"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Some holes can’t be filled (james) 2979874845 Some holes can’t be filled (james) 1973890357
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Some holes can’t be filled (james)

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() message posté Sam 24 Jan 2015 - 0:23 par Invité
Je fixai le téléphone redevenu silencieux, la chambre vide dans laquelle je m’étais précipitée pour répondre à temps, je m’étais aussitôt égarée. J’étais quelque peu abasourdie, juste un peu. J’aurais certainement dû tomber des nues mais rien, je ne tombais de nul part. J’avais attendu que l’émotion monte, après avoir raccroché, près du téléphone. J’avais attendu, en me changeant, avais hésité entre mon jean clair ou noir pour passer la soirée, opté pour le premier. « Il existe encore énormément de zones d’ombre ou d’idées fausses sur le sujet. » J’avais remonté la manche lâche de mon haut blanc sur mon épaule droite, détaché mes cheveux. J’avais attendu d’être submergée mais rien ne venait, rien ne montait. « Nous voudrions vous revoir au plus vite pour des examens complémentaires. Cela reste très rare chez les patientes dialysées. » Je n’avais rien dit, rien confirmé. J’avais attendu, je voulais des explications qui ne venaient pas. Des explications qu’il n’avait pas. Mon interlocuteur avait l’air tout aussi dépassé que moi, m’avaient-ils adressé à un étudiant, un stagiaire pour m’annoncer cette nouvelle ? J’entendis l’alarme du minuteur tinter plus loin dans l’appartement. Je m’y rendis aussitôt, absente. De retour dans la cuisine illuminée et vivante, je m’approchai de la cuisinière et appuyai mes deux mains sur le marbre en fermant les yeux quelques secondes. « Les traitements s’améliorent de jour en jour, et permettent de préserver la fécondité de certaines patientes. Elles restent cependant difficiles à diagnostiquer. A votre prochaine dialyse, nous pourrons en parler en détail. » Je ne sentais rien, comme avant, quand j’étais devenue trop habituée, trop intoxiquée pour ressentir les effets des conneries que je m’infligeais. Je revoyais le film de la journée, encore et encore, sans tenter d’en déduire le moindre sens. Le moindre sens supplémentaire. C’était idiot. Je m’étais sentie bien aujourd’hui, ni mieux, ni pire que le reste du temps. J’avais pu aller honorer mes rendez-vous, mon contrat. On m’avait maquillée, coiffée, habillée, j’avais posé tel qu’ils me l’avaient demandé puis j’étais repartie. Le ciel était vivant, il grondait, s’illuminait, passait du bleu, au gris, au noir, changeait sans cesse. Il était rassurant, j’allais bien, normalement. J’étais rentrée plus tôt que James, j’avais utilisé sa clé, presque comme une habitude. Mais ça ne l’était pas, je n’étais pas blasée, je mesurais ma chance, de pouvoir revenir vers lui le soir, d’avoir ma place chez lui, même quand il n’était pas encore là. Et puisque j’étais rentrée plus tôt, j’avais voulu cuisiner, pour une fois. Et puis, il y avait eu ce coup de téléphone. C’était complètement idiot, je n’y trouvais aucun sens. Comment était-ce possible ? Comment aurais-je pu m’en rendre compte s’il n’y avait pas eu cette stupide prise de sang quotidienne faite la veille, à l’hôpital. L’épuisement, les douleurs, les nausées, les courbatures, le mal-être. Je les vivais au quotidien, trois cent soixante-cinq jours par an. J’essayais de ne pas y penser, de ne pas leur accorder plus d’importance qu’ils n’en avaient, de ne pas y chercher plus de sens. Je n’étais malheureusement pas le genre de fille à devoir s’en inquiéter lorsqu’ils survenaient. Ma normalité. S’il ne s’agissait que de cela, je vivais une de ces grossesses, amplifiées, qui durait depuis plus de trois ans à présent, sans arrêt, sans répit. J’avais beau réfléchir, revenir en arrière, je ne trouvais pas de sens, je ne voyais pas ce que j’aurais du faire différemment pour m’en rendre compte, pour savoir avant de recevoir ce coup de fil, avant de le recevoir comme on reçoit une claque. Je n’aurais jamais cru être confrontée un jour à cette nouvelle. J’avais toujours été convaincue que je n’avais pas à me poser ces questions, que je n’avais pas à m’en inquiéter ou à espérer. Mon corps ne pourrait jamais enfanter, c’était une certitude. Une certitude que les médecins, eux-mêmes, avaient fini par reconnaître comme très probable. J’étais trop épuisée, trop abîmée, trop maigre. Rien en moi ne disposait à pouvoir donner la vie, j’en étais incapable. Infertile. Infertile. Enceinte, finalement, peut-être. J’essayais de visualiser le mot, à défaut de le prononcer. Enceinte. Il percutait les parois de mon esprit mais refusait de franchir la barrière de mes lèvres. Je sentais le brulé mais j’avais fermé les yeux. Je devais simplement passer la soirée avec James, cuisiner, faire les choses bien. Je n’avais pas prévu au delà. Je voulais tout effacer, oublier cet appel, ne pas penser aux conséquences que celui-ci pourrait bien avoir. Je voulais simplement que James rentre et ne rien lui dire. Non pas car je choisissais de le lui cacher, de lui mentir par omission, mais simplement car il n’aurait jamais eu lieu. J’entendis la porte s’ouvrir puis claquer en se refermant. Je sursautai presque, jurais et m’empressais de retirer la casserole du feu, la paume à nue. « Je vais recommencer. » me justifiai-je aussitôt en serrant ma main échauffée. Il était rentré plus tôt et je n’avais pas eu le temps de me convaincre que rien ne s’était passé, qu’il ne s’agissait que de mon imagination.
