux à cause de moi... Mais je suppose que ça doit déjà être le cas en fait... » Est-ce que je peux la secouer un bon coup ? Genre là en passant mes bras par-dessus de la table et en lui agrippant les épaules bien fermement ? Non parce que ça n’allait plus là, j’avais l’impression qu’on tournait en rond autour de la question. « Et pourquoi c’est le cas à ton avis ? Parce que tu le repousses ! Je sais que tu l’aimes bien, tu crois que tu as besoin de me le dire ? Ca crève les yeux ! Prend ton courage à deux mains et lance toi bordel, fait juste un pas en avant, vas-y doucement… je sais pas moi… propose lui d’aller boire un verre, y’a rien de mal à ça ? Si ? » Je la laissais réfléchir.

    « En parlant de boire un verre, tu comptes boire le tiens ou… ? » Parce que là aussi y’avait rien de mal à ça. « Je veux juste que tu sortes de ta coquille. Etre prudente c’est bien, mais l’être trop… regarde à quoi ça te mène ? Le royaume de Sharona où la solitude est reine, waaaaaa » finis-je ironiquement. « Promets-moi au moins que tu vas y penser, d’accord ? » Mais genre vraiment y penser, s’il te plait Sharona ne me dit pas oui juste pour me faire plaisir.
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() message posté Mar 3 Nov 2015 - 0:55 par Sharona K. García-Brown
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Mercredi 14.04.2015 • East London • Fitness First
Mack a poussé le verre, et je le fixe comme s'il pouvait en venir à m'apporter des réponses, me donner une solution toute faite à tout ce bordel. Evidemment que c'est impossible, ça serait beaucoup trop simple. La preuve : mêmes des gens censément qualifiés pour aider à sortir de ce genre de merdier n'ont pas été capables de m'aider. Pire, ils ont plutôt eu tendance à m'enfoncer, et j'ai encore moins confiance en eux qu'en la plupart des gens.

« Ecoute, t’es peut-être tombé sur des pseudos professionnels étriqués d’esprits mais ça ne veut pas dire qu’ils le sont tous. La preuve, tu ne laisses personne t’approcher, apprendre à te connaitre… mais là tu le fais avec moi, sinon tu n’aurais pas décidé de me parler. Tu vois… il y a toujours une exception à la règle, il suffit juste de la trouver. C’est juste que tu n’es pas tombée sur la bonne personne qui peut réellement t’aider… S’il le faut je peux t’épauler dans les démarches. »

Silence. Je suis vraiment pas sûre d'en avoir envie. D'aller mieux, si, mais... de devoir encore miser sur un inconnu potentiellement aussi nul que les autres pour m'aider ? Non, je suis pas très motivée. Au fond, je reste persuadée que cette confiance en l'autre qui me fait cruellement défaut comme elle le soulève, c'est pas comme ça que je la retrouverai - si tant est que je l'ai déjà connue un jour - je crois que j'ai juste besoin qu'on me prouve que j'ai tort, que je suis pas obligée de m'isoler de tout le monde pour pas souffrir et... quelque part, c'est ce que Mack est en train de faire, là, non ?

« Tu ne sais pas, vraiment ? »

Je suis sincère sur ces mots. Il y a tellement longtemps que j'ai plus laissé qui que ce soit m'approcher que je sais pas vraiment comment faire. Je sais pas si Mack se rend compte de l'exception qu'elle représente, de l'effort que je fais, même, là, de lui raconter tout ça. J'encaisse ses reproches, écoute ses conseils, de moins en moins sûre de vouloir poursuivre cette conversation. Mais je fuis pas pour autant. La blonde face à moi est la première personne depuis une éternité qui tente de comprendre et à aller au-delà de l'image de bagarreuse. Et je suis pas suffisamment stupide pour pas me rendre compte de ce que ça signifie. Elle serait pas là, à tenter de me raisonner - et de m'aider - si elle tenait pas un minimum à moi, et ça me touche profondément.

