(✰) message posté Dim 31 Mai 2015 - 17:29 par Invité
“Life is really simple, but we insist on making it complicated. ” ✻ Je regardais Sharona au coin avec une expression dégagée. En réalité, l’abandon de mes illusions, la dissolution de ma personnalité et le rejet de ma carrière florissante au Times UK n’avait rien d’une décision facile. Au contraire, j’avais bien réfléchis depuis mon altercation avec Winthrow. Mes arguments étaient parfois amers et douloureux, mais je pouvais encore accomplir de grandes choses ailleurs. Je soupirais en marquant une distance entre moi et la jeune brune. Elle ne me dévoilait rien et pourtant, je pouvais percevoir de nouveaux aspects de son âme sous l’éclat flamboyant du jour. Elle était un peu brutale et directe, mais sa crainte de la proximité et son insolence n’étaient pas anodins. Elle avait vécu quelque chose de troulant. Et je voulais tout découvrir car j’étais un journaliste, et que ma vocation me poussait toujours au-delà des limites de bienséances. Elle me taquina en se redressant et je souris à mon tour. « Y a des airs de gens qui courent ? » Je fis la moue en hochant la tête. Bien sûr, il y avait des airs pour tout : pour les gens qui courent, les gens qui fument, les gens qui boivent et les gens qui râlent … « Vous vous battez pas qu'avec les mots alors ? » Je souris amusé. En effet, les mots pouvaient parfois être dérisoires. « Il faut avouer que c’est plus drôle avec les poings. Je vous déçois peut-être ? » J’écrasai ma cigarette d’un geste frénétique avant de m’avancer dans la rue. Je pouvais ressentir sa gêne, mais c’était normal d’être dans la retenue face à un inconnu. On ne se connaissait pas. Je désirais percer son mystère, mais mon sentiment ne partait jamais d’une bonne intention. Mon cœur bourdonnait dans mes oreilles, animé par cette frénésie meurtrière qui accompagnait souvent une chasse au scoop. Elle avait peut-être raison de se méfier après tout. « Faudrait des relookeurs de l'extrême pour ça... » Marmonna-t-elle et je la regardais, surpris par son manque de confiance en elle. Je la trouvais mignonne. Je m’abstins néanmoins du moindre commentaire afin d’éviter une mauvaise réaction de sa part. Elle n’était clairement pas le genre de fille à l’aise avec les compliments. « Bah ça va, vous avez pas trop d'effort à faire vous... » J’arquai un sourcil en sa direction – encore une fois surpris. « Je rêve où vous venez d’être gentille ? » Me moquai-je en redressant les épaules. Les passants s’agitaient autour de nous, mais j’étais complètement captivé par l’aura étrange que dégageait la jeune amatrice de spectacle. Pourquoi avait-elle autant besoin de me rallier à la cause de l’art et de la fantaisie ? Je lui avais accordé un vœu avant de disparaitre – les choses étaient peut-être plus simple comme ça.
« Vous faites quel genre de boxe ? » Je me retournai vers elle. Je n’avais pas de genre précis. Je faisais généralement de la boxe anglaise, mais je pouvais m’adapter dès qu’il s’agissait de combat de violence. « Le genre qui fait mal je suppose. Vous en faites aussi ? » Répondis-je tout en restant évasif. Mes yeux se perdirent entre les bâtiments grisonnants alors que ma main libre s’accrochait aux pans de ma veste à la recherche d’un point d’attache. Je sentis les clés de ma voiture s’entrechoquer dans ma poche avant de les sortir. « Vous êtes pas obligé de me raccompagner, vous savez ? Ca vous rallonge peut-être... J'habite dans Shoreditch moi, c'est pas forcément votre route... » Je fixais le sol, le regard assombri avant de lui accorder mon attention à nouveau. « Vous protestez toujours pour tout ? C’est mon chemin. J’habite à Shoreditch aussi, ne vous inquiétez pas. »
Sharona K. García-Brown
I walk this empty street on the boulevard of broken dreams.