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() message posté Dim 25 Jan 2015 - 10:37 par Invité




Cela faisait une éternité que James n’avait pas connu une journée aussi éreintante. L’éditeur avait enchainé les rendez-vous professionnels toute la matinée avant de s’occuper de la promotion d’un de ses auteurs les plus en vogue. En début d’après midi, il s’était rendu à une convention à laquelle il était convié pour parler de quelques manuscrits anciens récemment trouvés en Europe et dont il était en train d’effectuer la traduction. Enfin, il avait passé le reste de la soirée enfermé dans une salle de réunion en présence de Jeffrey et de tous les investisseurs de son noble empire. Comme si l’analyse du bilan annuel n’était pas suffisamment fastidieuse, il avait fallu qu’ils passent en revue le budget et trouvent un accord concernant les évènements littéraires à venir. Les propositions des uns se confrontant au refus des autres, James avait fini par trancher en soumettant quelques idées que personne n’osa contrer. Pas seulement parce-que le grand gourou des lieux avait pour réputation d’être tyrannique, mais principalement car l’intuition de l’éditeur ne le trompait jamais. Chaque fois qu’il misait sur un projet, celui-ci s’avérait être un véritable succès. James avait un instinct infaillible en matière de littérature et personne ne doutait plus de ses compétences dans ce domaine.  Epuisé, il n’avait donc qu’une hâte : pouvoir rentrer chez lui au plus vite et partager un bon verre de vin avec Lexie. Et dire qu’avant elle, il n’hésitait pas à passer des soirées entières enfermé dans son bureau, à travailler comme un forcené sans réellement se soucier du reste. Cette vie là lui paraissait normale alors qu’en réalité, il n’avait de cesse de passer à côté de l’essentiel. A présent, il n’y avait rien de plus important pour James que les instants qu’il partageait avec Lexie. Il se souvenait encore de la lourdeur des semaines passées, de ses craintes et de l’angoisse qui le tourmentaient inlassablement. Il avait véritablement pris conscience de tout ce qu’il ressentait pour la jeune femme, de tout ce qu’elle représentait pour lui… Désormais, Lexie semblait aller mieux. Mieux… pouvait-il seulement se permettre d’employer ce mot ? Disons qu’elle n’était plus contrainte de demeurer enfermée dans cette chambre d’hôpital que James ne connaissait que trop bien. Ainsi, en dépit de la fatigue, l’éditeur arborait une mine radieuse lorsqu’il poussa enfin la porte de son appartement. Autrefois, rien ne l’attendait chez lui en dehors d’une certaine froideur et d’un calme affligeant. Tout était différent à présent. « Bonsoir ma puce ! » lança-t-il pour l’informer de sa présence. Il referma la porte, sans doute un peu trop brusquement avant de frotter ses deux mains l’une contre l’autre pour les réchauffer. C’est qu’il faisait un froid épouvantable dans les rues de Londres en cette saison !! Comme à son habitude, James déposa ses clés dans l’entrée, ôta sa veste ainsi que son écharpe. N’apercevant toujours pas Lexie, il lança à la cantonade : « Désolé d’arriver si tard, je voulais t’appeler mais j’ai eu un léger contretemps. La réunion n’en finissait plus et pour couronner le tout, il y a eu une panne informatique sur tout le réseau interne !  Les collaborateurs ont paniqué, imaginant tout de suite un piratage de grande ampleur. Heureusement, ce n’était pas grand-chose mais comme tu l’imagines, il a fallu plus d’une heure pour trouver la cause de la panne et une heure supplémentaire pour vérifier qu’aucune donnée n’a été perdue. Quelle galère ! » Visiblement agacé par cette journée, il haussa les yeux au ciel avant de parcourir les quelques mètres qui le séparaient de la cuisine tout en desserrant légèrement le nœud de sa cravate. « Je suis content d’être enfin rentré et … humm.. ça sent divinement bon, tu as préparé le diner ? » Il ignorait ce que Lexie avait bien pu cuisiner mais une chose était certaine : il avait vraiment hâte de pouvoir y goûter. Ca sentait bon. Vraiment bon. Même si de toute évidence, une légère odeur de brulé venait parasiter le tout. Un léger oubli, sans doute. «Et toi, ça va ?» Ses lèvres s’étirèrent en un sourire mutin avant même qu’il n’arrive dans la cuisine. Ce n’est que lorsqu’il aperçu la casserole fumante ainsi que Lexie serrant sa propre main qu’il comprit qu’elle venait de se brûler. « Attends, fais-moi voir ça. » James s’approcha, s’empara délicatement de sa main et la tourna pour voir sa paume. « C’est douloureux mais ça devrait aller, on va mettre un peu de glace. » Aussitôt, il alla chercher quelques glaçons qu’il enroula dans un torchon avant de revenir vers Lexie et de déposer le tout sur sa main meurtrie. « Voilà… ça va mieux ? Je ne savais pas que faire la cuisine pouvait s’avérer si périlleux. » plaisanta-t-il afin de détendre l’atmosphère. Ce n’est qu’à ce moment là que quelque chose dans l’attitude de Lexie attira son attention. Elle semblait … étrange. A croire qu’un détail la chiffonnait. En tout cas, elle adoptait toujours cette petite mine lorsqu’elle était tourmentée. « Chérie… tout va bien ? Ce n’est pas grave, tu sais… On peut aussi bien appeler le traiteur ou, j’crois qu’il doit y avoir des pizzas au congélateur. »
© charney

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() message posté Lun 26 Jan 2015 - 19:37 par Invité
J’avais apprécié cette journée. Je l’avais appréciée dans son entièreté rien qu'en imaginant sa finalité. On m’avait tiraillée dans tous les sens et j’avais souri. On m’avait habillée et orientée, et j’avais obtempéré. Sans y opposer la moindre résistance, sans une seule raillerie, sans une seule once de cynisme. Cette journée avait été appréciée, car elle était une des rares sans dialyse, car j’avais occulté le reste pour ne penser qu’à cette soirée, en sa compagnie. Je n’avais pas eu envie d’entendre la voix de mon néphrologue à l’autre bout du fil, en répondant au téléphone. Je n’avais pas eu envie que cet univers plonge dans celui que je m’étais créé pour cette seule et unique journée. Ils n’avaient pas le droit. Ils venaient de rompre une sorte de contrat implicite que nous nous étions fixés. Quatre jours par semaine, cinq lorsque la situation l’exigeait, pas un de plus. Ils n’avaient pas le droit d’empiéter sur cette journée de liberté pour m’annoncer ce genre de nouvelles. Je ne voulais pas y faire face. Et comme toujours, mon premier instinct était de l’ignorer, l’occulter, l’effacer. J’étais douée pour rouler les choses en boule, les cacher sous le tapis. J’étais douée pour faire face au corps médical et ne prendre que ce qui m’arrangeait. En voulant me persuader que je n’étais que la seule concernée, la seule décisionnaire, blessant tous les autres sur mon passage, ceux qui s’en souciaient et qui méritaient le moins d’être blessés par mes insouciances. Et c’était précisément ce que je tentais de faire à ce moment précis, les mains à plat sur le plan de travail, avant d’entendre la porte d’entrée claquer, bien plus tôt que ce que j’aurais imaginé. « Désolé d’arriver si tard, je voulais t’appeler mais j’ai eu un léger contretemps. La réunion n’en finissait plus et pour couronner le tout, il y a eu une panne informatique sur tout le réseau interne !  