Curiosity is one of the lowest of the human faculties. You will have noticed in daily life that when people are inquisitive they nearly always have bad memories and are usually stupid at bottom. ✻✻✻ Quitter le boulot plus tard que d’habitude n’était pas quelque chose que Cecil appréciait particulièrement. Non pas car qu’il était un affreux paresseux, mais plutôt puisque Londres passé dix-sept heures n’était pas commode : les édifices vomissaient leurs soldats veston-cravate qui ne se faisaient pas prier pour noyer la ville sous leur fatigue. Qui plus est la journée de Cecil ne s’était pas terminée sur une note particulièrement glorieuse. Il avait dû assister à une réunion bâtarde concernant la préparation d’une de ces fêtes de bureau bâtardes qu’il n’avait jamais appréciées. Saisissant son air de moineau décédé, le nouveau directeur adjoint s’était empressé de lancer un «
J’espère que tu nous empêcheras pas de décorer et de chanter des chansons qui parlent du p’tits Jésus, Salomon » Cecil avait levée la tête et avait répondu, avec toute l’assurance qu’un faible pouvait avoir, qu’il était l’enfant de juifs et non d’un accident homoérotique entre le Grinch et Mr. Scrooge. Ceci étant dit, il était encore irrité et pour éviter d’exploser, il préféra couper par le parc pour traverser le centre-ville plutôt que de se faire engloutir par un train et recracher sans considération sur un quai terne et sale. Malgré l’envie enfantine qui s’emparait de son cœur, il évita platement de passer par Winter Wonderland.
Les yeux rivés au sol, il ne lâcha pas du regard ses pieds qui, au gré de ses pas, poussaient une pierre. Quand il était gamin, il aimait donner des noms aux pierres qu'ils trouvait et s’en débarrasser, par la suite, dans une bouche d’égout en se disant que ça les envoyait découvrir le monde. Salomon se pencha pour ramasser la roche. Il la nommerait Gertrude.
« Arrête d'essayer de m'en dissuader. » Cecil fronça les sourcils, un peu surpris. Il était dans sa bulle à un point tel qu’il croyait que la roche lui parlait.
« Mais Rony, ce que tu fais, ce n’est pas bien. » La roche changea de voix ; le secrétaire réalisa que ce n’était pas la roche qui parlait. Il se redressa, l’ami pierre en main. Il connaissait une Rony. C’était une chic fille. Cependant, il n’y avait pas qu’un chien qui s’appelait Fido. Comme il n’avait pas encore levé le regard, trop obnubilé par sa curiosité et préférant mieux saisir les mots que les images, il ne savait même pas si ses doutes étaient fondés. En vrai, il ne connaissait rien de cette fille. Il ne savait même pas si sa mère était vivante, morte ou encadrée. Mais peu importe qui était cette personne, savoir à qui elle pouvait bien mentir le chatouillait terriblement. Cecil, le regard rivé sur Gertrude la roche, s’avança un peu. Il était encore assez loin pour ne pas avoir l’air d’écouter, heureusement.
« J'ai peur. De leur réaction. Tu connais Kenzo. Comment tu penses qu'elle réagirait si elle apprenait qu'elle avait une petite demi-soeur, et par conséquent que son père avait une double vie en Suède ? » Wow. Cecil ouvrit grand les yeux. Une double vie ? C’était vraiment possible ? À l’ère des nouvelles technologies, il se permettait de douter un peu. Cecil fronça les sourcils comme si quelque chose venait de le frapper sérieusement. Kenzo ? Il connaissait aussi une Kenzo ! C’était une très drôle de coïncidence. Sans réaliser qu’il pouvait s’agir d’une grave erreur, il s’approcha beaucoup plus. Il osa lever le regard, sa curiosité ayant atteint un point de non-retour. Il lâcha Gertrude. Il connaissait réellement cette personne !
«C'est toujours ton problème Rony. Tu te rends pas compte que plus tu attends, plus tu lui mens sur qui tu es vraiment, et plus votre relation se dégradera lorsqu'elle l'apprendra. Je trouve encore que ce que tu fais est stupide, tu n'as pas besoin d'eux, mais tu t'es décidée à les rencontrer, alors va jusqu'au bout. Tu es sa petite sœur, et plus tôt tu lui diras, mieux ce sera pour vous tous.»Cecil hocha très subtilement la tête, approuvant avec ce que l’homme dit à Rony. Jamais une seconde son cerveau ne lui avait dit qu’il n’était pas poli d’écouter et qu’il devrait partir. Normalement, si c’était si secret ils seraient allés parler ailleurs.
« BAH, DIS-LUI, TOI, ALORS ! » Les yeux du jeune homme devinrent ronds comme des pièces de monnaies. La fille se leva et Cecil réalisa qu’il était désormais trop près du banc, qu’il avait commis une erreur non-négligeable. Il envisagea de tourner les talons, mais comme il était un peu con et très stressé, il s’avança. Il se retrouva face à face avec la jeune femme. L’homme tira une de ses têtes : il détestait ces moments durant lesquels son corps exécutait le contraire de ce que son cerveau demandait. Il recula d’un pas.
« Eh… Je… » Cecil leva les mains.
« C’est pas moi… Euh… C’est pas ce que tu penses, j’veux dire. » Terriblement stressé, il sentait la chaleur monter sous son manteau et c’était plutôt désagréable.
« Je faisais que passer par-là. » Il était rouge comme une tomate, sur le coup. Il soupira comme un ballon en train de se dégonfler. Il était décidément subtil comme un bulldozer.
✻✻✻ CODES © LITTLE WOLF.