"Fermeture" de London Calling
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() message posté Mar 14 Avr 2015 - 21:21 par Invité
Ça lui est tombé dessus comme… Non, Ivana n’a rien pour décrire le choc dans lequel elle est depuis qu’on lui a confirmé la nouvelle. Ce n’est désormais plus une supposition, c’est un fait. Si James était là pour la soutenir, elle n’a pas été capable de dire quoi que ce soit de très cohérent. Après quoi, elle n’en a parlé à personne d’autre. Pas même à Sharona, sa colocataire, qui aurait pu la trouver étrange depuis son retour de l’hôpital. En réalité, elle a littéralement perdu la langue. Silence radio. Ses messages sont également concernés.

Comment dire à son petit ami, au bout de six mois de relation, qu’il va prochainement devenir père, mais que ce ne sera pas dans neuf mois, comme le veut la tradition quand on annonce une telle nouvelle, mais plutôt d’ici six mois ? Si Ivana ne sait pas comment lui dire que son corps a joué le rôle d’un véritable enfoiré dans cette histoire en déniant la grossesse, elle n’a pas la moindre idée sur le quand lui dire, non plus. Et puis, elle ne peut pas lui cacher cela plus longtemps. De ce que les médecins ont pu lui dire, et en plus de voir de rapidement changements en quelques jours dès que son corps ne résistera plus à cette réalité, le quatrième mois est le plus flagrant dans cette métamorphose corporelle. Alors, sans discours tout prêt, sans vraiment de conseils sur la manière de faire, la jeune femme s’apprête à mettre Kaspar au pied du mur, alors qu’ils doivent passer une soirée de couple « tranquille ». Car même si elle est encore dans les temps pour avorter et qu’elle n’est pas spécialement portée sur les valeurs religieuses, la rouquine ne s’imagine pas dans une telle configuration. À défaut d’avoir fait une échographie, elle a eu un aperçu de la réalité : c’est plus juste un « truc » difforme de la taille d’un petit pois. Et d’un autre côté, elle ne se sent pas la force de devenir mère. Pas maintenant. C’est juste beaucoup trop tôt sur l’échelle d’une vie humaine.
Alors oui, c’est pas malin de vouloir le garder sans même connaître la réaction de Kaspar ou même ce que leur couple peut advenir par la suite.
Alors oui, ils sont très attachés à l’autre, il existe des couples qui tiennent pendant des années (ses propres parents en sont un exemple), mais ils ne peuvent rien prédire pour autant. Qui plus est, il paraît que ce n’est pas facile d’être l’enfant de personnes qui se sont aimées dans le passé.
Alors oui, Ivana est tiraillée par ce qui lui arrive et même si nous parlons de son corps actuellement, elle ne peut pas prendre la décision seule.

Alors son comportement a pu paraître un peu bizarre depuis que Kaspar est arrivé ce soir. Soudainement, la jeune femme déglutit et met le film sur pause. « Il faut que je te parle de quelque chose. » Ne pas en dire davantage n’est pas volontaire de sa part. Ce n’est pas pour rajouter du drame à la scène. Loin de là. Elle a beau déglutir, sa gorge demeure nouée. Les mots continuent de rester bloqués. La confusion règne toujours dans sa tête, et ce n’est pas encore pour des raisons hormonales. « Douze semaines… » Elle soupire. « Enfin je croyais au début que c’était juste une semaine de retard. Je pouvais pas m’en douter plus tôt. » Elle récupère un petit bout de papier dans la poche de son jean. Des chiffres, des lettres, du jargon médical et puis finalement c’est petite phrase qui confirme et résume tout : Ivana est bien enceinte. On ne peut pas faire plus explicite qu’en dévoilant un document « officiel » alors que le mot juste refuse de franchir ses lèvres.
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() message posté Jeu 16 Avr 2015 - 9:32 par Invité
Ça devait être une soirée "normale".
Un petit film à la télévision avant de rejoindre le lit et commencer une nouvelle journée. J'en avais besoin, ces derniers temps, les évènements m'ont pas mal bousculé, à commencer par mes retrouvailles avec Chandler, la fille que j'avais considérée comme ma meilleure amie depuis que nous étions tout petit jusqu'à ce qu'elle s'en aille de là où elle venait, à Chicago aux USA. Nous avions d'abord continué à communiquer par correspondance postale jusqu'à ce que je me retrouve à la rue et que j'eusse coupé les ponts avec elle. C'était mal, je savais, mais d'une part, je ne pouvais plus recevoir ses lettres, d'autre part, je me sentais mal de lui avouer la vérité. J'avais été si honteux que j'avais préféré fuir comme un lâche et éviter de lui en parler. J'avais préféré qu'elle sous entende que je ne voulais plus qu'on soit ami et qu'elle me laisse tranquille. Plus on était loin de moi, mieux c'était.

Évidement, les choses ne pouvaient pas se dérouler comme ça, si facilement. Je n'avais pas prévu son retour, et je n'avais pas non plus prévu qu'elle ait cherché à me retrouver. En fait, j'avais pensé qu'elle serait si furieuse qu'elle ne voudrait même plus me voir. C'était idiot, mais j'avais espéré que les choses se passent ainsi. Cette chose me rendait fier à la fois, parce que cela prouvait que Chandler avait été toujours là pour moi et qu'elle n'était pas le genre de fille à abandonner si facilement. Fier, mais peut être aussi égoïste. Ce que je pouvais être monstrueux par moment...

