"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven) - Page 2 2979874845 even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven) - Page 2 1973890357
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even if you stumble, you’re still moving forward. (ft heaven)

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Jake O. Cavendish
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() message posté Sam 9 Mai 2015 - 15:40 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Il ne pense même plus au reportage qu’il a évoqué tout à l’heure. Il n’a jamais compté le faire réellement de toute façon. Juste du bluff, pour répondre à ses provocations. Pour entrer dans son jeu et prendre un tour d’avance. En théorie, ça pourrait peut-être fonctionner. Les anglais ont très certainement oublié cette affaire depuis longtemps, c’est toujours ainsi. Dès qu’une information vieillit, elle est remplacée par une nouvelle. Et ainsi de suite. Il n’y a jamais de fin. Parfois des retours en arrière quand certaines affaires ressortent, quelques mois ou années plus tard. Le renouvellement perpétuel est l’une des choses que Jake préfère dans son travail. Il ne s’ennuiera jamais et il le sait. Il aura toujours des reportages à faire et, même si certains peuvent se ressembler sur les sujets, ils sont tous uniques. Et avec l’expérience qu’il commence à accumuler, il peut de plus en plus choisir les reportages qu’il souhaite. Bien sûr, certaines décisions lui sont toujours imposées, ça ne changera sans doute pas tout de suite. Décisions comme celle de lui donner la charge d’une stagiaire. Bizarre que personne de la section des arts et spectacles n’ait pu dépanner et s’occuper d’elle. Enfin rien ne sert de se poser la question, il devra travailler avec elle jusqu’au retour de son collègue, il le sait.
S’il répond à ses questions et l’interroge, ce n’est pas pour un reportage sur elle ou quelque chose du même acabit. Non, c’est simplement par curiosité. A force de parler de toute cette histoire, elle a réveillé sa curiosité, qui est toujours forte. Il voudrait lui poser des dizaines de questions. Savoir comment elle l’avait appris. Savoir si elle l’avait vu depuis le procès. Savoir comment sa mère et sa famille avait pris tout ça. Savoir comment elle, elle avait pris tout ça. Savoir ce qu’elle en pensait. Tout savoir, en fait. Mais il sait qu’elle va se braquer s’il le fait, il a rapidement cerné son caractère. Alors il parle calmement, expliquant juste son point de vue. Il ne joue plus à aucun jeu. « Non, il n’était pas un homme normal, » Il la regarde, un peu surpris. Son père était un politicien, avant toute cette histoire. S’il donnait une image d’homme proche de sa famille, peut-être que cela n’était pas vrai. Ça ne serait pas la première fois qu’un homme fasse croire quelque chose au monde entier. C’est le principe même de la politique. Convaincre le peuple qu’on est le meilleur choix, par tous les moyens possibles. Enfin, de ce qu’il savait, Andrew Howard-Clarke n’avait pas tué avant toute cette histoire. Dans la limite du possible pour un politicien, il était plutôt normal. Il ne sait pas ce qu’Heaven sous-entend exactement mais elle ne semble pas vouloir aller plus loin.
