if i die young, burry me in satin + silas

4 MARS 2005 Assis sur sa chaise, droit comme un "i", les deux mains posées à plat sur chacun de ses genoux, Silas fixe le sol d'un regard vide. Voilà maintenant une ou deux minutes qu'il attend ici-même, ses parents traînant un peu la patte pour venir le rejoindre. Il avait enfin décidé d'annoncer la nouvelle à sa famille. Il souhaitait quitter la maison, afin de se consacrer à ses études. Bon, ça c'était plutôt l'excuse qui allait bien pour justifier son départ, mais en réalité, il cherchait simplement à fuir sa vie actuelle. Il tournait et retournait des phrases dans sa tête: comment allait-il expliquer les choses ? Comment allait-il faire pour que personne ne lui en veuille ? Allaient-ils le laisser partir sans rien dire, sans l'en empêcher ? Tout un tas de questions qu'il se posait depuis maintenant trop longtemps. Mais il était déterminé, et quoique ses parents et son frère puissent lui dire, il partirait.

Ils arrivèrent enfin, le sourire aux lèvres, pour le moment détendus. Ils s'installèrent en face de leur fils cadet, l'air interrogateur. « Papa maman, je vais pas y aller par quatre chemins: je m'en vais. C'est décidé, je veux faire du droit. Bon, pas seulement parce que j'aime beaucoup les séries américaines qui mettent en scène des avocats dans des affaires improbables, mais bien parce que je pense que le métier d'avocat est un merveilleux métier. Et je veux aller dans la meilleure école pour réaliser ce rêve. Je vais donc aller à New-York. Vous en faites pas, je sais que je pourrais me débrouiller seul, j'aimerai juste savoir si vous pourrez me donner un petit coup de main financièrement ? Rien de bien important, mais juste le temps que je trouve de quoi travailler, et prendre mes marques. De toute façon, je vous rembourserai tout dès que je pourrai ! » Il avait parlé d'une traite, sans vraiment faire attention à la réaction de ses parents. Et alors qu'il s'attendait à ce qu'ils le retiennent, qu'ils haussent la voix lui disant qu'il avait perdu la tête, il en fut tout autre chose. Ils restèrent assez calmes, et lui dirent qu’ils le soutiendraient toujours dans ses études. Étonné, le jeune homme les remercia avec un grand sourire et commença à mettre au point ses plans pour l'avenir.

15 SEPTEMBRE 2005

Silas a 18 ans et s'est installé seul dans un appartement à New-York. Loin de sa famille, le jeune homme a commencé à prendre ses marques tranquillement. New-York city est vraiment une ville faite pour lui. Les gens ne s'y prennent pas la tête, il respire et n'est pas obligé de suivre les codes rigides que sa famille a tenté de lui inculqué depuis son plus jeune âge. Il se lève tous les matins pour aller à la fac de droit dans laquelle il s'est inscrit, rejoindre sa bande de pote pour aller en cours, sortir pendant la pause pour fumer une clope rapidement, se promettant à chaque fois que c'était la dernière. Et puis il y a le sport universitaire. Silas étant plutôt frêle de nature, il n'a jamais vraiment aimé les sports pratiqués au lycée, mais c'est amis de la fac l'ont traîné presque de force. Ne sachant pas dire non face à une occasion de plus de s'amuser, Silas y été quand même allé. Mais ce jour-là, les choses ne se passèrent pas exactement comme d'habitude.

Le sport du jour était le basketball et comme d'habitude, Silas se retrouvait dans l'équipe des plus nuls. Et quand un match opposa les nuls au forts, l'issue était quelque peu évidente.. Il ne restait plus que quelques minutes aux nuls pour rattraper les quelques trente points qu'ils avaient en retard quand Silas senti sa tête tourner. Il la secoua alors, tentant de se remettre les idées en place puis... trou noir. Son esprit avait disparu et dans son corps s'agitait à présent l'esprit de Michael. Le rouquin devint alors un tout autre homme. Les traits de son visage se durcirent presque immédiatement, son regard devint noir et sa posture beaucoup plus assurée. Il attrapa alors le ballon, et mit un panier.

S'ensuivit un jeu de basketteur tellement inattendu que le jeune homme se retrouvait quasiment seul sur le terrain. Il ne restait que John, LE basketteur du lycée, connu pour ses nombreuses victoires en championnat ainsi que ses conquêtes auprès des filles et son égo surdimensionné. Seulement, pour une fois, il se faisait rétamer. Et par son pire ennemi qui plus est ! « T'es mangé du lion Rottenford ? » Le rouquin se retourna avec l'air surpris, comme s'il ne comprenait plus rien. « T'es qui toi ? Et c'est qui Rottenford ? ». Il lui balança alors le ballon et tourna les talons, direction la porte de sortie du gymnase. Le prof de sport porta alors son sifflet à sa bouche, en hurlant par la suite: « Silas Rottenford ramène-toi ici immédiatement ! » Le rouquin se retourne alors, haussant les épaules. « Mon nom à moi c'est Michael Grey alors faites pas chier. » Et il s'en alla.