Les collaborateurs ont paniqué, imaginant tout de suite un piratage de grande ampleur. Heureusement, ce n’était pas grand-chose mais comme tu l’imagines, il a fallu plus d’une heure pour trouver la cause de la panne et une heure supplémentaire pour vérifier qu’aucune donnée n’a été perdue. Quelle galère ! » J’avais ouvert les yeux mais je n’entendais que certains des mots qu’il m’adressait, toujours dans l’entrée. J’avais ouvert les yeux, contrainte, sans être parvenue à prendre la moindre décision sur ce que j’étais sensée faire de cette information. Je n’aimais pas être prise de court, jamais. J’avais cette tendance à me mettre sur la défensive, agressive et lointaine. Je n’aimais pas les horizons fuyants du ciel depuis que j’avais rouvert les yeux, avec cette lune apparente qui semblait crucifiée par-dessus les immeubles voisins. « Je suis content d’être enfin rentré et … humm.. ça sent divinement bon, tu as préparé le diner ? » s’enquit James en rentrant enfin dans la cuisine, me poussant à réagir soudainement. Je me mordis l’intérieur de la joue en sentant la brûlure traverser la paume de ma main et ne put que marmonner un semblant d’excuse en m’engageant à recommencer. « Attends, fais-moi voir ça. » s’inquiéta-t-il doucement en s’approchant de moi. Il s’empara de ma main et je restai toujours aussi silencieuse. Je n’étais pas dans l’hésitation, je n’étais pas dans le refus, dans l’éloignement ou l’inimitié. J’étais juste vide, flottante, un peu ailleurs. « C’est douloureux mais ça devrait aller, on va mettre un peu de glace. » Je détachai enfin mon regard du marbre pour l'observer s’éloigner jusqu’au congélateur avant de revenir vers moi, une serviette bleue à la main. Il s’occupa de ma main, tentant de soulager cette douleur certaine qui n’était pas encore montée. Il s’occupait de mes maux, même les plus superficiels. « Voilà… ça va mieux ? Je ne savais pas que faire la cuisine pouvait s’avérer si périlleux. » Je lui lançai un regard en coin pour surprendre sa mine amusée. Il anéantissait, subtilement, frauduleusement, mes envies de faire semblant, ma décision de lui cacher. Depuis le début, nos promesses, j’avais sincèrement, intimement, décidé de ne jamais lui mentir. Je l’avais trop fait, j’avais changé, je le pensais, je le voulais. Cette promesse muette n’avait, jusqu’à maintenant, exigé de moi aucun courage, aucun aplomb. J’avais le sentiment de proférer une évidence, de ne prendre ici aucun risque. Il ne s’agissait que d’une pensée calme et rassurante. « Chérie… tout va bien ? Ce n’est pas grave, tu sais… On peut aussi bien appeler le traiteur ou, j’crois qu’il doit y avoir des pizzas au congélateur. » Ses yeux bleus s’emparèrent finalement des miens, pour la première fois depuis son arrivée. Et sa proposition finit de me sortir de mes pensées, je fronçai les sourcils, en attrapant la serviette. « Non. Non, ce n’est pas ce qui était prévu. J’étais distraite, c’est tout. » Ce n’est pas ce qui était prévu. C’est tout. Je relevai mon regard dans le sien en murmurant. « Je suis désolée que ta journée ait été si fatigante, tu sais. » J’esquissai un sourire, un peu voilé mais sincère, attrapant enfin la casserole, de ma main abîmée, pour en déverser le contenu dans la poubelle. « Est-ce que tout doit être dit ? Même ce qui ne serait pas obligatoire, même ce que je saurais régler seule, si j’y étais obligée, si j’en avais envie ? » commençais-je alors, calmement. J’ouvrai le réfrigérateur avant de m’emparer de quelques légumes et de retourner vers le plan de travail, vers lui. Je les posai sur la planche, un peu trop fermement, avant de le regarder, tentant de rester impassible. « Je me demande en fait … est-ce que tu voudrais savoir ? » C’était une question que je me posais régulièrement. Pour tout le monde, pour le moindre de mes soucis. J’avais toujours refusé d’être un poids à traîner, une malade à soigner. « Mon médecin m’a appelé tout à l’heure. Je crois que … » J’haussai les épaules dans une inspiration en dégageant mes cheveux, habitude fébrile. « Selon lui, je serais enceinte. » laissais-je échapper calmement, sobrement. J’utilisais le conditionnel, le médecin comme intermédiaire, pour m’en détacher, me dé-responsabiliser. Je n’étais pas dans l’émotion et m’en rendais à peine compte. Ce n’était pas prévu, je ne prévoyais rien, je n’attendais rien. Et les mots résonnaient dans la pièce, inconsciente de leur impact.
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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 13:27 par Invité




James n’était pas dupe. Il voyait bien que quelque chose ne tournait pas rond du côté d’Alexandra. Elle semblait ailleurs. Nerveuse. « Est-ce que tout doit être dit ? Même ce qui ne serait pas obligatoire, même ce que je saurais régler seule, si j’y étais obligée, si j’en avais envie ? » Où voulait-elle en venir ? S’appuyant contre le plan de travail, les bras croisés devant lui, l’éditeur l’observa attentivement attendant qu’elle développe un peu plus. « Je me demande en fait … est-ce que tu voudrais savoir ? » Que devait-il répondre à cela ? James avait l’impression d’être un funambule, instable et cherchant constamment le parfait équilibre. Au moindre faux pas, il risquait de commettre l’irréparable. « Je ne prends que ce que tu acceptes de me donner, Lexie. Ni plus, ni moins. Je pars du principe qu’entre nous, tout peut être dit. Parce-que je pense que nous nous faisons suffisamment confiance et parce-que nous nous aimons. Mais rien n'est obligatoire.» Répondit-il calmement sans la quitter des yeux. Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ? James n’avait pas l’habitude de la voir ainsi et cela commençait sérieusement à l’inquiéter. « Mon médecin m’a appelé tout à l’heure. Je crois que … » D’un automatisme, l’éditeur prit une profonde respiration. Il n’aimait pas lorsque Lexie se mettait à évoquer ses médecins. Ca lui rappelait aussitôt que le temps qui leur appartenait était limité et que tout pouvait s’arrêter d’un instant à l’autre. Si comme à son habitude il ne laissa rien paraître de ses émotions, James sentit toutefois son cœur s’emballer. Les quelques secondes qui suivirent la phrase de Lexie semblèrent durer une éternité. Pourquoi diable ce fichu médecin avait-il pris la peine de la contacter ? « Selon lui, je serais enceinte. » Le temps se figea de nouveau. Celle-là, il ne l’avait pas vu venir. Enceinte… Pas trop certain de la réaction qu’il était supposé avoir, il n’en eu aucune. Si ce n’est hausser les sourcils et se redresser quelque peu, sans la quitter du regard. Enceinte. Un bébé dans le ventre quoi. Leur enfant. « Je pensais pourtant que tu … » Pensif, James se pinça les lèvres. Il avait toujours cru que Lexie ne pourrait jamais devenir mère. Du moins, c’est ce qu’elle avait déjà eu l’occasion de lui faire comprendre. « Ok… hum… A ta réaction, j’en déduis que ce n’est pas exactement une bonne nouvelle… » Chose qu’il pouvait comprendre. James n’était pas totalement idiot. Mais d’un autre côté, ils allaient devoir prendre une décision si Lexie était bel et bien enceinte. Poser les choses clairement et y réfléchir. A moins qu’elle ne le pense assez lâche pour tout simplement la laisser se débrouiller toute seule, faute de courage nécessaire pour assumer ses responsabilités. Non. Lexie le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne la laisserait jamais tomber. Depuis sa relation avec Emma, James n’avait jamais envisagé de refonder une famille un jour. Et plus les années étaient passées, plus il s’était persuadé du fait que ce n’était tout simplement pas fait pour lui. Pour la simple et bonne raison qu’il était trop occupé, pas assez disponible. Puis il y avait eu Lexie … et sa vision du monde avait alors radicalement changé. « Ecoute… on trouvera une solution. Je suis là et tu sais bien que je ne te laisserais jamais toute seule. Ce n’est pas exactement ce qui était prévu mais … je voudrais que tu prennes le temps d’y réfléchir, qu’on en discute ensemble et que tu ne prennes aucune décision sur un simple coup de tête.  Lexie … ?»Demanda-t-il doucement, pour tâtonner le terrain… Il n’était pas vraiment doué pour exprimer ses sentiments. Ce n’était pas nouveau et Lexie le savait bien. Mais s’il y a bien une chose qui semblait certaine, c’est que jamais il ne la laisserait faire face toute seule à une telle situation.