« Ce n’est pas que tu ne sais pas Sharona, c’est que tu n’as même pas la volonté d’essayer, tu t’avoues vaincue d’avance… elle est où la battante qui est prête à foutre un poing dans la gueule du premier connard qui se pointe ? Là c’est pour ton bonheur que tu dois te battre… va pas me faire croire que t’es heureuse dans ta petite vie de cœur de pierre où tu refuses clairement de ressentir quoi que ce soit. »

J'encaisse, j'essaie de pas tout prendre de travers, mais ses propos m'agressent quand même légèrement. Non je suis pas heureuse, tu crois quoi ? Que ça me fait plaisir de faire le compte des gens qui ont compté pour moi et de me rendre compte que finalement, aujourd'hui, il en reste quoi, trois ou quatre autour de moi : Ivy, Phil, Nik et toi. Que je vous ai tous rencontrés il y a moins d'un an, les autres s'étant tous fait la malle depuis belle lurette. Et que je flippe que l'avocat disparaisse de ma vie si j'arrive pas à lui rendre les sentiments qu'il a pour moi. Non je suis pas heureuse, et peut-être que je me bats pas assez, d'accord, mais c'est pas normal que j'aie peur ? J'essaie de m'expliquer encore et je me mange encore des remarques cinglantes. J'ai bien compris qu'elle voulait me faire réagir, mais plus ça va, et plus j'ai envie d'aller cogner un truc.

« Mais tu crois quoi Sharona ? Que tu es la seule à perdre ceux à qui tu tiens ? Ça nous ait déjà arrivé à tous et ça arrivera encore ! Oui ça fait mal, un mal de chien, mais c’est comme ça, c’est la vie et on y peut rien. C’est ce qui fait ce qu’on est et nous fait grandir. »

J'ai jamais dit que j'étais la seule à perdre des proches, la seule à souffrir. Juste que j'ai un peu l'impression que ça résume la totalité de ma courte vie. Et je veux pas m'énerver contre elle, mais là, ça commence sérieusement à me rendre folle.

« La personne qu’il aime hein ? Et tu crois que c’est qui à ton avis ? Excuse-moi mais tu ne peux pas choisir pour lui, sinon crois-moi je serai mariée à Adam Levine depuis bien longtemps ! »

C'est toujours pas ce que je veux dire, bordel ! Je sais bien que je peux pas choisir pour lui, j'espère juste qu'il va pas le regretter, mais étant donné que j'arrive à supporter le contact de personne, je vois pas comment ça pourrait ne pas arriver. J'ai peur de souffrir, d'être rejetée, c'est clair, mais j'ai encore plus peur de lui faire du mal, à lui, justement parce que je l'aime bien. C'est si incompréhensible que ça ?

« Et pourquoi c’est le cas à ton avis ? Parce que tu le repousses ! Je sais que tu l’aimes bien, tu crois que tu as besoin de me le dire ? Ca crève les yeux ! Prends ton courage à deux mains et lance-toi bordel, fais juste un pas en avant, vas-y doucement… je sais pas moi… propose-lui d’aller boire un verre, y’a rien de mal à ça ? Si ? »

Non, c'est vrai. Il n'y a rien de mal à ça, et je sais bien, au fond, qu'il ne me forcera jamais à rien. J'ai du mal à accepter l'idée que je peux entièrement lui faire confiance, mais je crois que je sais, au fond, qu'il ne fera jamais quoi que ce soit qui aille contre mon gré. C'est juste que tout ça, je sais pas ce que c'est. Le seul contact que j'ai eu avec quelqu'un qui voulait de moi, c'était cette pétasse du camp qui me forçait la main, pas vraiment le meilleur exemple.

« En parlant de boire un verre, tu comptes boire le tien ou… ? »

Je fixe encore ce verre, pas certaine d'être capable de l'avaler en réalité, n'ayant pas vraiment l'habitude de ce genre d'alcool.

