I bet you taste like whisky [PV April]

« C'est censé me faire fuir ? Je hausse les épaules et souris doucement. Je sais qui tu es Austin et je ne vois pas pourquoi je te tournerais le dos. Je veux dire je ne t'ai pas demandé d'être parfait, tu es qui tu es et j'apprécie ça. » interloqué par ce qu’elle me disait je ne pipais mot. Jouant avec mon verre de whisky à moitié vide, je me rendais compte que parfois mon honnêteté pouvait être pris pour de la victimisation. Je ne voulais pas qu’elle me plaigne loin de là, mais je voulais être honnête avec elle pour une fois. J’en avais marre des filles qui s’attendaient à des choses que je ne pouvais leur donner. Autant être clair cette fois, mettre cartes sur table et pouvoir jouer la partie sans bluffer à chaque coup. Qui a dit que je n’étais pas parfait ? ajoutais-je simplement avec un sourire qui s’étalait sur tout le long de mon visage orné d’une barbe de trois jours. Il fallait d’ailleurs que je pense à la raser si je ne voulais pas finir par ressembler à un clochard – Roméo – dans un costume a 5000 dollars. « s'il n'y a que ça pour te faire plaisir et même si travailler pour toi sera sûrement étrange... Si je suis toujours dans mes études lorsque tu te lanceras, tu peux être sûr que tu auras une serveuse ! »Oubliant un peu ce sujet houleux, elle me proposa immédiatement son aide pour mon futur projet, ce que j’appréciais grandement. Même si je me voyais plutôt en mode after-work dans le bureau ou la remise avec elle, je n’étais pas contre recruter un bon élément. Après tout je l’avais vu à l’œuvre un bon nombre de fois, et elle était toujours très polie, courtoise et professionnelle avec les clients. J’étais surement une exception à la règle, ou du moins je l’espérais. Tu sais travailler pour moi c’est un bien grand mot, je n’ai jamais été un patron chiant, je suis exigeant certes, mais comme je connais déjà tes qualifications, on peut dire que tu as un passe-droit. En plus pas besoin d’entretien, tu as déjà le recruteur dans la poche. Dis-je avec un léger clin d’œil tout en terminant les quelques gorgées de whisky qui trainaient au fond de mon verre. Elle s’excusa ensuite pour aller servir quelques clients qui venaient d’entrer. Une moue un peu déçue sur le visage, je la regardais s’éloigner, toujours le sourire aux lèvres. J’avais vraiment de la chance de l’avoir, elle était sympa, elle m’aidait à continuer de vivre ma vie comme n’importe quel homme, laissant de côté le fait que je sois un ancien alcoolique. Elle me comprenait et c’était quelque chose d’exceptionnel d’ailleurs, bien mieux que mon propre frère qui semblait avoir oublié même que j’existais. « Je suis désolée, j'ai bientôt fini alors ça va être à ma collègue de prendre la suite, elle ne devrait pas tarder à arriver. » Je levais les yeux vers elle montrant d’un geste du menton la fameuse collègue qui venait justement d’entrer dans le bar. Je soupirais avant de retourner mon verre sur la table, signe que j’en avais largement bu assez. Oui je savais m’arrêter moi aussi lorsqu’il le fallait. On dirait qu’on a tous les deux terminé, alors si tu veux on peut partager un taxi pour rentrer ? A moins que tu sois là en voiture, je ne te ferai pas faire de détour pour rien. Ma proposition pouvait paraître complètement déplacée, mais il s’agissait simplement d’un geste de courtoisie, en aucune façon je ne comptais être désobligeant envers elle, même si j’avais 2 grammes dans le sang je restais un mec civilisé. Je la regardais un sourire un coin attendant sa réponse.

