I bet you taste like whisky [PV April]

J’avais enfin le droit de boire à nouveau, immédiatement je repensais à ces soirées interminables que j’avais passé dans ce petit bar qui ne payait pas de mine, mais avait quelque chose que les autres n’avaient pas. April. Cette petite serveuse qui avait été la raison de mes multiples visites savait vraiment comment me prendre. Ne vous méprenez pas, nous n’avions absolument rien fait tous les deux, d’ailleurs vu ce qu’elle savait sur moi je doutais grandement qu’elle tombe amoureuse de moi, ou même qu’elle veuille m’avoir dans son lit un jour. Aujourd’hui ma relation avec athénaïs était indéterminée. Nous n’avions pas encore passé le fameux cap, enfin nous avions fait tout ce qui était possible autrement, mais impossible pour moi de faire l’amour à qui que ce soit. Oui enfin ça c’était avant car officiellement aujourd’hui je retrouvais mon ancienne vie, je pouvais courir, boire, coucher et faire toutes ces choses qui faisaient que la vie valait la peine d’être vécue. Malheureusement Athé n’était pas disponible ce soir, elle m’avait promis de se rattraper au-delà de mes espérances, ce qui avait laissé à mon imagination tout le loisir d’imaginer des choses plus farfelues les unes que les autres. Malgré tout je ne pouvais pas rester à l’appartement bien tranquillement en cette soirée si spéciale. C’est pourquoi j’étais à nouveau dans l’entrée du fameux bar à guetter la présence de la jeune femme. Avançant à pas de loup, je la vis derrière le comptoir en train d’essuyer négligemment un verre, tout en laissant couler une bière qu’un client avait commandé. Elle avait l’air tellement prise que je ne la dérangeais pas immédiatement et vint m’asseoir à l’autre bout du bar, mains posées sur le comptoir. Serveuse, je peux avoir un double whisky sans glace, j’ai quelque chose à célébrer ce soir. Lorsqu’elle se tourna vers moi, je lui fis mon plus beau sourire. Elle n’avait pas changé, toujours aussi mignonne, toujours aussi simple et toujours aussi provocatrice avec moi. Elle n’hésitait pas à me remettre en place dès que je disais un mot de trop. C’était surement ça qui me plaisait chez elle, elle se fichait que je sois Austin Jenkins, pour elle j’étais simplement un pilier de bar de plus, qui avait de la conversation. Pourtant, une certaine candeur en elle me donnait envie de mieux la connaître, de la prendre dans mes bras et de la protéger, bien qu’elle n’en avait nullement besoin. Elle devait rencontrer des types vraiment bizarres dans un bar comme celui-là, mais bon tout le monde n’avait pas la chance de pouvoir payer ses factures sans même lever le petit doigt, et ça je ne le savais que trop bien. J’avais arrêté de côtoyer uniquement des gens friqués, histoire de voir la vraie vie et depuis j’étais tout de même bien moins dépensier. Je ne me refusais rien cela dit. L’équilibre était parfois dur à trouver mais je tenais le coup. Désolé de ne pas être venu depuis un moment, j’avais un rein à remplacer, mais maintenant je vais beaucoup mieux. Si tu prenais une pause pour prendre un petit verre avec moi, qu’on trinque à nos retrouvailles. Promis je n’essaye pas de te draguer. Dis-je en levant les mains pour montrer que ma proposition était innocente.