Ainsi, je regardais le film sans vraiment le regarder. De toute façon, l’ambiance n'était pas au rendez vous. Ivana ne semblait pas dans son état normal et je me disais qu'elle avait peut être besoin d'être tranquille. Au final, peut être n'aurais-je pas dû venir. Je ne lui avais pas encore parlé de Chandler, quoique, j'y avais peut être fait mention la première fois que l'on était sortie ensemble mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'en souvienne. Et puis, ça n'était pas vraiment le moment. J'avais été content de retrouver ma meilleure amie d'enfance, mais je me culpabilisais - à juste titre - tellement que ça me rongeait doucement. Enfin, ma relation avec la blonde ne pouvait que s'améliorer. Après tout, Ivana m'avait pardonné. Chandler, qui était revenue à Londres et qui m'avait recherché, allait sans doute le faire aussi. Nous discuterons, jusqu'à ce qu'on termine d'éclaircir tout ceci et jusqu'à ce que la "réelle" bonne entente d'autrefois ne s'installe.

Tout à coup, le film s'immobilisa. Je redressai la tête en me demandant ce qui se passait, pensant d'abord à un bug ou quelque chose dans ce goût là. Mais en fait, c'était seulement Ivana qui avait appuyé sur pause.
« Il faut que je te parle de quelque chose. » l'entendis-je me dire.
Un frisson me parcouru le dos. Généralement, quand quelqu'un vous disais ça, il était rare que ça soit pour donner de bonne nouvelle, surtout au ton grave qu'elle avait employé. La dernière fois que c'était arrivé, c'était pour me plaquer. Alors forcément, ma première idée a été celle ci.
J'eus du mal à tourner la tête vers elle, parce que je m'attendais au pire. Dans un sens, ce qu'elle s'apprêtait à annoncer n'était pas forcément... la meilleure chose au monde qu'il pouvait être, mais nous y reviendrons. Je vois bien qu'elle a envie de me dire quelque chose, mais elle semble ne pas trouver les mots pour le dire. Je vois bien que, ce qu'elle avait à me dire, allait me marquer à moi aussi, parce qu'autrement, elle ne serait pas dans cet état là avec moi.
Je préférais le silence. Je ne voulais pas l'oppresser ou quoique ce soit. en revanche, mon cœur battait à cent à l'heure et mes muscles se crispaient à la préparation psychologique de ce que j'allais entendre. En résumé, j'avais peur.

« Douze semaines… »
Avait-elle fini par dire. Je haussais les sourcils. Douze semaines? Pour le coup, je ne voyais pas où elle voulait en venir. Mais évidement, son explication n'était pas finie. « Enfin je croyais au début que c’était juste une semaine de retard. Je pouvais pas m’en douter plus tôt. »
Une fois de plus, je ne compris pas de suite où elle voulait en venir. J'avais réfléchi à tellement de chose à la fois que ça ne me venait pas directement. Et puis je la vis sortir un papier de sa poche et le regardais avec curiosité. Mon cœur battait toujours aussi fort, et ma peur demeurait.
- Qu... qu'est ce que c'est? finis-je par demander en tendant le bras pour que je puisse me saisir de l'objet tant redouté. "Une semaine de retard... douze... tu...?"
J'avais ma petite idée en tête, et j'avais plus ou moins deviné, sauf que j'étais quelqu'un de clair et direct et que si rien n'était clair et direct, je ne pouvais pas directement affirmer mes hypothèses.
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() message posté Ven 17 Avr 2015 - 2:37 par Invité
Elle se sent coupable de ne pas être capable de se montrer aussi joviale, pétillante et elle-même que d’habitude. Mais il n’a pas la moindre idée de ce qui la ronge tout au fond d’elle, de la violence que s’est faite la jeune femme pour ne pas faire les cents pas dans le salon ou tout autre signe pouvant trahir sa nervosité. Ne pas se stresser davantage et épargner Kaspar par cette constante angoisse qui l’habite depuis quelques jours maintenant. « Qu… qu’est ce que c’est? » Bien qu’elle soit obligée d’en arriver là, la jeune femme s’en veut de le faire passer par la case angoisse. Et dire qu’ils viennent tout juste d’aborder cette délicate conversation. En plus d’être incapable de se faire une idée toute seule sur la « meilleure » décision à prendre dans leur cas, ils vont devoir se concerter et décider ensemble. Leur première grande décision commune et pas n’importe laquelle, du genre qui a un impact sur toute une vie. À côté, la question « emménager ensemble, bonne idée ou pas ? » doit être plus simple et bien moins lourde de conséquences. Bref, elle aurait peut-être mieux faire de passer d’abord par la case « oh tu connais pas la dernière, j’ai appris que j’ai un frère de neuf ans mon aîné. » Ce début 2015 risque d’être forts en événements, et émotions, si ça continue comme cela. « Une semaine de retard… douze… tu? » Ivana déglutit. Tous deux semblent avoir besoin d’entendre ce mot à haute voix. « Enceinte. » C’est dit. Elle l’a dit. Ce mot terrible a enfin franchi ses lèvres après plusieurs jours bloqués quelque part entre son cerveau et sa bouche. « Voilà, je suis enceinte Kaspar. C’est sur et certain. C’est pas un de ces faux positifs. » La vingtaine, toujours étudiante, en couple depuis un peu plus de six mois maintenant et enceinte. Si la situation pouvait être pire, Ivana a encore de la difficulté à accepter cette certitude d’un point de vue psychologique. « IDouze semaines. Il était enfin temps pour que mon détraqué de cerveau fasse quelque chose. » Il y a comme un vague sourire qui s’est affiché pendant quelques secondes sur son visage pour la référence avec sa bipolarité qui cohabite. D’ailleurs, existe-t-il une sorte de raté dans son cerveau pouvant expliquer à la fois ses anciennes phases de manie et de dépression, ainsi qu’un déni ? Ou est-ce une pure coïncidence ? « Il y avait des affiches dans le bureau du médecin. Douze semaine, c’est plus un petit pois ou une sorte d’asticot ou de flageolet. Ça ressemblait à… Ça avait des formes quoi. » Elle marque une courte de pause. « C’est réel et faut qu’on en parle, maintenant. » En attendant, il faudrait être aveugle pour rater la peur qui s’est formée dans l’expression de Kaspar. Une nouvelle fois, la rouquine culpabilise et ne peut pas s’empêcher de lui offrir une longue étreinte, son visage blotti dans le cou du jeune homme. Ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle comprend les mots de James : ils prendront une bonne décision, peu importe laquelle, parce qu’ils auront parlé et l’auront prise ensemble.
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() message posté Ven 17 Avr 2015 - 17:01 par Invité
« Enceinte. »

