How to save a life - Elijah

« Bonjour, un paquet de Marlboro s’il-vous-plaît » « Ça fera 10 livres, monsieur », Elijah tend l’argent à la caissière qui, en échange, lui donne son paquet de cigarette. Se souhaitant mutuellement de passer une bonne soirée, Elijah se retrouve à longer les rues du West London dans l’espoir de faire taire les démons qui hurlent le manque à l’intérieur de son être. D’une main tremblante, il porte un cylindre cancérigène à ses lèvres et l’allume. La première latte est telle une bouffée d’oxygène. Elle calme ses nerfs agités et lui procure un sentiment d’accalmie. Alors que la nicotine emplit ses poumons, il tente malencontreusement de diriger ses pensées vers autre chose que le manque de narcotiques. Bien qu’il ait suivi des traitements de désintoxication (forcé par non seulement les médecins s’occupant de son cas suite à son overdose, mais également par ses parents qui s’efforçaient de vérifier si leur fils suivait toujours ses traitements), s’il pouvait, il replongerait dans les abysses de la drogue. Lorsqu’une action, malgré ses bienfaits, a été effectuée sans la volonté de la personne concernée, et surtout lorsqu’il est histoire de mauvaises habitudes, l’individu a plus de probabilités d’y replonger qu’en cas inverse. Mais Elijah n’y plonge pas. Du moins, il n’ose pas.
Parce qu’il sait. Il sait que s’il replonge, il n’émergera plus des abysses.

Ses envies deviennent tellement insupportables qu’il s’éclipse dans une ruelle où il colle son dos contre le mur de briques qui l’accueille. Il laisse tomber la cigarette et laisse son dos glisser jusqu’à s’asseoir sur l’asphalte et, pendant de longues minutes, il se concentre sur sa respiration rapide et saccadée. Il sent les sueurs froides couler le long de sa nuque alors qu’il se concentre du mieux qu’il peut pour ne pas composer le numéro de son ancien livreur. Inspire. Expire. Inspire. Expire… « Putain!! », siffle-t-il entre ses dents serrées. Ses mains tremblantes se glissent sur son visage alors qu’il compte jusqu’à dix. Il est si concentré qu’il n’entend pas du tout la conversation entre deux hommes plusieurs mètres plus loin.

Tant bien que mal, il réussit à calmer à taire les démons qui l’incitaient à replonger. Au moment où il se relève, il entend quelques cris des deux hommes en question et, de loin, il reconnaît l’un des protagonistes. Plissant les yeux, il réalise qu’il s’agit bel et bien de Tristan Newmann, l’un des bons amis de ses frères. Mais que fait-il ici? Et, surtout, que fait-il dans cette position face à un individu qui, clairement, a l’air cinglé. Ses vêtements devenant quelques peu mouillés, il hésite d’abord à intervenir. En même temps, il ne connaît pas vraiment Tristan et, surtout, il ne sait pas ce dont cet homme est capable. Malgré tout, il ne peut s’empêcher de s’avancer vers Tristan, d’un pas incertain certes, mais ce dernier devient de plus en plus assuré. Soudainement, un coup de feu retentit, Elijah se baisse – par pur réflexe – et lève son regard ébahi sur Tristan, ce dernier sur le sol.
Putain!

 Inconsciemment, il se met à courir vers Tristan jusqu’à s’arrêter à sa hauteur. Il glisse ses deux mains sur le visage de Tristan, le forçant ainsi à l’observer et, d’un regard inquièt, il scrute le corps du jeune homme afin de s’assurer qu’il n’a pas d’autres blessures. « Tristan? Tristan! », formule-t-il. Très rapidement, une masse de spectateurs se forme autour d’eux. Les murmures se font de plus en plus présents et, bientôt, ces murmures deviennent de vraies conversations alimentés d’une curiosité qui, en toute honnêteté, irrite le journaliste. « Bon, ca va! Ce n’est pas un spectacle, circulez! », s’écrie-t-il en gesticulant aux gens de circuler. « Ça va? Tu n’as rien?! », l’inquiétude animant le ton de sa voix, il jette parfois quelques œillades pour voir que ce psychopathe ne revienne aux lieux. Doucement, il aide Tristan à se lever, ce dernier visiblement secoué par les évènements.  