« Je suis venue à pied, j'habite pas très loin. » Cet état de fait ne me réjouissait pas plus que ça, bien au contraire. Moi qui avais espéré profiter du chemin du retour et de la pénombre d’un voyage nocturne en taxi pour en apprendre encore davantage sur la jeune fille. L’obscurité avait le don de permettre aux gens de se livrer un peu plus, on se sentait plus à l’abri lorsqu’on passait aux révélations qu’en plein jour. C’est étrange comme ce genre de détail peut jouer sur la personnalité d’une personne, je l’avais appris à mes dépens. « Je vais me changer, je reviens de suite. » Je lui fis un petit sourire, hochant la tête en signe d’acquiescement. Pas de soucis je t’attends ici, on pourra au moins partir ensemble, je ne voudrais pas qu’un client mal intentionné te suive dans les ruelles sombres de Londres. ajoutais-je en riant avant de me rasseoir sur ma chaise. Je terminais le verre de whisky que je m’étais resservi un peu plus tôt, sans même plus le déguster. Cette soirée avait été riche en surprise, April m’avait d’ailleurs agréablement surpris, elle était vraiment rafraichissante, ça faisait longtemps que je n’avais pas passé une aussi bonne soirée avec une fille, sans qu’elle me prenne la tête ou ne me drague pour que je lui paye des verres pour me laisser en plan ensuite. J’avais pu au moins le temps d’une soirée me vider la tête de tous mes problèmes, parler de l’avenir, de mes projets m’avait relancé dans l’optique de les réaliser. Pourquoi attendre de toute façon… ce n’est pas comme si ce boulot d’attaché de presse était des plus importants pour moi. « Si tu veux, je peux attendre ton taxi avec toi. Je suis trop gentille, je sais. » me glissait-elle entre deux allers-retours vers notre table pour récupérer les verres sales et les déposer derrière le comptoir. Elle me faisait rire. Même à la fin de son service elle gardait l’esprit professionnel jusqu’au bout. Une fille gentille et simple comme on en fait plus. Il faut dire aussi que j’ai assez rarement l’occasion de côtoyer des filles comme elle, en général le milieu dans lequel j’évolue fait que je ne rencontre que des filles superficielles ou alors qui me prennent de haut parce qu’elles ont fait telle ou telle chose. La réalité étant bien sûr que tout comme moi, elles viennent de milieux privilégiés qui leur ont ouvert des portes que le commun des mortels n’oserait jamais imaginer. Allons-y, je viens d’appeler un Uber, il ne devrait pas tarder à arriver de toute façon ils m’annonçaient environs 20 minutes à cause du traffic. C’est l’heure où tous les alcooliques cherchent à aller retrouver leur lit. dis-je en riant légèrement, lui adressant un petit clin d’œil tout en ouvrant la porte d’entrée du bar pour la laisser passer devant moi. Gentleman jusqu’au bout, même avec 3 grammes dans le sang, c’est ça d’avoir la classe. Une fois devant, seules les lumières d’un lampadaire se trouvant à quelques pas de là nous éclairait. La lune semblait cachée par des nuages décidément bien trop présents dans cette ville. Merci beaucoup pour cette soirée, ça m’a fait du bien de parler un peu avec toi, je t’avouerais que d’habitude je me contente assez bien de boire, observer les clients, discuter avec toi pendant que tu sers les autres… mais ce soir je me suis senti un peu VIP grâce à toi. Les mains plantées dans les poches de mon pantalon, je baissais la tête vers le sol, passant d’une jambe sur l’autre, en signe d’attente un peu nerveuse. Je ne savais pas vraiment quoi faire, j’avais froid, j’étais saoul, bien que je commençais légèrement à décuver dans la fraîcheur du soir. Il faisait froid sans faire froid à vrai dire, j’avais de la peine pour elle qui était toujours habillée dans son uniforme. Tandis que je réfléchissais à tout ça, la voiture qui devait me prendre débarquait devant moi. Avant même que le chauffeur ne m’appelle, je lui fis signe qu’il était bien au bon endroit, me tournant alors vers April. Bon eh bien on dirait que mon carrosse est avancé ! Je ne vais pas encore insister pour te raccompagner chez toi mais… dans un élan, d’un coup d’un seul, ma main vint se poser sur sa joue, et mes lèvres sur les siennes. Je fermais les yeux un instant, histoire de profiter de ce contact avant de me détacher d’elle, rouvrant doucement mes paupières pour poser mon regard dans le sien. Un sourire bête planté sur les lèvres, je montais dans la voiture, pris place à côté du conducteur et ouvrir la vitre à moitié. Bonne nuit, April Dawkins. Un dernier clin d’œil pour la route et je fis signe à l’homme qu’il pouvait y aller. Je ne voulais pas parler de ce qui venait de se passer, je voulais juste pouvoir profiter de ce baiser, du souvenir de cette simple soirée, qui m’avait rendu heureux.