"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Oft hope is born when all is forlorn ft Oldlivia  - Page 2 2979874845 Oft hope is born when all is forlorn ft Oldlivia  - Page 2 1973890357
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Oft hope is born when all is forlorn ft Oldlivia

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() message posté Mar 10 Fév 2015 - 1:59 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” Les éclats lumineux de la pièce se reflétaient dans son regard bienveillant. Olivia était aussi belle qu’une fantaisie de mon esprit. Parfois il me semblait qu’elle n’existait que dans mon imagination – comme tous ces personnages vaillants et amoureux que je ne cessais de dépeindre dans mes poésies. Sauf qu’elle avait perdu sa vaillance et son amour. Elle avait tout perdu. Je souris tristement en me penchant vers son visage. Ses iris pétillants m’invitaient à sombrer au-delà des limites de l’entendement. J’étais comme une pie voleuse, prêt à me damner pour chaparder toutes les merveilles de bijoux et de diamants. Mes doigts tremblants tracèrent la distance qui nous séparait avant de tomber ballants sur la table. Je n’avais tout à coup plus aucune force dans les muscles et même si je recherchais la chaleur d’un contact innocent, je ne parvenais pas à dépasser ma fatigue. Ses mots raisonnaient en écho dans ma tête comme un chant de guerre. Je ne savais pas ce qu’elle attendait de moi ; voulait-elle me sauver malgré mon obstination? La jeune blonde était acharnée, mais j’étais un fervent admirateur du nihilisme. Je m’écrasais sous la pression de la colère avant de me consoler dans le désespoir. Chaque souffle de la vie était une incitation à la dépravation à laquelle je ne pouvais me dérober. Il s’était plusieurs jours depuis le nouvel an, mais je n’arrivais toujours pas à dépasser ma solitude. Pourtant j’étais entouré de figures aimables ; au travail, dans la rue, chez moi – J’avais Robin, Ellie, Ewan … mais tous les visages se confondaient sous mon regard meurtri. Personne ne pouvait remplacer Eugenia. Personne ne pouvait me libérer de son emprise. «Qu’est-ce que tu me feras si je te pousse à bout ? Tu sais très bien que je n’ai pas peur. Elle est handicapée… Et tu es en plein déni. C’est une des phrases du deuil, d’ailleurs. Tu fais le deuil de ses jambes, ou de votre passé commun, ou d’un tas de choses liées à ce que vous avez vécu. La prochaine étape était censée être la colère, mais j’imagine que tu es en plein dedans également.» Je secouai furieusement la tête afin de rejeter sa voix. Il n’y avait plus rien de bon en moi. J’étais pris entre les feux d’une passion ravageuse et j’espérais secrètement que nous allions tous bientôt dépérir. Ce serait tellement plus facile de me noyer dans le néant. Je m’accrochais à mon verre avec acharnement avant de me redresser. « Ne me parle pas d’elle ! » Fulminai-je en haussant d’un ton. « Je ne suis pas comme toi. Elle conditionne mon existence. Tu ne peux pas me ramener, tu ne peux pas me sortir de ma torpeur. Je ne veux pas m’accrocher à l’espoir pour réaliser qu’au final elle est partie. » Je ne supportais pas l’idée que Lior puisse la tenir dans ses bras, ou lui susurrer les mots doux que j’avais été incapable de prononcer. Je plaquai mes mains de part et d’autre mon visage avant de m’enfermer dans l’obscurité de mes pensées. J’avais perdu ma religion – je n’avais plus aucune envie de me battre contre les questions existentielles qui me taraudaient. Ma blessure vivait au fond de mon cœur, et mon cœur se fanait lentement. Mes réflexions ne m’apportaient plus aucun enrichissement. Je savais que le silence était l’âme de l’auteur, le vide était l’inspiration de l’écrivain, mais ce sentiment était paralysant. Il m’empêchait de m’épanouir dans ma créativité.

Les flots d’alcool ravivaient ma douleur avant de me plonger dans une forme encore plus cruelle de tristesse. La réalité me filait entre les doigts et je me surpris à espérer qu’elle vienne à moi. Ginny. Elle venait à moi. Mon esprit apprivoisait mes pires cauchemars et l’espace d’une seconde, je pouvais frôler la table sans ressentir la folle envie de tout renverser. Olivia parlait avec un détachement presque effrayant de notre première rencontre. Avait-elle fini par passer outre le deuil de son mari en l’espace de 4 ans ? J’avais du mal à y croire, mais je souris tout de même à sa remarque. «Bien entendu. Désolée de n’être qu’une pauvre infirmière, je n’ai jamais eu la fibre littéraire. Sauf pour les lettres. » Je levai les yeux au ciel. « Tu es une riche infirmière. » La contredis-je avec douceur.