« Je veux juste que tu sortes de ta coquille. Etre prudente c’est bien, mais l’être trop… regarde à quoi ça te mène ? Le royaume de Sharona où la solitude est reine, waaaaaa... »

J'ai fermé les yeux, les doigts serrés sur le verre, les phalanges blanchies à force d'être contractées. Cogner. Mon royaume - comme elle dit - pour un punching-ball. On a quitté la salle de sports, cela dit, et je vais quand même éviter de bousiller le matériel de ce bar où personne m'a rien fait, hein... J'ai porté le verre à mes lèvres et l'ai vidé d'un trait, cherchant un peu à faire passer par l'ingurgitation rapide le goût trop fort de l'eau-de-vie dont je n'ai clairement pas du tout l'habitude. Je grimace, le liquide brûlant ma gorge instantanément.

« Promets-moi au moins que tu vas-y penser, d’accord ?
- Tout ce que tu veux si je peux éviter de boire à nouveau ce truc-là... »


Une quinte de toux me confirme que c'était un peu trop hardcore pour moi, et je secoue la tête avant de tenter de la regarder dans les yeux, sans grand succès. Ca a au moins le don de me calmer, sans doute parce que ça me monte un peu trop vite à la tête.

« Non mais sérieusement, j'y pense sans arrêt Mack. Je me demande tout le temps si je vais y arriver, je me promets de faire un pas vers lui, et je panique au dernier moment... Et je me promets de faire mieux la prochaine fois, et... »

Et je tourne en rond. Je sais pas si je suis amoureuse de lui, je sais juste que je l'aime bien, et que j'ai pas envie de perdre son contact. J'en ai déjà assez peu comme ça... Je sais pas que dans peu de temps, je vais le voir se faire tirer dessus sur grand écran et flipper encore plus de l'avoir à jamais perdu. Un mal pour un bien, je suppose, vu que c'est ce qui va me forcer à aller vers lui.

« Je compte pas ne pas le revoir non plus... Je sais juste pas trop bien où je vais... »

Je sais même pas ce que c'est que d'être avec quelqu'un, et à vrai dire, je sais pas ce que c'est qu'être amoureuse. J'ai des crushs sur des mecs et des nanas à la pelle, mais ça n'a rien à voir. C'est facile de regarder de loin, tant que ça devient pas réel, finalement.

« Je te promets d'y penser. D'essayer. Mais... Tu me promets que quoi qu'il se passe à ce niveau-là, tu disparaîtras pas toi non plus ?... »

Parce qu'il y a pas que lui que j'ai pas envie de voir sortir de ma vie.
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() message posté Mer 25 Nov 2015 - 10:24 par Invité
    Son silence face à mes remarques plus cinglantes les unes que les autres me laisse perplexe. Peut-être y allais-je trop fort d’un coup, ou trop loin… Peut-être que j’avais surestimé sa capacité à encaisser mes multiples reproches. Enfin qu’on ne s’y méprenne pas, ces reproches-là étaient constructifs, ils étaient pour elle pour aller de l’avant, je ne m’amusais pas à simplement critiquer son mode de vie recluse tel un bernard l’hermite pour le fun. Non, je l’aidais en lui démontrant par a + b la cruelle vérité – ou du moins ce que je pensais qu’elle était, je pouvais toujours me tromper mais sur ce coup… je ne pensais pas. Je ne prenais pas non plus un malin plaisir à lui foutre tout ça dans la gueule alors qu’elle venait enfin de faire l’effort de s’ouvrir à moi, je pouvais la comprendre, je pouvais comprendre le pourquoi du comment elle était et agissait ainsi mais… c’est juste que ce n’était clairement pas bon pour elle. Et accessoirement, cela ne la rendait clairement pas heureuse. Alors je me sentais comme investie de cette mission de lui faire voir les choses sous une nouvelle perspective.