« Bien sûr que tu peux, et même que si t'es gentil je te l'offrirais ! » Je lui fis un léger clin d’œil faisant signe par la même occasion à son patron qui ne se trouvait pas loin de là. Il savait que lorsque je venais je ne lésinais pas sur les consommations, et qu’en général je prenais toujours ce fameux whisky de 40 ans d’âge que personne n’osait acheter à 50 dollars le verre. Alors bien évidemment il ne fallut pas longtemps pour le convaincre de laisser April prendre une petite pause pour venir trinquer avec moi. Elle se dirigea immédiatement vers moi pourme faire un baiser sur la joue et me prendre dans ses bras. Je ne m’attendais vraiment pas à autant de familiarité, mais c’était surement parce que d’habitude j’étais trop bourré pour m’en rendre compte. Je lui fis un léger signe tout en prenant mon verre pour la suivre à la table qu’elle nous avait soigneusement choisi dans le fond du bar. Dis donc, ambiance tamisée, si ça continue je vais croire que tu vas essayer de me toucher discrètement sous la table. Non pas que je m’en plaindrais mais… mince… j’avoue que j’ai quand même tenu au moins 3 minutes tu peux pas me retirer ça ! dis-je en montrant mes muscles comme si je venais de remporter une grande victoire. J’aimais plaisanter, surtout lorsqu’il s’agissait de plaisanteries qui pouvaient passer pour de la drague. En effet, on laisse planer le doute, la fille ne sait pas vraiment ce qu’on pense et en plus elle est charmée, c’est le vrai combo gagnant. Je n’avais jamais envisagé quoi que ce soit de plus que ce que nous avions, mais au final je ne connaissais rien d’elle. Elle avait eu droit à des laïus interminables sur ma propre vie, mais je ne savais même pas si elle avait un copain ou non. Je n’avais jamais osé le demander de peur qu’elle pense que ce soit une invitation et qu’elle me jette du bar. Je tenais bien trop à notre petit arrangement pour vouloir le mettre en péril de quelque manière que ce soit. « A ton nouveau rein j'imagine ? Bien que j'aurais dû mettre de la limonade dans ton verre finalement, tu vas déjà l’abîmer. » Je riais à sa phrase tout en faisant clinquer nos verres l’un contre l’autre. Tout en buvant une bonne gorgée de celui-ci, je pris une profonde inspiration profitant bien du goût de ce nectar qui m’avait tant manqué. Je ne pouvais pas décemment me passer d’alcool, c’était une addiction, je le savais. Mais en vérité ce qui me faisait le plus plaisir était de savoir m’arrêter, de ne plus être le déchet qui boit jusqu’au coma éthylique sans même se soucier de sa vie. C’était signe que j’avais bel et bien repris ma vie en main que ce soit au niveau amoureux, qu’au niveau de ma propre santé. Tu sais, c’est grâce à Roméo si je suis encore là en vérité, on devrait trinquer à lui et à son rein. Mais bon ce serait lui donner trop d’importance après ses chevilles vont devenir aussi grosses que les miennes. Je lui fis un léger sourire tout en faisant tourner négligemment mon verre entre mes mains. Je ne savais pas comment aborder le fait que j’avais faillis mourir, et surtout le fait que je lui étais vraiment reconnaissant d’être toujours là pour moi malgré le fait que je n’étais pas le mec le plus normal du monde. Encore merci d’être là. Tu ne sais pas à quel point c’est important pour moi. On devrait dîner ensemble un de ces jours, ça nous ferait sortir de ce bar un peu, tu vas finir par croire que j’ai toujours une tête de déterré a force de me voir dans cette lumière. J’esquissais un sourire en coin avant de terminer mon verre d’une traite, je ne pouvais pas faire semblant plus longtemps de ne pas en avoir envie plus que ça. Je reposais mes yeux dans les siens, histoire de préciser mon invitation. Tu n’es pas obligée de dire oui, si jamais tu as déjà d’autres plans… façon subtile de savoir si elle avait un mec dans sa vie. Qu’est-ce que je suis intelligent parfois quand même. Après avoir flatté mon propre ego, j’attendais, pendu à ses lèvres sa réponse, espérant qu’elle irait dans mon sens.