Je n’avais pas délibérément choisi de sombrer dans l’abysse. Mon désir de vengeance m’avait poussé hors des limites, et durant ma longue conquête de la gloire, je m’étais découvert une part d’ombres et de délices tout à fait exquise. Je peinais à retrouver la clarté du jour ou à concevoir un monde meilleur. Je savais que la vie cachait autant de diversités que de lumières, mais je refusais de me laisser impressionner par les éclats de l’espoir. Mon cœur meurtri était en suspens dans le vide, malmené par mes enchainements philosophiques et mes humeurs vaseuses. Si l’alcool avait le pouvoir magique de panser les blessures, je serais guéri depuis bien longtemps. Je me servis une nouvelle fois avant de lever le bras pour nous commander à boire. J’avais besoin des saveurs du whisky et de la froideur des glaçons afin de réveiller mes instincts engourdis. Olivia resta silencieuse durant quelques instants avant de se retourner vers moi. Je compris à l’instant ou son regard brillant croisa le mien qu’elle n’abandonnerait pas. Je fronçai les sourcils, appréhendant ses théories sur le deuil et les pouvoirs spirituels du pardon. «Ça t’avance parce que tu n’as pas à vivre avec la culpabilité de te dire que tu lui as survécu. Arrête de te poser des questions. Tu t’enfermes dans une bulle de douleurs qui ne te mènera absolument nulle part. Elle a refusé de te prévenir, et alors ? Maintenant que tu es au courant, est-ce qu’elle t’a fui de nouveau ? Non, je ne pense pas. Parce que les personnes comme Eugenia Lancaster ne fonctionnent pas comme cela. Elle était juste effrayée de te dire la vérité, de voir la vérité en face, d’admettre qu’elle puisse avoir besoin des autres jusqu’à la fin de ses jours. Tu sais ce qu’elle a voulu faire, les premiers jours ? Se lever. Marcher pour aller jusqu’aux toilettes toute seule. Lorsqu’elle est tombée, elle a refusé qu’on la porte parce qu’elle ne voulait pas d’aide. Elle a été dans le déni et en colère, elle aussi. Elle a fait exactement comme toi : elle s’est persuadée qu’en cessant de respirer tout serait plus facile. Mais c’est complètement faux. » Ses paroles transcendaient l’espace avant de s’écraser contre ma vanité. Je ne voulais pas savoir toutes ces choses horribles qu’Eugenia avait surmontées. Je n’avais pas besoin de réaliser à quel point j’étais lâche – je le savais déjà. Je l’imaginais étendue sur le sol sans force ni espoir, tandis que je sombrais quelque part dans le vice. Je me tins à nouveau la tête afin de chasser mes hallucinations. « Parce que si c’était plus facile, cela aurait fait bien longtemps que je serais morte. » Je déglutis avec difficulté ; elle ne comprenait pas. Je vivais dans la culpabilité de lui avoir survécu. Je vivais dans la hantise constante de mes erreurs passées et plus récentes. J’étais parti en premier. J’avais préféré ma carrière aux sentiments. J’avais failli mille fois avant de réaliser que j’aurais pu tout simplement lui demander de venir avec moi. J’aurais pu me rappeler de notre premier baiser au lieu de fantasmer pendant des années sur une nuit magique et merveilleuse. Parfois, j’avais honte de marcher ou de courir sans l’avoir à mes côtés. Ses danses excentriques me manquaient et les inflexions bizarres de ses mollets minuscules lorsqu’elle s’asseyait en tailleur sur le sable. Je lui avais rendu une bague qui lui avait toujours appartenu sans prendre la peine de demander sa main. J’étais sans doute trop aveuglé par le prestige pour voir que je n’avais jamais – à aucun moment, cessé de l’aimer. « Olivia … » Marmonnai-je à son attention mais elle ne me répondit pas. Elle s’était perdue au fond de son verre.« Mais de toutes manières tu es résolu à rester malheureux, n’est-ce pas ? Quoi que je te dise ou quoi que je te fasse comprendre. C’est ton choix, tant pis. Mais je ne risque pas de lâcher l’affaire aussi facilement. Comme tu as bien pu le faire avec moi. » J’haussai les épaules. Je ne voyais pas d’autre solution. Je pouvais me morfondre et écrire comme un fou, ou remonter le temps pour reconquérir la femme de ma vie. Je souris en faisant la moue. « Je peux faire semblant si ça peut soulager ta conscience. » Le serveur s’approcha avec ma boisson. Je me jetai sur mon verre avec avidité. « La solution est très simple ; tu me ramènes Ginny ? » Je balayai l’air d’un geste de la main avant de rire aux éclats. « Je croyais que nos retrouvailles seraient plus amusantes. » Finis-je par trancher en me laissant tomber sur mon siège. Ma mâchoire tremblait encore même si je tenais de cacher mes ressentiments. Mon amour prenait trop souvent la forme de la colère afin de subsister –je ne pouvais jamais y échapper.

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() message posté Dim 15 Fév 2015 - 12:44 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Je me souvenais de mon désespoir. De ce vide qui m’avait envahi lorsque son cercueil avait été enfoui sous la terre, un drapeau américain le recouvrant soigneusement pour démontrer à quel point son sacrifice était remercié et respecté par sa patrie. Je m’en souvenais comme s’il m’habitait encore et, quelque part, je savais que c’était le cas ; je m’en souvenais et je ne l’oubliais pas. Je m’en souvenais et il serait toujours là, au fond de moi.
Cela n’avait pas été la douleur de le perdre, lorsque sa vie avait filé entre ses doigts, qui m’avait fait le plus de mal. Je m’étais perdue dans la succession des évènements, après tout, et mon corps avait refusé de ressentir trop d’émotions de peur de me paralyser dans ce qu’il s’était passé. Je n’avais pas eu le temps de réfléchir, de m’en faire, de me poser trop de questions. Toute mon attention avait été successivement accaparée par mon désir de le garder en vie et, puis, par mon envie de rapatrier son corps à la Nouvelle-Orléans lorsque cela avait été trop tard. Je m’étais acharnée, j’avais tenté de le sauver, je l’avais vu mourir, je m’étais démené pour le ramener aux Etats-Unis, j’avais organisé ses funérailles, je l’avais enterré, j’avais vu chaque membre de sa famille et de la mienne défiler chez nous pour m’aider.
Puis, finalement, je m’étais retrouvée seule après de longues semaines de folie, et j’étais persuadée que cela avait été en cet instant précis que je m’étais rendue compte qu’il n’était plus là. La douleur de le perdre n’avait été que futile face à cette profonde solitude ; je n’avais pas compris, lorsqu’il était parti, ce que cela signifiait vraiment. J’avais été habituée à être séparée de lui. J’avais été habituée à vivre sans qu’il ne soit à mes côtés. J’avais été habituée à m’en sortir sans qu’il ne soit présent. Cependant, je n’avais pas été habituée à ce qu’il ne soit plus là. Je n’avais pas été habituée à ce qu’il ne me reste plus que des souvenirs de lui. Et cela avait été en cet instant que j’avais sombré, d’une certaine manière.
