NICE TO MEET YOU ▷ On ne comprenait pas bien et d’ailleurs on n’a jamais comprit pourquoi ces deux jeunes gens étaient tombés amoureux l’un de l’autre, la belle londonienne qui était passé à Amsterdam pour un voyage scolaire et qui avait jeté son dévolu sur un espèce de bourgeois de bonne famille alias Igor rencontré à Ledsplein une fraiche soirée d’été. Il était grand, fort et beau, il avait une voix roque qui roulait les R et qui prononçait le ‘’nice to meet you’’ de façon charmante avec un anglais approximatif, ses yeux avaient vu toutes les plus grandes merveilles du monde, son corps avait voyagé dans le monde entier, il pouvait la faire voyage elle aussi en claquant des doigts, lui faire découvrir toutes ces choses que le porte-monnaie de la belle ne permettait pas, il usait et abusait de son rang familial pour séduire les femmes, pourtant la jeune blonde, âgée de 20 ans à peine ne s’était pas faite attirée dans ses filets aussi facilement et c’est très certainement ça qui avait rendu ce bellâtre néerlandais fou d’elle au sens propre comme au sens figuré. Elle en avait fait n’importe quoi de lui en moins de quelques heures cette soirée là, il était accro à elle comme un chien sur un os, elle le trainait à gauche à droite, elle lui prenait la main et lui faisait tourner la tête, le parfum de ses longs cheveux venait se mêler à la chaleur de cette nuit. Pour elle il avait fait des sacrifices familiaux, pour lui elle était restée dans la ville de la débauche la plus connue au monde. Rien ne pouvait les séparer ni même un passeport périmé, car il y avait toujours des solutions, ils avaient toujours des solutions, le grand amour avec un grand A, ils étaient jeunes, fous et amoureux. Ils avaient des papillons dans le ventre, des fourmis dans les jambes, les yeux en forme de cœur et les lèvres rosés. Quelques années plus tard, diplômés en études de droit pour l’anglaise et économie pour le néerlandais, tout roulait au mieux, un soir, comme sur un coup de tête, comme pour défier le monde entier afin de prouver la solidité de leur lien, ils avaient prit une décision qui allait avoir une tournure fracassante dans leur vie calme et posée. Fiancés en secret pour la simple et bonne raison que les deux familles ne s’entendaient pas, Igor et Louise arboraient l’un et l’autre des anneaux à leur doigt. Parce qu’elle faisait sortir de ses traditions et de ses coutumes ce bourgeois trop coincé, parce qu’il leur a volé la petite enfant unique. Les raisons de ce conflit interfamilial n’étaient pas bien clairs, la seule chose de clair en ce moment, c’était le test de grosses positif posé sur le rebord de la salle de bain.
« Papa il ne t’aime pas, il me l’a dit » les larmes quittaient mes yeux pour creuses mes joues « J’vais le dire à maman » je pouvais l’entendre rigoler, tout en me bousculant pour se frayer un chemin à travers les escaliers de la maison, me plaquant délibérément contre le mur « Elle ne t’aime pas non plus » il tourna les talons et s’en alla, avec sa petite camionnette rouge dans la main. Six ans, l’âge de l’innocence et pourtant, ces paroles lourdes de sens me prenaient au cœur, je me sentais livide, trahis, comme si je perdais toute l’admiration que j’avais en mes géniteurs, mon enfoiré de frère à toujours eu des paroles blessantes à mon égard, on était comme chien et chat, mais en pire, croyez-moi.