(✰) message posté Mar 2 Juin 2015 - 13:21 par Sharona K. García-Brown
I owe you one...
ft. Julian P. Fitzgerald && Sharona K. Garcia-Brown
Jeudi 22.01.2015 • The street where the Times UK's headquarters lie
Je suis évidemment bien loin de me douter de la curiosité que j'exacerbe chez lui. J'ai jamais vraiment songé que j'avais quelque chose de plus que les autres - en tout cas plus depuis la blessure. Ce qui me rendait spéciale, c'était la danse. C'est hors de portée maintenant, fin de l'histoire. Je suis juste une petite fourmi au milieu de la masse grouillante des londoniens, rien de plus, et je serai jamais autre chose - à moins de devoir changer de masse grouillante dans moins d'un an s'entend.
Cela dit, l'intérêt suscité est assez réciproque, parce que je crois que le costume et son sempiternel jeu sur les mots ne me laissaient pas entrevoir un bagarreur. Faut pas trop préjuger de ce que sont réellement les gens, je sais bien. N'empêche que je m'y attendais pas.
« Il faut avouer que c’est plus drôle avec les poings. Je vous déçois peut -être ? - Au contraire, je pourrais presque être impressionnée. »
Presque. En réalité, je le suis vraiment un peu, mais de là à ce que je le confesse... Mouais non, rêvez pas trop. Je suis pas vraiment du genre à faire beaucoup de compliments non plus. Ni très douée pour les recevoir mais c'est encore un autre problème. Pourtant je finis quand même par lui en faire un sans trop m'en rendre compte, jusqu'à ce qu'il le relève lui-même.
« Je rêve où vous venez d’être gentille ? - Ouais bah prenez-en pas trop l'habitude quand même, ça arrivera pas tous les trois quatre matins. »
Réponse du tac au tac, comme si c'était une tare d'avoir eu ne serait-ce qu'un mot gentil. Je me garderais bien d'expliquer pourquoi je suis toujours sur la défensive. Cela étant, faut reconnaître que ce type dégage quelque chose d'à la fois fascinant et presque... dangereux. Menaçant, sans que je sois capable d'expliquer en quoi. Le genre de choses que j'évite d'ordinaire comme la peste. Et pourtant je suis là, prête à passer la soirée en sa compagnie, volontairement, à lui poser des questions. Qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi ? Je sais bien que je déteste me sentir redevable et que là je le suis, depuis le Fantôme, mais tout de même. Bon à ma décharge, c'est qu'il boxe aussi et sans trop de surprise, ça m'intéresse. J'ai jamais appris à me battre autrement que sur le tas, je fais mal mais j'ai pas de vraie technique alors je suis réellement curieuse, là.
« Le genre qui fait mal je suppose. Vous en faites aussi ? - J'aimerais. Mais je tape juste où je sais que ça fait mal. Et c'est pas vraiment une réponse ça. Y a plein de sports de combat "qui font mal". »
Là aussi, je me garde d'expliquer qu'il y a un tas de trucs que je peux pas faire même si j'en meurs d'envie. Maintenant que j'ai arrêté de courir depuis un moment, je commence à avoir moins chaud et ma veste de jogging suffit plus vraiment. Pas plus que mes bras croisés sur ma poitrine - maigre rempart au vent londonien. Ça m'empêche pas de commencer par refuser sa proposition de me raccompagner - même si l'idée de finir le trajet en voiture plutôt qu'à pied devient alléchant là.
« Vous protestez toujours pour tout ? C’est mon chemin. J’habite à Shoreditch aussi, ne vous inquiétez pas. »
Je me renfrogne à ce reproche mais garde le silence, me demandant à quel point on peut être voisins.
« Shepperdess Walk. Puisque vous avez décidé de jouer les chauffeurs de taxi... »
En réalité, ça m'arrange pas mal. Mais c'est seulement uns fois dans sa voiture que je finis par balbutier un petit « merci ». Je sais pas trop bien ce que je vais porter ce soir, mais y a des chances pour que ça soit pas mal couvert. Je suis un petit animal du sud moi, je suis pas habituée à ces températures là encore...