Le mot raisonna comme un enchantement. Comme si ce que j'étais en train de vivre là n'était pas la réalité, mais juste un rêve. La situation me tombait dessus comme une claque dans la gueule. Ca me paraissait si improbable que je me demandais comment ça pouvait être vrai. Je n'insinuais pas qu'Ivana était une menteuse, là n'était pas la question. Juste que c'était difficile pour moi d'imaginer que ça soit vrai.
Enceinte. Ce mot me harcelait le cerveau désormais. Tandis que je la fixais, les yeux grands ouverts, j'étais incapable de dire quoique ce soit. Il me fallait le temps d'accuser la nouvelle, et j'étais encore loin du compte. Ma voix avait fait grève, mes mots aussi. Rien ne me passait dans la tête, si ce n'était que le mot "enceinte".

« Voilà, je suis enceinte Kaspar. C’est sur et certain. C’est pas un de ces faux positifs. » poursuivit Ivana.
Faux positifs? De quoi parlait-elle? Ah, oui, du test qu'elle a fait. Qu'elle avait fait. Test. Grossesse. Enceinte. Non, ça ne me rentrait toujours pas. Une telle chose était réellement possible?
Car malgré tout, je mesurais l'importance de ces mots. Ce n'était pas une blague, et si ça l'était, elle était de très mauvais gout. Mais le sérieux demeurait chez la rouquine. Et puis, le papier qui prouvait ce qu'elle disait. Ivana était enceinte. Maman. Ce qui signifiait par conséquent que j'allais être père. Moi, père.
Le cœur se mit à battre à tout rompre. Déjà qu'il battait vite avant qu'elle me l'annonce, à présent, c'était pire. Être parent, dit comme ça, ça semblait simple. Pourtant, ça ne l'était pas, encore plus à notre âge. Avoir un enfant. J'essayais d'assimiler la chose, parce que c'était ce qui allait se produire. Un enfant. Un enfant de MOI. De nous.

"Je.."
suis désolé, fut la chose à laquelle je pensais en tout premier. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais failli le dire. J'étais dans un état d'émotion tel que je ne l'avais jamais été de ma vie. Quand on avait annoncé la mort de ma grand mère, j'avais eu aussi du mal à y croire. Quand je l'avais vue morte, j'avais pensé que ce n'était pas vrai, qu'elle était juste en train de dormir. Cela m'avait aussi fait un gros choc ce jour là. Mais là, c'était encore plus grand. Parce que pour le moment, je n'arrivais pas à réaliser.

