Dwight - I am not sure about what is reality.

Je ne suis pas du genre bavard, voire même moins je parle mieux je me porte. A chaque fois les gens autour de moi m'obligent à parler et je ne comprends pas en quoi ça les obsède autant. J'adore lire mais autant écrire j'ai du mal mais aujourd'hui j'en ressens étrangement le besoin. Aujourd'hui, ça fait 7 ans que je ne parle plus à ma mère. Pourquoi elle m'a fait ça ? Pourquoi ? J'en ai encore parlé à personne, même mon père ne le sait pas alors qu'il est un des premiers à me demander si ça va.

Je n'ai jamais compris pourquoi elle a fait ça, pourquoi elle en avait ressenti le besoin. Petit, j'avais des flash, je voyais ma mère me touchait mais elle me certifiait que toutes les mères le faisaient. Pendant une longue période de ma vie, j'ai nié ces faits, mon esprit a tout fait pour me faire croire que ça n'avait été que cauchemar au lieu de réalité.

A l'âge de mes 10 ans, mon père, inquiet, m'a fait voir un psychiatre pour la première fois de ma vie, j'ai cru que j'allais l'encastrer dans un mur. En quoi il me posait autant de questions ? Je l'ai détesté comme je me détestais. A partir de cet instant, j'ai commencé à me faire du mal, dès que ses flash revenaient, je prenais un couteau et ma douleur physique me faisait oublier ma douleur mentale.

J'en ai 27 ans aujourd'hui et je n'ai pas changé de psychiatre depuis. Il m'a diagnostiqué bipolaire à l'âge de mes 17-18 ans, après 7 putains d'années de psychanalyse il m'annonce que je suis fou à lier. Il a beau me répéter que je ne suis pas fou, que c'est juste mon cerveau qui est malade car il ne fournit pas assez de molécules qui me permettraient d'avoir une humeur plus régulière. A quoi bon... J'ai beau me droguer depuis 10 ans désormais, je ne vois pas le changement, mes sautes d'humeur reviennent toujours que je le veuille ou non.

A mes 20 ans j'avais enfin fini mes études de photographe sur Paris. Le week-end j'étais à Londres, la semaine sur Paris. Ma vie se résumait à ça. J'étais content, je pouvais enfin être dépendant financièrement et non appeler papa ou maman pour x ou y raisons. Mais toute ma vie chamboula une nouvelle fois. Ma mère voulait me féliciter de mes bonnes notes, elle voulait faire un bon apéro pour fêter mes bons résultats et à partir de là, black out total. Je m'étais réveillé, nu, dans le lit de ma mère, mon verre à côté de moi et elle m'embrassait sur le front en me disant que j'avais été un bon garçon et que ça avait été super. Elle m'avait drogué, je reconnaissais les effets et j'avais vu un préservatif usagé au pied du lit. Je m'étais enfui de chez ma mère, drogué, vacillant dans les rues, titubant, et à partir de ce jour, des flash me revinrent encore et toujours. Des flashs qui dataient de quand j'étais gosse et des flashs qui dataient de cette nuit-là. Ma propre mère m'avait abusé sexuellement en me droguant. Pourquoi ? J'ai l'impression d'être une meuf, d'être faible, d'être... Une pauvre victime de merde qui n'a pas eu les couilles de se débattre. Je pensais que les viols, uniquement les femmes subissaient cela et lorsque cela m'arriva à moi, j'avais la sensation de perdre toute ma virilité, de ne plus être un homme, d'être juste... faible, une victime... Je me dégoûte, elle me dégoûte.... J'avais fait une tentative de suicide par la suite, mais un pote était venu chez moi à Paris et m'avait sauvé la mise, dès qu'il avait retrouvé mon corps inerte dans la salle de bain. J'aurais dû crever cette nuit là et la vie en a décidé autrement... Il a fallu que j'oublie de fermer cette putain de porte d'entrée, si j'avais eu l'intelligence de la fermer à clé, je ne serais plus dans ce monde et j'aurais enfin la paix.