Alors il enchaîne avec d’autres commentaires et d’autres questions. Ça fait quelques minutes qu’elle semble calmée. Comme si ce sujet l’affaiblissait quelque peu. C’est sans doute le cas et ça serait normal. Il la préfère quand elle crie moins. « Est-ce que c’est réellement off record, monsieur Cavendish ? » Rien d’étonnant au fait qu’elle ne le croit pas. Après tout, il avait tout fait à une époque pour obtenir son interview, en vain. Là, il l’a à sa merci et elle répond à ses questions. Sauf qu’il ne parlera jamais de tout ça. D’abord parce qu’il sait que publier une interview sans l’accord de la personne pourrait lui attirer beaucoup de problèmes et aussi parce qu’il n’en voit pas l’intérêt. « Parce que vous savez que je pourrais vous attaquer en justice si un jour je retrouve notre conversation relatée quelque part, » C’est aussi son premier instinct. Pas étonnant. La défense d’Heaven, c’est l’attaque. Et qui de mieux pour l’aider que la justice ? Au moins, si elle sait ça, c’est déjà un premier pas vers le journalisme. Enfin si elle compte se tourner vers l’art, ça doit sûrement être moins important. « Oui, c’est vraiment off record mademoiselle Howard-Clarke, que vous me croyiez ou non. » Essayer de la convaincre serait sans doute désespéré. Elle semble particulièrement têtue. « Il voulait faire du mal. Avoir un sentiment de pouvoir, peut-être. C’était un homme politique, après tout. » Un peu déçu de sa réponse, il fronce les sourcils. Il s’attendait à quelque chose de plus personnel, bien sûr. Après tout, elle est la fille d’un tueur en série, il ne pensait pas obtenir une réponse digne d’un psy. Mais c’est sans doute une partie de la vérité. Heureusement que tous les hommes politiques ne sont pas comme lui. Enfin de ce qu’on sait. Peut-être que d’autres sont plus discrets. Le pouvoir peut monter à la tête de certaines personnes, rien d’étonnant à ça. Si certains aspirent à grimper les échelons, d’autres, n’y parvenant pas, trouvent d’autres façons de le faire. Souvent dans leur vie privée. « Et donc comment vous expliquez les caractéristiques physiques de ces femmes ? » Sa théorie peut se tenir mais ne suffit pas à tout expliquer. De toute façon, on ne saurait sûrement jamais totalement la vérité. Personne ne peut imaginer ce qui se passe dans la tête d’un psychopathe. Pas même un autre psychopathe, bien souvent. « Le cliché veut que les blondes soient moins intelligentes, non pas que je le pense. » Se défend-t-il, ne voulant pas énerver Heaven à nouveau. « Donc une femme brune serait plus susceptible de représenter un pouvoir, un danger pour lui. A moins qu’on parle de pouvoir sexuel, ce qui change tout. » Son explication de la fille blonde qui lui aurait brisé le cœur lui parait toujours aussi logique. Et si les médecins avaient conclu à la folie, les théories n’avaient pas cessé pour autant. La folie est créée, pas innée. « Et les autres membres de votre famille, quelles étaient leurs théories ? » Façon détournée de demander comment ils ont réagi. Sans doute qu’elle ne répondra pas mais il peut toujours essayer. A part une possible colère d’Heaven, il ne risque rien.

✻✻✻
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 11:39 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ Le plus étonnant, le plus invraisemblable, était qu’Heaven Howard-Clark avait été fascinée par l’affaire Westminster Bridge Road, fascinée bien avant que le premier journaliste vienne sonner chez elle pour recueillir ses commentaires sur l’arrestation de son père. Après tout, elle avait eu l’impression de ne plus être en sécurité à Londres ; les meurtres s’étaient multipliés les derniers mois, et les victimes avaient toutes été comme elle. Blondes. Dans la vingtaine. Le visage aux traits poupins. Heaven avait, également, entendu dire qu’elles avaient toutes été issues de familles plus ou moins aisées, plus ou moins titrées, les spéculations ne faisant que s’accroître à mesure que l’image type de ses victime se soit défini. Bien entendu qu’elle s’était intéressée aux évènements. Bien entendu qu’elle s’était demandée si elle était la prochaine sur la liste. Bien entendu qu’elle avait eu peur, qu’elle avait espéré que le tueur se retrouve derrière les barreaux. Mais, jamais, au grand jamais, elle n’avait songé qu’il puisse s’agir de son père. Jamais, au grand jamais, elle ne s’était imaginée que son géniteur était celui derrière tout cela.
Pourtant, elle en avait imaginé, des scénarios catastrophe. Pourtant, elle aussi avait spéculé quand elle avait encore eu la possibilité d’avoir une certaine distance avec l’affaire. Mais son imagination s’était limitée au raisonnable. Son imagination n’avait pas songé que celui qui l’avait élevé, ou presque, était un tueur.