« Douze semaines. Il était enfin temps pour que mon détraqué de cerveau fasse quelque chose. » l'entendis-je me dire. Je clignais des yeux. Elle parlait de son retard au niveau du cycle menstruel, pour qu'elle puisse comprendre qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas à mesure de. « Il y avait des affiches dans le bureau du médecin. Douze semaine, c’est plus un petit pois ou une sorte d’asticot ou de flageolet. Ça ressemblait à… Ça avait des formes quoi. » Le bébé. Enfin, l'espèce de larve qui ne ressemblait à rien pour le moment. Le petit machin que nous avons tous été un jour et qui allait grossir de jour en jour pour former un être humain. Dans son ventre, à elle.
« C’est réel et faut qu’on en parle, maintenant. »
A cet instant je tournai la tête vers elle. Je clignai des yeux, ne savant pas quoi répondre. En fait, il y avait plein de chose qui méritait question de ma part. Et effectivement, il allait falloir que nous en parlions. Mais actuellement, j'accusai toujours.
- Oui... avais-je fini par échapper, toujours ébloui par ce qui était en train de se passer.
Je sentis Ivana serrer son étreinte contre moi. Alors je desserrai les bras pour la prendre dans les miens. L'avoir contre moi me rassurai, même si je ne le méritais pas.
- Je... whouah... c'est... j'arrive pas à réaliser... me confiai-je tout d'abord. "C'est... tellement... inattendu..."
Pause. Puis :
"Tu.. es.. en bonne santé?"
Je me rappelai des certaines fois où nous avions oubliés de nous protéger. Je me détestai à présent. Je ne pensais pas être porteur de maladie, mais je n'avais pas non plus vraiment vérifier. La situation actuelle me le fit rendre compte soudainement. Et je me sentais comme un monstre. Je ne me le pardonnerais JAMAIS de la vie s'il devait arriver chose "pire" encore. Avoir un bébé était une chose à laquelle nous allions discuter à deux, comme elle l'avait dit. Mais.. si elle devait être atteinte de quelque chose qui la condamnerait, ce serait pire. Quoique, j'imaginais qu'elle me l'aurait mentionnée en tout premier, à moins qu'elle ne soit pas au courant, je ne savais pas.
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() message posté Sam 18 Avr 2015 - 3:59 par Invité
Depuis le jour où la jeune femme s’est rendue aux urgences pour confirmer, ou infirmer, ses doutes, elle n’a pas cessé de se demander comme Kaspar réagirait. Disons que fonder une famille n’était pas à l’ordre du jour… Elle demeure comme soulagée qu’il ne s’emballe pas trop. Entre l’absence de parents et la disparition de sa grand-mère il y a tout juste quelques années, la rouquine était persuadée qu’il se mette à sauter dans tous les sens, qu’il aille jusqu’à une overdose de joie. « Je… whouah… c’est… j’arrive pas réaliser… C’est… tellement… inattendu… » Bien qu’elle ait encore des difficultés à dire ce mot à haute voix, Ivana a mis deux bonnes journées à se remettre de ses émotions. Une série de crises, plus ou moins courtes, entre hilarité et larmes. Compatissante, elle lui tapote l’épaule. « Tu.. es… en bonne santé? » Elle prend un peu de recul, sans pour autant s’écarter de ses bras. Désormais face à face, elle arque un sourcil : où veut-il en venir au juste ? Être enceinte n’est pas une maladie aux dernières nouvelles. « Ouais, je pète la forme. Même pas un rhume, pourquoi cette question ? » S’il n’y avait pas qu’elle dans ce corps, elle se serait toujours capable de continuer le roller derby ou le sport en général. Pas certaine de comprendre sa question, Ivana préfère toutefois connaître le fond de sa pensée. « Tout dépend de la décision que l’on prendra, mais rien de grave ne m’arrivera hein. T’as pas à t’inquiéter pour moi. Au pire, je risque de devenir énorme dans les mois à venir et demander des trucs bizarres à manger… Comme des fraises avec de la sauce à poivre ou que sais-je d’autre. » Au moins, pour la première fois de sa vie, Ivana pourrait vivre avec des formes dignes de ce nom. « Je veux pas te mettre de pression. Je veux surtout pas qu’on se précipite et qu’on finisse par vivre avec des regrets par la suite. On a pas besoin d’une réponse ce soir. C’est juste que… C’est sérieux. » Elle marque une courte pause avant de déballer les premiers points de son argumentaire. « On est jeunes, on a encore beaucoup de temps devant nous et puis, on a pas encore une vie particulièrement stable, enfin on est encore qu’étudiants quoi. » Sa liste des contres est particulièrement longue. Ivana pourrait encore ajouter qu’ils ne sont ensembles que depuis quelques mois et que personne ne sait ce qu’ils adviendra de leur « eux » dans les années à venir. Même si c’est devenu quelque chose de commun aujourd’hui, elle ne voudrait pas être ce genre de parents qui vivent séparés. « Mais d’un autre côté, j’ai toujours pensé que les choses n’arrivaient pas sans raison. » Le destin est certainement une notion très vague, mais ce destin a un poids non négligeable dans la balance. Du moins, pour Ivana. Par exemple, s’il ne s’est rien passé entre eux il y a cinq ans, ce n’était que pour mieux se retrouver aujourd’hui, non ? « Alors j’ai pensé… » Ivana se défait doucement de leur étreinte. « Qu’on devrait faire un tableau, une liste, des pours et des contres, pour ne rien oublier… Appelle ça comme tu veux. » Elle se lève du canapé et se dirige vers sa chambre. Là-dessus, elle attrape ce qui semble être un grand paper board sur son trépied, le tout presque aussi haut qu’elle, puis revient à ses côtés. C'est peut être pas très adroit de vouloir en découdre tout de suite, alors que Kaspar semble être encore sous le coup de la surprise, mais la jeune femme n'en peut plus d'attendre et de ne pas savoir à quoi se préparer.
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() message posté Sam 18 Avr 2015 - 23:05 par Invité
« Ouais, je pète la forme. Même pas un rhume, pourquoi cette question ? »

J'avais tourné la tête vers elle. Non, ça n'était pas possible, elle devait rien avoir "de grave" en ce qui la concernait. Quant à moi, ça m'ouvrait les yeux sur ma propre responsabilité. Il allait falloir que je fasse plus attention en ce que je faisais. J'avais été trop imprudent, et même si avoir un enfant n'était pas non plus la meilleure chose au monde qui pouvait arriver à cet âge là, je me disais que les dégâts auraient peut être pu être plus importants.

"C'est juste que... je.. on a pas fait attention, clairement. Et je.. suis tellement désolé. Dans le feu de l'action, je n'ai plus pensé à ce que je faisais, j'aurais dû. Et... a cet instant je me rend compte que.. tu aurais peut être pu chopper une maladie en plus ou quoi..."
En vérité, c'était ce qui me tracassait le plus, là, en ce moment. Le papier qu'elle avait dans la poche venait de l’hôpital, ce qui me laissait à penser que des médecins l'avait examinée. s'ils avaient décelé la moindre chose, ils lui auraient dit.. même si je n'étais pas médecin pour affirmer ce que je disais. J'avais seulement besoin d'être rassuré.
Et même dans tout les cas, j'étais encore sous le choc. Le choc de l'annonce en soi. Une fois le stade de la santé passée, je me rendais... pas tout à fait compte, certes, qu'un bébé était en train de pousser doucement dans son ventre, mais j'essayais de me projeter. Là encore, mon cerveau était en pleine réflexion. Un enfant. Des bébés, j'en avais vu dans ma vie. Ils étaient tous accompagnés de parents aimants, qui en prenaient soin. On avait parfois tendance à voir ça comme... quelque chose de mignon, sympa et pas trop compliqué. Quand j'avais commencé à avoir envie d'un enfant, c'était comme ça que je voyais les choses. Mais ça n'avait rien de très facile en réalité. Il y avait plein de difficulté et il fallait être vraiment patient. Ce n'était pas une poupée, non, mais un être vivant... humain, de surcroît.