Depuis cet instant, j'avais dit à mon père que je ne voulais plus revenir chez ma mère, il n'a pas cherché à comprendre, le ton que j'avais utilisé, avait suffit pour qu'il comprenne. Ma mère avait continué à m'harceler pour avoir de mes nouvelles, mais j'ai réussi à avoir une clause d'éloignement contre elle. Elle n'a désormais plus le droit de me joindre et elle doit se tenir minimum à 100 mètres de moi... Mon père n'a toujours pas essayé de comprendre et dès qu'on me parle de ma mère, je dis tout simplement qu'elle est décédée pour ne pas avoir de questions.

A l'âge de 22 ans, je suis resté 6 mois avec une femme -plus âgée que moi- elle allait sur ses 37 ans. C'était une styliste que j'avais rencontré chez l'agence de mode Elite, on avait collaboré ensemble sur un projet qu'elle avait avec VOGUE et pendant 6 malheureux mois on s'était fréquenté. Au début ce n'était que du cul, j'aimais son expérience et elle savait y faire mais à force j'ai éprouvé des sentiments et elle-aussi. La seule chose qu'elle avait oublié de me dire c'était qu'elle était mariée alors que je la pensais dévouée à moi étant donné que j'étais dévoué à elle. Les derniers mois où on se fréquentait, elle était devenue un monstre avec moi, elle me rabaissait, me crachait à la gueule, me hurlait dessus sans cesse, m'humiliait au boulot, déchirait mes photos.... On ne faisait que se disputer mais notre rage se transformait en passion une fois au lit. A la fin je me sentais plus comme son objet sexuel préféré qu'un amant parfait. C'est grâce à elle que j'ai commencé le mannequinat, c'est elle qui m'a fait poser pour VOGUE et depuis j'ai signé chez ELITE et les contrats ne font que s'enchaîner... Sauf qu'à la fin elle a appuyé sur un point sensible: elle faisait que me traiter de "pédale", disant que je baisais comme une meuf, ne lui donnant plus aucun plaisir et elle préférait son mari de 75 ans au lit que moi, elle ne faisait que me comparer à ma mère disant que j'avais pris toutes ses habitudes et lorsqu'elle toucha à ce point sensible j'ai cru devenir fou. J'ai failli la frapper, laissant mon poing dérivé contre le mur au lieu qu'il soit contre son visage... J'ai tout fracassé et je suis devenu vert de rage... J'ai vu dans ses yeux LA peur. CETTE peur qui fait froid dans le dos, je ne me contrôlais plus et au lieu d'affronter mes problèmes, j'ai fuit, car j'aurais été capable de lever la main sur elle et ça ne faisait pas parti de mes principes. Depuis je ne fais plus confiance aux femmes, ma mère, puis elle, ça en était trop... Trop pour moi.

Depuis je ne sais plus trop à quoi je sers sur Terre, si je venais à partir je ne manquerais qu'à peu de gens mais je pense qu'au final, même de ça je m'en fou. Aujourd'hui, je me contente de bosser en tant que mannequin, voyager car cela me change les idées et ça me permet de rencontrer diverses personnes avec qui je ne peux éprouver une grande attache vu le peu de temps que je passe à leurs côtés. Je ne sais pas si je suis un monstre, mais je n'arrive plus à m'attacher aux autres, ou pas comme je le devrais, est-ce un crime ? A quoi bon s'attacher pour ensuite être démoli ? J'éprouve certes de la sympathie pour certains et mon esprit de protecteur me pousse à les protéger mais je serais tout aussi capable de les laisser sur leur fin sans plus donner de nouvelles. J'ai appris dans la vie qu'on ne peut compter que sur soi et encore même dans l'obscurité notre propre ombre finit par nous quitter.