BORN UNDER THIS MOON ▷ Née à Londres le 9 février 1992, Angélique Camilla Powell, venait de voir le jour dans un paysage enneigé. On pouvait voir ce jour là dans cette chambre d’hôpital, une Louise aimante qui s’amusait à repérer toutes les similitudes physique de sa petite fille avec les membres de sa famille, penché sur elles, Igor un homme d’environ 2 mètres, qui faisait peur de jour comme de nuit, avec un visage emprunt à la colère alors que l’atmosphère était très enjouée, essayant tant bien que mal de se rendre à l’évidence que ce petit être était sa chair, son propre sang et que le prénom Sofïja qu’il avait suggéré à son épouse ne pourrait même pas être le second prénom de la petite, il souriait faussement, avec son bouquet de fleurs en main et puis il y avait cette tête brune, tête brûlée, Blake, 2 ans et moins de 80cm les bras levés qui se trouvait au pied du lit, préférant accorder plus d’importance à sa voiture électrique plutôt qu'à sa petite sœur. Né deux ans auparavant à Amsterdam pour sa part, il leva la tête une fois, deux fois, la troisième fois fût la bonne, il percuta et puis il demande à Louise et Igor où ils avaient acheté cette fille qui semblait si fragile emmitouflée de la sorte dans ce drap sortant tout droit du 17ème siècle que les Powell, transmettaient de génération en génération, elle avait les cheveux châtains de son père, les yeux bleus de sa mère et le teint pâle recouvert de quelques tâches de rousseurs sur les joues, comme son frère. Elle était comme la representation parfaite de ce nouveau depart à Bristol pour la petite famille. Entre les deux parents, il y avait un peu d’eau dans le gaz, comme une bombe prête à exploser, une Louise démunie, face à une Igor ignorant, préférant se voiler la face sur la situation, elle avait prit la sage décision de retrouver ses racines anglaises, faire découvrir quelque chose de nouveau à son mari, dans l’espoir qu’il redevienne la personne qu’elle avait connu ces 8 dernières années. Son travail lui prenait de plus en plus de temps, il se levait tôt pour se coucher tard, il ne dormait plus, loupait les dates importantes, n’avait plus d’attention pour sa femme et ne remplissait même pas son rôle d’amant le soir, depuis bien des mois. Louise quant à elle, était devenue une femme tout ce qu’il y a de plus délaissée, comme une rose que l’on n’arroserait plus depuis trop longtemps, mais avant qu’elle ne fane définitivement, la jeune mère se raccrochait à ses deux seuls espoirs, ses enfants et quelques antidépresseurs, parce que c’est bien connu, on les mange comme des bonbons de nos jours.
« Dégage de là Einstein » il aimait faire référence à mon QI, c’était très certainement le don de la nature qui me déplaisait le plus en moi, j’étais intelligente, je n’avais pas besoin de fournir le moindre effort en cours pour avoir de bonnes notes, je savais très bien que Blake était jaloux de moi, il me le faisait payer en me faisant mordre la poussière moralement et même parfois physiquement. « Pourquoi maman pleure ? » il s’approcha de moi, avec son mètre soixante et ses 12 ans, il pouvait foutre les boules à n’importe qui, surtout quand il me regardait avec des yeux emplit de haine. « J’en sais rien, maintenant dégage » il savait tout, absolument tout, mais il me protégeais faussement, croyant bon de ma cacher des choses qu’il aurait dû partager avec moi.
SISTER AND BROTHER ▷ Angèle n’a jamais entretenu de bonnes relations avec son grand frère qu’elle aimait pourtant par dessus tout, comme une meuf souffrant du syndrome de Stockholm, elle aimait se raccrocher à ce bourreau qui était sa seule représentation masculine de la famille, son père n’étant jamais là, il avait toujours affaire, il parlait constamment de chiffre, sa société de management faisait des bénéfices annuel qui se comptaient en millions, pour le plus grand bonheur des enfants qui avaient tout ce dont ils désiraient et pour le plus grand malheur de Louise, qui restait à la maison pour s’occuper des enfants, ne trouvant plus la force de se lever le matin pour travailler, son carburant, sa vie, son homme, il n’était plus la pour la soutenir et c’est bien connu, une femme délaissée par sa moitié c’est une femme morte. Les enfants allaient donc dans une école privé en Angleterre, Blake avait perdu le peu de notions de la langue néerlandaise qu’il avait et Angèle quant à elle brillait de partout, ses notes étaient à son image, parfaite, elle faisait la fierté de sa mère, tandis que Blake lui, se battait pour surpasser sa cadette, tant bien que mal.