© charney

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() message posté Jeu 29 Jan 2015 - 1:20 par Invité
Je prononçais ces mots sans en saisir réellement la portée. Je prononçais ces mots que je n’aurais jamais cru avoir à prononcer un jour. Ils m’avaient été proscrits. Je m’étais moi-même retiré ce droit, sans flancher, sans hésiter. Les médecins ne m’en avaient parlé qu’à demi-mots. Pour le reste, les brochures qui circulaient lors des séances de dialyses avaient fini de me convaincre que ce ne serait jamais pour moi. Et je ne m’étais jamais sentie diminuée ou punie. Je n’avais jamais crié à l’injustice, je n’avais jamais cherché à me renseigner sur les possibilités qui s’offraient à moi pour déjouer le sort. Non, je m’en étais moqué, je l’avais accepté et je l’avais embrassé. Je prononçai ces mots, attendant la réaction de James. Comme si j’en avais besoin pour enfin réussir à exprimer une émotion, n’importe laquelle, plutôt que ce vide qui semblait m’emplir depuis le début de la soirée. Ce n’était sûrement pas normal. Je n’étais pas certaine de ce que j’aurais dû ressentir mais ce n’était certainement pas ça. Cette passivité, en de telles circonstances, me paraissait condamnable, déplacée. Incompréhensible et haïssable. Je pouvais sentir les pulsations de mon cœur résonner dans mon esprit, battre contre mes tempes. Je pouvais entendre le vide, le visualiser prendre toute la place, là où il y aurait dû avoir autre chose, n’importe quoi. Je me mis alors à tenter, en vain, de diriger mes pensées. Vers du concret. Je voulus me souvenir du moment où cela avait bien pu se produire. De cet instant d’intimité qui nous avait conduits à cet appel. Puis, je voulus fixer dans mon esprit les images évanescentes de cette nuit dense, fragile et hors du temps. Elle avait été imprévue, fugace et jouissive. Je m’en souvenais, de cette nuit. Je m’en souvenais et je n’avais absolument pas envie d’y associer ce qui se déroulait à présent. « Je pensais pourtant que tu … »  La voix de James me ramena à la réalité et je reposai mon regard sur lui, en face de moi. Il s’était interrompu. Il s’était interrompu avant de prononcer cette vérité. Étaient-ce des mots tabous ? Des termes dont il avait peur que l’usage puisse me heurter, me blesser ? Comme si j’avais pu, à un moment ou autre, oublié ma condition et ce qu’elle impliquait ? « Moi aussi. » répondis-je simplement. Je l’observai quelques secondes. C'était à peine si j’arrivais à savoir ce qu’il pensait. Je le connaissais, je ne m’en formalisais jamais. J’avais pris l’habitude d’avoir à le déchiffrer, d’avoir à deviner ce qu’il cachait si bien, si loin. Je m’efforçai de faire de même, mais je me connaissais mieux que ça. Je nous observai, sur le moment, tous les deux calmes et impassibles. J’avais peur que cela ne dure pas. J’étais calme, trop calme, jusqu’au moment où je cessais de l’être. Cela avait toujours été comme ça. J’avais cette impression constante d’évoluer sur un fil invisible duquel je pouvais tomber à tout moment, d’un extrême à un autre. « Ok… hum… A ta réaction, j’en déduis que ce n’est pas exactement une bonne nouvelle… » reprit-il en se redressant et une pointe de culpabilité me serra le cœur. J’étais consciente du comportement détestable que je pouvais adopter, lorsque je me sentais dos au mur. J’étais consciente que la manière dont je venais de lui annoncer la nouvelle n’était pas des plus délicates. Mais il ne semblait pas m’en tenir rigueur. J’avais l’impression qu’il ne m’en voulait jamais. Que, venant de moi, rien ne lui semblait blâmable. Il semblait convaincu que je méritais, en toutes circonstances, de l’attention, de la compréhension. Une fois de plus, je ne me montrais pas à la hauteur de ce regard qu’il portait sur moi. « Ecoute… on trouvera une solution. Je suis là et tu sais bien que je ne te laisserais jamais toute seule. Ce n’est pas exactement ce qui était prévu mais … je voudrais que tu prennes le temps d’y réfléchir, qu’on en discute ensemble et que tu ne prennes aucune décision sur un simple coup de tête.  Lexie … ? » Je n’avais pas bougé d’un millimètre. Peut-être pensait-il que je ne l’avais pas écouté mais chacun de ses mots étaient venus s’entrechoquer dans mon esprit. C’était maintenant que je prenais conscience de ce que je ressentais réellement, ce qui allait être misé, des enjeux de cette discussion. C’était maintenant, appuyée sur le plan de travail, que je sus à quel point je me sentais piégée, que je sus à quel point j’avais peur de le perdre, peur de ne pas trouver les mots, de ne pas les contrôler et de blesser l’autre partie de moi-même, de le blesser lui. « Je ne comprends pas. » commençais-je en me redressant enfin. « De quoi voudrais-tu qu’on discute ? » Ma réponse sonnait sûrement plus durement que je ne l’aurais souhaité. Mais je ne comprenais réellement pas. Où voulait-il en venir ? Quelles étaient les solutions qu’il évoquait ? Nous n’avions jamais abordé ce sujet, nous n’en avions pas eu besoin. Mais si l’on m’avait demandé, j’aurais été persuadée qu’il n’y aurait eu qu’une seule et unique solution. « Ça n’était pas censé arrivé. Ça n’était même pas censé être possible. C’est ce que l’on m’avait dit, c’est ce que j’ai eu l’occasion de lire des centaines de fois dans toutes les brochures qui me passaient sous la main. » Je savais ce que je ressentais, je le comprenais à présent et ce n’était plus du vide. Je préférais le vide. Je le préférais à cette colère sourde qui résonnait dans le fond de mon cœur, tandis que je réalisais les mensonges dont je m’étais faite moi-même victime. « Et ça ne m’avait jamais dérangé. Jamais. Ce qui signifie que je n’ai pas besoin d’y réfléchir. » laissai-je échapper. « Et toi non plus. » J’aurais voulu que cette affirmation sonne plus comme une question. C’est ce que j’avais voulu, lui laisser l’occasion de m’exprimer ses envies, ses réflexions. Mais je n’avais pas réussi à me contrôler. J’avais parlé pour lui. Je nous avais imposé ce même et unique état d’esprit. « N’est-ce pas ? » murmurai-je en inclinant légèrement la tête. Je voulais qu’il me rejoigne, qu’il me rejoigne sur ce point et que nous passions à autre chose, comme si ces cinq dernières minutes pouvaient être oubliées. J’avais l’habitude des complications. J’avais l’habitude de les ignorer, de ne pas y faire face, pour ne pas laisser me déborder, éviter les explosions.