« Tout dépend de la décision que l’on prendra, mais rien de grave ne m’arrivera hein. T’as pas à t’inquiéter pour moi. Au pire, je risque de devenir énorme dans les mois à venir et demander des trucs bizarres à manger… Comme des fraises avec de la sauce à poivre ou que sais-je d’autre. »
Je me mis à sourire à l'entendre dire. Je ne savais pas depuis combien de temps elle y avait réfléchi, mais dit ainsi, elle semblait s'y être fait.
« Je veux pas te mettre de pression. Je veux surtout pas qu’on se précipite et qu’on finisse par vivre avec des regrets par la suite. On a pas besoin d’une réponse ce soir. C’est juste que… C’est sérieux. » a-t-elle poursuivit.
- Oui, c'est sérieux, en effet... répondis-je. "Je.."
Je me mettais déjà à réfléchir. Un bébé. Quelles solutions envisager? L'accouchement? L'avortement? Cette idée me fit pâlir. Le tuer? Je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer rien qu'en y pensant. Mon corps me répondait "il en est strictement hors de question monsieur!" et mon regard désespéré avait alors croisé celui d'Ivana. Là, comme ça, je ressemblais à un petit chiot apeuré.
« On est jeunes, on a encore beaucoup de temps devant nous et puis, on a pas encore une vie particulièrement stable, enfin on est encore qu’étudiants quoi. »
J'ouvris la bouche pour protester, mais je me disais que ça n'était pas le moment. Je n'étais pas seulement étudiant, j'étais aussi assistant et je gagnais en partie ma vie grâce à ça. Mais bon, cet argument ne servait à rien et Ivana avait raison sur toute la ligne.
« Mais d’un autre côté, j’ai toujours pensé que les choses n’arrivaient pas sans raison. »
Je fronçai les sourcils, les yeux sur le côté, n'ayant pas tout à fait saisi là où elle voulait en venir. Mais après réflexion, cela avait fini par me venir.
- Oh, oui...
« Alors j’ai pensé… »
A ces mots, je la sentis se défaire de moi. Je la laissai faire, curieux par ce qui lui avait traversé la tête.  « Qu’on devrait faire un tableau, une liste, des pours et des contres, pour ne rien oublier… Appelle ça comme tu veux. »
Juste après, elle se leva du canapé, disparut un moment dans la chambre avant de finir par réapparaitre avec un grand paperboard comme on en voyait dans les entreprises pour des réunions ou des trucs comme ça.
J'observai le tout d'abord en silence, puis :
"A quoi as tu déjà pensé?"
J'aurais aimé pouvoir commencer le bal, mais là, comme ça, encore sous le coup de la surprise et le choc de la nouvelle, c'était difficile. J'avais besoin de quelqu'un pour m'aider à faire tourner de nouveau les mécanismes de mon cerveau et cette personne ne pouvait être autre qu'Ivana.
"Enfin... tu as déjà abordé la question des.. études.."
Ah, oui, ce sujet, les études. Il était tout à fait normal d'y penser, surtout qu'elle était plus étudiante que je ne l'étais.
- Tu sais, en ce qui concerne la chose, pour ce qui est mon cas, je... pense pouvoir y faire face, m'étais-je lancé. Les choses se mettaient petit à petit en train de se mettre en place dans mon esprit et il fallait que je me concentre sur ce qui était en train de se passer.
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() message posté Lun 20 Avr 2015 - 1:53 par Invité
En attendant, la jeune femme a dessiné une simple ligne en plein milieu. Pros, cons de part et d’autres. Elle a beau avoir une longue liste, quelque peu brouillon pour le moment certes, dans sa tête, elle n’en fait rien pour autant. Elle ne veut rien lui imposer et reste ouverte à la conversation pour chacun des points. « A quoi as tu déjà pensé? » Les mains dans ses cheveux pour les attacher négligemment, Ivana s’apprête à clarifier ses idées puis reprendre la liste, mieux formulée, avant d’être coupée dans son élan. « Enfin… tu as déjà abordé la question des.. études.. » Comme quoi, il y avait tout de même un peu de sens dans ses propos, malgré la panique. Elle acquiesce. « Ouais, entre autre… » Elle s’apprête à noter ce point dans la colonne cons du tableau avant que Kaspar la surprenne. « Tu sais, en ce qui concerne la chose, pour ce qui est mon cas, je… pense pouvoir y faire face. » La rouquine se laisse tomber sur l’accoudoir du canapé, du côté du jeune homme. Ses doigts se glisse dans la nuque de ce dernier, puis dans l’encolure de son tee shirt. « Comment… ça y faire face ? C’est honorable de ta part, mais t’es pas forcé d’arrêter maintenant. » Elle soupire. Elle ne sait pas ce qu’il en est exactement de sa situation à l’université, entre le statut d’étudiant et d’assistant d’Ewan, mais elle se sentirait coupable s’il est amené à y mettre fin plus tôt que prévu. Et justement, la rouquine ne souhaite pas que des regrets surviennent après ce genre de décision. « Enfin je comprends pas trop ta démarche là. Et puis, il n’y a pas que ça. Il y a une question d’argent, d’âge aussi. On est pas en couple depuis très longtemps non plus, d’ailleurs on ne vit même pas ensemble ! » Sur ces mots, Ivana réalise qu’elle ne se sent pas prête, d’un point de vue psychologique, à vivre avec autrui, en dehors d’une colocation. L’autrui en question a beau être Kaspar, c’est nouveau, c’est inconnu. Bref, tous les ingrédients pour l’effrayer. « J’ai peur aussi. Peur pour nous. Peur que ce soit trop tôt, trop lourd a géré. Peur que ça nous éloigne. Tu es un ensemble de premières fois et idéalement, j’aimerais que tu sois toutes les autres premières fois, du moins celles qui se terminent sur une note positive. » Sur ces mots, la jeune femme sourit puis se mort la lèvre. Elle se fait peut être des films qui sait. Qui a dit que cet événement allait les éloigner ? En dehors des désespérés qui comptent dessus pour se rapprocher. Tactique vouée à l’échec, tout le monde le sait. Mais ce n’est pas leur cas. Si seulement elle pouvait avoir un peu plus confiance en elle-même pour finir par avoir entièrement confiance en son entourage. Bien qu’elle n’ait jamais douté de Kaspar, elle bloque quand il s’agit de faire un pas en avant dans leur relation. Surtout quand le pas est aussi immense. « Et puis ce n’est pas ta faute, tu n’as pas à être désolé. C’était aussi… de ma responsabilité de faire attention à ça. »
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() message posté Mar 21 Avr 2015 - 19:51 par Invité
La discussion semblait être partie pour durer un bon moment. Plusieurs jours, peut être plusieurs mois, cela restait à voir ! A présent que les problèmes dû à l'annonce de la grossesse étaient abordés, je me retrouvais face à une montagne de soucis à régler. J'avais voulu commencer les choses petit à petit, mais Ivana avait élargi le champs d'un seul coup et je me sentais pris au dépourvu. Je ne savais pas depuis combien de temps elle savait qu'elle était enceinte, mais peut être avait-elle été sujette à la réflexion plus que moi, qui était encore sous le coup du choc.
Mais je m'étais mis à réfléchir. Comme ça. Je ne savais pas encore où j'allais m'emmener, mais commencer par des hypothèses me semblait être une bonne chose.

