"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici retrouvailles familiales / jo  2979874845 retrouvailles familiales / jo  1973890357
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() message posté Mer 18 Mar 2015 - 22:07 par Invité
vous ne l'aimez peut-être pas monsieur le ministre, mais avouez qu'[elle] a du style ☇ Une soirée comme des milliers d'autres, elles semblaient toutes se ressembler, depuis tellement longtemps que Jules ne se souvenait même plus avoir été autre chose que le putain de zonard qu'il était aujourd'hui. Il ne se souvenait plus avoir déjà passé une soirée en famille, paisiblement, sans après s'enfuir par l'une des fenêtres et longer la gouttière qui comble de la malchance, passait justement tout près de la fenêtre de la chambre de Jules. Ce gamin était devenu adolescent traînant les rues, mauvaise graine pour au final tourné comme on tourne dans ces cas là : en vrai raté. C'était donc sans surprise qu'il se retrouvait là, âgé d'un quart de siècle désormais, affalé dans le canapé pourri de son ami Elliot, camé notoire. D'ailleurs, Abberline se pencha en avant, pipe à coke dans une main, pour sniffer la ligne qui se traçait juste devant lui sur la table basse. Après ça, il renvoya sa tête en arrière respira bruyamment avant de s'essuyer le bout de son petit nez plein de coke, secouant la tête au passage. A peine eut-il le temps de se remettre les idées en place qu'Elliot lui passait le joint qui circulait entre les quelques vieux zonards qui squattait l'appartement. Jules ne dit certainement pas non, incapable dans tous les cas de refuser quoi que ce soit de ce genre. Alors qu'il tirait une bonne taffe, Elliot ne trouva rien de mieux à balancer : Au fait, je savais pas que ta frangine était de retour ici. Jules fronça les sourcils, retirant le joint de sa bouche et laissant la fumée délicieusement parfumée à la marijuana descendre tranquillement dans le fond de sa gorge, voulant inscrire au plus profond de lui les vapeurs du cône dans son corps, voulant presque que ces vapeurs ne s'infiltrant dans ses muscles, ses organes. Il ne comprenait pas très bien de qui voulait parler Elliot, ne percutait pas. Cela amusa beaucoup ce dernier qui ajouta : Ah ouais, j'avais oublié que dans votre tribu faut préciser quand on parle d'une soeur. Tu sais, la cool ! Jules qui était entrain de recracher la fumée devant lui, faillir s'étouffer avec. Jo ? Genre, Johanna ? En la définissant comme "la cool" une chose était sûre, il ne parlait pas de Saphyr, ni de Poppy, il aurait plutôt dit "ta jumelle", et puis Savannah on ne pouvait pas dire qu'elle était "cool", chiante si on veut, gamine aussi mais cool... Non. Après un court silence, Jules finit par répondre, d'une voix un peu vague : Bah, moi non plus ne le savais pas. Elliot paru soudain mal à l'aise, un peu gêné d'avoir révélé un secret qui voulait peut-être être gardé. Jules soupira tout en tirant sur le joint une nouvelle fois avant de le tendre à Steven, qui était aussi de la partie. Ce dernier, ne pouvant tenir la langue dans sa poche n'hésita pas à renchérir : Bah si, elle bosse au Ministry. Comprenez bien sûr qu'elle n'était pas au gouvernement britannique (ce qui serait en soit, synonyme de catastrophe d'ordre mondiale si tel était le cas) mais plutôt la boite de nuit londonienne. Jules, ne trouva rien de mieux à faire que de se moquer de ses amis de fréquenter pareil lieu. En effet, ils étaient plutôt du genre rave souterraine ou aqua à domicile que boite de nuit et musique commerciale. Mais passons. Jules avait légèrement la gorge nouée, rien à voir avec la fumette ni la sniffette. Il s'enfonça un peu plus dans le canapé, jouant à faire glisser entre ses doigts le briquet dont il s'était auto-proclamé le propriétaire. Alors comme ça, Johanna était revenue, sans trouver le temps ni l'envie de prévenir le reste de la fratrie. Enfin, après, Jules n'était plus à ça près. Sa famille était une énorme blague dans tous les cas. Et malgré tout, malgré que le portrait de famille était d'une laideur affligeante, ils étaient comme tous marqués au fer rouge. Tous, coincé à l'intérieur d'un cercle, et peu importe ce que l'on pouvait tenter de faire pour sortir