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() message posté Jeu 29 Jan 2015 - 23:29 par Invité




Tandis que les mots se frayaient un chemin jusqu’à sa conscience, James se contenta d’observer la jeune femme, essayant de cerner sa façon d’appréhender la situation. Lui-même avait besoin de quelques secondes pour encaisser tout ce qu’il venait d’apprendre et tenter de démêler les diverses informations qui se bousculaient dans son esprit. Certes, cette nouvelle était tout aussi inexplicable qu’inattendue, mais vivre dans le déni n’était pas la solution. A agir ainsi, ils risquaient de foncer droit dans le mûr. « Et ça ne m’avait jamais dérangé. Jamais. Ce qui signifie que je n’ai pas besoin d’y réfléchir. Et toi non plus. » Cette fois-ci, James fronça les sourcils à l’entente de ses paroles. Il pouvait tolérer bien des choses mais sûrement pas que l’on parle en son nom. Encore moins lorsqu’il s’agissait d’aborder un sujet tellement important. Toutefois, aussi paradoxal que cela puisse paraître, il comprenait parfaitement la réaction de Lexie. Cette annonce était en train de bouleverser tout ce qu’ils s’efforçaient de construire depuis des mois. Sans compter qu’elle était encore jeune. Très jeune. Pour sa part, James avait déjà eu l’occasion d’expérimenter les nombreux tourments liés à l’annonce d’une grossesse. Il s’était déjà posé mille et une questions qui n’avaient finalement pas trouvé la moindre réponse. Est-on seulement prêts à devenir parents un jour ? Evidemment non … Personne ne peut-être totalement préparé à ça.  « N’est-ce pas ? » L’espace de quelques secondes, il continua à la fixer sans ciller. Simplement pour qu’elle comprenne par elle-même qu’elle était en train de faire fausse route. Que pour la première fois depuis une éternité, il ne partageait pas son point de vue. Il aurait tout aussi bien pu la laisser se bercer d’illusions mais il savait que tôt ou tard, il finirait par le regretter. Toujours aussi calme, il enchaina :« Je suis tout aussi surpris et décontenancé que tu peux l’être Lexie. C’est une question que nous n’avons jamais abordé ensemble pour tout un tas de raisons. Mais je pense que nous devrions prendre le temps de reconsidérer les choses avec attention. En parler calmement et ne pas se laisser submerger par les émotions.» Les réactions de James ne ressemblaient en rien à celles du commun des mortels. Il se laissait toujours guider par son instinct, ses envies et ses désirs les plus profonds. En l’occurrence, il savait parfaitement quel était son avis sur la question et voulait désormais connaître celui de Lexie. Connaître ses craintes, ses angoisses, mais surtout la raison pour laquelle une telle perspective la faisait paniquer à ce point. Pour sa part, les choses étaient plus faciles à accepter. La femme qu’il aimait allait peut-être devenir la mère de leur enfant. Comment diable aurait-il pu réagir ? En prenant ses jambes à son cou ? En la forçant à abandonner ce bébé, à avorter ? Certainement pas. « Qu’est-ce qui t’effraie à ce point ? Le fait que tu n’étais pas censée devenir mère un jour ? Que ce soit trop tôt ? Trop tard ? Que ce soit avec moi ? » demanda-t-il sur un ton étonnement calme et bienveillant. En aucun cas James ne souhaitait la brusquer ou l’inciter à aborder des sujets trop sensibles. Il cherchait seulement à comprendre son point de vue, à cerner la raison de son trouble évident. « Chérie … tu es de loin la plus belle personne que je connaisse et ce, dans tous les sens du terme. Tu es une véritable emmerdeuse, caractérielle, têtue et contrariante mais je t’aime. Je pourrais chercher durant une éternité, je n’en trouverai pas une deuxième comme toi. C’est effrayant mais je me rends compte que ma vie n’a de sens que lorsque tu es à mes côtés. Je suis certain qu’ensemble, nous pouvons tout surmonter. Le bon, comme le mauvais. Mais là … je pense que nous n’appréhendons pas les choses sous le même angle. » Effectivement, James était loin d’être aussi angoissé que Lexie semblait l’être. Ce n’est pas tant l’arrivée potentielle d’un bébé qui le perturbait, mais plutôt la réaction de sa bien aimée. « Ca n’aurait pas dû arriver, mais c’est arrivé. Je trouve ça … surprenant … mais ça ne m’effraie pas. J’ai toujours aimé les imprévus.» se permit-il d’ironiser tout en affichant un léger sourire qui ne tarda pas à s’estomper en raison de l’évidente gravité de Lexie. « Quant à savoir s’il faut y réfléchir ou non et bien … c’est à toi de voir. Je ne peux t’obliger à rien. Tout ce que je peux faire, c’est … être là. Prendre le temps d’en parler avec toi. Au risque de m’aventurer sur un terrain glissant, sache que la perspective de fonder une famille avec toi ne me déplairait pas.  
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() message posté Dim 1 Fév 2015 - 21:45 par Invité
Je me demandai quelle réaction aurait été en mesure de me satisfaire. De me rassurer, de me confirmer pour la première fois que nous étions sur la même longueur d’onde sur ce sujet. J’étais masochiste et incohérente. Anormale. Toutes les femmes du monde, dans cette situation, apprécieraient la réaction que James était en train d’avoir. Toutes les femmes du monde souhaitaient pouvoir annoncer cette nouvelle à leur compagnon, sans crainte, sans peur d’être rejetée, abandonnée. Toutes auraient été conquises par son envie d’en discuter, son envie d’entendre leurs désirs et d’y répondre au mieux. Mais ce n’était pas mon cas. Je trouvais cela déstabilisant. J’en venais à penser que j’aurais pu apprécier un rejet, un instinct de recul qui l’aurait poussé à me demander instantanément ce que je comptais faire pour régler cette affaire. Cette affaire. Cela me frappait soudain. C’était ainsi que je l’avais envisagé jusqu’à maintenant. Il ne s’agissait que d’un énième symptôme, que d’une énième complication engendrée par le mal qui me rongeait. Car cela, j’y étais habituée. Cela, je savais comment le gérer. Mal peut-être, un peu inconsciemment, mais je savais. Je savais gérer les plaies et les maux. La douleur et la déception ne disparaissaient plus depuis des années, elles n’avaient jamais perdu en intensité, au contraire, mais je parvenais à les gérer dorénavant. Elles ne m’abattaient plus, plus au quotidien, j’avais appris à les domestiquer, elles étaient devenues diffuses, transformées en compagnes familières. J’aurais pu gérer cette annonce si celle-ci concernait seulement une nouvelle manifestation de la maladie. « Je suis tout aussi surpris et décontenancé que tu peux l’être Lexie. C’est une question que nous n’avons jamais abordé ensemble pour tout un tas de raisons. Mais je pense que nous devrions prendre le temps de reconsidérer les choses avec attention. En parler calmement et ne pas se laisser submerger par les émotions.  » Un sourire las aurait pu venir s’esquisser sur mes lèvres si je n’étais pas aussi concentrée à ne rien laisser passer, ne rien laisser paraître. Pourquoi ne parvenais-je pas à apprécier son calme, sa sérénité ? Ces derniers me perturbaient, au contraire. Comme si je craignais de deviner ce qu’ils pouvaient cacher, je craignais de l’entendre m’exprimer clairement ses désirs et que ceux-ci ne correspondent pas aux miens. « Ne sois pas condescendant. Je sais gérer mes émotions, je ne vais pas céder à l’hystérie. Mais j’essaie de ne pas toujours avoir à peser mes mots, ce n’est pas mon genre. Est-ce que c’est grave ? » Je me mordis l’intérieur de la joue, consciente de la dureté de ma réponse. Dans un monde idéal, j’aurais aimé changer mon tempérament, simplement le temps de cet échange. Ne pas succomber au don qui était le mien de provoquer des crises de conscience, comme s’il s’agissait d’une force plus forte que moi. Je ne voulais pas me disputer, pas avec lui. J’étais secrète et impassible jusqu’à ce que je devienne impétueuse et implacable. J’avais peur de regarder James et de tout laisser tomber pour lui. Que mon amour me hurle de céder, de ne plus faire attention. Que le simple désir qu’il m’étreigne et me rassure parvienne à me faire renoncer à tous mes principes. « Qu’est-ce qui t’effraie à ce point ? Le fait que tu n’étais pas censée devenir mère un jour ? Que ce soit trop tôt ? Trop tard ? Que ce soit avec moi ? » J’entrouvris les lèvres, poussée par l’instinct de répondre du tac au tac mais je me restreignis au dernier moment. Et s’il ne m’écoutait plus ? Et s’il le faisait et qu’il décidait que cela ne lui convenait pas ? S’il découvrait des choses à mon propos, des rêves qui ne correspondaient pas aux siens ? J’étais assaillie par ces mystères, par cette seule et unique question insoutenable. Et s’il ne trouvait plus de raisons suffisantes pour m’aimer ? « Chérie … tu es de loin la plus belle personne que je connaisse et ce, dans tous les sens du terme. Tu es une véritable emmerdeuse, caractérielle, têtue et contrariante mais je t’aime. Je pourrais chercher durant une