« Je crois que ça ira. Plus de peur que de mal. » finit par prononcer Tristan, provoquant ainsi un soupir de soulagement libéré d’entre les lèvres d’Elijah. « Ce mec est cinglé! », formule vivement le journaliste tout en déviant son regard vers le chemin où l’homme armé a prit la fuite. « Il a clairement un problème, ce type! Quel être sensé déambule les rues de West London armé d’un flingue!? », ébahi, Elijah porte son regard dépassé sur Tristan. Ce dernier ne semble pas partager la même colère que le journaliste. À vrai dire, il semble perturbé. Nerveux. Angoissé. Ce qui est normal, vous me direz! Par contre, quand vous connaissez l’être qui se trouve devant vous, quand vous savez quel caractère cet être avait par le passé ce qu’il est devenu désormais, vous vous posez sans doutes des questions… C’est exactement ces questions qui traversent l’esprit d’Elijah.

« Je suis ravi que tu sois revenu. T’es tombé pique, merci … Je croyais que c’était une connerie quand les gens disaient qu’ils voyaient toute leur vie passer devant leur yeux quand il pensent qu’ils vont mourir et bien ce n’est pas des conneries et c’est la deuxième fois que ça m’arrive. » Ah… Oui. La nouvelle qui fit la une des médias : Tristan Newmann s’est fait agressé dans une ruelle. Vous pouvez être certains qu’Elijah se souvient exactement de ce moment… Ce fut quelques jours après son overdose, ses frères sont venus lui rendre visite à l’Hôpital privé dans lequel il s’est fait traité. Ses parents, accompagnés du London Times, citaient haut et fort ce qui figurait à la première page du journal. « Sa pauvre mère… » fit sa propre mère en guise de réflexion. Lorsqu’Elijah prit la peine de demander à son frère s’il avait des nouvelles de Tristan, ce dernier a préféré changer de sujet. Le jeune journaliste n’a pas mit trop de temps à comprendre à quel point cette agression affecte Tristan.

« Je peux comprendre, crois-moi… » avoue enfin Elijah en un murmure. « Je ne comprends pas ce qui lui a pris. Je veux dire on se connaît et on travaillait ensemble. Il a du consommer plus que d’habitude … ce n’était pas lui. Je … Je ne suis jamais comme ça quand … quand … » Quand tu consommes? La question effleure l’esprit d’Elijah alors qu’il observe son interlocuteur quelques secondes avant de pousser un bref soupir. Il se permet de poser ses mains sur les épaules de son interlocuteur, le voyant perdre le contrôle de ses nerfs. Ses mains tremblent, ses yeux oscillent et changent de cible à chaque seconde, ses jambes le mène à faire les cents pas… Il n’est pas comme il était jadis. Il n’est plus le même Tristan.  « Tristan… » prononce enfin Elijah, le forçant à lever son regard sur lui. « Respire… C’est terminé. », du moins… Pour l’instant. « Écoutes, ce mec est débile. Ne te pose surtout pas de questions sur son état d’âme en ce moment, on sait tous les deux que ce mec a consommé un niveau excessif de drogues pour qu’il se promène dans la rue avec une arme. » légèrement mal à l’aise de sa proximité avec Tristan, Elijah baisse les bras et insère ses mains dans les poches arrières de son pantalon. « Par contre… Je dois t’avouer que ça m’embête un peu de te voir dans un tel état… » débute Elijah. « Tu crois qu’il va revenir à ta recherche? … » Des pas se font entendre. Des pas en provenance du même endroit où ce psychopathe à prit la fuite. Une vague d’angoisse traverse Elijah alors qu’il darde son regard sur l’individu qui traverse la ruelle. Cet individu, un jeune adolescent ayant glissé son skateboard sous son aisselle, tire une latte de sa cigarette avant de la jeter contre un mur de briques à sa droite. « Putain… », murmure Elijah, glissant une main au niveau de son visage. « Viens, on va ailleurs? Pas que je n’aime pas les ruelles, mais celle-ci n’est pas l’une de mes préférées.. » avoue le jeune homme sur un ton humoristique. Il entame le pas et se tourne vers Tristan « Je connais un endroit sympa’ où on peut aller… Ça va te changer les idées.. »