Elle était dure avec moi, même pas deux minutes ? Bon c’est vrai que j’étais un dragueur dans l’âme et c’était difficile pour moi de discuter sans ajouter une ou deux blagues légèrement grivoises qui me permettraient d’enchaîner sur un sourire colgate et une bouille d’ange, auxquels on ne peut résister. Tu sais, c’est pas difficile de ne pas nous confondre Roméo et moi, depuis qu’il a une bouée à la place du bide tu fais assez facilement la différence. Je me mis à rire tout en lui faisant un petit clin d’œil. Pas certains que mon frère apprécierait ce trait d’humour, mais après tout la famille est là pour ça. Non en vérité je t’avouerais que j’ai jamais été aussi heureux de voir une personne de ma famille depuis longtemps. Profitant pour faire signe au serveur qui restait de m’amener un autre verre, j’attendais légèrement nerveux la réponse d’April quant à notre potentiel rendez-vous. A vrai dire je ne savais même pas si elle m’intéressait ou pas en dehors de son physique avantageux, c’est pour ça que l’envie de mieux la connaître me poussait à l’inviter à dîner. Je ne perdais rien au change de toute façon, je savais que je passerais une bonne soirée, en bonne compagnie et avec de la bonne bouffe. « Sérieusement, oui ça me ferait plaisir de diner avec toi. Je n'ai pas grand-chose de prévu en dehors de mes cours et du boulot. Et puis à part un chat, personne ne m'attend à la maison. » Un grand sourire s’afficha sur mon visage tandis que le serveur arrivait. Je lui indiquais de laisser la bouteille, nous avions de quoi fêter ce soir, après tout mademoiselle avait tout de même accepté de dîner avec moi, le poivrot qu’elle se coltinait depuis quelques mois 2-3 soirs par semaine. D’ailleurs sa phrase m’interpella immédiatement car si je décryptais bien ce qu’elle voulait dire, aucun mec à l’horizon. J’étais rassuré, au moins je ne serais pas à nouveau dans une situation de compétition comme ça avait pu être le cas avec Mila ou même avec Athénaïs d’ailleurs. Non pas que cela me gênait, au contraire j’adorais les défis, mais pour une fois je voulais quelque chose de simple, de sympa et surtout ne pas me prendre la tête avec des détails. Le temps où je rencontrais une fille, je couchais avec elle et restait ami avec elle jusqu’à la prochaine fois me manquait un peu au final. Je soupirais tout en reprenant une gorgée de mon verre avant de trinquer de nouveau. Il faut bien qu’on trinque à notre futur rendez-vous, si je peux l’appeler comme ça. Si tu veux on ramènera une petite brique de lait à ton chat histoire que tout le monde y trouve son compte. Encore une fois, je laissais à demi-mot entendre que nous serions deux dans son appartement, terrain glissant sur lequel je m’engageais. Et sinon dis moi un peu comment ça se passe pour toi ? Tu en a pas marre de travailler ici ? Je suis sûr qu’à force d’avoir des clients relous comme moi tu dois avoir qu’une envie c’est de tout plaquer.

Elle avait raison à propos de Roméo, j’avais de la chance de l’avoir, non seulement il m’avait sauvé la vie mais je commençais également à l’apprécier de plus en plus. Nous avions cet humour en commun et cette façon libérée de parler de tout et de rien sans détours. En vérité c’était un exploit d’avoir réussi à lui faire esquisser ne serait-ce qu’un sourire, lui qui était plutôt du genre peu loquace. J’avais tout de même une petite fierté pour ça, mais je savais que la route restait longue avant que nous ayons une relation de jumeaux. Mais bon c’était un autre problème. Pour l’instant je devais me concentrer sur April et continuer de la travailler au corps. J’avais pratiquement réussi à la faire céder pour me faire à manger, d’ailleurs j’avais hâte de voir ce qu’elle savait faire. Je n’étais pas macho au point d’imaginer que parce qu’elle est une fille elle sait forcément faire à manger. Au contraire, je savais que de nos jours, il était rare que les jeunes aient le temps de se faire de bons petits plats. La vie allait tellement à cent à l’heure, qu’il était presque improbable pour un actif de manger sainement. La soirée se terminait bien souvent, le téléphone à l’oreille à commander une pizza ou des sushis malheureusement. Je me réjouissais d’avance de la perspective d’avoir juste à poser les pieds sous la table, mais elle serait étonnée de savoir que moi aussi je savais cuisiner. Oui étant petit j’avais bien sur une nourrice avec qui je passais tout mon temps et que je regardais cuisiner avec envie. J’avais appris quelques trucs au fur et à mesure des