(✰) message posté Lun 12 Jan 2015 - 19:40 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” ✻ Je rangeai mon téléphone dans ma poche avant de me redresser dans mon siège. C’était la première fois que je ressentais les douceurs de la frénésie envahir mon corps, depuis le soir du nouvel an. La prévenance et la douceur d’Olivia m’avaient manqué. Je savais qu’elle comprenant les blessures sans ressentir le besoin de les transfigurer, ou de contourner la douleur. S’égarer dans l’insouciance n’était qu’un leurre lorsque la vie n’était qu’une suite de malédictions. Mon cœur s’était comme suspendu au moment où les lèvres fines d’Eugenia avaient effleurés celles de Lior, et pourtant j’allais bien. J’acceptais mes punitions et mon châtiment éternel. Je savais que je n’avais pas le droit de la blâmer, ou de le détester ; Je reconnaissais mes tords et mes sacrifices, mais malgré tout mon bon sens et ma logique imperturbable, je ne pouvais supporter la perte de la plus chère. Je lui avais offert ma lumière pour qu’elle puisse briller de mille feux dans l’obscurité, et j’étais parti comme un lâche. Je fermais les yeux avec recueillement, laissant les souvenirs imprégner ma mémoire défaillante. Il me semblait que j’avançais lentement vers le poignard acéré de l’ennemi. Une part de moi était déjà morte, tandis que l’autre attendait patiemment son tour. Je retournai les pages de mon calepin avec lenteur. Mes doigts engourdis serraient mon crayon avec désespoir. Je souris avant de baisser les yeux. J’écrivais pour surmonter mes injustices. J’écrivais pour exister et me créer un semblant d’assurance. Je soupirai, avant de ranger mon bureau. Ce bâtiment si prestigieux dont j’avais rêvé durant des années, n’était plus que la coquille vide dans laquelle je me cachais. Je me rappelle, avoir avoué à Eugenia que c’était mon endroit préféré en ville – à présent, j’étais étranger entre ces murs et ces portes.
Je dévalai les marches du parking d’un pas lent. Je ne pouvais pas garder la Lamborghini d’Athenaïs, mais à chaque fois que je m’apprêtais à rejoindre ses quartiers luxueux, le courage me manquait. Je n’avais pas peur de la confrontation. Je n’avais tout simplement pas envie de voir son visage embué, et de réaliser à quel point j’avais été idiot de succomber dans les futilités du sentiment. Je fis la moue en prenant place dans l’habitacle clair, sophistiqué et moderne du bolide. Le cuir ivoire et marron grinçait sous le poids de mes gestes déplacés. J’étirai mon genou gauche avant de démarrer en trombe jusqu’au centre-ville. J’aperçu le nouveau bar irlandais au coin de la rue, mais il n’y avait pas de spot de stationnement à proximité. Je fis le tour de la rue avant de me garer plus loin. L’air frais fouettait mon visage placide au fur et à mesure que je m’avançais vers l’absolution. Je voulais cohabiter avec le monstre, et devenir meilleur que tous les autres. Je voulais justifier la foi inébranlable de Ginny, et le regard pétillant qu’elle avait l’habitude de m’adresser. Mes doigts tapotèrent dans les poches de ma veste et je sortis mon paquet de cigarettes. Je pris deux tiges d’un coup, sachant pertinemment que ma bouche aspirerait tous ses poisons voracement, rapidement. J’allumais le premier embout avant de laisser les filets de fumée grise s’échapper en volutes à travers mes lèvres gercées. Que serait une âme en peine sans sa dose quotidienne de nicotine ? Je souris subtilement avant d’écraser mon premier mégot contre le bitume. Je fis quelques pas avant de faire volteface et de me pencher vers le sol. Je ramassai les restes de ma cigarette, afin de les jeter dans une poubelle à côté. Je deviens meilleur. Mes secondes lampées furent moins violentes, je ne suçais plus le filtre, je l’appréciais avec noblesse. Je déglutis avec douceur avant de rejoindre le bar. Les musiques celtiques vibraient tout autour de moi, m’emportant vers les origines douteuses de mon père. Je m’assis au comptoir. « Un whisky glace, s’il vous plait. » Je m’adressai au serveur avec politesse avant de me détourner vers la porte. Au bout de deux verres, et quelques encarts, Olivia apparu enfin. Je me relevai de suite, un sourire tatoué sur les lèvres.
« J’ai presque cru que tu m’avais posé un lapin. » M’amusai-je. Elle était aussi resplendissante que dans mes souvenirs. Je revoyais son corps vibrer sous mes caresses désinvoltes, et son visage se fermer sur les vestiges de notre plaisir éphémère. Je déglutis avant de secouer la tête. « Tu es encore plus belle qu’avant, c’est pas juste ! » M’exclamai-je en la prenant dans mes bras. Je déposai mes lèvres sur ses joues glacées avant de fermer les yeux, et de m’attarder dans son étreinte. J’avais besoin d’un peu de réconfort. N’importe lequel. J’avais l’air impétueux et jovial, pourtant je ne m’étais jamais senti aussi seul.
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(✰) message posté Lun 12 Jan 2015 - 23:34 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Je fixai mon reflet dans le miroir, notant mes cernes qui se creusaient sous mes yeux. Ces cernes qui se creusaient de manière indélébile. Elles devenaient doucement violettes, au fil de mes insomnies et de mon travail acharné, au fil de ce temps qui passait et de mon quotidien imparfait. Je secouai la tête pour chasser toutes mes pensées parasites, avant de prendre mon anticerne entre mes doigts. Avant de tenter de corriger les imperfections de mon teint, avec application, dans des gestes lents et mesurés. Je n’avais pas l’intention de plaire à qui que ce soit, non. J’étais bien loin de mes désirs de séduction mais je m’accrochais encore à l’illusion du charme que je pouvais avoir lorsque je faisais des efforts, lorsque je le souhaitais. Je m’y accrochais comme si je n’étais pas encore une fleur tout à fait fanée. Comme si j’avais encore des pétales, rares mais présents. Comme si l’hiver n’était pas déjà venu geler mes racines. Comme si j’étais encore vivante. Comme si j'étais encore jeune et belle. Ombre à paupière. Eyeliner. Mascara. Rouge à lèvre. Les produits défilaient entre mes mains et, lorsque mon regard se posa sur mon apparence finale, j’étais persuadée d’avoir presque l’air d’être en forme. Je souris à mon reflet avant de réajuster ma veste passée sur mes épaules ; je fis un pas en arrière pour observer ma tenue et finalement sortir de la salle de bain. J’attrapai mon sac à main et balayai conscientieusement du regard ma chambre pour m’assurer que je n’avais rien oublié. Dans le salon, je me penchai au-dessus du landau de Jasmine ; je lui adressai un sourire avant de lui caresser la joue avec tendresse. J'eus des petits cris allègres en guise de réponse et je sentis doucement mon coeur se réchauffer au fond de ma poitrine. Se réchauffer parce que j'avais l'impression de compter à ses yeux. De compter tout court. Je me redressai, mon regard se posant sur ma petite sœur. « Tu fais attention à elle, n’est-ce pas ? Theodore va passer dans la soirée pour la chercher. » lui lançai-je en me dirigeant vers l’ascenseur privatif de mon appartement. « S’il y a le moindre problème, tu m’appelles. » Blake hocha la tête et je me sentis presque rassurée. Elle l’avait déjà gardé toute l’après-midi, mon tour de garde m’ayant mangé la moitié de ma journée ; cependant, j’étais sans cesse animée par l’angoisse que quelque chose ne se déroule pas comme prévu. Que quelque chose n'aille pas. Je ne m’étais pas attendu à ressentir la situation de cette manière. Je ne m’étais pas attendu à autant me soucier de Jasmine. De l’aimer autant. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, et je pénétrai à l’intérieur. « Je file. Je rentrerai sans doute tard. Bonne soirée, Blake. » Elles se refermèrent à l’instant où ma sœur me répondait ; puis, dans un ronronnement paresseux, je sentis le sol se dérober sous mes pieds et je me retrouvais dans le hall de mon immeuble de beaux quartiers. Le concierge m’adressa un signe de tête et je lui souris en retour. « Bonsoir madame Marshall. Voulez-vous que je vous trouve un taxi ? » Je secouai la tête en me dirigeant vers la sortie. Celui-ci me teint une des deux grandes portes de l’immeuble. « Ne vous dérangez pas, Sergio. je vais me débrouiller. Restez au chaud. » Il m’adressa un sourire. « C'est bien aimable, madame Marshall. » Je lui fis un signe de tête avant de me retrouver à l'extérieur. Avant de me faire entrainer dans le rythme effréné de la ville. Quelque part, je me sentais chez moi, dans ces rues sans cesse en mouvement. Je fis quelques pas avant de me poster sur le bord de la route et héler un taxi ; au bout de quelques minutes, une voiture finit par s’arrêter à ma hauteur et je me glissai sur la banquette arrière. Un coup d’œil à ma montre m’informa que j’étais sans doute bien plus en retard que je ne le pensais ; je revins sur Terre uniquement lorsque le chauffeur s’éclaircit la gorge. Je secouai la tête avant de lui donner l’adresse de mon lieu de rendez-vous avez Julian et, en quelques secondes, il était reparti. En retard. Cela était la seule réelle pensée qui m’habitait lorsque je passai, enfin, la porte du bar. De la musique typique vint chatouiller mes oreilles tandis que je cherchai Julian parmi les clients ; mes yeux se posèrent sur son visage fermé et, le dos droit, je me dirigeai vers sa table. « J’ai presque cru que tu m’avais posé un lapin. » me déclara-t-il et je me mis à rire. Comme si cela avait été possible. J’avais peut-être déjà esquivé des rendez-vous, mais cela ne m’avait jamais effleuré l’esprit d’en faire de même avec lui. « Tu es encore plus belle qu’avant, c’est pas juste ! » Je lui adressai un sourire rayonnant en guise de toute réponse et ses bras se refermèrent autour de moi. Il me serra contre lui avec un désespoir que je compris mal sur le coup ; après un haussement de sourcils, je posai mes mains sur ses épaules en attendant qu’il se sente enclin à me libérer de son emprise. « C’est parce que ma crème antiride fait des miracles. » lui déclarai-je avant de m’écarter doucement. « Mais je ne peux pas en dire de même pour toi. Tu as l’air épuisé. Longue semaine ? » Mes yeux analysèrent son expression et je finis par s’asseoir en face de lui. Je croisai les jambes, conservai le dos droit ; lorsqu’un serveur passa à côté de moi, je commandai un Bloody Mary. J’avais connu Julian dans mes instants les plus noirs, quelque part. Je l’avais connu lorsque je m’étais tant enfoncée dans la détresse que je n’avais pas eu l’impression de pouvoir sortir la tête de l’eau ; il m’avait ouvert la porte vers d’autres possibilités. Il m’avait prouvé, à sa manière, que ma vie pouvait continuer même si mes douleurs paraissaient paralysantes. Et, pour cela, je lui étais reconnaissante. Je ne gardai aucun contact avec les hommes que j’avais connu intimement, mais il avait été le premier à me mettre en confiance et je ne réussissais pas à me résoudre à le rayer de mon existence. Son téléphone vibra, et mes yeux se posèrent sur son écran. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres. « C’est laquelle des Lancaster ? » demandai-je avec douceur. Le serveur revint à notre table et je le remerciai. Je portai mon verre à mes lèvres et en bus plusieurs gorgées avant de le reposer. Puis, mon regard se reporta sur Julian et je continuai de le détailler. Je ne réussissais pas à lire en lui comme dans un livre ouvert ; je parvenais simplement à distinguer de la douleur. Cette douleur si familière.
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(✰) message posté Mar 13 Jan 2015 - 2:39 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” ✻ Les jeux de lumières multicolores nuançaient mes pensées insolites. Je songeais aux actualités du monde, aux oscillations de la bourse, aux dernières parutions littératures, et à mon quotidien monotone. L’écriture était ma vocation, je n’avais aucun doute là-dessus. Mon talent était indéniable, et je me voyais difficilement m’orienter vers une carrière différente – pourtant la presse m’exténuait, mes supérieurs au Times m’insupportaient, et par-dessous tout, je voulais rompre les liens entre ma réussite et l’empire Hermes-Deschanel. Je serrais la mâchoire en buvant mon premier verre d’un coup. L’alcool se répandait dans mon système comme une brûlure légère, bafouait tous mes idéaux déchus. Je souris en secouant la tête au gré des rythmes du celte irlandais. La musique se prêtait parfaitement à l’ambiance de dépravation que j’avais en tête. L’accent grossier du barmaid me charmait comme la flute d’un fakir, et je sortis mon crayon dans la précipitation. Je griffonnai sur la serviette en papier en plissant les yeux ;"Les variances de ma voix transcendaient, impolies … Impolies … Impolies … Folies … Les variations de ma voix transcendaient impolies ; La traitrise, le dépit, très certainement la folie…"Je me mordis la lèvre inférieure en écrasant la mine en plomb contre la table dans un clapotement furibond. Mon âme souffrait d’un mal encore plus grand, que la poésie ne semblait pas combler. Je bataillais contre les beautés fugaces de la langue anglaise avant de quémander une nouvelle boisson. Ma soif était intarissable. Mon cœur était inconsolable. "L’affection ravageuse est un mal… Le supplice de l’âme, le chaos qui donne naissance aux étoiles filantes … Je suis ne suis pas un surhumain si je ne désespère pas …" Je récitais des bouts entiers de la philosophie nihiliste avant de m’incliner de côté. Plus je me laissais aller à la réflexion, et plus je réalisais la profondeur de ma dévotion pour le malheur. J’avais parfois l’impression de rejeter toute forme de satisfaction, parce que j’étais incapable de créer sans douleur. Je déglutis en fourrant mon brouillon dans un poche de mon pantalon, mon crayon quant à lui resta entre mes doigts, ponctuant chacune de mes interprétations. Juste au cas où. Je pris quelques cacahuètes dans un saladier, avant d’activer l’écran de mon iphone. Olivia n’était pas vraiment en retard, j’étais ridiculement en avance.
Elle finit par apparaitre par l’entrebâillement de la porte. Sa chevelure dorée illuminait le passage obscur, et je remarquai les regards malveillants des hommes s’attarder sur sa silhouette gracieuse. J’arquai un sourcil, outré par tant d’indécence. Mais au fond je n’étais pas bien différent. Je me redressai afin d’accueillir sa chaleur délicate. Mon souffle brûlant s’évanouit dans son dos, et je me rendis compte trop tard que je sombrais dans l’excès. Je la laissai s’écarter sans commenter mon écart de conduite. De toute façon elle n'était pas le genre à s'encombrer de futilités. « C’est parce que ma crème antiride fait des miracles. Mais je ne peux pas en dire de même pour toi. Tu as l’air épuisé. Longue semaine ? » Je fis la moue avant de sourire d'un air innocent.« Pas spécialement, ma crème n’est pas aussi efficace que la tienne. » Me moquai-je en l’invitant à s’assoir. Elle s’exécuta avec une élégance presque déconcertante. Son dos était parfaitement droit, et son visage impassible. Je passai une main dans ma chevelure de bronze, en plissant le front avant de balayer la salle du regard. Mon crayon était toujours sur la table. Je louchai des yeux, à l’afflux de nouvelles prouesses fantastiques, mais rien ne me vint sur le coup. Olivia avait certainement raison. Je devais être épuisé. Je n’avais pas dormi depuis des jours. Le sommeil était censé être apaisant, mais le mien était inondé par les rires d’Eugenia et ses expressions charmeuses. C’était horrible de fermer les yeux, et de constater quelques secondes plus tard en les rouvrant qu’elle n’était plus là. Je déglutis, en sirotant un nouveau fond de whisky. Mon téléphone vibra tout à coup, signifiant que ma batterie était à l’agonie. J’aperçu mon fond d’écran ; une ancienne photo de Ginny sur la plage de Cardif et mon coeur se serra à nouveau.
« C’est laquelle des Lancaster ? » La question d’Olivia me surprit. J’écarquillai les yeux en crispant mes mains autour de mon verre. Passé la stupeur, j’arborai le masque de l’indolence. « La plus jolie des deux. » Je souris. « Pourquoi ? Tu les connais ? » M’enquis-je avec subtilité.