    Et on en arrivait à son avocat. J’avais l’impression qu’on en revenait toujours à lui. J’avais même la sensation que si elle s’ouvrait à moi aujourd’hui, grâce au fait justement que je l’avais titillé sur le sujet à la salle de sport, c’était parce qu’elle désirait faire un petit pas vers lui mais ne savait pas comment. Il fallait un début un tout, et oui, j’étais persuadée qu’il était l’élément déclencheur… ce qui au fond était une bonne chose, cela voulait dire qu’elle avait vraiment quelque chose pour lui, qu’elle n’était pas complétement de glace. Alors oui, je voulais seulement qu’elle réfléchisse au simple fait de l’inviter boire un verre, rien de plus car encore une fois… il faut bien un début à tout même si ce n’était qu’avec un petit pas. Et puis… vu la situation de Sharona je n’allais tout de même pas la lancer dans la fosse aux lions directement hein. « Tout ce que tu veux si je peux éviter de boire à nouveau ce truc-là... » Je souris. Ma pauvre petite… j’aurai peut-être dû choisir un shooter un peu moins fort. « J’en déduis donc que tu vas y penser. Bien. On avance. » finis-je toute guillerette. Oui, elle faisait peut-être seulement référence à l’alcool à ce moment même mais cela ne lui avait pas fait dire non au fait de réfléchir à faire un pas vers le fameux Nik. « Non mais sérieusement, j'y pense sans arrêt Mack. Je me demande tout le temps si je vais y arriver, je me promets de faire un pas vers lui, et je panique au dernier moment... Et je me promets de faire mieux la prochaine fois, et... » On progresse, vraiment. « Au moins tu y penses, et tu essaies. Tu te mets beaucoup trop de pression Tu sais quoi ? La prochaine fois que tu lui demandes et que tu es au bord de la panique… tu te bois un shot et tu te lances. Ça te donnera une bonne dose de courage ! » Je lui adresse un clin d’œil. Non pas que je l’encourage vivement à boire et à devenir alcoolique hein, disons qu’un peu de courage en bouteille ne fait jamais de mal lorsqu’on en a besoin.

    « Je compte pas ne pas le revoir non plus... Je sais juste pas trop bien où je vais... »
    Un éclat de rire m’échappe. Pas un rire moqueur, mais plutôt un éclat de rire bon enfant. La demoiselle mettait clairement les mots sur l’essence même de la vie. « Eh, personne ne sait où il va, c’est toute la magie de la chose, on ne sait jamais ce qui va arriver, on ne peut rien contrôler sauf peut-être… de finalement prendre son courage à deux mains pour inviter un bel avocat prendre un verre. Et quelque chose me dit qu’il ne dira pas non. » J’affiche un large sourire réconfortant avant d’appeler le serveur d’un geste de la main. « En parlant de prendre un verre, tu veux quoi ? C’est ma tournée en l’honneur de ton nouveau départ ! » Oui parce que rien que le fait de s’être ouverte à moi aujourd’hui était un énorme pas en avant et j’espérais que mon discours, bien qu’un peu brusque, la pousse à repartir du bon pied. Mais bizarrement… je ne me faisais pas trop de souci à ce sujet, j’étais persuadée qu’elle y arriverait, j’en étais intimement persuadée même, je le sentais.

    « Je te promets d'y penser. D'essayer. Mais... Tu me promets que quoi qu'il se passe à ce niveau-là, tu disparaîtras pas toi non plus ?... »
    « mmmh… » Je fis la moue avant de me tourner vers le serveur qui avait accouru pour lui annoncer une tequila sunrise pour ma part puis laissais la brune commander avant de reporter toute mon attention sur elle. « Je vais y réfléchir » Un nouveau clin d’œil aka tu me verras pas me barrer de si tôt. Je laisse passer quelques secondes de silence avant d’ajouter « Bon d’accord, mais seulement si tu me promets de ne plus bousiller nos séances de sport j’ai pas tellement envie de dire au-revoir à ma taille 38 ! » Je ris une nouvelle fois. J’étais à moitié sérieuse, même si j’avais quitté New-York pour Londres toutes les tentations de mal bouffe avaient traversé l’Atlantique aussi… Damn it. Et étant dans le domaine de la mode, je me devais de garder la ligne. Voilà, mon job reposait désormais sur les épaules de Sharona en un sens. Ha. Non, d’accord, je n’étais pas sérieuse le moins du monde… mais il fallait bien détendre l’atmosphère après tout ce que je lui avais balancé à la figure.
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Sharona K. García-Brown
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() message posté Jeu 17 Déc 2015 - 21:06 par Sharona K. García-Brown
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Mercredi 14.04.2015 • East London • Fitness First
C'est pas des choses faciles à entendre, mais c'est pas non plus comme si j'en étais pas consciente. Ça n'empêche que je m'en sors pas, que je sais tout ça, mais que je sais pas comment gérer - si on peut dire ça parce que je gère moyen bien - les choses autrement. Alors je veux bien faire des efforts, mais clairement, je vais avoir besoin d'aide, parce que c'est absolument pas naturel pour moi d'aller vers les autres. Ne serait-ce que proposer à Nik de prendre un café quelque part, ça relève de la gageure...