éternité, je n’en trouverai pas une deuxième comme toi. C’est effrayant mais je me rends compte que ma vie n’a de sens que lorsque tu es à mes côtés. Je suis certain qu’ensemble, nous pouvons tout surmonter. Le bon, comme le mauvais. Mais là … je pense que nous n’appréhendons pas les choses sous le même angle. » Ses mots venaient effleurer mes oreilles, caresser mon cœur jusqu’à ce qu’une pointe de douleur ne l’atténue immédiatement, lorsque je me souvenais de ce qui la provoquait. « Et de quoi s’agit-il en l’occurrence pour toi ? Le bon, ou le mauvais ? Quelque chose que nous devons surmonter ? » Le simple fait de se le demander, le simple fait d’employer ces mots pour évoquer ce sujet répondait pour moi à la question. Mais la question, mes inquiétudes résonnaient encore dans mon esprit et chahutaient mon cœur. Je craignais de dire le mot de trop. Je n’avais jamais compris  que James voit en moi les défauts qu’il venait de citer et qu’il choisisse de les aimer. Avec lui, je me sentais dans la lumière. Et je savais au fond que je n’y avais pas réellement ma place. Mais je voulais y rester, si cela signifiait que je pouvais toujours me tenir à ses côtés, que je pouvais toujours l’aimer. « Quant à savoir s’il faut y réfléchir ou non et bien … c’est à toi de voir. Je ne peux t’obliger à rien. Tout ce que je peux faire, c’est … être là. Prendre le temps d’en parler avec toi. Au risque de m’aventurer sur un terrain glissant, sache que la perspective de fonder une famille avec toi ne me déplairait pas. » Je le dévisageai, quelques instants, désireuse de ne pas comprendre, de trouver dans ses paroles un double sens qui m’aurait échappé. « Mais ce n’est pas possible. Tu as une carrière, des ambitions, et moi je suis … » Je m’interrompis une fraction de seconde avant de reprendre dans une inspiration. « Je n’en veux pas, dans ces circonstances. Ni dans d’autres. Je n’en veux pas. » répétai-je en articulant, évitant toujours de nommer clairement l’objet de mon rejet. « Certaines femmes naissent mères et d’autres le deviennent, j’en suis consciente. Je suis consciente aussi que je ne suis ni l’un ni l’autre. » J’avais jusqu’à maintenant avancé avec précaution, consciente de pouvoir basculer et sombrer à tout moment. Je m’étais excusée pour la moindre de mes duretés, ou à chaque fois que je ne pouvais pas le satisfaire, ce qui était en général contre ma volonté. Mais ici, les excuses ne sortaient pas. Ce soir, je sentais que je pouvais basculer et tomber.
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() message posté Lun 2 Fév 2015 - 0:00 par Invité




Depuis sa prise de parole, James avait pleinement conscience de la voie sinueuse qu’il était en train d’emprunter. S’il avait déjà eu l’occasion de refaire le monde en compagnie de Lexie, il n’avait en revanche jamais eu l’audace de s’aventurer sur ce terrain. Un peu comme s’il fallait vivre au jour le jour et que songer à l’avenir était totalement proscrit. Bien sur, cela ne le dérangeait pas dans la mesure où il parvenait toujours à s’adapter au rythme de la jeune femme, mais désormais, la donne était sensiblement différente. Qu’ils le veuillent ou non, ils allaient devoir faire preuve de franchise et s’ouvrir l’un à l’autre sans aucune retenue. La nouvelle était surprenante et inattendue, c’est un fait. Mais pouvait-on réellement considérer ceci comme une véritable catastrophe ? Evidemment, non. Cependant, l’éditeur était suffisamment intelligent pour comprendre la réaction de Lexie. Outre l’impact psychologique que cela représentait, c’était sa vie entière qui risquait de prendre un nouveau tournant. « Tu as une carrière, des ambitions, et moi je suis … » Elle était sérieuse, là ? En entendant ces quelques mots, James agita la tête de droite à gauche avec exaspération. Non, non, non !! C’était des conneries tout ça ! Sa carrière, ses ambitions … Certes cela faisait partie intégrante de ce qu’il était mais il n’avait pas l’intention de continuer sur cette lancée durant des années ! Au cas où elle ne l’aurait pas encore remarqué, ses priorités avaient nettement évolué au cours des derniers mois. Sans compter que s’il travaillait autant, c’est précisément car sa vie affective n’était pas au meilleur niveau et qu’il était las de cette solitude qu’était la sienne. Travailler pour ne pas penser. Une bien triste philosophie de vie, mais James préférait cette solution aux abîmes de douleur qui l’attendaient dès que son esprit cessait de fonctionner à plein régime. Ainsi, sitôt qu’elle s’interrompit, il se permit d’enchainer afin de terminer sa phrase… « En sursis ? » C’est ça qu’elle avait voulu dire ? C’est parce-que l’avenir était tellement incertain qu’elle s’empêchait d’être heureuse ? Son regard dans le sien, sans bouger d’un millimètre, l’éditeur croisa les bras sur son torse, soudainement conscient de la sensation désagréable qui prenait possession de son être. Et merde… il avait cette fichue manie de toujours parler trop vite, quitte à se montrer trop abrupt et à blesser ses interlocuteurs. Pas n’importe qui en l’occurrence puisqu’il s’agissait de Lexie. « Je suis désolé. Je n’aurais jamais dû dire une chose pareille. C’était très con de ma part.» De plus, cela ne reflétait absolument pas la vision qu’il se faisait de leur couple. En réalité, James avait toujours tendance à imaginer leur avenir. Il se plaisait à songer à ce qu’ils deviendraient dans cinq, dix ou quinze ans. Partager ces rêveries avec Lexie était malheureusement impossible puisque la jeune femme le ramenait constamment à la dure réalité. Pourtant il aurait adoré qu’elle le rassure. Même si tout ceci n’était qu’un mensonge, même si le chemin qu’ils devaient parcourir ensemble ne devait être qu’éphémère. Il avait juste besoin de croire, simplement de croire, que jamais il ne la perdrait. « Ce que je voulais dire, c’est que ce n’est pas cette putain de maladie qui t’empêche de vivre, Lexie. C’est toi qui ne t’autorises pas à être heureuse. Parfois tu fonctionnes exactement comme ces ordinateurs programmés pour exécuter des tâches, sans l’ombre d’un affect. » Oh il ne parlait pas de ce qu’ils partageaient ensemble, mais plutôt des réactions qu’elle avait dès qu’il s’agissait de parler de leur avenir ou en l’occurrence, de fonder une famille. Comment pouvait-elle se montrer si insensible alors qu’ils étaient en train de parler d’un bébé. Leur bébé ! Un bébé dont il n’aurait jamais dû être question. Passant nerveusement une main sur son front, il haussa les épaules sans se départir de cette expression sérieuse, celle-là même qui faisait naitre deux petites rides sur son front. « Je ne sais pas ce qu’il convient de faire, je ne sais pas quelle est la plus sage des décisions à prendre mais s’il y a bien une chose dont je suis absolument certain, c’est que ce … bébé … n’est pas qu’un amas de cellules que l’on pourrait qualifier d’accident. Ce qu’il y a entre nous deux Lexie, cette alchimie qui se produit ne mérite pas qu’on la nomme ainsi.» Certaines femmes naissent mères, d’autres le deviennent, avait-elle dit. James n’était pas certain que l’on puisse résumer les choses de manière aussi synthétique. Le processus était à ses yeux beaucoup plus complexe que ça. « Je ne suis pas né père. Je n’ai pas eu le temps de le devenir non plus. Pourtant, je l’ai été. Je l’ai été uniquement parce qu’à un moment donné, un petit être m’a mis dans cette position. Parce qu’il me regardait comme si j’étais le plus fascinant des hommes, avec cette douce innocence dont sont dotés les jeunes enfants. Je n’étais pourtant pas le meilleur, pas le plus doué, mais j’étais le sien. Et pour lui, c’est tout ce qui comptait. » James ne voulait pas qu’elle fasse l’erreur de croire que devenir mère pouvait se résumer à un apprentissage quelconque ou à une sorte d’instinct primaire dont seraient dotées certaines femmes. Ce n’était pas si simple. Ensuite, il y avait les bonnes et les mauvaises mères. Connaissant Lexie, il savait parfaitement où elle se situerait… « Ce qui te perturbe, c’est que tu aimes tout contrôler, tout le temps. » Pour la première fois depuis le début de leur conversation, James esquissa un léger sourire. Elle n’avait plus le contrôle sur rien et ce devait être effrayant il le savait. Mais comme il le lui avait déjà dit, il était là. Et il n’avait pas la moindre intention de prendre la fuite. S’avançant dans sa direction, il osa enfin la prendre dans ses bras et la serrer délicatement. « Ce corps qui te fait tellement souffrir, ce corps que tu détestes tant… il est aussi capable de faire des merveilles. Notre merveille. Je ne sais pas ce qu’il faut faire, je ne sais pas non plus ce que tu VEUX faire, mais une chose est sûre : quand je parle de ce que nous pouvons surmonter ensemble, je fais uniquement allusion à nos peurs. A celles qui nous empêchent d’avancer. Celles qui nous empêchent de voir le bon pour ne prendre que le mauvais.»