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(✰) message posté Mar 13 Jan 2015 - 11:40 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Peut-être n’était-ce pas bien d’être autant attachée à une personne. A un individu de sexe masculin. A une âme brisée parce que, oui, quoi qu’il puisse m’assurer ou me dire, son regard me criait à quel point il pouvait être au bord de la rupture. Peut-être n’était-ce pas recommandé. Peut-être n’avais-je pas le droit de me soucier autant de lui ou de qui que ce soit d’autre. Je m’étais toujours refusé de réellement connaître les personnes avec qui j’avais bien pu partager un moment intime ; j’avais rejeté l’idée de pouvoir tomber amoureuse, de me laisser piéger dans les sentiments involontaires que j’aurais bien pu nourrir pour ces âmes en peine qui ne me jugeaient que de passage dans leur existence. J’avais rejeté l’idée d’avoir mal à nouveau en perdant mes êtres chers, en perdant ce que j’avais. Pourtant, Julian avait toujours été à part ; il avait été celui à, doucement, me montrer la porte menant à l’avenir et je m’y étais engouffrée en lui faisant une confiance aveugle. Cela avait sans doute été rien dans son esprit à lui ; mais, pour moi, cela valait le monde entier. Ma façon de vivre n’était peut-être pas enviable. J’étais une acharnée du travail. Je vivais recluse de tout réel lien avec les autres et je me plaisais dans une solitude pesante. Je me détachai des sentiments pour ne m’adonner qu’aux plaisirs de la chair et qu’aux désirs de mon corps. Mais, au moins, je survivais. Mais, au moins, je continuais d’avancer. Je n’étais pas resté sur le bord de la route. Et c’était grâce à lui. Je savais que, quelque part, Isaac lui était reconnaissant, où qu’il soit. Je le détaillai du regard sans aucune retenue, comme si cela pouvait m’aider à trouver ce qu’il avait réellement ; les seules choses qui me vinrent furent les aspects cliniques de son état. Je pouvais aisément deviner les insomnies qui se cachaient derrière ses yeux perdus et ses cernes creusées. Je pouvais facilement dépeindre une certaine douleur dans son regard vide, une douleur psychologique qui n’atteignait pas encore son corps épuisé. J’optais pour les remarques voilées et un ton détaché mais cela me rendait soucieuse ; je ne parvenais pas à savoir ce qui l’habitait réellement et je n’étais pas persuadée qu’il se finisse par se confier. Et, par-dessus tout, je refusai de commettre l’indécence de poser des questions malvenues pour lui tirer des réponses à mes interrogations muettes. Je n’avais pas d’autres choix que celui d’attendre. D’attendre qu’il se confie par lui-même et de lui-même. « Pas spécialement, ma crème n’est pas aussi efficace que la tienne. » me répliqua-t-il et j’esquissai un sourire. Cela n’était pas la réponse que j’aurais souhaité mais je décidai de m’en contenter. Je buvais distraitement mon cocktail en observant les lieux tout autour de nous ; l’Irlande côtoyait presque Londres entre ces murs. J’étais étrangère à cette culture mais je me tenais de sorte à ne pas paraître hors du dehors et hors du temps. Mes yeux se reposèrent sur Julian, puis sur son téléphone portable. Je reconnus la personne, sur l’écran. Du moins, je reconnus les traits, appartenant à des sœurs d’une famille font j’avais bien pu m’occuper ; si Julian n’était pas enclin à me parler de lui, je pouvais au moins lui parler de son existence dans sa globalité. Il parut surpris par ma question. Il parut surpris que je les connaisse. Puis, il revint sur Terre. « La plus jolie des deux. » me répliqua-t-il et je souris avec amusement. Je visualisai les deux Lancaster dans mon esprit, l’une plus naturelle, l’autre plus soignée, sans parvenir à les dissocier. « Pourquoi ? Tu les connais ? » J’acquiesçai en portant mon verre à mes lèvres ; je le finis en une traite et j’adressai un signe au serveur pour qu’il me rapporte un autre Bloody Mary. Je regardai Julian du coin de l’œil avant de me racler la gorge, presque avec entrain. « Oh, oui, je les connais. » lui lançai-je avec un grand sourire amusé. « L’une d’elle m’a d’ailleurs frappé le jour où on s’est rencontré… Mais étant donné les circonstances, je lui ai pardonné. » Je me rappelais encore de cet après-midi où, Scarlet Lancaster, s’était réveillée dans un lit d’hôpital. Elle avait été désorientée. Elle avait eu peur. Pire que tout, elle s’était inquiétée pour sa sœur, et n’avait pas supporté que je lui demande de rester tranquille. Alors, le coup était parti tout seul et elle s’était enfui dans les couloirs. Elle n’avait pas vu Eugenia, ce jour-là. On revint avec mon verre et on débarrassa celui qui était désormais vide ; je remerciai le serveur et je reportai mon attention sur Julian. « Je les ai rencontré quand j’étais en service. Elles ont été toutes les deux hospitalisée il y a un peu moins de deux ans et elles étaient dans mon service. Depuis, je continue de voir Scarlet. Elle travaille avec ma sœur, d’ailleurs. » J’eus un sourire triste avant de boire une gorgée de mon verre. Je sentais enfin l’alcool réchauffer mon estomac. Cela était presque une sensation agréable, parmi tout le reste. « Mais je parie qu’il s’agit d’Eugenia sur la photo. Des deux, c’est la seule qui porte des lunettes. Et puis… Je t’imagine mal t’entendre avec Scarlet. Où est-ce que la photo a été prise ? » Je me gardais de dire que le cliché datait, puisqu’elle semblait encore avoir l’usage de ses jambes. Je me gardais de dire qu’elle avait bien plus heureuse, bien plus heureuse que lorsque je l’avais rencontré, bien plus heureuse que maintenant. Cela était sans doute le pire aspect de mon métier, quelque part ; au-delà des décès et des personnes qui ne s’en sortaient pas, les survivants connaissaient leurs propres fardeaux. Parce que c’était ainsi. La science et la médecine n’étaient pas parfaites. Elles continuaient de briser des vies en tentant de sauver l’insauvable. Mon esprit s’égara et je revins sur Terre lorsqu’une personne me frôla en passant à mes côtés sans faire attention. Mes yeux se levèrent sur son dos qui s’éloignait déjà et je portai mon regard sur Julian. Il y avait aussi des blessures que la médecine ne pouvait pas soigner. Des blessures que nul ne pouvait apaiser. Des blessures que nous étions les seuls à pouvoir panser.
