Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).“ avril 1998. « premier chapitre » ”Tic tac. Allongée au sol, les jambes de part et d'autre d'une vieille horloge, les yeux rivés sur le cadran et la langue claquant en rythme des balancements t'attendais que le temps passe. Dix minutes, trois quarts d'heure, une heure vingt. C'était long et court en même temps. Comme chaque vendredi soir en rentrant de l'école, installée dans la même position, t'attendais d'entendre le vrombissement de la voiture remonter dans l'allée.
Trois, deux, un. «
PAPAAAAAAAAA. » Ta voix sonnait sûrement un peu trop stridente mais l'excitation prenait toujours le dessus sur le reste. Courant à travers le couloir faisant tomber au passage les journaux du buffet, tu ouvrais la porte d'un seul coup sautant dans les bras de ton père alors que la portière de sa voiture venait à peine de s'ouvrir. Constamment en déplacement, sans arrêt sur les routes, tu attendais sûrement les week end plus que toute autre chose au monde. «
Doucement Clochette, doucement. » Clochette. Joli surnom attribuée de par ta passion pour la fée de Peter pan ainsi que tes boucles blondes. Peut être que ton prénom venait jouer un peu aussi son rôle dans tout ça, allez savoir. Les joues légèrement rosies par l'effort, tu esquissais un sourire innocent alors que ses bras se refermait autour de toi te soulevant du sol pour te faire tournoyer dans les airs. Des rires à n'en plus finir et la promesse d'un week end tout aussi parfait que les précédents.
Si seulement tu savais. Toujours tenu fermement par les bras de celui que tu aimais appeler "l'homme de ta vie", vous passiez en même temps la porte de la maison bercés par les odeurs du repas du soir. Une vie heureuse, une famille heureuse et rien qui ne pouvait entacher ce bonheur. Les conversations de grand avaient débutés et muni d'un feutre, tu patientais dans le salon dessinant avec application sur le livre offert par la petite souris pour ta dent perdue quelques jours plus tôt. Le cadre idyllique, pas vrai ? Règle numéro un : ne jamais prendre pour acquis un bonheur pourtant éphémère.
Les premiers rayons du soleil venait caresser mon visage encore endormi et pourtant en un temps records, tu avais sauté hors du lit enfilant les premiers bouts de tissu te tombant sous la main avant de dévaler les escaliers quatre à quatre. Une odeur de pancake flottait dans l'air et pourtant, ce n'était pas l'appétit qui t'avais poussé à sauter aussi tôt du lit. «
Je peux aller jouer dis ? S'il te plaaaaait. » Un sourire radieux étirait tes lèvres de part et d'autre de ton visage alors que ta mère soupirait avant de secouer la tête. Elle était jolie ta maman. Les même boucles blonde que toi, un visage en forme de coeur et un teint à faire jalouser les plus jolies filles du monde. «
Cléo, pas maintenant. » «
Mais papa a dit que je pourrais faire du skate en me levant.. » Jouer la comédie, c'était ce que tu faisais de mieux. Et après avoir cligné à plusieurs reprise feignant une crise de larme en approche, ta mère finissait par céder. «
Pas longtemps Clochette, dans quinze minutes tu rentres et tu ne t'éloigne surtout pas. » C'était à peine si t'écoutais trop heureuse de pouvoir tester ton nouveau cadeau. Un premier essai, une première chute. Les genoux écorchés et pourtant, tu retentais encore et encore jusqu'à réussir à en faire. Vous connaissez les histoires sur les messieurs dans les camionnettes ? Elles sont vrais. Terriblement vrais. Et tu connaissais la règle. Ne pas parler aux gens que tu ne connaissais pas. Pourtant, il semblait gentil, vraiment gentil. Et innocemment, tu t'étais éloignée de l'entrée avançant vers lui. Peut être aurais tu pu faire quelque chose, réagir, crier, t'enfuir. Ça semble dérisoire maintenant mais.. Sur le moment tu ne comprenais pas. A moitié assommée, enfermée dans le coffre. Personne n'avait rien vu. Personne ne savait. Tu t'étais juste volatilisée dans l'air pour certains comme si tu n'avais jamais existé. Mais t'existais pas vrai ? Règle numéro deux : ne jamais perdre espoir.
“ septembre 2006. « deuxième chapitre » ”Des jours. Des mois. Des années. T'avais plus aucune notion du temps, tu savais plus. Trop longtemps sûrement. Les yeux rougis par des larmes encore trop présentes, les ongles noirs de saleté, les cheveux emmêlés comme jamais et cette odeur d'urine te donnant sans cesse envie de vomir. Pourquoi te garder ici ? Tel était la question. Chaque jour était semblable. La trappe qui s'ouvre. Une bouteille d'eau, un morceau de pain et le silence. Encore et toujours le silence. T'étais juste tapie dans l'ombre toujours comme si tu n'existais pas. Tes demi sommeil étaient rythmés par tes cauchemars incessants signe du calvaire que tu vivais ici. Un animal, voilà ce que tu étais. Une fois par semaine, la ration d'eau laissait place à un bout de savon servant à te nettoyer comme tu pouvais. Une fois par mois, les sceaux étaient vidés te laissant un semblant de propreté de courte durée. C'était pas le plus important de toute façon. A ce point là, tu t'en fichais. Tu voulais mourir, réellement. Arrêter de subir tout ça et pourtant, tu n'avais pas la force de te laisser sombrer. Peut être n'avais tu pas autant de force que ça. La tête posée sur le sol froid tu fermais les yeux une nouvelle fois entendant le déclic de la porte. Il venait. Il venait et tu le haïssais tellement de t'avoir pris toute ta vie. Toute ton enfance. Tu t'endormais encore une fois avant de ré ouvrir les yeux réveillée en sursaut par un bruit inhabituel. Te redressant d'un coup, titubant sous ta faiblesse et ton manque d'alimentation, tu plissais les yeux en direction de la lumière. La lumière.. Y avait tellement longtemps que tu ne l'avais pas vu. A tâtons, t'avançais vers elle sans y croire. Sûrement une hallucination, une torture de ton cerveau. Une bribe d'espoir. Et pourtant, elle était là. T'avais beau avancer, elle était toujours là. Inattention ? Oubli ? La porte était ouverte.