 
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() message posté Mer 4 Fév 2015 - 0:42 par Invité
Je pouvais déjà sentir, je pouvais déjà savoir que je me souviendrais de ces instants, que je ne les oublierais sûrement jamais. Je pouvais déjà sentir que je garderais leurs empreintes sur moi, leurs empreintes qui ressembleront sûrement à des cicatrices car, j’avais beau y réfléchir, je ne trouvais pas d’issue favorable. Il n’y avait pas d’issue, aucune qui nous comblerait tous deux, aucune qui me conviendrait donc. « En sursis ? » finit-il ma phrase avant de s’interrompre tout aussi abruptement. Je le regardai se renfermer, il semblait tout à coup regretter ses pensées, regretter de les avoir exprimer. D’autres auraient pu se sentir agressés, offensés par ce manque de tact. Moi, cela me fit sourire. Je souris jaune, sans doute, mais je souris quand même. Je me moquais bien d’être confrontée à cette vérité. Je me moquais bien d’en rire ou d’en pleurer. Je m’en moquais bien tout court. Je préférais cela aux espoirs mal placés, aux regards de pitié ou aux promesses embarrassées. « Je suis désolé. Je n’aurais jamais dû dire une chose pareille. C’était très con de ma part. » Je lâchai le couteau sur la planche en laissant échapper un soupir. Je ne savais pas exactement pourquoi je continuais à vouloir donner le change, à faire mine d’être encore un tant soit peu préoccupée par ce qu’il y aurait à dîner. James s’excusait alors qu’il n’y avait aucune raison. Certains s’obstinaient à penser que toutes ces vérités n’étaient pas bonnes à dire. Je n’étais pas d’accord. Ces vérités pouvaient blesser, ces vérités pouvaient couper, esquinter nos cœurs et laisser des entailles à ne plus pouvoir vivre avec. Mais je m’en moquais. « Ne t’excuse pas. Il était temps que tu le dises. Que tu n’essayes pas en permanence de nier la réalité sous prétexte de me protéger. Je n’ai pas besoin d’être protégée. » J’avais beau appuyer mes propos, je ne savais plus comment les faire entendre. Je refusais de laisser croire que mes faiblesses me rendaient fragiles. J’en devenais détestable, je le savais. Je ressentais également, très clairement, que la frontière entre en être consciente et s’en moquer royalement devenait de plus en plus en fine, de moins en moins définie. J’étais en train de basculer ce soir, devant lui, la seule et unique personne qui n’avait pas encore eu l’occasion de s’en rendre compte. La seule et unique que j’aurais voulu préserver. « Ce que je voulais dire, c’est que ce n’est pas cette putain de maladie qui t’empêche de vivre, Lexie. C’est toi qui ne t’autorises pas à être heureuse. Parfois tu fonctionnes exactement comme ces ordinateurs programmés pour exécuter des tâches, sans l’ombre d’un affect. » Je restai cette fois-ci silencieuse. Je devais ressembler à ces animaux se repliant sur eux même dès lors qu’ils se sentaient agressés et en danger. Cette fois-ci, il était parvenu à me blesser. Cette fois-ci, les mots écorchèrent mon âme, mon être tout entier. J’aurais aimé qu’il ne se rende pas compte de ce qu’il me reprochait. J’aurais aimé être parvenue à faire différemment avec lui. J’aurais aimé que la placidité dont je faisais preuve soit le gage évident d’une dignité que je m’efforçais de garder. Pas qu’elle devienne perçue comme un signe flagrant du naufrage dont j’étais la victime. J’étais heurtée et en colère face à ses reproches. Et je sentais cette colère se répandre dans tout mon corps, gonfler mes veines et anesthésier mon esprit. « Je ne sais pas ce qu’il convient de faire, je ne sais pas quelle est la plus sage des décisions à prendre mais s’il y a bien une chose dont je suis absolument certain, c’est que ce … bébé … n’est pas qu’un amas de cellules que l’on pourrait qualifier d’accident. Ce qu’il y a entre nous deux Lexie, cette alchimie qui se produit ne mérite pas qu’on la nomme ainsi. » J’oscillai entre l’envie de tout envoyer valser, de m’enfuir aussi loin que possible pour ne plus avoir à l’écouter, pour ne plus avoir à l’entendre utiliser des termes que je rejetais, et l’envie de répliquer violemment. « Pourtant, c’est exactement ce que c’est. C’est un accident, une erreur monumentale que je n’ai pas réussi à détecter tout de suite à cause de cette foutue maladie qui dérègle tout mon corps. Ce n’est pas magique, ce n’est pas un miracle que l’on doit embrasser comme des idiots inconscients. J’ai besoin que tu t’en rendes compte. J’ai besoin que tu arrêtes le sentimentalisme. Ce n’est pas un bébé ! Ca ne l’est pas encore, je ne le laisserais pas le devenir. Tu ne peux pas me culpabiliser pour ça, je ne t’en donne pas le droit. » J’étais cette pauvre fille délabrée qui refusait ce chantage affectif qui n’avouait même pas son nom. Je refusai de succomber devant cette tactique que je considérais comme perverse et indépassable. Je ne lui donnais pas le droit de me planter devant cette responsabilité, de nier la réalité médicale pour jouer avec nos consciences et nos morales. Et pour cela, je devenais injuste et irascible. « Je ne suis pas né père. Je n’ai pas eu le temps de le devenir non plus. Pourtant, je l’ai été. Je l’ai été uniquement parce qu’à un moment donné, un petit être m’a mis dans cette position. Parce qu’il me regardait comme si j’étais le plus fascinant des hommes, avec cette douce innocence dont sont dotés les jeunes enfants. Je n’étais pourtant pas le meilleur, pas le plus doué, mais j’étais le sien. Et pour lui, c’est tout ce qui comptait. » Ses mots vinrent résonner dans le fond de mon ventre et je me mordis la joue si fort pour m’empêcher de déborder que je pus sentir un goût de rouille prononcé se répandre sous ma langue. Je m’interdisais cette fois les mots pour ne pas déraper, pour ne pas nous blesser, pour être sûre de ne rien provoquer. Je ne savais pas quoi dire. Je me serais emparée de toute sa souffrance pour la faire mienne si cela avait été possible. Mais je ne le pouvais pas, je ne pouvais pas comprendre. « Ce qui te perturbe, c’est que tu aimes tout contrôler, tout le temps. » J'étais confrontée à son sourire que je pris comme une provocation. Je ne réussissais pas à en plaisanter. « Arrête de m’analyser … » soufflai-je, fatiguée. J’ignorais s’il m’avait entendu ou s’il avait pris cet instant de faiblesse comme une possibilité de répit mais je l’observai s’approcher de moi avec méfiance. « Ce corps qui te fait tellement souffrir, ce corps que tu détestes tant… il est aussi capable de faire des merveilles. Notre merveille. Je ne sais pas ce qu’il faut faire, je ne sais pas non plus ce que tu VEUX faire, mais une