Le voir ici ne lui plaisait pas, le monde semblait se liguer contre elle. Alors qu’elle venait à peine de retrouver le courage de sortir, il fallait qu’elle le rencontre. Son moral n’était pas au mieux, elle ne se sentait pas capable de lui tenir tête et c’était plutôt mauvais signe. Daniel était un séducteur né, et parvenait toujours à ses fins. Qui pouvait lui refuser quoi que ce soit avec ce visage ? Elle devait l’avouer à regret, il possédait de superbes atouts, même sous cette couche de vêtements… Comment avait-il réussi à se faufiler jusque dans sa cabine d’essayage ? Sérieusement, il était incapable d’être en couple et ça se voyait pourtant ! Un coup d’oeil dans son dos et elle comprit immédiatement, il avait du offrir aux vendeuses l’un de ses sourires charmeurs et sans se poser la moindre question, elles lui avaient montré le chemin. A peine venait-il d’arriver qu’il l’agaçait déjà. Il n’avait pas changé depuis leur dernière rencontre, il ne pouvait pas changer ou plutôt, il ne le voulait pas, raison pour laquelle elle continuait d’ignorer ses moindres demandes.
Le ton de sa réplique reflétait un certain amusement, elle le connaissait, il adorait l’énerver. D’une voix mielleuse, elle lui répondit : “Oh mon amour, tu es tellement adorable. Tu es le meilleur compagnon que puisse rêver une femme.” Mensonge, il était tout le contraire. Ses mains se posèrent sur son torse et elle le regarda d’un air amoureux avant de se mettre sur la pointe des pieds et lui chuchoter à l’oreille, un sourire doux sur les lèvres. “Tu ferais mieux de quitter ce magasin avant que je ne devienne violente.” Les vendeuses à l’arrière semblaient n’y voir que du feu, c’était l’amour fou entre eux. Mais bien sûr. Daniel était-il capable de ressentir une once d’amour pour quelqu’un excepté pour lui-même ? Après des mois d’aller-retour entre d’autres femmes et elle, elle s’était faite à l’idée, elle n’obtiendrait jamais son coeur. Après avoir décidé d’arrêter ce stupide manège, elle avait cru qu’il ne réapparaîtrait plus dans sa vie, elle s’était leurrée, il continuait à persister, à vouloir un nouveau départ. Elle supposait qu’il ne supportait pas l’idée d’être quitté par l’un de ses jouets, c’était son égo qui prenait un coup alors même s’il avait les mots, les atouts pour la faire céder, elle restait campée sur ses positions. Hors de question de retomber dans ses bras pour à nouveau se faire abandonnée le lendemain parce que l’envie l’en prenait.
Lorsqu’il prit sa main pour la faire tourner sur elle-même, elle ne pu s’empêcher de sourire tout en levant les yeux au plafond. Quel acteur. Bien du temps s’était écoulé depuis leur dernière rupture, elle ne lui tenait plus rigueur, c’était du passé. Lui en vouloir était une habitude, ils passaient leur temps à se chamailler et au fond d’elle, cette particularité de leur relation lui plaisait, elle y restait attachée. Il avait une telle répartie qu’elle en était, la plupart du temps, plus amusée qu’offusquée. Attrapant la seconde robe qu’elle commença à enfiler, dos à lui, elle lança : “Il n’y a absolument rien à voir ici.” Il n’était probablement pas au courant que depuis quelques semaines, elle était devenue célibataire mais il l’observait sans aucune gêne, regarder la copine d’un autre en lingerie ne semblait pas pour lui une faute. D’ailleurs, elle ferait mieux de ne pas préciser ce dernier détail, il allait sûrement être instoppable. D’une main, elle attrapa ses cheveux dorés et lui montra la tirette de la robe à l’arrière. ”Mon amour, est-ce que tu peux me fermer ça s’il te plaît ?” S’il voulait qu’elle s’énerve aujourd’hui, alors il pouvait rêver. Faire l’opposé de ce qu’il désirait lui apportait une satisfaction certaine.