J’avais enduré de longues semaines à un rythme effréné pour finalement m’arrêter en plein vol et réaliser. Réaliser. Ce mot faisait presque aussi mal que le mot perdre. « Ne me parle pas d’elle ! Je ne suis pas comme toi. Elle conditionne mon existence. Tu ne peux pas me ramener, tu ne peux pas me sortir de ma torpeur. Je ne veux pas m’accrocher à l’espoir pour réaliser qu’au final elle est partie. » me déclara-t-il en prenant son visage entre ses mains. J’étais révoltée, quelque part, mais mon visage était calme et serein. J’étais révolté, oui, mais je conservais mes pieds sur Terre. Je marquai une pause avant de me permettre de prendre la parole. « Tu crois vraiment qu'il ne conditionnait pas mon existence ? Julian, il était mon... Il était mon tout. Lorsqu'il est mort, je ne parvenais même pas à me rappeler de ma vie lorsque je ne le connaissais pas encore. Je ne savais même pas si j’étais réellement quelqu’un sans lui parce qu’il faisait une partie intégrante de mon être. » lui déclarai-je d’une voix calme et mesurée. « Cesse donc de t'apitoyer sur ton sort. Tout ce que tu réussiras à faire est perdre du temps à être malheureux. Je ne peux pas te ramener mais je peux te secouer. » Elle n’était pas morte. Sa volonté à sombrer était presque indécente, comme s’il désirait souffrir. Comme s’il désirait que tout aille mal.
Et je refusais de simplement assister à son autodestruction dérisoire.
Je savais que je ne choisissais pas forcément les bons mots ; à vrai dire, je cherchais simplement à le faire réagir, et je me contentais de la flamme qui brillait au fond de son regard. « Tu es une riche infirmière. » me reprit-t-il et j’esquissai un sourire. « Être riche ne fait pas de moi une bonne oratrice, malheureusement. » Mon expression était amusée, ma voix conservant toujours ce même ton doux et posé. Je ne levai que très rarement la voix ; et, généralement, mon entourage savait que cela signifiait qu’ils avaient franchi une limite interdite à mes yeux, d’une certaine manière.
Je le voyais écouter mes paroles mais je ne savais pas s’il me portait suffisamment d’intérêt pour les retenir et les considérer. Je finis par me pincer les lèvres lorsqu’il finit par hausser les épaules avec désinvolture, témoignant que mes mots n’avaient absolument aucun impact sur lui. « Je peux faire semblant si ça peut soulager ta conscience. La solution est très simple ; tu me ramènes Ginny ? » me demanda-t-il à l’instant où le serveur ramena son verre. Il buvait trop. Je le savais. Il ne pouvait pas ingurgiter autant de verres sans finir par sombrer. « Je croyais que nos retrouvailles seraient plus amusantes. » déclara-t-il, ses paroles s’accompagnant de son rire. J’esquissai un léger sourire. « Elles auraient été beaucoup plus drôles si tu ne me forçais pas à te faire la morale, handsome. » lui déclarai-je, évasive. Je fixai les verres vides devant moi, jugeant qu’il était certainement temps, pour moi, d’arrêter de boire. Il pouvait se permettre de se mettre mal. De boire plus que raison, faire un coma si cela lui chantait. Cependant, il fallait que je me dévoue pour ramasser les morceaux à sa suite. « Et puis, on le sait tous les deux… Je ne suis pas une personne amusante par nature. » poursuivis-je. Je l’observai avec attention. J’étais calme et douce, attentive et mesurée. Je n’étais pas drôle, en soi. Du moins, je ne faisais pas partie de ces personnes débordantes d’humour et allègre, sans cesse en orbite. Peut-être même étais-je ennuyante. Je n’en savais rien. « Quels sont les sujets que j’ai le droit d’évoquer, du coup, Monsieur Fitzgerald ? » lui demandai-je finalement. Je me demandais s’il le voyait dans mon regard. S’il voyait que je n’abandonnais pas. Que je n'étais pas du genre à le faire.
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() message posté Sam 28 Fév 2015 - 18:16 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.”    Je dévisageais ses traits pâles, la bouche entrouverte. Mes yeux écarquillés tremblaient au contact de l’air et des spectres de lumière avant de s’éteindre tout à coup. L’obscurité voilait la pièce à chaque fois que j’essayais d’aimer Eugenia à nouveau. Ce n’était pas juste. L’amour était le feu de la vie. Il guidait les âmes perdues vers l’espoir avant de les envelopper par le souffle de l’immortalité. L’amour était une lueur matinale qui illuminait le jour. Alors pourquoi étais-je condamné à devenir désolation lorsque j’essayais de m’accrocher ? Je déglutis en secouant la tête avec mélancolie. Je parvenais parfaitement à tromper le monde autour de moi. Je riais bien plus que d’ordinaire et mon arrogance n’avait jamais été aussi imposante, mais toutes mes blessures se dévoilaient  devant Olivia. Je suppose qu’elle était différente de tous les vampires du Times UK. Elle savait élucider mes mystères sans le moindre effort. Je lui souris d’un air contenu. Elle était passée par la perte de l’être cher, et même si nos situations n’étaient pas vraiment comparables, j’avais l’impression que le deuil nous rapprochait. J’avais besoin de ses répliques percutantes et de la vérité cruelle telle qu’elle me l’imposait. J’avais besoin de savoir et de feindre l’ignorance pour survivre à la douleur. «Tu crois vraiment qu'il ne conditionnait pas mon existence ? Julian, il était mon... Il était mon tout. Lorsqu'il est mort, je ne parvenais même pas à me rappeler de ma vie lorsque je ne le connaissais pas encore. Je ne savais même pas si j’étais réellement quelqu’un sans lui parce qu’il faisait une partie intégrante de mon être. Cesse donc de t'apitoyer sur ton sort. Tout ce que tu réussiras à faire est perdre du temps à être malheureux. Je ne peux pas te ramener mais je peux te secouer.» Je percevais une pointe de tristesse dans sa voix, mais à aucun moment elle ne se laissait submerger par l’émotion. Olivia était d’un calme olympien presque irréel, comme un dessin figé dans le temps. Je plissai les yeux en mesurant ma respiration. Ma poitrine se soulevait avec douleur à chaque fois que je tentais de me révolter contre sa sagesse. « C’est injuste, n’est-ce pas ? » Déclarai-je en tapant nerveusement du pied. Ma rage prenait possession de mon corps. J’étais secoué par les tremblements agités de mes muscles et les supplications de mon esprit tourmenté. « Parce qu’elle est toujours en vie et que je me plains. » Ma gorge me serra et je fermai mes poings sur la table afin d’éviter de sombrer dans la folie. Mon front suintait au fur et à mesure que je repoussais mes instincts violents. C’était incroyablement dur de rester droit et impudent lorsque chaque partie  de mon âme  s’embrasait par les braisiers ardents de la déception. « Je m’apitoie parce que j’ai l’impression que l’un de nous deux est mort. Si ce n’est pas elle, c’est moi. Je ne suis plus moi-même. Ce n’est pas le concept physique comme tu le connais mais je vis un deuil. Tu n’as pas besoin de me secouer. J’irais bien un jour ou l’autre. J’ai survécu pendant une année, je dois juste trouver un équilibre entre sa condition et la mienne. » Je penchai la tête vers le bar avant d’enlacer mon verre d’alcool. « Mais ce soir  je préfère me délecter de mon chagrin. Je veux imprimer tout ce qu’elle me fait subir afin de mieux oublier. » Je lui souris à contre cœur avant d’agiter les bras dans le vide. La colère ne m’avait toujours pas quitté mais je parvenais à gérer mon comportement en plongeant dans l’ivresse.

