the sun loved the moon so much he died every night to let her breathe (bleizian)

Du point de vue de Bleizian, il n'y a rien dans son histoire qui ne mérite d'être vraiment mentionné. Pour lui, il a vécu la simple vie d'un petit garçon dans une famille riche et nombreuse. Peut-être pas si simple, au final. Mais dans sa tête, c'est tout ce qu'il a connu, c'est simple. C'est sa vie, et il ne voit pas pourquoi il devrait parfois 'se mettre à la place des autres'. Il n'était pas à la place des autres, c'était déjà bien assez difficile comme ça de vivre sa propre vie sans devoir imaginer celles d'autres personnes à la place, tout de même.
Il n'a pas beaucoup de souvenirs de son enfance, jusqu'à ses dix ans environ. Il sait juste ce que les plus vieux lui racontent. Qu'il était un enfant éveillé, intelligent et vif. Un peu trop intelligent, beaucoup trop vite.  Bleizian n'a jamais tenu en place. Il a déjà entendu dire qu'il donnait déjà des coups de pied dans le ventre de sa mère. Dès qu'il a été en âge de marcher, il fallait lui courir après dans toute la maison, l'empêcher de grimper aux lavabos et aux meubles. Il n'aimait pas rester plusieurs heures à la même place, et il a mit beaucoup de temps avant de finalement faire ses nuits. Encore maintenant, son sommeil est agité et parfois à peine reposant. À l'école, il avait de très bonnes notes quand il se concentrait assez longtemps pour finir ses contrôles. Ses parents ont déjà été appelés plusieurs fois pour des problèmes de comportements, qui passaient de se lever de sa chaise pour aller courir dans le couloir à se battre dans la cour de récréation pour des raisons discutables. Il aimait se dépenser, il avait besoin de bouger. Dès les premières années de sa vie, il était clair que Bleizian ne serait pas quelqu'un de facile à vivre.
Alors qu'il avait onze ans et demi, et qu'il venait d'entrer en secondaire, la sœur de l'américain se mariait. Olivia Marshall et Isaac Von Ziegler. Il aimait beaucoup Isaac, comme s'il était son propre grand frère. Après tout, lui et Olivia s'étaient mis ensemble pour la première fois alors qu'il n'était pas encore né. Il trouve ça incroyable, d'un côté. Lors du mariage, il était tout sourire, vraiment content pour sa sœur et son beau-frère. Il avait longtemps répété que ç'avait été le plus beau jour de sa vie, ce qui faisait rire tout le monde en sachant que ce n'était pas lui, aux dernières nouvelles, le marié.
À la disparition de ce dernier, cinq ans plus tard, il n'a rien montré extérieurement. Pas une larme, pas un cri. Pas un geste pour essayer de réconforter sa sœur, mais il avait toujours considéré Isaac comme une sorte de héros. Un modèle. Pendant quelques temps, il semblait bien moins actif, plus calme. Il n'en parlait à personne, mais ça l'avait vraiment bouleversé. Il ne s'en ai jamais vraiment remis, et ça l'a conforté dans l'idée que l'amour, c'est du gâchis de sentiments, et beaucoup de souffrance à la fin.

Un an plus tard, Bleizian entamait la fac, en études de médecine. Il voulait imiter sa grande sœur, sauver des vies. Mais entendre parler de termes trop médicaux et de blessures, de morts, toute l'année, ça ne lui a pas réussi. Il ne sortait presque plus pendant son année, la difficulté du cursus choisi ne jouant pas en sa faveur. Sa deuxième première année s'est mieux passé, même si ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait faire. Il a donc tout plaqué au milieu de sa deuxième année, refusant de faire ça plus longtemps. Tout ce travail et ces sentiments mitigés l'avaient même dégoûté des hôpitaux et des salles de consultations, de l'odeur si caractéristiques des lieux de soin. Quand il avait besoin de se soigner, il ne le faisait soit pas, soit tout seul.
Il n'est pas resté longtemps chez lui à ne rien faire, malgré tout. Sa sœur Blake était partie à Londres pour une raison qui lui échappait toujours, et à vrai dire il s'en fichait un peu. Beaucoup. Mais Clarence l'avait suivie, et Andrew, le fiancé de Blake – bien que ça, ce ne soit qu'un détail. Ça l'avait intrigué, il fallait dire. Il y avait aussi Olivia là-bas, à Londres.
Silas, son autre frère, avait parlé de partir à Londres lui aussi en plus. Ça n'avait été qu'une conversation banale alors qu'ils s'étaient croisés, rapidement, mais ç'avait donné une idée à Bleizian. Il avait simplement réservé lui aussi un vol pour Londres. Le même que Silas. Pour comprendre un peu pourquoi tout le monde partait à Londres sans vraiment de raison. Bleizian n'en avait pas non plus, de raison. Mais il avait débarqué chez Olivia, et il se trouvait qu'il aimait bien cette ville. Et qu'en plus, ce n'était pas comme s'il avait beaucoup de choses à faire en ce moment. Il avait moins le temps de s'ennuyer, depuis qu'il était installé à la capitale anglaise.