du cercle, on en revient toujours. Jo était la mieux placée pour le savoir, sortir du cercle c'était son but ultime. Pas de quoi s'étonner qu'elle n'ai pas daigné prévenir le reste de la meute de son retour en ville. Le fait qu'il y ait eu un retour en ville restait en soit un exploit non négligeable. Mais bien au fond, Jules se sentait un peu vexé, presque à boudé son aînée qu'elle ne l'ai pas prévenu lui. Car qu'elle ne veuille pas prévenir Saph, passe encore, c'était même totalement compréhensible, mais lui... Jo et lui ils étaient une sorte de bonne paire de casse-couilles, une bon duo, ils réfléchissaient de la même manière, mal. Apparemment, elle encore plus que lui. Car Jules, en bon petit frère, s'était appliqué à prendre aussi souvent que possible des nouvelles de Jo pendant ses voyages des quatre dernières années. Messages pour le plus souvent laissés sans réponse. Pas de nouvelles, bonne nouvelle ! C'est ce qu'on dit. Enfin, après un long silence qui avait valu aux autres présents dans la même pièce un malaise profond, Jules déclara, clair et net : On y va. chacun compris bien sûr quelle serait la destination, et sans attendre, de toute façon il n'y avait rien de mieux à faire, chacun s'empara de ses affaires.

Il ne fallut pas longtemps au petit groupe pour se retrouver dans la rue dans laquelle se trouvait la célèbre boite de nuit. Jules se stoppa à quelques mètres de l'entrée pour terminer la canette de bière qu'il avait prit pour la route. Il la balança une fois vide sans la moindre conscience environnementale et passa le premier devant les videurs, leur adressant un sourire qui se voulait nonchalant mais qui ressemblait plus à une version anglaise et blanche de Bob Marley. Enfin, les quatre garçons se retrouvèrent au milieu de l'ambiance bonne enfant des fêtards de Londres, Jules pour sur, ne se sentait pas du tout à sa place dans cet endroit. Lui et sa dégaine de vieux clodo, ses jeans mal ajustés, et son t-shirt à l'effigie d'un de ses groupes de rock fétiche, les yeux rougis par les substances ingurgitées ce soir. Elliot, à ses côtés, semblait captivé par la musique qui tambourinait jusqu'au creux de leurs poitrines, et les deux autres étaient déjà en chasse de bonne chaire. Jules était le seul à tendre le cou pour repérer le bar, dans le fond de la salle. Ni une ni deux, il traversa la foule, suivi de près par Elliot, qui comme d'habitude ne voulait louper aucun drama. Une fois arrivée au bar, Jules se posta à l'exact opposé de là où était sa frangine, tout au bout. Il se laissa deux minutes le temps de rassembler dans sa tête les quelques informations dont il disposait. Jo, elle n'avait pas changé, ses longs cheveux noirs mal peignés, sa frange en bataille, sa dégaine de tueuse, et son regard noir. Ah, il en avait passé du temps à l'admirer, sa grande soeur la casse-cou, l'impétueuse Johanna. Jules se retrouva soudainement, la dernière fois où il l'avait vu, de longs mois en arrière, peut-être plus d'un an désormais. C'était lors du rendez-vous avec le notaire, pour parler de l'héritage de Noah Abberline. Pauvre notaire, il avait vu devant lui se jouer un véritable vaudeville. Les six gamins alignés tous sur des chaises comme convoqués chez le proviseur. On avait assisté là à l'une des plus mémorables disputes entre Johanna et Saphyr, entre Saph qui ne se remettait pas de la mort récente du père, Jo qui ne se sentait même pas une seconde coupable pour cela, Saph qui pourtant la jugeait responsable. Jules, blasé jusqu'au dernier stade, Poppy silencieuse, Savannah excédé, et Curtis encore sous le choc. Ouais, le notaire avait faillit se pendre. Qu'est-ce qu'il vous faut ? Gueula l'un des barmans. Jules secoua la tête, lança un coup d'oeil à sa soeur et puis se pencha en avant pour se faire entendre : Deux Jäger, hey, tu peux demander à ta collègue la brune de nous les servir ? par réflexe, le barman se retourna sur Jo et eu un petit sourire entendu avec Jules, se permettant même de dire en riant : Haha, ouais j'ai compris mon gars ! Jules haussa les sourcils, le regardant avec tous le mépris du monde tandis qu'Elliot étouffait dans la manche trop longue de sa chemise un rire qui aurait été bien malvenu.