« Angélique, je m’en vais » je la regardais, je commençais à peine à devenir une femme, c’était le moment où j’avais le plus besoin d’une mère, qu’elle avait prit la décision de s’en aller. « Mais maman … Tu vas où ? » elle avait les yeux brouillés de larmes, les mains tremblantes, ses valises étaient prêtes, une voiture l’attendais dehors, je pouvais apercevoir grand-maman à l’intérieur de celle-ci. « T’es qu’une garce, pas vrai ? » il était sorti de nul part, comme le plus grand connard de l’humanité, il avait descendu avec lui la couverture des Powell qu’il jetait au visage de notre mère. « Adios ! » choquée, je ne savais plus quoi dire, comment des paroles pareils pouvaient elles sortir de la bouche d’un jeune homme de 16 ans envers sa propre mère ? Comme figée là, à l’entrée de cette foutue maison, je pouvais apercevoir ma mère s’en aller, sans se retourner une seule fois et Blake qui refermait violemment la porte derrière elle, me lançant un regard à faire froid dans le dos.
DEAD IN SILENCE ▷ Quelques mois étaient passés, Angèle ne se sentait plus en sécurité depuis le départ de sa mère, sans nouvelles de sa génitrice et entourée de deux hommes cruels, elle avait un Igor détestable sur son dos qui lui faisait regrette par tout les moyens de ressembler autant à la femme qu’il avait aimé et qu’il avait laissé partir sans une once de regret et puis il y avait Blake qui régnait dans cette grande maison comme le fils unique qu’il représentait pour le père, le jeune homme instaurait une perpétuelle compétition entre lui et sa soeur aux grand damne de la jeune femme qui n’avait rien demandé. Les soirées passaient et se ressemblaient, elle assise dans son lit à lire des bouquins, Blake dans sa chambre à essayer d’être encore mieux que sa petite sœur et puis Igor, on ne sait où dans une partie du globe à négocier des contrats.
« Angélique, mais on m’appelle Angèle ou même Angie si tu préfères » il était grand, il avait des yeux incroyablement scintillants à côté de lui, j’étais un nain de jardin. « Tant mieux pour toi » aussi poli qu’une porte de prison, il inspirait confiance, la même confiance qu’inspire un mec dans une camionnette noire qui te demande si tu veux des bonbons. Jules, s’était son prénom, je ne savais rien sur ce garçon, il avait juste emménagé près de chez moi, avec au moins quinze sœurs et un seul et unique frère, parfois il m’arrivait de le regarder jouer de la guitare depuis la fenêtre de ma chambre.
FIRST MEET ▷ Il venait en cours complétement défoncé, il arborait toujours avec fierté son paquet de clope et son briquet bleu, il aimait être arrogant avec les professeurs et puis il adorait par dessus tout s’amuser sur le chemin du retour à faire comprendre à Angèle à quelle point elle ne serait jamais sa pote. Un jour, il n’est pas venu en cours, depuis ce jour là à vrais dire il n’est jamais plus revenu, se faisant virer de cours pour la énième fois de la semaine, s’en était trop pour madame McCauley la directrice de l’établissement, qui avait entreprit, purement et simplement de virer Jules Abberline de son école. La petite poupée se trouvait donc à présent à faire le chemin de l’école seule, son frère préférant draguer les filles, coucher avec elles dans les chiottes du lycée ou même marcher 10 mètres devant elle pour lui montrer à quel point il la dominait.
« Il fait quoi là encore ce batard ? » il était rentré dans ma chambre sans même frapper, posant ses yeux sur Jules tout en le désignant du doigt, lorsque les yeux de Blake atterrirent sur le cendrier qui comportait un nombre infini de joints il serra les poings se rapprochant de moi. « Va t’en immédiatement Blake » lorsque je fumais ou que je prenais des drogue, je n’étais plus moi-même, je n’étais plus la petite âme fragile que l’on connaît. Je m’étais levée, comme pour le défier, il posa ses mains sur mes bras et me serra avec une telle force que je pouvais sentir mon corps se décomposer, Jules ne se fit pas prier pour intervenir, il repoussa mon frère très rapidement. « Essaye encore Powell » Blake n’eu pas le temps de réagir qu’il avait déjà le poing de Jules en pleine face, le nez en sang, tout s’était passé très vite. Jules reprenant sa guitare et quittant ma chambre, Blake fou de rage et moi assise au bord de mon lit. Ce scénario qui se répète tout le temps, entre mon frère et Jules qui en viennent aux mains, nourrissant une haine profonde l’un pour l’autre.