chose est sûre : quand je parle de ce que nous pouvons surmonter ensemble, je fais uniquement allusion à nos peurs. A celles qui nous empêchent d’avancer. Celles qui nous empêchent de voir le bon pour ne prendre que le mauvais. » Je fermai les yeux fébrilement, en sentant son étreinte se raffermir autour de moi. J’aurais tellement aimé être capable de me laisser aller, être capable de simplement apprécier cette trêve, contre lui. Mais je sentais à tout moment mes envies et besoins capables d'être niés pour protéger les siens, je les sentais se bousculer en vagues déferlantes et je le repoussai sèchement. « Je n’ai pas peur, James. » laissai-je échapper en un claquement de langue. « Je choisis de ne pas être dans cette position. Je choisis de ne pas laisser l’occasion à qui que ce soit de me mettre dans cette position. Considère ça comme égoïste si tu veux. Tu as peut-être accompli tout ce que tu voulais accomplir, tu es peut-être prêt à construire autre chose. Moi pas. Je n’ai même pas pu commencer. » Je continuai aussitôt, ne lui laissant pas l’occasion de rebondir, de trouver des failles. « Et même si j’avais pu, ça ne changerait rien. Ce n’est pas la maladie qui parle. Je pourrais guérir demain que je n’en voudrais toujours pas. Ni maintenant, ni jamais. Je ne peux pas porter tes rêves d’avenirs et tes illusions. Redescend sur terre pour une fois. » Je serrai fermement les poings, pour anéantir les tremblements et fourmillements qui s’emparaient de mes extrémités, anéantir ces manifestations quotidiennes et assourdies de la maladie qui n’avaient pas leur place ici, qui ne faisaient que me ramener à ma condition et nourrir mes rudesses.
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() message posté Mer 4 Fév 2015 - 17:21 par Invité




Etait-ce vraiment ce qu’il tentait de faire ? La culpabiliser ? Non !! Bien sur que non, voyons ! A aucun moment cette idée ne lui avait effleuré l’esprit. James avait beau être un fourbe manipulateur, il ne s’amuserait jamais à torturer Lexie de la sorte. Encore moins lorsqu’il s’agissait d’un sujet aussi important. Important à ses yeux, du moins. Car plus il écoutait la jeune femme, plus il prenait conscience de l’ampleur du gouffre qui les séparait. Ce n’est pas tant la décision qu’elle semblait vouloir prendre qui l’affectait tant. C’est surtout de constater à quel point il avait pu se tromper sur elle, sur eux. Car manifestement, elle n’était pas d’accord avec sa vision des choses. Quand bien même fut-elle en colère, ce n’était pas une raison pour lui envoyer toutes ces vérités en pleine figure. Il ne le méritait pas. Le sujet était déjà suffisamment sensible pour James sans avoir à en rajouter une couche supplémentaire. Pourtant c’est ce qu’elle fit. Encore et encore. Et pour la première fois depuis bien longtemps, il se senti profondément blessé. Lui, l’intraitable James Westlake, celui qui ne souffre d’aucune critique. Oui, il avait mal. L’espace d’un instant, il fut incapable de songer avec discernement, se perdant dans le flot incessant de paroles massacrantes qu’elle prononçait.. Bon sang, mais qui était cette étrangère qui se tenait devant lui ? Ce qu’il comprenait, c’est que même si la maladie n’était pas un fardeau pour elle, elle ne voudrait pas de toutes ces choses qu’il était prêt à lui offrir. Elle ne voulait pas non plus parler d’avenir avec lui. Rien. Et merde James, tu n’es qu’un sombre crétin !! Elle venait de le repousser. Une blessure de plus. Un sourire nerveux se dessina sur ses lèvres tandis qu’il levait une main pour lui faire signe de ne plus parler. « C’est bon, arrête ça ! Stop. Tu parles de mes rêves, de mes illusions mais tu ne sais absolument rien de tout ça. Quand bien même, cela ne te donne pas le droit de te montrer aussi vindicative envers moi. Je ne pense pas avoir avait fait quoi que ce soit pour mériter ça.» Là, il était clairement blessé et même s’il cherchait à le cacher, c’était peine perdue. Son regard était brillant, partagé entre peine, colère et déception. Elle était allée beaucoup trop loin, empruntant un chemin qui les conduirait tout droit à la catastrophe. Peiné, il haussa les épaules et planta son regard dans le sien avant de reprendre plus doucement : « Tu savais quelle serait ma réaction. Désolé de ne pas être un sombre connard, peu enclin à assumer ses responsabilités. Contrairement à ce que tu sembles croire, je ne cherche pas à te faire culpabiliser. Je te l’ai déjà dit, tu fais ce que tu veux. Ca ne veut pas dire pour autant que je dois adhérer à cette décision. » Oh non. Il n’était même absolument pas d’accord avec ça. Mais qu’avait-il espéré au juste ? Qu’elle accepte ne serait-ce qu’une fraction de seconde d’envisager la vie qu’ils pourraient mener ? Oui… oui, c’est ce qu’il avait osé espérer. « Pourquoi tu es là, Lexie ? Je veux dire … je suis quoi au juste ? Un passe-temps ? Non parce qu’au regard de toute l’amertume que tu mets dans tes propos, je me demande sérieusement ce que tu attends de moi. Que je sois le spectateur de ta majestueuse descente aux enfers ? Tu as le droit de ne pas vouloir espérer, croire ou rêver. En revanche, tu n’as pas le droit de m’en empêcher, moi. Pas plus que tu n’as le droit de me le reprocher. » Etait-ce mal ? Etait-ce mal de vouloir faire des projets avec elle ? C’était sans doute stupide de sa part, mais James avait fondamentalement besoin de ça. Chose qu’elle ne semblait pas comprendre. « J’en ai besoin, tu comprends ? J’en ai besoin parce que j’ai parfaitement conscience que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Mais je n’ai pas envie de vivre avec la peur au ventre. J’en ai besoin, parce que si un jour tu venais à disparaître, je ne sais pas si je serais capable de me relever. J’en ai besoin car tu donnes du sens à ma vie. Parce-que j’ai besoin de toi, tout simplement. Vivre sans penser à demain, cela signifie pour moi qu’il n’y aura pas de lendemain. Et ça, vois-tu, j’en suis incapable » Non, ça il ne pouvait pas. A bout, il détourna le regard et agit doucement la tête de droite à gauche. « Et merde, tiens ! » Un juron davantage pour lui même que pour Lexie. Quittant la cuisine, il regagna le salon pour ne plus avoir à lui faire face. Cette conversation, cette façon affolante de s’affronter n’était pas digne d’eux. Qu’est-ce qui avait tout fait basculer de la sorte ? James peinait à croire que cette annonce était à l’origine de toute la rancœur que Lexie semblait éprouver à son égard. Tout ce qu’elle lui reprochait ne datait pas d’hier visiblement.


 
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