Enfin, elle s'approcha. Tellement dans le rush de l'action qu'elle ne prêtait même pas attention à ses clients. Jo s'approcha, faisant claquer les deux verres de jäger sous le nez des deux garçons et déclarant d'une voix d'automate que ça ferait 20 livres. Jules secoua la tête blasé de n'avoir même pas attiré l'attention de son aînée et enfonça sa main dans la poche de son jean pour en sortir un billet, qu'il tendit devant lui, s'accoudant au bar des deux bras. Enfin, Jo lui accorda un regard. Jules la regarda également. Deux secondes de flottement. Gardes la monnaie. Déclara-t-il simplement, sans trop savoir sur quel ton il le disait lui-même. Devant le blocage que venait d'avoir sa soeur, il attendit une seconde avant d'ajouter sans trop savoir si c'était méchant ou simplement pour rire : T'as le temps pour une pause clope ? Ou ça aussi, comme une réponse aux messages, c'est trop demandé ? Sourire en coin, Jules arqua un sourcil, attendant patiemment la réponse.
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() message posté Lun 23 Mar 2015 - 22:40 par Invité
Retrouvailles familiales
« J’adore ton bronzage, t’as payé cher ta séance ? » demandait la jeune serveuse blonde en enfilant le collant de son uniforme de travail, lorgnant sur le hâle parfait de sa collègue plantée devant le miroir et qui se passait les doigts dans les cheveux dans l’espoir de les ramener dans un semblant de queue de cheval avant de finalement basculer la tête en avant pour les laisser pendre dans le vide et les attacher à la sauvage. De toute manière, ce n’était pas comme si l’on attendait d’elle qu’elle ait l’air de passer en entretien d’embauche, pas vrai ? On n’était pas supposée être tirée à quatre épingles dans une boîte de nuit et ça, Jo l’avait compris depuis longtemps déjà alors pourquoi se crever à faire correctement les choses ? Se redressant, elle se tourna vers sa collègue en lui adressant un petit sourire. « ça dépend de tes arguments » répondit-elle, une lueur amusée dans le regard avant de la passer en revue du haut en bas. « Je pense que tu n’en manques pas » ajouta-elle en jetant un dernier coup d’œil dans la glace. Oui, avec ses jambes bien gaulées, ses formes généreuses et son air cabotin, il y avait bien des chances pour qu’elle puisse se faire offrir n’importe quoi, y comprit un billet d’avion pour la destination de son choix. Sa collègue était encore jeune, tout juste dix-huit ans peut-être et contrairement à Jo, elle avait encore beaucoup à apprendre : il ne s’agissait pas juste d’être jolie, encore fallait-il savoir en tirer avantage. Quasiment livrée à elle-même depuis son plus jeune âge, Johanna avait très tôt appris à utiliser les armes en sa possession et par commencer par son joli minois après tout, ce n’était pas comme si on lui avait appris à se respecter, n’est-ce pas ? Les petites bourgeoises avaient beau la traiter de salope dans son dos, en attendant, qui venait tout juste de rentrer d’Afrique du Sud avec un bronzage de rêve tandis que d’autres semblaient avoir vécu dans une grotte durant les six derniers mois ? Des étoiles dans les yeux, un petit sourire satisfait se dessina sur ses lèvres à la seule pensée de son dernier voyage. A vrai dire, elle n’avait jamais imaginé se rendre en Afrique un jour et pourtant, quand l’occasion s’était présentée à elle, elle n’avait pas hésité une seule seconde à tout laisser tomber pour filer à l’anglaise vers sa nouvelle destination. Après tout, n’était-ce pas ce qu’elle faisait de mieux ? S’évaporer dans la nature sans donner d’adresse ni même songer un seul instant de l’inquiétude ou même la peine que pouvaient ressentir ceux qu’elle laissait derrière elle. Oui, c’était bien là le problème de la jolie brune : elle se fichait complètement des autres et de toute évidence, aucune attache ne valait suffisamment à ses yeux pour la retenir. Ni job, ni appartement, ni mec et encore moins famille.