« Comment… ça y faire face ? C’est honorable de ta part, mais t’es pas forcé d’arrêter maintenant. » me répondit Ivana lorsque je lui annonçai qu'en ce qui concernait les études, je pouvais gérer. « Enfin je comprends pas trop ta démarche là. Et puis, il n’y a pas que ça. Il y a une question d’argent, d’âge aussi. On est pas en couple depuis très longtemps non plus, d’ailleurs on ne vit même pas ensemble ! »
-Du calme, du calme ! Protestai-je en levant les mains, même si je pouvais comprendre son impatience. Après tout, c'était elle qui commençait à porter le semblant de fœtus, elle était encore plus concernée que je ne pourrais jamais l'être moi, qui ne saura jamais ce que ça fait d'avoir un être vivant dans le bide.
« J’ai peur aussi. Peur pour nous. Peur que ce soit trop tôt, trop lourd a géré. Peur que ça nous éloigne. Tu es un ensemble de premières fois et idéalement, j’aimerais que tu sois toutes les autres premières fois, du moins celles qui se terminent sur une note positive. » poursuivit-elle.
Le sujet me frappa de plein fouet. Je m'étais mis à la regarder, sans savoir quoi répondre. De la crainte pouvait se lire sur mon regard, et là, je n'étais pas tout à fait en mesure de me mettre à méditer sur ce qu'elle venait de dire. Elle avait ajouté que c'était aussi de sa responsabilité de faire attention et pour le coup, je ne pouvais pas la contredire. Nous étions en faute tous les deux, même si je persistai à penser que j'aurais dû faire plus attention, sans doute parce que je me sentais encore trop coupable de ce qui se passait.
Je restais là, un moment, sans rien dire. J'étais tétanisé. Je pensais à l'avenir, à l'enfant, à ce que ça pouvait ressembler. Mais surtout à l'enfant que pouvait devenir le bourgeon qui s’agrandissait tout doucement. Je voulais trouver des solutions, mais je n'avais pas encore idée de ce qu'elles pouvaient être. Avorter ? Cette idée me faisait trembler. L'adrénaline montait rien qu'à y penser.
- Ivana, je..
peinai à trouver la suite de ce que j'allais dire. Des idées s'entremêlaient, mais je ne savais pas par où commencer. D'autant plus que je n'étais pas très objectif sur le chose et j'en étais conscient. Je ne pouvais cependant pas m'en empêcher.
- Tu sais, je suis resté plusieurs années dans la rue, tout seul. J'ai connu l'extrême pauvreté, la famine, j'ai d'ailleurs failli mourir de faim plusieurs fois. Pourtant, je m'en suis toujours sorti, toujours. Je n'ai pas lâché une seule fois, parce que je ne pouvais pas me le permettre. J'aurais pu... me laisser crever  au bord de la Tamise ou au coin d'une rue et si je ne m'étais pas accroché, je ne serais pas là aujourd'hui et rien de tout ceci ne serait arrivé.
Une pause, puis :
« Là où je veux en venir, c'est que je ne lâcherais rien, jamais. Je suis prêt physiquement et psychologiquement à faire face à toutes les situations. Je suis conscient qu'avoir un enfant implique de nombreuses difficultés et aussi quelques sacrifices. C'est un choix à faire. Et si nous décidons de le garder, comme j'aimerais que ça se passe, je veux franchir ce cap avec toi. Parce que.. comme tu l'as dit, ce n'est pas un hasard si c'est arrivé. Parce que je serais toujours derrière toi quoiqu'il arrive. Parce que si tu craques, je te consolerais. Si tu tombes, je te rattraperais. Si tu t'égare, je t'aiderais à retrouver le chemin. Parce que je serais toujours là pour toi. Parce que je suis.. tombé terriblement amoureux de toi et que.. me mettre en couple avec toi a été la meilleure chose qui me sois jamais arrivé de la vie. Je t'aime Ivana, et depuis le premier jour, j'y crois. Le monde ne m'importerait plus si tu n'étais plus là. »
Je ne m'étais pas rendu compte de la perle qui s'était mise à rouler sur la joue, comme la fois où elle avait décidé de se séparer de moi, sauf que les circonstances n'étaient pas les même aujourd'hui.
« Et.. je comprendrais si tu ne partages pas la même chose que moi, ou du moins, si c'est moins fort que ce que moi j'éprouve pour toi. Je comprend que tu ais peur, de moi, de nous, de l'avenir. J'ai aussi peur, crois moi. Mais tu sais, toi et moi.. on va avoir un enfant et.. j'ai peur de regretter de ne jamais pouvoir le connaître. »
Je m'étais mis à trembler d'émotion, mais là encore, j'étais trop en transe pour m'en apercevoir. D'une minute à l'autre, j'allais craquer.
« Je n'ai jamais connu mes parents parce qu'ils sont morts, et là, j'ai l'occasion de le devenir à mon tour, d'avoir une famille, aussi bizarre puisse-t-elle être. S'il meurt lui aussi, ça me hantera toute ma vie. »  
Je n'avais pas vraiment réfléchi en sortant tout ceci. Je n'avais pas encore pris le temps de me mettre trop à sa place, parce que j'avais agi sur le coup des choses. Mais là, j'étais terrorisé, inquiet et... je ne savais pas s'il y avait des mots dans le langage humain pour décrire avec exactitude l'état dans lequel je me trouvais.
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() message posté Dim 3 Mai 2015 - 3:41 par Invité
Depuis le jour où elle a douté de sa grossesse et qu’elle a fait cette prise de sang, Ivana savait que le sujet douloureux de la famille de Kaspar allait refaire surface. Elle l’a écouté, observé jusqu’au bout. Elle a vu les émotions sur son visage. Inconsciemment ou pas, il la prend par les sentiments. Elle lui en veut de ne pas pouvoir se montrer objectif. Également prise au dépourvue, elle soupire. It’s awful to be a grown-up. « Je suis désolée de t’avoir mis dans cet état Kaspar… » Ces mots sont sincères. La jeune femme s’est accroupie devant lui pour effacer les quelques larmes. C’est difficilement supportable de le voir ainsi, alors qu’il a toujours été le plus joyeux des deux. Elle se déteste. « C’est pas parce que je ne me sens pas capable de devenir mère maintenant, que j’ai fait une croix dessus pour autant. Et pour l’avortement… C’est pas une solution que j’ai en tête. Je crois que je m’en remettrai pas d’avorter après avoir vu les schémas et tout dans le bureau du médecin. » Elle frissonne. Elle n’a pas la moindre idée de ce qu’il y a exactement dans son ventre, de sa forme, de sa taille… Tant qu’elle n’avait pas eu cette conversation avec lui, pas question d’en savoir plus. Mais une chose est sure : ce n’est plus une petite accumulation de cellules au bout de trois mois, déni ou pas. « Il y a l’adoption aussi… » Elle a baissé les yeux. Certes, le fœtus ne serait pas mort, mais ils ne feraient pas connaissance avec cet enfant. Ils ne formeraient pas cette famille à laquelle il semble tenir. Pas dit que Kaspar considère cette option non plus. La meilleure solution, impossible à l’heure actuelle, serait de remonter dans le temps. Pour faire attention. Pour repousser cette discussion à une période où leur situation serait plus stable. « Mais je reste pas fermée à ce que tu dis… Parce que même sous le coup de la surprise, tu veux pas faire d’erreur, ni même à chercher une quelconque justification pour prendre la fuite. Et parce que c’est vrai que les choses n’arrivent pas toujours sans raison… Juste calme toi, d’accord ? » Là-dessus, Ivana se relève pour s’installer sur les genoux de Kaspar. Elle l’enlace et glisse son visage dans son cou. Les lèvres de la rouquine passe furtivement sur ses joues. Humides, légèrement salées. Elle passe ses doigts dessus pour tenter d’estomper ces traces de tristesses. « Peut être que j’aurais moins peur si j’étais certaine de ne pas finir maman célibataire, que tu ne partes pas de nouveau. » Elle n’a pas oublié ses mots : « Parce que je serais toujours derrière toi quoiqu’il arrive. Parce que si tu craques, je te consolerais. Si tu tombes, je te rattraperais. Si tu t’égares, je t’aiderais à retrouver le chemin. Parce que je serais toujours là pour toi. » « Enfin si on est d’accord sur le fait d’écarter l’avortement, ça nous laisse encore un peu de temps pour y réfléchir, sérieusement. » Les deux idées qui s’offrent à eux ne sont pas du même registre et non pas les mêmes conséquences. Accepter un plan pour toute une vie ou lui trouver une famille parfaite.
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() message posté Dim 10 Mai 2015 - 11:33 par Invité
Je reconnaissais m'être peut être emballé trop vite. J'avais tendance à réagir un peu trop à vif, à me laisser emporter par mes émotions et à ne plus savoir me contrôler. Il fallait falloir que j'y remédie un de ces quatre et prendre un peu sur moi. Cette nouvelle a été si surprenante, si grandiose, si inattendu que j'ai réfléchi trop vite et que j'ai déballé toutes ces choses que j'avais sur le cœur. Dire que je n'avais pas peur serait mentir. J'étais inquiet, d'autant plus que j'avais commencé à faire ma propre opinion sur la chose et qu'il était difficile de me faire changer d'avis une fois que j'étais lancé sur un truc.