années. « En fait tu t'invites chez moi à ce que je comprends ? C'est mon chat qui sera content si tu lui ramènes du lait ! Par contre si tu veux vraiment que je cuisine, va falloir que tu me dises ce que tu veux manger, histoire que je ne tombe pas sur LE plat que tu détestes. » Je lui fis un grand sourire haussant les épaules. Je n’aimais pas trop imposer les menus, d’ailleurs j’étais loin d’être difficile question nourriture. Tu as bien compris en effet, je peux m’aime t’aider un peu cuisine si tu veux, enfin je ne dis pas que je suis un chef trois étoiles mais disons que je sais utiliser un couteau. En vrai je ne suis pas difficile tant que tu ne me fais pas de poisson. Je ramènerai le vin déja. Dis-je avec un clin d’œil. Loin de moi l’idée de la saouler pour pouvoir profiter d’elle, mais j’étais très à cheval sur les boissons, et rien n’était trop bons pour satisfaire mon palais. Il ne fallut pas longtemps avant que nous abordions des sujets plus personnels, j’avais presque oublié qu’elle était encore étudiante et travaillait ici uniquement à mi-temps. « Et puis j'ai mes cours à côté, je ne fais pas que ça. Toi aussi tu es en cours ? Tu bosses peut-être tu me diras ? » Lorsqu’elle me demanda ce que je faisais, je me sentis tout à coup prendre un coup de vieux car oui pour moi les études c’était terminé depuis déjà plus d’un an. A vrai dire je suis attaché de presse pour quelques stars dans divers milieux, écrivains, réalisateurs, acteurs, mannequins, je suis assez flexible. Mais bon la en ce moment j’ai pris un congé sabbatique à cause de mon opération, et puis j’ai bien envie d’investir et de commencer une affaire. Oui pas mal de projets pour le moment, je savais que l’argent n’était pas un souci et que je pouvais très bien prendre tout le temps que je voulais pour me décider. Malgré tout, il fallait à un moment que je prenne mon destin en main et que j’arrête de danser d’un pied sur l’autre.

Tandis qu’April acquiesçait à mes propos je me repris un petit verre histoire de me remettre un peu de ce qui était en train de se passer. Moi, Austin Jenkins, une fois de plus je me retrouvais à draguer une fille que je savais trop bien pour moi. Elle était sympa, mignonne, bosseuse et pas du tout hautaine pour un sous. D’ailleurs son humour me faisait littéralement fondre, mais qu’importe, je n’allais pas risquer une fois de plus de faire du mal à quelqu’un par simple égoïsme, simplement parce que je voulais avoir l’attention de quelqu’un et être important pour elle. Tu sais que je suis pas un mec bien n’est-ce pas ? Je n’ai jamais eu de vraie relation, j’ai eu des tas de rendez-vous qui ne voulaient rien dire. Bref, une bien belle réputation comme tu peux l’imaginer. Je ne comprends pas que je ne te fasse pas fuir. Surtout toi qui connais encore un de mes plus gros défaut. Dis-je en levant mon verre, le balançant légèrement sous ses yeux avec un sourire avide sur les lèvres. Lorsqu’elle me parla de mon futur business, je m’installais plus confortablement dans ma chaise, baissant la tête un instant avant de reposer mes yeux dans les siens signe que rien n’était signé, ni même décidé pour l’instant. A vrai dire je ne sais pas encore, je sais juste que j’ai besoin de m’affirmer, de prendre mon indépendance. Pourquoi pas ouvrir un hôtel ou même un bar comme celui-ci ! Si j’ai la chance de trouver des serveuses aussi mignonne et avenantes que toi, j’aurai tiré le jackpot. Ajoutais-je avec un petit clin d’œil. Je ne perdais pas une occasion de jouer la carte de la drague. Après tout, elle était prévenue, si elle décidait d’annuler notre rendez-vous ou même de faire comme si elle devait le reporter jusqu’à ce qu’on perde le contact, c’était son choix. Je ne voulais en aucun cas à ce qu’elle s’attende à ce que je sois le parfait prince charmant que ma gueule d’ange me donne l’air d’être. Non je suis loin de cette image. Certes je suis un charmeur des plus aguerris, j’ai de la classe, un vocabulaire fourni et un sourire à tomber, mais est-ce que c’est important dans le fond ? C’est facile de faire craquer une fille pour un sourire ou des abdos bien dessinés, le plus dur est de la garder près de soit sans jamais faillir à la tâche, sans la décevoir un seul instant sous peine qu’elle n’inflige une sanction irrévocable de séparation. Enfin je me projetais un peu loin pour le moment, si déjà nous pouvions avoir une soirée normale, avec un dîner, un dessert, une conversation et quelques verres, je serais sans doute le plus heureux des hommes.