J’étais un imposteur. Je me levais chaque jour pour aller au travail. Je cheminais le long des couloirs et des allers de Londres avant de griffonner frénétiquement sur un bout de papier toutes mes divagations littéraires. Je me laissais pousser la barbe en prétextant vouloir changer de look. Je fumais comme une cheminée, je buvais pour surmonter ma soif inépuisable et je ne mangeais pas parce que mon estomac rejetait tous les mets succulents dont Ginny raffolait. « Je suis désolé d’être indélicat voir indécent. La tristesse me rend égoïste et même si je t’apprécie beaucoup, ma petite personne passe toujours avant. Eugenia pourra t’en parler. Elle sait à quel point je peux être con. »Mes souvenirs défilaient rapidement devant mon regard meurtri. J’aurais pu tout avoir à la fois ; une famille chaleureuse, la carrière que je désirais et un semblant de bonheur. Mais plus je sombrais au fond de l’abîme et plus je réalisais que toutes les choses que j’avais acquis ou perdu, la seule qui importait vraiment c’était Eugenia.  Je me tournai lentement vers Olivia afin de retrouver la quiétude de son expression. Elle était aussi parfaite que le profond silence de mon cœur. Son timbre mélodieux flottait autour de moi comme une incantation magique. Elle m’apaisait par sa présence même si mon corps restait noué par la colère. «Être riche ne fait pas de moi une bonne oratrice, malheureusement.. » Je fis la moue en me tortillant sur place. « Être riche pousse les gens à croire que tu es une bonne oratrice. » J’avais moi-même suivi la quête de la gloire et de l’argent en dépit de tout le reste. Je savais que le pouvoir se mesurait en cachets bancaires et non en savoir-faire.  Malheureusement.

Je claquai des dents en en suçant une nouvelle lamelle de citron. Mon haleine était déjà acide à cause de l’alcool mais je n’accordais plus d’importance à ce genre de détail. Je m’égarais dans une forme charmante de léthargie. Le désespoir avait emporté une part de ma jovialité, mais je pouvais toujours apprécier ma rencontre avec une amie de longue date. «Elles auraient été beaucoup plus drôles si tu ne me forçais pas à te faire la morale, handsome.» Je fronçai les sourcils en bombant les lèvres d’un air boudeur, lui signifiant qu’il ne s’agissait plus de morale à présent. « Et puis, on le sait tous les deux… Je ne suis pas une personne amusante par nature.   » Elle avait sans doute raison. Sa personnalité était singulière et très noble. Je ne l’avais jamais vu tomber dans l’extravagance, mais il m’arrivait de rire à ses remarques pointilleuses ou à ses sous-entendus subtils. « Tu n’as pas besoin d’être amusante pour qu’on puisse passer un bon moment. Moi je t’aime bien tel que tu es. » Marmonnai-je en laissant ma main tomber ballante par-dessus la table. J’avais remarqué qu’elle surveillait sa consommation. Elle devait probablement penser que j’allais m’effondrer d’une minute à l’autre comme un ivrogne. Je tentai de me redressai avec droiture afin de me prouver que j’étais encore maître de la situation. N’importe quoi ! Les Fitzgerald savent tenir le whisky ! «  Quels sont les sujets que j’ai le droit d’évoquer, du coup, Monsieur Fitzgerald ? » J’écrasai mes doigts contre mon menton afin de ponctuer mon intense réflexion. Je n’allais pas lui proposer de commenter les dernières oscillations de la bourse ou l’actualité de la finance, mais j’avais besoin de marquer une pause dans ma tête afin de me recentrer. « Je ne sais pas. Tu penses qu’Eugenia est un sujet taboo ? » M’enquis-je. « Tu peux en parler si tu te sens capable de gérer mes réactions. » Déclarai-je sérieusement. « Ou tu peux m’avouer ton secret. C’est pas fatigant d’être dévoué au bonheur des autres comme ça ? » Raillai-je. « Tu es belle, tu es facile à vivre, tu embrasses très bien… Tu ne penses pas que tu as le droit d’être heureuse toi aussi ? » C’était probablement hypocrite de ma part de la pousser vers le bonheur simple alors que je rejetais le principe avec autant d’insistance, mais Olivia avait perdu Isaac à cause du destin. J’avais perdu Eugenia à cause de mes erreurs. Ma culpabilité m’interdisait les doux plaisirs de la vie.  