Lorsque Michael s'était réveillé, quelques jours après l'incident, il était redevenu Silas. Son dernier souvenir était de se trouver dans le gymnase de la fac, un ballon à la main et John se foutant de sa gueule. Et le voilà qui se réveille dans sa chambre, comme si il s'y était endormi. Les derniers jours avaient complètement disparus de son esprit et il ne se souvenait plus de rien. Seulement cela ne l'inquiétait pas tant que ça. Il entama donc sa journée comme d'habitude, il enfila un caleçon rapidement et alluma sa cigarette tout en se dirigeant vers sa porte d'entrée. Il descendit dans le hall pour récupérer son journal dans sa boîte aux lettres et il bloqua sur la date. Il y avait trois jours en trop par rapport à la date qui aurait due être imprimée ! Il en tomba même sa cigarette. Il se mit alors à feuilleter son journal, à le plier, le déplier, le froisser, mais la date était toujours la même. Sa voisine entra alors dans le hall et à peine eu-t-elle le temps de prendre son journal dans sa propre boîte aux lettres que Silas le lui arrache: même date. Il ne comprend plus rien et se précipite alors dans son appart. A peine arrivé, il entend son téléphone sonner. Il se précipite alors dans sa chambre et après quelques secondes de fouilles intensives, il le trouve enfin sous le matelas. « ALLÔ ! » Il hurle sans même s'en rendre compte. « Silas ? » « Ben oui qui est-ce que tu veux que ça soit ?! » Son ton est agressif mais il est très content d'entendre la voix de Lisa, sa meilleure amie. Il est pressé de savoir ce qu'il se passe ! « Oh merci mon dieu.. tu sais que tu m'a fais vraiment peur ! » « Lis' qu'est-ce qu'il se passe je suis complètement paumée là ! » Silas entend alors un long silence au bout du fils. « Silas, ça fait trois jours, depuis ton pétage de câble au gymnase, que tu agis bizarrement et que tu dis t'appeler Michael. Sérieux t'étais vraiment flippant ! Tu te souviens de rien. » Le rouquin reste alors figé sur place. Ne sachant que penser et que répondre.

Avec l'aide de Lisa, il tenta tant bien que mal de se rappeler de ce qu'il avait bien pu faire pendant ces quelques jours, mais il n'y avait pas moyen. Il ne se rappelait de rien, et selon ce que sa meilleure amie lui racontait, il se rendait compte qu'il avait été complètement une autre personne. Comme si son corps avait été possédé par un esprit étranger du nom de Michael Grey. Ne trouvant pas d'explication rationnelle à cette histoire, il décida de l'oublier, mettant ça sur le dos de la fatigue. Il continua alors à vivre sa vie comme si de rien n'était.

Tout se passa donc bien dans le meilleur des mondes. Silas était redevenu Silas, ce frêle gamin qui passe son temps à déconner avec ses copains et à flâner. Les gens mirent quelques temps avant d'oublier l'incident qui avait changé notre roux national, mais au bout d'un moment, ils finirent par s'y faire. Jusqu'au prochain épisode. En effet, cela recommença. Et cette fois, Silas ne se trouvait même plus sur un terrain de sport. Il était tranquillement en train de fumer une cigarette sur son balcon quand sa tête lui tourna à nouveau. Michael apparut alors. Il balança alors sa cigarette par dessus la barrière car oui, en bon sportif, Michael ne fume pas. Il fit alors sa vie. Changeant un bon nombre de choses dans les habitudes de Silas et en commençant par réaménager tout l'appartement. Il ne disait plus bonjour aux voisins comme le faisait toujours Silas et se moque même de la vieille dame du 5D qui oublie toujours comment on appelle l’ascenseur. Mais le pire était certainement l'épisode où il appela sa famille.
Michael était tellement l'opposé de Silas qu'il en venait même à avoir les même idées politiques que la famille du rouquin qui lui, les avait toujours ignorées.


Suite à cela, il décide de voir un spécialiste. A peine deux séances passées, le psychiatre lui affirme qu'il s'agit d'un dédoublement de la personnalité. Il y a donc plusieurs personne dans sa tête et Silas n'en revient pas. Il ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Pourquoi ? Et puis pour Michael Grey ? Il ne connaît bien évidemment pas de Michael Grey. Le médecin lui explique donc qu'il ne s'agit pas forcément de personnes qu'il connait d'avance. Il lui annonce également qu'il n'existe pas de traitement à cette pathologie qui en fait n'en est pas vraiment une. Il le renvoya alors chez lui, lui prescrivant un maximum de sommeil et du courage.