Ouverte. C'était irréel. Peut être rêvais-tu. Peut être que ton esprit cherchait une nouvelle fois à te tourmenter. Et pourtant, tu passais cet endroit pour la deuxième fois de ta vie. Bien trop aveuglé par cette lueur, tu progressais doucement mais, tu progressais. Jusqu'à atteindre la réelle porte. Celle donnant sur le monde extérieur. Étais-tu libre ? Règle numéro trois : ne jamais abandonner.
Tu courrais sans trop savoir où tu allais. Peut être partout, peut être nul part. Juste loin d'ici. T'en pouvais plus. Tu ne voulais plus être là. Tu demandais pas de l'aide, à personne. Peut être étais-tu devenu sauvage avec le temps. Mais t'avais plus confiance, en personne. Pourtant, une voiture de patrouille certainement alerté par des gens intrigués venait s'arrêter près de toi te forçant à monter à l'intérieur. Ils allaient t'aider hein ? Pas vrai qu'ils allaient t'aider ? Puis tu perdais connaissance peut être trop fatiguée de tout ça. Quand tu ouvrais les yeux à nouveau, une odeur de propre avait remplacé l'urine. Le noir avait cédé sa place morbide au blanc et tes cheveux étaient étrangement doux. Enfermée depuis longtemps ? Oui. Stupide ? Pas vraiment. Un hôpital, voilà où tu étais. C'était fini. T'avais quitté l'enfer, t'étais en sécurité ici. Vraiment en sécurité.
Sept ans. Sept ans en étant élevé comme un animal dangereux. T'avais quinze ans, tu ressemblais plus à une femme qu'une enfant et pourtant, t'étais sauvage. Tu ne comprenais pas les gens autour de toi, ne voulait pas les laisser te toucher et te mettais sur la défensive tout le temps. Un traumatisme qui finirait par cicatriser avec le temps disais t-on. Tu retrouvais ta maison, ta chambre qui n'avait pas bougé d'un millimètre et tes parents. Surtout tes parents. Les semaines suivantes étaient.. Douloureuse ? Des regards d'incompréhension, de la peur aussi, une douleur sans nom. Tu détestais leurs provoquer tout ça. Bien sûr, ils étaient heureux de te retrouver ici mais, tu n'étais plus vraiment toi. Comment pourrais tu l'être maintenant ? Les choses semblaient impossible. Y avait des choses qu'on ne reparait pas. Règle numéro quatre : ne jamais croire que l'enfer est derrière soi.
“ avril 2015. « dernier chapitre » ”«
Cléo, il faut qu'on parle. » T'aimais pas le ton employé. C'était trop doux, trop étrange. Ça annonçait rien de bon en fait. Pire, ça te faisais peur. «
Avec ton père, nous pensons qu'il serait temps que tu prennes ta vie en main. » Alors c'était ça ? Te mettre tout simplement à la porte comme une malpropre ? Tu refusais. Fronçant les sourcils, t'enfilais ton air voulant dire
cause toujours tu m'intéresse. Trop prévisible, peut être. «
En fait, ce n'est pas une option Clochette. On a déjà tout arrangé. » «
Arrangé quoi ? » Tu te mettais sur la défensive, comme toujours. En réalité, depuis ton retour, tu n'avais pas changé. T'avais suivi des cours par correspondance incapable de te mêler aux autres. T'étais restée dans cette peur du monde extérieur. Et bien sûr que tout le monde avait l'impression que tu ne faisais aucun effort mais ils ne comprenaient pas. Ils n'avaient pas vécut ton enfer. Ton calvaire. «
Tu pars la semaine prochaine pour Londres. Solanne ta cousine prendra soin de toi. »
Solanne. T'en avais entendu parler plus petite. Ta mère l'aimais beaucoup, tu le savais. Mais pourquoi t'envoyer là-bas ? Tu ne voulais pas. «
Il faut que tu partes d'ici. Que tu recommences à zéro ailleurs. Prends cette chance Cléo. Vis ta vie. » Parce que tu avais encore une vie ? T'avais du mal à y croire. Pourtant, tu ne luttais. T'avais beau être libre de tes choix, t'avais plus la force de te battre contre quoi que ce soit et au fond, peut être que ça pourrait être ton moyen de finalement être en paix avec toi même. Tu voulais y croire. T'espérais. C'était peut être bête mais t'en avais besoin. Règle numéro cinq : ne jamais s'enfermer dans le passé.
L'avion venait tout juste d’atterrir. Londres, t'y étais. Une blonde tenait un panneau dans portant ton prénom. Solanne sans aucun doute. Ta valise en main, fébrile, tu t'avançais vers elle sans savoir quoi faire. T'avais pas eu de rapport humain depuis des lustres. Tu savais pas faire, t'étais même incapable de la saluer. Alors tu lui tendais juste la lettre de ta mère. C'était pour elle, tu ne l'avais pas lu. Tu ne voulais pas la lire. Ici, tu n'étais plus la pauvre Cléo, kidnappée et séquestrée pendant des années. Ici, tu pouvais recommencer. Mais encore fallait-il que tu le veuilles. Pouvais tu réellement trouver un semblant de répit ? Rien n'était moins sûr. Règle numéro six : ne jamais dire jamais.