(M) EVAN PETERS, on était rien de plus que rien du tout.

le tout, compliqué. Elle était son étoile, il était son soleil. Lui, lycéen depuis quatre ans à cause de ses nombreux redoublements, il a rencontré ses grands yeux gris qui l'ont fait craquer comme jamais. Lui qui s'interdisait l'amour car il en avait peur, peur d'être trop proche, peur d'être vulnérable, peur d'aimer et d'être aimer en retour. Mais il n'a pas eu le choix, et elle non plus. Tout s'est fait très vite, pourtant elle te l'a tout de suite dit : tu n'étais pas son genre. Elle, elle rêvait du prince charmant, t'étais loin de l'être, et pourtant, c'est elle qui t'a embrassé la première fois. Comme ça, en plein milieu d'une phrase, et sur le coup tu t'es mis à rire. Ça s'est fait tout naturellement, et vous étiez sur votre petit nuage. Vous vous fichiez de ce que les autres pensaient, des vieux moqueurs qui disaient que ça ne tiendraient pas, que c'était le genre d'amour de jeunesse qui éclot au printemps et meurt en hiver.
Quelques mois plus tard, t'avais tout préparé : le diner romantique, l’hôtel, les fleurs, le film, le lit, les capotes... Et elle ne s'était pas braquée, au contraire, tu t'étais perdu dans son rire et elle dans tes yeux, et vous l'aviez fait, dans une douceur infinie. C'était sans compter sur cette foutue capote, car deux semaines plus tard, elle t'annonçait qu'à seize ans, dix neufs pour toi, elle était enceinte. Et plutôt que de flipper, comme elle s'y attendait, plutôt que de faire comme tous les connards dans les films, toi, t'étais resté. Tu l'avais pris dans tes bras, tu lui avais dis que tout irait bien, que t'étais là, que jamais tu ne la lâcherait, et que tu l'aimais. Ça faisait deux ans que t'y pensais, deux ans que t'avais décroché un post en Irlande, et deux ans que t'avais rassemblé assez d'économies pour vous faire vivre tous les deux. Alors tu lui avais proposé de partir, et elle avait accepté.
Seulement après plusieurs jours de route presque clandestine, lorsqu'elle aperçut la frontière, elle fut prise de panique. La main tremblante sur son ventre qu'elle ne quittait pas des yeux depuis des yeux, elle fondit en sanglot. Elle n'était pas prête, ni pour être mère, ni pour partir avec toi. Et à contre-coeur, tu la ramenas jusque chez elle, et tu ne la revis jamais plus, ni elle, ni ton bébé qu'elle portait.

futur lien : Tu l'as revu, oui, c'est dingue. Elle était là, avec ses grands yeux gris, sur tes recommandations de vidéos youtube, et tu as cliqué. C'était elle, un peu plus vieille oui, la vingtaine, mais facilement reconnaissable. Elle avait la même voix, le même sourire, le même rire. Et toi, en une après midi, tu t'es mis à regarder toute ses vidéos. Et puis, t'es tombé sur son adresse mail, et t'as pas hésité, tu lui as envoyer un mail. Résultat ? Ça fait deux mois que vous échangez des mails, chaque soir. Elle ne sait pas qui tu es, elle ne te connait que par ton pseudo, mais toi tu sais, tu sais tout. Elle a tant d'abonnés, elle devrait mettre des jours à te répondre, mais non, chaque soir il y a un petit mail d'elle, où elle te raconte sa journée, alors tu lui racontes la tienne... Vous vous rapprochez, en ligne, dangereusement. Et elle a même proposé de te rencontrer. Comment réagira-t-elle en comprenant que c'est toi ? Comment réagiras-tu en revoyant la femme qui l'espace d'un instant, a faillit être la tienne, a faillit être la mère de ton enfant ? Tout reste à écrire.

(lien ouvert aux propositions !)