« J’y vais, on se rejoins plus tard ? » annonça Johanna en revenant à la réalité, adressant un petit signe de la main à Candace, la laissant terminer de se préparer. Une chance qu’en tant que barmaid, on ne lui demandait pas de se balader les fesses à l’air ou presque. Ce n’était pas que ça la dérangerait mais si déjà, elle aimait choisir elle-même quand elle voulait bien se désaper et pour le salaire qu’on lui versait, elle n’était pas prête d’y concéder. D’un pas assuré, elle rejoignit directement le bar, adressant un petit sourire à ses collègues de travail avant de reprendre en main le service du soir. Aussi surprenant soit-il, elle aimait bien ce boulot et en seulement deux semaines, elle s’était déjà très bien habituée aux exigences et subtilités de ce bar : autant dire qu’elle avait déjà expérimenté chacun des cocktails dans les afters bien arrosés organisés par la team. Elle se surprenait elle-même à apprécier l’idée d’y avoir été intégrée aussi rapidement, elle qui n’avait jamais supporté le travail d’équipe…à croire que la passion de l’alcool l’emporte sur le naturel ?
Se versant discrètement de la vodka dans un verre à eau, elle en but une longue rasade pour se mettre dans l’ambiance avant de laisser la musique faire le reste du travail. Qu’elle appréciât ou non le style lui indifférait bien, la seule chose qui l’animait à ce moment, c’était cette effervescence de la nuit qui montait au même rythme que les basses qui résonnaient dans ses oreilles. C’était tellement bon ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les anglais avaient le sens de la fête, n’est-ce pas ? Reprenant son verre en main, elle le vida d’une traite sans sourciller avant de voler au secours de quelques clients assoiffés, leur offrant un sourire engageant. Ces derniers étaient habitués et le grand de la bande semblait s’être mis en tête de récupérer son numéro ou son cul, pour aller plus vite. Ce petit con devait avoir dix quand de moins qu’elle mais qu’importe, elle jouait le jeu et se prenait un malin plaisir de le laisser rêver. Et puis, elle n’avait pas envie de le remballer devant ses amis, non pas qu’elle l’avait pris en sympathie mais…ses amis avaient une trop grande gueule à son goût. Son badinage fut pourtant coupé court par son collègue qui s’approcha d’elle en lui posant une main sur l’épaule avant de lui gueuler un truc dans les oreilles. « Jo t’as une touche avec le mec là bas, deux jäger » Ok, message reçu, ce n’était pas la première fois que ça arrivait et c’était bien la raison pour laquelle ils tenaient le service à deux : elle pour les mecs, lui pour les nanas. Avec son sourire de Golden boy, c’était toujours dans la poche et les pourboires qu’ils récoltaient leur payaient une bouteille qu’ils finiraient à deux. Hochant donc du bout du menton, Johanna se glissa jusqu’à l’armoire et attrapa deux verres bien précis avant d’attraper la bouteille, ondulant légèrement son bassin au rythme de la musique, avant de faire glisser les verres jusqu’aux clients. A vrai dire, elle les regardait sans vraiment les regarder, annonçant le prix, se demandant par ailleurs s’ils avaient de quoi payer vu leur dégaine. Ce n’était pas tant leur allure qui la surprenait mais plutôt que ces gens soient arrivés au Ministry qui ne faisait pas les plus les plus sympas du coin, il fallait bien l’avouer. Ce n’est qu’au moment où le plus grand d’eux s’accouda au bar et lui adressa la parole qu’elle se prit le temps de l’observer vraiment et bien sur, le reconnaître. Elle aurait pu avoir un choc en reconnaissance son frère, elle aurait pu avoir une sorte d’arrêt sur image mais en réalité, il ne s’agissait rien de tout cela : elle était simplement en train de se demander si c’était une bonne où une mauvaise chose que de se retrouver face à Jules. Une chose était cependant certaine, elle préférait voir cette tête de crapule que sa conne de sœur. Glissant sans un mot la monnaie dans sa poche – parce qu’elle n’avait aucun scrupule à dépouiller son frère – elle se contenta de hausser les épaules face à sa pique. « Plus tard » Comme ça, pas de « Comment tu vas ? », de « oh mon dieu mais comme tu as grandis ! », ni de « doux Jésus mon frère adoré ». Non, il n’y avait rien de tout cela qui lui venait à l’esprit. A vrai dire, elle ne ressentait rien de particulier si ce n’est la perspective de passer une fin de soirée inattendue. Serait-elle agréable ? ça il était trop tôt pour le dire.  A vrai dire, Johanna ne se rendait même pas compte à quel point elle pouvait être frustrante. « Ils disaient quoi tes messages ? » finit-elle par ajouter, en reprenant son propre verre en main avant de jeter un coup d’œil sur son collègue qui discutait avec des clientes. Il fallait dire que la soirée était plutôt calme et déjà bien avancée dans la nuit. Est-ce que ça valait la peine de faire attendre Jules ? Son collègue saurait-il se démerder seul ? « Tu as prévu quoi ? » finit-elle par lui demander avec sa flegme légendaire. Ce même calme qui cachait que trop bien son sang trop chaud.