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(✰) message posté Mar 13 Jan 2015 - 16:36 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” ✻ Mon estomac se crispait en accueillant les flots d’ivresse et d’alcool comme une offrande divine. Je ne voulais pas perdre conscience des faits, mais vaciller dans la détresse m’éloignait de mes souvenirs. Eugenia était partout. Je ne parvenais pas à me dérober de son emprise. Sorcière ! Enchanteresse ! Maléfique ! Elle était toutes ces choses, et plus encore. Je déglutis en baissant les yeux sur mon verre. La couleur ambrée du liquide me narguait presque, soulignant chacune de mes faiblesses avec une ironie effarante. Je grinçai des dents avant de m’abandonner aux bassesses de l’humanité : je ne réfléchissais plus, je buvais seulement. Olivia m’enveloppa d’un regard chaleureux, et je lui souris à la dérobée avant de demander un shot de Téquila. L’ambiance rustique du pub me reconduisait inévitablement en Ecosse, puis au Pays de Gale. Il s’agissait de trois cultures voisines mais différentes, pourtant je ne parvenais pas à dissocier le vrai du faux – mon identité se confondait avec les méandres d’un celte que je ne reconnaissais plus. Les décorations rougeoyantes, les kilts accrochés au mur, les chants barbares, et les mélodies entrainantes, fermentaient mon cœur meurtri. Je le sentais vibrer douloureusement dans ma poitrine, essayant tant bien que mal d’échapper aux tortures du monde. Je soupirai avant de reporter toute mon attention sur le visage charmeur de mon amie. Je l’avais connu lors de la traversée du désert particulière aux gens qui avaient perdu l’être cher. Certes, mes intentions premières avaient été guidées par une attirance mesquine, mais j’avais su à la minute ou sa voix s’était élevée vers le ciel qu’elle n’était pas comme les autres. Je me reconnaissais dans ses acharnements et son désespoir. Je comprenais ses batailles et ses défaites. Et je savais mieux que personne, le prix à payer pour lâcher prise. Elle avait perdu Isaac, de la même manière que j’avais perdu Eugenia après des années de lutte vaine et dérisoire. La mort de l’âme était un supplice paralysant, et je me noyais incessamment dans l’absence. « L’une d’elle m’a d’ailleurs frappé le jour où on s’est rencontré… Mais étant donné les circonstances, je lui ai pardonné. Je les ai rencontré quand j’étais en service. Elles ont été toutes les deux hospitalisée il y a un peu moins de deux ans et elles étaient dans mon service. Depuis, je continue de voir Scarlet. Elle travaille avec ma sœur, d’ailleurs.» Je déglutis avant d’esquisser un rictus à mi-chemin entre la grimace et le sourire du Joker. Je n’étais pas certain de vouloir en savoir plus, pourtant mes yeux pétillaient avides d’informations sur ce soir tragique. Je n’avais que très peu de détails sur le déroulement de l’accident. Je savais que Ginny conduisait et que Scarlet l’avait dévié de sa trajectoire. J’avalai quelques amuse-gueule afin de me donner une certaine contenance ; Je ne savais plus quoi faire de mon corps ou de mon esprit. Je frémis avant de me redresser, le crayon toujours dans les mains. « Scarlet. » Murmurai-je d’un air absent. «Mais je parie qu’il s’agit d’Eugenia sur la photo. Des deux, c’est la seule qui porte des lunettes. Et puis… Je t’imagine mal t’entendre avec Scarlet. Où est-ce que la photo a été prise ?» J’hochai la tête afin de confirmer ses doutes. « Oui, c’est Ginny. » Ma voix se brisa au fond de ma gorge, comme si prononcer les mots m’écorchait les muqueuses. « A Cardiff. Nous avons été au lycée ensemble, c’est … C’était ma meilleure amie … » Un frisson parcouru mon avant-bras. Et comme pour ponctuer mon malheur, les chants lyriques se firent plus puissants. Soudain j’encadrai mon visage entre mes mains avant de pousser une longue plainte. « Parfois c’est dur. C’est vraiment dur. » Je fermais les yeux d’un air religieux. Toutes mes appréhensions semblaient tout à coup prendre forme. « Elle a refusé qu’on me prévienne. Je … On s’est perdu de vue l’année qui a suivi, et depuis c’est de pire en pire. » Avouai-je. « Il semblerait que je l’aie noyé. » Je ris jaune. « Enfin c’est un peu vrai. » Je fronçai les sourcils mal à l’aise avant de m’enfoncer dans mon siège. J’ignorais si j’en disais trop ou pas assez, en tout cas, je savais que tout le long de mon récit je laissais percevoir la profondeur de mes sentiments. Je savais que j’étais toujours en colère. Je savais que je l’aimais encore. Et toujours.
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(✰) message posté Mar 13 Jan 2015 - 17:57 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ J’avais vu les patients défiler. Les opérations se dérouler. Les maladies gagner, parfois, même lorsque l’on ne s’y attendait pas. J’avais vu des personnes entrer et repartir avec un sourire aux lèvres. J’avais vu des personnes entrer et ne jamais ressortir. J’avais entendu de longues plaintes, des hurlements de douleur. J’avais vu la mort en face, également, cette mort qui glaçaient le sens et qui était désignée comme étant le fléau de notre monde. Pourtant, je n’avais jamais remis en question ma vocation. Je n’avais jamais regretté d’être infirmière et, ce, même si cela signifiait que je ne pouvais pas sauver tout le monde. Et, ce, même lorsque j’avais été aux services de l’armée. Même lorsque l’on m’avait mis dans les postes de secours à risque. Même lorsque l’on m’avait assigné des patients que rien, ni même la foi, ne pouvait sauver. Je déglutis avec difficulté en observant le contenu de mon verre. Je fronçai les sourcils, les images de mes souvenirs s’encrant à ma vision troublée par l’alcool qui se répandait dans mes veines. Je disais ne pas regretter, n’avoir aucun remords. Pourtant, je savais que je niais une partie de mon existence, une face de ce que j’étais ; j’avais conscience que je n’étais plus la même. La nuit, j’avais peur. Souvent, tout le temps. Le soir, je tressaillais au moindre mouvement. Mon expérience me chuchotait que je vivais en état de stress post-traumatique mais ma fierté refusait d’admettre que je puisse ne pas aller bien. Après tout, j’avais passé mon existence à sourire. Peu de personnes savaient quelle était mon histoire. Peu de personnes avaient conscience de toute ce que j’avais vécu. Et, au fond de mon être, je désirais que cela demeure ainsi. Cela était plus facile pour moi. Mais, surtout, cela était plus facile pour les autres. Ignorer la douleur de son entourage était toujours une voie de facilité déconcertante. Je reportai mon attention sur Julian, répondant à sa question avec bonne humeur, comme si je ne manquais pas de sommeil, comme si je n’étais pas épuisée. J’acceptais de mettre mon malheur de côté pour me focaliser sur lui, ce soir ; j’étais partagée entre la satisfaction de le revoir et la confusion qui m’envahissait lorsque j’avais compris qu’il n’allait pas bien. Dans mon esprit, Julian était un homme fort. Un homme qui montre la voie, qui sait ce qu’il fait et où est-ce qu’il va. Mais, au fond, même les plus forts d’entre nous avaient le droit d’être faibles dans leurs instants les plus sombres. « Oui, c’est Ginny. » confirma-t-il et j’hochai la tête, satisfaite, d’une certaine manière, de ne pas être trompée. Il reprit, la voix cassée, le dos vouté. « A Cardiff. Nous avons été au lycée ensemble, c’est… C’était ma meilleure amie… » Je fronçai imperceptiblement les sourcils tandis qu’il semblait lâcher prise. Il encadra son visage de ses mains et je le regardai dans les yeux. Je devinai la détresse qui l’animait. Je devinais la douleur qui l’envahissait. Pourtant, j’avais encore du mal à saisir l’essence même de la cause de son état. « Parfois c’est dur. C’est vraiment dur. » poursuivit-il et je ne pus qu’hocher la tête. Je ne connaissais rien de la paraplégie, au fond ; j’avais simplement assisté à différents cas au cours de mon existence. Cependant, j’avais suffisamment vu pour deviner qu’il s’agissait d’une étape difficile. J’avais suffisamment vu pour comprendre que rien ne soit facile. « Elle a refusé qu’on me prévienne. Je… On s’est perdu de vue l’année qui a suivi, et depuis c’est de pire en pire. » poursuivit-il. Ses yeux étaient fermés, comme s’il était fatigué par tout cela. Et, à vrai dire, j’étais persuadée que cela était le cas : il était fatigué. « Il semblerait que je l’aie noyé. Enfin c’est un peu vrai. » Je demeurais perplexe en entendant sa dernière confession et je l’observai s’enfoncer dans son siège. Je restai silencieuse. Sans doute pour mettre de l’ordre dans mes idées. Sans doute pour tenter de comprendre. Mais, au fond, j’avais la sensation que tout était bien plus complexe que Julian ne me le laissait percevoir. Je sentais la rancune dans ses paroles. La tristesse, également, pour tout ce qui avait dû se produire. Il y avait également de la colère. Et, par-dessus tout, de la passion. Une passion qui devait le pousser aux retranchements les plus extrêmes. Je m’éclaircis la gorge avant de boire l’intégralité de mon verre. En le reposant sur la table, j’esquissai un sourire en coin. « Je pense que je perdrais mon temps si je te disais c’est vraiment mal d’avoir fait ça, Julian, n’est-ce pas ? » demandai-je, légèrement amusée. Au-delà de me révolter, ses gestes me peinaient. Ils me peinaient parce qu’ils témoignaient de sa détresse. Ils témoignaient de l’ampleur de sa douleur. Personne ne parvenait à réfléchir correctement lorsqu’il avait mal. J’étais la première à le savoir. « Tu l’aimais… Ou tu l’aimes encore. Peu importe, ça ne change rien pour ce que je veux te dire. » poursuivis-je avant de prendre une profonde inspiration. Je me penchai au-dessus de la table afin de le regarder dans les yeux. « Tu es en colère contre elle, chose que je peux comprendre. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je suis presque sûre que cela a un rapport avec ce qui lui est arrivé. Je ne la défendrais pas. Cependant, je veux que tu saches qu’Eugenia Lancaster fait partie de cette minorité de personnes qui préfèrent être seuls dans leur malheur plutôt que d’entrainer les autres dans leur chute. Je ne sais pas si ce comportement est noble ou complètement idiot, mais elle n’est pas la première à avoir agi de la sorte et ne sera sans doute pas la dernière. » expliquai-je avant de pousser un soupir. « Sa situation était très délicate. Les médecins se sont mêmes demandés comment elle avait bien pu faire pour survivre. » Le silence s’abattit sur nous. Le serveur vint chercher nos verres vides et je lui commandai six shot de tequila paf ; trois pour lui, trois pour moi. Il m’observa avec un sourire presque pervers ; je le renvoyai d’un simple geste de la main, ne portant même plus mon attention sur lui. « Quand tu dis que c’est vraiment dur, c’est par rapport à ça ? Par rapport à son handicap ? » m’enquis-je doucement. Je n’avais pas prévu de m’improviser psychologue ; cependant, je savais que cela était nécessaire. Je savais que Julian avait besoin de quelqu’un pour l’écouter. Quelqu’un pour le secouer, peut-être. Quelqu’un pour lui montrer le chemin. Pour faire ce qu’il avait fait avec moi des années auparavant.