SWEET NOTHING ▷ Ce qu’Angèle avait apprit ces quelques dernières années c’était que Jules n’était très certainement pas une personne très fréquentable et pourtant, elle s’accrochait à lui comme à une meuf en manque de cul, elle l’aimait, avec sincérité, de toute son âme, de tout son corps. Jules était entré dans sa vie lorsque la jeune fille était au plus bas, il avait su donner un nouveau souffle à la belle, peut-être pas le plus saint, mais très certainement le plus vrais. Elle était à présent en 1er année de pharmacologie à l’université, Jules zonard de base, ne faisait rien de sa vie, ils étaient jeunes, ils étaient cons. Ils passaient leur soirées à boire, à fumer, à baiser, dans ce qui était devenu leur QG, la chambre d’Angie. Jules s’occupait de rouler les joints, elle s’occupait de voler des cachets psychotropes dans le laboratoire de l’université. Il lui avait tout apprit, il avait été sa première fois, son premier joint, son premier rail, sa première histoire d’amour pas-très-officiel et pas-très-clair aussi, tout était flou entre eux.
« Tu sais, on est comme la ying et le yang, t’es mon yin toi » ça c'était la théorie la plus probante que j'avais trouvée pour nous définir. J’étais blottie contre lui, à moitié à poil, ma main posé sur son torse tatoué, je pouvais le voir sourire en coin tout en tirant sur son joint comme s’il lui faisait l’amour, il tournait sa tête vers moi, me soufflant la fumée au visage. « Ta gueule et fumes ça » il me passait le joint que je m’empressais de serrer entre mes lèvres, vidant mes poumons pour mieux inhaler cette herbe, je fermais mes yeux une énième fois, me laissant transporter aux rythmes d’une vieille chanson des Rolling Stones qui passait en boucle en arrière fond.
AND NOW ? ▷ Aujourd’hui Angèle habite dans son propre appartement que lui paye son père afin qu’elle puisse continuer ses études loin de la maison familial, Blake quant à lui est étudiant dans la même université que la belle, pourtant elle ne le voit que très rarement et aujourd’hui encore ils ont de la peine à s’entendre. Angie est persuadée que Blake a été modelé à la façon Igor, pour être le fils le plus froid qu’il puisse exister sur terre, le moins aimant des frères aussi, même si au fond, très au fond si on cherche bien, elle le connaît par cœur et elle sait ce qu’il vaut réellement. Elle repense souvent à sa mère dont elle n’a plus de nouvelles depuis des années quant à Jules, cela fait quatre ans qu’elle ne l’a pas revu, il a disparu de la surface du globe, du jour au lendemain, sans adieu, rien, ne laissant même pas une lettre explicative. Cette histoire qui reste encrée en elle comme une mauvaise passe qu’elle n’arrive pas à surmonter, pour oublier elle fume tout ce qu’elle peut, elle avale tout ce qu’elle trouve dans le labo et passe ses journées dans la salle de danse classique à faire des points, car c’est le derrnier hobby qu’il lui reste après avoir défoncé ses poumons et sa tête. Ne se présentant aux cours que pour passer les examens, ses facultés mentales lui permettant de ne pas avoir à trop travailler pour être la meilleure élève de pharmaco. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que son père Igor et le père de Jules on passé un pacte entre eux, impliquant Blake et Saphyr l’aînée de la fratrie Abberline, un pacte avec une belle somme d’argents au bout, avec pleins de zéros pour éloigner Jules et Angèle, elle est la seule à ne pas être au courant de ce qu’il se trame et de cette histoire sans queue ni tête.
« Oh mon dieu ... » Je suis tranquillement assise sur cette chaise et j'ai l'impression que le ciel me tombe sur la tête, que le sol va m'engloutir et que mon âme se détache paisiblement de mon corps, il est là sur la scène, il m'a vu, je suis grillée, putain il n'a pas changé ...
TO BE CONTINUED