   
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() message posté Jeu 26 Mar 2015 - 0:21 par Invité
vous ne l'aimez peut-être pas monsieur le ministre, mais avouez qu'elle a du style ☇ Un sourire, aussi maigre soit-il, aurait été le bienvenu. Jo se contenta d'être là, de comprendre enfin que c'était bien son frère qui était dans cette boite de nuit de le regarder, d'attendre, et de balancer : Plus tard. Jules roula des yeux, comme il savait si bien le faire, lui gamin rebelle de la tribu. Hmmhmm. fut sa seule approbation, sans même savoir si malgré le bruit elle l'avait entendu. Il la regarda garder avarement la monnaie, la regarda encore, essayant de percer à jour cette façade incroyablement lisse et indifférente. Etait-ce seulement une façade ? Jo avait toujours été indifférente. A la famille, à toutes ces merdes, fuyante. Incapable sans doute de supporter plus de deux secondes d'affilées la présence de ses semblables. Mais Jules attendrait, plus tard si elle voulait, lui ne décamperait pas. Le plus dur, quand on traque une Johanna Abberline, c'est de la localiser. Maintenant que c'était fait, il ne la lâcherait pas. Silencieux depuis, Jules se mit à tapoter du bout de chacun de ses doigts le comptoir, impatient, le regard dans le vide. Elliot quant à lui, se sentait tellement mal à l'aise qu'il se plongea dans son verre en silence, ravalant toutes les sales vannes qu'il aurait aimé sortir en même temps qu'il avalait l'alcool. Jo jonglait entre un verre sans doute bu en cachette et des regards incessants vers son collègue. Elle sembla décréter qu'elle avait effectivement une minute à accorder à son frère. Elle reprit la parole : Ils disaient quoi tes messages ? Ah parce qu'elle ne les avait même pas lu ? Jules releva ses yeux clairs dans ceux tout aussi bleus de sa frangine. Sans la moindre expression ni dans le ton ni dans l'expression, il répondit du tac au tac : Que c'était la merde. Devant Jo, pas la peine d'y mettre les formes, pas la peine de baratiner, pas la peine de chercher à enjoliver le truc  ou bien de sortir un sarcasme. Elle avait grandit, tout comme Jules, dans cet merde, évoluée et désespérée dans cette famille foutue d'avance. Elle n'était différente des autres que parce qu'elle, elle avait pu s'en échapper un moment. Alors oui, Jules lui en avait envoyé des messages et des mails, à l'heure où il ne savait même pas dans quelle pays elle se trouvait, à l'heure où il sombrait en dépression dans Oxford, ville pourrie, à l'heure où Saphyr se mariait avec un abruti, à l'heure où Noah tombait malade et que l'aînée essayait de convaincre tout le monde de risquer sa vie pour le père qui avait gâché la leur... Des messages restés sans réponse, et ce silence malgré tout, laissait à Jules un goût amer. Cependant, qui était-il pour juger ? Jo avait été son modèle, son inspiration. Lui aussi, s'il en avait eu l'occasion, n'aurait pas réfléchis à deux fois et aurait laissé tout le monde en plan. Jo avait eu le courage dont il avait cruellement manqué, voilà tout. C'est pourquoi le tatoué ne chercha pas à argumenter davantage, ne chercha pas à reprocher plus de choses à sa soeur. Elle aurait bien le temps de raconter ses aventures, peut-être même, si la chance était avec lui, qu'elle donnerait deux trois explications presque plausibles sur ses non-réponses et surtout sur son silence radio même après son retour sur les terres britanniques. D'ailleurs, la chance semblait se mêler de la partie puisque Jo était presque prête à déserter son poste, elle demanda alors : Tu as prévu quoi ? Jules esquissa un sourire, et enfonça sa