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(✰) message posté Jeu 15 Jan 2015 - 20:36 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” ✻ Mon visage était en fusion, malmené par mes expressions changeantes et mon humeur tantôt maussade, tantôt excentrique. J’étais à la fois triste et libérée, sage et passionné. Au fond, je n’avais plus aucune retenue dans mon quotidien. Je pouvais fumer jusqu’à l’étourdissement, boire et atteindre les landes de l’ignorance. Je pouvais écrire et marmonner comme un fou furieux avant de caresser l’absolution du bout des doigts. Mon esprit fermentait chacune de mes divagations. Ce n’était pas la folie, mais la création d’un monde meilleur, un monde où la magnificence et les concepts du surhumain étaient possibles. Il est temps que l’homme se fixe à lui-même son but. Il est temps que l’homme plante le germe de sa plus haute espérance. Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Mon étoile ne pouvait plus danser, mais elle brillait de mille feux – aussi resplendissante et enivrante que jamais. Lior saurait la combler de manière inépuisable, tandis que je resterais éternellement prisonnier de mes déceptions. Je ne tarissais pas d’éloges à son sujet, car malgré une légère pointe de rancœur, je savais reconnaitre mes choix et mes sacrifices. Je savais prendre part au jeu, et tirer ma révérence avec noblesse. Les apparences, encore et toujours. Mes mains se crispèrent autour de mon verre, et je me jurais que mes personnages ne connaitraient jamais l’illusion éphémère. Ils se ploieraient avant de se dresser contre les calomnies du destin. Il y’ avait une bête féroce en chacun de nous, et si la mienne avait pu bouffer toutes mes valeurs, je voulais prouver à mes lecteurs que la salvation était encore possible.
Olivia restait imperturbable sur son siège. Sa stature princière, et la délicatesse de ses traits me ramenait doucement à la réalité. Je lui souris d’un air évasif avant de me requinquer. Mes yeux pétillaient d’une étincelle étrange, à mi-chemin entre la tristesse du cœur meurtri et l’insouciance de l’individu aliéné. Je fis la moue en faisant pivoter mon whisky sur la table. «Je pense que je perdrais mon temps si je te disais c’est vraiment mal d’avoir fait ça, Julian, n’est-ce pas ?» J’haussais les épaules avec désinvolture, comme un enfant que l’on réprimandait, puis d’un air passif je levai les yeux au ciel. « J’étais très en colère contre elle. » Marmonnai-je avec douceur. « Elle répétait de la lâcher, alors je l’ai fait. Avec le recul, je pense que ma réaction n’aurait pas changé. Je ne suis pas désolé d’être moi-même. » Ma voix était profonde, nuancée par mes émotions à l’agonie. Je n’avais plus aucune chance de la retrouver de toute façon. Eugenia s’était perdue dans un chemin que je me refusais de suivre. « Imake it easier for people to leave by making them hate me a little. » Récitai-je en citant Cecilia Ahern. Je laissai mes yeux explorer le folklore celtique, tout en écoutant mon amie. De toute façon, ce n’était pas le genre de femme que l’on pouvait ignorer impunément. Au-delà de sa beauté parfaite, et de son charme particulier, elle s’imposait par sa douceur et sa clairvoyance. C’était un peu contradictoire, mais c’était sa discrétion, qui la rendait si attrayante. «Tu l’aimais… Ou tu l’aimes encore. Peu importe, ça ne change rien pour ce que je veux te dire.» Je déglutis avec difficulté. Je l’aimais. Je l’aime encore. Ces mots raisonnaient en moi comme une sérénade hypnotisante. «Tu es en colère contre elle, chose que je peux comprendre. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je suis presque sûre que cela a un rapport avec ce qui lui est arrivé. Je ne la défendrais pas. Cependant, je veux que tu saches qu’Eugenia Lancaster fait partie de cette minorité de personnes qui préfèrent être seuls dans leur malheur plutôt que d’entrainer les autres dans leur chute. Je ne sais pas si ce comportement est noble ou complètement idiot, mais elle n’est pas la première à avoir agi de la sorte et ne sera sans doute pas la dernière. Sa situation était très délicate. Les médecins se sont mêmes demandés comment elle avait bien pu faire pour survivre. » Me confia-t-elle. Je me penchai le trouble dans l’âme, Eugenia avait failli mourir tandis que je me murais dans mes désillusions amoureuses. La vie était si futile. Mes réactions étaient si futiles. Et pourtant malgré ces grandes révélations, je ne pouvais empêcher ma colère de gronder comme un tonnerre effrayant. Les paroles d’Olivia animaient mon brasier jamais éteint. Comment survivre aux flammes dévorantes de l’enfer ? Je recherchais le contact de mon crayon ou de sa mine en plomb afin de me créer une illusion de puissance. Le silence pesant s’abattait sur l’atmosphère joviale du bar, et je poussai une longe lamentation lorsque le serveur déposa les shots de téquila. Je me jetai presque sur l’alcool afin de calmer mes ardeurs. Je ne voulais pas me lancer dans une démonstration de violence en face d’une personne que je respectais autant. Mon cœur se perdait dans ses battements avant de se figer en suspens dans ma poitrine. «Quand tu dis que c’est vraiment dur, c’est par rapport à ça ? Par rapport à son handicap ?» Je secouai frénétiquement la tête en suçant une lamelle de citron. « Je n’aime pas ce mot. Elle n’est pas … Eugenia Lancaster est une idiote. » Grommelai-je afin d’échapper à l’emprise du désespoir. « C’est dur de ne jamais être là quand elle a besoin de moi, ou de réaliser qu’elle n’a jamais besoin de moi. Elle a sans doute voulu me préserver, mais je voulais la protéger avec la même ferveur. » Je souris avec chagrin. « Je manie les mots tous les jours, je dois trier mes expressions sur le volet pour espérer paraitre en première page du times, mais il y’ a des mystères du langage que je n’arrive pas à élucider comme mon incapacité à la définir en fonction de son état de santé, ou mon incapacité à lui dire tout simplement que je l’aimerais toujours. » Je tapai du pied avec nervosité. « Je ne suis pas un martyre, Oli. Je vais bien. Je sors avec des filles, et je m’y attache. Mon problème c’est que ça ne dure jamais. Ce n’est jamais assez. »