Parfois, quand elle y repensait, Heaven se demandait si c’était de sa faute. Si, à s’intéresser de trop près à l’histoire, elle n’avait pas provoqué le destin pour qu’il se joue d’elle. Si, à avoir passé sa vie à être une enfant terrible, elle n’avait pas encouragé son père à céder à ses démons intérieurs. Son psychiatre avait passé des semaines à lui faire comprendre qu’elle n’avait eu absolument aucun rôle dans ce qu’il s’était passé. Que cela n’était pas de sa faute à elle, qu’elle n’était pas à l’origine du meurtre de toutes ces jeunes femmes. C’était lui. C’était son père. Il avait agi de cette façon, ilavait été celui à choisir ses victimes et à les suivre, il avait été celui à les tuer, les tuer comme un sauvage en mettant en situation chacune de ses scènes de crime comme une œuvre d’art. Pourtant, malgré ces longues séances passées à s’entendre dire qu’elle n’était pas responsable, au fond d’elle, Heaven se blâmait pour la mort de toutes ces filles. Peut-être aurait-elle pu empêcher que cela se produise. Peut-être aurait-elle pu mettre un terme à sa démence bien avant qu’il n’y ait un déclic dans l’esprit de son père. Sa gorge se serra alors qu’elle tentait, presque en vain, de reporter son attention sur Jake Cavendish.   « Oui, c’est vraiment off record mademoiselle Howard-Clarke, que vous me croyiez ou non, » lui répondit-il. Il ne semblait guère étonné par ses suspicions, tout comme Heaven n’était pas étonnée par sa réponse. Elle le sentait, au fond d’elle. Elle le sentait qu’il n’était plus le même, qu’il avait changé, qu’il était beaucoup plus professionnel qu’auparavant. Mais c’était plus fort qu’elle. Comme pour se cacher, comme pour se donner un semblant d’impression de puissance, elle remettait en cause ses intentions. Constamment.
Autrement, pourquoi lui porterait-il une telle attention au lieu de se remettre à travailler ? Pourquoi ne la renvoyait-il pas tout simplement chez elle, sans lui donner l’occasion de choisir ? Elle était presque confuse ; elle ne parvenait pas à trouver d’explications à ses constantes questions. « Et donc comment vous expliquez les caractéristiques physiques de ces femmes ? » reprit-il. Il paraissait presque déçu. Déçu par les paroles d’Heaven. Déçu par le côté terre-à-terre qu’elle avait fini par apporter à son discours. Parce qu’au fond, Heaven avait entendu toutes les théories, mais elle n’en avait jamais accepté une seule. Parce qu’au fond, Heaven avait pensé encore et encore aux raisons de son père, mais elle n’avait jamais réussi à arrêter ses idées. A fixer sa propre hypothèse. A tirer sa propre conclusion. Elle avait longtemps vécu dans le déni. Elle avait longtemps refusé que tout cela puisse être vrai. Parce qu’après tout, s’il lui avait toujours fait peur, il restait son père. « Le cliché veut que les blondes soient moins intelligentes, non pas que je le pense. Donc une femme brune serait plus susceptible de représenter un pouvoir, un danger pour lui. A moins qu’on parle de pouvoir sexuel, ce qui change tout, » reprit-il et j’haussai un sourcil. Il avait l’air attaché à son hypothèse. A ses idées. Comme s’il y avait songé pendant des heures pour tenter de trouver la vérité vraie. « Et les autres membres de votre famille, quelles étaient leurs théories ? » Elle fronça les sourcils, laissant le silence s’installer entre eux sans le vouloir. Elle ne savait même pas ce qu’il désirait entendre. Ce qu’il désirait qu’elle dise. Ce qu’il espérait qu’elle admettre. Elle ne savait même pas quelle pourrait être ma réponse, comme si se souvenir la blessait déjà beaucoup trop. « Ma mère n’a jamais jugé bon de me faire part de ce qu’elle pouvait bien penser, » finit-elle par dire. Elle se souvenait du silence de Kathleen Howard-Clark. Elle se souvenait de ses traits impassibles et froids au tribunal. Heaven aurait aimé pouvoir la secouer. La secouer et lui hurler d’enfin ressentir quelque chose. Mais elle n’avait pas pu. Les évènements, en eux-mêmes, l’avaient déjà bien trop paralysée. « Quant à mes frères… Eh bien, j’en