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() message posté Dim 1 Mar 2015 - 16:17 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Le monde semblait ne plus exister autour de nous. Nous étions comme ailleurs, enfermés dans notre conversation, enfermés dans cet univers que nous nous créions de toutes pièces. Dans cet univers qui nous était propre et qui semblait l’emporter sur le reste. Cela n’était pas la première fois que je m’enfermais dans une bulle de cette manière ; bien souvent, j’oubliais le monde autour de moi pour uniquement me focaliser sur la personne d’en face. A l’hôpital, cela était pareil ; je disparaissais au loin, ne m’intéressant qu’à mon patient, qu’à cette âme que je souhaitais aider. Que je souhaitais sauver. A chaque fois, il n’y avait que moi et elle. Que moi et cette personne.
J’étais faite ainsi ; je me mettais en gravité autour d’un autre être humain. J’étais née pour aider, née pour compatir. Je ne pouvais pas survivre par moi-même ; j’avais besoin des autres pour trouver un sens à mon existence, j’avais besoin des autres pour me rappeler que j’avais des raisons d’être sur cette Terre. J’avais dédié mon existence toute entière à des individus que je ne connaissais même pas et à mes proches que je ne savais aimer correctement. J’étais capable de tout pour les membres de ma famille et mes amis mais j’étais persuadée, au fond de moi, qu’ils ne se rendaient pas compte de l’ampleur de ma dévotion.
Parce que j’étais discrète. J’aimais avec douceur, je n’empiétais pas dans leurs vies s’ils ne m’y conviaient pas. Je gardais une certaine distance, également, parce que j’avais tout simplement trop perdu pour accepter de frôler leurs existences de trop près. « C’est injuste, n’est-ce pas ? Parce qu’elle est toujours en vie et que je me plains. » me déclara-t-il finalement et je l’observai en silence avant de doucement hausser les épaules. Je ne pouvais pas me permettre de décréter qu’une situation était plus préférable qu’une autre, même si, au fond de moi, j’aurais préféré me retrouver à sa place à lui. « Je m’apitoie parce que j’ai l’impression que l’un de nous deux est mort. Si ce n’est pas elle, c’est moi. Je ne suis plus moi-même. Ce n’est pas le concept physique comme tu le connais mais je vis un deuil. Tu n’as pas besoin de me secouer. J’irais bien un jour ou l’autre. J’ai survécu pendant une année, je dois juste trouver un équilibre entre sa condition et la mienne. Mais ce soir je préfère me délecter de mon chagrin. Je veux imprimer tout ce qu’elle me fait subir afin de mieux oublier. » Je battis plusieurs fois des paupières pour appréhender ce qu’il me disait, mais mon esprit refusait de comprendre sa façon de voir les choses. Alors, je pris simplement une profonde inspiration avant de passer une mèche de cheveux derrière mes oreilles. « Je ne comprends pas ta logique, Julian. » lui répondis-je avec honnêteté. « Je ne comprends pas, non plus, comment tu peux apprécier d’être malheureux. » Je ne le jugeais pas. Du moins, j’essayais, de tout mon cœur. L’envie de le secouer était toujours présente, cependant, mais je me murais dans un silence qui était sans doute plus réconfortant.
Je n’aimais pas voir les autres souffrir. Si j’étais capable de gérer ma douleur seule, je savais que rare étaient les personnes qui y parvenaient sans s’y noyer. Je voyais Julian sombrer sous mes yeux. Et le simple fait qu’il apprécie être dans cet état alarmait tous mes sens. « Je suis désolé d’être indélicat voir indécent. La tristesse me rend égoïste et même si je t’apprécie beaucoup, ma petite personne passe toujours avant. Eugenia pourra t’en parler. Elle sait à quel point je peux être con. » J’esquissai un sourire en faisant un vague geste de la main ; au fond, son égoïsme m’importait peu ; je pouvais facilement aller au-delà de son sale caractère. J’avais l’habitude. J’étais conditionnée pour m’adapter aux autres et à leurs réactions. Cela n’était pas mon principal problème. « Tu n’as pas besoin d’être amusante pour qu’on puisse passer un bon moment. Moi je t’aime bien telle que tu es. » me déclara-t-il et je posai mes yeux dans les siens, une expression douce peinte sur mes traits. Ses paroles me touchaient réellement. Il ne s’en rendait probablement pas compte ; cela faisait des années que je n’étais plus habituée aux compliments. « Et je t’aime bien tel que tu es également, même si parfois j’ai simplement envie de te secouer. » J’eus un rire, tandis que je m’esquissais sur les sujets que j’avais le droit d’aborder en sa présence, sur une note plus légère. Il ne désirait pas être ramené sur Terre mais je pouvais me plaire à croire que je pouvais momentanément changer ses idées afin qu’il abandonne sa tristesse. Afin qu’il abandonne cette détresse qu’il semblait tant aimer.
Peut-être Julian était-il dépressif. Je n’en savais rien. Je fronçai légèrement les sourcils, chassant cette pensée de mon esprit, me refocalisant sur son expression sérieuse et concernée. « Je ne sais pas. Tu penses qu’Eugenia est un sujet taboo ? Tu peux en parler si tu te sens capable de gérer mes réactions. » me dit-il et je levai les yeux au ciel. J’étais tout à fait capable de gérer ses réactions. Cependant, je n’étais pas sûre d’être capable de supporter sa morosité plus longtemps sans avoir envie d’empoigner ses épaules et le secouer de toutes mes forces. « Ou tu peux m’avouer ton secret. C’est pas fatiguant d’être dévouée au bonheur des autres comme ça ? Tu es belle, tu es facile à vivre, tu embrasses très bien… Tu ne penses pas que tu as le droit d’être heureuse toi aussi ? » Je me mis à rire avec sincérité en entendant ses paroles. Je me laissai quelques secondes pour lui répondre, le regard pétillant. « Personne n’est heureux. Ce n’est qu’une sorte d’utopie que le monde entier cherche à atteindre sans jamais y parvenir. » répondis-je avec calme, me redressant sur ma chaise. « Mais pour répondre à ta question, non, ce n’est pas fatiguant. Je… J’ai dédié ma vie à ça, tu sais. Aider les autres. Je ne peux pas m’imaginer en train de faire autre chose. » Je savais que cela était sans doute difficile à comprendre, difficile à appréhender. J’avais une vocation qu’une poignée d’êtres humains avaient, sur cette Terre. Cela n’était pas une chose que l’on pouvait réellement comprendre. Le reste du monde était trop occupé à être égoïste pour ouvrir ses horizons mais cela ne me dérangeait pas. Je prenais soin des autres pour l’univers entier. Je m’occupais des inconnus qui croisaient ma route pour que personne d’autre ne soit obligé de le faire. « Tu trouves que c’est complètement idiot ? Que, quelque part, je m’abandonne pour les autres ? » Une lueur brillait au fond de mon regard. Son avis m’importait, quelque part, sans que je ne sache pourquoi.