Invité
Invité
(✰) message posté Mar 9 Juin 2015 - 11:09 par Invité
“Life is really simple, but we insist on making it complicated. ” ✻ C’était étrange. Le temps se consumait à une vitesse fulgurante alors que nous étions immobiles dans la rue. Mon cœur battait la chamade, empaqueté par un flot d’émotions ambigües. J’étais inconsciemment à la recherche d’un élément accrocheur afin d’éveiller ma bête curieuse et Sharona, sans s’en rendre compte, me retenait dans mes anciennes lubies. Je l’observais longuement, surveillant le rythme cadencé de sa respiration, jugeant sa démarche vaniteuse et analysant le moindre de ses mouvements. Ce n’était pas une fille gracieuse, mais elle était charmante à sa manière. Elle avait ce petite quelque chose de captivant, que je ne pouvais nommer mais que je savais pleinement apprécier. Je souris en croisant les bras sur mon torse. Quels secrets pouvait-elle cacher sous l’éclat de ses yeux chocolat ? Je soupirai en haussant les épaules avec désinvolture. Elle était presque impressionnée par mes penchants pour la violence alors que mes instincts agressifs me semblaient parfois si naturels. Elle ne devait pas se douter de toutes les ratures que je trainais sur ma peau. Elle ne devait pas se douter que j’étais loin de correspondre à l’image du journaliste pacifiste et intellectuel. Je souris en penchant la tête avec recueillement. Mon genou me titillait parfois lorsque je marchais, mais je pouvais supporter la douleur sans perturber le rythme de ma démarche hautaine. « Ouais bah prenez-en pas trop l'habitude quand même, ça arrivera pas tous les trois quatre matins. » Encore la défensive. Elle se cachait sous un masque imperturbable de froideur à chaque fois que j’essayais de m’immiscer dans son esprit. Elle rejetait les codes d’éthiques, les bienséances et mes vaines tentatives de la percer à jour. J’haussais les épaules en relevant mon visage allongé vers le ciel. « Oh mais je ne m’y attend pas. Je préfère de loin être complimenté sur ma plume que sur mon physique. » Ma main frémit au contact du vent, et je ressentis cette angoisse perpétuelle, cette envie obstinée et soudaine de tenir une cigarette entre mes doigts. Ma gorge grondait sous ma peau, affamée, avide de nicotine et de fumée. J’humectai le bout de mes lèvres avant de déglutir. Ce n’était pas une bonne idée. Vraiment pas ! Je fis la moue en m’avançait vers le parking. « J'aimerais. Mais je tape juste où je sais que ça fait mal. Et c'est pas vraiment une réponse ça. Y a plein de sports de combat "qui font mal." » J’arquai un sourcil. Voilà qu’elle n’était pas satisfaite de mes réponses. J’esquissai une ébauche de sourire en m’arrêtant. Je la regardais longuement avant de poursuivre mon chemin sur la chaussée mouillée. « Dans la boxe, je peux avoir mal en retour. Plus je reçois de coups, plus j’ai la rage, et plus j’apprécie le combat. Je suppose que c’est un choix aléatoire. Il y a d’autres sports de combat où c’est possible aussi, mais la boxe c’est assez cool. » J’étais incapable de comprendre ou de partager mes sentiments à l’égard de mon agressivité ou de mon obsession pour la douleur physique. J’avais grandi dans un foyer déchiré, mon père était un ivrogne et un homme brisé. Il m’avait battu depuis mes 13 ans. Quelque part, je m’étais habitué à ce genre de punitions. Je m’étais habitué à être tout simplement orphelin et désabusé. Perdre cette identité, c’était vivre dans la dissolution de ma propre personnalité. C’était oublier le souvenir de ma mère et gâcher mes talents d’écrivain désabusé. Tout le monde ne pouvait pas comprendre l’ampleur du désespoir, moi je le pouvais. Moi, je m’en délectais.
« Shepperdess Walk. Puisque vous avez décidé de jouer les chauffeurs de taxi.... » J’ouvris la portière de la voiture afin de m’installer derrière le volant. Elle balbutia un simple merci, et je me contentai d’hocher la tête. J’activais le contact en me concentrant sur les fluctuations mélodieuses de la radio. Londres défilait sous mes yeux. Ses lumières célestes s’étendaient à perte de vue, me guidant vers Shoreditch.