ai un qui a eu des théories plutôt intéressantes destinées à me faire rire… Comme si on pouvait réellement rire de cela. » Zacharie. Il avait passé des heures, emprisonné dans son propre corps, à n’avoir que ses pensées pour s’occuper. Il avait eu l’occasion de songer à toutes ces choses. Il avait eu l’occasion de voir l’inquiétude se peindre sur le visage de sa sœur. Il avait eu l’occasion de tenter de se faire sa propre idée sur le sujet. Elle n’avait jamais su s’il pensait réellement ses explications farfelues ou s’il ne les avait élaboré que dans l’objectif même de lui redonner le sourire. Heaven ne lui avait jamais posé la question, d’ailleurs. « Mais, vous, vous semblez tenir à vos théories, » reprit-elle finalement. « La petite amie blonde qui lui a brisé le cœur dans ses jeunes années… Mais vous savez ce qui ne va pas, dans ce que vous dites ? C’est que vous partez du principe qu’il a été capable d’aimer, un jour. » Sa voix étai dure mais c’était sans doute sa seule façon de se protéger, de garder son cœur hors d’atteinte ; finalement, Heaven se rendait peu à peu à l’évidence. Elle aurait mieux fait de partir. Elle aurait mieux fait de s’en aller tant qu’il lui en avait laissé le choix.
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() message posté Mer 20 Mai 2015 - 11:38 par Jake O. Cavendish
If only we could see the endless string of consequences that result from our smallest actions. But we can’t know better until knowing better is useless. ✻✻✻ Jake a toujours eu une mémoire impressionnante, ce qui est bien utile pour son travail. Il peut faire le lien entre deux informations rapidement et surtout, il n’en oublie jamais aucune. Mais parmi toutes celles qu’il avait traitées, celle du Westminster Bridge Road avait été une des plus marquantes pour lui. C’était son premier reportage sur un sujet intéressant, même s’il travaillait encore sous la coupe d’un reporter plus expérimenté. Avant ça, il n’avait réalisé que des reportages sur des sujets bateau, pour s’entrainer, pour apprendre comment faire. Il avait déjà un peu suivi l’affaire avant d’y être assigné et il s’était passionné pour cette histoire. Il espérait que les policiers trouvent le coupable, pris aux tripes à chaque fois qu’on trouvait une nouvelle victime. Et son intérêt n’avait pas disparu quand le coupable avait été arrêté. Il y avait eu le procès, la condamnation, toutes les spéculations et, bien sûr, les tentatives d’interviews. Toute cette affaire avait déclenché un grand intérêt dans tout le pays. Peut-être que c’était aussi pour ça qu’il s’en souvenait autant. Parce que ç’avait été une des premières fois qu’il faisait des reportages autant regardés. Une fierté couplée à une envie de savoir la vérité. Un besoin même.
C’était pour cette raison qu’il continuait d’interroger Heaven à ce sujet, plutôt que se mettre au travail. Elle a abordé le sujet alors il en profite, bien sûr. Il veut savoir ce qu’elle en pense, elle qui connaissait bien le coupable. Elle ne devait sûrement pas s’y attendre. Comment imaginer que son père puisse être un tueur en série ? Même s’il peut y avoir certains signes avant-coureurs, on ne peut tout simplement pas imaginer une telle chose. Qu’on soit proche de lui ou non, il reste la personne qui nous a élevé et qui a, en quelque sorte, façonné la personne que nous sommes aujourd’hui. On a toujours tendance à idéaliser nos parents, à penser qu’ils sont parfaits, ou tout du moins, qu’ils sont bons. Qu’ils ne peuvent pas faire le mal. Comment imaginer que la personne qui nous a amené dans ce monde puisse tuer un être humain ? Jake n’est pas parent et loin de l’être mais il a souvent entendu dire que le devenir change tout. Toutes les perspectives, tout ce qu’on pouvait penser auparavant. Comment peut-on aimer son enfant et prendre la vie de l’enfant de quelqu’un d’autre ? Il n’y a sans doute pas de réponse, cet homme était fou, comme la plupart des gens qui finissent par tuer un autre être humain. Même en légitime défense ou pendant une guerre, ça change quelqu’un.