« J’en déduis donc que tu vas y penser. Bien. On avance. »

Bien évidemment que j'y pense. Mais c'est autre chose que de passer à la pratique... et c'est moi où elle est encore plus excitée que je devrais moi-même l'être là ? Te réjouis pas trop vite, faut encore que j'y arrive...

« Au moins tu y penses, et tu essaies. Tu te mets beaucoup trop de pression. Tu sais quoi ? La prochaine fois que tu lui demandes et que tu es au bord de la panique… tu te bois un shot et tu te lances. Ça te donnera une bonne dose de courage ! »

Je grimace. Ouais non, pas ce truc-là, merci. Mais je vois bien qu'elle plaisante et je lui tire légèrement la langue en réponse à son clin d'oeil. Très mâture, je sais. Je m'attendais pas à un rire après mes derniers mots, après tout, c'est vrai que je sais pas où je vais. C'est quoi qui est si drôle là-dedans ?

« Eh, personne ne sait où il va, c’est toute la magie de la chose, on ne sait jamais ce qui va arriver, on ne peut rien contrôler sauf peut-être… de finalement prendre son courage à deux mains pour inviter un bel avocat à prendre un verre. Et quelque chose me dit qu’il ne dira pas non. »

Je peux que lui rendre son sourire, là, parce que je sais qu'elle a raison.

« En parlant de prendre un verre, tu veux quoi ? C’est ma tournée en l’honneur de ton nouveau départ ! »

Euh... t'en as d'autres des questions comme ça ? Parce que moi et l'alcool bah... on se connaît pas beaucoup, tu vois ? À part le rosé de Thanksgiving l'an dernier... Et pourquoi tu me réponds pas quand je te demande si tu resteras près de moi ?

« Mmmmh… »

Tu sens mon angoisse quand tu commandes ton verre ? Quand le serveur se tourne vers moi, je bredouille « un  verre de rosé ?… » avec l'assurance d'un poulain qui se dresse pour la première fois sur ses pattes.

« Je vais y réfléchir... »

Saleté.

« Bon d’accord, mais seulement si tu me promets de ne plus bousiller nos séances de sport j’ai pas tellement envie de dire au-revoir à ma taille 38 !
- Promis. M'enfin t'as qu'à pas me pousser aux grandes confidences sur les tapis de course aussi ! »


Non, je ne suis pas sérieuse le moins du monde non plus. C'est le moment où on se retrouve après tout, c'est normal qu'on se parle aussi.

« On gardera les grandes révélations pour les vestiaires... voire un café après l'effort, d'accord ?… »

Je suis qu'à moitié dans la dérision, là, finalement, si bien que lors de nos séances suivantes, quand notre conversation sportive a commencé à dévier sur des sujets un peu trop sensibles, je lui ai simplement demandé qu'on en parle après. Avant d'embrayer sur son travail, son couple, sa vie à elle, donc, ou des banalités et commentaires sur les infos du moment. Elle a eu droit à toutes les étapes de ma relation - aussi platonique soit-elle - avec Nik, de mon déménagement, je crois bien même qu'elle a entendu parler de l'accrochage de Julian et de la naissance de Lily... J'avais pas grand espoir en grand chose, en arrivant, et ça a pas vraiment commencé en s'arrangeant, mais je peux au moins mettre un nom sur la liste des gens que je veux remercier à Thanksgiving : Mackenzie J. Howard.
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