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(✰) message posté Ven 16 Jan 2015 - 21:54 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ La douleur. La douleur était une notion relative. Une notion que chacun comprenait à sa manière. Que chacun ressentait à sa façon. Une notion nébuleuse. Une notion perdue parmi tant d’autres. Personne ne pouvait réellement prétendre comprendre la souffrance des autres ; l’imaginer n’était qu’une pauvre vision d’une réalité bien plus saisissante, la comparer aux siennes était une perte de temps. Une perte de temps parce que l’être humain était façonné pour oublier ses peines. Nous pensions nous souvenir de nos douleurs et de nos désillusions, mais il n’en était rien ; dès lors que nous apprenions à vivre avec, elles ne devenaient que de vagues cicatrices sur nos corps, attachées à nos êtres pour en guise de rappel de ce que nous étions. Personne ne pouvait se souvenir de ce qu’il avait réellement endurer. La nuance était subtile. La nuance se basait sur le fait qu’il savait qu’il avait énormément souffert ; cependant, jamais, au grand jamais, il ne pouvait se remémorer à quel point sa peine avait été vaste. C’était ainsi. Je me souvenais avoir souffert au-delà de l’entendement lorsque j’avais compris qu’il était trop tard pour sauver mon mari. Cependant, même si j’avais toujours la sensation de porter la douleur de sa perte avec moi chaque jour, j’étais bien loin de me rappeler à quel point son décès avait été déchirant. C’était pour cela, principalement, que personne n’avait le droit de clamer comprendre la douleur d’un individu lorsqu’il était à son paroxysme ; il pouvait simplement compatir et l’aider à aller de l’avant, l’aider à rester debout. Cela était difficile, en tant qu’infirmière, de cohabiter sans cesse avec les souffrances d’individus. J’avais beau avoir vu des personnes souffrir chaque jour depuis des années, je n’avais jamais osé prétendre connaître l’ampleur de leurs maux. Mais, pire encore, cela était plus difficile lorsque j’agissais en tant qu’amie plutôt que soignante. Je ne pouvais plus me permettre d’être détachée. Je ne pouvais plus me permettre de m’envelopper dans une bulle pour me préserver. C’était mon devoir, quelque part. Mon devoir d’être là pour les soutenir et compatir, même si j’étais incapable de devenir l’ampleur des dégâts infligés à leurs êtres. « J’étais très en colère contre elle. Elle répétait de la lâcher, alors je l’ai fait. Avec le recul, je pense que ma réaction n’aurait pas changé. Je ne suis pas désolé d’être moi-même. » me déclara-t-il, d’un ton sans appel. « I make it easier for people to leave by making them hate me a little. » Je secouai la tête avant de pousser un profond soupir ; je ne souhaitais pas m’éterniser sur le sujet et, surtout, débattre avec lui à propos de principes dont il refuserait sans doute de s’en démordre. Je ne pouvais pas prétendre être meilleure que lui. Nous étions tous aussi damnés les uns que les autres ; chacun à notre manière, chacun à notre façon. L’être humain était l’essence même de la calamité éternelle. « J’espère quand même qu’elle n’a pas eu de séquelles. » marmonnai-je avec douceur. « Je ne te juge pas. Mais, en tant qu’infirmière... Il est de mon devoir de te dire certaines choses. Tu aurais pu la tuer. Elle est beaucoup plus fragile qu’elle ne l’était avant. Je ne te demande pas de renier ce que tu es ou peu importe quelle est ton explication sur tes actions, mais s’il te plait, réfléchis avant d’agir. Peu importe la colère que tu ressens, lorsque tu es en présence d’une personne vulnérable, tu dois faire preuve d’une certaine responsabilité. » Je lui adressai l’esquisse d’un sourire, le regard voilé par une certaine tristesse ; mon ton était calme et posé. Mon ton était à des kilomètres d’être moralisateur. « Crois-moi. J’ai déjà rêvé une centaine de fois de noyer certains de mes patients. Ne me pense pas au-dessus des autres. » J’eus un petit rire que je gardais pour moi-même. Au fond de moi, j’espérais. J’espérais qu’il comprenne que je ne le jugeais pas. J’espérais qu’il comprenne que chacun de mes mots était motivé par notre amitié et non pas par un quelconque désir de lui faire la morale. Les mots qui s’échappèrent de mes lèvres par la suite furent choisi avec soin ; j’observai Julian se précipiter sur les shots de tequila paf qui nous furent amenés et je sentis un poids prendre place dans ma poitrine. Je pouvais presque lire la folie dans son regard perdu et hagard. Je pouvais presque sentir sa détresse du bout de mes doigts. Et j’étais démunie. Je le savais. Personne ne pouvait comprendre une douleur étrangère. Personne, et pas même moi. « Je n’aime pas ce mot. Elle n’est pas… Eugenia Lancaster est une idiote. » me grommela-t-il et, d’un mouvement, je posai ma main sur son deuxième verre de shot de tequila pour qu’il lève les yeux vers moi. Mon regard était impénétrable et sérieux. Mais j’avais souvent entendu dire que je n’avais jamais eu d’yeux autrement que froids. « Elle est handicapée. Que tu aimes ce mot ou non. » lui dis-je. Je n’avais pas cherché à le prendre avec des pincettes. J’avais manqué de tact à dessein pour qu’il admette certaines choses dans son propre esprit. Pour qu’il cesse de faire du surplace dans toute sa douleur sourde et pesante. « C’est dur de ne jamais être là quand elle a besoin de moi, ou de réaliser qu’elle n’a jamais besoin de moi. Elle a sans doute voulu me préserver, mais je voulais la protéger avec la même ferveur. Je manie les mots tous les jours, je dois trier mes expressions sur le volet pour espérer paraitre en première page du Times, mais il y a des mystères du langage que je n’arrive pas à élucider comme mon incapacité à la définir en fonction de son état de santé, ou mon incapacité à lui dire tout simplement que je l’aimerais toujours. » poursuivit-il. Il était nerveux. Nerveux au point de me rendre nerveuse, moi aussi. « Je ne suis pas un martyre, Oli. Je vais bien. Je sors avec des filles, et je m’y attache. Mon problème c’est que ça ne dure jamais. Ce n’est jamais assez. » Je retirai ma main de son verre et mes doigts cherchèrent les siens pour les serrer avec douceur. Je secouai la tête avec délicatesse. Ma gorge se serra. Je dus me racler la gorge à plusieurs reprises avant de pouvoir émettre le moindre son. « La vérité, Julian, c’est que rien ne sera jamais assez. » Plus rien. C’était ainsi. Cela serait toujours ainsi. J’avais passé cinq ans à faire un deuil qui continuait de me coller à la peau ; et, en ces cinq ans, je n’avais jamais trouvé d’homme à la hauteur de celui qui n’avait fait qu’un avec mon âme. Je m’éclaircis la gorge une nouvelle fois afin de revenir sur Terre ; doucement, mes doigts lâchèrent leur prise sur les siens et j’avalais un shot de tequila paf. Je m’appliquai à manger le citron avant de m’autoriser à prendre de nouveau la parole. « Je sais que tu n’es pas un martyr. Tout comme je sais que cela ne t’empêches pas de beaucoup trop souffrir. » murmurai-je. « Une personne très avisée m’a dit, un jour, lorsque la perte d’un être cher m’avait presque rendu folle, que personne ne méritait d’avoir aussi mal sur cette Terre. Je pense que cela te concerne toi aussi. » Une allusion voilée. Cela était ce à quoi j’étais rendue presque malgré moi ; je faisais référence à ce jour où nous nous étions rencontrés. A ce jour où il m’avait poussé à cesser d’avoir mal pour voir ce qui m’attendait encore à l’extérieur de mes peines. « Mais je trouve que tu te poses beaucoup trop de questions et que tu perds du temps à être en colère. Tu n’imagines pas à quel point tu peux avoir de la chance qu’elle soit tout simplement… Vivante. » Je lui adressai un sourire avant de boire mon deuxième shot de tequila. Puis mon troisième, sentant ma tête commencer à légèrement me tourner. Eugenia était encore vivante. Isaac, lui, était dans son cercueil. Six pieds sous Terre.