Tuer gratuitement, de sang-froid, ça demande une certaine antipathie. Un manque de sentiments. Une folie bien ancrée. Pourquoi avait-il décidé de tuer la première ? Pourquoi avait-il continué ? Sans doute que le sentiment lui avait plu. Un sentiment de pouvoir comme l’avait dit Heaven. C’était une part de l’équation. Une équation qui ne sera jamais entièrement résolue. Même les meilleurs docteurs ne peuvent pas comprendre tout ce qui se passe dans la tête d’un psychopathe. Peut-être n’avait-il aucune motivation. Peut-être voulait-il juste tuer. Jake pourrait se contenter de cette hypothèse, s’il n’y avait pas cette histoire de ressemblance physique entre toutes ces femmes. « Ma mère n’a jamais jugé bon de me faire part de ce qu’elle pouvait bien penser, » Dommage, il aurait bien voulu en savoir plus. Certaines personnes préfèrent ne pas parler de ce qui ne va pas, faire comme si de rien n’était alors que toute leur vie a été bouleversée. La mère d’Heaven avait toujours eu l’air d’une femme assez renfermée, pas vraiment expressive. Ça se lisait à l’expression sur son visage quand elle sortait du tribunal et évitait de répondre aux journalistes qui l’assaillaient. Elle aurait pu en parler à sa fille, Jake aura tenté sa chance. « Quant à mes frères… Eh bien, j’en ai un qui a eu des théories plutôt intéressantes destinées à me faire rire… Comme si on pouvait réellement rire de cela. » En effet, ça parait un sujet pas vraiment adapté pour en rire. Mais peut-être que ça avait pu faire un peu de bien. Il n’ose pas imaginer tout ce que la famille Howard-Clark a pu traverser pendant le procès et même après. Aucune famille ne peut ressortir indemne d’un drame pareil. Et l’humour peut être une façon comme une autre de gérer les événements. De prendre une certaine distance. « Mais, vous, vous semblez tenir à vos théories. La petite amie blonde qui lui a brisé le cœur dans ses jeunes années… Mais vous savez ce qui ne va pas, dans ce que vous dites ? C’est que vous partez du principe qu’il a été capable d’aimer, un jour. » Il l’écoute, un peu étonné qu’elle pense ainsi. Elle a sûrement préféré se convaincre qu’il n’avait pas de cœur, c’était plus simple. Plus simple que de penser qu’un homme qui avait pu l’aimer, était capable de telles atrocités. Même dans ses paroles, elle semble garder une certaine distance avec toute cette histoire. Elle parle comme si ça ne la concernait pas. Comme si c’était à propos d’une autre famille. D’un autre père. Pas le sien. « Vous pensez qu’il est né comme ça ? Beaucoup de médecins pensent que la folie est créée, et non pas innée. En tout cas, on n’a jamais trouvé de gêne de la folie, d’après ce que je sais. » Il n’a jamais étudié la psychologie, qu’est-ce qu’il en sait ? Mais étrangement, c’est un sujet qui l’intéresse depuis longtemps. Il aime lire des études là-dessus, se renseigner au maximum. Pour être capable de faire de meilleurs reportages à ce sujet mais aussi pour sa curiosité personnelle. « Il a peut-être aimé certaines personnes, à sa façon. Comment le savoir ? Personne ne peut entrer dans sa tête, savoir pourquoi il a fait tout ça. » Et s’il ne s’était toujours pas confié, sans doute ne le ferait-il jamais. C’est un trait récurrent chez les psychopathes. Ils gardent tout pour eux, ne partagent pas leurs pensées, même avec des personnes similaires. Peut-être que ça les rend encore plus fous, de fomenter ainsi sur la question, sans jamais en parler. « En tout cas, il est mieux en prison qu’en liberté, ça doit vous rassurer ça. » Ça serait logique qu’elle ait peur de lui. Quand elle a su qu’il était coupable, il était déjà emprisonné, heureusement. Enfin dans tous les cas, ça ne doit pas être rassurant. Apprendre qu’on peut ignorer tant de choses sur une personne avec qui on a vécu pendant des années.