« Je suis désolée de t’avoir mis dans cet état Kaspar… »
- Non, ne le sois pas, c'est normal... répondis-je du tac au tac. « Il fallait bien... Je suis désolé de m'être emporté, je n'aurais pas dû... »
Je me sentais plus calme, peut être par la manière dont Ivana me parlait. Cela dit, je savais que ça n'était pas agréable notre discussion et j'étais en train de me fermer peu à peu. Je détestai ce qui était en train de se passer. Je n'en voulais pas à Ivana, je m'en voulais à moi. Je n'arrivais pas à m'empêcher de rejeter toute la faute sur moi. Me dire que, si j'avais fait plus attention, on en serait pas à discuter.
« C’est pas parce que je ne me sens pas capable de devenir mère maintenant, que j’ai fait une croix dessus pour autant. » Je sentais mes muscles se crisper quand je l'entendis dire cela. J'avais envie de me lever et de partir en claquant la porte. Ce serait une réaction puérile et, de nouveau, impulsive. Ainsi, je fis de mon mieux pour rester là où j'étais, la tête toujours baissée, renfrogné.
« Et pour l’avortement… C’est pas une solution que j’ai en tête. Je crois que je m’en remettrai pas d’avorter après avoir vu les schémas et tout dans le bureau du médecin. » poursuivit-elle. Ah, au moins, c'était déjà ça. Cela signifiait que nous étions tous les deux contre l'avortement et c'était... un soulagement. Qu'importe la décisions que nous allions prendre, je ne l'aurais pas supporter. Jamais. Je savais bien que c'était dans le corps d'Ivana que tout se passait, que moi je n'avais pas à endurer une telle chose. Qu'une grossesse, c'était éprouvant et pas facile. Je ne pourrais jamais réellement savoir ce que c'était. Je reconnaissais l'épreuve que ça pouvait être de porter un enfant, mais je ne saurais jamais l'effet que ça faisait vraiment. Mais je comptais être là pour la soutenir tout au long. Courir de partout s'il le fallait afin d’obtenir tout ce dont elle avait besoin. Faire en sorte que cela puisse se passer du mieux que possible. Je n'étais pas un réel super-héros mais je comptais bien le devenir, d'une certaine façon.
« Il y a l’adoption aussi… » suggéra ensuite Ivana. Cette proposition me fit enfin soulever la tête vers elle, tandis qu'elle la baissait. J'ouvris la bouche pour répondre quelque chose, mais rien ne voulut venir. L'adoption.
Imaginer un couple prendre l'enfant à l'accouchement. Je n'arrivais pas encore à me projeter. Je n'y avais pas réfléchi sur le coup et d'un point de vue objectif, c'était une solution. Peut être même la meilleure. D'un point de vue subjectif... c'était... différent.
Comme je venais tout juste d'apprendre la nouvelle de la grossesse, je n'avais pas encore pris la peine de réfléchir à l'enfant. De m'y « attacher » d'une certaine manière, si on pouvait dire ça comme ça. Déjà parce que je ne réalisais pas encore les choses et je ne le réaliserais probablement pas tout à fait jusqu'à ce que je le voie vraiment. D'autant plus que le ventre d'Ivana n'était pas encore gonflé à bloc, et que ça ne se voyait pas vraiment. Déjà, mon cerveau se mettait à bouillonner en méditant sur ça. Faire les pour et les contre... les mécanismes étaient en marche.