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(✰) message posté Ven 23 Jan 2015 - 23:38 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” ✻ Je m’égarais dans ma colère sans jamais retrouver le chemin du répit. Ma douleur était plus vaste que mes ambitions, que mon amour, ou que toutes ces choses que j’avais bien pu ressentir auparavant. Il me semblait qu’on m’avait retiré mon souffle de vie ; j’étais réduit en cendres. J’étais englouti par l’abysse et le néant. La voix gémissante d’Eugenia semblait raisonner en écho dans ma conscience, enveloppant mes confessions intimes avec toute la cruauté du silence. J’étais démuni dans un monde hostile et étranger. Je tentais de garder un semblant de dignité, mais j’avais l’impression d’entendre le fond de sa boite vocale à nouveau. Elle n’avait pas répondu à mes appels à l’aide. Elle ne répondrait certainement plus jamais. Je serrais mon crayon avec désespoir comme s’il pouvait panser toutes mes blessures, mais mes pensées restaient en suspens dans ma gorge. Je ne parvenais à en écrire que la moitié. Chaque murmure du vent, chaque crépitement de semelle dans ce bar pourri me propulsait dans une dimension parallèle. "Vouloir le vrai, c'est s'avouer impuissant à le créer". J’étais impuissant face à la fatalité, face à Eugenia et face au destin. Je soupirais en croisant le visage flegmatique d’Olivia ; elle était si belle – même lorsqu’elle était soucieuse ou pensive. Je lui souris d’un air contenu avant de me cramponner aux rebords de la table. «J’espère quand même qu’elle n’a pas eu de séquelles. Je ne te juge pas. Mais, en tant qu’infirmière... Il est de mon devoir de te dire certaines choses. Tu aurais pu la tuer. Elle est beaucoup plus fragile qu’elle ne l’était avant. Je ne te demande pas de renier ce que tu es ou peu importe quelle est ton explication sur tes actions, mais s’il te plait, réfléchis avant d’agir. Peu importe la colère que tu ressens, lorsque tu es en présence d’une personne vulnérable, tu dois faire preuve d’une certaine responsabilité.» Elle esquissa l’ombre d’un sourire avant de conclure avec un calme presque impériale. «Crois-moi. J’ai déjà rêvé une centaine de fois de noyer certains de mes patients. Ne me pense pas au-dessus des autres. Ses mots s’entrechoquaient contre ma vanité. Je savais qu’elle n’avait aucun préjugé concernant mes erreurs ou mes fautes, mais je ne pouvais retenir ma rage de gronder avec tragédie. Au fond, mon amour pour Eugenia était à l’image de ma personnalité ; fulgurant, explosif et torturé. Je me tortillais sur place, donnant du coude dans le vide, comme si une présence invisible tentait de me pousser vers la folie. « Je ... » Ma voix se brisa dans ma gorge. Ma langue engourdie s’écrasa contre mon palais avec amertume ; je n’avais tout à coup plus aucune éloquence, plus aucune prestance. « Je veux boire. » Marmonnai-je en noyant mon chagrin dans un verre de d’alcool.
Je vivais le deuil d’une personne qui était toujours en vie. Les nuances de gris voilaient mon regard meurtri mais je ne parvenais toujours pas à réaliser son absence. J’avais envie de pleurer avec la même hargne et la même passion que le jour de l’enterrement d’Aïda. Je voulais fixer mon visage sur son cercueil et lui dire à Dieu, tout en sachant pertinemment qu’elle continuerait de me hanter pour l’éternité. Les lumières traversaient l’écume de la mer avant de s’éteindre subitement ; tandis que je me brisais dans la honte. Olivia posa sa main sur mon verre afin de me tirer de ma torpeur. Je lui adressai un sourire voilé par la tristesse avant de cligner des yeux avec difficulté. J’étais prisonnier d’un état de semi-éveil dans un univers sombre et austère. Si l’ange de la mort existait réellement, je le défiais d’apparaitre tout de suite. «Elle est handicapée. Que tu aimes ce mot ou non. » Je secouai lentement la tête, refusant d’assimiler cette réalité. « Non. Olivia s’il te plait, ne me pousse pas à bout. Non ! » Implorai-je la voix enraillée par le désespoir. Ginny n’était pas handicapée. Je ne le voyais pas comme une infirme. Je ne remarquais même pas son fauteuil. Pour moi, dans mon imagination, il s’agissait de ma meilleure amie désabusée. Il s’agissait de la fille qui m’avait brisé le cœur, celle qui m’avait rejeté comme tous les autres. «La vérité, Julian, c’est que rien ne sera jamais assez. » Elle pressa ses doigts délicats comme ma main tremblante ; et je fus tenter de balayer le vent d’un geste agressif. Mes réactions étaient complètement aléatoires ; elles ne dépendaient plus de ma volonté mais de ma lassitude. Ma mâchoire se crispa, dévoilant mon profond dégout. Je me détachai de sa prise afin d’éloigner mon verre et mes désillusions. Je me refrognais dans mon siège avant de lever les yeux vers le ciel. Je connaissais les douleurs de la jeune femme et les obstacles qu’elle avait dû traverser pour se dresser contre l’adversité, mais le courage me manquait. Eugenia, me manquait.
Olivia suça une lamelle de citron avant de reporter toute son attention sur moi. Je fronçai les sourcils peu convaincu par ses interventions; en effet, elle ne faisait que me rendre plus vulnérable. « Je sais que tu n’es pas un martyr. Tout comme je sais que cela ne t’empêches pas de beaucoup trop souffrir. Une personne très avisée m’a dit, un jour, lorsque la perte d’un être cher m’avait presque rendu folle, que personne ne méritait d’avoir aussi mal sur cette Terre. Je pense que cela te concerne toi aussi. » Je souris avec désinvolture tout en me penchant par-dessus-la table. « Très subtile, Olivia. » La complimentai-je en chuchotant à peine. « Mais je ne pense pas que ce soit comparable. Déjà cette phrase était plus cool quand je l’ai prononcé … » Raillai-je doucement. « Et… Je suis fatigué. J’ai mal au cœur. Je ne supporte plus de respirer. C’est trop me demander. » Je courbai la bouche avant de lever les bras en signe de paix. Je ne voulais plus succomber à la bassesse de mon sentiment, mais le démon rugissait inlassablement dans ma tête. Comment le faire taire ? « Mais je trouve que tu te poses beaucoup trop de questions et que tu perds du temps à être en colère. Tu n’imagines pas à quel point tu peux avoir de la chance qu’elle soit tout simplement… Vivante. » Je retins mon souffle en imaginant le pire. Eugenia était vivante, mais elle n’était plus la même. Je plaquai ma main contre me menton, signalant ma profonde réflexion. « Ce que je vais te dire va peut-être sembler égoïste voir complètement inapproprié mais j’essaie de saisir ton point de vue. » Je marquai un long silence. « Hypothétiquement ; à quoi ça m’avance qu’elle soit vivante, si elle ne fait plus partie de ma vie ? Es-tu entrain de suggérer que je me batte contre ses chances de vivre une existence limpide et tranquille ? Faudrait-il que je lui impose mes sautes d’humeur et mon agressivité involontaire ? Tout cela bien sûr en admettant que dans un élan de folie, elle accepte de plaquer son charmant petit ami pour moi. » Je fis la moue. « Ce n’est pas possible. » Finis-je par trancher en reprenant ma place.