Il sent qu’elle n’a plus vraiment envie d’en parler. Plus envie de rajouter autre chose. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est continuer d’établir des théories et ça n’avancera à rien. Heaven en sait sans doute plus que lui, pour avoir grandi avec le coupable, mais elle garde une telle distance avec les choses qu’il devine qu’elle ne lui dira pas grand-chose d’autre. Pas parce qu’elle n’a pas confiance mais parce qu’elle n’accepte pas encore totalement les événements. « On se met au travail maintenant, si vous voulez bien ? Je n’ai pas vraiment envie de prendre du retard. »

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() message posté Jeu 28 Mai 2015 - 21:28 par Invité

he’s got battlefields in his bones; his smiles are made of thunder–blinding, booming, brilliant. son of a king, king of the wars, war of a world, world on his heart. she’s got battlefields in her mind; strategy maps unfolding on her skin the way other girls have stars and seas. crown on her head, head full of wars, wars for the wise, wise till the end. ✻✻✻ C’était plus simple de cette manière. Plus simple de ne pas y penser. Plus simple d’agir comme si cela ne s’était jamais produit, comme s’il n’avait jamais existé. Elle avait fait de son père une figure fantôme de son existence, un souvenir oublié par son esprit torturé ; quand elle rendait visite à son frère Zacharie et qu’elle croisait leur génitrice, elle ne l’associait plus à son mari, à cet homme qu’elle avait un jour épousé. Quelque part, c’était comme s’il existait un accord implicite entre les deux femmes de la famille Howard-Clark ; aucune des deux ne l’évoquaient, aucune des deux ne manifestaient le besoin de s’en rappeler. Les photos avaient disparu des cadres, remplacées par d’autres clichés. Il n’y avait plus le nom d’Aaron sur la boîte aux lettres. Son bureau avait été vidé et réaménagé pour devenir un salon de thé. La seule chose qui subsistait était le nom de famille qu’il avait laissé derrière lui. Ce nom de famille qui avait fait couler tant d’encre et qui avait gaspillé tant de papier. Howard-Clark. Heaven avait longtemps hésité à le changer pour ne plus être associée à ce qu’il était ; mais, au bout du compte, elle s’était rendue compte que, même avant cela, ce nom avait toujours été un fardeau pour elle. Un fardeau qui faisait partie d’elle. Il avait évoqué la noblesse, la royauté, sans doute. Il avait évoqué les ducs et les comtes, les titres et les terres. Il avait évoqué ce monde auquel elle appartenait mais qu’elle rejetait. Et le simple fait qu’il soit associé, désormais, à un assassin dont le procès avait fait les grands titres ne faisait qu’accroitre les sentiments qu’elle avait déjà. Alors, elle l’avait gardé. Elle avait gardé ce poids sur ces épaules parce qu’elle avait eu la conviction qu’elle l’avait déjà porté toute sa vie.