Et, aussi, au fond de moi, je me répétai que cela était une façon de le faire penser à autre chose.
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() message posté Dim 19 Avr 2015 - 19:08 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” Je comptais secrètement les minutes qui me séparaient de l’oubli, mais mon esprit tout entier était enlacé par l’unique perspective de l’échec. Je n’étais pas son patient et pourtant Olivia pouvait facilement me confondre avec l’un des innombrables cas désespérés qu’elle devait gérer chaque jour. Je me perdais dans le chaos qui entourait mon âme esseulée. Je ne voulais pas sombrer de manière volontaire, mais quitter le monde des vivants me semblait parfois être la seule solution à mon agonie. Eugenia était partie. Je l’avais abandonné en succombant à mon dépit vindicatif. La colère avait plein pouvoir sur mes actions ; qui étais-je pour résister à l’appel des ténèbres ? Je pouvais encore entendre les vestiges de sa voix, aussi claire que l’éclat du soleil, raisonner dans ma conscience. Elle voulait que je disparaisse et elle avait bien raison. Je détournai mon regard afin de fixer mon verre vide. L’alcool brûlait encore le fond de ma gorge, mais j’avais l’impression que ma soif était intarissable. C’était si dur de quitter la réalité déconcertante. L’ivresse me promettait une insouciance mensongère – quelques instants de répit, je n’en demandais pas plus. J’étais sans cesse assailli par le chagrin. Je me noyais dans mon propre corps. Ma barbe naissante prenait de plus en plus d’ampleur sur mon visage, recouvrant mes traits déformés par le désespoir et le dessin de ma bouche mesquine. Mes réflexions rentraient en collision avec ma bulle imaginaire afin de briser toutes mes désillusions. Je sortais peu à peu de ma torpeur mais la sensation de pesanteur qui planait sur ma poitrine était encore là. «Je ne comprends pas ta logique, Julian. Je ne comprends pas, non plus, comment tu peux apprécier d’être malheureux. .» Je lui souris d’un air narquois. Il n’y avait rien à comprendre ; le cœur avait ses raisons que la conscience humaine ignorait encore. « Je suis un écrivain – on apprécie le malheur pour mieux le reporter sur le papier. » Déclarai-je avec ennui. Je n’en croyais pas un mot. Je n’étais pas encore parvenu à l’accomplissement de mon rêve de publication. La vérité, c’est que je fonctionnais à l’envers. J’avais besoin d’enlacer le silence, la haine et la tristesse avant de me relever. Je me souviens avoir refusé de quitter ma chambre d’internat pendant de longues semaines après la disparition d’Eugenia, préférant rater mes examens et pourrir dans mon désespoir avant de rejaillir de mes propres cendres. Après tout, c’était la légende du phénix qu’elle m’avait inculquée. « Je suis désolé de t’infliger ça, Olivia. » Je suppose que c’était à mon tour de tomber, mais elle n’avait pas à m’accompagner dans ma chute. Je ne voulais pas de son aide ou de sa pitié. Je pouvais me contenter d’une existence voilée par les simulacres du passé. « Je sais que tu n’aimes pas voir les gens souffrir, c’est pour cette raison que je te demande de fermer les yeux, le temps que l’alcool m’étourdisse complètement. » Je posai mes mains sur la table en esquissant une moue attendrissante. Son expression délicate adoucissait l’atmosphère du bar. Je la regardais avec application, fasciné par chacun de ses gestes élégants. Olivia était issue de bonne famille – je n’avais pas besoin de la connaitre pour noter toute la grâce qui s’échappait de son allure princière. Ses longes boucles dorées encadraient le visage endeuillé d’une femme dévouée en toutes circonstances. Au fond, je ne pouvais qu’admirer la noblesse dont elle faisait preuve. «Et je t’aime bien tel que tu es également, même si parfois j’ai simplement envie de te secouer. » Je ris sans joie, avant de taper des mains pour me donner une certaine contenance. « Ne me secoue pas maintenant, je risque de te vomir dessus. » Je marquai un pause en ancrant mon regard abyssal dans le sien ; elle était réellement d’une beauté extraordinaire. Je ne trouvais pas de mots pour qualifier le charme déroutant qui pointait à travers ses yeux bleus très vifs. Je me demandais combien de fois, elle avait essayé de me diagnostiquer depuis notre rencontre. Elle devait retrouver en moi tous les symptômes d’un corps malade. Je ne la blâmais pas, mais je préférais ne pas explorer les étendues de mon trouble. C’était mieux de ne pas savoir. «Personne n’est heureux. Ce n’est qu’une sorte d’utopie que le monde entier cherche à atteindre sans jamais y parvenir. Mais pour répondre à ta question, non, ce n’est pas fatiguant. Je… J’ai dédié ma vie à ça, tu sais. Aider les autres. Je ne peux pas m’imaginer en train de faire autre chose. Tu trouves que c’est complètement idiot ? Que, quelque part, je m’abandonne pour les autres ?» Je secouais la tête de manière frénétique avant de reprendre mes esprits. Bien au contraire, je la trouvais honorable de sacrifier son confort pour les autres. J’étais moi-même incapable d’un tel acte d’altruisme. Certes, j’étais loyal envers mes amis. Je savais que je pouvais faire n’importe quoi pour Robin, Ewan, Ellie, Rhys et même Ginny… Mais à part une petite liste exhaustive, je me moquais du reste. Je souris en frôlant timidement sa main. « Je ne sais pas ce que je pense vraiment … Je n’ai pas les idées très claires … » Raillai-je en prenant appui sur la table. « Mais tu sembles avoir trouver ta vocation, alors pourquoi arrêter… En tout cas même si le bonheur n’est qu’une utopie, une façon comme une autre de s’accrocher à la vie – et s’il y a une infime chance pour qu’il soit atteignable … Je souhaite de tout mon cœur que des gens comme toi trouvent le dénouement heureux de leur histoire … » Mes paroles étaient en contradiction avec l’état actuel de mes convictions, mais si mon désarroi était bien réel, je voulais bien croire qu’il existe un anti-monde, où tous les contraires étaient possibles.