« Mais je reste pas fermée à ce que tu dis… Parce que même sous le coup de la surprise, tu veux pas faire d’erreur, ni même à chercher une quelconque justification pour prendre la fuite. Et parce que c’est vrai que les choses n’arrivent pas toujours sans raison… Juste calme toi, d’accord ? »
Je hochai la tête sans rien dire. En fait, en quelques sortes, Ivana était déjà en train de faire la 'maman' avec moi. Et elle y arrivait très bien. Elle savait comment les choses marchaient avec moi et elle trouvait les mots et le ton juste pour me rassurer. Je l'aimais en partie pour ça. Mais encore une fois, il allait falloir que je me montre moins impulsif à l'avenir. Dans un couple, on avait besoin de se soutenir l'un l'autre. Il nous arrivait à chacun de nous d'avoir des moments de faiblesse, où l'on se perdait, où l'on ne savait plus comment réagir. J'appréciai qu'elle soit là pour moi. Je voulais en faire autant de mon côté. Il fallait que je sois plus endurant.
Ivana s'était levée et s'était installée sur mes genoux. Elle attira mon visage dans son cou et je serais mon étreinte contre elle. Je me sentais bien, là, comme ça, tellement que je déposai un petit baiser sur la peau de son cou, nu. J'étais si épuisé émotionnellement que je pourrais m'endormir, mais je me le permettrais pas.
« Peut être que j’aurais moins peur si j’étais certaine de ne pas finir maman célibataire, que tu ne partes pas de nouveau. » l'entendis-je me dire doucement.
- Tu sais bien que ça n'arrivera pas, répondis-je sous un murmure. « La pensée de me séparer de toi m'est insupportable... »
Je savais bien qu'elle faisait référence à ma désertion, lorsque j'étais parti du jour au lendemain sans rien dire. A l'époque, j'avais été stupide et j'avais idiotement pensé que ma disparition n'affecterait personne. A l'époque, je n'étais pas amoureux d'elle et nous ne vivions pas la même chose elle et moi. Maintenant que j'étais en couple et que cela m'importait beaucoup, je ne voyais plus les choses de la même façon.
« Je t'aime... » avais-je ajouté en relevant la tête afin de pouvoir lui faire face. Je frottai doucement mon front contre son visage. J'étais si apaisé...
« Enfin si on est d’accord sur le fait d’écarter l’avortement, ça nous laisse encore un peu de temps pour y réfléchir, sérieusement. »
Je rouvris les yeux et mis du temps pour réfléchir sur ce que j'allais lui répondre. Je finis par hocher doucement la tête.
- Je te promet que j'y réfléchirais...
Certes, ça n'allait pas être facile, d'autant plus que je pouvais être aussi têtu qu'un âne. Mais je comptais vraiment trouver des solutions. Savoir comment on allait s'organiser... si on le gardait VRAIMENT. Si jamais je ne trouvais vraiment aucune solution... peut être envisagerai-je de cesser le combat.
« N'hésite pas à faire appel à moi quand tu en auras besoin. Tu ne me dérangera jamais, sache le. Je sais que... ça va pas être simple et je veux être là pour t'aider. »
C'était tellement normal pour moi que je ne savais même pas pourquoi j'avais eu besoin de le lui dire. Mais bon, ne savait-on jamais.
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