main dans son autre poche, pour y découvrir son paquet de cigarette. Te rendre les clopes que je te dois, pour commencer. répondit-il alors. Ouais les clopes, ils avaient passé leur adolescence à s'en prêter l'un l'autre, Jo avait même été la première à faire fumer Jules, ne se doutant sans doute pas qu'elle lancerait ainsi son frangin dans la spirale des addictions et autres merdes. Et puis, Jules, sans attendre de Jo qu'elle fasse un pas supplémentaire s'approcha de la petite porte battante qui séparait le comptoir de la salle et l'ouvrit pour faire passer Jo, l'incitant ainsi à quitter son poste. D'un signe de tête, il indiqua une porte notée "STAFF ONLY" , passage magique qui les mèneraient surement à l'arrière de la boite, au milieu des poubelles mais loin de l'agitation. Là-bas ils pourraient fumer une clope, elle pourrait prendre sa pause, il pourrait avoir des réponses. Enfin, elle obtempéra. Finissant d'une traite le verre clandestin qu'elle s'était appropriée, elle finit par passer entre les petites portes battantes, ouvrit la marche vers la porte de sortie. Jules sur ses talons. Elliot voulu suivre, bien sûr, le regard noir que Jules lui lança lui fit comprendre qu'il vaudrait mieux pour lui qu'il reste au bar à attendre, il s'exécuta.

Jules ferma la porte derrière lui, lâchant un attrape. pour attirer l'attention de Jo, il lui lança après s'être servit son paquet de clope, puis le briquet. Un silence. Jules tira longuement sur sa cigarette, se disant soudain qu'un pétard aurait sans doute mieux fait l'affaire, mais tant pis. La tête baissée, de son pied, il creusait le bitume, enfin déplaçait des gravillons. Ah, il faisait moins le malin devant Jo, ça c'est sûr. Elle était sa grande soeur, la seule qu'il considérait ainsi. Saphyr était plus une mère et une grande inquisitrice, Jo elle était la seule grande soeur. Au sens propre du terme, la grande soeur qu'on admire, qu'on respecte, qu'on veut copier et tout le tintouin ! Il prit discrètement une inspiration, se passa sa main libre sur le visage pour se mettre les idées aux claires. Bah oui, il planait un peu aussi, ce qui n'arrangeait rien. Et si Jo était son inspiration pour tout, sa toxicomanie il l'avait trouvé tout seul, comme un grand, ce qui n'était pas du goût de tout le monde dans cette famille, enfin. C'était bien la... Croatie ? Etait-ce le pays dans lequel elle se trouvait juste avant de revenir ? A vrai dire, Jules n'en savait rien du tout. C'était ça, ou la Grèce, la Russie, le Sri Lanka ça pouvait être n'importe quel pays du globe. Entrée en matière nulle. Il reprit, plus posément, se surprenant à être anxieux alors qu'il parlait à sa propre soeur : Que tu préviennes pas Saph ou Savannah, j'comprend. Mais... Mais lui, pourquoi ? Voulait-il continuer. Mais il s'était stoppé, se trouvant soudain ridicule, comme un bébé qui pleurnichait. Jo n'aimait pas le chipotage, ni même les caprices. Il se stoppa donc, tira une autre taffe. Ca fait longtemps que t'es sur Londres ? Ouais, depuis combien de temps se baladait-elle dans les rues londoniennes en espérant ne croiser personne de sa famille ? (et quand on est une fratrie de six, cette peur est donc multipliée !) Depuis combien de temps repoussait-elle l'échéance d'un repas de famille ? Jules qui se balançait doucement d'un pied à l'autre manqua soudainement de se casser la figure, son équilibre étant plus que douteux. Il se remit droit, esquissa un sourire de drogué, tira à nouveau sur sa clope. Enfin, il osa lever le nez, affronter le regard de sa soeur préférée.
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