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(✰) message posté Sam 24 Jan 2015 - 13:53 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Je le voyais perdre le fil. Je le voyais se murer dans ses faiblesses et ses douleurs sans chercher à aller de l’avant, sans chercher à rassembler son courage pour avancer. A vrai dire, j’avais la sensation qu’il se laissait délibérément couler. Qu’il avait cessé de tenter de maintenir sa tête hors de l’eau ; il attendait, avec une résolution à glacer le sang, la fin. Sa fin. Sa fin à lui. Sa fin comme s’il n’y avait plus rien pour lui dans le futur. Comme s’il n’avait plus d’avenir. Comme si c’était tout. Terminé. Il était un livre qui se terminait en plein milieu d’une phrase. J’avais envie de le secouer, au fond. J’avais envie de poser mes mains sur ses épaules pour tenter, en vain sans aucun doute, de le faire revenir sur Terre. Il faisait partie de ces personnes qui ne désiraient pas être sauvées. Le cœur qu’il mettait à se détruire était affolant ; cela était comme s’il avait planifié à dessein une vie entière de souffrances. Il me rappelait bien trop l’état dans lequel j’avais moi-même été il y a cinq ans ; à cette simple pensée, mon cœur se serra, et je le vis plonger son nez dans l’alcool pour couper court à tous nos débats. Il ne supportait pas mes paroles. Je ne savais pas si cela était parce qu’elle l’énervait ou parce qu’il savait qu’elles étaient justes ; cela était sans doute un peu des deux et, avec l’ébauche d’un sourire, je secouai la tête. Je refusai de le voir abandonner si facilement. Je refusai de le laisser sur le bord de la route. Il avait été le première à réussir à me pousser vers le futur ; je devais être la première à l’attraper avant qu’il ne se noie dans ses rancœurs. Pourtant, quelque part, cela me semblait presque impossible, improbable. Sauver une personne qui ne désiraient pas être tirée d’affaire se révélait être un combat perdu d’avance. S’occuper d’une personne qui désirait être seule se révélait être dangereux. Pourtant, n’était-ce pas ce à quoi j’avais dédié ma vie ? Aider les autres, peu importe ce que l’on me disait, peu importe ce qu’ils voulaient ? Julian me connaissait. Il savait que j’étais une acharnée. Il savait que j’étais inébranlable. Pourtant, quelque part, il continuait de lutter, presque avec autant de vigueur qu’il acceptait de se laisser ronger par ses douleurs. « Non. Olivia s’il te plait, ne me pousse pas à bout. Non ! » protesta-t-il. Je le fixai, les bras croisés sur ma poitrine. Ma mâchoire se serra lorsque je détaillai la folie qui habitait son regard. Je n’aurais jamais cru possible qu’il puisse se laisser aller de cette manière. Mais, au fond, cela n’était qu’une preuve supplémentaire concernant ce que je savais déjà. L’être humain n’était pas fait pour résister à la douleur. Il ne l’avait jamais été. Il ne le serait probablement jamais. « Qu’est-ce que tu me feras si je te pousse à bout ? » lui demandai-je directement. « Tu sais très bien que je n’ai pas peur. Elle est handicapée… Et tu es en plein déni. C’est une des phrases du deuil, d’ailleurs. Tu fais le deuil de ses jambes, ou de votre passé commun, ou d’un tas de choses liées à ce que vous avez vécu. La prochaine étape était censée être la colère, mais j’imagine que tu es en plein dedans également. » Mon ton était calme. Toujours aussi calme. Je savais que cela avait le don d’énerver certaines personnes ; je n’avais pas compté le nombre de fois où ma grande sœur, Katherine, avait eu envie de me gifler face à mon calme inébranlable. Elle n’avait pas compris. Elle n’avait pas compris que je ressentais la colère comme tous les autres, que je ressentais des émotions comme tout le monde. Elle n’avait pas compris que j’étais simplement douée pour prendre le dessus. Elle n’avait pas compris que je préférais être au-dessus des ravages de mon cœur. Les shots de tequila commençaient doucement à me faire perdre le fil de mes pensées. Au fond, j’avais été habituée à boire ; j’avais bien souvent passé des soirées en compagnie de mon mari et de ses amis de l’armée où l’alcool avait coulé à flot. Ils avaient toujours été résistants. Mon corps, lui, avait dû s’habituer pour suivre leur cadence. J’observai Julian en continuant de parler ; je ne savais pas quelles étaient les paroles qui m’étaient autorisées mais je n’avais aucun filtre dans ce que je pouvais bien lui confier. Lorsque je lui rappelais des paroles qu’il avait prononcées à mon égard il y avait des années de cela, il sourit avec impertinence en se penchant au-dessus de la table. « Très subtile, Olivia. Mais je ne pense pas que ce soit comparable. Déjà cette phrase était plus cool quand je l’ai prononcé… » me déclara-t-il. J’esquissai un sourire à mon tour. « Bien entendu. Désolée de n’être qu’une pauvre infirmière, je n’ai jamais eu la fibre littéraire. Sauf pour les lettres. » déclarai-je avec légerté avant qu’il ne reprenne. « Et… Je suis fatigué. J’ai mal au cœur. Je ne supporte plus de respirer. C’est trop me demander. » Il leva les bras. Je l’observai avant de pousser un soupir. Cela confirmait ce que je pensais ; il se laissait couler. J’avais envie de lui dire que personne ne supportait de respirer. Que personne n’était réellement heureux. Mais je me gardai de lui avancer ; je savais que cela aurait sans doute été comme parler à un mur. Comme m’adresser au vide. Julian ne voulait pas voir les lueurs d’espoir. Il se confinait dans ses ténèbres avec une passion qui me révulsait presque. « Ce que je vais te dire va peut-être sembler égoïste voire complètement inapproprié mais j’essaie de saisir ton point de vue. » finit-il par dire en réagissant à mes paroles. « Hypothétiquement, à quoi ça m’avance qu’elle soit vivante, si elle ne fait plus partie de ma vie ? Es-tu entrain de suggérer que je me batte contre ses chances de vivre une existence limpide et tranquille ? Faudrait-il que je lui impose mes sautes d’humeur et mon agressivité involontaire ? Tout cela bien sûr en admettant que dans un élan de folie, elle accepte de plaquer son charmant petit ami pour moi. Ce n’est pas possible. » Je demeurai songeuse à ses paroles, laissant le silence s’installer. Mon regard se perdit dans le pub ; j’observai les différentes personnes présentes. Il y avait les hommes seuls qui buvaient parce que cela était sans doute la seule chose qui leur restait ; je pouvais entrapercevoir des couples aux traits tirés, fatigués, sans doute, par cette relation qui usait les deux partis. Je vis, également, des personnes amoureuses, heureuses. Ou, du moins, qui croyaient l’être. Au fond, le bonheur n’existait pas. Ce n’était qu’un objectif fictif que l’humain s’était donné pour avoir une motivation de vivre. « Ça t’avance parce que tu n’as pas à vivre avec la culpabilité de te dire que tu lui as survécu. » marmonnai-je avant de reporter mon attention sur lui. « Arrête de te poser des questions. Tu t’enfermes dans une bulle de douleurs qui ne te mènera absolument nulle part. Elle a refusé de te prévenir, et alors ? Maintenant que tu es au courant, est-ce qu’elle t’a fui de nouveau ? Non, je ne pense pas. Parce que les personnes comme Eugenia Lancaster ne fonctionnent pas comme cela. Elle était juste effrayée de te dire la vérité, de voir la vérité en face, d’admettre qu’elle puisse avoir besoin des autres jusqu’à la fin de ses jours. Tu sais ce qu’elle a voulu faire, les premiers jours ? Se lever. Marcher pour aller jusqu’aux toilettes toute seule. Lorsqu’elle est tombée, elle a refusé qu’on la porte parce qu’elle ne voulait pas d’aide. Elle a été dans le déni et en colère, elle aussi. Elle a fait exactement comme toi : elle s’est persuadée qu’en cessant de respirer tout serait plus facile. Mais c’est complètement faux. » Mon ton était sans doute trop dur. Quelque part, j’avais vu tant souffrir autour de moi ; j’entendais encore les lamentations de mon mari en plein délire, quelques heures avant sa fin. Je ne parvenais pas à admettre que les personnes en pleine santé puissent perdre leur courage avec leurs rancunes. « Parce que si c’était plus facile, cela aurait fait bien longtemps que je serais morte. » Je marquai un arrêt avant d’observer le fond de mon verre vide. « Mais de toutes manières tu es résolu à rester malheureux, n’est-ce pas ? Quoi que je te dise ou quoi que je te fasse comprendre. C’est ton choix, tant pis. Mais je ne risque pas de lâcher l’affaire aussi facilement. Comme tu as bien pu le faire avec moi. » Je me tus avant de prendre une profonde inspiration. Je tentais de songer à la manière dont j’aurais bien pu réagir, moi, à sa place. Si je venais à apprendre qu’Isaac n’était pas mort. Si je venais à comprendre qu’il avait simplement demandé à me garder dans l’ignorance parce qu’il avait eu du mal à accepter sa nouvelle condition. Je fronçai les sourcils avant de remarquer que ma main tremblait. Que mon cœur se serrait. Je ne pouvais penser une chose pareille. Isaac était mort sous mes yeux. Rien n’était comparable. Je ne pouvais pas le faire revenir d’entre les morts au gré de mes envies.