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() message posté Sam 25 Avr 2015 - 16:12 par Invité
i can feel all the stars in the sky burning under my skin and i am cracked veins spilling blood and stardust all over the floor. i need you to teach me to become a universe instead of a black hole. we are shooting stars going full speed in opposite directions and when we finally touch, we’ll light up the entire sky. ✻✻✻ Je le voyais sombrer. Je le voyais sombrer mais je n’avais même pas le droit de le rattraper.
Cette situation me paraissait presque paradoxale, presque ; je savais que j’avais la possibilité de l’aider, je savais que cela pouvait arriver. Je savais que cela était dans mon domaine de compétence, je savais que, si je trouvais les bons mots, j’aurais sans doute une chance de le faire changer d’avis. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas essayer. Je ne pouvais pas tenter. Julian me l’interdisait avec son entêtement ; il refusait mon aide, il refusait le monde, il refusait le bonheur. Il se complaisait dans ses malheurs, il acceptait sa décadence.
Et Dieu que cela pouvait me mettre hors de moi.
J’étais hors de moi, oui. Hors de moi tout en restant calme. Hors de moi en conservant mon sourire et mes yeux froids. Hors de moi sans jamais commettre d’excès, sans jamais hausser la voix. J’avais un tel contrôle de mon être qu’il lui était impossible, sans doute, de deviner ce qu’il se passait dans mon esprit en cet instant ; j’étais presque sûre qu’il ne se doutait pas que j’avais réellement envie de le secouer, que j’avais réellement envie de lui remettre les idées en place. Je ne savais pas si cela était une bonne chose, au fond. Je ne savais pas si intérioriser mes digressions personnelles allait réellement l’aider ; pourtant, je m’y conformais, presque malgré moi, victime de ce que j’étais, victime de la personne que j’incarnais. Olivia Marshall ne faisait pas de faux pas, après tout. Olivia Marshall n’entrait en conflit avec personne. Olivia Marshall gardait son sang-froid. Olivia Marshall, Olivia Marshall, Olivia Marshall. J’étais Olivia Marshall et je me conformais à toutes ces choses. « Je suis un écrivain. On apprécie le malheur pour mieux le reporter sur le papier. » m’expliqua-t-il et je levai les yeux au ciel. J’aurais pu lui répondre la même chose. J’aurais pu lui répondre que j’étais infirmière et que, pour compatir aux patients, j’aurais pu aussi apprécier le malheur. J’aurais pu lui répondre que cela était le cas pour tout le monde, peu importe leurs métiers ; mais, au lieu de quoi, je le laissais poursuivre, demeurant silencieuse pour m’éviter tout reproche. « Je suis désolé de t’infliger ça, Olivia. Je sais que tu n’aimes pas voir les gens souffrir, c’est pour cette raison que je te demande de fermer les yeux, le temps que l’alcool m’étourdisse complètement. » Je pris une profonde inspiration en l’observant. J’ouvris la bouche pour lui répondre ; mais aucun son n’en sortit, alors je refermai les lèvres et accusai ses absurdités.
Je me demandai s’il interprétait cela comme un accord. S’il pensait qu’en restant silencieuse j’approuvais ce qu’il me disait. S’il pensait qu’en ne disant rien je me conformais à ce qu’il me disait.
Parce que si c’était le cas, il se trompait. Il se trompait largement ; cependant, j’étais suffisamment pacifiste pour le laisser déblatérer des bêtises sans pour autant accorder un seul crédit à ses paroles. « Ne me secoue pas maintenant, je risque de te vomir dessus. » me répondit-il et je me mis à rire doucement. « Je ne comptais pas le faire. Je tiens beaucoup au chemisier que j’ai mis aujourd’hui. » répondis-je avec douceur. Au fond, c’était absolument faux ; je n’étais pas suffisamment attachée à mes biens matériels pour vouloir sauver, potentiellement, l’avenir d’un de mes vêtements. Seulement, cela me paraissait mieux de répondre cela qu’autre chose.
Comme pour lui prouver que, malgré l’obstination que je pouvais avoir à vouloir qu’il aille mieux, je ne lui voulais aucun mal.
L’alcool rongeait son esprit, je le voyais de mes propres yeux. Il secoua la tête à mes paroles, avant de finalement reprendre la parole. « Je ne sais pas ce que je pense vraiment… Je n’ai pas les idées très claires… Mais tu sembles avoir trouver ta vocation, alors pourquoi arrêter… En tout cas même si le bonheur n’est qu’une utopie, une façon comme une autre de s’accrocher à la vie et s’il y a une infime chance pour qu’il soit atteignable… Je souhaite de tout mon cœur que des gens comme toi trouvent le dénouement heureux de leur histoire… » J’esquissai un sourire, alors que ses doigts effleuraient timidement ma main. « Personne ne mérite le bonheur plus que d’autres, tu sais. » lui répondis-je alors. Je l’observai intensément, détaillant son expression. « Ça vaut pour moi, pour toi, pour tout le monde. On mérite tous ce bonheur utopique. » Mes paroles étaient douces mais j’espérais qu’il comprenne que je ne lui laissais pas le choix. J’espérais, aussi, qu’il entende la détermination que je pouvais avoir ; il refusait le bonheur, il refusait d’être heureux, il refusait de laisser partir la douleur, comme s’il se jugeait pas assez bien pour avoir la chance de simplement sourire.
