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Cela avait commencé lorsque nous étions en répétition. Normalement, je comptais me rendre ensuite chez Ivana pour voir si tout se passait bien et peut-être pour rester dormir la nuit. La grossesse avançait bien et dans peu de temps, une petite Sexton-Hansen poussera ses tout premiers cris pour de vrai. J'avais hâte à la fois, mais j'appréhendais aussi la chose. J'avais beau me préparer mentalement à changer mon train de vie du tout au tout, ça me faisait quand même un peu peur. Mais il ne fallait pas que je me décourage, il fallait que je reste sur le même chemin, au même rythme. Et une fois qu'elle sera là, il n'y aura pas beaucoup de choix à avoir.

 « Kaspar ... Je peux te parler deux minutes ? » me demanda Noah. Je lui jetai un coup d’œil interrogateur et après souhaité au revoir à Nate, on s'éloigna de la salle pour commencer à prendre chemin. « Je sais que Fred t'as envoyé un message ... Il voulait qu'on se voit tous les 3 et je ne sais pas non plus pourquoi ... »
Ah oui, ce message. Je me souvins qu'on en avait parlé et qu'effectivement, il était convenu que l'on se voit à un moment donné tous les trois. Il fallait dire aussi que Fred n'était pas vraiment ma préoccupation du moment. Entre le bébé, l'entretien au Muséeum, la recherche d'appartement et le départ de Chandler aux US, parler à Fred était le cadet de mes soucis. Si je lui en voulais ? Oui, évidement. Pas de la même manière que certains, je ne lui avais pas envoyé de vacheries ou quoique ce soit de ce genre, j'avais seulement cessé de lui adresser la parole. De toute façon, quand je me fâchai, j'étais si mignon qu'on ne me prenait pas au sérieux. En plus d'avoir fait du mal à ma sœur, il l'avait fait partir, en quelque sortes, alors forcément, je n'étais pas forcément apte à lui parler. Depuis que Chandler était partie, j'étais nerveux comme jamais. Je me mettais facilement en colère, même pour pas grand chose. J'avais du mal à me concentrer et surtout, j'étais particulièrement anxieux. Elle était au bout de l'océan, loin, pour une durée indéterminée et autant dire que je n'aimais pas ça. Depuis qu'elle était partie, j'avais peur. Je me sentais soudainement moins confiant, mettant en doute tous les projets que je pouvais m'imaginer. Je craignais que, s'il arrive quelque chose, de ne pas savoir l'affronter. J'avais aussi peur que, si la petite devait naître en avance, Chandler ne soit pas présente. C'était stupide, et égoïste, mais je le pensais vraiment. Le fait de ne pas savoir quand elle revenait me créait toutes ces inquiétudes. Une partie de moi s'était envolé dans l'avion en même temps qu'elle.
Cependant, j'avais effectivement dit à Fred qu'il allait falloir que l'on cause. Je ne savais pas encore de quoi exactement, mais il allait falloir le faire.

 « Je sais pas si vous aviez décidé de quand ... Mais faut que je passe le voir ... Aujourd'hui. C'est important.» annonça Noah.  « Sa soeur ... Enfin ... C'est compliqué mais il ne répond plus à rien et ça m'inquiète alors ... Je voulais savoir si tu voulais venir avec moi ?»
Sur le moment, je me mis à hésiter. Pourquoi devrais-je aller voir Fred maintenant ? Comme je l'avais dit, il était la dernière personne dont je me souciais. Cela dit, Noah semblait inquiet et étant plutôt empathique habituellement, et un peu parano, je me mis à m'inquiéter aussi. Certes, je ne portais pas Fred dans mon cœur ces derniers temps, mais tout de même ! S'il lui arrivait quelque chose, je ne serais pas heureux pour lui, loin de là.
« Je... eum... oui, d'accord. » finis-je par dire dans la précipitation en hochant la tête.

Nous arrivâmes devant chez Fred et je pouvais palper la nervosité de mon ami au fur et à mesure que l'on s'en approchait. Pour le coup, la mienne se fit remarquer mais je tentais d'être le plus calme possible. Et s'il n'était pas là ? Nous n'avions aucune idée d'où il pouvait se trouver s'il était bien absent. La planète était bien trop grande !
 « Bon et bien ... Geronimo hein ?» dit Noah. Je pris une profonde inspiration, le cœur battant.
« Allons-y ! » fis-je en français.
Il toqua et aucune réponse ne nous parvins. Noah finit par sortir des clés de sa poche et ouvrit la porte. L'odeur d'alcool et de renfermé se fit alors fortement sentir. Fred était là, à deux ou trois mètres de nous, méconnaissable. J'étais stupéfait pour le coup, bouche bée.
« Et maintenant ?»  fit Noah.
« Mais qu'est que bordel, vous faites là ? » intervint Fred.
Je regardai Noah s'approcher du macchabée et avançait doucement à mon tour. En fait, je ne savais pas quoi faire, là, de suite. Je n'avais pas pour habitude de tomber sur ce genre de chose et le choc était encore présent.
« Vous voulez un verre ? » proposa Fred.
Je jetai un coup d’œil à Noah, incapable de dire quoique ce soit. J'étais en bien trop en train d'analyser la situation et de comprendre ce qui se passait. Il fallait que ça se connecte dans ma tête.
« Mais... qu'est ce qui t'es arrivé ? » finis-je par demander, médusé.  « Comment t'en es arrivé là ? »
Je visualisais mieux l'inquiétude de Noah, mais je comprenais tout de même pas la raison de tout ceci !