Comme Heaven n’en parlait pas, elle était bien incapable de savoir ce que sa famille pensait réellement de tout cela. Bien entendu, elle avait eu l’occasion d’évoquer le sujet à quelques reprises avec ses frères au cours des dernières années mais elle avait préféré sortir de sa mémoire tous ces instants, comme s’ils appartenaient à une existence qui n’était plus la sienne. Comme s’ils appartenaient à une dimension parallèle, un autre univers. Zacharie avait bien longtemps cessé de montrer un quelconque intérêt à leur père, cessant d’exposer ses théories absurdes en présence de sa sœur, mais Heaven savait qu’au fond de lui il continuait de se questionner. Qu’il continuait de se poser mille et une questions. Parfois, elle le surprenait en train d’arpenter le net avec sa tablette spécialisée, mais il s’assurait de refermer toutes les pages avant qu’elle ne puisse jeter un œil par dessus son épaule. De temps à autre, aussi, elle était presque sûre de l’avoir entendu évoquer leur père au téléphone avec leur plus grand frère, Andrew, avant qu’il ne change subitement de sujet quand elle finissait par entrer dans la pièce. Elle savait que leur aîné était allé rendre visite à leur père plusieurs fois depuis son incarcération, mais elle ne lui avait jamais posé de questions, et il n’avait jamais rien dit à ce sujet. Parce que c’était comme ça, dans leur famille. Leur père était une tâche noire dans le tableau idyllique de leur prestige. « Vous pensez qu’il est né comme ça ? Beaucoup de médecins pensent que la folie est créée, et non pas innée. En tout cas, on n’a jamais trouvé de gêne de la folie, d’après ce que je sais, » lui déclara-t-il. C’était presque étrange d’en parler, pour Heaven. Surtout avec lui. Surtout avec l’une de ces personnes qui l’avaient poussé à se renfermer sur cette affaire. Quelque part, elle se demandait si elle aurait pu être plus ouverte quant aux actes de son père, si la pression des journaux n’avait pas été si forte.
Elle aurait presque aimé lui dire. Lui dire qu’elle avait l’impression que si, le gène de la folie existait. Et qu’il coulait dans mes veines. Qu’il avait toujours été là. Que je l’avais toujours su, bien avant que mon père ne soit arrêté pour meurtre. « Il a peut-être aimé certaines personnes, à sa façon. Comment le savoir ? Personne ne peut entrer dans sa tête, savoir pourquoi il a fait tout ça, » poursuivit-il. Il me rappelait vaguement mon psychiatre avec ses paroles, ses interprétations. Mais j’avais l’impression que c’était simple, pour eux. Simple de dire des choses pareilles. Cela ne les touchait pas. Ils ne savaient pas. « En tout cas, il est mieux en prison qu’en liberté, ça doit vous rassurer ça, » ajouta-t-il. Heaven plissa les paupières, posant son regard sur Jake. « Pas forcément. Même s’il a été condamné à la perpétuité, on a toujours l’impression que ce n’est pas suffisant. » Il avait beau avoir eu le meilleur avocat qu’il soit. Au Royaume-Uni, les meurtres étaient automatiquement punis par la prison à vie. Mais, s’il était derrière les barreaux, Heaven avait peur. Peur qu’il soit là, dans ses veines. Peur qu’elle finisse par lâcher prise et faire ressortir le pire d’elle-même.
Mais elle ne le disait pas. Comme si, en le répétant à voix haute, cela deviendrait vrai. Comme si, en le répétant à voix haute, ses mots seraient gravés dans le marbre et elle se retrouverait piégée. Piégée par l’être qu’elle était sans doute réellement. « On se met au travail maintenant, si vous voulez bien ? Je n’ai pas vraiment envie de prendre du retard, » reprit-il finalement, et Heaven revint sur Terre. Elle se redressa sur son siège, puis baissa les yeux sur l’écran de son ordinateur. Il avait eu le temps de se mettre en veille ; elle appuya sur le trackpad avant d’entrer une nouvelle fois le mot de passe de sa session. « Oui, oui, bien sûr, » reprit-elle. Son ton était moins dur, son expression moins marquée, comme si la conversation l’avait épuisé. Comme si admettre toutes ces choses face à lui l’avait fait redescendre sur Terre. Ses yeux parcoururent rapidement les notes de Jake à propos de ce projet de loi ; sans qu’elle ne s’en rende compte, elle esquissa un sourire en songeant à Solveig et sa dévotion pour l’égalité homme-femme. C’était presque ironique. Elle qui s’était amusée à la contredire, elle se retrouvait à contempler des mots en faveur. « Je, ehm, désolée. » Désolée. Elle ne savait pas réellement pourquoi, mais Heaven avait presque l’impression que c’était de mise. Même si cela allait contre tous ses instincts. Même si cela allait contre l’essence même de ce qu’elle était.
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