Je pris une profonde inspiration. « C’est l’heure de rentrer, Julian. » finis-je par dire en me levant. « Je vais aller payer nos consommations, en attendant tu essayes de ne pas t’attirer d’ennuis, d’accord ? » Je me levai de ma chaise, sans doute trop vite, ressentant un léger étourdissement avant d’aller droit vers le bar. Je sortis mon portefeuille pour tendre des billets au serveur, lui laissant un généreux pourboire, avant de tourner les talons pour retrouver Julian. Je passai mon manteau sur mes épaules, et je l’aidais à se relever. « Tu rentres en taxi, d’accord ? Je peux le payer si tu veux mais il est hors de question que tu conduises dans cet état. » Je lui jetai un coup d’œil soucieux, avant de le faire avancer jusqu’à la sortie du bar, un bras dans son dos. Cela me faisait peur, oui. Peur parce qu’à mesure que l’on marchait, je voyais une aura de détresse se mouvoir avec lui. Peur parce qu’à mesure que l’on avançait, j’avais l’impression qu’il continuait de sombrer. Sombrer jusqu’au fond.
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() message posté Dim 26 Avr 2015 - 1:24 par Invité
“I think sometimes when we find love we pretend it away, or ignore it, or tell ourselves we’re imagining it. Because it is the most painful kind of hope there is. I can’t forget her, but I can pretend.” Olivia restait silencieuse mais je savais qu’elle n’approuvait pas du tout mes réflexions. Elle me laissait balancer au bout de ma corde de mise à mort afin de respecter mes choix, mais la pâleur de ses traits trahissait sa profonde inquiétude à mon sujet. Je souris d’un air absent avant de repousser mon verre d’alcool ; j’avais assez bu. Mon visage terne se posa sur le rebord de la table avec lassitude. La fatigue me rongeait de l’intérieur avant de s’évanouir dans mon estomac engourdi. Je tentais de reprendre le dessus sur ma tristesse mais mes cicatrices ne faisaient que s’affaisser sous le poids de la douleur. J’avais grandi dans la solitude, c’était certainement stupide de me consacrer à une autre personne après toutes les injustices qui avaient troublées mon existence – Mais Eugenia avait percé ma poitrine. Elle s’était faufilée entre mes organes saignants afin de se proclamer reine de mon univers. Je fermais les yeux afin de fuir la réalité. Ma passion semblait me dédaigner. Mon propre corps se retournait contre moi. Il était trop tard pour avoir un élan de lucidité, chaque souffle d’air qui envahissait mes poumons était une torture que je m’infligeais. Je n’avais plus les idées claires, Dieu seul connaissait l’étendue de ma tragédie. Je me mordis l’intérieur des joues jusqu’au sang avant de me redressant avec lenteur. Quoi que je dise, le regard inquisiteur des passants semblait toujours porter un jugement sur ma condition. Mais ils avaient tous tort : ce n’était pas insensé de laisser le chaos cheminer autour de ma silhouette fragile. J’avais le droit de choir avant de me relever. « Je ne comptais pas le faire. Je tiens beaucoup au chemisier que j’ai mis aujourd’hui.» Railla-t-elle avec douceur et je songeais qu’elle restait mesurée même lors de ses débordements de jovialité. J’observai Olivia avec insistance avant d’éclater d’un rire démentiel. La situation n’avait rien de drôle, mais j’étais secoué par une crise d’hilarité étrange. Je sombrais dans la folie avant de secouer la tête avec frénésie, refusant de laisser l’euphorie de l’ivresse me rendre complètement ridicule. « Menteuse … » Marmonnai-je avant de chanceler sur mon siège. Je peinais à garder l’équilibre pourtant je pensais bien tenir l’alcool – la mélancolie devait me rendre plus vulnérable aux plaisirs mesquins de la vie.

Je me penchais dangereusement sur l’abysse sombre de Nietzche mais mon reflet refusait de revenir vers moi. Je voulais me lever et crier à plein poumons pour partager ma détresse, mais Ginny n’était pas là pour écouter mes plaintes. Je ne pouvais pas me rétablir sans elle. La vérité me frappait de plein fouet alors que je récitais les louanges d’un bonheur illusoire et éphémère. « Personne ne mérite le bonheur plus que d’autres, tu sais. Ça vaut pour moi, pour toi, pour tout le monde. On mérite tous ce bonheur utopique. » Ma main effleura timidement celle d’Olivia avant de se rétracter subitement. Je ne pouvais plus continuer comme ça. Je n’avais pas besoin qu’on m’arrache de ma crypte. Je n’étais pas encore un cas désespéré. Je comprenais toute sa résignation, j’étais même touché par sa sollicitude mais je ne méritais pas autant d’attention. « Je serais mon propre sauveur. » Lui promis-je en ébouriffant machinalement mes cheveux. «C’est l’heure de rentrer, Julian. Je vais aller payer nos consommations, en attendant tu essayes de ne pas t’attirer d’ennuis, d’accord ?» Elle se leva comme pour ponctuer ses paroles et j’hochai la tête d’un air solennel. Je n’avais pas assez d’énergie pour chercher la bagarre de toute façon. Olivia disparu de mon champ de vision pendant quelques minutes avant de revenir à ma rencontre. Elle passa son manteau sur ses épaules tandis que je me tortillai dans mon énorme veste de laine. « Tu rentres en taxi, d’accord ? Je peux le payer si tu veux mais il est hors de question que tu conduises dans cet état. » Je soupirai avant de froncer les sourcils. Il était hors de question que je laisse ma voiture dans le parking du bar – je devrais faire tout le trajet en métro avant d’aller au boulot demain. J’haussai les épaules avec insolence avant de rencontrer le regard soucieux de la jeune femme. Je suppose que je n’avais pas le choix après tout. Je déglutis en serrant mes poings dans mes poches. « Comme tu veux. » Mon haleine acide revenait vers mon visage afin de s’engouffrer dans mes narines frétillantes. J’en avais presque le tournis. Je pris sur moi en m’accrochant au bras d’Olivia, puis dans un regain ultime de conscience je me détachai de son aura élégante pour rejoindre l’obscurité de la rue. « Mais je peux payer mon taxi tout seul … » Raillai-je avant de chanceler quelques pas plus loin.


FIN
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